Sujet: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Mar 2 Aoû 2016 - 23:20
And just keep diving down the hole
Tomber, lentement, les gouttes d'eau du lavabo s'entendaient, alors que face à son miroir, le reflet se perdait dans celui de son ancien mentor, sans venir heurter la demoiselle qui semblait nourrir cette peur dans son quotidien : la banalité évoluait avec les vices. Déposant le pinceau sur sa peau, venant épouser le poignet droit de la mutante, dessinant des gestes avec les tremblements dont elle était la victime, qui parvenaient à se contrôler au travers d'un traitement médical, acquis illégalement, mais l'idée de trembler comme une feuille venait dévorer les quelques bribes de bonté de la mutante, et cela ne changeait rien à sa vigueur naturelle. Alors qu'elle acheva de couvrir les traces de morsures sur ses poignets, la mutante déposa un nouveau regard sur sa chevelure blonde sous forme de queue de cheval, parfaitement calculée pour cacher les blessures de sa nuque et parfaitement mettre en avant son visage parfaitement maquillé - trop de perfection. Venant poudrer le tout pour parfaire le tout ; des bandages étaient trop voyants, alors elle faisait le choix de cacher, même pour Cesare, qui lui, avait certainement une vie bien plus compliquée qu'elle. La mutante quitta finalement la salle de bain, empruntant le couloir menant à ses affaires, attrapant une veste en cuir alors que le miroir de l'armoire était couvert par une longue serviette. Faith attrapa également une paire de bottes avec des talons moindres, retrouvant sa place dans la salle de bain pour lasser ces dernières. Se redressant pour à nouveau admirer cette image tordue, qui pourtant révélait son maquillage, son visage toujours aussi impartial et ses yeux azur. Pourtant, c'était toujours la même ombre qui planait sur son visage et qui invitait la demoiselle à couvrir ce miroir avec une serviette, pour par la suite quitter la pièce en claquant la porte. Descendant les escaliers avec vigueur, venant se saisir de son sac, déposant ce dernier sur son épaule, venant glisser sa main sous sa table pour extirper une arme à feu qu'elle glissa dans son sac, le camouflant dans une poche. Déambulant vers sa cuisine pour soigneusement se saisir d'un couteau qu'elle glissa dans sa botte, et finalement quitta son appartement avec un sourire en coin.
S'il y avait bien des choses, que Faith Cunningham ne savait pas faire : c'était parler d'elle, de ce qu'elle était, voulait être, mais elle pouvait toujours venir hurler ce qu'elle fut par le passé. Faith était un paradoxe, accablée par le passé de Skylar et noyée par le futur de Faith. Néanmoins, quelques personnes semblaient lire en elle, des nuances, des élans d'humanité, des cris perçants venant bercer ses nuits. La mutante ne vivait plus depuis l'incident avec son frère, lorsqu'elle mettait un pied dehors, elle revoyait les ombres de son passé, ses démons venir la dévorer. Même son appartement, qui fut pourtant son temple, sa protection ultime : cette protection semblait céder, sombrer et perdre l'équilibre face à la réalité de la torture de son frère. Cela fut dans sa détresse qui se creusait, par l'absence d'Ezekiel, par la haine envers sa nature, qu'elle sembla se tourner vers la seule personne pour qui sa confiance était aveugle : Cesare. Idée stupide, puisqu'il avait certainement plus grave à se soucier. Lors de la perte de sa sœur, elle fut présente, mais elle n'avait nullement le droit de venir se plaindre de la survie de son propre frère. Elle ne venait pas pour du réconfort, mais pour un zeste d'amitié, et rien de plus. En chemin, la mutante s'arrêta dans un magasin, attrapant une boîte de chocolat pour la payer et s'en aller comme elle était venue avec le même sourire confiant qui ne la quittait pas.
Une fois cela fait, la mutante se dirigea vers une ruelle, faisant se déplacer une bouche d'égout, sautant à l'intérieur en venant prendre soin d'allumer sa lampe torche téléphonique ainsi qu'un plan confectionné par ses soins, et elle s'élança dans une longue marche. La mutante était une grande paranoïaque et elle n'allait pas se promener en plein jour pour rendre visite à… un mec qui avait autant de talent pour s'attirer des ennuis que pour faire des courses. Les ombres passèrent, l'esprit se troublant, mais elle continua jusqu'à une bouche dégoût qui menait à la sortie de la ville. Le chemin sembla court malgré sa longueur, peut-être trop, à l'idée de revoir pour la première fois Cesare dans l'état d'esprit qu'ils allaient se retrouver pour le simple plaisir de se voir. La mutante quitta alors les égouts avec le plus de délicatesse dont elle était capable pour poursuivre son chemin en direction de la maison indiquée. Faith avait un sens de l'observation bien plus efficace dans les vraies grandes villes, il était vrai que les petites villes ce n'était pas son truc, mais le temps fit son ouvrage. La mutante arriva finalement devant la maison en question, vérifiant l'adresse notée sur un morceau de papier. La blonde resta quelques secondes face à la baraque, qui lui donnait une triste image d'un vieux film pourri du type horrifique avec un vampire blanc portant une cape. La mutante se glissa finalement dans le jardin, observant la zone d'un air curieux. « Je savais que tu finirais fermier. » Ce fut les seuls mots qu'elle trouva intelligent de chuchoter en voyant la maison avec un sourire moqueur. Hésitante, la mutante porta sa main à la sonnerie tandis que l'autre tenait la boîte qui ferait office de cadeau. Elle déposa finalement un doigt sur la sonnette en faisant de nouveau face à la porte.
Dernière édition par Faith Cunningham le Dim 13 Nov 2016 - 20:29, édité 1 fois
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Sam 27 Aoû 2016 - 23:01
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all the things that we've lost, breaking off comes at a cost. and know i miss this mistake. every word i try to choose, either way i'm gonna lose. can't take the ache from heartbreak. but as you walk away, you don't hear me say, where's the "good" in "goodbye"? ⓒthe script| no good in goodbyes.
Le quotidien avait une façon bien particulière d’fonctionner : il se faisait par lui-même, comme ça. Pas besoin de chercher à l’forcer, et pas besoin de creuser en soi-même pour trouver une façon de s’adapter à la normalité. Après des années, fallait quand même croire que la chasse n’était pas devenue un instinct incrusté dans la personnalité de Cesare de façon à n’jamais lui laisser l’opportunité l’arôme du simple. Et l’aisé devenait parfait, dès lors que ça lui permettait de passer du temps avec Isolde, et avec Clara. Quelques semaines plus tôt, en France, Cesare aurait pu jurer tout savoir de sa vie, du fait d’être père, de construire une relation avec ce minuscule bébé, encore à peine conscient de tout ce qui se passait autour de lui. Mais il en découvrait tous les jours, des nouveautés de tous genres ; finalement, un bébé, c’était plus compliqué qu’il n’y paraissait. C’était, avoir au creux de la main, la vie d’un petit être qui n’pouvait rien faire par lui-même ; ni s’nourrir, ni se protéger, ni se déplacer, ni vraiment appréhender le monde. Si souvent, le DeMaggio avait cru comprendre les instincts ‘protecteurs’ qui avaient agité son père lorsqu’il avait eu l’idée d’faire de lui un hunter dès son plus jeune âge. Une part d’la raison du jeune homme avait eu besoin de comprendre, au moins un peu, de s’dire que dans certains aspects, c’était normal d’penser comme ça. Mais quand il tenait Clara au creux de ses bras, quand elle le regardait, et qu’il sentait ses doigts tout petits s’enrouler autour un des siens, il n’comprenait plus, subitement. Il n’comprenait plus rien des intentions que ses parents avaient eu pour lui : comment pourrait-il imaginer infliger l’enfance qu’il avait lui-même eue, au petit nourrisson qui comptait sur lui, pour avoir la vie la plus sauve et la plus heureuse qui soit ? Les cicatrices qu’il avait partout sur le corps, et celles, infiniment récentes, que lui avait laissées son père, prouvaient au fond, que Cesare, lui, il n’avait jamais été sauf, malgré les apparences. Malgré c’qu’il s’était accroché à croire pendant tant d’temps, pour n’surtout jamais voir quel carnage était sa vie. Clara était unique, précieuse, fragile – innocente ; un rare élément de lumière et d’évidence au milieu de bien des ténèbres. Celles qui avaient bouffé sa vie à lui pendant tant de temps. Ça n’lui ressemblait pas, d’amener quelque chose d’aussi pur dans ce monde : il était un DeMaggio, après tout. Souvent en la regardant, le jeune homme craignait de lire quelque part l’empreinte des siens sur le visage de sa fille. Cette noirceur, propre à leur sang : mais jour après jour, la petite lui prouvait le contraire. Pourtant, c’était bel et bien la sienne – une petite fille avec les mêmes cheveux noirs, quelques taches de rousseur égarées sur ses joues, de grands yeux sombres, une peau doucement basanée. Elle avait plus d’lui que d’Isolde, déjà ; y’avait pas d’toute de ce côté-là, mais pour Cesare, c’était toujours un soulagement de voir dans les iris si jeunes de Clara, ces éclairs de vie si familières à celles d’Isolde. Et non pas la mort, abyssale et glacée, qu’il avait tant l’impression de dévisager, quand il croisait son reflet dans un miroir. Peut-être alors, était-ce le lien qui unissait Clara à Isolde qui la sauvegardait. Tant mieux. Tant mieux ; peu à peu, ces inquiétudes quittaient le brun pour le laisser un peu plus en paix. Maintenant, chaque nouvelle journée ressemblait à un temps où ses blessures guérissaient : littéralement et symboliquement, tout à la fois. Les plaies qu’il avait récoltées de l’attaque de Rafael étaient encore effrayantes à certains égards, mais il avait déjà preuve d’toute la bonne volonté nécessaire pour sortir de l’hôpital sans encombre. Il n’leur restait plus qu’à tourner la page, à Isolde et lui, au moins sur certains brins d’histoire ; parce qu’ils étaient encore à Radcliff après tout. Pas le meilleur endroit pour faire complètement table-rase du passé.
Le pourrait-il, de toute manière ? Le voudrait-il à cent pour cent, sans l’ombre d’un doute ? Une hésitation qui s’était rappelée à lui lorsque son téléphone avait sonné plus tôt dans la journée, pour lui rappeler l’existence de Skylar, quelque part en ville. Parfois, c’était facile de l’oublier ; après sept ans à devoir s’faire à l’évidence qu’elle était morte, il se retrouvait à batailler avec l’idée inverse. Combien d’fois au juste, avait-il dû s’le répéter pour que cette information s’imprime en lui ? Skylar est morte, Skylar est partie et n’reviendra jamais. A l’habituelle place où elle s’était tenue, y’avait eu un vide glacé qui n’avait fait que renforcer la solitude dans laquelle il s’était enfoncé ; ni Ellie, ni personne d’autre n’avais jamais su être digne remplaçant de Skylar. Ils avaient toujours eu cet accord, planant dans les regards qu’ils s’échangeaient ; l’assurance que quoiqu’il arrive, ils comprendraient toujours l’un l’autre plus que n’importe qui n’les comprendrait jamais. Parce qu’ils avaient grandi ensemble, qu’ils avaient subi le façonnage impitoyable de leurs parents. En plus de tout, maintenant, ils avaient tous les deux été balancés aux ordures par leurs parents, pour l’simple crime d’être des transmutants, sans l’avoir décidé, sans avoir rien d’mandé, et sans jamais avoir rien été d’autre que deux bons petits soldats à la botte de leurs géniteurs. Tout ce sur quoi Isolde n’pourrait jamais le comprendre, tout c’qu’il n’osait lui dire sur son passé, il savait que Skylar le connaissait, que Skylar pouvait l’encaisser, sans jamais changer sa façon d’le regarder. Oh, il avait confiance en Isolde, en eux deux, leur capacité à surmonter bien des choses – il savait que ça n’changerait rien, qu’elle découvre des pages noires de son histoire ; il lui en avait déjà confiées, et la Saddler était toujours là, alors que d’autres auraient probablement déserté le champ de ruines depuis bien longtemps. Mais-… mais c’était différent ; c’n’était pas des trucs qu’il n’voulait pas partager avec elle, c’était des trucs qu’il n’voulait pas partager, ressasser, retourner, ramener, tout court. Un passif que Skylar connaissait, et dont elle connaissait l’empreinte sanglante que ça pouvait laisser sur l’âme. Un abysse d’inhumanité, duquel Isolde était mieux le plus loin possible, au fond – à force de lui faire côtoyer ses ténèbres, Cesare finissait par en avoir peur d’aspirer complètement la lumière chaude et réconfortante qu’il avait toujours aimée en elle. Alors pourrait-il… juste laisser Skylar à Radcliff, à sa vie, s’retournant complètement vers une vie dont elle n’ferait pas partie ? Y’avait bien une part égoïste de lui qui disait qu’il avait vécu sans elle pendant sept ans, après tout. Et puis y’avait Cesare, le Cesare qui avait vécu tant d’moments avec elle, qui n’se sentait pas la force de laisser partir – juste partir, comme s’il lâchait prise – tant d’opportunités à rattraper ces sept années malheureuses, compliquées et glacées. Elle lui avait manqué, tant d’fois au cours de c’temps qui lui avait semblé passer si lentement ; s’était-il un jour fait à l’idée ? Avait-il un jour fait son deuil ? Il aurait pu jurer que oui, le DeMaggio, mais techniquement, il n’était jamais passé par les sept étapes du deuil ; ni la colère, ni le déni, ni l’acceptation, ni la tristesse. Pas la tristesse vraiment, proprement exprimée. Il n’était pas doué avec la mort quoiqu’il en soit ; et la frôler récemment n’l’avait pas rendu plus sympathique à l’égard de l’idée. Il n’avait pas pensé, sur son lit d’hôpital, à comment il aurait pu retrouver Aria s’il avait basculé de l’autre côté. Il n’avait pas pensé à comment ç’aurait pu être facile. Quand il avait ouvert les yeux, et qu’il avait vu Isolde, il avait pensé à tout c’qui se serait passé, si elle avait dû être seule – si elle avait dû le perdre, et s’il avait dû crever comme ça, enfin assassiné par son propre père, sans plus jamais avoir l’opportunité de revoir Isolde ou Clara. Irrémédiablement, qu’en pensant comme ça, Cesare finissait par s’dire que tout lâcher, tout oublier, juste pour passer du temps avec elles, n’était pas une option désagréable, ni même un choix si lâche que ça.
De toute manière, ils étaient toujours à Radcliff, alors les questions qu’il s’posait à lui-même n’trouveraient pas de réponse avant un moment. Celles-ci en tout cas. Parce qu’y’avait eu d’autres interrogations, filant à toute allure dans son crâne, auxquelles il répondait jour après jour avec une aisance déconcertante. Parce que la vie toute simple, était facile comme ça. Peut-être était-ce juste parce qu’il ne quittait que rarement les quatre murs de la maison d’Isolde, encore en convalescence, donc incapable d’chercher un boulot, si tant est qu’il arrive à un moment-donné à s’arrêter sur une idée ferme et définitive quant à c’qu’il pourrait faire. Bientôt, il allait s’foutre sur le marché des tueurs à gages, puisqu’il semblait bien que c’était le seul domaine dans lequel il excellait : malheureusement, pas la compétence qu’on pouvait mettre fièrement sur un CV si on voulait essayer de s’mêler à la foule. Y’avait bien son expérience passée avec Aldrich, mais y’avait fort à douter que le mécanicien, maintenant, aurait quoique ce soit de flatteur à écrire au sujet du DeMaggio dans une lettre de recommandation. Le baby-sitting, alors, c’était aisé de s’en contenter : il devenait excellent dans le domaine, patient et consciencieux – la rigueur qu’on lui avait enseignée depuis son plus jeune âge lui servait au moins à ça ; il arrivait à n’pas perdre la boule, malgré les pleurs tonitruants du bébé, parfois, et le quotidien était tant réglé comme du papier à musique, que la petite était plus souvent déjà couchée, la maison au moins un peu rangée, quand Isolde rentrait du boulot. Certes, c’était amusant et reposant pour l’heure. Cesare n’avait toujours pas perdu d’vue qu’ils étaient à Radcliff, ville où sa famille séjournait toujours : bien assez tôt, Rayen allait avoir son procès, et son père était plus que jamais sur le qui-vive, probablement. Des jours plus tard, le jeune homme avait bien du mal à croire que sous prétexte que la Saddler avait déménagé dans cette nouvelle maison, ils n’essuient pas les conséquences de leurs actes et de la défiance de Cesare lui-même. Tôt ou tard, ça viendrait jusqu’à eux ; et quand il pensait comme ça, chaque jour devenait un calme illusoire avant une tempête progressivement construite comme la menace la plus réelle et la plus dangereuse qui flottait juste par-dessus leur tête. Il allait finir par en devenir parano, Cesare, à n’en pas douter ; des doutes qui le prenaient généralement quand il était seul, que Clara était profondément endormie, et que le silence devenait une chape de plomb où il scrutait l’alentour à la recherche du plus infime bruit, indicateur que quelqu’un ou quelque-chose, quelque part, menaçait de faire virer au cauchemar l’équilibre précaire de vie, qu’Isolde et lui essayaient d’avoir. C’est pour ça, sans aucun doute, qu’il en manqua de peu de sursauter, lorsque la sonnette à l’entrée se fit entendre ; dans d’autres circonstances, il aurait jugé que donner l’adresse d’Isolde par message était un pari infiniment risqué. Mais c’était Skylar ; et la confiance quasi-aveugle allait de pair avec tout le reste. Et même s’il était presque sûr que c’était elle, à l’entrée, Cesare trouva dans le tiroir du meuble près de l’entrée, la fameuse arme que la mutante gardait planquée là, la rangeant à portée de main à sa ceinture. Ils étaient vraiment sur les dents, ces deux-là. Enfin, il ouvrit la porte sans paraître particulièrement suspicieux, scrutant Skylar d’un regard qui passa de son visage à ses pieds en une seconde à peine. C’était elle, à n’en pas douter ; mais il ne put s’empêcher d’avoir un rictus amusé, en voyant qu’elle avait même rempli sa promesse. « Alors tu m’amènes vraiment des chocolats, maintenant. » il en haussa les sourcils, faussement critique, alors qu’il lui faisait signe de rentrer. C’était dommage, quand même, avec ce qui lui était arrivé, on contrôlait encore bien trop ce qu’il avalait pour qu’il puisse se permettre de faire une indigestion avec des chocolats, mais bon, il n’allait pas se plaindre de l’intention. Indéniablement, Skylar marquerait des points avec Isolde, avant même qu’elles ne se soient rencontrées, c’était déjà ça. Dans un dernier regard à l’extérieur, il remarqua qu’il n’y avait pas de voiture à l’horizon – rien d’autre que le silence de plomb qui paraissait parfois oppressant pour le chasseur, habitué à quand même plus d’agitation : « T’es venue à pieds, ou quoi ? Est-c’que j’dois être flatté de tous les efforts que t’as faits ? » après tout, la dernière fois qu’il était venu chez elle, il avait été un peu bourré, un peu blessé, un peu déprimé. Avec le ‘un peu’ en moins ; et subitement, en pensant comme ça, Cesare s’rendit compte à quel point ça faisait longtemps qu’ils n’s’étaient plus vus tous les deux. Bordel, le temps passait trop vite, qu’il le veuille ou non.
Faith Cunningham
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Lun 29 Aoû 2016 - 19:52
And just keep diving down the hole
« Casse toi et assumes, tu ne peux t'en prendre qu'à toi, si cette vie de merde s'est acharnée. Tu mérites tout ça, tu en es la cause, le bourreau et le juge, tu peux pleurer autant que tu veux, tu as perdu à force de refuser de jouer dans la bonne cour », et elle se le répéta, plus de fois, que son corps ne pouvait le supporter. La cause de ses malheurs, de cette peur, de cette terreur qui abritait ses os, qui la poussait à tirer le premier connard qui tentait de l'approcher. Elle fut des années, à errer sur ce qu'elle était coupable, puis elle oublia, renia ses erreurs, son passé foireux, ses conneries, pour ne garder que le pire pour construire le meilleur. Quelle ironie, de se savoir coupable, et de n’éprouver que de l'amusement dans cela. Son esprit fut affublé d'une idée ridicule, risible : celle de croire qu'elle pourrait récupérer ce fragment d'humanité, qu'elle allait redécouvrir le plaisir sincère d'avoir les pieds sur terre, de respirer le même air que ses congénères sans craindre la haine. Cet espoir lui fut donné, venant évincer sa foi, quelques jours durant, dans cette frénésie que furent des moments égarés avec Ezekiel. Une erreur, une fois de plus, qu'il faudrait oublier, cette fois encore. Ce n'était qu'une illusion, un mirage, une tentative d'évasion, une grande fuite, qui demanda un retour d'autant plus morbide, retrouvant cet appartement vide, entassé sous la peur de la demoiselle dans cette pureté blanchâtre, cette froideur et ces tons fades qui faisaient de Faith la fille la moins sociable de cette putain de ville. Elle ne voulait pas l'être, dans le fond. Pourquoi se lier à ceux et celles qui se sentent centrés sur eux-mêmes au point de prétendre que le cancer de la société est en train de se jouer dans une ville minable dans un trou paumé. Qui peut réellement juger la condition de l'humanité depuis son balcon fleuri et sa terrasse fraîchement nettoyée ? La pauvreté américaine ne se voyait pas dans la misère des trous, mais dans la foule des hommes en costard qui ne daignaient même plus baisser le regard. Ce fut cela son éducation, son univers de colère et de misère, ce chemin jamais droit, cette route funeste vers Détroit. Elle y retournerait, elle le savait, elle le devait, pour sauver peut-être le lambeau de compassion qui pouvait lui rester pour ceux et celles qui avaient croisé sa route par malheur. Ce n'était qu'un mensonge, qu'elle se chuchotait, ce désir de racheter son âme : elle s'en foutait, royalement. La demoiselle prétendait vouloir rattraper ses actes, peut-être gagner l'absolution et sortir de ce cercle merdique qu'était celui de l'hypocrisie et de l'égocentrisme, ce besoin violent et virulent de ne penser qu'à sa gueule dans les moments de détresse. La mutante avait la générosité bien plus grande qu'il n'était possible de le chuchoter, mais elle savait qu'au fil des années, ce désir de secours, s'était envolé à force de détour. Elle n'en avait plus l'envie, il n'était pas question de courage, mais d'une saloperie, qui le vivait bien, sans un bruit. Ce fut lorsque la porte laissa paraître un visage familier, qu'elle sembla se souvint de pourquoi elle ne pourrait jamais bannir sa nature profondément attachée à ses idées : l'affection sincère, celle qui survolait la misère, la colère et la belle galère d'une vie portée vers les funérailles. C'était pour des gens comme Cesare, qu'elle était là.
