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 (avi) • what if i can’t.

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Reyna Pendleton
Reyna Pendleton

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SUR TH DEPUIS : 12/03/2016
MessageSujet: (avi) • what if i can’t.   (avi) • what if i can’t. Icon_minitimeLun 4 Juil 2016 - 19:15

If there is a will, there is a way.
— avi ashcroft & reyna pendleton —
What if I’m wrong, what if I’ve lied. What if I’ve dragged you here to my own dark night, And what if I know, what if I see. There is a crack run right down the front of me. What if they’re right, what if we’re wrong. What if I’ve lured you here with a siren song ? But if I be wrong, if I be right. Let me be here with you tonight. Ten thousand cars, ten thousand trains. There are ten thousand roads to run away.  — if i be wrong.

Sacha était mort. L’idée tournoyait dans la tête de Reyna, détruisant ce qui restait d’elle. Elle avait tué Andy, quelques mois plus tôt et maintenant, c’était au tour de son frère. C’était une véritable malédiction qui lui était tombée dessus. Elle n’avait jamais voulu leur faire du mal à tous les deux, elle n’avait jamais voulu blesser qui que ce soit. Reyna, elle avait été une fille à peu près comme les autres, qui avait aspiré à une vie normale, simple et sans problèmes. Elle n’était pas une grande aventurière avec des rêves plein la tête, elle avait juste voulu une vie normale. Mais ça avait toujours été compliqué, parce qu’elle était une transmutante, tout comme son frère jumeau et que leurs parents n’avaient jamais été capables de l’accepter. Elle n’avait jamais vraiment été normale, parce qu’elle avait tout plaqué du jour au lendemain pour fuir son foyer. Ça avait été mieux comme ça, elle avait aimé les années qu’elle avait passées, ici et là, avec Andy. Qu’importaient où ils se posaient et pour combien de temps, ils avaient été ensemble et ça avait suffi à lui faire apprécier sa vie, quand bien même elle était à des années lumières de ce qu’elle avait voulu à l’origine. Mais y avait eu Radcliff après tout ça. Radcliff, ça avait été le début de tous les malheurs qui s’étaient abattus sur elle. Le vaccin, elle aurait pu l’accepter, s’il ne lui avait pas détruit sa vie. Il avait marché dans un sens. Pendant quelques mois, elle n’avait plus eu de pouvoir, mais il avait été remplacé par des démangeaisons insupportables, la poussant à se gratter jusqu’au sang, elle en gardait des traces, les cicatrices de blessures qu’elle s’était infligées à elle-même. Puis, son pouvoir était revenu, mais dans quel état ? Reyna, elle avait toujours fait beaucoup d’efforts pour s’entrainer, pour maitriser ce pouvoir et vivre avec sans qu’il ne soit un problème, ni pour elle, ni pour ses proches. Elle avait cru que c’était acquis, que plus jamais elle ne perdrait le contrôle et pourtant, après le vaccin, quand son pouvoir était revenu, elle avait perdu le contrôle sur absolument tout. Andy était mort à cause d’elle, empoisonné parce qu’il l’avait touchée, sans qu’aucun d’eux deux ne soit au courant des risques et maintenant, c’était Sacha.

C’était elle qui aurait dû mourir. Y avait eu cette chose, ce monstre dont tout le monde parlait partout en ville ; un jour normal à Radcliff sans doute, qui avait démoli une partie de la ville. Elle avait glissé dans un trou, tout juste rattrapée au bord, ses mains étaient abîmées par la façon dont elle était accrochée. Elle lui avait dit de partir à Sacha, de la laisser tomber. La chute aurait été fatale, elle n’en doutait pas une seule seconde, mais elle avait été prête à l’accepter mais pas lui. Alors il l’avait rattrapé, en se fichant des conséquences, il l’avait remonté. Tout comme avec Andy, le poison avait trop rapidement circulé dans son système, elle avait voulu rapidement l’emmener à l’hôpital, mais ils étaient arrivés trop tard. Les médecins avaient essayé, mais sans réussite. Il était mort et elle, il ne lui restait plus rien, si ce n’était une envie de vengeance qui perdait son sens à chaque fois qu’elle se rappelait que c’était elle la responsable. Ça avait été presque facile après Andy de se décharger de sa responsabilité en se disant que ce n’était pas elle, c’était le vaccin. Elle n’avait jamais voulu ça après tout. Elle avait décidé de retrouver la personne qui l’avait vaccinée et de lui faire payer son geste. La tuer pour venger Andy, parce que c’était de sa faute, pas de la sienne. Mais maintenant que Sacha s’ajoutait à l’équation, ça faisait trop d’un coup pour elle. Elle ne pouvait plus continuer comme ça et elle sentait la culpabilité la ronger. Sacha était mort et elle avait quitté l’hôpital à la vitesse de la lumière, alors que les médecins voulaient s’occuper de ses blessures. Elle ne pouvait pas qu’on la touche, comme toujours et ce n’était que des égratignures. Elle s’en remettrait. Elle savait qu’à trop penser qu’elle pouvait gérer toute seule, elle ne gérait rien du tout. Depuis l’explosion de la mairie, sa jambe avait tendance à lui faire encore mal, dès qu’elle forçait un peu trop sur cette dernière. Mais tant pis. Au pire, elle avait les mais abîmées, quelques griffures par ci par là, mais ça allait. Ouais, comme toujours, elle s’en sortait bien, alors même qu’elle avait tué quelqu’un. Quelqu’un à qui elle tenait. Elle ne blesserait pas quelqu’un d’autre aujourd’hui. Elle savait que ce monstre était encore quelque part en ville, mais ça n’avait pas d’importance. Elle s’en fichait, qu’il vienne l’achever, ce serait pas plus mal dans le fond.

