Sujet: Under pressure [ft. Aspen] Mar 12 Juil 2016 - 1:38
– good things come to those who wait –
GENE ET ASPEN/At night they would go walking ‘til the breaking of the day, The morning is for sleeping. Through the dark streets they go searching to seek God in their own way, Save the nighttime for your weeping, Your weeping. – COLDPLAY.
L’heure de cours se termina enfin, pour le plus grand plaisir des élèves qui purent ranger leurs affaires et souffler après une lecture qui s’était avérée compliquée et pleine de détails particulièrement important. Les étudiants les plus dissipés avaient tout bonnement été sommés de partir par le professeur référant, ce qui avait très vite donné le ton de la séance. Mais tout était fini pour le moment, et chacun allait pouvoir se détendre avant de relire ses notes. Gene avait essayé d’en prendre le plus possible, usant de contractions, de raccourcis et de petits graphiques pour coucher sur le papier un maximum de choses. Elle avait l’impression d’avoir la tête comme un ballon et elle avait hâte de rentrer chez elle, de se poser dans son canapé et de se coller devant une série ou un jeu avant de se mettre à réviser. Elle échappait au stage pour cette semaine, n’y retournant que le Lundi suivant, ce qui ne lui déplaisait pas. Elle avait le temps de se préparer psychologiquement à retrouver son criminologue formateur qu’elle trouvait tant antipathique. Avec de la chance, les cas sur lesquels elle travaillerait seraient assez intéressant pour qu’elle parvienne à passer outre le caractère exécrable de ce personnage. Son classeur rangé et son sac en bandoulière sur l’épaule, la jeune femme se mit en route vers la sortie de la fac. On était en tout début de soirée et le soleil n’était pas encore couché ; le crépuscule baignait la ville de ses couleurs dorées, une brise tiède soufflait tranquillement et les rues étaient toujours occupées par les badauds qui profitaient du beau temps avant de rentrer. L’illusionniste se décida à les imiter plutôt que de se coincer dans un bus entre deux usagers ; après tout, à pieds, elle en avait pour une petite demie heure à rentrer chez elle, alors autant saisir l’occasion et se dégourdir un peu les jambes. Se faufilant dans les rues de la ville, elle passa par des quartiers qu’elle connaissait bien, détaillant certaines vitrines qui ne tarderaient pas à fermer ou bien qui avaient déjà plié boutique pour la journée. Elle se dit qu’elle pourrait en profiter pour faire deux trois petites courses tardives, avant de se rappeler que son budget d’étudiante était déjà suffisamment serré pour qu’elle n’encombre pas son frigo de choses inutiles. Pourtant, elle regretta de ne pas s’être arrêtée dans un magasin lorsque, quelques mètres plus loin, elle se fit doucement encercler par un petit groupe de gens. Une petite bande, rien de bien inquiétant à première vue : trois hommes d'âges et de carrures variés. Par réflexe cependant, la mutante se tendit, ayant peur de ce qui allait se passer. L’un des inconnus pris la parole.
- Hey petite, qu’est-ce que tu fais dehors à cette heure ?
Gene haussa les sourcils, surprise de la question. Aux dernières nouvelles, le couvre-feu était levé, et puis il n’était pas si tard que ça – huit heures du soir tout au plus. Elle regarda l’homme, presque perplexe.
- Je rentre chez moi, je sors de cours.
Elle entendit rire derrière elle et elle se tendit davantage, pas rassurée le moins du monde. Certes, il ne fallait pas voir le mal partout, mais en l’occurrence elle avait tendance à ne pas vraiment voir de bien non plus.
- Elle est mignonne comme tout, elle sort de cours. Et vous faites quoi comme études, madame ? - Criminologie. - Ah ben bien, elle va attraper tous les criminels du coin avec une gueule d’ange pareille.
Gene plissa légèrement les yeux, cachant sa vexation autant que possible. Elle était naïve et trop candide pour son propre bien, certes, mais s’il y avait une chose qu’elle ne supportait pas, c’était qu’on la prenne pour une gamine et pour une imbécile. Et clairement, les hommes qui l’entouraient lui donnaient l’impression de ne la voir que comme une jolie petite potiche. Il n’aurait plus manqué qu’ils aient été chasseurs et ils auraient tout eu pour lui déplaire. Restant silencieuse, les laissant discuter entre eux, la mutante chercha une échappatoire du regard, n’importe laquelle, tout pour sortir de là. Elle aurait bien voulu appeler Jim pour qu’il vienne la chercher, mais si elle essayait, elle avait l’impression que ça ne ferait que dégrader la situation, alors en attendant, elle gardait la tête rentrée dans le coup et les épaules basses, sur la défensive, se demandant si l'un des passants autour d'eux allait venir la tirer de là ou s'ils la laisseraient se débattre seule avec son malaise et ces trois types qui ne la rassuraient pas le moins du monde.
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Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Jeu 14 Juil 2016 - 17:54
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Ca faisait un bail que la cadette des Wolstenholme n’avait pas mis les pieds dans une université : enfin, elle était passée une fois, rapidement, à la recherche d’un mutant aux propriétés curatives une fois, pour guérir une Calista qui avait fini par se soigner toute seul, mais elle n’était déjà pas revenue depuis, et surtout elle n’avait pas pris le temps de se balader au campus la dernière fois. Elle n’était pas allée à la fac du coin, comme la plupart de ses anciens camarades de Lycée, aussi elle voyait celui-ci comme une version réduite et un peu campagnarde de l’immense campus du MIT : en même temps, on ne pouvait pas comparer cette modeste structure publique avec l’ogre universitaire qu’était la première école supérieure d’architecture du pays. Toujours était il qu’elle était là pour déposer un dossier pour Lorcan : ce dernier avait zappé un bout de ses documents de réinscriptions, et ses horaires de folie au restaurant ne lui permettait pas de pouvoir venir aux heures d’ouverture de l’administration. Alors sa jumelle, bonne poire, avait accepté de bonne grace de s’occuper dudit dossier. Et puis, ça lui permettait de se promener un peu. Elle sortait du bâtiment principal quand elle aperçut de loin trois silhouettes familières : trois chasseurs, pas le haut du panier, loin s’en fallait, qui s’enfilaient des bières en riant bruyamment, observant certains étudiants – de couleurs surtout, comme par hasard- d’un air belliqueux, se donnant des coups de coudes au passage des plus jolis filles. L’un des types avait surement l’âge d’être leur père, ce qui fit serrer les dents à l’ancienne chasseuse. Elle le sentait, ces trois là n’étaient pas là pour leurs cours du soir, mais bien pour emmerder des gens. Et si il ne pouvaient plus faire les cowboys en chassant presque à découvert, comme à la belle époque, elle ne doutait pas qu’ils avaient encore moyen de nuire, à des gens lambdas comme à des mutants. Quand elle les vit se concerter avant de suivre le pas d’une jeune femme serrant fort son sac contre elle, elle envoya un message à Lorcan puis se décida à les filer : ces trois guignols n’étaient pas forcément du genre à qui on pouvait faire confiance. Son intuition fut la bonne, et ce qu’elle vit la révolta. Ils s’étaient débrouillés pour encercler une jeune fille qui les fixait d’un air perplexe, probablement inconsciente du danger qui se présentait devant elle. De là où elle était, elle ne pouvait pas entendre leur échange, mais elle voyait bien à la tête de la jeune fille qu’elle ne les connaissait pas, et en plus qu’elle ne savait pas comment se sortir de cette situation. En dehors même de leur statut de chasseurs, ces types étaient juste malsains, à reluquer l’étudiante comme une confiserie à taille humaine, et c’était peut être le dernier regard qu’elle capta qui la décida à intervenir. Elle remonta son sac sur son épaule, sortant la poitrine pour prendre son pas le plus royal et déterminé pour se jeter dans la mêlée, ou plutôt arrivant dans le dos des types pour leur taper sur l’épaule . Deux d’entre eux sursautèrent malgré son pas volontairement bruyant, alors que le troisième l’avait reconnu et grimaçait déjà : les filles Wolstenholme n’étaient jamais une bonne nouvelle :
- Ben alors les losers, on fait les sorties de classes maintenant ? Vous avez pas eu assez de succès à la maison de retraite c’est ça ?