Son visage familier, sa manière de l'observer, sans crainte, ni mépris. Elle se revoyait, accompagnée de sa mère, son père et son salopard de frère – pour les intimes – venir frapper chez la famille du jeune brun, du gamin de l'époque, de l'enfer, qu'elle traversait, face à cet élan d'amour qui n'était qu'une amitié condamnée à s'enflammer. Skylar, en ce temps, perdit sa vie, ses amis et ses derniers espoirs. Condamnée, à mourir, cela fut son chemin, que son père lui refusa avec dédain. Et désormais, elle était là, face à celui qui supporta son deuil, tandis que Skylar se mourrait, mûrissait pour s'épanouir, et se brûler à nouveau les ailes pour enterrer la gamine qu'elle fut. Ce n'était qu'un nom, mais peut-être qu'il cachait bien plus qu'il ne pouvait le faire croire. Lui ? Il était différent, mais elle le voyait comme avant, incapable de se dire qu'il était plus que son ami. Sa nature lui importait peu, sa carrure ne changeait rien, son teint n'était pas différent et ses blessures étaient simplement plus dures que celles qu'un enfant devait endurer. La blonde se contenta d'un sourire inquisiteur alors qu'il l'invitait à entrer suite à une remarque totalement justifiée sur les chocolats : Faith n'avait pas vraiment la tête de la fille qui se ramenait avec des chocolats, il fallait bien l'avouer. Néanmoins, la mutante avait une parole d'honneur, celle en or qui ne pouvait pas tomber, pas s'échanger ni même s'acheter sous le prix de la torture : mourir et ne jamais rien dire. La blonde avait bien des défauts, mais la fidélité n'était pas dans cette liste pourtant riche en informations diverses et variées sur sa nature. La demoiselle pénétra avec un sourire au bord des lèvres, découvrant la maison avec curiosité – ses chocolats étaient en joie. « Je trouvais que ma simple présence n'était pas suffisante, et des chocolats ça compensait mon côté chiant. » La demoiselle se retourna avec un petit rictus moqueur au coin des lèvres alors qu'elle écoutait la seconde remarque de son amie d'enfance. Celle-là sembla sonner d'une autre façon, ces quelques mots venant secouer la demoiselle d'une drôle de façon, comme si elle se sentait redevable, et rendre une réponse sincère, totale, chose dont elle était incapable. Elle n'était pas là pour le plaisir de la plainte vide, mais pour lui, pour profiter de le voir sourire, comme ce ne fut pas le cas la dernière fois.
Observant son ami, qui faisait une remarque simple, enfantine, de l'humour sans aucun doute, une façon sympathique de venir exprimer qu'il faisait attention. Faith détourna le regard vers l'extérieur pour observer l'absence de véhicule à son tour, mais toujours, en étant hantée par cette ombre qui venait caresser sa vision, qui traversait son paysage dans un élan de fatigue, ou dans un élan de banalité, cela ne sembla même pas la perturber. Que pouvait-elle lui répondre ? Lui dire qu'elle n'avait pas de voiture serait la réponse la plus sincère, mais elle pouvait tout aussi bien répondre qu'en voler une était un risque de se faire remarquer, ou même que venir réclamer un taxi était presque trop dangereux étant donné le contexte. Peut-être qu'elle craignait que son frère ne soit trop présent, et que la simple idée de se retrouver à nouveau droguée la bouffait et qu'elle fuyait les lieux clos. Cela n'avait rien de beau, rien de fou, ce n'était que de la crainte conne dont elle avait parfaitement conscience. Déplaçant son regard tout souriant et moqueur en direction de Cesare, ne laissant rien paraître, presque comme d'habitude, ce quotidien maladif. « Tu dois même être honoré de ma simple présence ici. J'attends toujours le tapis rouge et l'orchestre, la prochaine fois c'est le minimum réclamé. Tu notes bien, un tapis rouge, pas rose-rougâtre, rouge pur. » La demoiselle laissa paraître un rictus qui se perdit dans un soupir moqueur alors qu'elle se détournait pour observer la maison quelques précieuses secondes. « Je sais me faire discrète quand j'arrive… et j'ai des petits talons. » Détournant son regard en haussant les sourcils pour se plonger plus attentivement dans la décoration, puis finalement, elle préféra s'enfoncer un peu dans l'avant de la maison, pour brusquement se détourner et observer Cesare. « Moi j'ai plutôt une grande question, existentielle, et j'espère que tu es prêt parce que c'est encore plus intense que Question pour un champion. » Sky' ne fut pas totalement coupée du monde, et même si ses parents n'approuvaient que quelques émissions : la jeune fille ne fut pas totalement coupée du monde moderne et elle fut confortée à la nullité télévisuelle par la suite – il fallait bien s'occuper lorsqu'il était question de prendre la fuite. « Monsieur Demaggio, je sais que faire des câlins à des cadavres, ce n'est pas forcément merveilleux. » avançant à nouveau d'un pas vers lui avec un léger sourire, plissant les yeux et les lèvres avec un certain second degré. « Mais serait-il possible d'envisager la possibilité de me faire la bise ? Je me fais voler mes câlins par un bébé, tu images la douleur atroce que cela représente pour mon or-gueil ? » Plaçant une main sur son coeur en simulant une douleur légère tout en restant droite. Faith avait une liberté totale avec lui, elle pourrait se promener avec un déguisement de chat qu'elle trouverait cela presque normal, et cela était un bol d'air frais qui était devenu presque nécessaire pour s'échapper de son quotidien. La blonde sembla pourtant perdre son sourire moqueur quelques secondes pour observer Cesare de haut en bas en secouant négativement la tête avec un air mélancolique. « Contente de te voir, tu vas mieux, ça fait plaisir de te voir. Encore plus lorsque tu souris. » Elle ne mentait pas, cela était un soulagement. Venir voir Cesare était risqué, parce qu'elle ne pourrait jamais parler de Joachim sans faire remonter les souvenirs d'Aria. Skylar était là pour son ami, mais l'était-elle sincèrement en cachant sa vie ? Non, c'était une totale contradiction.
Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Mar 20 Sep 2016 - 3:22
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- FAITH CUNNINGHAM & CESARE DEMAGGIO -
all the things that we've lost, breaking off comes at a cost. and know i miss this mistake. every word i try to choose, either way i'm gonna lose. can't take the ache from heartbreak. but as you walk away, you don't hear me say, where's the "good" in "goodbye"? ⓒthe script| no good in goodbyes.
Le temps passe, et les choses ne changent pas : c’était le genre de phrase que les gens aimaient se répéter pour ne surtout pas se sentir perdre prise sur leur vie. Cesare, lui, s’il était là aujourd’hui, c’était bien parce que les choses avaient changé. Dans certains aspects, certaines allures ; parfois, à cause de choix qu’il avait faits, de décisions plus ou moins réfléchies qu’il avait prises. D’autres fois, parce que quelque-chose lui était tombé sur le coin de la gueule, sans crier gare. Et en quelques semaines, à peine, le brun s’retrouvait déjà incapable d’savoir quelles décisions, quels réflexes avaient été sages, et ce qui n’avait fait que l’enfoncer tête sous l’eau. Il aimait, les choses qui n’changeaient pas aussi, Cesare : l’arôme d’autrefois, accessible en un message, un regard, un échange verbal. Qui aurait cru, que l’immuable pouvait durer et perdurer aussi longtemps que sept ans ? Sept années, faites de galères, d’épreuves, de duels entre autrefois et avenir. Il se souvenait encore, lui, de la période où ses lendemains lui promettaient d’être hostiles et froids. Maintenant, là où il était, toute l’indécision du jour prochain ne l’effrayait même pas. Quel sentiment nouveau. Quel sentiment étrange, quand selon les mouvements qu’il faisait, y’avait encore la morsure bien réelle de ses cicatrices qui s’réveillait, et lui ramenait un pan de réalité en pleine gueule. Ça n’faisait que quelques jours, encore, que son propre père avait essayé de l’éviscérer, façon steak haché, ou quelque-chose dans ces eaux-là. Il avait quitté l’hôpital, ouais, mais le début du message de Skylar l’avait fait sourire d’ironie : à quelques jours près, les réponses à ses questions auraient été plus ambiguës, plus compliquées à trouver. Et dans un monde tel que celui qu’ils avaient toujours connu, il était bien étrange de découvrir que des circonstances comme ça – un presque-meurtre, le fait de frôler la mort et de s’retrouver alité dans un putain d’hôpital pour des jours entiers – puissent amener des moments bien meilleurs, bien plus évidents, et… paisibles. Fallait bien l’admettre, il avait des allures de ça, aussi incroyable que ça puisse paraître, le tous les jours de Cesare désormais : la petite maison à l’extérieur de la ville dégageait cette atmosphère de partout – et sûrement que les sourires qu’il affichait bien facilement n’étaient qu’une façon, aussi, de montrer à quel point les choses pouvaient changer, sans crier gare. Le trajet avait été si infime, si progressif, lent comme l’inertie d’une planète qui ramenait irrémédiablement l’été, ou l’hiver : c’n’était que maintenant face à la jeune femme, que le DeMaggio réalisait à quel point l’temps pouvait passer. Sept ans, sans que rien n’change – pas grand-chose, du moins. Ou une poignée de mois, à la fin desquels tout était différent, et presque imprévisible. Il n’savait pas c’qu’il attendait de tout ce qui se profilait devant lui, maintenant, le brun : y paraissait qu’il était encore censé se reposer. Toujours était-il qu’après avoir convaincu Isolde de lui dire un peu quelles idées elle avait eues pour la couleur des murs de la chambre de Clara, il avait mis un gros coup de canif à sa convalescence pour s’mettre à peindre la petite pièce, du sol au plafond. Résultat, ç’avait été plutôt efficace : Cesare, quand il n’avait rien d’mieux à foutre que des travaux laborieux comme ça, il arrivait à abattre tout un pan de travail en un temps record. Et finalement, Clara avait une chambre pimpante – certes, loin d’être idéalement décorée, parce qu’il n’avait certainement pas la main pour ça – avant ses dix-huit ans, comme ils s’l’étaient originellement fixé, comme objectif, pour rire et s’rendre compte à quel point leurs vies pouvaient leur en demander beaucoup.
Et voilà qu’la vie, elle lui faisait comprendre à l’ancien chasseur, qu’elle n’lui en demandait pas tant que ça, ces derniers temps : c’n’était clairement pas commun – pour lui, et même pour elle – la perspective de visites de sympathie pour savoir comment l’autre allait. Peut-être était-ce la force de l’habitude, ou la paranoïa, qui le poussait à croire qu’il pouvait y avoir autre chose, sous-jacent à l’envie toute simple, toute naturelle et trop normale de rendre visite à quelqu’un juste pour prendre de ses nouvelles. Aux dernières nouvelles qu’ils s’étaient données, Skylar avait été occupée à scruter chaque écran de sécurité renvoyé par les caméras à l’extérieur de chez elle, persuadée d’être poursuivie par cinquante ennemis à la seconde. Et lui, il avait été trop occupé à se bourrer la gueule suite à la mort de sa sœur, pour daigner sortir des ténèbres, et prendre sa vie en mains. « Si un jour tu veux ramener des chocolats pour compenser ton côté chiant, c’est un semi-remorque de chocolat que t’es censée amener. » il la taquina, d’ailleurs, goguenard et moqueur, pas comme d’habitude, clairement. Pas comme la fois où il était venu chez elle, s’échouer sur son canapé comme une larve qui n’prenait même pas le temps de soigner les blessures qui s’infectaient dans ses chairs, et suintaient de partout. Est-c’que ce moment-là, chez Skylar, avait changé des trucs ? C’était difficile à replacer dans la chronologie : peu de temps après tout ça, y’avait eu Rayen qui avait débarqué, pour venir lui faire miroiter des informations sur le tueur de sa sœur. Et puis y’avait eu Artur Kovalainen ; Cesare, tuant froidement la sœur de celui-ci, rien que parce qu’il le pouvait, parce qu’il avait touché le fond, littéralement pété un câble, et plus rien à perdre. Et puis Isolde. Et l’accouchement, juste sous son nez, comme un crétin. Et puis Clara. Son retour dans sa famille. La visite de ce type, qui lui avait fait comprendre qu’Aria, elle, elle avait originellement prévu de quitter la ville le soir de la fête foraine, profitant de la fête, de la distraction pour s’barrer de Radcliff avec un inconnu, et n’jamais revenir, le laissant là, comme le con qu’il avait été pendant tant d’temps. Y’avait eu l’oscillation, le doute. Y’avait eu des jours sanglants, des jours heureux. Des jours si heureux qu’ils l’avaient rendu triste, presque dépressif quand ils s’étaient finis. Des semaines entières sans Isolde, sans Clara. Juste avec son père, sa mère, et sa cousine. Et puis sa mère qui était morte. Et Rayen qui s’était faite arrêter. Son anniversaire à lui. Callahan. La torture d’Isolde. Paris, la France. Le fils qui trahissait le père – Gabriela qui récupérait son fils. Son séjour à lui, dans une chambre aseptisée de l’hôpital de Radcliff. Définitivement, ça foutait le tournis, l’aisance avec laquelle bien des choses pouvaient se précipiter, comme ça, une vague d’informations et de moments difficiles qui fracassaient des barrières, des frontières, des vallées d’assurance qu’on aurait cru inébranlables. Et pourtant, Cesare était passé d’une loque sur le canapé de sa meilleure amie, à quelqu’un qui cherchait son équilibre, aujourd’hui. Il n’en était pas faussé, devenu stupide au point de n’pas clairement voir quand elle éludait une question : ouais, y’avait plus à toute cette histoire qu’il n’y semblait. La chasse, les ennemis, mutants contre chasseurs, c’n’était jamais loin, tout ça. Alors son histoire moqueuse de petits talons, d’orchestre et de tapis rouge pour détourner l’attention, il n’la goba pas évidemment : il n’allait pourtant pas s’mettre les bras croisés, en position de vigile, à lui demander c’qu’elle avait et à lui tirer les vers du nez. Elle le lui dirait forcément – c’était pour ça qu’elle était là, après tout.
« Je sais pas c’que ça veut dire, rouge pur. Si tu veux, j’ai un nuancier, t’auras qu’à me montrer. » qu’il ironisa, haussant les sourcils. Ouais, le nuancier, c’était rapport à toute cette histoire de peinture pour la chambre de Clara. Clara qui vint bien assez tôt sur le tapis, d’une manière subtile, qui éveilla une lueur moqueuse et joueuse dans le regard du brun : il faisait quand même l’effort d’écouter la longue tirade de Skylar. N’avait-elle pas dit, lors de leurs premières retrouvailles dans une rue miteuse et sanglante, qu’elle n’était pas une grande amoureuse des câlins, démonstrations d’amour, et tout ce qui allait avec ? Clairement, si envisager d’avoir un rencard avec quelqu’un comme Skylar lui avait toujours paru être le parcours du combattant, découvrir les sentiments amoureux avec Faith ça devait être tout un truc : il plaignait les pauvres types qui se laissaient prendre au jeu, Cesare. Un peu comme il aurait plaint Isolde, à une époque, fallait pas se mentir. Il allait lui faire la totale, à Skylar alors : sans se faire prier plus avant, donc, dans un souffle de ricanement moqueur, il fondit sur elle, l’enlaçant avec une énergie qui laissait presque sous-entendre qu’il allait la soulever et la faire tournoyer. Quelle classe. Il s’abstint quand même, après avoir humé le parfum familier de sa présence, la fragrance du fait qu’elle était toujours là, malgré les apparences, les sept longues années qui n’avaient eu de cesse de vouloir lui prouver le contraire. Skylar, elle était là ; et franchement, il ne se priverait jamais de lui faire les câlins qu’elle réclamerait, même si ça n’semblait pas être leur truc, au premier abord. « En parlant de bébé, et d’orgueil-… si t’as réveillé ma fille en sonnant, c’est toi qui t’en occupe. » et ce serait aussi bizarre que la première fois que lui, il l’avait prise dans ses bras : information importante, Skylar pouvait désormais s’imaginer dans sa tête, un Cesare qui pouponnait une petite fille, avec ses robes roses – quoique, Isolde n’aimait pas les clichés, alors elle n’en avait pas des masses, Clara – ses petites couettes. Un jour, il jouerait à la Barbie, rien que pour faire plaisir à sa fille. Décidément, la vie pouvait aller vite, parfois. Et y’avait personne de plus imaginatif pour s’foutre de sa gueule, que Skylar. Même si ça lui faisait plaisir de le voir, de le voir sourire qui plus est ; elle n’pourrait pas s’en empêcher. Pendant un instant, pourtant, Cesare fut ramené plus réellement que jamais à la dernière fois qu’ils s’étaient vus. La douleur, lancinante, insupportable, d’avoir perdu Aria ; elle était toujours là, mais quand on nageait dans des bons moments, elle était plus facile à oublier, au moins un peu. « J’suis content d’te voir aussi. Et d’savoir que tu vas assez bien pour être toujours capable d’être sarcastique à chaque phrase que tu sors. » évidemment, elle savait qu’il ne s’en plaignait pas. Au contraire ; c’était sa marque de fabrique à Skylar, et s’il n’avait pas aimé ça chez elle, ils n’en seraient certainement pas là. Chez Sky, c’était un meilleur signe de vie et de bonheur, que l’fait de sourire. « T’as faim ? Tu veux boire quelque chose ? » il demanda enfin, en s’écartant d’elle pour s’engager direction la cuisine, qui n’était pas loin de là, et assez ouverte pour qu’elle sache où le suivre. Le truc frustrant et pourri, avec l’espèce de diète débile que l’hôpital lui avait fourrée, et qu’Isolde voulait vraiment qu’il respecte – genre, elle avait respecté la sienne, elle, à l’époque – c’était qu’il avait tout le temps faim, lui. M’enfin, c’était aussi question d’être un bon hôte : même s’il avait rarement fait des trucs civils de c’genre, avec Skylar, ça venait plutôt naturellement.