Elle ne savait même pas quoi faire. Elle n’avait pas envie de retourner au motel, dans cette chambre pourrie qu’elle ne supportait plus. Elle aurait bien eu envie d’aller boire, se bourrer la tronche jusqu’à ne plus avoir besoin de penser à quoi que ce soit. Mais y avait toujours trop de monde dans les bars et elle ne pouvait pas risquer de perdre conscience de ce qu’elle faisait. Elle voulait que ça s’arrête ce pouvoir qui lui prenait tout. Y avait des  moments où elle se disait que la meilleure solution, ce serait sans doute le NH25, elle en serait définitivement débarrassée de ce pouvoir, mais y aurait des conséquences qu’elle ne savait pas si elle était prête à assumer. Elle avait bien cette arme, quelque part dans son appartement, celle d’Andy, elle aurait pu se tirer une balle dans la tête pour en finir. Mais elle n’y arrivait pas. Sa vie était nulle à chier, y avait rien à faire pour l’améliorer et pourtant, elle continuait de s’y accrocher. A quoi bon ? Qu’elle se disait bien souvent et pourtant, y avait rien à faire, elle n’avait pas envie de mourir, pas autant qu’elle était prête à le dire. Elle voulait une solution, elle voulait que ça s’arrête cette torture constante. Mais elle ne savait pas comment s’y prendre. Ivory, elle lui disait tout le temps que le problème il venait d’elle, qu’il fallait qu’elle se reprenne si elle voulait que son pouvoir soit de nouveau maitriser, mais Reyna, elle ne savait pas. Elle avait tout perdu à cause de ce fichu vaccin, alors c’était plus simple de se contenter d’accuser la génétique, ce truc qu’elle ne comprenait pas, pour venir justifier tous ces problèmes. Elle connaissait bien quelqu’un qui y connaissait quelque chose. Il fallait qu’elle lui parle, il fallait qu’il l’aide. Elle s’était précipitée vers la fac de la ville, n’ayant pas de difficulté à se faire passer pour une élève. Il était déjà tard cela-dit, la plus part des gens quittaient la fac, alors  qu’elle, elle y entrait, mais tant pis. Elle s’était glissée discrètement dans les couloirs, heureusement, y avait pas grand monde, on ne la repérerait pas trop, même si elle avait du sang sur elle, de la poussière, le jean troué qui prouvait trop bien que sa journée n’avait pas été de tout repos. Elle avait fini par rejoindre le laboratoire qu’elle visait. Avi, il y serait sûrement, elle se demandait parfois s’il ne dormait pas là-bas. Etant donné qu’elle squattait le motel depuis des mois, elle ne pouvait pas trop juger. Elle était entrée là-dedans comme si elle avait le droit de le faire, au pire hein, on allait quand même pas la jeter en prison pour ça. Il était là Avi, comme d’habitude. En vérité, elle ne savait pas s’il dormait ce type. « J’ai besoin de toi. » Elle était loin des formules de politesse qu’on utilisait habituellement pour commencer une conversation, elle avait eu vraiment une sale journée, elle avait tué son frère, on pouvait lui pardonner d’aller droit au but. « Faut que tu me soignes, j’peux plus continuer comme ça. » Son ton était plus proche de la supplication qu’autre chose. Fallait qu’il l’aide avait qu’elle ne cause encore plus de dégâts, elle avait tué Andy, elle avait tué Sacha, il fallait qu’elle se débarrasse de ce truc, elle n’en pouvait plus, elle ne savait même pas comment elle tenait encore debout alors qu’elle avait juste envie de s’effondrer et de pleurer sur son sort.
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Avi Ashcroft
Avi Ashcroft

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MessageSujet: Re: (avi) • what if i can’t.   (avi) • what if i can’t. Icon_minitimeMer 3 Aoû 2016 - 3:53

Le café, au bout d’un moment, ça n’était même plus assez efficace pour chasser la fatigue. La faim non plus. Mais hormis pour ces rares moments où la réalité dominait le reste et l’oppressait jusqu’au creux de son estomac, ou aux recoins de son crâne, Avi parvenait encore à savoir quelles étaient ses responsabilités. Elles étaient ici et maintenant, centre de gravité de ses convictions et de ses croyances, tout à la fois. Non pas des croyances en un Dieu quelconque, qui viendrait lui déposer les réponses à toutes ses questions au creux de la main, dès lors qu’il aurait assez attendu, ou supplié le ciel. Non, c’était surtout en lui, que le scientifique avait espoir. Il pouvait le faire. Il le faisait toujours – réussir, c’était son truc, son talent ; le mot que tout le monde accrochait à l’homme-gamin aux cheveux mi-longs et aux tee-shirts extravagants qu’il était. C’était bien la seule chose qui pouvait lui rester, la réussite, alors qu’à son âge, il n’avait pas de boulot posé, pas de murmure de famille, rien de toutes ces choses auxquelles les gens qui approchaient la trentaine, aspiraient de plus en plus. Même s’ils avaient été conciliants, compréhensifs, patients, les parents Ashcroft aujourd’hui, se demandaient aussi ce que leur fils avait prévu de faire : était-il censé vivre au crochet de professeurs bons mécènes pour le restant de ses jours ? Il préparait quelque chose d’important, Avi ; il tenait à le faire coûte que coûte, à la sueur de son front et au prix de nombreuses heures de sommeil. Il y arriverait. Et à chaque fois, la volonté dans les yeux sombres du jeune homme suffisait à faire taire n’importe quelle personne qui voudrait protester. Beaucoup trop de gens dépendaient de ses recherches ; il n’pouvait pas se permettre de lambiner – pas pour Blake, pas pour Reyna, pas pour tous ces autres faciès désespérés, désemparés, qu’il voyait parfois défiler dans les couloirs de cette université, ou ailleurs, quand il travaillait directement dans les locaux d’Uprising. Certes, le récent changement de décor dans la politique de Radcliff semblait avoir brusquement bouleversé la donne, poussant les chasseurs sur la touche, tandis que les transmutants grignotaient à nouveau quelques droits. Mais pour combien de temps ? Déjà à la télévision, on annonçait qu’assez tôt, les transmutants seraient soumis à un genre de recensement, et qu’il serait indiqué sur leurs papiers d’identité s’ils étaient oui ou non, des dégénérés potentiellement dangereux. Qu’est-ce que ça voulait bien pouvoir dire ? Pour un esprit qui tournait sans cesse à mille à l’heure comme celui du brun, ç’avait ouvert mille portes possibles, toutes vers une destination tortueuse et dangereuse. Sanglante, parfois. Et si c’était là, le début d’un genre de regroupement de l’espèce mutante, simplement pour mieux l’éradiquer ? Quelle était la prochaine étape ? Un signe distinctif accroché au vêtement des transmutants ? Une ville spéciale, créée pour que les transmutants puissent vivre en paix ? Oui, l’histoire était faite de décisions faussement bien-pensantes, qui avaient amené quelques-unes des plus grandes tentatives d’extermination qui soient. Ici, sur ce même sol, quand les espagnols et les colons avaient débarqué, regroupant les natifs dans des colonies où la maladie, la famine et le désespoir avaient prédominé, jusqu’à la fin. Qu’ils en parlent donc aux rescapés de la seconde guerre mondiale, des camps de concentration et d’extermination. L’histoire, elle était toujours vouée à se répéter.