Le ton était volontairement désinvolte et provoquant, pour une simple et bonne raison : détourner l’intention des chasseurs de la petite brune derrière elle. Elle avait visé juste apparemment, puisque l’un d’entre eux émis un grognement désapprobateur, alors que l’autre avançait déjà d’un pas vers la rouquine, tentant de la dominer de toute sa hauteur :
- Bouge de là la Wol’, t’vois pas qu’on bosse ?
Aspen se pencha pour faire un petit coucou de la main à la jeune femme, avant de planter son regard glacial dans celui du gros bras en baissant d’un ton pour n’être entendu que par eux :
- Bravo, vous avez besoin d’une médaille ? Vous allez faire quoi, l’abattre en plein milieu de la rue ? C’est bien les gars, j’avais un doute sur l’existence ou non d’un cerveau sous cette couche de gel, je n’en ai plus à présent !
Le gorille initia un début de geste menaçant en direction d’Aspen qui ne bougeait pas, son sourire plein de dents comme un avertissement à peine voilé, alors que le plus petit et le plus jeune de la bande – surement le plus malin, aussi – abattait sa main sur la poitrine du premier pour le stopper net . Lui, il avait déjà vu ce dont était capable cette famille, et la cadette en particulier : ils étaient bon pour une raclée humiliante en pleine rue si ils se jetaient la dedans, et pour quoi ? Pour une nana qu’ils ne savaient même pas mutante à coup sur ? Ce ne serait pas leur meilleur coup, clairement, le troisième se tripotait les mains, son regard passant de la rousse à la brune comme s’il hésitait entre les deux, puis finit par secouer la tête dans un rire gras et déplaisant :
- Scuse Aspy, on savait pas que t’avais déjà des vu d’ssus t’sais ! la prochaine fois tiens nous au courant, ça doit être un spectacle !
Aspen le fixa d’un regard reptilien, dénué d’émotion, alors qu’elle ne savait absolument pas ce qu’il racontait . Tant pis, si ça les faisait bouger de là presto, elle pouvait encore jouer un peu le jeu. Elle avait l’impression d’être membre d’une mafia parfois …
- Tu m’en diras tant Trésor… Allez, on fait de l’air et on laisse les grands travailler, à moins que vous vouliez que j’aille me plaindre de votre insubordination un peu plus haut ? J’ai le numéro dans mes raccourcis si vous voulez …
Elle fit mine de chercher son portable dans son sac alors que deux des types donnaient des coups de coude au troisième pour l’intimer de les suivre. De l’extérieur, la scène devait être totalement improbable, et pourtant, les trois lascars étaient en train de rebrousser chemin face à une minuscule petite jeune femme à l’air farouche. Comme quoi l’attitude, ça faisait tout. Après un dernier regard noir échangé avec le gorille, Aspen tourna la tête vers la jeune femme qui avait subi puis assisté à cet échange digne d’un film, un sourcil haussé :
- Ça va ? Désolée que tu ais du subir cette bande de crétins, ils sont plus bêtes que méchants, mais bon, histoire de ne pas prendre de risque …
Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Ven 15 Juil 2016 - 2:12
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Gene n’était pas quelqu’un de malchanceux en général. Elle faisait de son mieux pour se tenir à l’écart des problèmes, et elle redoutait tellement les conflits qu’elle les désamorçait aussi vite que possible dusse-t-elle se retrouver prise dans l’un d’entre eux. Elle était affreusement impressionnable et tout aussi timide, et si elle pensait beaucoup de chose en théorie, en pratique elle était incapable de faire grand-chose. Trop timorée, elle savait qu’être aussi peureuse lui jouerait des tours un jour, mais elle n’aurait pas pensé que ça commencerait alors qu’elle rentrait de la fac et que le soleil était encore haut dans le ciel. Elle se serait plutôt attendu à quelque chose de plus cliché, à une mauvaise rencontre en pleine nuit ou un cambriolage qui aurait mal tourné alors qu’elle se trouvait dans son appartement ; et encore, cette dernière possibilité aurait pu se passer très différemment suivant de si son meilleur ami squattait son canapé ou non. Mais pour le moment, pas de Jim et personne pour venir la tirer loin de ce groupe de types qui lui paraissaient tout sauf rassurant. A dire vrai, elle était déjà en train d’imaginer le pire, ses idées s’emballant sans qu’elle puisse faire grand’ chose pour les arrêter. Elle se voyait déjà traînée dans une ruelle sombre sous les yeux de passants qui n’interviendraient pas, et elle ne voulait pas réfléchir à l’état dans lequel elle en sortirait – si elle sortait de là entière. Bref, elle était en train de se faire tout un film absolument terrifiant quant à son futur très proche lorsqu’une voix assurée prit la parole. Sitôt que ces quelques mots furent prononcés, les inconnus se tournèrent vers la jeune femme qui venait de s’exprimer. Elle ne devait pas être beaucoup plus vieille que l’étudiante, et elle dégageait une assurance et une fierté à faire pâlir un paon de jalousie. Ce fut en tout cas l’impression qu’elle donna à la mutante lorsqu’elle la vit s’adresser sans peur aux trois gorilles qui, visiblement, ne lui étaient pas inconnus. Déglutissant un peu, elle tenta de comprendre ce qu’ils se racontaient à voix basse, mais elle ne put s’empêcher de cligner des yeux et de rendre timidement son bonjour à la demoiselle aux cheveux de feu, se sentant plus en sécurité de la savoir là. Solidarité féminine ou autre chose, en tout cas, elle lui devait d’avoir la paix – pour le moment du moins. Plus l’illusionniste essayait de comprendre ce qu’il se passait, plus la scène qui se déroulait sous ses yeux lui paraissait parfaitement improbable. Que ces trois brutes s’écrasent devant cette jolie jeune dame coquette et qu’ils s’inclinent devant une menace qu’elle ne comprenait pas, ça lui échappait totalement, et elle ne savait pas si c’était vraiment bon signe – il n’aurait plus manqué qu’elle tombe de Charybde en Scylla sans le savoir. Ca ne l’empêcha pas de se sentir éminemment soulagée lorsqu’ils décidèrent de partir, échangeant un dernier regard mauvais avec l’inconnue avant que cette dernière ne s’approche d’elle. Gene haussa les sourcils et secoua la tête.
- C’est rien. Merci beaucoup, je savais pas comment ça allait se passer. Vous … euh, vous les connaissez ?
Elle jeta un coup d’œil derrière l’épaule de la rouquine et repéra le trio, plus loin, suffisamment à distance pour paraître innocent mais pas assez pour lui donner l’impression qu’ils ne reviendraient pas la pister dès que l’inconnue serait partie. Hésitant un moment sur ce qu’elle avait le droit de dire ou faire, elle finit par demander, prête à se faire envoyer paître – et à juste titre pensait-elle :
- Vous … vous êtes pressée ? Est-ce que vous voudriez bien marcher un peu avec moi ? Si vous voulez pas, je comprendrai, hein, mais c’est rassurant d’être avec quelqu’un aussi autoritaire avec les abrutis.
Elle sourit un peu, ayant l’impression de déjà trop en demander avec une inconnue qui était sortie de son chemin pour l’aider.
