this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira)
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Sujet: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Dim 4 Sep 2016 - 20:45
Roman frappe. Ses coups sont précis, ses phalanges encaissent la douleur. Roman rigole. Le corps tombe au sol, le sang s'étend en une auréole sombre autour de la tête de sa victime. Un adolescent, semble-t-il. Il n'a pas pris le temps d'y faire bien attention. Il a repéré ses yeux, depuis la rue d'en face. Ils ne se sont pas croisés directement mais il n'en a pas fallu plus au chasseur pour qu'il fasse demi-tour, se mette dans le bon sens de la marche, s'assure qu'aucune voiture n'approchait avant de traverser la route puis cale le rythme de ses pas sur celui de l'inconnu. La filature improvisée n'a pas duré longtemps. En à peine dix petites minutes, le Griske n'a plus été capable d'attendre. Quand l'occasion s'est présentée, il a contraint le mutant à le suivre sans faire d'histoire. Une main sur sa nuque, une pression écrasante sur les épaules, une présence étouffante dans le dos, le mutant n'a émis qu'une seule supplique avant d'obtempérer sans plus faire de bruit. Roman ne l'aurait pas supporté, comme il ne supporte pas de voir à quel point certains mutants, complètement inconscients, fortement agaçants, se permettent d'exhiber leur monstruosité à la vue de tous. A sa vue à lui. Il ne le tolère pas. Il ne peut pas le tolérer. Il mettra un point d'honneur à ne pas le tolérer jusqu'à ce que chaque dégénéré croisant sa route soit au courant. Il n'a pas le droit de toucher à Blackwood ? Très bien. Il ne peut gagner l'affection de Scarlett ? Très bien. Il se débrouillera autrement. Le Norvégien a sur cet organe supposé lui servir de cœur une masse trop important à traîner, un poids trop difficile à endurer. Il a besoin de s'en délester. Quoi de mieux pour cela que la chasse ? Quoi de mieux pour oublier que de céder à ses vieux démons ? Parrish n'étant pas disponible, Roman a accroché à sa ceinture la première arme à sa portée et est sorti de chez lui. Il a tenté de contacter Charlie, sans succès non plus. Il ne sait plus où il l'a envoyée bosser récemment, sans doute sur un gros morceau, alors il ne la dérangera pas pour avoir le loisir de se délecter de la voir malmener un ou deux dégénérés pour son simple plaisir. Il va se débrouiller seul. Il s'est débrouillé seul.
Quand le dernier souffle du mutant s'évade de ses poumons, quand sa cage thoracique s'abaisse petit à petit, dans une lenteur salvatrice, Roman s'accorde une immense bouffée d'air. Déjà sa thérapie improvisée commence à porter ses fruits. N'oubliant pas le but premier de sa sortie, le chasseur secoue une dernière fois les mains puis esquisse le geste d'enjamber le mutant. Avant de se stopper. Son regard passe de la rue qu'il aperçoit plus loin au visage éteint du monstre, un sourire tordu se frayant un chemin sur ses lèvres, à nouveau. La seconde suivante, il dégage l'une de ses lames de sa ceinture. Il s'abaisse au niveau de la tête de l'adolescent, pose un genou à terre pour se mettre dans une position confortable. Il doit agir rapidement et déguerpir d'ici au plus vite. Alors il ne perd pas plus de temps : sa lame entame la chair, fait couler le sang, arrache un frisson de délice à l'ancien trafiquant, sans qu'il n'en contrôle rien. Le dernier morceau de peau qui rattache l'oreille au reste de la tête cède enfin. De nouveau debout sur ses deux jambes, Roman dissimule son présent dans la poche de son manteau et repart en direction de la rue adjacente à la ruelle dans laquelle il a traîné le mutant. Une habitude, finalement, chez lui. Avant d'atteindre son but, il s'applique à ranger son arme à sa place. Il s'assure d'un bref coup d'oeil qu'aucune tâche de sang qui a pu faire son chemin jusqu'à ses vêtements n'est présente, ou trop voyante, avant qu'il ne songe à masquer au mieux ses poings rougis et abîmés dans les manches épaisses de sa veste.
Quand Roman foule de nouveau les pavés de la rue principale dont il était proche, il reprend le chemin initial l'ayant mené à sortir de chez lui. Il se rend chez la rouquine. Celle qui lui devait des informations depuis longtemps mais qui semble avoir perdu son numéro en chemin – voire pire, son nom, ainsi que la mémoire de son visage, reconnaissable entre tous. Il a retrouvé sa trace depuis quelques semaines maintenant, c'est toutefois aujourd'hui qu'il a envie de lui rendre visite. Les choses se font de façon encore plus imprévisibles dans l'esprit de Roman, plus aucune ligne de conduite logique de l'aide à avancer. Il n'écoute plus que son instinct. Un instinct sombre, peuplé de décisions terrifiantes et impensables, baignées dans un savant mélange de folie et de colère. Une rancœur qui le dévore sans qu'il ne puisse être en mesure de le comprendre. A l'égard de Scarlett, à l'égard de ceux qui ont osé lui parler, à l'égard de son incompréhension, à l'égard de sa méprise et de son ignorance. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas qu'il ne veut que son bien, sa sécurité. Roman n'envisage pour elle qu'une existence paisible dont il est obligé de faire partie. Les deux sont indissociables. C'est ce qu'il a tenté de lui faire comprendre l'autre jour, quand ils se sont parlés... Mais elle n'a rien voulu entendre. Le chasseur apprécie chez elle sa témérité autant qu'il la hait.