D’expérience, Avi se savait plus talentueux avec ses éprouvettes, le résultat des examens qu’il accomplissait, et les informations retenues dans les disques durs de ses ordinateurs. Il était, paradoxalement, plus doué à lire des lignes et des lignes d’archives d’un charabia qu’il était le seul à comprendre – pour en être l’auteur – plutôt qu’à sympathiser, sociabiliser avec qui que ce soit. Parfois, ça lui venait infiniment naturellement, pour ceux qui se laissaient prendre au jeu de son charme spontané et un brin bizarre. Mais bien évidemment, il y avait plus de gens qui n’s’laissaient pas prendre au jeu, que d’autre chose- il faisait avec, depuis le temps ; ça faisait si longtemps maintenant, qu’il savait que les personnes avec qui il pourrait avoir une conversation constructive se comptaient sur les doigts d’une main, ici, à Radcliff. Il n’aurait rien eu contre une conversation avec sa sœur, par contre ; et probablement était-ce pour ça que l’étudiant évitait soigneusement l’heure du déjeuner, sautant des repas plus souvent qu’il n’en prenait. Il avalait parfois un truc sur le pouce- mais à chaque fois, quand il s’arrêtait vraiment de penser, déposait les armes le temps de profiter d’un bon plat, il pensait au temps qui avait couru, depuis la dernière fois qu’il avait connu un tel moment avec Blake. Trop longtemps, pour eux deux. Trop longtemps pour lui, en tout cas, puisque son ainée, elle, elle semblait parfaitement – trop parfaitement – s’acclimater de cette distance qu’elle foutait elle-même, pesante dans l’air, entre eux deux. Il semblait que c’était y’a complètement une autre vie, entre un autre Avi et une autre Blake, que les choses avaient été évidentes. Il avait cru qu’elles le seraient toujours : après tout, ils avaient vécu et enduré le deuil de leurs parents ensemble, et au sein de la famille Ashcroft, ils étaient quand même ces rares orphelins chanceux qui partageaient leur sang, leurs gènes, leur héritage. Mais Blake était aux abonnés absents, et l’estomac du cadet criait famine. Tout c’qu’il savait, Avi, vis-à-vis de tout ça, c’était qu’endurer l’absence de sa sœur, endurer l’indécision et le doute, c’était plus facile sans rien lâcher, toujours avec ces papiers pleins de possibilités entre les mains. Il n’pouvait pas baisser les bras- il ne pouvait tout simplement pas. Et maintenant, entre son cœur meurtris et délaissé, et son esprit toujours à la recherche d’un petit indice, la corrélation s’était faite d’elle-même : peut-être bien que s’il trouvait un moyen d’aider Blake, les choses rentreraient dans l’ordre – au moins un peu – et il retrouverait sa sœur. Au moins un peu. Il n’demandait pas grand-chose, après tout : rien de plus qu’elle ne réponde à ses coups de téléphone, ou aux messages qu’il lui envoyait, ou aux invitations qu’il lançait, comme des bouteilles désespérées dans une houle qui les avalait. Et le temps passait- et au moins, le scientifique le sentait moins lourdement circuler, quand il s’épuisait la tête et les rétines sur des formules scientifiques qu’il révisait encore et encore. Y’en avait une longue, là, sur le tableau au fond de la pièce ; une chaine infinie d’acides-aminés et de protéines et de substances chimiques, biologiques, voire inconnues parfois, remplacées par de gigantesques point d’interrogation de couleur rouge. Ce vaccin, c’était un véritable casse-tête : tant et si bien que ça ressemblait presque à une anomalie génétique, un bug scientifique qui avait simplement eu les effets escomptés – ceux d’effacer les pouvoirs – et qu’importait du reste. Si cette chose venait des chasseurs, et des laboratoires Holgersen, ce n’était clairement pas impossible, qu’ils aient pensé les choses ainsi. C’n’était pas pour rien qu’aujourd’hui, l’endroit était le centre de tellement d’attentions, qu’il serait le prochain à s’effondrer sur lui-même, parce que des informations sordides sortiraient d’entre ses murs, mystérieusement.

Tous les rouages de son esprit en route, Avi venait de coincer son troisième stylo entre ses lèvres, alternant les couleurs de ceux-ci alors qu’il écrivait à toute vitesse, ce qui semblait être une séquence aussi facile que l’alphabet. Pour lui, du moins. Il mit de longues secondes, à relever une œillade vers qui avait ouvert la porte- la seule personne qui pourrait potentiellement l’intéresser, là, maintenant, n’était pas là. Et il le savait bien, puisque son tuteur, ce cher Andy, s’était cassé Einstein seul savait où, probablement dans son pays natal, comme ça, sans laisser le moindre mot. Tu parles de politesse. Peut-être bien que l’Ashcroft commençait à trop devenir comme son ancien professeur, calquant son attitude sur celle froide et distante dont avait toujours fait preuve Andreas : une culpabilité qui le fit bondir sur sa chaise, dès lors qu’il reconnut Reyna, à quelques pas de là. Elle avait besoin de son aide ; ça, il le savait bien, et c’était pour ça qu’il était là. Entre autres. « Tu tombes bien, je commençais justement à sécher. C’est pas faute d’avoir rassemblé le plus possibles d’échantillons sanguins de gens vaccinés. A croire que la prochaine étape, c’est leur demander de la moelle osseuse. » et là, il y aurait beaucoup moins de candidat. En tant que scientifique, il savait très bien que les découvertes, parfois, exigeaient de frôler la limite entre ce qu’il était décent de faire, et ce qui ne l’était pas. Mais Avi, il n’avait jamais tâtonné dans les domaines qui l’intéressaient à ce point-là. Au point de s’perdre, et de prendre le monde pour un assemblage de rats de laboratoire, tous assemblés dans une gigantesque cage à sa disposition. Si seulement il pouvait en penser de même, niveau relations sociales. Il avait parlé presque sans faire attention, et ce ne fut que la seconde réplique de la brune à quelques mètres de là, qui le ramena sur terre. Enfin, il la regarda. Et enfin, il ôta ses stylos de sa bouche, se redressant sur lui-même, pour faire glisser sa chaise à roulettes vers elle. « Qu’est-c’qu’il y a ? » et il aurait presque pu paraître gentiment patient et attentionné, mais il ne put s’empêcher d’ajouter, la pressant bien trop tôt : « Est-c’que tu te sens malade ? Des nausées ? Des problèmes ? Tu sens quelque chose de spécial ? » parce qu’à vrai dire, il ne savait pas très bien pourquoi elle était venu le voir, autrement. Elle devait savoir, depuis le temps, Reyna, qu’il était trop maladroit, trop asocial pour être l’oreille attentive idéale ; les questions, elles lui brûlaient les lèvres plus vite qu’on ne pouvait lui fournir de réponse. Ç’avait toujours été comme ça, et c’n’était pas tout le monde qui pouvait s’y faire- alors la plupart du temps, le brun se contentait d’éviter les gens. Certes, avec tout le temps qu’ils avaient passé ensemble, elle et lui, ils avaient parlé, et il s’était révélé être bien capable de retenir de nombreuses choses sur elle : Rey avait sa propre façon d’être mémorable. Elle endurait bien des choses, faisait front, brave- un peu comme Blake, aussi. Il savait qu’il voulait l’aider ; coûte que coûte. Mais il n’savait pas encore comment- en étaient preuve tout le décor autour d’eux. « Tu sais que… peu importe c’que tu dis. Je jugerai pas. Et ça peut toujours m’aider. » finit-il quand même par lâcher, d’une voix plus neutre, plus apaisée, comme s’il faisait enfin l’effort de dominer sa curiosité maladive au profit de quelque chose de plus… humain. Qu’elle ne doute pas qu’il veuille l’aider, et qu’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour que ça aille le plus vite possible ; mais fallait croire qu’y’avait même des choses qu’Avi Ashcroft ne pouvait pas résoudre d’un claquement de doigts, malheureusement.