Faith Cunningham
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Ven 23 Sep 2016 - 19:24
And just keep diving down the hole
Fallait-il se perdre, pour retrouver le bonheur ? Sans doute. L'humanité avait une drôle de façon de fonctionner, il fallait bien reconnaître que la blonde trouvait cela presque con. Changer faisait peur, mais était inévitable, vital pour évoluer et sortir son minable petit cadavre de cette routine maladive. Changer était nécessaire, pour fuir l'âge de la jeunesse, se libérer de la pseudo-dictature des parents et pouvoir vivre une vie nouvelle. Combien d'hivers demandait le changement ? Pas assez, trop, peut-être jamais l'un et l'autre. La blonde connaissait le changement brutal, celui qui se marquait par un acte, elle était le fruit de l’événementiel la blonde, se cachant derrière des ruptures pour expliquer ses évolutions. La demoiselle se voyait comme un corps, entouré de quelques brides de personnalités, de quoi meubler et rien de plus. Sa mutation, était son moteur, et Faith se connaissait assez pour savoir que sans cette dernière, elle serait devenu un monstre exterminateur, même en désapprouvant totalement ces actes. La force, elle la tirait d'une chose qui la dévorait comme une maladie, une revanche sur l'abus dont elle fut la maîtresse. Mais ces retrouvailles, venait démontrer, que le changement total, était impossible. Il fut incapable de tirer lorsqu'il tomba sur elle, et elle fut incapable de s'enfuir, chose pourtant tellement habituelle chez elle. Drôle de vie, mais parfois, cela valait le coup d'affronter le changement pour mieux se redécouvrir et mieux redécouvrir ceux qui furent aimés par le passé. Qui aurait plus prédire qu'il ferait preuve d'humour avec elle, qu'il viendrait se moquer avec tendresse de son côté chiant, de cette nature tellement agaçante qui faisait d'elle une petite citadine si classique. Ils s'étaient retrouvés, il était venu pleurer la mort de sa sœur, et désormais elle semblait venir la bouche en coeur. Devait-elle se faire pardonner ? Elle ne le pensait pas. Lui, le devait-il ? Certainement pas. La rancœur était légitime, le mensonge l'était, et la blonde croyait sincèrement qu'une belle relation pouvait renaître de ses cendres. Cela expliquait qu'elle ne semblait pas froide, sans pour autant faire preuve d'une passion amicale dont elle était sous simplement dénuée malgré sa force d'attachement trop grande à son goût. « La prochaine fois, j'investirai dans un cadeau pour ta fille, c'est mieux que des chocolats. » Comme cela était stupide et cliché : la fille qui pouvait poser des bombes, mais qui trouvait les gamins mignons. Cela n'avait aucun putain de sens, certes elle ne fondait pas en larmes devant un bébé, mais elle parvenait toujours à trouver cela beau à regarder. Elle savait, que cette situation était ridicule, mais elle ne pouvait pas faire autrement. Lorsque Skylar abandonna sa cause, elle devint Faith, celle qui ne fut la fille protégée, celle devant tout faire pour survivre. Faith gagna sa vie de bien des façons, pas toujours glorieuses, mais toujours en s'abandonnant à ce qu'elle faisait pour s'en sortir, pour préserver cette image parfaite, pour éprouver le plaisir dégoûtant de se glisser dans une robe de marque pour obtenir plus d'argent et mettre à terre ceux qui tentaient de cause sa perte et celle de ceux dont elle ne pouvait que s’éprendre. Faith était désormais libre financièrement, simplement parce que son mentor fut sa plus belle arnaque, rien de bien glorieux que de tuer et de voler par la même occasion. Cesare n'avait pas une vie glorieuse, et cela, pourrait presque être le destin tellement cela rapprochait les deux individus. Ni l'un ni l'autre n'avait demandé à finir à genoux, mais tandis qu'elle avait embrasé l'étincelle de la haine humaine, lui, avait d'abord cotoyé les chasseurs pour finalement retourner sa veste. Tous deux, furent dénués d'espoir, chacun préférant embraser le camp de l’extrême, et cette amitié était-là, encore et toujours. Amitié, quel douceur amère que de chuchoter ce mot qui semblait fleurir à nouveau, malgré les obstacles et les tacles. Alors qu'elle le voyait, le manque d'Ezekiel semblait se faire moindre, comme une blessure qui viendrait connaître un repos éphémère. Aujourd'hui, il était venu le temps d'apaiser les mœurs, de fuir, une nouvelle fois, pour quelques heures.
Le rouge pur était celui faux, celui qui était pétillant, loin de celui qui portait les contrastes du sang, rien qu'un rouge, qui ne saurait se décrire. Un crépuscule sur la ville de son enfance, cela était sans doute le seul rouge dont elle parvenait à se souvenir, ce même rouge qui allait parfaitement à une fille blonde lorsqu'elle enfilait une robe pour un bal. Néanmoins la blonde plissa les yeux en dressant un doigt en la direction de Cesare. « Tu veux te reconvertir dans l'art ? Secteur plutôt intéressant. » Oui, l'idée qu'il pourrait tout simplement repeindre cette maison ne semblait même pas effleurer l'esprit de la mutante, qui passait outre cette possibilité sans honte. Que d'ironie, quand le frère de la demoiselle s'était reconverti dans cette branche, et que cela ne faisait que motiver la mutante à retourner d'où elle venait pour une période indéterminée. La blonde en vint bien vite à rompre un principe simple : on ne la touchait pas. Cela pouvait sembler stupide, mais elle détestait cela, qu'importait la forme, cela la rendait malade qu'une autre personne ne vienne poser ses mains sur elle. Psychologique, sans doute, un traumatisme enterré avec le reste de ses macabres souvenirs. Pour cette fois, elle voulait sentir Cesare dans ses bras, sentir qu'il respirait, qu'il était vivant et qu'il n'était pas un mirage, une hérésie de son esprit. La mutante ne se félicitait pas de sa vision de la réalité qui devenait obscure, mais elle venait à toujours se croire capable de réfléchir sur le vrai et le faux. Cette accolade, elle s'y accrocha désespérément, gardant un immense sourire jusqu'à ce qu'elle soit dans les bras de son ami qui avait visiblement plus de force qu'elle – surprenant. Elle comprima son épaule, déposant sa main, faisant pression pour profiter de l'instant alors que la demoiselle venait à laisser fondre son sourire en observant le vide, la détresse découper sa chair et venir exploser sa poitrine. Cette même ombre, venant traverser la pièce sous ses yeux, dans un mouvement bref, ce visage atrophié d'un homme assassiné, cette haine représentée. La demoiselle ne hurla pas à la peur, elle observa, incapable de venir se perdre dans l'instant. Il ne suffit que d'une fraction de seconde pour qu'elle récupère son sourire complice alors qu'il venait à nouveau à pouvoir épier ses traits. Le sujet tourna alors vers la fameuse « fille » du jeune homme. La dernière fois, il n'avait même pas le droit de pouvoir voir sa gamine, sa copine était loin et boudait – pour grossir le trait. La demoiselle hocha la tête d'un air moqueur, approuvant néanmoins. « Mon instinct maternel saute tellement aux yeux. Pendant que je fais ça, toi tu iras faire une sieste tant qu'on y est, le pauvre petit papa est fatigué. » Il fallait bien avouer qu'elle ne parvenait pas à dessiner cette image, de Cesare devant se lever en pleine nuit pour s'occuper d'un bébé. Faith ne se posait jamais la question, son corps ne pouvait physiquement pas supporter un enfant, la question était close et cela expliquait sans doute qu'elle ne parvenait pas à imaginer une vie de famille avec un bébé.
La revoir. La fille qu'elle était avant ? Faith ne se souvenait même plus de qui était cette gamine lorsqu'elle n'était pas avec Cesare. Le seul moment de vie, si elle ne comptait pas les moments avec sa triste mère dont le mensonge étouffait sa gorge. La question ne sembla pas encombrer les abysses de sa conscience, et elle préféra opter pour un sourire avec un léger rire qui venait s'échapper de ses lèvres. « Mon sarcasme est intemporel. » Longtemps, lui fut chuchoter que son don l'était, et non pas sa personne. Il fallait bien avouer, que ce trait de caractère s'était envolé lorsqu'elle s'était enfoncée dans l'univers de la victime volontaire, et elle avait renouée avec ce trait rapidement, car le naturel revient toujours plus fort qu'il ne le prétend. La demoiselle l'observa s'éloigner en écoutant sa proposition, en se remémorant les souvenirs : cette phrase fut destinée à ses parents durant des années, et désormais, Skylar se retrouvait à la place de l'invitée et non plus « la fille de ». Manger ? Venir lui proposer de la bouffe après une trop longue période à faire la grève de la fin pour éviter de se faire droguer par son frère, cela semblait presque un piège tellement c'était simple. La blonde ne pouvait pas vivre dans la paranoïa lorsqu'elle était avec Cesare, chose atrocement belle, mais également tellement conne. Elle se contenta de le suivre en croisant ses bras et en promenant son regard partout dans la pièce. « Si tu as du chocolat, du lait, et de la chantilly – car oui le troisième élément est obligatoire. Tu peux me faire un chocolat viennois, s'il te plaît. » Courbant légèrement ses genoux avec un sourire en coin alors qu'elle venait observer la maison, puis Cesare. Cela était tellement étrange, anormal, en réalité. La blonde préféra d'ailleurs attendre sa réponse, mais bien vite elle relança un nouveau sujet, plutôt que de laisser un terrible blanc : elle voulait parler de tout et de rien, mais surtout pas, de l'existentiel. « Tu sais, j'ai toujours su que tu serais celui qui aurait une petite vie paisible avant moi... » Affichant un petit sourire narquois en prenant une voix légèrement plus grave, plus bourgeoise. « Tellement de potentiel, il était évident que tu vivrais dans une villa, je présume que la piscine est toujours en construction et que la femme de ménage est absente. » Faith avait un désamour profond pour son milieu social d'origine, mais elle savait en rire, de bien des façons. La mutante abandonna néanmoins son ton pour venir s'appuyer contre le mur. « L'espoir n'est pas aussi rapidement réduit à néant que tu le disais. » Il était venu bourré – et malheureux – chez elle, elle pouvait donc se moquer de lui désormais.
Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Sam 29 Oct 2016 - 5:38
IT'S THE THINGS WE LOVE
THE MOST, THAT HURT US
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Il ne prétendait pas avoir trouvé là la recette du bonheur, Cesare. Il n’avait pas ouvert la porte sur Skylar, avec la volonté de lui dire tout ce qu’il avait récemment découvert, entre son séjour chez ses parents, son voyage à Paris, son passage à l’hôpital, et enfin la tranquillité acquise ici. Il savait bien que c’était un genre d’coup de bol, qui faisait qu’il pouvait être là, paisible, avec Clara, avec Isolde, dans c’genre de petite vie qui avait des allures stables et calmes. Et peut-être bien que tout ça pouvait s’envoler du jour au lendemain : le DeMaggio se sentait encore pris dans la tourmente d’une volonté qui n’était pas la sienne, mais bel et bien celle de son père. Il suffirait peut-être que Rafael n’retrouve sa trace, pour que les choses dégénèrent totalement encore une fois ; qu’Isolde et lui frôlent la destruction à nouveau, et qu’il perde toute place durement acquise au côté de sa fille. Et pourtant, c’était inenvisageable pour lui de penser comme ça, maintenant : il ne voulait pas voir son avenir de la sorte. Aimer Clara, il aurait pu jurer que ç’aurait dû être la chose la plus difficile de sa vie – partagé entre la crainte et son passif, cette génétique inscrite en lui par ses propres parents et la façon dont ils l’avaient élevé. Combien de fois avait-il dévisagé le ventre rond d’Isolde, en pensant que c’était une véritable malédiction qui s’imposait à lui, et à ce bébé qui n’avait rien demandé ? Il était un DeMaggio, et les géniteurs DeMaggio n’étaient pas faits pour aimer leurs enfants, de cette façon bienveillante et tendre que d’autres pouvaient connaître. Il y avait eu ça, et puis il y avait eu la chasse, la résultante de cette vie-là, les convictions qu’il s’était construites dans la tête – la promesse qu’il n’aurait jamais d’enfant sur qui faire retomber tout le poids de l’héritage qu’il avait subi pendant tant de temps. Et encore parfois, quand il pensait à l’avenir, c’était un genre d’effroi amer qui le gagnait : quel genre de père serait-il pour Clara s’il lui mentait sur toute sa vie ? Mais quel genre de père serait-il, s’il lui disait tout de son passé, avouait chacun de ses crimes, et la laissait vivre avec cette pensée-là dans un coin de sa tête ? Il avait du sang sur ses mains, ces mêmes mains qui l’enlaçaient quand elle pleurait, ces mêmes mains autour desquelles elle enserrait ses petits doigts à elle, quand elle s’endormait. C’était-… compliqué, et pourtant si aisé de bien des façons. Le jour après jour était facile, lui ; Cesare se découvrait une capacité grandissante à juste passer du temps avec Clara, à l’enlacer, à la bercer, à l’embrasser, à lui parler. Il se découvrait un genre de talent pour cette vie-là, la satisfaction d’être présent le soir, quand Isolde rentrait, et de pouvoir lui décrocher un baiser au coin des lèvres dès qu’elle arrivait. Cesare, il n’savait pas ce qui avait provoqué le déclic, dans sa tête et dans son cœur, pour que les choses soient comme ça, maintenant ; parfois, c’était c’qu’il s’disait aussi, quand il découvrait et redécouvrait combien il aimait Isolde, et combien c’était naturel, évident, et part de lui comme le sang qui coulait dans ses veines. Et dire qu’on l’avait élevé pour n’rien ressentir de toutes ces choses : si ses parents avaient un tant soit peu réussis la mission de déshumanisation qu’ils s’étaient fixés pour leurs progénitures, il serait bien loin de cette vie-là, avec Isolde, avec Clara, à si facilement pouvoir bondir pour serrer dans ses bras cette amie vieille comme la poussière de tous ses souvenirs.
Alors non, Cesare, il n’avait pas la recette miracle pour expliquer pourquoi et comment il était là ; à jouer les pères au foyer, à accueillir Skylar dans un décor qui semblait faire tâche avec eux deux. Ils étaient des habitués des allées sombres, avec un cadavre au sol, ou des appartements un peu lugubres, dévorés par le chagrin et la paranoïa. Voilà qu’ils parlaient de chocolats, de bébés, d’ces trucs qui franchissaient habituellement les lèvres des communs des mortels ; eux, avec leurs sourires, ils faisaient tâche – ouais, les choses pouvaient changer bien vite. « Ah, je sais pas, ça. » il ironisa, dans une légère grimace lorsqu’il fut question de faire un cadeau à Clara. Sans prétention, et peut-être était-ce parce qu’il n’avait jamais été d’un naturel matérialiste, force de son éducation dure et froide comme le fer, mais il pouvait aisément juger que Clara avait déjà tout ce dont elle avait besoin. Ou même tout ce dont elle pourrait avoir envie, au moins pour les prochaines années de sa vie. « Je crois bien que 95% des éléments de sa chambre sont des trucs inutilisés. Crois-moi, tes chocolats auront leur effet. » au moins sur Isolde. C’n’était pas un jugement acerbe, critique ou moqueur, mais bel et bien une évidence qu’il n’allait pas nier. Venir avec des chocolats, ou des donuts, ou encore mieux, des macarons plutôt bien copiés du modèle français, était un peu un des meilleurs moyens pour s’attirer la sympathie de la Saddler, quelles que soient les circonstances. A part quand on était un hunter, évidemment. Il espérait quand même, qu’au moins dans un coin de l’esprit d’Isolde, déjà, Skylar avait gagné quelques points : il avait parlé de son amie à plusieurs reprises, juste un nom, juste une mention dans le voile épais du silence qu’il continuait de conserver vis-à-vis de son passé. Et si Skylar était la seule trace de jadis à laquelle il aimait rester connecté, c’était bien pour une raison, évidente pour lui, et il l’espérait pour Isolde. Ouais, il n’allait pas mentir, si les deux jeunes femmes devaient se rencontrer, il n’serait pas contre le fait qu’elles s’entendent bien, se tolèrent au moins, ou fassent l’effort. Avaient-elles tant de choses différentes ? Isolde avait accepté son passif forcé de hunter à lui, alors pourquoi pas le sien à elle ? Et puis, elles avaient toutes les deux un caractère bien à elles, quelque-chose du genre ‘mon sarcasme est intemporel’, ouais, dans cette veine-là. Il avait eu tout le loisir de goûter aux talents sarcastiques de la Saddler quand elle lui avait balancé encore et encore des répliques cinglantes en pleine tête, quand ils avaient été en froid. Maintenant, c’était plus un commun-accord duquel ils s’amusaient, pour se provoquer, se séduire, s’amuser. Ça marchait aussi avec Skylar, tandis que les répliques fusaient à toute allure entre eux deux, arrachant un ricanement à Cesare ; « Ah ouais, et tu m’verrais dans quelle branche de l’art, au juste ? » après tout, il se cherchait une vocation, alors autant garder l’esprit ouvert. Mais il avait toujours été nul dans ce domaine, parfaitement et complètement nul, comme il l’avait si bien dit avec Isolde, et comme il avait si bien l’occasion de le remarquer, quand il la voyait dessiner, quand il l’entendait chanter, ou juste parce qu’elle avait cet aspect soigneux, humain, que lui il n’avait jamais développé. Il était le mathématicien et stratège froid qu’on avait éveillé et galvanisé en lui, plus qu’autre chose ; les dommages de leur autrefois, à Skylar et lui, ils n’disparaissaient pas comme ça, d’un claquement de doigt, d’une volonté du cœur à lui tout seul – c’était plus compliqué que ça, plus long, comme une vieille fracture qui n’guérirait peut-être jamais complètement. Il le savait, et elle le savait. Mais lui, il avait Clara, il avait Isolde ; et même s’ils n’avaient que trop peu gratté la surface de tout ce qui était bon et doux et réconfortant dans leurs vies, il espérait que Skylar avait quelqu’un, elle aussi. Qu’elle daigne lui en parler ou non, qu’elle veuille le laisser lui entrer dans c’monde ou non – il espérait juste que parfois, elle trouvait ce havre de paix auprès de quelqu’un, ce bienfait infiniment chaud et vibrant qu’il avait éprouvé avec Isolde, même dans les heures les plus noires de sa vie. « Est-c’que c’est une proposition pour faire la baby-sitter n’importe quand, ça ? » enchaina-t-il, avec un faux air suspicieux face aux répliques de la blonde ; il n’aurait aucun problème à lui faire confiance, à aller se coucher pendant qu’elle s’occupait de Clara, mais faudrait avouer que ce serait quand même bizarre, comme façon de faire. Il n’était pas si fatigué que ça ; et malheureusement, c’était plus à cause de l’après-coup de sa trop longue visite à l’hôpital, plutôt qu’à cause de Clara. Elle faisait ses nuits, leur fille, maintenant, et c’était déjà une nouveauté, d’un bienfait fou.
A la cuisine, il offrit un air perplexe à la requête de Skylar ; il n’pensait pas, quand il lui proposerait quelque-chose à boire, qu’elle lui demanderait un truc aussi sophistiqué qu’un chocolat viennois, qu’il serait mille fois capable de rater. Alors dans un rictus un peu sardonique, un peu provocateur, il vaqua entre le placard, le frigo, ramenant une tasse, le chocolat, le lait et la chantilly, pour tout déposer devant la blonde. « Tu peux toujours me montrer. » fallait bien admettre que lui, ayant toujours bu du café aussi loin qu’il s’en souvenait, mieux valait pour qu’elle déguste au mieux ce fameux chocolat tant désiré, qu’elle fasse selon sa propre méthode. « Tu sais que si j’le fais, tu vas boire du lait caillé, avec de la chantilly fondue, et du chocolat tout aggloméré. » même avec juste de la poudre de lait et de l’eau, il avait réussi à planter bien des biberons pour Clara : parfois, quand la petite pleurait à pleins poumons sans s’arrêter, et qu’il fallait faire vite – eh bah au début, ç’avait été plus désastreux qu’autre chose. Tu sais, j'ai toujours su que tu serais celui qui aurait une petite vie paisible avant moi... La confession le fit ciller ; lui, il aurait juré que ce serait une vie qu’elle pourrait connaître, bien avant qu’il n’effleure tout ça du bout des doigts. De bien des façons, ils avaient toujours été pareils – et même pour ça ; incapables d’croire qu’ils pouvaient le mériter, eux, d’une quelconque façon, pour quelque raison que ce soit. Il en reconnut même son propre sarcasme dans les mots suivants de la jeune femme : il s’était bien moqué du champagne hors de prix d’Isolde, parce qu’il haïssait tout ce qui était relatif à ça – ce genre de richesse nauséabonde qui lui rappelait des individus comme son père. Il s’en fichait, du champagne hors de prix, de la femme de ménage ou d’une villa et elle le savait très bien ; il avait trop traversé, trop enduré, trop essuyé pour s’attarder sur ces détails-là. Ouais, fallait croire que leurs vies à eux, alors même qu’ils avaient grandi dans de grandes baraques et entourés de gens cons et pompeux, avait été un genre de leçon d’humilité qui leur collait à la peau. C’genre de décadence de l’esprit, d’haine contre soi-même, qui les poussait si aisément au désespoir ; ç’avait été son cas à lui, quand il était venu chez elle, qu’il avait tout perdu, et qu’il s’était senti, au plus profond de lui-même, incapable de récupérer quoique ce soit. Ou même de le mériter. Oui, le Cesare de quelques mois plus tôt, qui s’était retrouvé devant la porte de l’appartement de Skylar, n’aurait jamais cru avoir le droit de vivre l’existence qu’il avait aujourd’hui – pourtant si simple, sans femme de ménage, sans villa exubérante, sans conneries de c’genre. « Ouais. Y’a eu pas mal de trucs à passer, pour en arriver là. » se dut-il quand même d’admettre à Skylar, parce que ça venait naturellement chez lui quand il était question d’elle ; les confessions qu’il ne ferait à personne d’autre. Y’avait même des choses qu’il avait faites, après la mort de sa sœur, dont il n’avait pas parlé à Isolde – par honte, parce que c’n’était pas important – ç’avait juste été vain et sanglant. Des choses que Skylar pourrait comprendre, parce qu’ils touchaient le fond de la même manière, quand ils touchaient le fond. « Alors. Pourquoi t’es là, Skylar ? » qu’il demanda enfin, s’asseyant pas très loin d’elle, l’observant. C’n’était pas là une offensive, une attaque pour rétorquer à son entrée à elle dans cette intimité bien à lui. C’était leur façon de parler, franche et directe d’une certaine façon ; et loin d’être dénuée de toute préoccupation, malgré tout. C’était une façon de dire qu’elle pouvait parler, lui parler, qu’il n’était pas con, les visites de courtoisie, ça n’se faisait pas dans leurs vies à eux. Mais que c’n’était pas parce qu’il était là, dans sa petite vie paisible qu’elle n’y avait pas sa place. Il avait eu besoin d’elle, ce soir-là, après la mort d’Aria, quand il était venu à sa porte et elle avait été là. Alors si elle avait besoin de lui, il était là ; point barre.