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Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Mar 19 Juil 2016 - 21:48
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Si il y avait bien une chose qu’elle avait toujours détestée, encore plus que les mutants, encore plus que les vestes en velours côtelé et la guerre dans le monde, c’était bien la misogynie. Peut être parce qu’elle venait d’une famille de femmes fortes et indépendantes, mais toujours était il qu’elle avait toujours mis un point d’honneur à ne pas se laisser faire par les garçons, puis les hommes de son entourage, tout en refusant pour autant de sacrifier sa propre féminité pour adopter leurs codes. Oui, Aspen ne supportait pas les gros lourds, et il était hors de question qu’elle les imite pour se faire accepter d’eux. Oh que non, elle préférait les fracasser en deux, ou leur rabattre le caquet, selon ce qu’il lui était possible de faire dans l’instant, ça ça la séduisait bien plus. Quand en plus lesdits gorilles osaient s’attaquer à une jeune femme, en surnombre –signe visible d’un courage évident-, et de manière apparemment totalement arbitraire, il n’en fallait pas plus pour lui donner envie de leur voler dans les plus et de leur faire regretter d’être sortie de leur routine de bières et de musique country. Ce qu’elle venait de faire, d’ailleurs Satisfaite de sa petite intervention, elle se retourna vers la jeune ex future-victime qui s’approchait d’elle un peu timidement : de plus près, Aspen se rendit compte qu’elles avaient plus ou moins le même âge, alors que de loin, elle aurait juré que l’inconnu était bien plus jeune. Peut être à cause de sa posture un peu timorée, de cette façon de rentrer la tête dans les épaules face à ses adversaires… Toujours était il qu’elle la dévisageait avec un air reconnaissant et ça, Aspen appréciait. Elle haussa les épaules face à la question de la jeune femme, passant sa main dans ses cheveux dans un comportement assez désinvolte :
- Mal, je suppose. Et disons que les connaitre est un grand mot. Je sais juste qu’ils sont très grands et très cons quand ils le veulent. Le souci avec eux, c’est qu’ils le veulent souvent.
Elle ne se voyait pas dire que ces trois babouins avaient été des compagnons de chasse – pas vraiment par choix, mais tout de même - , et qu’elle était peu ou proue leur chef, dans d’autres circonstances plus obscures. D’ailleurs, sa réponse avait du satisfaire la curiosité de la jeune femme, puisqu’elle s’empressait de poursuivre, lui demandant aussitôt si elle pouvait l’accompagner un peu, le temps que les autres disparaissent de leur vue. Aspen hocha la tête, jetant un regard noir en direction des trois hommes qui se tenaient au loin : il était en effet peut être plus sûr qu’elles restent ensemble quelques temps encore. Après tout elle n’était pas particulièrement pressée, elle pouvait bien pousser sa bonne action encore un peu plus loin. D’ailleurs, l’adjectif utilisé par la demoiselle lui prêta à sourire :
- Cela faisait longtemps qu’on ne m’avait pas rappelé que j’étais un dragon d’autorité, merci, ça fait du bien. Et bien sur, de toute façon c’est sur mon chemin, ça ne me dérange pas. Je m’appelle Aspen, puis tu peux me tutoyer hein, je pense pas être bien plus vieille …
Voir pas du tout, d’ailleurs. Elle entraina Gene dans son sillage, d’un pas décidé sans être trop rapide, profitant malgré tout de l’air encore doux et des rues apaisées. Cela étant, elle préférait éviter que le silence ne s’installe entre elle et l’étudiante, s’intéressant soudain à la vie de cette inconnue qu’elle ne connaissait même pas quelques minutes avant :
- Tu étais en cours à la fac, du coup ? Tu étudies quoi ? Mon frère est à la fac ici également, j’étais justement sur place parce qu’il avait oublié de rendre un papier à l’administration …
Les petits bavardages, Aspen les maitrisait à la perfection, depuis le temps. Elle écoutait et observait Gene avec une attention polie, alors qu’elle surveillait du coin de l’œil leurs arrières, au cas où les trois compères se décideraient à retenter leur chance …
Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Mer 27 Juil 2016 - 0:27
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Gene n’était pas quelqu’un de très affirmé. On pouvait même affirmer qu’elle était tout le contraire. Peureuse et timide, elle se refusait à provoquer les conflits et fuyait les situations de crise comme la peste – sachant que de son point de vue, le moindre accrochage pouvait passer pour une situation de ce genre. Elle qui avait tendance à rentrer la tête dans ses épaules dès qu’elle entendait quelqu’un hausser le ton, elle ne savait pas du tout dans quel état mental elle aurait terminé si sa rencontre avec les trois gorilles s’était poursuivie. Heureusement que la grande rousse était venue à son secours, sinon elle ne donnait pas cher de sa peau, et si elle pouvait éviter d’utiliser sa mutation en public, elle ne s’en portait pas plus mal – après tout, dans une ville grouillante de chasseurs, mieux valait faire profil bas, car tous n’étaient pas aussi tolérants que son meilleur ami. Soulagée de ne plus être seule et d’être débarrassée des importuns, la mutante se tourna vers l’inconnue, la remerciant comme elle le pouvait, soulignant le fait qu’elle avait l’air assez familière avec le petit groupe qu’elle avait chassé sans plus de cérémonie. Elle hocha doucement la tête et sourit.
- Ouais, ils ont l’air … un peu nerveux, pour rester polie.
Pour rester polie, et au cas où la rouquine les apprécie un peu malgré tout – elle n’avait pas envie de se la mettre à dos, pas alors qu’elle venait juste de lui sauver la mise et de lui demander si elle allait bien. Pas non plus alors qu’elle venait de lui demander de la raccompagner chez elle, ayant un peu trop peur que le trio se décide à la suivre dès que la jeune femme aurait le dos tourné et serait retournée à ses affaires. L’étudiante se sentit immensément soulagée que l’inconnue – qui s’appelait Aspen, comme elle le lui indiqua si gentiment – accepte sa demande. Elle hocha la tête et sourit.
- Merci beaucoup. C’est vrai qu’on doit avoir le même âge. Enchantée Aspen, moi c’est Gene.
Lui emboîtant le pas, elle se cala sur son rythme de marche pour avancer à côté d’elle, son sac en bandoulière frappant contre son flanc à chaque pas qu’elle faisait. Il n’était pas lourd, mais il était encombrant et, surtout, elle avait une petite bouteille d’encre de Chine qu’elle avait oublié de sortir, et elle ne serait rassurée que lorsqu’elle saurait ses cours et son carnet loin d’une potentielle tâche noire. Laissant le silence s’installer, ne sachant pas trop comment entamer la conversation, Aspen s’occupa de briser la glace et de relancer le dialogue.
- Oui, j’avais une lecture un peu tard. Je suis en criminologie, c’est ma quatrième année. Ton frère étudie quoi ?
Quitte à répondre à des questions, autant en poser en retour. La petite brune était curieuse de nature, et elle aimait toujours écouter les histoires que les gens pouvaient lui raconter, aussi insignifiantes pouvaient-elles sembler.
- Et toi ? Tu n’es plus à la fac, alors c’est que tu travailles non ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
Elle avait vraiment envie d’en apprendre plus désormais, et elle tentait de ne pas avoir l’air trop inquisitrice tandis qu’elle partait dans les rues de Radcliff avec la grande rousse, en oubliant même de regarder par-dessus son épaule pour s’assurer qu’on ne les suivait pas. Après tout, comment aurait-elle pu savoir qu’elle marchait côte à côte avec l’une des meilleures chasseuses de la nouvelle génération de hunters de la ville, voire du comté ?