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Reyna Pendleton
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MessageSujet: Re: (avi) • what if i can’t.   (avi) • what if i can’t. Icon_minitimeJeu 1 Sep 2016 - 21:20

If there is a will, there is a way.
— avi ashcroft & reyna pendleton —
What if I’m wrong, what if I’ve lied. What if I’ve dragged you here to my own dark night, And what if I know, what if I see. There is a crack run right down the front of me. What if they’re right, what if we’re wrong. What if I’ve lured you here with a siren song ? But if I be wrong, if I be right. Let me be here with you tonight. Ten thousand cars, ten thousand trains. There are ten thousand roads to run away.  — if i be wrong.

Les parents Pendleton avaient toujours eu un avis très négatif sur le génome x et tout ce qu’il entrainait. Ils n’avaient jamais été des hunters désireux de voir mourir tous les tramutants de la planète. Ils n’avaient jamais supporté non plus leur travail aux hunters. Ils avaient surtout eu peur des transmutants, des dons qu’ils pouvaient avoir et de la façon dont ils pouvaient décider de s’en servir. Ça avait creusé un fossé entre les jumeaux Pendleton et leurs parents. Reyna, elle leur avait toujours reproché cette distance, elle avait toujours cru que les choses auraient été plus simples pour Sacha et pour elle si leurs parents avaient fait l’effort de les comprendre et de les soutenir, de continuer à voir en eux leurs enfants, plutôt que des monstres potentiellement dangereux. Sacha, il avait été dangereux sans le vouloir, alors il s’était renfermé sur lui-même, il avait pris ses distances et il avait passé la moitié de sa vie enfermé dans sa chambre pour ne pas avoir à blesser qui que ce soit. Elle, elle avait cru qu’elle était pareil que lui et pourtant, elle s’était rendu compte que ce n’était pas le cas, elle pouvait choisir ce qu’elle faisait de son pouvoir, quand l’utiliser. Mais aujourd’hui ce n’était plus le cas. Aujourd’hui, elle était comme son frère, d’un simple touché elle pouvait tuer quelqu’un. Maintenant, elle était dangereuse et c’était elle la première à voir le monstre en elle. Elle avait tué son petit ami, elle avait tué son frère et elle pourrait tuer n’importe qui déciderait de poser la main sur elle, parce qu’elle ne maitrisait plus rien. Elle n’avait rien demandé à personne elle techniquement. Avant qu’on s’en prenne à elle, qu’on la vaccine au NH24, elle avait eu une très bonne maitrise de son don, elle n’avait jamais fait de mal à personne et voilà que maintenant c’était devenu incontrôlable et qu’elle avait tué les deux personnes auxquelles elle tenait le plus au monde. Elle avait souvent réussi à les éviter les hunters pourtant, parce qu’avec Andy, ils avaient toujours beaucoup voyagé, ils n’étaient jamais restés assez longtemps dans une même ville pour se faire remarquer et puis y avait eu Radlciff, la quarantaine les empêchant tous les deux de partir et en un rien de temps dans cette ville, on leur était tombé dessus, on l’avait vaccinée et on avait transformé sa vie en un véritable cauchemar.

La mort de Sacha, c’était la goutte d’eau faisant déborder le vase. Elle avait envie de hurler, de pleurer, d’exploser, mais elle avait l’impression qu’elle n’en était même plus capable, alors que la seule pensée qu’elle était capable d’avoir en cet instant, c’était qu’elle voulait que ça s’arrête, d’une façon ou d’une autre, fallait que ça s’arrête. Qu’importait la solution, fallait que cette histoire prenne fin. C’était elle qui aurait dû mourir aujourd’hui, pourquoi est-ce qu’il s’était entêté à la sauver ? Elle lui avait dit de la laisser là et de se barrer vite fait, elle l’avait accepté son sort. Mais il n’avait rien voulu entendre, il avait fallu qu’il lui attrape la main pour la hisser et éviter qu’elle ne fasse une chute mortelle. C’était lui qui était mort du coup, empoisonné par ce poison qu’elle sécrétait sans même le vouloir. Peut-être qu’elle devrait se rendre aux hunters, qu’ils la tuent. Ils seraient content d’avoir éliminé une transmutante dangereuse, ils auraient l’impression que leur cause était noble et qu’en la tuant ils avaient sauvé de nombreuses personnes, et elle, elle n’aurait plus à vivre avec cet insupportable fardeau. Tout le monde serait gagnant du coup à la fin de l’histoire. Mais tout autant qu’elle n’avait pas le courage d’attraper une arme pour se tirer une balle dans la tête, elle n’avait pas la force d’aller se livrer en pâture aux hunters. Elle n’avait pas envie de mourir, elle était prête à accepter la mort si elle devait lui tomber sur le coin du nez, mais elle n’avait pas envie de la provoquer et pourtant c’était à se demander à quoi elle continuer de s’accrocher dans sa misérable vie, parce que franchement, elle avait l’impression d’avoir déjà tout perdu. Ses parents, depuis bien longtemps, alors qu’elle les avait fuis, ne supportant plus les regards effrayés qu’ils posaient sur elle et sur son frère. Son petit ami, qui l’avait pourtant toujours soutenue, qui l’avait aidée à quitter la Nouvelle-Orléans et à se construire une vie qu’elle avait toujours aimée. Son frère maintenant, celui qui avait toujours été avec elle, depuis le premier jour de sa vie. Elle n’avait plus rien, ni ici dans la petite ville maudite de Radcliff, ni dans le reste du monde, parce que jamais elle n’aurait le courage de retourner vers ses parents. A quoi bon ? A part pour leurs prouver qu’ils avaient toujours eu raison et pour finir par les tuer eux aussi ? Ils étaient plus en sécurité avec elle loin d’eux.