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Dim 30 Oct 2016 - 14:17
And just keep diving down the hole
De quoi un enfant avait besoin, lorsqu'il n'avait rien de mieux à faire que de rire et pleurer ? Skylar n'avait pas la réponse à cette question, et lorsqu'elle creusait das les tréfonds de son passé, elle en venait se demander ce que fut réellement son enfance en comparaison de celle d'un autre. Cesare était un mauvais exemple, parce que trop similaire, même si Sky' pouvait se vanter d'avoir été la seconde et non pas la première, elle ne porta pas le poids de l'enfant prodige de type mâle comme aimait le vendre l'idée de la force classique. Elle imaginait difficilement, sa vie, son quotidien. Elle essayait, parfois, s’entêtant à le faire, à se demander si Lucifer effleurait la terre trop peu souvent pour traîner dans son calvaire toutes les âmes blessées. Avait-il continué à traîner avec lui, les habitudes de son enfance ou tout simplement avait-il souhaité poursuivre quelques passions. Tout cela sonnait comme un écho, loin et inaccessible pour tous ceux qui tentaient de l'attraper. A force de fuir le temps, il finissait par se retourner contre ceux qui se croyaient au dessus de lui. Peut-être qu'il avait un objet prétendu « inutilisé » à sa fille, par amour ou tout simplement parce que tout le monde avait des vices inavoués imbibés dans des clichés et des fausses croyances. Même elle, et ce qu'elle avait gardé de son enfance, était désormais ailleurs, loin de ses poignets et de sa peur profonde d'exister pour quelqu'un. Cela la fit donc doucement sourire, lorsqu'il évoqua le fait que ses chocolats auraient leur effet. Sur qui ? Sur le fait que Cesare serait forcé d'en manger un et qu'il irait faire du sport pour le perdre ? Tandis qu'elle, elle récupérait lentement ses derniers kilos évanouis. « J'allais pas venir les mains vides dans tous les cas. » Elle fut éduquée comme ça : il fallait toujours apporter un cadeau lorsqu'il s'agissait d'une invitation. La question réelle, était de savoir si le cadeau serait le fruit empoisonné, ou s'il avait pour sincère objectif d'offrir un élan d'affection. Sans doute que seul pour Cesare – et Ezekiel fut un temps – aurait grâce à ses yeux sur le plan des conventions de politesse.
L'art. Une chose qu'elle ne comprenait pas, et qu'elle ne pourrait jamais saisir. Sky' avait développé un amour incertain pour la photographie, sans raison, mais simplement par besoin maladif de s'accrocher au présent, à l'instant, et de se dire que même si demain était pire, elle supportait cela avec un sourire comblé, parce qu'il fut toujours question de mentir pour survivre. Les seuls arts qui avaient trouvé grâce à ses yeux furent le cinéma, qui tomba dans son estime après une attaque lors d'une projection, ainsi que la danse, qui fut sans doute le seul souvenir d'activité physique de son enfance qui lui tenait à cœur. Elle laissa échapper un rire moqueur face à sa question, mimant une réflexion en se pinçant les lèvres et en croisant les bras. « Modèle, les mecs torse-nu qui prennent la pose. » Oui, ce n'était pas réellement de l'art, mais elle imaginait avec une certaine lueur dans le regard, son ami en train de poser durant des heures et de se faire épier par un groupe de septuagénaire en manque d'amour. Il était vrai, qu'il ne fut jamais un modèle en matière de fibre artistique, sans doute qu'elle non plus, mais sa mère lui avait accordé au moins cela : le droit d'y croire, même lorsqu'il était question de chanter seule dans sa salle de bain. Le droit d'y croire, lui, il ne l'avait jamais perdu. Sa fille, en étant la preuve. Cela n'avait rien de surprenant, qu'il gagne le droit de vivre après avoir donné plus que le nécessaire pour se sortir de bien des galères. Le mot baby-sitter fit tiquer Faith, lui lançant un regard en coin, avec cette étrange sensation de passer pour une adolescente de 15 ans qui voudrait se faire un peu d'argent pour payer une bouteille d'alcool. Dans le fond, cela pourrait en être une, mais elle lui mentirait sans doute, sur l'avenir qu'elle pensait arriver. Elle allait traquer son frère, et pour cela, elle allait devoir repartir pour Détroit, elle le savait, le devait, le pouvait, et ne serait sans doute dans le sud du pays que la moitié de son temps. Se fier à des contacts à distance était une idée foireuse, elle devait faire le déplacement, et pas une fois par mois. « C'est une hypothèse monsieur, si cela avait été une proposition j'aurais négocié un salaire. » Se faire payer par Cesare ? Cela semblait totalement impossible, mais mieux valait ne pas s'élancer dans des sujets qui seraient trop douloureux.
Bien sûr, lui demandé un thé aurait été plus simple, mais cela semblait plus intéressant de profiter de l'instant pour s'offrir un plaisir coupable et d'assister au talent de son ami pour la cuisine… étant donné son regard cela n'arriverait probablement jamais. Il installa finalement les ingrédients face à la demoiselle qui l'observait avec un rictus, et il l'invita à se servir d'elle-même. Il fuyait d'une certaine manière, mais cela était plutôt drôle d'assister à l'abandon de monsieur DeMaggio face à un vulgaire chocolat chaud viennois. La description qu'il proposa, était ragoutante à souhait et motiva la demoiselle à faire cela selon sa manière. « Laisse faire la pro. J'ai été serveuse trop de fois pour prendre le risque de me faire intoxiquer avec un chocolat chaud viennois. » La blonde attrapa la tasse en observant Cesare. Il semblait tellement différent, de la dernière fois. Il avait surpassé la mort d'Aria, ou alors il l'occultait, difficile à dire. Saisissant le chocolat pour en mettre au fond de la tasse, elle abandonna son ami du regard totalement, prenant soin de doser, comme des réflexes qui n'étaient jamais tombés, comme des manières, qui avaient survécu des années durant. Cela ne fut pas glorieux de fuir, mais les métiers du bar furent bien plus agréables que nombreux autres exercices que la jeune femme pratiqua avec la conviction de la nécessité de le faire pour fuir. Le lait tombant dans la tasse, elle se concentrait presque plus sur ses mains, évitant les gestes brusques, de peur de trembler, de perdre la face, que ces talons et ce maquillages deviennent obsolètes au point de révéler les deux derniers mois. Cherchant le micro-onde du regard en prenant soin d'avoir l'approbation de Cesare, pour poursuivre sa conversation, deux minutes durant. Pour parler de lui, de sa vie, pas de la sienne, parce qu'elle ne savait pas parler d'elle avec sincérité. Mais sans doute, qu'il n'était pas bête, qu'il se doutait, ou même qu'il savait déjà bien plus que Sky' ne pourrait le croire. Quelle belle amitié, de toujours se demander ce que l'autre savait, mais mieux encore : ce que l'un avait la force de dire à l'autre sans mentir. Cela amusa donc la demoiselle à sa remarque sur le temps, les épreuves plutôt, qu'une seule âme devait supporter pour atteindre un bonheur inespéré. La mutante ne voyait pas le bonheur comme un but, mais simplement une idée, et elle n'y croyait pas pour elle-même, simplement pour les autres. Elle récupéra à cet instant son chocolat chaud, laissant couler la chantilly par dessus pour venir s'approcher à nouveau avec un sourire conquis en coin. Il fallait peu, pour rendre Faith heureuse, elle ne le savait juste pas, ironiquement. Alors, la question tomba : la raison de sa venue, la vraie, et non pas un honteux semi-mensonge disant qu'elle avait du temps pour ça.
La demoiselle fixa quelques secondes sa boisson avec un sourire idiot, pour finalement redresser le regard vers le vide, avec cette même ombre qui paraissait, cette illusion du passé, un démon vaincus, qui revenait lorsqu'elle n'avait d'autre choix que de le laisser entrer de par son incapacité à lutter avec ce qu'elle était et ce qu'elle pensait être. Avalant difficilement sa salive, pourtant, c'était un regard plein d'auto-dérision, qui venait épouser ses joues, alors qu'elle plongeait son regard sur son seul ami, sans doute le seul qui avait cette place qu'il la comprendrait. « Parce que, je voulais entendre une voix chaleureuse. Peut-être tout simplement parler, croiser un regard connu amical, chose qui doit remonter à deux mois maintenant. J'crois, que j'avais besoin de me persuader, que tu étais toujours là, que tout ce que je voyais était réel. » La mutante tentait d'en rire, mais cela semblait impossible dans sa voix, tremblante, mais fière toujours avec cette allure qu'elle ne parvenait pas à épouser parfaitement lorsqu'elle était avec lui. « La première nouvelle, est que mon père baisait pas seulement ma mère, chose triste pour un mec qui vantait la religion catholique. Et que j'ai donc une demi-sœur, Diana. Je le sais depuis longtemps... » Faith sembla incapable de continuer, sans qu'aucune tristesse ne monte dans sa voix, elle laissa échapper un rictus en coin, en réalisant qu'elle fuyait le vrai problème, celui qu'elle n'osait pas lui dire. Elle avait peur, elle avait non pas peur de ses fantômes, mais d'elle-même et de ce qu'elle serait capable de faire si la folie venait encore ronger sa chair. « Mon frère n'est pas mort dans l'incendie avec mes parents. Joachim a survécu, ce putain de drogué de merde a survécu. Parce que putain c'est trop demandé aux gens dans cette famille de crever, moi la première. » Elle porta une main dans ses cheveux dans une respiration calme, en venant se souvenir des deux derniers mois, de ce mois et demi à compter les jours dans une pièce blanche. « Tu connais la torture blanche, Cesare ? Joachim, lui la connaissait, et cela résumait plutôt bien ma captivité lorsque qu'on ma déclaré morte même si j'avais le mérite d'être shooté à l'époque. Joachim en a donc conclu que cela était ma place, durant le dernier mois et demi. Tout cela, en tortuant un innocent, un médecin, qui m'avait aidé par le passé. » La mutante rigola sincèrement de cette situation. Haussant les épaules. « Je suis là, parce que j'ai que toi, qui ne me regardera pas avec pitié. En fait, j'ai que toi. » Parce qu'Ezekiel n'était pas là, et lorsqu'il la reverrait cela ne serait pas pour lui dire des mots d'amour. Il était le seul qui parvenait à apaiser sa rage, à calmer ses peines. La tendance allait s'inverser, il deviendrait le fruit de sa colère. Pourquoi ne pas en parler à Cesare ? Parce que dans l'immédiat, elle devait simplement évacuer, prononcer à haute voix les événements, de manière incohérente. Elle ne pleurait pas, elle ne ressentait rien, un vide, qui s'était creusé, la rage ne parvenait même pas à combler, ce trou béant dans sa poitrine.
Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Jeu 5 Jan 2017 - 0:28
IT'S THE THINGS WE LOVE
THE MOST, THAT HURT US
- FAITH CUNNINGHAM & CESARE DEMAGGIO -
all the things that we've lost, breaking off comes at a cost. and know i miss this mistake. every word i try to choose, either way i'm gonna lose. can't take the ache from heartbreak. but as you walk away, you don't hear me say, where's the "good" in "goodbye"? ⓒthe script| no good in goodbyes.
Cesare, il existait au jour le jour ces derniers temps, sans savoir vraiment comment il faisait. Y’avait toujours quelque-chose d’anodin dans la vie des autres, qui réécrivait sa vision des choses à lui, ses assurances sur le monde. Il n’était plus un chasseur maintenant, plus dépendant de sa famille, de la bonne volonté de son père – des avantages qu’il aurait à offrir à la cause. Cesare, il avait sa vie désormais, sa vie à lui – un quotidien dans lequel il tâtonnait, parce qu’il n’savait pas encore quand est-c’que tout lui échapperait. Les promesses avaient irrémédiablement quelque-chose d’éphémère et de compliqué, à cause du reste du monde. Et Isolde et lui, après tant de bonheur gratuit, ils avaient frôlé la catastrophe : la mort, de laquelle il portait encore des stigmates bien fraiches. Le brun n’savait que trop bien alors, au combien son passé faisait partie de lui ; combien l’héritage de son patronyme, battait dans ses veines. Et dans celles de Clara. Comme une contamination, aurait-il dit, même encore aujourd’hui, alors que tous les jours, chaque regard vers sa fille lui rappelait au combien elle avait les cheveux bruns, les yeux noirs, la peau brunie si propre aux DeMaggio. Tant pis pour l’reste du monde, Cesare savait déjà que plus rien maintenant n’pourrait tromper Rafael, si les choses devaient tourner mal – trop mal. Parfois, pourtant, il avait la délicieuse impression d’enfin toucher l’idéal. D’autres fois, il pensait que c’n’était rien d’autre qu’une illusion, un souffle d’air à la surface des abysses d’un océan froid qui l’aspirerait, et dans lequel il entrainerait toute sa famille. D’autres fois, il craignait l’avenir plus qu’il n’en avait eu peur en vingt-sept ans. Et autant qu’il n’voulait pas se laisser prendre, paralyser par ces sensations traitresses et incontrôlables, peut-être bien que Skylar était de cette poignée d’individus à comprendre. Peut-être même, à savoir quoi faire. Etait-ce le moment d’enfin déposer les armes, d’abandonner, pour se vouer à cette nouvelle vie avec Isolde et avec Clara ? Ou avait-il besoin de quelqu’un pour le ramener sur terre, dans le réel impitoyable qui avait toujours été part de lui ? Peut-être qu’Isolde et leur fille, elles deux, elles seraient plus sauves sans lui dans leurs vies -… ouais, ces percées d’auto-flagellation, ces songes qui avaient des arômes de six mois plus tôt étaient toujours là, ravivées comme des braises lentes à mourir, à chaque fois que quelque-chose de trop compliqué frôlait leurs existences. C’était comme s’ils étaient une planète, sans atmosphère, sans rien, trop vulnérable, au milieu d’un champ d’astéroïdes tous plus gros les uns que les autres : combien d’temps avaient-ils avant d’entrer en brusque collision avec un autre obstacle ? Et si la fois prochaine, c’était juste la fin, arrivant sans crier gare, et réduisant tout en morceaux ? Il savait qu’Isolde le haïrait d’avoir encore ces pensées dans sa tête – ils en avaient parlé, parlé encore et encore, ils en étaient arrivés à s’disputer à cause de ça, s’ruiner l’un l’autre à cause de ça. Mais pour lui, c’était comme une responsabilité, rien qu’à lui. Il n’pouvait plus, encaisser l’idée d’avoir du sang sur les mains, d’voir quelqu’un de cher à son cœur, souffrant à cause de lui. Parce qu’il était un genre de cataclysme, un aimant à astéroïdes, et ce, jusque dans son sang, ses chairs, son patronyme, son passé, ses souvenirs. Un DeMaggio, qu’il le veuille ou non ; et si pendant tout un pan d’son histoire, ç’avait signifié qu’il devrait devenir un chasseur, et porter sur lui l’héritage des siens, aujourd’hui, Rafael jugerait plus volontiers qu’ça doive signifier une mort lente et douloureuse, pour toutes les trahisons qu’il avait commises à l’égard de c’qu’ils avaient été, autrefois.
Il était fort, en auto-flagellation, Cesare ; un genre de talent poli avec les années, les reproches, les faux pas qui n’avaient jamais été sans conséquence, les jugements, les attentes. Tout ce dont il n’avait pas envie d’parler, tout ce qui l’aurait poussé à espérer la fuite, un jour. Tout ce qui n’avait jamais reposé sur les épaules d’Aria non plus – parce qu’elle avait été une fille, la deuxième, la délaissée. Et certainement pas des choses qu’Isolde avait connu dans sa vie : non, elle, elle avait été aimée, choyée, idolâtrée par son père. Et pendant tout un temps, ç’avait été trop, trop pour lui, d’être perdant sur toute la ligne ; des mois et des mois à encaisser les échecs, ravaler les déceptions, essuyer les larmes d’Isolde, qu’il avait sues à cause de lui, à cause de sa famille, à cause de ce groupe d’individus meurtriers, auquel une part de lui serait toujours associée. Ouais, même maintenant, au quotidien baigné dans le bonheur paisible, la douceur des attentions guérisseuses d’Isolde, Cesare n’savait pas c’qu’elle pouvait bien voir en lui, pour ignorer toutes ces choses propres à l’homme qu’il avait été, celui qu’il avait été éduqué à devenir : chasseur, DeMaggio, Cesare lui-même. Toutes ces parts de son passé qui avaient irrémédiablement blessé Isolde, personnellement, directement. Evidemment, alors, que le bonheur semblait être si nouveau et surprenant pour lui. Aussi éphémère qu’un battement de cils ; il s’retrouvait encore à craindre qu’un jour, elle se réveille Isolde, comme d’un genre de torpeur, sorte pour reprendre contact avec l’Isolde qui lui avait tant reproché, et l’avait tant haï pendant des mois et des mois. Ç’avait été mérité, après tout. C’était comme marcher sur un fil, un équilibre précaire – qu’il s’était lui-même créé, sans doute – alors que l’indécision, l’inaltérable imprévisibilité du monde demeurait partout autour. Cesare, il s’découvrait ne pas aimer ça ; vivre, sans savoir c’qu’il y avait après : sa destinée, après tout, il l’avait toujours sue toute tracée auparavant, quand il avait été juste un chasseur, promis à être ça, encore et encore, jusqu’à c’qu’un dégénéré finisse par le tuer. La liberté, maintenant, offerte par quelques jours paisibles, presque coupé du monde, n’en était que plus difficile à vivre : Cesare tournait en rond, et quand c’n’était pas le cas, quand il était trop épuisé pour le faire, c’était ses pensées qui prenaient le relai, partant dans toutes les directions possibles et imaginables. Rarement, pourtant, vers la route sans encombre, le chemin évident où Isolde et lui seraient heureux sans aucune bosse dans les décennies à venir : Rafael était toujours là, dehors, bien vivant, avec son empire toujours intact, ses croyances inébranlables, son pouvoir étendu comme une toile d’araignée, là où il voulait. Et c’était rageant pour Cesare ; rageant comme une menace invisible, qu’on savait là, et qui avait toutes les cartes en main. Il en avait marre, lui, d’laisser les pleins pouvoirs à son patriarche – et pourtant, il n’arrivait plus à avoir la volonté d’prendre les armes, de rétorquer, de contre-attaquer. De faire quelque-chose, contre ça. Il n’aimait pas croire, Cesare, que ce soit l’traumatisme de ce qui lui était arrivé, qui le clouait comme ça entre les quatre murs de cette maison. Pourquoi serait-il traumatisé d’toute manière ? Il en avait encaissées des pires que ça, des blessures ; rien que quand il s’était retrouvé face à Andreas Kovalainen, attaqué de plein-fouet : ouais, pour cette fois, Cesare voulait bien croire qu’il n’était vraiment pas passé loin des mains assassines de la Faucheuse. Et c’était-… Il avait volontiers interrompu ses songes dans leur boucle pernicieuse, pour se concentrer sur Skylar ; oubliant Rafael, la chasse, la dangerosité du monde extérieur, là où il semblait s’arrêter, là où il pouvait volontiers être oublié : de l’autre côté de la porte. C’n’était pas dans ses habitudes, au DeMaggio, d’agir comme ça, d’penser comme ça, de laisser ses assurances s’effondrer sur elles-mêmes – où est-c’que ça allait s’arrêter ? – mais la visite de Skylar, était aussi inattendue que salvatrice. A croire qu’elle avait quelque-chose dans sa tête ou dans ses tripes, un genre d’alerte, qui lui permettait de toujours être là, dans les moments si compliqués à mettre à haute voix pour lui. Et elle comprenait toujours. Et d’toute manière, au-delà de juste comprendre, elle arrivait aussi à dénouer les nœuds du cerveau du brun ; il se plaisait, à se concentrer sur elle quand elle était dans les environs, encore de l’ordre du miracle. « Bien sûr, modèle de dessin. » il ricana sans détour à la proposition de la jeune femme ; y’avait des gens avec qui il était à l’aise, des regards qui ne semblaient pas lui brûler la peau, quand ils s’accrochaient trop intensément sur les stigmates de son passé. Probablement que dans des circonstances empressées, pour sauver sa peau, ou même d’une façon intime, parce qu’ils s’connaissaient depuis toujours, Cesare n’aurait aucun mal à faire tomber le tee-shirt devant Skylar. Et évidemment, il n’avait pas de problème avec Isolde non plus. C’n’était pas pour autant qu’il se complaisait dans l’idée d’avoir n’importe qui, scrutant avec intensité l’omniprésence de cicatrices diverses et variées – parfois moches – partout où des iris étrangères pouvaient se poser.
