Fuir était devenu mon échappatoire. Il fallait que le chagrin cesse. Mais fuir où et combien de temps? Une idée folle m'était passée par la tête, elle avait fini par me hanter et devenir obsession. La travail ne suffisait plus à combler mes journées vides de toute occupation épanouissante. J'aurais pu simplement aller prendre une cuite dans un bar, comme toute personne "normalement" constituée, pour chasser mon ennui, ou aller au cinéma voir un film pour me calmer un peu, mais j'en avais décidé autrement. Le fait que je sois seule à cette époque de l'année, ne m'aidait pas. J'avais eu beaucoup de mal à supporter tout ce tapage qu'il y avait eu avec Halloween, et penser à nos morts ne m'avait absolument pas aidée non plus, au contraire. Je n'avais clairement personne pour m'empêcher d'exécuter mon projet fou.

J'avais aussi tôt pris mes affaires de rechange, quelques accessoires de "survie", et de soins, de quoi lire et écrire aussi, et pris ce que je pouvais pour passer une semaine sans avoir à souffrir de la faim ou de la soif, une couverture et placé tout cela dans un sac de randonnée. J'allais me retaper dans la nature, dans la forêt même. Beaucoup déconseillait ce genre d'expédition sans être accompagné, mais je m'en contrefichais. Je n'avais pas peur pour ma vie. Étais-je inconsciente? Peut-être un peu, mais mon mal être primais un peu sur tout ces derniers temps. Je pris une dernière douche, mon thermos de thé avec moi, et me mis en route jusqu'à la forêt. A pieds bien entendu.

Je me trouvais une petite planque, ayant déjà repéré, en venant plusieurs fois par ici, quelques anfractuosités dans la roche. Certaines, bien plus profondes s'avéraient être des petites grottes au dimensions confortables. Je pouvais allumer un petit feu en sécurité et ne pas être trop près de la sortie pour ne pas avoir à souffrir du vent et de ses courants d'air. Je déposais mon petit packetage dans la grotte, et parti à la cueillette de bois, et d'autres petits matériaux qui pourraient sans doute m'être utiles durant la semaine. Je m'étais installée à moins d'un kilomètre d'une petite rivière, de quoi me permettre d'aller me chercher de l'eau pour ma toilette ou pour la cuisson de quelques aliments, sans craindre de me faire inondée. Les deux premiers jours s'étaient déroulés sans heurts, et même si quelques petits animaux avaient rodés dans les parages, je n'avais pas eu à souffrir de la venue de bêtes plus imposantes.

Le répit fut pourtant de courte durée. Me baladant longuement dans la forêt ce jour là, j'avais du attirer l'attention, ou bien était-ce la malchance, mais je sentis quelque chose tapi dans les fourrés, un truc qui reniflait. J'aurais du être plus maligne et me mettre à l'abri au premier soupçon, mais il avait fallu que je fasse ma brave et m'avance, bien qu'à pas lents, vers le buisson qui dissimulait l'animal. A peine avais-je fais deux pas que je me vis chargée par un sanglier qui pensait que je voulais sans doute subtiliser sa progéniture qui l'accompagnait, ou m'en prendre à elle. Réflexe idiot ou non, je fis volte face et me mis à courir comme une demeurée. Je n'avais pas de fusil sur moi, juste un coutelas plutôt bien aiguisé que j'avais sorti quelques secondes auparavant pour ma cueillette de champignons. Sauf que dés deux, je n'étais pas la plus acharnée ni la plus rapide, malgré la montée d'adrénaline qui se distillait dans mon corps entier. Bien vite une défense bien affûtée me transperça le flan et je me retrouvais à terre, la tête dans les feuilles mortes. J'accusais le coup sans vraiment trop comprendre, manquant de peu de gober un ver de terre qui passait par là. A peine fusse le cas, que déjà je sentis des coups me larder le dos, comme si on s'acharnait à vouloir me transpercer de part en part. Je rechignais à faire cela, mais si je voulais survivre je n'avais pas tellement le choix. Je fis tout pour réussir à me retourner et plantait à plusieurs reprises mon couteau dans le flan de l'animal, espérant que cela lui ferait lâcher prise, mais il n'en devint que plus enragé, pour sa propre survie. J'en pleurais mais je dus lui faire goûter plus d'une fois de ma lame dans me poitrail, avant qu'il ne s'effondre enfin, mort et pris de puissants soubresauts.

Tout ce dont je me souviens, c'est du goût de la terre et du sang dans ma bouche, et de la pluie qui commençait à tomber sur mon visage, quand des chaussures apparurent dans mon champ de vision, avant que mes yeux ne se ferment.