A la place, il préfère tenter de se concentrer sur autre chose. Il veut y voir plus clair, il veut parvenir à ses fins et réussir là où il commençait à échouer. Il va reprendre en main cette existence lui échappant peu à peu. Par chance, il en prend conscience à temps. Il n'a pas laissé les autres ruiner totalement toutes ses chances. Il peut y arriver. Il peut convaincre Scarlett du bien fondé de ses actes, mots et intentions, il peut confirmer ou infirmer les intentions de sa fille, il peut se débarrasser des indésirables qui pourrissent sa vie depuis trop longtemps à son goût. C'est en tout cas ce troisième point qu'il va chercher à faire avancer aujourd'hui. Quand il approche enfin du bon immeuble, le Norvégien n'attend pas avant d'entrer. Il croise dans le mouvement le jeune homme qu'il a déjà aperçu aller et venir, en compagnie parfois de la rouquine ou non, lui confirmant la présence de cette dernière dans les parages désormais. Parfait. Il n'a plus qu'à s'assurer que la mutante est chez elle aujourd'hui et le tour est joué. Parvenu devant la bonne porte, Roman ne sonne pas. Prenant un peu de recul, il s'élance une première fois contre la porte. Le bois craque légèrement sous l'assaut. Il réitère son exploit dans la foulée une seconde fois, puis une troisième. Au bout de la quatrième tentative, la serrure cède. Ses premiers pas dans l'appartement lui permettent de découvrir une vue d'ensemble des lieux. Du mouvement attire son attention au niveau de la cuisine. Un sourire amusé accompagne son approche, tandis que sa main vient se saisir de son cadeau gluant, toujours dissimulé avec précaution dans la poche de sa veste. Quand il se retrouve devant Moira Kovalainen, le quinquagénaire ne se présente plus. - Je suis venu t'annoncer une bonne nouvelle !, qu'il s'exclame, le regard fou. - J'ai retrouvé William ! Sortant sa surprise de sa cachette, Roman la lance sur le plan de travail entre eux. - Enfin, un bout de William. Le chasseur se délecte de la mine répugnée que la rouquine lui offre. Elle doit se douter que ce sont des conneries, mais l'idée en elle-même est aussi démente que merveilleuse à penser et à réfléchir, du point de vue du Griske. - Je t'avais dit que je ferais l'effort de te ramener son oreille la prochaine fois qu'on se verrait, et je tiens toujours mes promesses. Lentement, le sourire disparaît pour laisser place à des traits plus énigmatiques. Un pas le fait bouger sur le côté, le rapprochant d'une certaine façon du plan de travail, mais également de la mutante. Ses mains blessées viennent se déposer prudemment sur la surface plane devant lui, son regard se plonge dans celui de la rouquine. - Comment vas-tu, Moira ?
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Dim 4 Sep 2016 - 23:11
For hope I'd give my everything
Moira & Roman
C'était un lundi comme les autres. L'un des ces énièmes débuts de semaine qui rimait avec réveil difficile, grognements sous la couette et difficulté à émerger, l'un de ces lundis où on aurait préféré rester au lit, à somnoler, oublier, suspendre le temps l'espace d'une journée. J'aurais pu me l'accorder, cette journée supplémentaire, ce repos bien mérité... Après tout, je travaillais à domicile, et personne ne viendrait me taper sur les doigts si je n'avais pas rendu un dossier pour un client ou que sais-je encore. Non, bien sûr que non... C'était plus sournois que ça, je faisait un métier où la liberté côtoyais sans cesse la rigueur et où la création se mariait inévitablement avec un travail acharné. Alors, avec un profond soupire, je m'étais levée et m'étais traînée jusqu'à la cuisine, avait mollement salué un Marius pas réveillé, et m'étais servie une grande tasse de thé bien fort. Une nouvelle semaine, la routine qui reprenait... Caesar junior qui reprenait les tournages, accessoirement. L'inconscient... A peine remit d'une crise cardiaque, voilà qu'il se jetait à corps perdu dans son travail... Lorsqu'il me l'avait appris, il avait été surpris de ma... Non réactivité. Je lui avais très calmement dit qu'à mes yeux, c'était une mauvaise idée de reprendre aussi vite, mais que j'aurais fait la même chose à sa place car après tout... Il n'y avait pas de meilleure façon de reprendre le contrôle sur soi qu'en faisant comme si tout allait bien. Entre gens cassés, on avait tendance à se comprendre mieux que n'importe qui.
Machinalement, j'avais débarrassé la table, attrapé un dernier pain au lait et étais aller me noyer sous la douche en espérant que ça me réveillerait. J'étais à présent fin prête, les cheveux noués en un chignon serré et arborais fièrement mon t-shirt « trust me, I'm a violonist ». Autant dire que j'étais parée pour des heures et des heures d'exercices, de gammes, de traits, de cadences et autres joyeusetés qui rendaient la musique un peu moins cool. J'attrapais mon violon, l'accordais jusqu'à être parfaitement satisfaite de son harmonie, et commençait à tranquillement m'échauffer. Seulement, au bout d'une demi-heure, mon cerveau parti vagabonder, et je me retrouvais à battre la mesure sur une jig endiablée, comme si je m'étais soudainement retrouvée dans une taverne en Irlande. Aucun rapport avec l'ennuyeux programme Beethovénien que je préparais pour la semaine suivante. Seulement voilà... J'avais l'esprit ailleurs, me sentais mélancolique et n'avais absolument pas la tête à travailler ces choses-là. Trop de choses me turlupinaient, j'avais comme le sentiment d'avoir laissé certaines choses désagréables en suspend... Oui, mais quoi ?
Finalement, je fus tirée de mes pensées par le claquement de la porte d'entrée lorsque Marius quitta l'appartement. J'achevais mon petit concert improvisé, reposais l'instrument et l'archet, et gagnais la cuisine pour me servir un verre d'eau. Verre que je me retenais de me jeter à la figure pour me réveiller un peu mieux, à vrai dire. Et voilà que je me retrouvais à bêtement regarder par la fenêtre, attendant un je ne sais quoi qui viendrait me...
« BANG ! »
Je sursautais, lâchais mon verre qui alla s'écraser en un millier de fragments humides au sol, et regardais la porte d'entrée, qui venait de trembler sur ses gonds. Un petit malin qui s'était amusé à se projeter sur la porte ? Etrangement, je n'y croyais pas. Tétanise, je n'osais bouger de la cuisine et me contentais de fixer la porte en tendant de refréner les battements anarchiques de mon pauvre cœur. Un deuxième choc contre la porte et je compris que quelqu'un cherchait bel et bien à s'introduire dans l'appartement, et que ce n'était certainement pas un cambrioleur. Je n'avais pas d'arme, rien d'autre pour me défendre que ma mutation, et ma gorge était trop sèche à cet instant pour que je puisse tenter d'en faire quoi que ce soit. La peur me gagnait, me tétanisait, raidissait chacun de mes muscles, et alors qu'un troisième choc retentissait, je sentis un long et désagréable frisson me parcourir l'échine. Au quatrième impact, la porte céda, et je me liquéfiais en voyant se dessiner un visage trop bien connu dans l’entrebâillement de la porte.