Maintenant, il avait deux belles traces d’entaille à ajouter à celles-ci – ça semblait être sans fin, un peu comme toutes les épreuves, tous les obstacles qui l’avaient tant épuisé, et n’avaient que trop débordé sur les autres. Ces cicatrices, ouais, elles n’étaient pas que des cicatrices : des témoins de c’qu’il avait enduré, ce qui s’était trop souvent fini dans le sang ou l’approche étouffante d’une mort glacée. Y’avait eu un temps, où chaque estafilade aurait été un trophée. Maintenant, c’était juste un rappel d’son passé, du fait qu’il était toujours, toujours là. Clairement, indéniablement, y’avait bien qu’avec Isolde qu’il n’les voyait plus, n’les sentait plus, n’y pensait plus : elle avait les siennes, aussi, celles faites par Rafael lui-même, celles faites par ce connard qui l’avait enlevée, celle faite par cette fameuse balle qu’elle s’était prise dans la jambe, alors qu’elle avait été enceinte de Clara. Y’avait aussi encore quelques traces, à la jointure de ses doigts, de quand elle avait brisé ce verre entre ses mains à cause de lui, et qu’elle s’était retrouvé avec plein de petits morceaux fichés sous sa peau. Il s’en sortait bien, alors, dans tout ça, si tout c’qui pouvait être problématique pour cet après-midi, ce soit qu’il n’sache pas faire de chocolat viennois pour Skylar : une erreur de parcours qu’elle serait prête à lui pardonner, il n’en doutait pas. La voir faire, après tout, diffusait en lui ce sentiment qu’elle devait parfaitement ressentir, là maintenant : un genre de baume réparateur, à l’observer faire quelque-chose de normal, de juste humainement faisable et des gestes accomplis par n’importe qui dans c’monde, parce qu’ils étaient toujours ça. Juste des gens. Des gens qui avaient eu une vie de merde, et en gardaient encore l’empreinte collée à la peau. Cesare ne sut pas vraiment, au moment de lâcher la vraie question, s’il avait bien fait, ou s’il méritait juste une baffe pour avoir parlé si vite, alors qu’ils auraient pu être si bien encore, dans le monde des faux-semblants et des rondes-jambes. Ils n’y avaient que si rarement été, ensemble, depuis qu’ils se connaissaient. Leur monde, c’était le vrai, le brut, l’insatiable qui leur bouffait l’âme, et à voir la joie facile d’un instant plus tôt s’envoler insidieusement, le DeMaggio regretta déjà ses paroles. Mais Skylar avait déjà commencé à parler, et malgré les remords, il se força à l’observer, plutôt qu’à fixer le vide comme un éternel fuyard. « Tu avais besoin de te persuader que j’étais toujours là ? C’est pas moi qui m’suis fait passer pour mort pendant sept ans. » il ne put retenir, dans un ricanement fait pour détendre l’atmosphère, sans réelle animosité ni reproche. Evidemment qu’il n’lui reprochait rien : mais c’était lui qui, souvent, entre leurs premières retrouvailles et leur second tête à tête, s’était demandé s’il n’avait pas halluciné sa Skylar, revenue à la vie, parce qu’il avait eu besoin de ça. Comme quoi, l’idée du téléphone n’était pas si mauvaise : au moins, ils avaient désormais un moyen facile de s’retrouver, quoiqu’il en soit. Et tout c’qu’ils avaient en commun, n’semblait pas s’arrêter, c’est ce qu’il se dit en écoutant la suite du récit de la blonde, un rictus sardonique venant sur ses lèvres. Lui aussi, il avait une demi-sœur… et pour des raisons complètement absurdes, il la détestait. Et pour d’autres raisons, trop réelles, il lui devait déjà la vie, le fait d’être là, pour Skylar, pour Isolde. Ou même pour Clara. Une révélation inutile, se dit-il, pour ne pas répliquer, alors qu’il n’sentait que trop bien le changement dans l’atmosphère, l’air qui se tendait : patiemment, en observant sa vis-à-vis, il attendit qu’elle lâche les révélations juste au bord de ses lèvres, celles qui semblaient peser comme le plomb. Il ne fut pas déçu, serrant les dents dès que le nom du frère de la jeune femme vint flotter dans la conversation : s’il s’était toujours entendu avec Skylar, c’était une autre histoire avec son frère. Alors rien que par orgueil, rien qu’en souvenir du bon vieux temps, c’n’était pas une bonne nouvelle. Mais à entendre la suite du récit, le mauvais devint pire, les masques tombèrent et les illusions s’effritèrent. Sa sœur à lui était morte, alors qu’il l’aurait voulue vivante, où que ce soit, dans quelques conditions que ce soit ; son frère à elle était vivant, alors qu’elle l’aurait voulu mort. Quel désagréable déséquilibre entre eux deux ; Cesare abdiqua, cillant pour enfin baisser les yeux. « Et qu’est-c’qu’il te veut, ton frère, exactement ? » il demanda d’abord, d’un pragmatisme froid, comme s’il avait besoin de temps pour laisser le reste couler sous sa peau, cette réalité-là, bien plus désagréable, venir jusqu’à lui. Un mois et demi. Il savait ouais, c’que c’était que la torture blanche – ses parents excellaient dans le domaine, comme dans le reste ; et au moment de s’demander, s’demander ce qu’ils avaient pu faire à Aria, évidement qu’il avait pensé à ça, en plus du reste. Elle n’avait pas eu beaucoup de plaies sur le corps, elle n’avait pas été déformée par la douleur ou les blessures, quand il l’avait retrouvée, après tout. « J’suis désolé. » lâcha-t-il après un instant, rattrapé par cette même réalité, qui revenait toujours à lui : parfois, il nageait dans tout un océan d’indifférence et d’ignorance, qui semblait toujours causer des dommages. Ç’avait été comme avec Gabriela – alors qu’il avait si volontiers fui Radcliff, cherché la salvation d’un repos plus ou moins long avec Isolde à l’autre bout du monde, sa meilleure amie avait vécu trop de choses pour en parler, comme ça. Aria, Anthea, Gabriela, Skylar, ça n’s’arrêtait pas. « J’ai-… pas vraiment revu ton frère, ou ta famille, depuis… » sa phrase, il la finit par un haussement d’épaules. « De quoi t’as besoin ? » demanda-t-il après quelques instants de silence, observant Skylar. Il n’disait pas ça comme une dette, comme s’il savait que sa meilleure amie n’venait que si elle avait besoin de lui, comme une critique – évidemment, non. Il voulait aider, s’il le pouvait. Elle l’avait aidé, lui, souvent. Ils s’étaient aidés l’un l’autre, malgré les sept longues années qu’ils avaient passés trop loin l’un de l’autre.
Spoiler:
désolée pour l'attente honteuse et le rp tout caca
Faith Cunningham
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Sam 7 Jan 2017 - 18:35
And just keep diving down the hole
Le contre exemple, banal, était toujours cette personne tirée d'une enfance sombre. D'un passé oublié. D'une vie recluse. Le contre exemple que tout le monde sortait bêtement. Skylar était une personne profondément infidèle. Trahison envers son sang, sa chair et ceux qui furent sa vie durant de nombreux mois, des années entières à vivre loin de la misère mais dans la souffrance perpétuelle du mensonge de son être. Cela ne fut guère mieux par la suite, puisqu'elle en vint à tromper ce qu'elle fut longtemps comme l'image : la cause. Quelle idée de donner un nom aussi ridiculement généraliste à une idéologie terroriste. Abandonner, toujours et en boucle, parce que cela était plus fort qu'elle. La blonde pourrait même citer Octavia, une amie qui avait tout pour devenir la parfaite amie dans le crime, une sorte de charlie et ses drôles de dame, mais sans charlie et avec une dame de moins – et sans humour. La blonde n'était pas fidèle, elle était profondément infidèle et elle le savait depuis toujours. Pourtant, le contre exemple était son meilleur ami d'enfance. Cesare ne fut jamais remplacé, cela ne fut jamais envisagé ni même évoqué à l'idée de trouver une autre personne pour prendre sa place. Il avait toujours trouvé une place dans la mémoire de la demoiselle, de façon implicite, mais cela était la preuve que Faith n'était pas totalement fourbe : le contre exemple que tout le monde balançait en croyant que cela suffirait à justifier des actes fourbes et des saloperies. Elle était restée fidèle, mais il la pensait morte dans cette grande farce que fut sa vie. Morte selon ses parents, mais internée. Échappée de l'asile, et donc avec des fuites sur la véritable raison de sa disparition. Puis vint le terrorisme, l'incendie dans la maison de ses parents dont elle était la coupable présumée. Ce jour là, elle devint officieusement recherchée à Détroit, comme la cible à abattre. Cela n'arrivera jamais, et elle prendra la fuite loin de la ville la plus dangereuse des USA fut un temps : elle fut infidèle à ses origines, et tourna le dos à sa maison. Cette même maison, qu'elle allait devoir retrouver, et cela plus que pour une visite de quelques heures. Elle se demandait parfois, si elle était en droit de venir réclamer à Cesare de lui raconter sa vie, 7 longues années de sa vie dont elle ignorait presque tout. Ses amours, ses amis et ses emmerdes. Avait-il rencontré une meilleure amie aussi chiante que Skylar pouvait l'être ? Avait-il souffert dans sa vie en dehors de la chasse ? Qui était Cesare lorsqu'il n'endossait pas le rôle de chasseur devenu mutant ? La mutante posait des questions à sa conscience, mais elle ne parvenait pas à laisser échapper ces dernières. Elle ne pouvait pas réclamer le passé, cela était derrière elle. D'autant qu'elle espérait entendre qu'il avait vécu heureux, quelques beaux moments qui feraient qu'il décrocherait un sourire de ce visage triste, mais elle savait que cela était peine perdue. Les bons moments, étaient trop faibles pour résister à la noirceur du mal être qui grandissait dans la poitrine alors que les saloperies venaient à s’enchaîner de façon totalement aléatoire. La blonde préférait se taire, et espérer qu'elle finirait un jour par en savoir plus sur ces années dont elle fut recluse – et elle savait que cela était totalement sa faute. Aujourd'hui, il semblait heureux à sa façon. Le reste importait la blonde et sans doute que tenter de rattraper le temps perdu était une façon pitoyable de s'excuser de son absence. Cesare était toujours le reflet de cette même question : Faith était-elle une pale copie de Skylar, ou tout simplement un véritable changement qui risquait d'éloigner Cesare. Toutes ces questions, étaient sans réponses et elles viendraient avec le temps et nullement avec des conversations avec des cookies et une tasse de thé.
Modèle. Cesare n'avait pas à rougir de son physique, elle non plus, et elle espérait qu'il le savait. Une différence se faisait alors sentir, et qu'elle n'oserait jamais évoquer en ayant peur de venir passer pour un cliché vivant : son physique fut son atout, son gagne pain, ses ressources et elle ressentait une incapacité profonde à avoir honte. Elle n'en était pas fière, mais pas honteuse non plus. Une jolie fille, sans diplôme et avec des hunters au cul n'avait pas le luxe de pouvoir se passer de son seul et unique avantage qui se nommait « la beauté ». Qu'importait les couches de maquillage que cela demandait pour cacher ses blessures, elle s'était toujours évertuée à donner l'image d'une fille belle. Cela correspondait à sa personnalité et il ne fallait pas croire que cela était uniquement pour donner une image vis à vis des autres. Persuader les autres était une façon de se persuader elle-même. Pourtant, elle ne supportait plus d'entendre cette phrase « tu es belle ». Cela devenait maladif et entraînait un rejet parfois violent de sa personne lorsque cela venait d'un proche. Ezekiel était le seul à risquer de le prononcer, et il avait sans doute réalisé plus tard qu'elle le savait déjà. Il ne s'y risquerait plus, parce qu'il y avait 9 chance sur 10 pour que sa prochaine rencontre avec ce dernier soit la dernière. Sans doute que pour Cesare, l'idée d'user de son corps n'était pas envisageable. Cela ne lui correspondait pas d'ailleurs, elle le voyait mal en train de retirer son haut et de se mettre totalement nu sur une chaise en train de sourire simplement pour se faire peindre par la suite. Cette image était assez douce à imager, mais elle n'était pas celle que le brun laissait paraître. Faith écarta alors cette drôle d'image qui venait de lui glisser dans la tête, et préférait se diriger vers des sujets différents. Le sujet qui tomba, fut alors le plus mélodramatique possible : pourquoi elle était là. Faith ne pouvait pas jouer la froideur, mais s'écrouler ne lui ressemblait pas non plus – et elle ne saurait même pas comment faire. La réponse du brun, à la raison de sa visite, fut atrocement douce à entendre. Il disait vrai, mais il le disait sur un ton qui venait presque à enlever les reproches et à apaiser son absence longue et laborieuse. « Je joue super bien la morte franchement, je devrais recevoir un oscar pour la durée du rôle. » Parce qu'il fallait continuer sur le ton de l'humour et peut-être oublier. Elle ne savait pas trop s'il fallait oublier, ou simplement avancer.
La vérité fut prononcée, sans parvenir à sombrer dans un réel chagrin ni dans une colère profonde. La blonde balança cela, parce qu'elle avait besoin de lui en parler, à lui et pas à un autre. Certainement pas, à un autre. Skylar fut toujours proche de son frère, qu'elle affectionnait à l'époque. Elle ne fut jamais apte à admettre les défauts de ces derniers à l'époque, mais elle avait assez de mémoire pour se souvenir que Cesare ne l'avait jamais porté dans son coeur. Joachim ne supportait pas qu'un mec puisse approche sa sœur, toucher sa sœur, dormir avec sa sœur ou simplement faire une bise à sa sœur. La question de Cesare fut donc froide, sans réelle délicatesse et portant un poids lourd sur le corps de la demoiselle. La distinction entre le vrai et le faux allait devenir complexe à expliquer et sans doute que demander à son meilleur ami d'enfance de la croire aveuglément était un risque, mais elle allait s'y rester ne sachant pas quoi lui dire. Cesare n'était pas bête et ne l'avait jamais été, et elle voyait en lui de la bonté – sinon elle ne serait pas là. Haussant les sourcils en laissant échapper un rictus en coin en baissant légèrement la tête, la relevant rapidement : parce qu'elle n'avait pas honte. Elle avait honte de l’événement survenu, mais pas de son passé lorsqu'elle habitait à Détroit. Ce fut néanmoins des excuses qui furent prononcées de la bouche de son ami. Penchant légèrement la tête avec un petit sourire narquois. « J'suis vivante, c'est cool déjà, j'vais pouvoir le tuer. Faut pas s'excuser, tu réagis normalement, je crois, en fait ma vie sociale se limite à toi donc difficile de comparer. » Cela sonnait comme un humour noir, mais cela la faisait sincèrement sourire, de relativiser sur les événements. Cesare pouvait comprendre sans parler, il avait les mots au bon moment. La blonde avait besoin de discuter, mais pas de finir chez un psy. Elle n'avait pas besoin de ses excuses, mais peut-être qu'elle réalisait que sa vérité était un mensonge. Elle répétait depuis toujours : je ne veux pas que l'on s'excuse à mon égard. Cette vérité, venait peut-être à s'ébranler au fil du temps, mais ce n'était nullement Cesare dont elle attendait la demande d'un pardon. La suite de la conversation devint à la fois drôle, gênante et pittoresque. Il avait un comportement naturel, venant proposer son aide. La blonde avala une gorgée de son chocolat chaud avec un sourire moqueur sur les lèvres en tenant la tasse de ses deux mains pour réchauffer ses doigts. « Bah j'comprends pas. Tu avais pas envie de faire un bingo avec mes oncles et mes tantes ? Tu me déçois franchement. » Après tout, il ne devait rien à sa famille. Les parents se fréquentaient, une fois ceux de Skylar dans la tombe : il n'avait aucune raison de revenir sur une famille décimée de façon tragique.« Joachim, veut se venger. Parce que l'incendie qui a tué mes parents n'était pas un accident, et qu'à ses yeux je suis la coupable. Tout le monde le croit, personne ne le dit, mais ma cote de popularité à Détroit n'est pas fabuleuse : incendiaire, meurtrière, terroriste. Alors c'est une vengeance. Une question d'honneur aussi, parce que je suis mutante et que forcément ma place est dans une cage, créature impure que je suis alors qu'il a survécu à l'incendie grâce à sa mutation. Monsieur n'est pas content, il veut se venger et me faire souffrir, bref un scénario hollywoodien presque. » La mutante déposa finalement la tasse sur le bar en affichant un petit sourire. « Donc là, j'ai besoin d'un ami. J'ai pas besoin d'un plan pour le traquer, le tuer ou tout simplement le faire partir. J'ai le temps pour ça. J'ai envie de savoir comment tu vas. Tu te rends compte ? Moi je suis une pouf mutante avec des problèmes. Mais toi, tu es un papa mutant avec des problèmes. » Affichant un rictus en coin. « La dernière fois, tu étais malheureux, j'aimerais savoir comment tu vas maintenant. » Elle se souvenait encore de sa venue dans son appartement : la révélation sur les bombes, le nom d'Isolde prononcé dans la conversation. Néanmoins ce fut une chose plus idiote qu'elle vint à retenir : qu'il allait être papa. Cela pouvait surprendre, mais Faith adorait les bébés et elle fut nourrice à plusieurs reprises pour s'en sortir. Toute l'histoire avec Joachim n'était qu'une excuse minable pour venir le voir, prendre de ses nouvelles et oublier quelques heures que dehors le monde était merdique.
moi j'ai adoré ta réponse tu peux prendre le temps que tu veux tu sais bien que je ne vais jamais venir t'engueuler pour le temps d'attente... bon par contre je réponds vite, sorry
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Sam 14 Jan 2017 - 4:49
IT'S THE THINGS WE LOVE
THE MOST, THAT HURT US
- FAITH CUNNINGHAM & CESARE DEMAGGIO -
all the things that we've lost, breaking off comes at a cost. and know i miss this mistake. every word i try to choose, either way i'm gonna lose. can't take the ache from heartbreak. but as you walk away, you don't hear me say, where's the "good" in "goodbye"? ⓒthe script| no good in goodbyes.
Revoir Skylar, l’avoir, là, accrochée à son champ de vision, avait parfois l’allure d’une chimère sortie tout droit d’une utopie qu’il n’avait osé former dans son crâne. Cesare n’était pas fait pour être un idéaliste qui vivait d’espoirs, de croyances surdimensionnées en l’avenir : pour ces derniers mois, l’expérience lui prouvait surtout que l’avenir avait toujours été incertain. Il l’était encore aujourd’hui, ironiquement : c’qui l’avait sauvé et amené jusqu’ici pouvait tout autant l’condamner à nouveau et le faire sombrer encore plus bas que le fond qu’il avait eu l’impression de gratter, gratter avec ses ongles nus. Peut-être bien qu’il avait retrouvé Skylar pour mieux la perdre : y’aurait presque une cruauté dans ses songes qui pousserait le DeMaggio à penser comme ça. Il avait sauvé Aria pour mieux échouer une poignée de mois plus tard. Il avait fait des promesses à Gabriela pour mieux échouer, quand elle avait eu besoin de lui. S’il devait s’concentrer sur ça, il ne serait pas là, le brun – il serait en pleine fuite, d’peur encore de toucher sa fille pour mieux la voir s’envoler à ses yeux, s’évader de son atteinte quelle qu’elle soit, et disparaître complètement. Il aurait la trouille d’aimer à nouveau Isolde comme ça, intensément et sans honte, traçant à nouveau cette grosse cible sur son cœur, pour son père ou toutes les personnes qui pourraient vouloir s’en prendre à lui. Le défaitiste s’dirait qu’il tenait à trop de personnes, maintenant, paradoxalement ; un sort qu’on n’aurait jamais pu lui prédire quelques mois plus tôt, quand il avait été plus seul que jamais. La vie avait cette façon d’être une vraie succession de montagnes russes : Cesare, il n’pouvait s’empêcher d’avoir une peur froide lovée dans ses entrailles, à s’demander quand ça s’arrêterait – quand, à ce haut si haut, succéderait un bas si bas ? C’était c’que l’expérience lui avait appris, à de trop nombreuses reprises, à force de désillusions et de déceptions : combien d’fois s’était-il senti abdiquer au fait qu’il était un DeMaggio, et qu’il n’échapperait jamais à ce sort ? Ouais, éprouver une liberté toute nouvelle avait quelque-chose de froidement terrifiant – il n’avait que trop souvent expérimenté l’fait qu’on la lui reprenne, si brusquement. C’était écrit dans ses veines, inscrit dans ses chairs, pouvait-il penser si facilement, à force de subir, d’être mis à terre, de se sentir s’effriter : et tout aussi souvent qu’il tournait en rond dans sa convalescence, tout autant qu’il se plaignait volontiers une fois Isolde rentrée, y’avait une part d’lui qui n’avait même plus envie de sortir d’entre les murs de cette maison. Une lâcheté, aurait-il dit – une lâcheté toute nouvelle, alors qu’il se complaisait parfaitement dans cet univers, presque trop rose, presque trop niaiseux, où il vivait la plupart de la journée juste avec Clara, avant qu’Isolde ne rentre, dans une routine où il avait pris ses marques, lui. Y’avait pas à chercher plus loin, à essayer de comprendre pourquoi les parents décents laissaient à leurs enfants l’opportunité de goûter à l’innocence, à la candeur, aux trucs stupides comme des histoires de princesses et de nuages vivants – c’était franchement mieux que la réalité.