Si jamais elle réussissait à se débarrasser de ce qui lui pourrissait la vie en ce moment, est-ce qu’elle y retournerait chez ses parents ? Sans doute pas. Elle ne savait pas ce qu’elle ferait une fois que les choses iraient mieux pour elle. Elle avait du mal à voir l’avenir, à savoir ce qu’elle voulait pour sa vie, pour l’instant son seul objectif c’était de réparer ce qui clochait chez elle et après elle verrait bien. Elle n’avait pas franchement envie d’y réfléchir, pas alors que sa vie ne ressemblait plus à rien et qu’elle n’était jamais vraiment certaine d’avoir la force de continuer comme ça. Peut-être que ce n’était qu’une question de temps, avant qu’elle choisisse vraiment d’en finir avec sa propre vie. Pour l’instant, se concentrer sur sa guérison était une bonne façon de ne plus penser au reste. Elle aurait voulu que ça l’empêche même de penser à Andy où à Sacha, mais pour l’instant y avait plus que ça dans sa tête et la culpabilité qui semblait de plus en plus lourde à porter. Elle en avait passé pourtant, du temps à prétendre que ce n’était pas de sa faute, mais de la hunter qui l’avait vaccinée. Maintenant, elle n’arrivait même plus à penser comme ça. Tout ce qu’elle voyait, c’était qu’elle les avait tués, tous les deux. Elle ne savait pas vers qui d’autre qu’Avi elle pouvait se tourner, elle n’avait pas énormément d’amis, peut-être même qu’au final, Avi était le seul qu’il lui restait. Le seul qu’elle n’avait pas tué. Elle écouta vaguement ce qu’il racontait, pas franchement concentrée, alors qu’elle avait l’impression d’être à bout de force, c’était trop dur à supporter tout ça. Elle agita lentement la tête de droite à gauche, en signe de négation, non, elle n’avait pas de nausée, de problème particulier, en dehors de ce poison destructeur qui avait déjà tué trop de monde. Elle pouvait tout dire qu’il disait, peut-être que ça pouvait aider. Bizarrement elle doutait que ça puisse aider ses recherches de savoir qu’elle avait tué son frère. « Y avait ce truc bizarre en ville. Ils parlent d’une expérience qui aurait mal tournée ou j’sais pas quoi. » Elle ne s’y connaissait pas elle là-dedans. Ce qu’elle savait c’était que ce truc aurait pu la tuer, elle et son frère, mais ce n’était pas ce qui s’était passé. « Il m’a poussée, j’allais tomber et je serais morte … » Elle n’aurait pas survécu à la chute si elle était tombée et ça n’aurait pas été plus mal. « Mais mon frère, il m’a rattrapée et … » Elle laissa échapper un long soupire. « J’l’ai tué. » Elle l’avait jamais voulu, bien-sûr, mais elle l’avait tué quand même, c’était tout ce qu’il y avait à retenir de l’histoire. Son frère était mort et c’était de sa faute, parce qu’elle était une transmutante, qu’elle avait ce pouvoir qu’elle ne maitrisait plus depuis trop longtemps et maintenant, fallait vraiment que ça s’arrête.
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Avi Ashcroft
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MessageSujet: Re: (avi) • what if i can’t.   (avi) • what if i can’t. Icon_minitimeSam 29 Oct 2016 - 3:38

Les scientifiques, les génies, ils avaient une façon bien particulière de voir le monde ; parfois, ç’avait sûrement été ce que ses parents adoptifs s’étaient dits pour apaiser leurs inquiétudes vis-à-vis de lui. Ils n’avaient jamais eu de mauvaises craintes, les Ashcroft, à l’égard d’Avi ; ç’avait été différent – ils avaient eu ce petit pincement au cœur quand ils avaient commencé à croire qu’il développerait un genre d’autisme qui le couperait du monde, ou quand ils avaient compris qu’il ne se rendrait pas à son bal de promo, au lycée, parce qu’il n’avait pas de cavalière, parce qu’il était en moyenne beaucoup plus jeune que toutes les filles de sa classe. Et c’était toujours ainsi, au moins un peu, que le jeune homme avait toujours vécu : c’n’était pas parce qu’il était un asocial, hein, que ses amis s’comptaient en un nombre restreint avec lesquels il n’avait pas besoin de communiquer tous les jours, pour s’assurer que le lien de l’amitié survivait aux intempéries de la vie. C’était parce qu’il n’était pas là pour ça pour bien des gens : dans ceux de son âge, il y avait ceux qui ne partageaient pas les mêmes centres d’intérêt que lui, et s’amusaient souvent à se foutre de sa gueule ‘gentiment’ alors qu’il disait un mot particulier que leur petit cerveau était incapable de comprendre ou d’engranger. Et puis il y avait les autres, qui avaient peut-être le même genre d’esprit que lui, mais n’allaient pas vers lui à la recherche d’une oreille attentive, d’une bouche confidente qui pourrait donner de bons conseils. Oh, il pouvait donner de bons conseils sur comment faire pour éviter que les migraines soient douloureuses trop longtemps, il pouvait donner des bons conseils aussi sur comment faire un café bien chargé en caféine pour être en forme à chaque gorgée. Il pouvait aussi être le genre d’ami chez qui on collait son ordinateur foutu pour qu’il le répare – ah pour ça, plein de gens connaissaient son numéro. Et il savait aussi, parfois, Avi, être le copain avec qui on traine un soir en boite pour s’amuser – ouais, il savait s’amuser comme ça, être fun d’cette façon-là, même si c’était toujours avec un groupe restreint et bien particulier de gens qu’il se lançait dans de telles entreprises. A la fin de l’histoire, plein de gens ne daignaient pas faire le moindre effort pour essayer de comprendre le brun un peu plus, et peut-être que c’n’était pas une si mauvaise chose : parfois, y’avait un genre de mythe qui tournait autour de lui, et il n’pouvait certainement pas prétendre que ça lui déplaisait tout particulièrement, bien au contraire. Après tout, s’il n’était pas la personne vers qui on voudrait se tourner pour lui parler de problèmes personnels et ainsi de suite, il n’était pas non plus du genre à se confier : et pour Avi, c’était parce que compartimenter était la meilleure chose à faire. Séparer le scientifique, palpable, réel de tout ce qui avait trait au reste, le personnel, les autres et leurs décisions débiles et égoïstes qui pouvaient s’avérer blessantes. Comme quand son mentor disparaissait de la surface de cette planète, parce qu’Andreas Kovalainen préférait se la jouer bougon solitaire plutôt que d’essayer d’ouvrir son clapet pour parler des choses, quand sa famille partait en vrilles, et ainsi de suite. Il aurait juré avoir été un excellent colocataire, Avi, quand même ; il n’pouvait pourtant pas prétendre qu’il lui en voulait d’être parti – après tout, si Andreas avait dû commencer à vider son sac, l’Ashcroft n’aurait sûrement pas été capable de faire autre chose que lui tapoter sur l’épaule d’un air compatissant.