Roman Griske. Un homme que j'avais espéré ne jamais revoir, un monstre de folie et de cruauté que j'aurais préféré oublier... Un fou furieux qui n'était pas censé savoir que j'étais en vie... Quoi que... Etait-il seulement au courant que j'étais supposée être morte ? Pas nécessairement. Pourquoi maintenant ? Notre dernière discussion me revint en mémoire alors qu'il me dévisageait, un sourire à faire froid dans le dos aux lèvres. De mon côté, je n'avais pas bougé d'un iota, au milieu des éclats de verre, en état de choc. Il fallu qu'il s'approche et jette sur le plan de travail une chose visqueuse et rougeâtre pour que je secoue la tête et revienne parmi les vivants. Lentement, je baissais les yeux vers le plan de travail et fis immédiatement un pas en arrière, porte la main à mes lèvres pour contenir un haut le cœur. C'était une oreille... Une oreille humaine, que j'avais sous les yeux, et connaissant le type, je doutais qu'elle soit en plastique et couverte de ketchup. Je relevais un regard horrifié en direction de Griske, lequel ne me laissa même pas le temps de protester, bien trop fier de son petit effet. La mention de William me fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac, et je retenais à grand peine la larme de terreur qui cherchait à quitter le refuge de mes paupières. Ne pas pleurer, ne pas lui montrer ma peur... La dernière fois que nous nous étions vus, je n'avais rien à perdre, tout à gagner... Désormais, je ne savais plus trop lequel dominait l'autre. Aussi laissais-je un silence planer avec de répondre, d'une voix glaciale marquée par un léger trémolo de terreur.
« Griske... Il n'y a vraiment qu'une pourriture dans ton genre pour faire des entrées aussi remarquées... Mais tu arrives trop tard... William est mort... Il a été assassiné par un de tes petits amis chasseurs... »
Je m'étonnais moi-même de parvenir à dire cela d'un ton aussi calme, aussi... Détaché, quand tout en moi me hurlait de céder à la colère, à la fatigue, à la tristesse... A quelque chose de trop puissant pour que je puisse le contenir. Je fixais Roman avec un regard empli de dégoût alors qu'il s'approchait de moi, faisait crisser le talons de ses chaussures sur les morceaux de verre, et soutenait tant bien que mal son regard. Ne pas flancher, ne pas flancher...
« C'est presque amusant, d'ailleurs... La dernière fois que nous nous sommes vus c'était en... Décembre, il me semble ? William a été tué en août dernier... Tu t'es pointé chez moi alors qu'il était déjà mort... J'ignore si tu étais au courant, mais si c'est le cas, ça fait de toi une enflure autrement plus détestable... »
Je le repoussais d'un geste violent, incapable de tenir plus longtemps si près d'un homme que j'aurais souhaité étrangler de mes propres mains.
« Comment je vais ? Tu me demandes comment je vais après t'être introduis chez moi en déposant sur mon plan de travail une oreille sanguinolente ? Et d'ailleurs, à qui est-elle, cette oreille ? Qui a été la malheureuse victime de tes mises en scène de merde qui ne font rire que toi, hin ? »
Il vient pour Seth, il vient pour Seth, me hurlait mon subconscient. Il venait pour le calédonien, pour mon silence pendant des mois, pour mon retournement de veste pourtant si prévisible... Seulement cette fois, il n'avait aucune monnaie d'échange, rien ! Rien qui ne puisse me pousser à lui dire quoi que ce soit au sujet de Seth...
« Qu'est ce que tu fous ici ? Tu t'ennuyais ? Tu t'es dis « tiens ? Et si je retournais voir Moira ? Ca fait longtemps qu'on a pas vu un verre ensemble ! » Et ne te fous pas de ma gueule, Griske... Ou j'te jure que je te flingue les tympans pour que plus jamais tu ne puisses prendre ton pieds en t'écoutant parler... »
J'avais rarement joué à un jeu aussi dangereux... Sauf peut-être avec Kingsley. Et cette fois, j'avais bien failli finir vacciner. Allais-je avoir autant de chance, cette fois-ci ?
Sujet: Re: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Dim 11 Sep 2016 - 21:29
Entendre son simple nom prononcé sur le ton de la peur ne devrait réjouir personne. Cette façon de le nommer, avec une crainte certaine dans la voix, une réserve peu dissimulée, elle ne devrait pas rendre Roman si satisfait. Pourtant, c'est le cas. Savoir que Moira semble être si peu heureuse de le voir débarquer, ici, dans son nouveau chez elle, cela enchante le chasseur comme il ne pouvait le soupçonner lui-même. Adressant un petit geste de la main à la mutante, le Norvégien s'amuse de la situation. Il a connaissance que l'aura qui se traîne n'est pas des plus rassurantes non plus, et que se ramener avec une oreille dans la poche peut diffuser une image particulière de ce qui se passe là-haut, chez lui. Peu importe. Pire, c'est idéal. Roman est certain de ne pas avoir tout de suite des soucis pour faire parler la rouquine. L'annonce de la mort de William menace de le faire rire. Un rire franc, moqueur, provocateur, un rire qui n'a rien à faire ici, mais qui finalement ne passe pas ses lèvres. Ce n'est pas comme si Roman avait l'habitude de rire souvent. Là, il n'a pas envie d'en rajouter une couche, la naïveté évidente de la mutante s'occupe de tout. L'ex-trafiquant savoure cette prise de conscience qui a pu se faire dans l'esprit de la rouquine, ne la lâchant pas du regard un seul instant. N'est-ce pas monnaie courante d'autoriser aux nouvellement veuves d'espérer le retour de leurs maris, fiancés, pour obtenir quelque chose en échange ? Dans le monde de Roman, si, ça l'est.
Quand il se retrouve repoussé, Griske recule d'un minuscule pas. Il toise son assaillante d'un air blasé, avant de lui rétorquer un bref : - C'est la moindre des politesses. au milieu de la rage qu'elle déverse à son égard. Ses soudaines questions au sujet de l'oreille lui font pencher la tête vers cette dernière. - Je n'en sais rien. Ce n'est que pure vérité. A qui est cette oreille ? - Un jeune qui marchait dans la rue, à deux-trois quartiers d'ici. Il dresse ce portrait sans une once de remords, sans même réussir à se souvenir clairement des traits de son visage. La menace de Moira efface même tout souvenir précis de sa mémoire, le forçant à reporter toute son attention sur elle. - Tu deviendrais cruelle..., qu'il constate, une mine à la limite de l'impressionné sur son visage abîmé. - Je viens parler !, que Roman annonce finalement d'une voix forte. Il vient de tourner un peu sur lui-même, histoire de prendre connaissance de nouveau des lieux. Il mémorise ce qui peut servir, une porte menant à l'extérieur, un escalier guidant vers un étage utile, il retient ce qui peut l'aider à bien faire passer son message du jour, des couteaux au mur, des poêles suspendues aux placards, des torchons accrochés aux poignées des tiroirs. Tout peut servir, tout peut être détourné. Les idées fleurissent dans l'esprit tourmenté du Norvégien, si bien qu'il sait avec quel tissu il pourrait la menacer de la priver d'air ou avec quel ustensile il est capable de la blesser sérieusement. Roman tourne sur lui-même, bizarrement, sans se préoccuper de ce que peut en penser la mutante. Il use d'une malice dont il ne se sert pas souvent pour détourner l'attention, encore absorber, comme depuis plusieurs jours, par cet état second et douloureux dont il ne parvient pas à se défaire. Elle a refusé de l'entendre, de l'accepter, de le comprendre, Elle a menacé leur équilibre par de simples mots, mais il n'a pas dit son dernier mot. Il cherche à s'occuper l'esprit, mais il n'oublie pas. On parle de mémoire d'éléphant pour les personnes qui oublient rarement les choses, les mots, les événements, le Griske fait partie de ces dernières. Il n'oublie pas. Il ne mettra pas de côté la méprise de Scarlett, comme il n'a pas mis de côté la désobéissance volontaire de Moira.