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Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Sam 30 Juil 2016 - 22:04
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Dire qu’Aspen était quelqu’un d’affirmé était un euphémisme. C’était peut être l’un des qualificatifs qui caractérisaient le mieux la jeune femme, peut être à égalité avec Bruyante et Extravertie. Quand on grandissait au milieu des Lecter et des Wolstenholme, il fallait avoir le cœur bien accroché, et si possible la langue bien pendue aussi. Ils avaient beau avoir quelques idées archaïques sur bien des sujets, les chasseurs étaient relativement en avance concernant la parité : elle n’avait jamais été favorisée par rapport à son frère ou ses cousins, mais on ne l’avait jamais bridé non plus en entrainement, lui apprenant à déchainer sa force et à attiser sa hargne exactement comme pour les garçons. L’esprit de compétition étant ce qu’il était entre les adolescents, elle avait développé une certaine confiance en elle, mais surtout un culot que l’on aurait pu qualifier d’agressif, si on était un peu timoré. Des qualités toute masculines, parait il, mais qu’elle arborait avec fierté. Parce qu’on pouvait être un pitbull et aimer les jolies chaussures non mais.
- Ils ont l’air complètement teubés surtout, mais je crois que le jour de la distribution de neurones, ils s’étaient bloqués la tête dans le garde vélo…
Elle avait répliqué cette horreur avec toute la grace et la désinvolture qui étaient les siennes, trottinant à coté de la timide étudiante comme si la rue lui appartenait. Elle écouta la jeune femme lui expliquer qu’elle était en criminologie, et qu’elle avait du rester plus tard que prévu à cause d’une lecture. Les professeurs n’étaient donc pas au courant qu’il n’était pas raisonnable de laisser des dizaines de jeunes personnes en début de soirée en ville, alors qu’il y avait quand même une bête sauvage qui sévissait dans le coin … Elle ne comprenait pas, vraiment.
- Il est en étude de génétique je crois, à vrai dire, je n’ai même pas lu ce qu’il m’a demandé de ramener à l’administration, aussi bien c’était ça lettre de résiliation, de ce que je le connais.
Elle ne croyait pas si bien dire, d’ailleurs.
- Non, j’ai terminé il y a déjà presque quatre ans, j’ai intégré le MIT à Boston tout de suite après le lycée et j’ai fait des études d’architecture. Je suis rentrée à Radcliff parce qu’on m’a proposé un poste. Mais je suis pas à l’abri de partir, les grandes villes me manquent… la mixité, le brassage ethnique, culturel… on est loin de l’ambiance Redneck du coin…
Parce qu’il fallait dire que les gens en tenaient une couche dans le coin, par rapport à la cote Est. Si il n’y avait pas ses amis, sa famille surtout, elle n’aurait plus rien pour la retenir dans le coin. Elles bifurquèrent à un carrefour entre deux rues passantes, se rapprochant de plus en plus du centre ville, bien plus sur que les rues désertes de banlieue. Aspen sentit son téléphone vibrer, et ouvrit le message de Lorcan : une invitation à diner le lendemain. Ça, c’était plutôt une riche idée. Elle n’avait rien de prévu en plus, cela tombait rien. Elle tourna la tête vers Gene, tranquillement :
- Tu habites dans le coin, du coup ? moi je pars sur le quartier nord après… Et, juste au cas où je les recroise, est ce que tu sais, par hasard, si il y a une raison pour que les trois losers soient venus te coller aux bask’ ? En dehors du fait que ce genre de personne ne devrait pas avoir de temps libre ?
Elle avait lancé la question comme ça, sans vraiment y penser, plus sur le ton de la conversation qu’autre chose. Après tout leur chemin allait surement se séparer bientôt, alors autant savoir pour quelle raison elle allait devoir remonter les bretelles des trois abrutis la prochaine fois …
Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Ven 12 Aoû 2016 - 20:36
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Peureuse, voire carrément timorée, Gene avait souvent du mal à régler ses problèmes elle-même. Généralement, elle se contentait de faire de son mieux pour ne jamais en avoir, pour ne pas froisser quelqu’un maladroitement ou se retrouver dans une situation où elle aurait eu à prendre une décision qui aurait pu vexer qui que ce soit ou la faire passer pour une personne ayant des opinions mal vues dans la région – et dieu seul savait à quel point c’était facile à Radcliff de se mettre la moitié des habitants à dos. Déjà, elle avait toujours réussi à cacher sa mutation, sauf à son meilleur ami, ce qui était un excellent début. Ensuite, elle rendait service et se montrait aussi sympathique que possible, ce qui n’était pas difficile du tout quand on connaissait sa nature avenante malgré sa timidité maladive. Et pourtant, ça ne l’avait pas empêché d’attirer l’attention des trois colosses qui l’avaient entourée et qui auraient sans doute cherché à lui faire passer un mauvais quart d’heure si Aspen n’avait pas volé à la rescousse, arrivant de nulle part telle une héroïne à la chevelure de feu. Et le moins qu’on puisse dire, c’était que l’étudiante admirait la répartie de la jeune femme, retenant mal un rire aussi bien nerveux que parfaitement sensible à la pique merveilleuse qu’elle lança au sujet du trio qui les fixait toujours de loin avec une certaine méchanceté. Elle écouta parler sa compagne inattendue et haussa les sourcils.
- Il quitte la fac ? Ses études ne lui plaisent plus ou il a trouvé mieux ailleurs ?
Les études de génétique étaient particulièrement prisées, surtout depuis la révélation officielle de l’existence des mutants, et elle trouvait assez étonnant qu’on décide d’abandonner comme ça ce qui pourrait ouvrir les portes d’un avenir brillant, surtout si le frère d’Aspen était doué dans son domaine. Elle fut impressionnée d’apprendre qu’elle travaillait déjà, et qu’elle faisait un travail parfaitement prestigieux d’ailleurs. Elle sourit et hocha la tête.
- Waow, t’es architecte pour quoi ? Des bâtiments ou des ponts, ou encore autre chose ? C’est vrai que c’est un peu … limité ici, niveau ouverture sur le monde extérieur. Je viens de Cincinnati, mais le parcours criminologie de Radcliff est plus prestigieux, va savoir pourquoi.
Si elle avait pu, elle serait restée dans sa ville natale pour ses études, mais si elle l’avait fait, elle n’aurait jamais rencontré Jim ni commencé à prendre réellement son envol, et rien que pour ça elle supportait le contraste entre cette petite cité du Kentucky et la troisième plus grande ville de l’Ohio. L’étudiante hocha doucement la tête à la première question de la rouquine, mais son visage s’assombrit un peu lorsqu’elle posa la deuxième ; pourquoi on était venu lui chercher querelle ? Elle avait une petite idée, mais elle espérait se tromper. Et elle n’osait pas en faire part à la demoiselle à ses côtés de peur de se trouver face à l’une de ces redoutables tueurs de mutants. Elle n’avait pas envie d’avoir mal ou de se faire tuer alors qu’elle était si proche de rentrer chez elle, à l’abri entre les murs de son appartement.
- J’habite à un peu moins de dix minutes d’ici, dans un immeuble avec pas mal d’étudiants. Et j’en sais rien. Ils avaient sûrement envie d’une victime facile.
Elle en aurait été une, de cible facile, à moins d’utiliser ses illusions contre eux, chose dont elle n’avait aucunement envie. Il n’y avait plus que quelques rues à parcourir désormais, la ville vide de ses habitants maintenant qu’un monstre y rôdait depuis le début du mois. Mais alors qu’elle commençait à se détendre, une détonation retentit non loin de là, claquant bruyamment dans l’air du soir. Gene en fut si surprise qu’elle sursauta, et sa mutation échappa à son contrôle durant une poignée de secondes ; un petit nuage de papillons d’un bleu luminescent s’envolèrent autour des deux jeunes femmes avant de disparaître comme ils étaient apparus. La petite brune se figea, tout à coup parfaitement inquiète. Il faudrait vraiment qu’elle apprenne à contrôler ses sentiments, parce que ça allait vraiment finir par devenir un sacré problème. N’osant pas bouger tout de suite, elle finit par couler un regard en coin à Aspen, inquiète de sa réaction. Son angoisse était visible aussi bien dans la tension de son corps que sur les traits de son visage, figés en une expression de douce panique qu’elle s’efforçait de contrôler au mieux, attendant que la sentence tombe.