Et, hein, peut-être bien que c’était la même chose, avec Reyna. Elle était venue le voir parce qu’il était un genre de génie qui travaillait sur la génétique – et jusque-là, avec un des hommes les plus calés dans le domaine – et il s’était intéressé à elle, il semblait, parce qu’elle représentait toute une interrogation scientifique qu’il avait bien envie de fracturer, décoder et recoller dans le bon sens. Et souvent, quand son esprit s’emportait, Avi en arrivait à se dire que peut-être, il arriverait à aider beaucoup de gens ; comme Blake. Et peut-être qu’il arriverait à inventer un vrai vaccin, un bon vaccin, pour aider les gens qui avaient vraiment besoin de se débarrasser de pouvoirs dangereux, plutôt qu’un poison en seringue qui infligeait des effets secondaires parfois pires que la mutation elle-même. Ou il s’disait aussi, à d’autres occasions, qu’il pourrait aussi trouver un moyen d’inverser les effets du vaccin, pour rétablir les choses. N’étaient-ce pas là, des solutions totalement viables pour Reyna, et pour Blake ? Mais encore et encore, trop souvent pour que ce soit décent de le dire, Avi s’écrasait contre des murs d’inassurance, qui fracturaient un peu plus ses théories scientifiques, génétiques, biologiques, et tout ce qu’il aurait pu avoir l’idée de créer comme hypothèse, théorie, petite idée griffonnée sur un post-it entre le petit-déjeuner et la douche. Reyna était une véritable énigme, et peut-être pour lui, dans plus d’un sens que celui froid, et strictement scientifique ; ils n’pouvaient pas prétendre être des amis. En dehors des laboratoires, entre Uprising et l’Université, ils n’se voyaient pas beaucoup, et leurs contacts se limitaient entre son asocialité à lui, et la distance que la brune s’imposait vis-à-vis du reste du monde, à cause du poison qui émanait de sa peau, et tuait des gens au moindre contact. Mais après tout hein, pas besoin d’avoir des contacts physiques avec les gens pour sympathiser avec eux ; Avi n’était pas un grand fan des contacts physiques, de toute manière. Mais peut-être bien que parfois, ils avaient un genre d’aspect indispensable selon les situations : après tout, ce serait le réflexe de tout le monde, que de lever une main pour la déposer sur l’épaule de son voisin, d’un air compatissant, quand il annonçait une nouvelle très grave et très triste ? Parce que quand Reyna ouvrit enfin la bouche à nouveau, pour commencer à parler de son frère, avec sa voix brisée et son regard fuyant, l’Ashcroft avait déjà fait les conclusions malheureuses de son récit avant qu’elle ne l’ait achevé. Il avait ce talent-là, après tout. Et il était lui aussi, un frère. Il savait, indéniablement, avec tout le courage du scientifique vissé à sa chaise dont il disposait, qu’il mourrait lui aussi volontiers, pour Blake ; parce que c’était Blake, qu’elle était sa sœur dans la façon la plus indéniable et intime qui soit. Ils partageaient le même sang, la même expérience, tant de pans d’histoire sans lesquels il se voyait si mal vivre. Oui, clairement, même avec ses talents minimum à être un être humain socialement adapté à écouter les confessions des autres et savoir effacer tout chagrin, Avi pouvait compatir avec Rey, dans la forme la plus infinie qui soit. Qu’est-ce qu’il ferait, s’il perdait Blake ? Avec tout ce qui était arrivé à sa famille ces derniers temps, le malheur qui avait frappé la vie de sa sœur, et l’avenir de Lydia, pesant toujours lourdement dans la balance d’une indécision insupportable, il s’était mille fois posé la question.