Moira, dont il se rapproche d'un premier pas. Moira, dont il accroche le regard apeuré mais décidé au sien. Moira, dont il n'est prêt à faire qu'une bouchée. - Je viens poser une question simple, à laquelle je souhaite une réponse simple... On sent l'avertissement, l'intimidation, la menace, à travers ses paroles prononcées grâce à son accent à couper au couteau. Roman traîne dans l'annonce de ce qu'il désire, il distille une ambiance étrange dans la pièce inconnue, laisse les murs s'imprégner de sa présence malfaisante pour piéger Moira à l'intérieur. De même, il continue de la fixer. Il ne détache pas son regard du sien, histoire de ne manquer aucun de ses mouvements, l'empêcher également une erreur fatale. L'utilisation de sa mutation, l'idée de se munir d'une arme pour se protéger de lui, tout ce qui peut lui passer par la tête doit être abandonné. La lave métallique des iris du chasseur dégouline d'une colère et d'une folie que la rousse n'a pas encore rencontré chez lui. Si elle s'oppose à ce qu'il désire, si elle s’érige contre son dessein, il devra sévir. Ce n'est que de la logique pure et simple, une évidence que la mutante doit avoir percuté depuis qu'il est arrivé dans son champ de vision. Jetant un coup d'oeil à l'oreille qui traîne toujours sur le plan de travail, à sa droite, un sourire amusé tord son visage blafard. Le bout de ses doigts glisse sur le marbre, s'approche du membre arraché et s'en saisit. Doucement, il relève ce dernier devant lui, entre Moira et sa personne, avant de la regarder de travers, après plusieurs secondes de silence. - Où est Seth ? Aucune agressivité chez lui. Aucun doute quant à ce qu'il peut avoir dans la tête, si elle ne se montre pas coopérative, aucun besoin de paniquer. Roman est dorénavant d'un calme qu'il souhaite olympien. Son nouveau sourire à l'encontre de la mutante n'appuie qu'un peu plus cette idée. - Je n'approche pas si tu ne mens pas.
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Jeu 15 Sep 2016 - 22:45
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Parfois, je regrettais amèrement d'être humaine et d'avoir des émotions. Mais plus encore, je regrettais de ne pouvoir lutter contre cette peur viscérale qui me broyait les entrailles alors que je croisais le regard glacé de Griske. Il y avait quelque chose de profondément malsain chez cet homme, quelque chose de... D'inhumain. Comme si la vie l'avait façonné à l'image d'un monstre, comme si les événements avaient fait de lui une créature cauchemardesque incapable de connaître la rédemption. Griske, c'était le type qu'on ne voulait pas croiser dans la rue, le vilain qu'aucun film hollywoodien n'aurait vu venir, le tueur en série qu'aucun romancier à l'esprit torturé n'aurait osé imaginer. Et j'étais là, tétanisée par la peur, incapable de réfléchir à un moyen de me défendre. Si je trouvais le courage de lui répondre avec autant d'acidité, c'était pour contenir les larmes de terreur que je sentais monter, mais aussi parce que ma colère et ma rancoeur à son égard était telles que je me refusais le droit de lui parler autrement. Et alors que mes yeux jetaient un regard dégoûté à l'oreille sanguinolente posée sur le plan de travail, la voix rocailleuse du chasseur m'arracha un frisson. J'écarquillais les yeux, encore surprise des méthodes de ce malade.
« Tu es complètement fou... Ca t'arrive souvent d'arracher des oreilles aux gens dans la rue ? Et tu trouves que je deviens cruel ? Rassure-toi, jamais personne ne t'arrivera à la cheville, à ce niveau-là... T'es une pourriture de la pire espèce... »
Et finalement, il m'annonça qu'il venait... Parler ? Sérieusement ? Me prenait-il vraiment pour une conne finie, ou bien... ? J'esquissais un sourire à la fois amusé et crispé par l'angoisse.
« Oh mais bien sûr ! Parlons ! Tu ne veux pas une tasse de thé ou une permanente en même temps, tant qu'on y est ? J'te le répète une dernière fois : fous le camp d'ici... »
J'avais beau essayer d'avoir l'air aussi convaincante que possible, je voyais bien l'amusement dans son sourire ses paroles, et lui aurait volontiers taillader la figure avec les morceaux de verre jonchant le sol... Si j'en avais eu le courage. Jetant un regard désespéré à la porte d'entrée défoncée, je priais toutes les divinités possibles et imaginables pour que Marius ne revienne pas avant que Griske soit partit. Tout sauf Seth, tout sauf Marius... Tout sauf l'un de mes amis. Tournant à nouveau le regard vers le chasseur, je le surpris à faire le tour de la pièce principale, comme s'il... Cherchait quelque chose.
« Tu cherches quoi ? Les toilettes pour gerber à cause de l'oreille découpée ? »
Mais non... Il ne venait pas pour ça... Il cherchait quelque chose... Une arme ? Une indice ? Seth planqué sous le paillasson, peut-être ? Je savais qu'il fallait que je l'occupe pendant un certain temps, en espérant qu'un voisin aurait entendu le vacarme et appelé la police... En espérant que la police de Radcliff ne soit pas corrompue par un pote de Griske, auquel cas je pouvait d'ors et déjà commandé un cercueil à ma taille et des fleurs. Et alors que je réfléchissais à ce qui pouvait le captiver autant dans l'appartement, il s'approcha d'un pas, me faisant sursauter. Instinctivement, je reculais, jusqu'à ce que mon dos heurte le rebord de l'évier. Une question simple, une réponse simple ? La question, je la connaissais... Elle n'avait pas dû changer depuis la dernière fois. Malheureusement pour lui, ma réponse non plus n'avait pas changé. Alors je restais silencieuse, soutenant son regard avec toute la haine du monde dans mes yeux bleus. Je savais que j'avais peu de chance de l'emporter contre lui, et ce désespoir alimentaire plus encore ma colère. Malgré ma mutation et l'entraînement d'Alec, je restais une novice du combat au corps à corps, et regrettais soudain de ne pas avoir suivi plus intensivement l'enseignement de mon père quand il en était encore temps. Trop près... Beaucoup trop près... J'avais envie de le repousser, mais mes mains restaient fermement accrochées au plan de travail. Lorsqu'il attrapa l'oreille pour me la brandir sous le nez, je détournais le regard en grimaçant, écœurée.