Que Lorcan quitte la fac ne la surprendrait pas vraiment : après l’année chaotique mâtinée de révélations, de trahisons et de confrontations, il n’avait probablement pas eu le temps de se consacrer à ses études, et peut être qu’il n’avait plus vraiment la patience de s’y consacrer. De son coté, elle était bien contente d’en avoir fini de la fac : revenir à la maison et vivre aux crochets de son père, très peu pour elle. La vie d’adulte lui convenait quand même mieux, malgré toutes les complications qui pouvaient aller avec.
- Hum, il a toujours eu un don pour la cuisine, et je pense que son avenir est là dedans. Je pense qu’il est arrivé à un stade ou il a compris qu’il valait mieux qu’il fasse vraiment tout ce qu’il lui plait, plutôt que d’attendre une quelconque validation familiale… donc voilà.
Les questions de Gene amusaient Aspen, presque autant que ses grands yeux émerveillés et son comportement de petite étudiante un peu timide. Du plus loin qu’elle se souvienne, elle ne se souvenait pas avoir été comme ça. Malgré tout, Aspen se pliait à l’exercice de bonne, très bonne grâce, ce n’était pas comme si elle n’aimait pas parler d’elle, de toute façon :
- Je suis architecte de superstructures oui. Je propose des plans et je conçois surtout des gros bâtiments, des ponts, des immeubles, des parcs aussi. C’est vraiment ce qu’il me plait, faire des grandes choses. Peut être que j’ai un truc à régler concernant ma taille, je sais pas. * elle sourit à l’idée avant de tourner la tête vers la jeune femme* j’avais un ami à la fac qui venait de Cincinnati, il n’arrêtait pas de nous bassiner avec les Cincinnati reds, l’équipe de Baseball, on ne pouvait pas dormir les soirs où ils gagnaient un match tellement il mettait le boxon à notre étage… Il parait qu’il y a un chouette festival de jazz aussi, mais je n’y suis jamais allée…
En revanche, elle avait une excellent mémoire. Elles continuèrent à papoter de tout et de rien, et surtout de rien, en fait, jusqu’à ce qu’Aspen lui pose LA question. Elle sentit l’étudiante se raidir légèrement, et se dit que cela remuait peut être quelques souvenirs désagréables chez la jeune femme : avait elle déjà été suivie de la sorte par le passé ? Elle ne voulait pas qu’elle ait l’impression qu’elle cherchait des excuses à ses agresseurs, elle posait juste la question pour pouvoir mieux leur rentrer dans le tas plus tard.
- Moui… Je suppose qu’ils n’ont pas besoin de véritables raisons pour être de gros nazes, ça doit leur venir naturellement … N’empêche que si tu peux, essaye de toujours avoir soit un livre méga lourd sur toi, soit une bombe au poivre. On devrait pas en avoir besoin dans un monde qui tournerait rond, mais en attendant qu’on transforme tous les porcs en jambons, mieux vaut prévenir que guérir …
Elles approchaient de l’immeuble de la résidence de Gene quand un coup de feu résonna dans l’air du soir. Aspen ne réagit pas plus que ça, mais Gene a coté d’elle sursauté et… se mit à produire de petits papillons bleus et luminescents. Des papillons. En plein milieu de la rue. Qui venaient de nulle part. Oh Seigneur. Aspen fixa l’un des papillons que s’envola devant ses yeux avant d’éclater comme une bulle de savon. Donc ça, ça expliquait que les trois autres l’aient pisté comme un groupe de limiers. Aspen plissa le nez, ce qui n’était pas spécialement bon signe, avant de couler un regard sombre en direction de la jeune femme, qui semblait sur le point de se liquéfier sur place :
- Et bien… Tu risquais d’avoir du mal à te défaire de trois Chasseurs en leur lançant des papillons à la figure, en effet … Il était préférable que j’intervienne avant qu’ils deviennent plus… Agressifs…
Et ils auraient pu l’être, vraiment, parce que généralement, les mutants ne se contentaient pas de sursauter des petits insectes volants. Aspen se planta devant Gene, les poings sur les hanches, visiblement mécontente.
- T’es au courant que ce genre de types aurait pu te faire vraiment du mal, et tu n’as même PAS réagi ? Pire encore, tu te laisses raccompagner par une inconnue et tu te laisses surprendre à montrer ta mutation comme ça ? Non mais tu as l’instinct de survie d’une truite, ou comment ça se passe ? Je pourrais être une chasseuse, la big boss bien méchante des trois sous fifres, tu es au courant de ça ? Tu aurais fait quoi dans ce cas là ? éternuer des lucioles ?
Oui, elle n’était pas contente, contre Gene, mais contre elle-même aussi. Les trois marioles étaient des débiles, mais leur comportement lui paraissaient soudain plus logiques : ils auraient emmerdé Gene jusqu’à ce qu’elle se trahisse, et auraient plaidé la légitime défense. Simple et efficace. Maintenant, elle allait entendre parler de leur plan avorté pendant des semaines, si jamais elle les recroisait …
Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Jeu 25 Aoû 2016 - 17:18
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GENE ET ASPEN/At night they would go walking ‘til the breaking of the day, The morning is for sleeping. Through the dark streets they go searching to seek God in their own way, Save the nighttime for your weeping, Your weeping. – COLDPLAY.
Plus Aspen parlait, plus Gene était admirative de la jeune femme. Cette inconnue pas plus grande qu’elle et au caractère bien trempé semblait avoir réalisé bien plus durant ses quelques années de vie que l’étudiante n’en ferait jamais durant toute son existence – du moins c’était son point de vue sur la question. L’imaginer architecte, à dessiner les plans de ponts gigantesques et d’immeubles imposants, ça lui en bouchait un coin. Elle savait parfaitement qu’il ne fallait pas juger un livre à sa couverture, mais pourtant elle aurait été loin de penser que la rouquine était capable de tels travaux. Peut-être même avait-elle déjà vu ou emprunté les ponts, les bâtiments et les parcs dont elle parlait. Elle rit un peu.
- Les gens petits sont les meilleurs de toute façon, tout le monde le sait.
Du haut de son petit mètre soixante-trois, elle avait parfois du mal à s’adapter à un monde fait pour les personnes de plus haute taille qu’elle, mais ça lui permettait également d’être plus discrète – après tout, difficile de passer inaperçu quand on fait plus de deux mètres de haut.
- Le festival de jazz est vraiment sympa. C’est pas mon genre de musique préféré, mais y a des trucs qui valent vraiment le coup d’être écoutés. Si tu as l’occasion d’y aller, ça devrait te plaire.
Elle ne savait pas si la demoiselle serait sensible au charme des notes de jazz endiablées qui s’élevaient dans les rues de Cincinnati, mais elle savait qu’elle retournerait dans sa ville natale avec plaisir pour profiter du spectacle dès qu’elle en aurait l’occasion et les moyens, trop occupée par ses études pour le moment pour songer à traverser tout l’Etat. Elle aurait grandement préféré parler musique, tourisme et études plutôt que d’aborder le sujet du trio qui l’avait encerclée à la sortie des cours. Etait-ce à cause de sa mutation qu’elle avait été prise pour cible ? Sans doute. Elle espérait que non et que ça n’était qu’un bête cas de harcèlement comme on en voyait malheureusement tous les jours, mais elle restait méfiante et se demandait comment on aurait pu savoir qu’elle était mutante – à croire que tout le monde pouvait mettre le nez dans les fichiers de recensement, même ceux qui n’auraient jamais dû pouvoir mettre la main dessus.