« Oh. » qu’il dit, alors, après un très long silence – long de plusieurs secondes, qui s’étendirent plus encore sans doute, avec les bruits de vie à l’extérieur de la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Ouais ‘oh’ ; il n’avait pas trouvé mieux, pour l’heure, l’herbe fauché sous le pied alors qu’il s’rendait peu à peu compte d’au combien tout ce qu’il avait si rapidement dit un peu plus tôt, était ridicule et déplacé. Et le pire, c’était qu’il ne savait même pas de quoi elle parlait, cette expérience qui avait mal tourné – il se souvenait avoir lu un truc, un gros scandale dans le journal de Radcliff, avant de balayer l’information de sa tête, parce qu’il l’avait jugée dispensable pour une raison ou une autre. Il n’était pas un hunter, pas un transmutant après tout ; son job à lui, il se limitait à ses tableaux de recherche, ses sursauts d’imagination scientifique plus ou moins ambitieux, et les éprouvettes et les substances chimiques ou biologiques qu’il mélangeait. Le reste-… le reste, comme la vie et la mort par exemple, échappaient totalement à son contrôle. Si ça pouvait la rassurer, lui aussi, il aurait bondi pour la rattraper, et lui sauver la vie. Parce que-… parce que ça semblait bien être le sursaut instinctif le plus humain qui soit. Peut-être. Et en parlant d’instinct humain, Avi se retrouva la main levée en l’air, juste au niveau de l’épaule de Reyna, avant qu’il ne se ravise, refermant sa paume en un poing qui retomba lourdement sur son genou. « Qu-… » qu’est-ce qui s’est passé ? Reyna avait déjà répondu à cette question. Et où et quand et quoi, et comment ? Les questions scientifiques typiques qui ne servaient à rien. Avi se retrouva à pincer les lèvres, laissant encore le silence retomber. « Désolé, je-… » et encore une fois, les mots lui manquèrent, alors que son regard fuyait ; et pourtant, oui, il sentait dans son poitrail le poids des mots de Rey être tombé sur ses côtes comme du plomb. Il sentait que ç’avait eu un impact en lui, qu’il était désolé pour elle. Mais-… mais quand il était question de mettre des mots, c’était une autre histoire. Il eut donc un sourire, tant bien que mal, juste au coin de ses lèvres, un genre de moquerie contre lui-même, ou peut-être un rictus jaune face à la réalité de sa condition : « Je suis-… pas très bon pour ce genre de choses. » et il ne savait pas vraiment pourquoi elle était venue jusqu’à lui. Quel genre d’instinct, de pensée, ou de sentiment avait pu la conduire jusqu’à lui en particulier. Ne pouvait-elle pas se douter, que n’importe qui aurait pu trouver des mots mille fois plus efficaces ? Mais y avait-il seulement des mots efficaces pour apaiser une peine pareille ? Sûrement pas. « Désolé. » il répéta une nouvelle fois, cette fois-ci en des genres de condoléances, probablement. « Je vais trouver quelque-chose, pour t’aider. Je te l’promets. » droit dans les yeux, et pourtant, faire des promesses lui semblait souvent être l’acte démesuré le plus stupide qui soit – il y avait plus de chance qu’on n’tienne pas ses promesses, plus qu’autre chose. Mais que pouvait-il faire d’autre ? « Tu-… tu peux… rester ici, quelques temps. Si tu veux. » peut-être Reyna cherchait-elle la quiétude d’un endroit où elle n’aurait pas à affronter tout un tas de regards qui pourraient importer pour elle ? Peut-être qu’elle avait juste besoin de tranquillité ? « Je crois qu’on devrait trouver un genre de geste proxy à faire, pour quand je veux te toucher. » il n’avait pas pu retenir ces mots, avant de se rendre compte qu’ils avaient l’air déplacés, et complètement cons ; « En guise de soutien. Evidemment. » ajouta-t-il donc bien vite, d’une voix qui signalait clairement que ce n’était rien d’autre là qu’une tentative d’effacer le potentiel aspect ambigu de ce qu’il venait de dire comme un crétin. Mais au fond, c’était bien vrai ; parce qu’autant qu’il aurait pu prétendre encore et encore, n’être pas le genre de type qui aimait les contacts physiques, en quelques minutes à peine, il aurait bien eu envie de pouvoir la toucher. Juste parce que-… parce que sûrement, humainement parlant, elle en avait bien besoin.

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Reyna Pendleton
Reyna Pendleton

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MessageSujet: Re: (avi) • what if i can’t.   (avi) • what if i can’t. Icon_minitimeDim 20 Nov 2016 - 0:38

If there is a will, there is a way.
— avi ashcroft & reyna pendleton —
What if I’m wrong, what if I’ve lied. What if I’ve dragged you here to my own dark night, And what if I know, what if I see. There is a crack run right down the front of me. What if they’re right, what if we’re wrong. What if I’ve lured you here with a siren song ? But if I be wrong, if I be right. Let me be here with you tonight. Ten thousand cars, ten thousand trains. There are ten thousand roads to run away.  — if i be wrong.

Reyna, elle avait déjà laissé tomber Sacha, elle l’avait abandonné quand elle était partie de la maison pour s’enfuir à l’autre bout du monde. Elle avait eu besoin de partir, parce qu’elle avait depuis trop longtemps l’impression de ne plus être à sa place chez les Pendleton. Elle n’arrivait pas à supporter l’ambiance chez elle, cette impression d’être une déception pour sa famille, tout ça parce qu’elle avait hérité d’un gène mutant. Elle l’avait bien hérité de quelque part ce gène d’ailleurs, alors ses parents, ils devaient bien avoir du tort là-dedans. Mais non, ils s’étaient contenté de voir cette mutation comme un ‘problème’ qu’ils ne pouvaient pas accepter. Alors, elle, elle avait pris la fuite, là où Sacha avait décidé de se replier sur lui-même, s’enfermant dans son coin et se tenant à l’écart de tout le monde. Elle l’avait laissé tomber le jour où elle était partie et bien évidemment, elle l’avait regretté, elle avait souvent pensé à lui, quand elle avait été loin de la maison. Il lui avait manqué et elle aurait aimé qu’ils se retrouvent dans d’autres circonstances. Là, quand il était revenu vers elle, ça avait été à son tour de le repousser, parce que c’était elle qui du jour au lendemain était devenue dangereuse, ça avait été à son tour, d’être capable de tuer quelqu’un en un touché et là, elle avait compris, pourquoi Sacha, il avait agi comme il l’avait fait, pourquoi il avait décidé de se replié sur lui-même et de s’isoler. Elle en avait fait de même, repoussant le jeune homme, alors même qu’il avait probablement été la seule personne au monde à pouvoir la comprendre. Sacha, il l’avait toujours comprise de toute façon. Parce qu’l était son frère, son jumeau, ils avaient grandi ensemble, ils avaient tout partagé, même cette tare qu’était leurs pouvoirs. Elle aurait peut-être dû le laisser rentrer dans sa vie plus tôt, peut-être que ça aurait évité tout ce qui avait pu se passer aujourd’hui, ou peut-être qu’elle l’aurait tué plus tôt. Elle n’en savait rien Reyna. Tout ce qu’elle savait à présent, c’était qu’elle était un monstre, une tueuse et qu’il fallait que ça s’arrête. Elle ne voulait plus être comme ça, elle ne pouvait plus. Elle avait tué les deux personnes qu’elle aimait le plus au monde, c’était à peine si elle avait encore de quoi s’accrocher à la vie à présent. Pourtant, elle le faisait, sans même comprendre pourquoi.