« Éloigne ça de moi, espèce de malade ! »Grognais-je.
Il ne plaisantait pas... Et je n'étais pas certaine qu'un type comme Griske soit capable de plaisanter. Et puis finalement, la question tomba. Avec calme, simplicité, chaque syllabe articulée et sans la moindre agressivité. C'était un peu comme s'il m'avait demandé comment j'allais. J'aurais alors pu être étonnée de la question, s'il ne s'était mis à sourire en susurrant ces quelques mots qui sonnaient comme une menace à mes oreilles.
« Tu devrais renoncer à l'idée de sourire... Ça te rend encore plus flippant... »
Derrière moi, il y avait le service à couteaux de cuisine de Marius. J'avais juste à tendre le bras derrière moi et m'emparer de la première lame qui viendrait, et j'aurais le dessus. Du moins... En théorie. Alors, sans réfléchir davantage, j'attrapais le premier couteau qui vint – à mon grand regret pas le plus impressionnant, mais assez affûté pour le faire reculer – et le posais contre la gorge de Griske en luttant contre mon dégoût. Avec un sourire et un ton amusé qui ne me ressemblaient pas, je murmurais :
« Maintenant, tu vas reculer bien gentiment jusqu'à la porte et foutre le camp, ok ? Pour une fois dans ta vie, tu devrais t'occuper d'ton cul, Griske, et arrêter d'en vouloir après celui de Seth... Il est trop bien pour toi, j'comprends que tu sois jaloux... »
Tout doux, Moira, provoquer un psychopathe, c'est comme agiter un drapeau rouge sous les yeux d'un taureau enragé...
« Qui t'en voudrait pour ça, après tout ? Entre nous, si je devais parier sur un gagnant entre vous deux, ça serait Seth... Si tu lui tombes dessus, il te fera la peau, considère donc que j'te sauve la peau en disant rien et on est quitte, d'accord ? »
Si j'étais persuadée que Seth était capable de l'emporter sur Griske, il était hors de question que je trahisse l'un de mes meilleurs amis par peur d'un fou. Je ne voulais pas être lâche, ne voulais pas craquer à la moindre occasion... Et pourtant, j'aurais dû savoir que j'étais humaine, et non une héroïne de film surnaturelle. S'il en venait aux mains, s'il me poussait à bout, j'aurais dû savoir que je risquais de parler, par instinct de survie.
Sujet: Re: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Sam 8 Oct 2016 - 22:51
Les mots de Moira ne l'atteignent pas. Roman a presque trop l'habitude qu'on le traite de fou, qu'on le craigne, mais avant tout qu'on ne le comprenne pas. Les mutants tout particulièrement. Incapables de voir la monstruosité en eux comme il est capable de la voir lui, incapables de comprendre pourquoi il fait tout ce qu'il fait alors qu'il est celui que ne veut que le bien autour de lui. Lorsqu'il relève l'oreille entre Moira et lui, ce n'est pas pour l'effrayer, ce n'est que pour constater. Ce n'est que pour admirer la crainte grandir en elle, les questions affluer dans son esprit et les idées se démultiplier pour tenter de lui échapper. Le regard de Roman ne veut dire alors qu'une seule chose : il est trop tard. Trop tard pour fuir, trop tard pour avoir peur, trop tard pour regretter. Un petit rire amusé passe les lèvres du chasseur, alors qu'il décale sa main vers le plan de travail pour permettre à l'oreille d'atterrir de nouveau dessus une fois lâchée dans le vide. L'intérêt du Norvégien se reporte toutefois bien vite sur Moira, quand ses mots puérils et fleuris font chemin jusqu'à lui. - Vraiment ? Tu comprends ? Je n'en ai pas l'impression... Arquant un sourcil, il se met à secouer la tête, tout en détournant le regard. Sa simple vision lui brûle la rétine. Endurer son insolence et son audace malvenue empêche Roman de prendre du recul, de trouver le meilleur angle d'attaque. Il n'est pas prêt à argumenter, ce soir, il a besoin d'une réponse, et vite.
Alors, si Roman avait été comme les autres, il aurait acquiescé. Il aurait reconnu que, vu sous cet angle, Moira et lui sont quitte. Il aurait consenti à finalement quitter les lieux pour ne plus la déranger. Il serait même peut-être excusé. Un petit sourire, un petit mot cordial et il aurait pris la poudre d'escampette. Sauf que Roman n'est pas normal. Il a dans la tête cette mélodie, toujours plus forte, toujours plus difficile à faire sortir de son crâne, qui le force à ne pas agir comme la norme l'entendrait. A la place, il fait un premier pas vers la mutante. Il la voit reculer en conséquence, il s'efforce d'aller plus vite. Il rumine, il râle. - Niet niet niet. Sa langue maternelle reprend un peu le dessus, alors que ses doigts tâchés par le sang déversé plus tôt dans la ruelle sombre viennent échouer brutalement dans les cheveux de Moira. Ils empoignent les plus robustes pour la forcer à écouter, l'empêcher de reculer. Il n'est plus temps de fuir, il est temps d'écouter. Dans cette configuration, chaque mot qu'il va prononcer va s'ancrer dans l'esprit de la rouquine pour ne plus la lâcher. Ils l'étoufferont de leur présence envahissante jusqu'à ce qu'elle accepte de les écouter plutôt que de les réfuter. - Réponds à la question, Moira !, qu'il hausse le ton, encore un peu calme, commençant à démontrer cette impatience qui lui ronge la vie. S'il ne retrouve pas Seth, qu'est-il capable de faire désormais ? S'il ne parvient pas à ses fins, à quoi est-il bon dorénavant ? Roman ne peut pas se résumer à un vieillard inapte à bien faire son travail. Chasser est ce qu'il fait de mieux. Inspirer la peur est sa deuxième nature. C'est son essence, c'est ce qui est de plus inné chez lui. Pourquoi les choses ne tournent-elles pas en sa faveur, alors ? Pourquoi est-ce que le monde ne tourne plus rond ? Pourquoi a-t-Elle menti ? Pourquoi sent-il qu'Elle est plus forte que lui ? Pourquoi ne comprend-il pas ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que les questions qu'il se pose ne trouvent pas de réponse ? Pourquoi lui refuse-t-on ces fameuses réponses, comme Moira est en train de le faire ? Pourquoi ?