- Ma mère voulait m’acheter une bombe au poivre il y a quelques temps, ouais. Ca a l’air d’être un bon investissement finalement.
La discussion aurait pu dévier sur autre chose, elles auraient pu arriver à destination sans encombres supplémentaires, si seulement un coup de feu n’avait pas claqué dans l’air et n’avait pas fait perdre le contrôle de sa mutation à Gene l’espace de quelques secondes. Elle avait eu peur de la réaction de sa compagne d’infortune. Elle avait eu raison. Rentrant la tête dans les épaules, penaude, la petite brune ne sut pas quoi dire. C’est vrai que ces papillons n’avaient absolument rien de menaçant, et pourtant c’était à cause d’eux qu’elle avait été visée par le trio de gros bras qui l’auraient sans doute massacrée proprement dans une ruelle vide dès qu’ils en auraient eu l’occasion. Qu’Aspen lui confirme qu’ils étaient bel et bien chasseur ne contribua pas à la calmer, bien au contraire, et lorsque la rouquine vint se planter devant elle pour la réprimander copieusement, elle ne put rien faire d’autre que de baisser la tête, honteuse. Depuis le temps, elle devrait pourtant réussir à détacher son pouvoir de ses émotions. Elle le contrôlait parfaitement bien sauf lorsqu’il s’agissait de le garder en stase quand elle avait peur, qu’elle était surprise ou qu’elle ne contrôlait plus ses sentiments … chose qui lui arrivait beaucoup trop souvent à son goût. Il allait falloir qu’elle travaille là-dessus sérieusement, quitte à aller voir un psychologue ou un psychiatre pour ça, parce que ça allait vraiment finir par lui causer d’énormes problèmes. En attendant, elle ne pouvait rien faire d’autre que de se laisser vertement rappeler à l’ordre par Aspen, et tout ce qu’elle trouva à dire, ce fut un timide et piteux :
- Désolée …
Elle l’était sincèrement, désolée, mais ça ne changerait absolument rien à ce qui venait de se passer et à tout ce qui aurait pu se produire. Aspen avait raison : elle aurait très bien pu être à la tête d’une des branches les plus meurtrières de chasseurs de la région et elle n’aurait plus eu qu’à prier qu’on retrouve son cadavre rapidement. Relevant finalement la tête, la mutante demanda, presque à voix basse tant elle se sentait coupable :
- Tu chasses toi aussi … ?
Elle espérait que non. Elle espérait vraiment que non, parce qu’elle n’avait pas envie de mourir là, entre deux murs sales, à une centaine de mètres de chez elle à peine. Elle se sentait comme un petit lapin devant un énorme camion, et elle espérait qu’il freine avant de l’aplatir comme une crêpe. Une très plate, très sanglante et très morte crêpe.
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Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Jeu 1 Sep 2016 - 18:37
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Elle en avait marre, genre, vraiment. Qu’ils aillent tous se faire foutre ces scientifiques et ses statisticiens à la con avec leur 0.2% de la population. Les mutants étaient partout, absolument partout, il y en avait des vieux, des jeunes, des grands, des petits, des dangereux et des inoffensifs. Comme les humains quoi. Et ça l’agaçait, Aspen, ça l’agaçait profondément, parce qu’ils n’avaient pas tous la peau bleue ou des ailes dans le dos. La plupart du temps, ils étaient on ne peut plus normaux. Communs, même. La preuve, elle avait appris pendant des années entières à les débusquer, et elle était encore incapable de les distinguer du reste de la population. C’était épuisant, quand on y réfléchissait bien, alors que les derniers papillons de Gene explosaient comme de petites bulles de savon féeriques. Putain de papillons.
- J’espère bien que tu l’es, désolée, bon sang tu ne sais pas où tu habites ? Cette ville a une dent contre les gens comme … comme toi, vous, bref, les gens sont pas sains, tu sais jamais sur qui tu vas tomber, et des fois ça va de Charybde en Scylla, tu comprends ce que je veux dire ?
Elle s’emportait presque contre Gene, mais à travers la petite mutante imprudente, c’était la totalité de ses proches à qui elle s’adressait : A Lorcan qui avait laissé fuité sa capacité auprès de son père, LEUR PERE, qui n’était personne d’autre que le nouveau chef de la pègre des chasseurs. A Salomé qui persistait à rester entourée de sa famille malgré la menace qu’elle représentait pour elle, à Priam incapable de se défaire du joug de ce psychopathe de Styne, à … Il y en avait trop, et elle avait constamment l’impression que l’enfer et tous ses démons allaient leur tomber sur le coin de la figure. C’était épuisant pour elle de s’inquiéter pour chacun d’entre eux, alors ce soir, c’était Gene qui prenait pour tous les autres. Tant pis pour elle. Aspen croisa les bras, dominant la Gene de toute son absence de hauteur. Elle faillit lui dire que oui, tout à fait, elle chassait, que d’ailleurs elle allait finir avec une seringue de vaccin dans le derrière, que cela lui ferait les pieds, mais …
L’air terrorisé et penaud de Gene lui fit vraiment trop de peine pour continuer de la torturer comme ça. Elle allait lui vomir des licornes miniatures sur les pieds dans dix secondes si elle se retenait encore de respirer…
- … T’inquiète pas, je ne chasse pas.
Pas en ce moment. Tu arrives pile au bon moment Poulette, à deux mois près, c’était plus la même histoire.
- Bon … Au moins les crétins sont loin, ils n’ont pas pu voir ça … Oh non, s’il te plait, pas de larmes, hein ? Bon, ça t’arrive souvent de euh, papillonner comme ça ? Parce que si c’est le cas, il faudrait peut être en parler à quelqu’un qui pourrait t’aider à arrêter de le faire en public, non ? C’est mignon, je dis pas, mais c’est quand même voyant… Et je suppose qu’en plus, ça doit pas être la seule chose que tu sais faire, n’est ce pas ?