Y’avait personne de mieux placé pour comprendre ça, à travers tout Radcliff, que Skylar elle-même. Personne pour le juger âprement comme ça, en quelques mots sardoniques qui cacheraient la triste réalité : une pause, c’était peut-être bien tout c’qu’ils méritaient, et pourtant, ces instants de contentement tout simple qu’ils n’avaient que trop rarement expérimenté. Peut-être bien que la blonde, en s’faisant passer pour morte, elle avait fini par se prendre au jeu, parce que ça lui avait enfin offert un genre de trêve : au moins quelque-chose loin des siens et de la toxicité qui avait empoisonné leur enfance. Cesare, à vrai dire, s’il pouvait apprendre qu’son père pensait avoir fini le boulot maintenant, il n’s’en porterait pas plus mal – bien au contraire : que Rafael reste avec sa nouvelle fille à qui il accordait tant d’égards, tant d’attentions, tant de gestes obséquieux. L’injustice lui remuait les entrailles, à lui, Cesare, et il espérait qu’où qu’elle soit, s’il devait y avoir un genre d’après la vie, Aria n’voie rien de tout ça. Pourtant, à l’entendre en parler comme ça, Skylar, de sa période si loin du monde, si loin de lui, morte soi-disant, il préférait ses théories, ses idées construites dans un coin de sa tête, presque pour effacer sa rancœur, que l’option d’poser les vraies questions. A quoi ça servirait ? Ils n’pouvaient pas réécrire l’histoire ; Cesare en avait chié sans elle dans sa vie, comme s’il avait manqué ce quelque-chose qu’il avait presque fini par considérer anodin dans son quotidien, mais qui avait toujours, toujours équilibré la balance de son esprit. N’était-ce pas son cas à elle ? Y’avait eu des histoires de mutants terroristes emmêlées aux réminiscences de la Cunningham, des lourds secrets qu’elle n’lui avait même pas dits à lui, des non-dits continuant de planer dans l’air, brillant au fond des prunelles de Faith comme des choses qu’elle n’voulait pas tourner et retourner. Le réalisme, alors, au-delà de tout sentiment égoïste et tenace, poussait le chasseur à juste faire table-rase, parce qu’y’avait de fortes probabilités qu’l’histoire de Faith, il n’aime pas particulièrement l’entendre, quoiqu’il en soit. « J’ai entendu dire que ces compétitions étaient truquées ou j’sais pas. » répondit-il simplement, alors, Cesare, le sourire étiré par un sarcasme évident. On n’donnait pas des trophées à des gens comme eux, de toute manière : et pour bien des choses qu’ils avaient faites, ils n’les méritaient pas, quoiqu’il en soit. Le brun, lui, il connaissait bien cette mentalité en cercle-vicieux, celle de compenser chaque petite victoire par le rappel de ses péchés et de ses erreurs. Un mal qui aurait pu tout ruiner dans sa vie : des opportunités qui s’étaient si évidemment présentées à lui quand Isolde et lui avaient eu cette chance à nouveau. Ce soir-là, quand il s’était retrouvé face à Clara pour la toute première fois. Le naturel revenait au galop, bien souvent, presque avec la voix de son père, parfois – c’n’était jamais fini, pas tant qu’il n’serait pas six pieds sous terre : c’était après tout comme ça que la mission d’un hunter se finissait. C’était comme ça que ça se passait chez les DeMaggio ; personne n’abandonnait la cause, et on finissait buté par un dégénéré pour faire survivre la haine hargneuse des prochains vis-à-vis de ceux-ci. Est-ce que Clara haïrait les transmutants, s’il devait mourir à cause de l’un d’eux, lui ? C’était surprenant pour Cesare, l’aisance avec laquelle la réponse était évidente : il n’voulait pas qu’elle devienne comme ça, qu’elle soit dévorée par la colère, la violence, la mort – qu’sa vie soit écrite de la sorte, comme la sienne à lui, comme celle d’Aria, comme celle de Skylar. Comme celle de trop de gens, en fin d’compte. Il voulait que tout c’dont il manquait aujourd’hui, fasse partie intégrante de la vie de sa fille : l’affection naturelle, un genre de confiance en la race humaine, une quiétude – des trucs plus pragmatiques aussi… de vraies études, un avenir défait d’incertitudes trop noires.
Ouais, mieux que jamais maintenant, Cesare pouvait comprendre ce qui avait motivé le père d’Isolde ; ce qui avait poussé ces derniers mots hors de ses lèvres, motivant la blonde à persévérer. Il n’avait pas la prétention de pouvoir parler pour lui – pas alors que la vie d’Isolde était marquée de l’empreinte sanglante de sa famille à lui depuis trop longtemps, lui causant perte après perte. Mais-… mais il comprenait, et il savait au fond d’ses entrailles, dans ses instincts, qu’pour Clara, il ferait pareil, sans l’ombre d’un doute. Et comme ça, c’était presque facile de relativiser ; facile d’oublier Rafael, ou Artur Kovalainen, ou Thaddeus Lancaster. Ou même ses alliés ; Cesare s’en découvrirait presque égoïste. Il haussa donc les sourcils, incapable de se retenir, aux mots de la jeune femme, et pourtant bien loin de vouloir juger. Il n’jugeait pas, non. Il n’pouvait pas prétendre non plus aimer le juste retour de la réalité brute, dégueulasse et sanglante à laquelle il avait été habituée ; celle dans laquelle vivaient encore trop de gens autour de lui. Dont sa meilleure amie. « Pour avoir expérimenté… tout un panel de relations sociales, j’tiens à te dire qu’on est pas du tout normaux. » tint-il à dire, Cesare, dans un ricanement, comme si c’était important, au milieu de toutes ces histoires de tuer ou être tué – ils n’avaient jamais été normaux, et c’était ça, le point central de leur vie malheureuse. Ça aussi, qui les rendait si bien l’un pour l’autre – y’avait des gens qui pouvaient être assez fous pour les aimer, envers et contre tout ; mais ils se comprenaient tous les deux, même dans les travers les moins glamour et romantiques de leur personnalité. Ça n’empêcha pas Cesare de détourner le regard à nouveau, cependant, à la fin du récit de Skylar, la question qu’elle eut : elle n’voulait pas parler de Joachim plus avant – pas maintenant, pas comme ça. Il n’pouvait pas dire que ça le dérangeait, lui : il se sentait revenir à ce soir-là, après avoir reçu le coup de fil de Gabriela, à osciller entre ce qu’il était juste de faire, et l’égoïsme qui le prenait souvent aux tripes. D’toute manière, il serait plus un handicap qu’autre chose, encore aujourd’hui, soi-disant encore en choc de sa presque mort d’il y a deux semaines, comme s’il n’avait pas déjà frôlé tout ça une bonne dizaine de fois, au moins. Au moins ; c’était ça le drame. Et à force, on en oubliait le temps, sa valeur – toutes les possibilités de la vie : les mots de la mutante le ramenèrent à ça, lui. Ouais, la dernière fois qu’elle l’avait vu, il avait été malheureux, au fond du trou. Et tellement de choses avaient changé : Cesare n’avait rien vu passer, il n’avait pas pensé à prendre son téléphone pour en parler avec elle – et peut-être même que sur le coup, elle n’en aurait rien eu à foutre, des Feux de l’Amour qui composaient sa vie. Peut-être aurait-elle mérité de savoir, qu’il était passé par la case salle d’opération, réanimation, séjour trop long à l’hôpital, et tout ça. Mais bon, combien de fois était-ce arrivé en sept ans ? Mais en quelques mois de silence avec Skylar, beaucoup de choses avaient changé ; maintenant qu’il laissait ses souvenirs vagabonder, à la recherche du point sur lequel raccommoder le passé et le présent, il s’découvrit à remonter loin, loin, loin. Avant la naissance de Clara. Avant qu’il n’connaisse Gabriela. Avant la mort de sa mère. Avant la mort de Kingsley Moren. Avant même qu’Isolde ne soit maire. « Pour faire court… j’suis plus malheureux, maintenant. » et même s’il eut un sourire, observant sa vis-à-vis, Cesare savait que c’n’était pas assez, que c’n’était pas rendre justice à Skylar, ce qu’elle voulait savoir, ce qu’elle avait changé dans sa façon de penser, de procéder les choses quand ils avaient parlé cette nuit-là. La vérité, c’était qu’il savait qu’il avait foiré, d’bien des façons, pour bien des gens ; c’était à se demander comment il pouvait avoir la chance d’être là – vivant, ouais, mais aussi avec la femme qu’il aimait, leur fille, dans un genre d’univers paisible fait d’eux trois uniquement. Il pourrait se lancer dans un grand laïus, tout raconter de A à Z, sans raccourci, un genre de résumé de tout le téléfilm qu’ils avaient été ; mais à peine cette idée lui frôla l’esprit, que des pleurs à l’étage le ramenèrent à la réalité. Il cilla, adressant un rictus pour excuse à Skylar, qu’elle patiente, le temps qu’il monte et retrouve Clara dans sa chambre, qui se réveillait tout juste. Lorsqu’il la prit dans ses bras, la petite ne se fit pas prier pour se blottir contre lui, encore à moitié endormie – des gestes venus si naturellement, des affections réflexes, aisées, alors même qu’en fin de compte, le calme après la tempête n’était pas si vieux. Si, habituellement ces derniers jours, il s’attardait à laisser Clara se réveiller tranquillement, Cesare vint trouver là les vêtements qu’il avait enlevés pour la sieste, embarquant une couche toute propre pour descendre bien assez vite, et rejoindre Skylar à nouveau, les bras chargés, et pourtant déjà habitués il fallait croire, à ce genre de tâches. C’était bien différent des flingues et des bombes, pourtant : un changement bienvenue, aurait-il dit. Et ce n’est que maintenant, sous les yeux de la blonde, qu’il réalisa combien Clara avait grandi – dans le genre, ça devait faire un choc, pour quelqu’un qui n’avait entendu cette possibilité que comme une idée à leur dernière rencontre. Elle était bel et bien là, Clara, maintenant ; et y’avait des jours où même à lui, ce fait semblait incroyable. « Ouais. Désolé j’t’ai pas envoyé de faire-part. » c’est tout ce qu’il trouva à dire pour se donner une contenance, Cesare, haussant les épaules alors que la culpabilité était réelle, pourtant : « Mais bon… pour être honnête, ça s’joue probablement à… dix jours près. » à peu de choses près. Peut-être aurait-il pu le faire avant de partir à Paris, mais de toute manière, Skylar ne l’aurait pas reçu, fallait croire. Autrement, il avait fallu qu’il se prenne des coups de couteau de la part de son père, pour pouvoir se retrouver là, dans cette maison comme son unique foyer désormais, embrassant toutes les possibilités qu’il avait pu fuir juste avant. Ouais, Clara était maintenant un bébé de presque six mois, capable de gigoter, de crier pour attirer l’attention, de regarder les autres avec ses grands yeux – mais Cesare, il avait loupé plein d’choses, jusque-là.
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Dim 15 Jan 2017 - 16:16
And just keep diving down the hole
« Trouve moi un truc qui n'est pas truqué. » Le monde était faux, et sans doute qu'il fallait l'accepter comme tel. La mutante, se demandait trop souvent : jusqu'où sa franchise devait l'emmener. Ils étaient rares ceux et celles qui la côtoyaient, et alors elle se demandait : qui devait-elle être avec eux. Trop de questions pour une fille qui s'était barrée de l'école trop tôt, qui avait fait le choix de la réalité du monde. Ezekiel, avait été le premier à devoir supporter quelques brèves introduction dans le passé noir de Faith. Sept années, cela n'était pas rien et elle ne se souvenait sans doute pas du meilleur à force de côtoyer le pire. Si Cesare, Ezekiel ou même sa demi-sœur Diana, éprouvaient une affection pour la blonde : cela était uniquement dû au fait qu'ils n'avaient qu'une vague idée de ces années d'errance dans un monde à son image de l'époque entre cruauté et désespoir. Lorsque son amant dévasté avait découvert qu'elle était à l'origine de l'explosion d'une école, il avait porté un regard différent sur elle, même quelques brèves secondes. Le pire n'était peut-être pas le geste, mais l'incapacité profonde et maladive de Faith à venir oser penser que cela pourrait être une faute. Il fallait le lui reprocher, et sans doute qu'elle se gardait bien de le dire parce qu'elle savait que personne ne voulait la comprendre et encore moins se mettre à sa place. La mutante n'en parlait, et encore moins à Cesare. L'idée de venir pleurnicher sur sa vie de petite bourgeoise déchue lui semblait impensable. Lâcheté ou courage, assumer sa mutation ne fut pas la vie de son ami d'enfance. L'aurait-il accepté ? Sans doute qu'à sa place, et avec l'éducation violente de sa famille : la réponse n'était pas celle d'une amie. La mutante détestait évoquer des possibilités, mais cela était simplement une évidence à ses yeux en réalité qu'ils ne seraient pas si la vie n'avait pas été dégueulasse. En mettant Skylar au placard, cela fut un moyen de comprendre pour elle, ce qui comptait réellement. Enfermée dans une pièce à implorer de l'aide, cela avait forgé ses souvenirs, les mauvais et les bons. Elle n'était pas une négative dans l'âme, mais simplement une romantique bafouée. Cesare ne serait peut-être pas resté s'il avait découvert la vérité sur elle, sur son mensonge depuis l'enfance. Ils ne seraient pas là aujourd'hui, sans aucun doute. Le « coming out » mutant de Sky' était au final une belle chose, parce que plutôt que de lui mentir et de lui planter un couteau dans le dos plus fort qu'elle ne pouvait l'imaginer : elle était morte à ses yeux comme une amie, et non pas comme une chasseuse à en devenir. Le monde était aléatoire, cela le rendait beau. Peut-être que si elle refusait de parler de ces longues années à la dérive, c'était simplement, parce qu'elle ne vivait pas dans les regrets – incapable de comprendre la notion même de regrets de toute façon.
Les relations sociales, sans doute qu'au fond il n'était pas meilleur qu'elle. La mutante ne se souvenait pas de lui comme le plus populaire, mais après la relation se faisait en grande partie à distance. L'un vivait au sud, l'autre vivait au nord. La mutante ne fut jamais réellement une fille à part entière du paysage du jeune homme. La demoiselle ne mesurait pas les souvenirs en quantité, et elle valorisait sans problèmes la qualité. A ses yeux, il n'était pas nécessaire de se côtoyer tous les jours pour réellement profiter d'une belle amitié. Et cela expliquait, pourquoi, elle voulait savoir s'il était heureux désormais. Après une dernière entrevue compliquée, il était temps pour lui de mettre quelques choses au clair avec elle : non parce qu'il lui devait, mais pour qu'elle puisse simplement se rassurer et lui foutre la paix avec des souvenirs tordus. Elle se souvenait, de cette fragilité et de l'incapacité de la blonde à venir le soutenir. Il avait balancé des choses qui ne devaient peut-être pas l'être : en effet, annoncer qu'Isolde était non seulement la mère de son enfant, mais également une poseuse de bombe n'annonçait pas forcement un avenir joyeux. Le brun n'avait peut-être pas envie d'en parler, cela se comprendrait d'une certaine façon. Elle ne voulait pas des détails sombres, glauques et encore moins se renseigner sur la tenu que le jeune homme portait lorsqu'il vint à retrouver sa bien aimée. Néanmoins, cela coulait de source que le problème était derrière lui : sinon il ne se serait pas caché dans une maison de ce genre. Cesare était un battant, il n'avait pas besoin d'un toit et d'une porte close pour s'en sortir. La blonde voulait croire qu'il allait mieux, totalement et que la vie était un long fleuve tranquille… mais cela n'était pas le cas, elle voulait simplement espérer le meilleur pour lui. Sa réponse fit donc chaud au coeur : il était heureux. Cela semblait bête, mais elle allait déjà se contenter de ça, lui retirant un poids sur le coeur. La mutante laissa paraître un sourire idiot sur son visage, comme s'il venait d'illuminer sa journée et que son coeur ne souffrirait de rien avant le lendemain. Hésitant à lui répondre, entrouvrant légèrement les lèvres sans parvenir à faire sortir un mot avant d'entendre une chose qui semblait lointaine pour Faith : les cris d'un enfant. Elle ne trouva rien à redire et l'excusa sans venir lui demander d'explication.
L'observant lui tourner le dos et s'en aller vers l'étage. La blonde se retrouva brutalement seule dans cette pièce en plaçant à nouveau son regard sur où était installé Cesare un instant plus tôt. Ce fut une nouvelle image glaçante qui vint alors à se glisser dans son imaginaire. Son ancien mentor, lui tournant le dos, insaisissable et pourtant, elle le voyait, les mains le long de son corps. Couvert de sang. Une hallucination de plus, et rien de moins. La mutante avait cette habitude de le voir depuis l'affaire Joachim. Il était là, perpétuellement, comme un souvenir ayant occulté tout le reste. Ezekiel n'était pas là, pour la faire oublier ces moments. Ezekiel n'était pas là, pour venir la rassurer. Ezekiel n'était pas là. Laissant flotter sa tasse en l'air, en commençant à faire le tour de son ancien mentor, pour faire face à son visage. Par instinct, le visage de la mutante devint fade, plein de mépris et perdu dans la haine d'un moment. Cela semblait absurde comme scène, mais cela venait à se répéter souvent dans son quotidien, par son absence de totale de capacité à différencier la réalité et le fantasme. La mutante ne pouvait pas se passer de ces hallucinations, elle en avait besoin et elle le réaliserait bien assez tôt. Elle n'était pas dans un film, et il suffit à la demoiselle de ramener la tasse jusqu'à elle, laissant cette dernière faire voler en éclat le fantasme non désiré qui la hantait depuis trop longtemps. La blonde reporta alors la boisson à ses lèvres, en écoutant le silence, celui qui démontrait que Cesare s'en sortait plutôt bien avec les enfants – le sien en tout cas. Il arriva finalement, avec l'enfant dans les bras et ce fut alors un visage, profondément classique qui vint à vêtir le visage de la mutante : celui d'une fille qui trouvait un enfant mignon. Elle n'était pas très originale sur ce point et elle ne tentait d'ailleurs pas de se donner des faux airs. S'approchant instinctivement, alors que son ami d'enfance tentait en vain de faire de l'humour. Un bébé volait souvent la vedette – même si Faith trouvait aussi des bébés moches et elle ne s'en cachait absolument pas.