Le Norvégien rapproche son visage de celui de la mutante. Il maintient toujours ses cheveux fermement de sa main, il crispe encore un peu ses doigts pour qu'elle continue d'avoir mal et ne se concentre que sur ce qui lui permettra de se libérer de son emprise : une réponse à sa simple question. - Où est Seth ?, qu'il souffle dans sa direction. Sa main tremble légèrement, si bien qu'il raffermit encore sa prise. A la fin, il va peut-être avec un trophée hors du commun. Inspirant, Roman cherche à garder son sang froid. Il veut tenter de ne pas s'emporter, pour une fois, ou pas si tôt, mais ne pas obtenir ce qu'il désire à peine réclamé suffit à balayer ses bonnes résolutions au loin. Elles ne tiennent plus depuis sa discussion avec Scarlett. - Je ne te demande rien de plus, ma rouquine, juste cette petite information et je te laisse en paix, je ne t'approche plus et je pars. C'est ce que tu veux, pas vrai ? ALORS REPONDS ! Relâchant brusquement les cheveux de Moira, le mouvement de repousse qu'insuffle le chasseur à son corps, si frêle en comparaison du sien, la fait reculer plus loin. Moira comprend-elle, à présent, qu'il n'est pas ici pour plaisanter, à l'image de la dernière fois ?
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Mer 12 Oct 2016 - 12:00
For hope I'd give my everything
Moira & Roman
J'avais l'impression que rien n'atteignait cette pourriture de Griske. Que je pouvais bien le traiter de connard ou de moins que rien, il continuait à sourire comme un con, me donnant envie de le rouer de coups avec mes petits poings de crevette anémiée. Pourtant, il devait bien avoir une faiblesse, comme tout le monde ? Un instant, je résistais à la tentation de commenter l'hypothétique activité professionnelle de sa défunte mère – parce qu'elle devait forcément être morte de honte, la pauvre – au risque de me faire tuer d'entrée de jeu. A quel moment un type pareil passait de l'état de bambin innocent à tueur en série sans le moindre état d'âme ? J'avais beau tenter, je n'arrivais pas à imaginer Roman enfant, de jolies bouclettes blondes sur la tête et des mains potelées de gamin. A mes yeux, ce type était né de la noirceur des enfer, il était sortit de l'ombre avec cette allure, ce regard vide et glacial, ce sourire effroyable et cette âme éventrée avec les os de ses victimes.
Et je me retrouvais là, acculée contre le plan de travail, ma verve pour seule arme et la peur me paralysant. Parce que je savais que contrairement à certains, rien ne pouvait attendrir Griske, rien ne pouvait le convaincre d'abandonner son abominable traque. C'était un monstre, et on ne raisonnait pas un monstre. Dans un geste aussi futile que désespéré, je me retrouvais à empoigner un couteau, le menaçant d'une lame qui le fit simplement sourire. Et, sans que je puisse faire quoi que ce soit pour l'en empêcher, il empoigna mes cheveux à pleine mains, m'immobilisant à quelques centimètres de son effroyable visage de psychopathe. J'en grimaçais de douleur, mon cuir chevelu protestait vivement et mes cervicales semblaient vouloir se détacher du reste de mon corps. Seulement, malgré la peur, malgré la douleur, malgré la certitude qu'il n'hésiterait pas à me faire plus mal encore, je lui jetais un regard haineux.
« Vas t'faire foutre, ça te va comme réponse ? »
Sa voix commençait à trembler, la colère montait, et plus je résisterais, plus je mettrais le calme de Griske à rude épreuve. Mais je ne pouvais pas trahir Seth. Je ne pouvais courir le risque de le voir se faire tuer à cause de moi. Je ne me le pardonnerais pas, et soudain je regrettais de savoir où se trouvais Seth, où il avait l'habitude d'aller, qui il fréquentais... Car je mentais terriblement mal, et mon ami était suffisamment bouleversé par la mort de Bob pour se faire avoir bien plus facilement qu'en temps normal. Lorsqu'il me demanda à nouveau où était Seth, je restais muette, tentant de masquer la terreur qui voulait prendre le pas sur la colère. Je ne pouvais pas lui dire où était Seth, mais une petite voix dans ma tête me hurlait que c'était la meilleure chose à faire si je tenais à la vie. Je poussais un cri de surprise lorsqu'il me relâcha, me projetant contre le frigo où je m'écrasais en grognant de douleur. Ok. Maintenant j'avais vraiment peur. Parce qu'il ne plaisantait plus, il n'était plus là pour marchander comme la dernière fois, mais pour obtenir ce qu'il voulait, et ce à n'importe quel prix. Je m'écartais le plus possible de lui, jetant alentours des regards terrifiés comme un animal pris au piège.
« M'a... M'appelle pas ta rouquine, j'suis pas ton chien... »
Je le contournais prudemment, m'éloignant à reculons vers le salon où j'avais laissé mon téléphone.
« Mais... Mais ok. Je... J'te donne son adresse, et tu me fiches la paix, d'accord ? Laisse-moi juste regarder dans mon téléphone, je la connais pas par cœur... »
Ça n'allait pas passer, parce que je jouais aussi bien la comédie que Marius savait faire cuire des pâtes. Bon sang... Qu'est ce que j'aurais aimé m'appeler Aspen et savoir faire des trucs de fifou avec un cure dent pour me débarrasser de ce malade... Profitant d'un moment de calme, j'attrapais mon téléphone et, plutôt que d'appeler les flics parce qu'il ne fallait pas me demander de réfléchir dans un moment pareil, je fis mine de chercher dans mon répertoire l'adresse de Seth. En réalité, je lui envoyais un bref et urgent « tire-toi de Radcliff, Griske te cherche », qui lui suffirait amplement à comprendre la situation. Je croisais les doigts, les orteils et tout ce qu'il était possible de croiser pour que Seth se tire et ne fasse pas l'inverse, à savoir se précipiter chez Marius.
« Ahah... Heu... C'est con, j'l'ai pas, en fait... »
Trouver un plan B, trouver un plan B... C'était bête à dire, mais je craignais plus qu'il ne menace de me casser les doigts un par un si je ne parlais pas que de me tuer. Car morte, je ne pourrais pas parler. Alors que voir mes précieux doigts de violoniste brisés... Ça, ça aurait eu tendance à me rendre bien plus bavarde. Trouver un plan B, trouver un plan B...
« Mais en fait... Pourquoi maintenant ? Il t'a soudainement craché à la gueule, pour que tu reviennes me voir 10 mois après la dernière fois ? Qu'est ce que tu trafiques, Griske... »
Tout ce que je faisais, c'était gagner du temps. Mais gagner du temps pour quoi ? Pour qui ? A moins que quelqu'un n'ait appelé la police en entendant le vacarme dans l'appartement, personne ne viendrait.