Non parce qu’elle les connaissait, les énergumènes : si elle éternue des papillons, il doit Forcément y avoir une contrepartie bien bien flippante, même si elle avait un peu de mal à visualiser. En même temps, elle s’attendait à peu près à tout. Son meilleur ami était un foutu dragon, son jumeau ce qui se rapprochait le plus d’un vampire, une autre de ses amies était une banshee… Gene devait faire partie du bestiaire elle aussi, il suffisait juste de trouver à quelle bestiole elle correspondait, elle aussi… Un yéti ? mouais. Un Kelpi peut être ? allez savoir …
Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Dim 25 Sep 2016 - 4:54
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Penaude et honteuse, Gene ne savait pas où se mettre. La tête basse, n’osant pas relever les yeux vers Aspen, elle réfléchissait aux paroles de la rouquine et réalisa à quel point il était stupide de ne pas réussir à contrôler une mutation comme la sienne. Dans une ville comme Radcliff, il était déjà incroyablement dangereux de posséder le fameux gène X, alors lorsque celui-ci avait tendance à se manifester au gré d’émotions difficiles à contrôler, rien d’étonnant à ce que les chasseurs trouvent des cibles de choix pour leurs petites battues, toutes illégales fussent-elles. Gene avait eu de la chance avec Aspen, elle le savait : elle aurait pu tomber sur une huntress qui n’aurait pas manqué de l’égorger pour débarrasser le monde d’un mutant de plus, et rien que l’idée envoya un frisson désagréable dégringoler le long de son dos. Elle ne put rien faire d’autre que hocher doucement la tête lorsque la jeune femme commença à la réprimander pour ce qu’elle venait de faire. Oui, elle était parfaitement au courant de la dangerosité d’une ville pareille pour les gens comme elle ; le problème, c’était que le département de criminologie de l’université des environs était incroyablement réputé, et elle avait vraiment voulu mettre toutes les chances de son côté. Et elle avait pensé, très naïvement, qu’elle était suffisamment discrète pour que jamais personne ne soit au courant de ce dont elle était capable. Quelle grave erreur. A force, elle finirait par se trouver face à un chasseur plus fort qu’elle qui ne lui laisserait pas le temps de réfléchir et qui lui collerait une balle entre les deux yeux. Avec un peu de chance, elle n’aurait pas le temps de souffrir ; quant à ce qu’il adviendrait de son corps, elle espérait seulement que sa famille puisse lui offrir une sépulture décente et qu’on ne laisserait pas son cadavre pourrir dans un fossé quelque part en forêt. Persuadée de toujours tout faire de travers dès qu’elle commettait la plus petite erreur, la verve de la demoiselle en train de lui faire la leçon lui donnait l’impression d’être un véritable échec. Comme toujours, elle prenait tout beaucoup trop personnellement, mais rien à faire : avec une confiance en elle qui frôlait le zéro absolu, elle ne se serait certainement pas dressée contre cette engueulade en bonne et due forme qu’elle subissait. Tout juste se contenta-t-elle de lui demander si elle chassait elle aussi, histoire de savoir si elle allait mourir maintenant ou si elle aurait droit à un peu de répit. A son plus grand soulagement, la jeune femme lui assura que non, elle ne chassait pas. Gene ne sut pas si elle devait être tout à fait certaine de ce qu’elle venait d’entendre, mais dans le doute, elle décida de lui faire confiance. Elle se détendit un peu et reprit un minimum de contenance. Hors de question d’éclater en sanglot comme une petite fille, surtout devant une inconnue. Un petit sourire timide et un peu malicieux se peignit sur ses lèvres.
- Ca m’arrive … de temps en temps. Il faut que j’apprenne à contrôler un peu mes émotions, c’est ça le plus gros problème. Et c’est vrai, les papillons c’est juste une petite partie.
C’était un bel euphémisme quand on connaissait la maîtrise qu’elle avait sur son don. Cela dit, elle ne ferait certainement pas une démonstration en pleine rue, d’autant plus que le coup de feu qui l’avait fait sursauter pouvait très bien cacher une chasse en cours, le monstre mutant échappé des labos Caesar ou que savait-elle encore.
- Je … euh, je suis dans l’immeuble de l’autre côté de la rue, si jamais tu as le temps et l’envie, je peux te montrer un peu.
Est-ce que ça rassurerait la rouquine ou est-ce que ça la mettrait d’autant plus en colère ? La petite brune n’en savait rien, mais s’il fallait qu’elle lui montre une petite partie de l’étendue de sa mutation, alors elle se plierait à l’exercice de bon cœur. Sinon, eh bien elle se contenterait de la remercier chaudement avant d’aller se terrer chez elle comme un petit animal craintif.
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Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Sam 15 Oct 2016 - 15:18
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Finalement, Gene avait une chance, dans son malheur, celle qu’elle et Aspen ne soient pas de bonnes amies déjà : si cela avait été le cas, l’ire de la rouquine n’en aurait été que plus draconienne. En l’occurrence, cette dernière ne se sentait pas de houspiller une presque parfaite inconnue en pleine rue pendant des heures. De toute façon, l’étudiante avait l’air suffisamment décomposée et honteuse pour qu’elle ait à en rajouter une énième couche. Elle n’était pas un monstre non plus… en tout cas elle essayait de ne plus en être un, selon les critères mutants. Pas encore tout à fait le cas, mais elle était sur la bonne voie, en tout cas elle espérait, alors qu’elle croisait les bras en entendant la première réponse de la jeune femme, qui n’apaisa pas son courroux. De temps en temps, ça voulait dire quoi ça ? Qu’elle éternuait des lucioles quand elle ne faisait pas attention ? cela ne lui prédisait rien de bien bon.
- Allons bon… En effet, les émotions, ça a l’air d’être le fond du problème pour la plupart d’entre ... Vous.
« Vous » les mutants, évidemment. Plus elle en apprenait sur eux, bien malgré elle bien ancrés dans son entourage, plus elle avait l’impression que toutes ces capacités avaient tendance à partir en cacahuète à la moindre contrariété, en tout cas chez les mutants de son âge. Etait une histoire, d’entrainement, d’habitude ? Elle en savait trop rien. Toujours était il que Lorcan lui avait déjà montré que la colère ou la peur pouvaient avoir des effets sur sa mutation, et Sam lui avait avoué subir ce genre de dérapages aussi en situation de stress. Elle se demandait si cela se calmait, avec le temps. Elle espérait qu’oui, au moins pour eux… Aspen se passa la main dans les cheveux pour les ramener en arrière, plissant un peu le nez : avait elle le temps ? Assurément. Avait elle l’envie ? Pas trop … Mais la curiosité était là, ça c’était sur. Et puis, si un jour elle devait croiser un illusionniste un peu plus agressif que la douce Gene, au moins elle saurait à quoi s’attendre… Ce genre d’expériences était toujours bon à prendre, aussi mal à l’aise pouvait elle être…
- Hum, pourquoi pas… Mais bon, pas longtemps, parce qu’après je dois quand même aller rejoindre mon frère… Mais autant ne pas mourir bête, n’est pas…
Bon, elle ne comptait pas mourir de sitôt, pas l’idée était là. Elle ramena la hanse de son sac sur son épaule, puis emboita le pas de la jeune femme, sur ses gardes. Elle était à peu près sure que les abrutis ne les avaient pas suivi, mais avec ce coup de feu au loin, elle préférait quand même rester prudente, pour elle comme pour la mutante. Sur les talons de l’étudiante, elle jetait régulièrement un coup d’œil par-dessus son épaule pour être sur qu’elles n’étaient pas suivies, jusqu’à la porte de l’entrée de l’appartement de Gene. Une fois à l’intérieur, elle se permit de souffler discrètement. Bon, à priori, maintenant, elle devait juste faire face à la jeune femme sans perdre son sang froid. Elle avait beau avoir de plus en plus l’habitude, il n’en demeurait pas moins que ce genre de choses avait encore le don pour l’écœurer et lui coller de mauvais frissons dans le dos. Il y avait encore quelques reliquats de son éducation de chasseresse qui lui collait à la peau, et voir un mutant faire une grande démonstration de son pouvoir et surtout, surtout, en être fière, faisait partie, encore des choses qui nécessitaient un énorme travail sur elle-même… Elle posa son sac à ses pieds, s’installant dans un petit canapé qui fleurait bon les années estudiantines, un sourcil haussé :
- Bon … et bien je t’écoute.. Enfin je te regarde, enfin peut importe ce que tu comptes faire, tu as toute mon attention …
Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Dim 25 Déc 2016 - 20:45
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Les émotions de Gene étaient tout autant sa plus grande force que sa plus redoutable faiblesse. Sa sensibilité lui avait ouvert des portes et l’avait mise à la merci de la cruauté d’un monde qui ne voulait pas d’elle ou de ses semblables. Elle ne comprenait pas pourquoi on en voulait aux mutants d’être nés avec un gène supplémentaire, tout comme elle ne comprenait pas qu’on en veuille à quiconque d’être né avec une couleur de peau différente de la sienne. Et bien souvent, lorsqu’elle ne comprenait pas, elle avait peur. Après tout, elle était humaine avant tout, et peut-être même l’était-elle trop pour son propre bien. Et puisqu’elle n’avait jamais réussi à contrôler ses sentiments, ses peurs, ses passions, qu’elle n’était que rarement dans le juste milieu et qu’elle versait plutôt dans le tout ou rien, son pouvoir se déclenchait souvent contre son gré. Au fil des ans, elle avait réussi à rendre la chose plus discrète, à travailler ses illusions en catastrophe pour que ça ne paraisse pas trop étrange aux spectateurs inattendus, mais il arrivait encore qu’elle ne puisse pas rattraper ses erreurs. Ce qu’elle venait de faire face à Aspen, c’en était un exemple flagrant : un peu trop de stress, une surprise inattendu, un coup de sang et tout pouvait apparaître autour d’elle. Heureusement, pour cette fois, ce n’était que des papillons et heureusement, ce n’était pas une chasseuse qui se tenait devant elle – sinon, elle aurait probablement vécu ses derniers instants ici, à deux pas de chez elle, dans une petite ruelle vide où l’on aurait mis des heures avant de retrouver son cadavre. Mais elle refusait de mourir parce qu’elle pouvait conjurer de belles images, aussi réalistes soient-elles, et pour prouver sa bonne foi, elle était prête à inviter l’inconnue chez elle pour lui montrer qu’il n’y avait rien à craindre d’elle. Bien sûr, aussitôt son invitation dite, elle se sentit incroyablement stupide. Mais la réponse de la rouquine la détendit un peu, et elle hocha la tête avant de l’amener chez elle, tête légèrement rentrée dans les épaules qu’elle gardait baissées comme à son habitude. Une fois le code de l’interphone tapé et les escaliers grimpés jusqu’à son étage, elle ouvrit la porte de son appartement à Aspen, la laissa entrer et s’engouffra derrière elle avant de refermer la porte. Sans broncher, elle laissa son invitée se poser sur son canapé, ne lui demandant pas tout de suite si elle voulait quelque chose à boire ; cela dit, elle lui avait bien précisé qu’elle ne resterait pas longtemps et qu’elle avait des choses à faire, alors la proposition ne serait peut-être pas forcément bienvenue – pas tout de suite en tout cas. Posant son sac devant sa petite table de salon, elle hocha la tête et réfléchit déjà à ce qu’elle pourrait lui montrer.