Qu’est-ce qu’elle aurait, quand elle serait guérie ? Sa famille la détestait, ils la maudiraient encore plus, quand il saurait qu’elle a tué son frère à cause de son pouvoir. Elle n’avait plus Sacha, elle n’avait plus Andy. Elle était toute seule et plus que jamais, son avenir, il lui semblait dénué d’intérêt. Alors, pourquoi est-ce qu’elle tenait tant que ça à continuer hein ? Ça n’avait pas de sens. Peut-être que c’était un genre de punition qu’elle s’infligeait à elle-même, parce qu’elle méritait de vivre avec sa culpabilité. Plutôt que de s’en libérer en crevant une bonne fois pour toute. Parce que ce serait quand même plus simple d’en finir avec sa vie, plutôt que de continuer à s’accrocher alors qu’elle n’avait plus rien. En plus, c’était pas comme si crever était bien compliqué dans cette ville. Y avait tellement de hunters dans les parages, qu’elle aurait facilement se prendre une balle en pleine tête et on en parlerait plus. Mais non, à chaque fois qu’elle se retrouvait en face d’un hunter – souvent alors qu’elle continuait de chercher celle qui avait foutu sa vie en l’air – elle se débattait pour survivre. Qu’est-ce qu’elle ferait quand elle aurait retrouvé la fameuse chasseuse qui l’avait vaccinée ? Se débarrasser d’elle ? Ça semblait bien être la réponse évidente à tout ça. Se venger, ce serait pas mal, mais qu’est-ce qu’elle aurait à y gagner franchement ? Ce n’était pas ça qui allait lui rendre Andy, ni Sacha, ce n’était pas ça qui atténuerait la peine qu’elle pouvait ressentir et ce ne serait pas parce que cette fille serait morte, qu’elle, elle pourrait reprendre sa vie en ayant l’espoir de construire quelque chose de meilleur. Y avait plus rien à construire de toute façon. Sa vie, elle était complètement démolie, un champ de ruine duquel il n’y avait plus rien à tirer. Alors, elle ne savait plus Reyna, pourquoi elle voulait tout ça. Le seul moyen qu’elle avait d’avoir un jour une vie un tant soit peu normale, une vie où elle pourrait toucher les autres sans craindre de les tuer, ce serait si elle se débarrasser de ce qui la rendait si dangereuse en ce moment. Tant qu’elle aurait ça en elle, ce poison dans ses veines et sur son corps, elle n’aurait jamais la moindre vie. Elle avait besoin qu’on la sauve et elle ne connaissait personne en dehors d’Avi qui pourrait l’aider, elle ne connaissait personne en dehors de lui, qui pourrait seulement avoir envie de l’aider. En fait, ici dans cette ville, comme partout ailleurs dans le monde, à présent, elle ne connaissait plus qu’Avi ; il était la seule et unique personne vers qui elle pouvait se tourner et pas parce qu’il était généticien, mais parce qu’elle n’avait que lui.

Alors, ça n’avait pas d’importance, qu’il ne soit pas doué pour ces choses-là,  parce qu’il était toujours plus doué que le néant qui l’attendait si elle avait voulu se tourner vers quelqu’un d’autre. Mieux valait qu’il ne soit pas doué de toute évidence, au moins, ça lui éviterait d’avoir un geste compatissant envers elle et de venir la toucher. Parce que là, quand bien même elle avait bien envie de fondre dans les bras de quelqu’un, elle savait qu’elle ne pouvait pas faire ça, au risque de tuer cette personne. Elle n’allait pas risquer la vie d’Avi pour une étreinte réconfortante, quand bien même elle aurait eu vraiment besoin de ça. Elle esquissa un léger sourire, discret, sur ses traits tendus par le chagrin. « C’est pas plus mal comme ça, dis-toi, que ça t’sauve peut-être la vie. » Parce que Reyna, elle tuait tout ce qu’elle touchait et c’était une putain de malédiction, insupportable, invivable. Elle voulait que quelqu’un la serre dans ses bras, elle voulait pouvoir sentir la peau de quelqu’un contre la sienne et quand bien même elle ne croyait plus que ce soit possible, si jamais elle retombait amoureuse, elle avait bien envie de pouvoir embrasser cette personne et plus encore. Elle avait envie de pouvoir vivre en contact avec le reste de l’humanité et pas seulement recluse sur elle-même parce qu’elle était dangereuse. « Merci. » Qu’elle répondit, alors qu’il lui promettait de trouver quelque chose pour elle. Avi, c’était vraiment quelqu’un de gentil, il ne lui devait rien après tout, il la connaissait à peine. Pourtant, il avait vraiment l’air de vouloir l’aider. Suite à sa proposition, elle regarda rapidement la pièce autour d’elle. C’était un labo de la fac, le genre d’endroit où elle n’avait jamais mis les pieds, pour d’autres raisons que pour voir Avi, c’était pas franchement son univers. « Merci, c’est gentil. J’ai nulle part d’autre où aller. » Si elle avait bien une chambre de motel, là où elle squattait depuis plusieurs mois. Mais elle n’avait pas envie d’y retourner. Elle n’en avait jamais l’envie, elle la détestait cette chambre, alors là aujourd’hui, elle n’avait vraiment pas envie d’y aller, pas alors que son monde tombait une nouvelle fois en ruines. Elle fronça les sourcils suite aux paroles d’Avi, c’était probablement ce genre de trucs qu’elle n’aurait pas compris en étant en forme, alors là aujourd’hui, forcément, ça n’avait pas grand sens. « De quoi ? » Elle paraissait confuse, presque comme si elle n’avait pas compris quelque chose de vraiment essentiel. Est-ce que ça l’était ? Y avait des moments, avec Avi, où elle ne savait pas trop, parce qu’elle ne comprenait pas toujours ce qu’il racontait. Fallait dire qu’il avait quelque chose comme trois doctorats, là où elle avait tout arrêté après le lycée. « Peu importe c’que ça veut dire. Les gestes de soutien, on va éviter. » Pas qu’elle n’en voulait pas, bien au contraire. Mais elle ne pouvait pas, à moins d’être emmitouflée par des vêtements peut-être. « J’veux pas te faire de mal. T’es le seul ami qui me reste. » Plus que ça sans doute, c’était juste, la seule personne qu’elle avait encore dans sa vie, alors au final, le mot ami, était bien faible pour représenter ça. Sans Avi, elle n’avait vraiment plus personne.
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