« Bon écoute... J'ai pas l'adresse de Seth, je sais pas où il est, il se planque depuis que Bob est m... »
Boulette, Moira, boulette... J'ignorais si Roman était au courant pour Bob et Seth, s'il connaissait ne serait-ce qu'un peu Bob, mais j'avais le sentiment que ça, c'était clairement la chose que j'aurais dû éviter de dire. Ne me restait plus qu'à espérer qu'en lui crevant les tympans à la prochaine menace, il me foutrait la paix...
Sujet: Re: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Sam 19 Nov 2016 - 16:39
Le comportement de Moira n'arrive même plus à arracher le moindre rire à Roman. En temps normal, la voir se comporter comme un pauvre petit animal pris au piège de son assaillant l'aurait un minimum engagé à illustrer sa moquerie d'un rictus, mais rien. Rien ne passe sur le visage désormais impassible de Roman, si ce n'est son impatience. Elle se retrouve dans ce regard qui refuse de la lâcher malgré le dégoût, dans cette main droite qui se serre et se desserre, cherchant à canaliser cette envie dévorante de réitérer la menace qu'il vient de proférer une seconde fois. Griske ne voit pas où est le problème ; sa question est pourtant simple, en théorie. Moira a juste à se saisir d'un téléphone si elle n'a pas la réponse exacte, pour ensuite lui livrer Seth en toute innocence. Elle n'a rien à perdre. Le mutant n'est un ami ou un proche pour personne, il n'est qu'une petite raclure qui mérite enfin une Mort à sa hauteur : brutale et calculée. Et Roman se trouve être le candidat tout trouvé pour réaliser un tel acte. En attendant, le chasseur observe les bafouillages de la pauvre rouquine. Il ne répond que par un - Oui. sec quand elle marchande sa tranquillité en échange de sa fameuse réponse. Il ne cache pas son agacement, quand elle prétend ne plus se souvenir ensuite. Toutefois, il peut bien mettre ça sur le compte du choc, de la surprise ou de la stupidité. Surtout sur la dernière possibilité, en fait.
Roman fait un petit pas sur le côté. Il en fait un autre, jusqu'à se déplacer à travers la cuisine, jusqu'à remettre la main sur l'un des outils indispensables dont il pensait avoir besoin un peu plus tôt, si les choses ne se déroulaient pas comme à son bon vouloir. Et comme c'est exactement le cas, il se dit que prendre de l'avance sur les événements n'est pas une si mauvaise idée. Après tout, la mutante n'a pas hésité à en faire de même un peu plus tôt, en brandissant un couteau sous sa gorge... - Moira, vraiment ? Roman lui jette un regard de travers. Il continue dans le même temps son chemin, prenant soin de préférer le couteau qui est tombé dans la chute de Moira plutôt que d'en salir un nouveau – question de principe. Comment peut-on être aussi stupide ? Comment peut-on imaginer se dépêtrer d'une telle situation périlleuse en prenant l'autre pour un idiot ? Le chasseur n'arrive décidément pas à comprendre. Faisant racler la lame du couteau contre le sol en le ramassant, Roman laisse ses prunelles rivées dans celles de la mutante. Sa nouvelle question le stoppe dans ses mouvements. S'il doit bien reconnaître un unique point commun entre eux, c'est cette curiosité embêtante qui les habite, rien d'autre. - Tu aimerais savoir, n'est-ce pas ?, qu'il questionne en retour, avec un sourire à peine perceptible sur les lèvres. Néanmoins, avant que Roman ait eu le temps de rajouter quoi que ce soit, la langue bien pendue de Moira venait de faire toute le travail à sa place.
Les sourcils de l'homme se haussent, signe que son intérêt pour la pauvre âme qui se trouve devant lui vient de doubler, voire de tripler. Le sourire mauvais qui paraît la seconde précédente ses lèvres se tord un peu plus, le chasseur fait ensuite un pas en avant. Il confronte un peu plus Moira pour qu'elle n'oublie pas, qu'elle n'oublie plus, jamais, qui il est. Et qui il peut être, lorsqu'on ne lui donne pas ce qu'il demande dans les plus brefs délais. Ce nouveau nom, qui vient malgré lui de tirer son épingle du jeu, Roman a envie d'en savoir plus à son sujet. Il désire apprendre que la personne qui se trouve derrière importe beaucoup pour Seth, afin d'en faire un atout incontestable par la suite pour faire toujours plus de mal à l'homme de sable. Griske doit bien le reconnaître : de chaque rencontre provoquée ou de chaque situation à laquelle il a assisté dans cette ville, les choses ont toujours fini par devenir diablement intéressante. En ce qui concerne sa petite discussion avec Moira, ce moment semble être enfin arrivé. - Depuis que Bob ? J'attends la suite. Qui est Bob, Moira ? Je t'en prie, je suis là pour écouter, pas pour te couper la parole, au contraire. Levant ses deux mains en signe de bonne foi, Roman fait mine de ne plus songer au couteau qui s'est faufilé entre ses longs doigts. A la place, il fixe la mutante de ses yeux perçants. Il la toise d'un air qui ne dise rien qui vaille, histoire de l'aider à se décider rapidement sur la bonne marche à adopter. - Moira, je ne vais pas le répéter une nouvelle fois, ne m'oblige pas à m'énerver...
Venant croiser ses bras devant lui, Roman prend soin de faire tourner le long couteau sur lui-même. La lame reflète au passage quelques-unes des lumières qui éclairent la pièce. Le quinquagénaire ne sait pas quel geste incarnera l'élément déclencheur de la raison de cette pauvre Moira, mais il espère sincèrement pour elle qu'elle se mettra vite en tête qu'il est encore plus agaçant de la voir leur faire perdre du temps que d'entendre des réponses qui ne conviennent pas. - A moins que tu tiennes à ce que j'arrache tes cordes vocales pour de bon ?, finit par laisser entendre le Norvégien, le ton encore moins cordial qu'auparavant.