La demoiselle déplaça vaguement son regard sur son ami. « Tu sais, généralement, on commence par dire le prénom du bébé, son sexe au moins ça m'éviterait d'avoir l'air un peu cruche. » En effet, il était papa elle le savait. Néanmoins, elle ne savait pas le sexe ni même le prénom du gosse. Cela fit naturellement sourire la blonde de se rendre compte qu'il préférait évoquer le contexte plutôt que de lui présenter son enfant – elle se moquait de lui surtout. La mutante lâcha alors sa tasse qui allait se déposer délicatement sur le bar comme par magie… parce que prendre le risque de s'approcher de son enfant avec une tasse chaude était un risque qu'elle ne comptait pas prendre. « Je rectifie néanmoins : c'était une proposition, et non une supposition. » Cela lui rappelait lorsqu'elle jouait les nourrices pour s'en sortir. Maiken, une femme respectable, mais cela fut trop difficile avec le temps. S'attacher à sa fille fut trop facile, et la blonde fit le choix de quitter cette famille plutôt que de causer des problèmes à ces gens. La mutante déplaça finalement son regard sur Cesare avec un air légèrement mélancolique. « Il est loin, le fils de hunter. J'espère que tu sais que tu es quelqu'un de bien, et tu peux te féliciter Cesare, moi j'suis fière de ce que tu es. J'étais pas loin pas mon idée de super papa dans le fond. »
Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Lun 20 Fév 2017 - 21:31
Le monde dans lequel Skylar et lui avaient grandi, il était construit avec des mauvaises nouvelles, écrit par des mauvaises nouvelles, et prometteur de mauvaises nouvelles. Ils le savaient tous les deux, pour avoir subi cette mécanique impitoyable pendant des années, chaque épreuve arrachant un peu plus de substance à leurs âmes : l’espoir, la confiance, l’affection, toutes ces petites choses qui n’avaient pas semblé indispensables au chasseur pendant bien longtemps. A quoi ça servait, l’espoir de toute manière ? A part à faire tourner en rond un esprit qui cherchait à s’évader de la réalité – on lui avait appris, au DeMaggio, à n’pas vivre de l’espoir mais à faire en sorte de forcer sa chance, presque, quitte à plier le monde à sa volonté, et les circonstances à ses caprices. Il avait joué des coudes, dans les meilleures situations, abattu ses adversaires pour le pire, parce que c’n’était bien que comme ça, qu’on pouvait prétendre avoir le contrôle sur chaque changement qu’on amenait dans le monde. Qu’importait le temps qui passait, les choix qu’il faisait : les jours, les semaines, les mois, l’empreinte de ses parents restait omniprésente dans la tête du brun, à chaque interaction qu’il avait avec le monde extérieur. Maintenant, c’était presque facile de n’pas y penser, et aujourd’hui, Isolde et lui faisaient comme si de rien n’était avec une facilité déconcertante : ils n’avaient pas encore totalement adressé c’que ça ferait, le jour où il se laisserait aller à se couler dans le moule des humains normaux. Il allait devoir prendre Clara, et l’emmener de son plein gré dans un lieu inconnu, entre les mains d’inconnus, soi-disant professionnellement éduqués pour s’occuper d’enfants. Il allait devoir passer des heures entières, sans savoir que faisait sa fille, si la personne qu’il avait dévisagée ce matin même s’occupait bien d’elle, s’ils arrivaient à la comprendre, à lui donner assez d’affection et d’attention pour que tout se passe bien. Y’avait pas eu de demi-mesure, dans les sentiments de Cesare ; il avait passé des semaines entières à s’forcer à n’pas s’en préoccuper, s’assurant que ce serait plus facile comme ça, de partir à chaque fois qu’il le devrait, pour retourner auprès de son père, de la chasse, et de ce monde impitoyable qui ruinait un peu plus son être à chaque fois. Alors pendant tout un temps, ces pensées égoïstes – ou juste ces instincts de survie, s’disait-il pour se donner bonne conscience – avaient poussé Isolde à tout gérer en solitaire : il pouvait au moins prétendre ça, il faisait confiance en la jeune femme pour avoir choisi la meilleure crèche qui soit, et savoir elle-même assez lire en les gens qu’elle avait en face d’elle, pour déceler les menaces cachées. Parce que lui, maintenant, il était à mille pourcent dans la vie de Clara ; il s’y était perdu complètement, et il s’prenait au jeu d’être parent un peu plus chaque jour. Son cœur, son âme, son esprit, son être tout entier ; il était perdu jusqu’au bout, conquis par chaque brin d’amour qu’il n’se serait jamais cru capable d’offrir à qui que ce soit. Et pour Cesare, rien n’semblait être plus important dans cette vie plus ou moins stable qu’il arrivait à avoir, que l’fait que Skylar soit là, pour au moins y prendre parti, ne serait-ce qu’un peu : spectatrice ou actrice, au fond, ils savaient tous les deux que ça dépendait majoritairement d’elle. Elle était celle qui avait des problèmes avec son frère, elle était celle qui s’entourait de mystères, de sept ans durant lesquels elle avait mené sa barque à sa façon. Il n’pouvait certainement pas la blâmer pour ça, il n’voulait certainement pas s’mettre non plus à la questionner : il était un peu l’Isolde de leur situation, celui qui avait vu l’autre partir, et qui subissait les moments où la normalité pouvait avoir une petite place. Il devait se contenter de quand Skylar venait, déposait les armes aux abords de l’instant, juste pour être avec lui.
Cesare, il avait imposé cette situation à Isolde trop souvent, au cours des derniers mois, s’culpabilisant lui-même pour la souffrance qu’il lui imposait, et qui suivait irrémédiablement chaque moment heureux. Mais à y réfléchir, il n’aurait pas été capable d’écrire l’histoire différemment, il n’l’aurait même pas voulu, chaque moment de bonheur aussi précieux que les lueurs d’âme que ç’avait réveillé en lui. Et même si, quand elle partirait, ce serait insoutenable et difficile d’laisser Skylar passer le pas de la porte, sans savoir quand ils s’reverraient, il allait devoir le faire ; il allait devoir s’armer de c’courage qu’il avait bien souvent cherché en Isolde elle-même. Et Skylar et lui, ils étaient bien placés pour savoir que la vie était pleine de circonstances truquées, de complications, d’imprévus, de petites accroches cruelles, de chutes vertigineuses. Il avait cru être tombé en plein dedans, hurlant depuis les tréfonds du désespoir, quand Skylar lui avait ouvert la porte de son appartement le soir où il s’était échoué là, alcoolisé et déprimé. Il n’savait pas s’il était remonté, si on pouvait remonter comme ça, en un clin d’œil, un éclat de génie, une poussée forte comme la gravitation elle-même : quand il regardait Clara, en train de dormir, quand il la serrait dans ses bras, sentait l’odeur de ses cheveux, ou caressait sa joue toute ronde jusqu’à ce qu’elle s’endorme, il n’pouvait pas croire qu’il marchait autre part qu’au milieu du paradis. Et pourtant, il savait qu’elle était là, la peine ; et il s’disait bien que la seule personne capable de comprendre cette ambigüité cruelle, c’était Skylar. Elle aussi, elle devait jongler dans c’genre de vie, non ? Ou peut-être l’avait-elle fait, à une époque, à un moment pendant ces sept longues années où elle aurait au moins connu une part de bonheur : devait-il demander, avait-il le droit de poser une question brute comme ça ? Probablement que la jeune femme avait d’autres préoccupations en tête, là maintenant, avec son frère à ses trousses. Ou peut-être qu’ils étaient humains quand même à la fin ; un fait que le brun dévisagea lorsqu’il sonda le faciès de Faith la toute première fois qu’elle vit Clara. Leurs parents, ils avaient beau avoir essayé et essayé, s’être épuisés à la tâche, ils n’avaient pas vraiment réussi à faire d’eux des inhumains. Et Cesare ne put s’empêcher de lâcher un genre de grognement, faussement agacé, une fois confronté aux sarcasmes de son amie ; elle aurait pu continuer à s’extasier silencieusement, ça l’aurait flatté au moins. « Une proposition pour toi, je crois bien que normalement quand une femme voit un bébé, elle fait des bruits bizarres et développe un âge mental proche des dix ans. » après tout, s’ils devaient coller aux coutumes, il pouvait très bien adhérer, lui, aux croyances sexistes et misogynes qui disaient que femme + bébé = liquéfaction du cerveau au profit de réactions hormonales dues à leur utérus en soif de maternité. Heureusement pour lui, il avait toujours côtoyé des femmes qui l’auraient furieusement castré s’il avait dû parler sérieusement en disant de telles choses. Et rien que par fierté, aussi, il espérait que Clara ne manquerait pas de développer un orgueil similaire ; avec une mère comme Isolde, ce ne serait probablement pas bien difficile. « J’te présente Clara, alors. » faute de mieux, Cesare retint toutes les phrases maladroites qui lui brûlaient les lèvres ; « Clara, qui est une fille… donc. » il ne put s’empêcher d’ironiser, dans un rictus ; franchement, à ses yeux à lui, la précision était loin d’être nécessaire. Avec ses grands yeux de biche, ses cheveux déjà bien synonymes de sa génétique à lui, Clara avait le minois d’une petite fille, sans conteste – et quand elle ne se réveillait pas tout juste pour rencontrer une personne qu’elle n’avait jamais vue, elle se mettait très vite à faire de grands sourires : clairement plus sympathique que son père, par exemple.
Alors est-c’qu’il était vraiment loin, hein, le fils de hunter ? Au moment d’asseoir Clara sur ses genoux pour pouvoir commencer à lui mettre ses chaussettes, Cesare ne put s’empêcher, d’avoir un genre de ricanement, sans savoir s’il était ironique ou flatté, aux mots de la blonde. Il l’observa, incapable de ne pas être trahi par un genre de surprise, ou peut-être l’espoir que peut-être tout ce que Skylar disait puisse être vrai. Il laisserait volontiers la chasse, le monde entier, le passé, la mort derrière lui, juste pour être avec Clara, juste pour être avec Isolde. Des songes probablement égoïstes, en face de la jeune femme qui était venue jusqu’à lui, aujourd’hui-même. « D’où est c’qu’elle te vient, cette idée de super papa, hein ? » y’avait un genre d’auto-critique contre lui-même, quand même, dans son scepticisme : il apprenait encore, et rien n’lui permettrait de réécrire les neuf mois de grossesse, ou les six premiers mois de la vie de Clara. Quinze longs mois où il avait majoritairement foiré, fallait bien l’admettre. « J’suis désolée. Tu sais… » il ne put s’empêcher de lâcher, après un moment, alors que la réalité revenait, comme d’la mauvaise bouffe dans sa bouche, le forçant à tourner sept fois sa langue ; « J’ai débarqué chez toi, c’soir-là, et j’étais complètement paumé. Et j’t’ai dit tout plein d’choses… Parce que t’es probablement la seule personne à qui j’fais-… confiance, comme ça. » même sept ans plus tard, il était peut-être fou de perdre ses prunelles dans les yeux de Skylar et d’avoir la certitude de la connaître par cœur, de n’pas avoir besoin de combler tous les trous des fameuses sept dernières années, pour savoir qu’il pouvait lui faire confiance avec tous ses secrets. Ceux autour d’Isolde, de Clara, de lui, d’Aria. « Et quand les choses ont bien tourné j’ai… » il haussa les épaules, Cesare, parce qu’il n’savait même pas ce qu’il aurait pu faire de différent : pas alors qu’il avait encore du mal à pleinement apprécier les moments heureux et les choses bien, parce qu’il s’demandait quand est-c’que la situation allait dérailler, encore. « Maintenant quand j’essaye d’te raconter, j’remonte de plus en plus les mois et… et ça m’prendrait des heures de tout t’dire. » parce qu’il n’avait pas été régulier, parce qu’il n’était pas bon comme ça, et que finalement, il avait été le fils d’un chasseur pendant des années, et tous les derniers mois qui venaient de passer, encore. Il n’savait pas vraiment d’quoi il pouvait être fier, certainement pas d’être un bon ami. « Juste-… c’que t’as fait pour moi… Ce soir-là. C’était-… important. » et il n’savait pas si elle l’avait su jusque-là. « Pendant tellement longtemps, j’croyais savoir comment gérer ma vie. J’croyais avoir trouvé une façon de-… faire avec c’qui était arrivé. Et puis… Isolde a débarqué-… » dans le flot de ses pensées, le brun ne put s’empêcher de baisser les yeux, rattrapé par tous ces sentiments honteux qu’il avait éprouvés, après, à force de ressasser : « Le fils de hunter il est-… pas très loin. Tout c’que j’sais, c’est qu’du jour au lendemain, j’me suis retrouvé dans les couloirs d’un hôpital, avec mon bébé qui était en train d’naître dans la pièce voisine, et… » et on disait souvent que c’était indescriptible, qu’on n’pouvait pas comprendre tant que ça ne nous était pas arrivé ; Cesare, il n’avait pu s’empêcher de tomber dans ces convictions-là. Il n’aurait jamais pu commencer à comprendre c’que ça voulait dire, d’être père, avant que ça n’arrive précisément ce jour-là. « J’essaye… d’faire en sorte que t’aies raison. » comme si ça pouvait aider, le DeMaggio finit par avoir un léger sourire, observant Skylar avant que Clara ne se rappelle à lui – elle avait commencé à s’agiter à mesure qu’elle se réveillait, et maintenant, elle avait faim. Cesare se releva donc, bien content de la distraction pour venir poser une œillade défiante sur Skylar : « Tu peux la prendre ? J’vais lui trouver de quoi manger… » elle a les gênes de sa mère, il se retint de dire dans un ricanement ; il se plaisait à taquiner Isolde sur ça, surtout, alors qu’elle, elle aimait bien l’embêter sur le genre de paranoïa/dégout qu’il avait à l’égard de tout ce dont il ne connaissait pas la provenance ou la composition. Clara, clairement, quand elle avait faim, elle mangerait tout ce qu’on lui donnait.
Spoiler:
désolée j'ai viré la présentation, ça me saoule les gifs bugués là
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Jeu 23 Fév 2017 - 15:38
And just keep diving down the hole
Un bonne dose de patience, de l'auto-dérision et une capacité à ne jamais rentrer trop dans le jeu de Skylar. Il fallait du caractère pour ne pas se faire bouffer. La demoiselle avait la facheuse tendance à toujours se montrer trop forte de caractère pour ne pas s'écraser, ne pas finir par terre et supporter la misère des autres. La plainte n'était pas son fort, l'écoute l'était, mais soutenir n'était pas dans ses habitudes. Elle ne se souvenait pas, quand était-ce la dernière fois qu'elle fut apte à soutenir avec sincérité une personne par dessus ses épaules, à porter le malheur d'un individu au point que ce dernier ne parvienne à occulter le malheur qu'il l'habitait. La question venait donc toujours à savoir, quel sujet aborder avec elle, de qu'elle façon et où était la limite entre ce qu'elle pouvait comprendre et ce qu'elle refuserait toujours d'admettre. Cesare pouvait, lui, s'aventurer où il voulait sans jamais venir la mettre – privilège de merde. Elle considérait donc, qu'il pouvait également venir lui parler de tout, de rien. Rire avec elle – essayer de rire avec elle. Mais surtout, il pouvait se permettre une chose qu'il était sans aucun doute désormais le seul à pouvoir user de l'humour. Se moquer, rire de, ou tout simplement venir évoquer le passé avec une touche d'humour sans nostalgie. La remarque sur les femmes, fit donc sourire Sky'. Elle n'était pas « féministe », mais avait une tendance maladive à prendre la défense de la femme et à protéger son intégrité physique et morale dans toutes les circonstances. Elle fut objet trop longtemps, pour elle, il était important de dépasser les prisons sociales pour s'ouvrir à de nouvelles possibilités. Cela n'était pas trop le cas, par le passé. Fortement attachée à sa propre protection durant son enfance, ce ne fut qu'avec les années, les blessures et les enflures qu'elle vint à éprouver le besoin de mettre en avant la discrimination dégueulasse dont les femmes étaient l'objet. La demoiselle laissa donc s'échapper un sourire alors qu'elle hochant la tête dans un soupir dramatique, déposant une main sur son coeur au niveau de sa poitrine. « Tu as découvert mon secret : je n'suis pas une femme. » Hochant la tête avec un air dramatique sur le visage qui se décomposa finalement pour observer à tour de rôle le visage de Cesare puis du fameux bébé qui vint à finalement porter un nom. Il était donc question de la jeune Clara, une fille donc. La blonde secoua négativement la tête à sa réflexion pour lui donner une légère tape sur l'épaule de très faible puissance pour ne pas risquer d’entraîner un drame qui viendrait créer un accident dramatique et offrir à Faith le besoin maladif de fuir cette maison. « Tu m'aurais dit que Clara était un garçon, j'pense que j'aurais rigolé et que ça aurait été la seule réponse acceptable et politiquement correcte. » Faith et la délicatesse ? Sincèrement ? Ça faisait deux. Elle n'était pas délicate sauf quand il fallait tuer quelqu'un, et en l’occurrence elle ne prévoyait pas de tuer son meilleur-ami. La blonde observa finalement le visage de l'enfant, qui avait certes un visage assez fin pour laisser supposer une fille, mais prendre le risque de le dire à haute voix aurait été stupide. « Elle est belle, elle doit tenir beaucoup de sa mère. » Dans le jeu du « petite remarque gratuite », il avait été le premier à ouvrir les possibilités avec la remarque sur le sexisme. Sky' se contentait, à son tour de désamorcer toute situation mélodramatique qui viendrait pourrir l'ambiance et rendre la situation totalement dérangeante pour l'un comme pour l'autre. Elle l'avait déjà, et elle le répéterait : Cesare était beau. Faith préférait néanmoins présenter les choses de cette façon « je ne fréquente que des gens beaux », mais Sky' avait un amour profond pour l'âme, aussi superficielle pouvait-elle paraître. Cesare n'était pas comme elle sur ce point, il ne semblait pas s'intéresser à son propre physique, ou du moins, il n'en parlait pas et cela fut toujours le cas.
Elle resta debout, quand lui vint s'installer pour s'occuper de mademoiselle Clara. La question de Cesare fit sourire Sky', et sans doute que la réponse la plus sincère était au fond, la plus triste. Il était le mieux placé pour comprendre d'où venait cette simple idée qu'il était un bon père et qui brillait comme une aura majestueuse autours de sa personne. Lui dire que cela était évident, ne saurait être une réponse convenable. « De la comparaison entre ton comportement et celui de mon paternel. La façon dont tu la regardes ne fait que confirmer cette idée monsieur super-papa. Puis va falloir que je te trouve des nouveaux surnoms moches. » Oui, parce que passer son temps à l'appeler « Cesare » semblait sonner comme étrangement chiant. Tout le monde, à l'époque l'appelait « Sky' » de son côté. L'appeler « Ces' » n'était pas impossible, mais la demoiselle comptait se démarquer, elle ne savait juste pas encore comment le faire ni même si le surnom viendrait de lui-même. Cela ne dura néanmoins pas, alors qu'il venait à s'excuser. Elle sembla confuse, incapable de venir saisir ce qu'il voulait avancer comme mots, ni même pourquoi exprimer des maux sous forme d'une excuse solennelle, alors qu'il n'était coupable de rien. Il vint alors à citer à nouveau cette soirée tandis qu'elle venait à croiser les bras en l'écoutant avec attention. Pourquoi venir évoquer cette soirée avec des excuses à la clé ? Il n'allait pas s'en vouloir toute sa vie pour ça. Cela faisait mal pour lui, après 7 années : il ne s'était confié qu'à cette fille, traquée, et qu'il aurait sans doute tué s'il n'avait pas éprouvé l'ombre d'un doute depuis le début. La relation marchait dans les deux sens. Personne n'était devenu l'ami de la mutante depuis presque une décennie, parce que cela marchait de cette façon la solitude et qu'il était trop tard pour retourner en arrière. « C'est réciproque. » Mais ce fut la suite qui vint mettre en lumière le « problème ». Sous prétexte que durant une période de bonheur il avait fait passer sa famille avant le reste, il pensait qu'elle allait lui faire la morale ? La blonde n'allait pas venir faire des reproches de ce genre. Il se remettait en cause, quand pour elle cela semblait une évidence : le temps était passé. Il ne pourrait jamais venir lui raconter sept années dans les détails, jamais elle ne pourrait comprendre parfaitement ses choix, son chemin, ses envies et ses rêves. 7 années, le temps passait et même si fondamentalement ils étaient identiques : elle ne pourrait jamais saisir entièrement les années perdues. Donc, ce qu'elle avait fait ne fut pas « important » à ses yeux, mais bel et bien naturel, comme une évidence d'ailleurs. L'abandonner ne semblait même pas possible, le délaisser serait trop dur. Ô combien, elle aimait Ezekiel et elle l'aimerait toujours malgré sa haine supposée, jamais elle ne pourrait abandonner totalement Cesare. Son seul lien, social, serait toujours et éternellement lui jusqu'à ce qu'il décide d'arrêter tout. D'autant qu'il venait la remercier, mais visiblement ils n'avaient pas le même souvenir : Faith fut incapable de venir le réconforter, car elle ne savait pas le faire et elle ne saurait jamais le faire. La mutante pouvait se vanter d'une seule chose : avoir une oreille attentive. La blonde ne pouvait accepter des excuses, quand elle savait pertinemment qu'elle ne fit rien de plus que lui ouvrir la porte sans jamais réussir à réellement le soutenir – autant qu'elle le voudrait en tout cas. Cela était touchant, d'évoquer sa conjointe avec autant d'amour, tout comme sa fille. Cela était presque dramatique, de savoir qu'il fut malheureux durant de si nombreuses années. Faith n'aimait pas se plaindre, ni même parler « d'elle », la vraie, pas la surface totalement lisse que tout le monde avait le plaisir de regarder. La plupart du temps, lorsqu'elle évoquait son vécu, ce n'était que par accident ou cela semblait tellement naturel à ses yeux qu'il s'agissait en réalité d'une histoire banale. « Important, pourtant, j'ai pas été foutue capable de te convaincre de rester. J'aurais dû t’assommer avec un vase et te faire dormir sur mon canapé, tu aurais même eu droit à des excuses le lendemain matin – peut-être. » La mutante laissa échapper un rire léger tandis qu'elle plongeait son regard sur Clara quelques secondes en observant finalement la gestuelle de Cesare, qui semblait plus apaisé, serein et calme. « J'ai toujours raison. Le fils de hunter n'est peut-être pas très loin, mais je te rassure, la terroriste non plus. Ça sera toujours là, au fond. Parfois, malgré nous, ces côtés sombres sont... » Clara fit son entrée, coupant alors la demoiselle dans son élan qu'elle n'osa reprendre. Parce qu'arriver en force, chez son frère pour récupérer Ezekiel et Diana, ne fut en aucun cas l’œuvre de la gamine qui tentait d'oublier son passé. Si Ezekiel était encore vivant, c'était grâce à son passé dans les extrêmes. La gloire n'avait pas d'âme ni de morale après tout.