- D’accord, laisse-moi juste deux secondes le temps de choisir …
Une myriade d’idées lui traversa l’esprit au même moment, allant de la créature gigantesque au lapin ridicule à une personne qu’on aurait juré être en chair et en os. Finalement, elle jeta son dévolu sur quelque chose qui n’avait pas l’air trop fragile mais qui ne pouvait pas passer pour hostile non plus. Tendant le bras pour que la paume de sa main soit tournée vers le sol, elle regarda se former sous ses doigts la silhouette gracile et élégante d’une biche à la fourrure sombre comme la nuit, à la différence près qu’au lieu d’être uniformément noire, elle était constellée de formes brillantes rappelant sans difficulté les constellations. L’animal avant de grands yeux d’un bleu intense qui rappelaient les décorations gravées à l’intérieur de ses oreilles et sur ses sabots. La créature respirait l’élégance et un calme que rien ne semblait troubler. Gene la regarda et sourit un peu, contente de ce qu’elle venait de créer.
- Voilà, je peux faire ça aussi.
La biche se dégagea doucement de sa main et s’approcha de la rouquine avant de s’arrêter devant elle et de la fixer, toujours aussi sereine mais également curieuse.
- Tu peux la caresser si tu veux.
Si la rouquine se décidait à le faire, elle sentirait sous ses doigts la douceur de la fourrure de cet animal fabuleux, elle sentirait la chaleur et les muscles se dessinant sous sa peau, la moiteur de sa truffe et l’humidité d’un coup de langue qui ne manquerait pas de s’égarer sur la paume de sa main.
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Sujet: Re: Under pressure [ft. Aspen] Ven 30 Déc 2016 - 22:04
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Comme n'importe quel enfant, la jeune Aspen avait été fascinée par la magie. Elle avait dévoré tous les livres pour enfants sur le sujet, de Narnia à Harry Potter en passant par les romans de fantasy, se rêvant sorcière à Salem ou grande druidesse d'Irlande, rapport à sa chevelure caractéristique des magiciennes et autres ensorceleuses. Et puis elle avait grandi, délaissant les livres pour ados pour des romans et ouvrages plus sérieux, à mesure qu'elle découvrait que non seulement la magie n'existait pas, mais qu'en plus ce qui s'en rapprochait le plus était du à une déformation génétique monstrueuse et contre nature qu'il fallait combattre à tout prix, avec toutes les armes. Elle avait jeté sa fausse baguette magique et ses déguisements à chapeaux pointues préférant d'autres accoutrements, plus confortables, plus létaux aussi.
Installée sur son canapé, elle laissa à Gene tout le loisir de choisir ce qu'elle souhaitait lui montrer, restant là, les bras croisés, les sourcils suffisamment froncés pour menacer de se rejoindre. Elle n'avait pas l'air commode, la mini Wolstenholme, et pourtant elle ne bougeait pas d'un pouce, ne battant pas d'un cil, comme une statue de cire un peu effrayante au milieu du salon de l'étudiante. Quand celle ci se décida à faire son œuvre, Aspen sentit un frisson lui parcourir l'échine, un frisson désagréable qui remontait jusqu'à ce ses mâchoires se serrent, à la manière d'un vérin hydraulique. Elle avait beau savoir que c'était comme ça, qu'elle devait s'y faire, que ce n'était pas Grave, elle ne pouvait s'en empêcher, c'était épidermique. Elle n'aimait pas ça. Ce n'était pas Normal, pas plus que les flammes qui couraient sur le corps de Priam, pas plus que la capacité de son propre frère de manipuler le sang. Aspen fixait la biche stellaire d'un air froid, d'un air … A cet instant précis, qu'elle le veuille ou non, Aspen avait exactement le même regard que son père. Un regard froid, métallique, malgré ses prunelles chaudes et chocolatés, un regard dénué d'expressions, façon Alistair. Si Gene espérait l'attendrir avec son bambi de l'espace, c'était raté. Tout ce qu'Aspen voyait, c'était une créature qui n'avait absolument rien à foutre là, et sa créatrice, à priori pleine de fierté et d'espoir que cela allait lui mettre des étoiles plein les yeux … non.
non, merci, je ne préfère pas.
Ce truc n'existait pas, elle pouvait bien lui donner un souffle, un semblant de vie, c'était une fichue biche avec des constellations sur le derrière. Elle pouvait se mettre à lui chanter l'hymne américain ou la sérénade, elle ne serait pas plus charmée, vraiment. A la place, la chasseuse se leva, fixant la jeune femme de cet air si froid qu'elle n'avait pas eu depuis longtemps.
je suis navrée, mais ce n'est pas avec ça que tu feras fondre les petits cœurs de glace des gens qui t'attendent, le couteau entre les dents, dehors. Les types de tout à l'heure son des enfants de cœur, vraiment, par rapport à ceux qui t'enfonceront un poignard dans le dos sans que tu es le temps de créer bambi, némo et tout leurs copains, même ceux avec des gros yeux et de grosses griffes.
Elle soupira, se pinçant le nez d'un air contrarié. Est ce que les créations de Gene avaient leurs vies propres, une fois créées ? Est ce que le monstre saurien qu'elle avait défait quelques mois auparavant était de son fait ? Si c'était le cas, c'était problématique. Gene deviendrait problématique, et elle n'aimait pas trop y penser.
hum … tes bidules là, ils disparaissent tout seuls, au bout d'un moment ? Ou tu dois les effacer, d'une manière ou d'une autre ?
Allez, elle lui laissait une chance, une dernière toute petite chance de se rattraper …