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: this is me for forever, the one without a name without an honest heart as compass (moira) Jeu 29 Déc 2016 - 22:36
For hope I'd give my everything
Moira & Roman
Être humain, ce n'était pas seulement éprouver des sentiments aussi fort que la colère, l'amour ou la passion, ce n'était pas que se sentir capable du pire comme du meilleur... C'était aussi avoir peur. Avoir peur par instinct de survie ou encore pour des raisons totalement absurdes... Il n'y avait qu'à voir ma phobie chronique des aiguilles pour comprendre que celle-ci n'avait rien de logique ni de fondé. Mais avoir peur de l'ennemi, craindre la folie et sentir son cœur battre à tout rompre à l'approche d'une menace, ça c'était un comportement commun à toute espèce vivante. Roman Griske faisait indéniablement partie de ces monstres que l'on aurait volontiers mentionné aux enfants pour les obliger à aller se coucher, et c'était le type qui me faisait face et me tétanisait. Je savais qu'aucune bravade ni aucune supplique de l'attendrirait, car c'était un chasseur et un tueur sans le moindre état d'âme. A cet instant, je me surpris à me demander s'il avait jamais aimé. S'il avait pu éprouver de l'attirance, de l'affection ou même de l'amour pour un autre être humain. Et malgré tous mes efforts – autant dire qu'avec lui je n'en faisais pas beaucoup – je n'arrivais pas à l'imaginer heureux en famille. Un simple « oui » aussi sec et tranchant que la lame d'un couteau, et il m'arracha un frisson.
Un simple post-it avec l'adresse de Seth et je pouvais sauver ma peau, oublier cet effroyable type et do... Non. Pas dormir. Car il était évident que si je vendais mon ami, je n'en dormirais plus de la nuit. Je m'étais souvent dit qu'il n'y avait que les héros de films pour avoir le courage de ne pas vendre leurs potes, que j'étais suffisamment lâche pour vendre les miens sans hésitation, mais à présent, c'était différent. Malgré la peur, j'étais déterminée à me battre et à ne rien lâcher, parce que je tenais à Seth, parce qu'il aurait fait la même chose pour moi, et qu'il était hors de question que je laisse une fois de plus un chasseur prendre le contrôle de ma vie et de mes décisions. Mon téléphone vibra dans ma main, probablement Seth qui me répondait, mais j'étais bien trop occupée à fixer les doigts du chasseur, lesquels se refermaient à présent sur le manche du couteau de cuisine que j'avais lâché un peu plus tôt.
Il ne plaisantait pas. Enfin... Griske ne devait pas plaisanter souvent, en même temps. Incapable de quitter la lame du regard, frissonnant en sentant le sien me dévisager, j'essayais de mettre de l'ordre dans mes idées et de trouver des issues. Il avait défoncé la porte, je pouvais toujours dévaler les escaliers et appeler au secours... Mais à coup sûr, il était armé d'autre chose que d'un couteau, et j'avais suffisamment la poisse pour me prendre une balle dans le dos avant même d'avoir atteint le palier inférieur. Et si quelqu'un d'autre sortait d'un appartement, alerté par le bruit ? Combien y aurait-il de morts avant qu'on ne puisse arrêter ce fou furieux ? La fenêtre, c'était tout aussi inutile, nous étions au cinquième étage. Me battre. C'était tout ce qu'il me restait. Et gagner du temps. Mais gagner du temps pour quoi ?
« Ouais j'aimerais bien savoir c'qui s'passe dans ta tête de détraqué... Seth veut juste qu'on lui foute la paix, il veut vivre peinard, comme nous tous, alors qu'est-ce que tu lui veux ? Tu peux te torches le cul avec du papier du verre, je ne te dirais pas où il est. Et j'te souhaite bon courage pour le trouver tout seul ! »
Un sourire goguenard sur les lèvres, j'avais l'air bien plus assuré que je ne l'étais en réalité, et je doutais que mes nerfs puissent supporter tout ça sans que je ne me mette à bêtement pleurer. Promettant silencieusement à Seth que je ne dévoilerais pas où il se cachait, je commis pourtant une erreur monumentale en mentionnant Bob. Bon sang mais quelle cruche tu fais, Moira ! Je me tus, me mordillant la lèvre en cherchant une parade mais déjà, Griske était sur moi, une lueur d'intérêt morbide brillant dans ses yeux. Une chose était certaine, il n'était pas le meurtrier de Bob, sinon il aurait tout su de l'homme grenouille, mais ça ne me rassurait pas pour autant.
« Pas pour me couper la parole, hin ? Eh bah écoute-moi bien, espèce de monstre de foire... »
Je me redressais, jetais un œil au couteau qu'il avait glissé entre ses doigts, comme si ça l'amusait de me montrer qu'il avait de quoi me transformer en escalope dans la seconde.
« Va te faire foutre. Allez tous vous faire foutre, toi et tes potes chasseurs. Vous ne comprenez rien d'autre que le meurtre et le pouvoir. Alors pour la dernière fois, fiche-lui la paix, à Seth ! On s'en fout de qui est Bob, tu ne pourras jamais rien lui faire, de toute manière, il est pas là ! »
Ça, c'était un demi-mensonge que j'assumais parfaitement ! Griske ne pourrais plus rien faire à Bob, Bob était mort... Mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir, au risque qu'il s'en serve contre Seth. Je pinçais les lèvres, les yeux fixés sur la lame du couteau. J'avais le sentiment qu'il ne me laissait plus vraiment le choix... Peut-être même m'y invitait-il, et j'avais eu l'espoir de ne pas avoir à m'en sortir. Pourtant, il était clair qu'à présent, ma seule arme était ma mutation, et que s'il avait cru y échapper la première fois, il allait y goûter de manière musclée cette fois. Je penchais la tête sur le côté, levais les yeux, et lorsque je repris la parole, ce fut comme si chaque son produit par mes cordes vocales était semblable à celui de griffes que l'on aurait fait crisser à la surface d'un tableau noir. Les mots se firent sifflements, et les ondes de ma voix allèrent se nicher dans son oreille interne, mettant sans dessus dessous les petits os crâniens qui lui permettaient de garder l'équilibre. Nul doute qu'il allait bientôt se prendre la tête entre les mains en vacillant.
« Tu sais ce qu'elles te disent, mes cordes vocales ? La dernière fois ne t'a pas suffit, Griske ? Dommage. J'espérais ne pas avoir besoin de m'en servir, mais puisque c'est le monstre que tu veux, c'est le monstre que tu auras. »
Profitant d'un moment de répit, je lui assénais un coup de genoux dans l'estomac et hurlais, ma voix déformée par des ondes qui fêlèrent la baie vitrée la plus proche :
« Fiche le camp ! Laisse Seth tranquille ou je te jure que j'hésiterai pas... J'te ferai la peau, Griske... »
Brisant la distance qui nous séparais, oubliant qu'il était armé et dangereux, je fus sur lui en quelques pas, et l'attrapais par le col.
« J'te jure qu'un jour t'y passeras ! Toi aussi tu dois bien avoir quelqu'un à qui tu tiens, non ? Méfie-toi que quelqu'un n'aille pas trouver cette personne, c'est un très bon moyen de pression ! »
Il pouvait aussi bien me rire au nez en m'affirmant que jamais personne ne trouverait grâce à mes yeux, mais si jamais il s'énervait, je saurais que c'était le cas. Que Griske avait bel et bien un talon d'Achille.