Puis vint ce moment étrange, où il proposa, presque tel un défi si elle acceptait de prendre Clara fraîchement réveillée. Décroisant les bras pour retirer sa veste et la déposer dans un coin, s'assurant qu'aucune mèche ne vienne s'offrir au bébé pour finalement tendre les bras. « Lui trouver de quoi manger ? C'est genre la chasse aux trésors du frigo ? » l'air légèrement moqueur elle vint à laisser Clara glisser dans ses bras avec délicatesse. La blonde avait l'habitude, trop sans doute. La mutante vint alors glisser sa main au niveau bassin et de la tête de la jeune demoiselle pour s'assurer de sa stabilité alors qu'elle ne la quittait pas du regard – avec un sourire d'abord naturel, qui devint rapidement idiot alors que des souvenirs venaient à remonter à la surface.« Tu sais pour une fille qui peut pas avoir de gosse, ironiquement, j'ai joué la nounou trop souvent. Tu sais que y a des gens qui sont prêts à payer des fortunes pour obtenir une fille blonde comme nourrice ? C'est impressionnant. » Laissant échapper un rire alors qu'elle redressait le visage en direction de Cesare. « Clara, ce prénom à une signification particulière ? J'espère qu'Isolde sait que je suis là, car comme elle ne me connaît pas, elle risque de trouver ça étrange qu'une femme inconnue ait son bébé dans les bras. » Oui parce que Faith comptait bien enfin mettre une vraie personnalité sur le visage de la mère en question – tôt ou tard.
je te montre ce superbe avant/après ici qui fut donc mon action la plus inutile du jour (et pas de soucis pour la présentation XD)
Isolde Saddler
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Ven 3 Mar 2017 - 16:53
Y avait des jours plus faciles que d’autres, des jours où elle avait l’impression que tous les chieurs de Radcliff avaient décidé de venir élire domicile à la mairie, pour des raisons qui lui semblaient complètement absurdes, alors qu’à côté, y avait de réels problèmes dans cette ville, des trucs urgents qui eux pouvaient facilement plomber n’importe quelle journée, qu’elle ait bien commencée ou non. Puis, y avait aussi des jours où Isolde, elle avait juste l’impression qui ne se passait rien du tout. Peut-être qu’elle faisait assez bien son boulot pour ne pas crouler sous les dossiers, mais y avait des moments, où elle avait juste l’impression de s’ennuyer. Des fois, la police ça lui manquait, même si ça incluait de se prendre une balle dans la jambe au beau milieu d’un hôpital, pour finalement se retrouvée coincée dans la morgue à se faire soigner par un vétérinaire. Dans la police de Radcliff, elle avait clairement connu des jours vraiment mouvementés. Pas des jours comme aujourd’hui où elle avait juste l’impression que tout tournait au ralenti. Elle n’allait pas tenir jusqu’à la fin de la journée sans doute, alors qu’au bout d’un moment, elle en avait été réduite à sortir son carnet de dessin pour s’occuper entre deux rendez-vous. Elle était certaine que ça voulait dire que d’ici quelques jours, elle allait se taper une journée où elle n’aurait même pas le temps de souffler cinq minutes. C’était toujours comme ça, un genre de calme avant la tempête. Au moins, elle pouvait encore se dire que pour compenser les jours pourris, elle pourrait partir tôt aujourd’hui. Au moins, ça pouvait la motiver à supporter son dernier rendez-vous de la journée, qui comme prévu, n’avait rien de particulièrement intéressant, si ce n’est l’avantage de lui faire constater qu’au mille et un conflit qu’y avait à Radcliff, certaines personnes étaient encore en mesure de s’inquiéter pour des choses de la vie quotidienne, qui bien souvent ne lui traversait même pas l’esprit à Isolde.
C’était rassurant peut-être, qu’au final, certaines personnes trouvent encore les moyens de voir en Radcliff une ville tout à fait normale. Elle pouvait au moins se rassurer en se disant que c’était grâce au travail qu’elle faisait, que les gens estimaient pouvoir avoir une vie tout à fait normale, même dans cette ville. Ça lui donnait au moins la force d’écouter ce qu’on pouvait lui raconter. Ça faisait du bien au final, que les préoccupations des gens soient normales et non basées sur qui allait tuer qui ou quel serait le prochain bâtiment à exploser. Quand bien même Isolde avait parfois l’impression de s’en foutre, des petits trucs sans importance, ça avait quand même quelque chose de reposant et elle aurait probablement plus à gagner à s’investir là-dedans que dans les gros problèmes de Radcliff, cela dit, c’était plus important de gérer les menaces, les explosions ou les hunters que les histoires de monsieur tout le monde. Quoi qu’il en soit, une nouvelle histoire simple de réglée et elle pouvait enfin rentrer chez elle. Alors qu’évidemment, si ce type était venu se plaindre que son voisin torturait des gens sans sa cave, elle en aurait encore eue pour des heures, quoi qu’elle espérait qu’il serait d’abord allé à la police pour gérer ce genre de problèmes. Il était tout juste seize heures, quand elle ramassa ses affaires sur son bureau, pour quitter la mairie. Il était encore assez tôt pour qu’elle puisse attraper un bus sans y passer des heures. Elle regrettait quand même beaucoup de ne pas avoir son permis de conduire des fois, clairement, ça lui faciliterait la vie, d’autant plus que le bus ne s’arrêtait pas juste devant chez, mais quelques pâtés de maisons plus loin. S’éloigner de Radcliff avait été une bonne idée, à part quand il était question d’aller bosser et de revenir du boulot. Encore plus maintenant qu’elle était maire et qu’il était apparemment, important d’avoir un style vestimentaire qui incluait tailleurs et talons hauts. Comme si le même boulot ne pouvait pas être aussi bien fait en jean et baskets.
Heureusement, elle avait pris l’habitude à force, si bien qu’elle pouvait même faire l’effort de ne plus râler là-dessus. Ça faisait déjà ça de moins. Elle arriva quand même à bon port, rejoignant sa maison. Il était encore tôt, elle aurait l’occasion de voir sa fille, entre sa sieste et l’heure du coucher et en plus, elle allait retrouver Cesare, au moins, ça annonçait une bonne soirée à l’horizon. Enfin rentrée à la maison, elle se débarrassa de sa veste et de son sac. « J’suis rentrée plus tôt que prévu. » Elle ne savait pas s’il y avait quelqu’un pour l’entendre et si c’était utile, sans doute que Cesare allait s’en rendre compte tout seul, qu’elle était rentrée plus tôt que prévu. « Il se passait pas grand-chose aujourd’hui, alors, je me suis échappée bien vite. » Et alors qu’elle avait fait son chemin jusqu’à la cuisine en racontant sa vie, elle put apercevoir Cesare, mais aussi une parfaite inconnue, avec Clara dans les bras, de quoi la surprendre, bien évidemment, c’était pas comme si y avait tous les jours des inconnus qui prenaient Clara dans leurs bras. « Pourquoi quelqu’un que j’ai jamais vu de ma vie a mon bébé dans les bras ? » Elle avait confiance en Cesare, s’il laissait cette fille tenir Clara, y avait pas de raison de s’inquiéter, mais fallait quand même avouer que ça avait quelque chose de surprenant, après tout, ce n’était pas non plus comme si Cesare recevait du monde tous les trois jours, parce qu’il n’avait pas beaucoup d’amis, pas grand monde à qui faire confiance, en vérité, y avait bien qu’un nom qu’elle avait déjà entendu à plusieurs reprises, dans la liste des personnes en qui Cesare avait confiance. « Est-ce que c’est la fameuse Skylar ? » Qui d’autres après tout ? Y avait bien Gabriela, sa cousine et encore, elle avait bien compris qu’ils ne se connaissaient pas tant que ça et de toute façon, elle l’avait déjà vue, Gabriela. Elle quitta Cesare du regard, pour fixer la jeune femme. « Est-ce que tu es Skylar ? J’ai beau chercher, c’est la seule explication logique. » Parce qu’elle le connaissait bien après tout Cesare assez pour savoir qu’il n’aurait pas ouvert la porte à n’importe qui. « Je veux dire, je suis même pas sûre qu’il ouvrirait la porte au facteur si y avait un coli à réceptionner. » De route façon elle se faisait livrer la plupart de son courrier, directement à la mairie, ce qui évitait que n’importe qui puisse trouver son adresse, ce qui techniquement pouvait la faire passer pour quelqu’un d’aussi paranoïaque que Cesare. Elle estimait que ça pouvait s’expliquer après tout, elle avait déjà reçu le doigt de sa meilleure amie, sans sa boite aux lettres.
Spoiler:
désolée, c'est vraiment tout pourri et en plus vous avez même pas de présentation
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare Lun 24 Avr 2017 - 0:17
‘Tous les parents sont stressés, avant le grand saut’, ‘le doute est ce qui fait un bon parent’, ‘il n’y a pas de parent parfait’ ou encore ‘l’important, c’est l’amour’; y’avait eu un temps où, même inconsciemment, Cesare avait glané les paroles des uns et des autres, les mots que de parfaits inconnus avaient pu se dire les uns aux autres, pour se rassurer. Insidieusement, il y avait toujours eu ce désir lové en le brun, d’avoir quelque-chose, une part d’implication dans la vie du bébé qui allait naître de son amour avec Isolde. Il avait toujours su, cela dit, que ce n’serait ni son choix ni son droit inné, que ce n’serait pas facile et que jamais ça n’arrangerait tout naturellement les choses entre la Saddler et lui. Et il s’était aussi dit que c’n’était pas ce désir stupide, probablement égoïste et démesuré, qui ferait de lui un bon parent. Pour l’heure, il était encore paumé dans des hésitations viscérales, rattrapé par tout le temps où il n’avait pas été là. Y’avait eu un temps où n’pas être avec Clara lui crevait le coeur, et puis évidemment, y’avait eu les longs mois avant tout ça où il s’était persuadé que c’était mieux comme ça. Et dans la survie, dans la chasse, face à la hargne incandescente d’Isolde, il avait fait taire ses sentiments, le coeur battant douloureusement dans son poitrail quand il y pensait - s’il n’avait jamais osé regarder le ventre rebondi de la jeune femme, il avait imaginé ce bébé plus souvent qu’il n’pourrait un jour l’admettre. Pourtant, l’histoire semblait bien dire qu’aux moments opportuns, il n’avait jamais été là; combien de fois avait-il été absent, et Isolde toute seule avec toutes les difficultés qu’une grossesse pouvait engendrer? Il l’avait bien compris, Cesare, que dans l’histoire il avait eu le rôle facile, et aussi la place de celui qui n’avait pas vraiment son mot à dire. Qui pouvait vouloir amener un enfant dans un monde pareil, de toute façon? Il avait déjà eu Aria qui lui avait déchiré le coeur, qui avait demandé tout son temps, toute sa dévotion, Aria pour qui il avait sacrifié bien des choses, bien des gens, bien des voeux égoïstes nés de ses mois paisibles passés avec Isolde. Définitivement, si quelqu’un connaissant toute l’histoire devait s’mettre à dresser un tableau critique de tout ce qu’il avait accompli jusque-là, on ne nommerait jamais Cesare de «super-papa» ou de toutes ces choses qui semblaient tellement différentes de l’homme qu’on avait voulu faire de lui. Comment était-il supposé être un bon père, de toute manière, quand son unique modèle à lui était un psychopathe qui avait manqué de peu de le tuer, il y a quelques semaines de cela? Et pourtant, Skylar était là, et Cesare était content qu’elle soit là; pourtant, les compliments qu’elle délivrait, de son point de vue biaisé à elle, avaient quelque-chose d’apaisant et de réconfortant. De déculpabilisant, dirait-on, si on devait vraiment mettre en mots les sentiments orgueilleux qui avaient toujours fait de lui un DeMaggio. S’débattre avec sa conscience, ça faisait des mois aujourd’hui que Cesare savait que c’était la lutte la plus inlassable qui soit, celle qui n’finirait jamais, quoique les autres en disent. Et seul le temps pourrait, un jour, lui révéler si oui ou non il avait été un bon père, un «super-papa» ou un autre superlatif qu’il n’trouverait jamais, lui.
Après tout, il pourrait bien assez vite dire qu’il n’pouvait techniquement pas être un bon père, s’il poussait son enfant si jeune à côtoyer quelqu’un comme Skylar. Le commun des mortels, d’une certaine façon, la considérait probablement comme morbide, comme trop indépendante et comme prompte à la trahison en un rien de temps. Lui, on l’avait considéré comme un solitaire asocial et aisément violent, qui n’ouvrait que très peu la bouche et s’entourait d’épais secrets. Au lycée ou dans les rues de Radcliff, ça n’avait pas été bien différent entre ici et ailleurs, et ç’avait été la base de leurs personnages, la base de leurs existences toutes entières: qu’importaient les autres et leurs avis d’idiots, tous les deux, ils avaient vécu pour des causes bien plus vastes que les crétins du jour le jour. Et Clara voyait le jour, entourée de gens comme ça; mais le brun l’avait déjà dit à de nombreuses reprises, à Isolde, ironiquement ou avec tout le sérieux du monde, il n’savait pas pourquoi c’était lui qu’elle avait choisi, lui qu’elle aimait, lui auquel elle s’accrochait. Clara, beaucoup jugeraient qu’elle mériterait mieux que ça, et encore aujourd’hui, Cesare n’était pas totalement convaincu de l’inverse: c’était peut-être une question de rédemption et alors, l’assurance n’viendrait jamais vraiment - le pardon pour tout ce qu’il avait fait, tout le sang qu’il avait sur les mains et toutes les horreurs qu’il avait dans la tête, c’n’était pas à lui de se l’offrir un beau matin en s’disant qu’il avait fait sa quantité d’efforts et de bonnes volontés. Et il savait que c’n’était pas en jouant les papas poule à la maison qu’il changerait quoique ce soit; que ce n’serait pas en choisissant de fermer les yeux face au reste, en devenant un mécanicien ou un type qui regardait ailleurs dès que les emmerdes à Radcliff se manifestaient. Pourtant, il était crevé; égoïstement il estimait avoir assez donné, que ce soit dans le mauvais camp ou dans des efforts vains. Qu’on le traite de tous les noms pour ça, quand il était à la maison, comme ça, à n’penser qu’à lui, qu’à sa fille et qu’à Isolde qui rentrait à la maison régulièrement, tous les soirs, il n’arrivait pas à s’trouver des poussées altruistes à même de faire de lui une meilleure personne. Peut-être n’était-il juste pas une bonne personne; point barre. « Tu sais que c’est pas sympa de s’moquer des gens à cause de leurs prénoms? Tu m’fais penser à tous les cons qu’y’avait au lycée, Skylar. » il appuya sur son nom à elle, dans une vague grimace, comme si ça pouvait avoir la moindre importance. Fallait quand même admettre que le nom qu’elle avait porté, elle, pendant tout le temps qu’ils se connaissaient, avait été bien particulier - et aujourd’hui, quoiqu’elle se nomme, Faith ou n’importe quoi d’autre, elle serait toujours Sky pour lui. Faith, de toute façon, ça n’lui allait pas vraiment, c’était comme s’il s’appelait Joie ou Sympathie. « J’crois bien que j’suis le seul à affirmer qu’elle tient de sa mère, les autres se contentent de voir la couleur des cheveux et des yeux, et voilà. » et évidemment que rien qu’avec ça, on en viendrait presque à appeler les services sociaux pour accuser Isolde de kidnapping, parce que Clara ne lui ressemblait pas du tout sur ce point-là. Pourtant, Cesare, il jurerait que sa fille n’avait rien d’une DeMaggio, et que c’était tant mieux comme ça. Mais bon, parfois, il s’était presque attendu au pire, avec toute l’appréhension illogique du monde: comme si ce bébé pouvait naître avec une tête de démon, des écailles et des yeux horribles, juste parce qu’elle avait quelques gouttes de son sang en elle, et qu’au bout de certaines générations, l’intérieur pourri devait bien finir par transpirer à l’extérieur. Eux deux, ils avaient plutôt été bien bénis par la nature, pourtant, à l’intérieur, ils avaient pendant longtemps été aussi atroces que leurs géniteurs, peut-être même plus encore. Clara, il fallait qu’elle prenne des Saddler, de tous ceux qui avaient fait du bien autour d’eux; de sa mère plutôt que de lui - pour sûr, au moins, quels que soient ses doutes, le brun avait toujours su qu’avec elle comme mère, elle s’en sortirait parfaitement.
Peut-être qu’au moins ça, jusqu’à un certain degré, ça faisait de lui un bon père; l’espoir gonflant ses veines et ses poumons quand il regardait sa fille - il n’attendait pas de grandes choses d’elle en particulier, il n’voulait pas qu’elle vive pour lui, mais il savait qu’elle l’avait en elle, la capacité de faire des grandes choses. Ou de faire les choses bien. Ou d’au moins, choisir sa destinée mieux qu’il ne l’avait fait. Aujourd’hui encore, avec les quelques éléments qu’il avait en mains, Cesare n’savait pas quoi faire du futur qu’il avait si durement acquis en se défaisant de l’emprise de sa famille; comme s’il était un pantin subitement sans maître, sans fils - qu’est-ce qu’il faisait, à partir de là? A tâtonner comme ça, il était loin du but idéal qu’il pouvait avoir, dans un coin de sa tête, à la recherche d’un «mieux» qui donnerait sens à tout ce qu’il avait traversé, tout ce qu’il avait essuyé, et les dommages qui avaient manqué de déborder sur la vie de Clara, comme ils n’avaient que trop débordé sur la vie d’Isolde elle-même. « Wow, alors j’suis un super-papa parce que j’suis mieux que ton père. J’te ferais dire qu’entre les psychopathes et les super-papas, y’a aussi toute une marge de manoeuvre... » ironisa-t-il au moins, d’un faux ton acerbe alors qu’il lui souriait, à Skylar: ils avaient vraiment une drôle de façon de voir le monde. Peut-être ouais, qu’on pouvait dire qu’au moins, Cesare était un bon père parce qu’il n’avait pas la furieuse envie de prendre son couteau et de tuer sa fille comme Rafael l’avait fait avec lui, il y a quelques temps de ça. Ils avaient vraiment eu de beaux modèles d’existence, eux, dans leur passé. Et il avait essayé de fuir tout ça, Cesare, son autrefois et l’empreinte sombre de son nom et de son expérience sur lui. Il s’était bien planté et trop de gens en avaient payé les conséquences - d’Aria à ces innocents dans l’entrepôt, Isolde et lui, Anthea et Aldrich, probablement qu’il était bien trop tard pour qu’il s’reprenne, pour qu’il choisisse quoique ce soit de la destinée qui lui restait. Cesare, avec ses cicatrices encore fraiches et sa convalescence dans cette maison, il n’pouvait pas prétendre à grand-chose d’autre qu’à l’effort de se réparer, lentement mais sûrement avec les jours qui passaient; il avait Clara, il avait Isolde, mais il n’pouvait pas encore croire que c’était la meilleure décision qui soit. Qu’elles soient en sécurité avec lui. Qu’elles puissent être heureuses et bien, avec lui. S’il regardait ailleurs, alors, pendant les paroles de la blonde, ce ne fut que pour au moins garder un minimum de contenance: ils n’étaient plus tout seuls, maintenant, et même sans ça, quand il s’effondrait littéralement, Cesare il avait besoin de quelques verres d’alcool pour mettre en mots le tumulte de doutes qui l’habitait. Il soupira, alors, la ridule entre ses sourcils seule traitrise des pensées qui pouvaient tourner dans son crâne; ces discussions étaient trop réelles et aujourd’hui, il voulait compter sur la présence de Sky pour au moins détendre l’atmosphère. Chose qu’elle faisait si bien, si naturellement, sans qu’ils n’aient besoin de se l’dire, qu’ils avaient besoin de ça, à proprement parler: en levant les yeux au ciel, il ricana aux paroles de la jeune femme. « Moi qui pensais que ça t’ferait plaisir. Tu peux toujours la mettre dans sa chaise, et rester les bras ballants à rien faire. » la taquina-t-il, comme si ça lui était égal: il pouvait bien prouver qu’il savait s’occuper de Clara tout seul, il le faisait depuis des jours maintenant, et au moins, il gagnait en assurance à chaque journée. Du frigo, il tira un reste de compote, un reste de petit-suisse, pour mélanger les deux dans un bol. « Clara, c’est du latin. Et-... j’étais pas vraiment là quand le prénom a été choisi, et je sais pas vraiment comment il a été choisi. » à vrai dire, ç’avait même été un sujet qu’il n’avait pas osé appréhender, pour il ne savait quelle raison. Dans la chambre de motel, juste avant qu’ils n’aillent à l’hôpital, Isolde lui avait confié qu’elle n’avait pas choisi de prénom, qu’elle n’avait pas eu le temps, pas eu la tête à ça, qu’elle avait été trop seule pour ça. Et ‘Clara’ avait été sur le certificat de naissance, quelques jours plus tard, remuant les remords du DeMaggio, pour autant de fois qu’il s’était dit qu’il aurait dû être là, avec elle, jusqu’au bout. Et tout autant que le visage du brun s’assombrit à ces souvenirs, la réalité reprit ses droits quand la porte d’entrée s’ouvrit; il était beaucoup trop tôt pour qu’Isolde soit à la maison, et pourtant. Il n’se passait pas grand-chose, au boulot, qu’elle dit - et la scène qui vint bien trop vite devant les yeux de Cesare fut presque irréaliste. Il en resta muet pendant un moment - assez pour qu’Isolde soit la première à prendre la parole. Faute de mieux, Cesare ne put que lâcher tout ce qu’il faisait jusque-là, repassant du côté du comptoir où se trouvaient Isolde et Skylar, qui faisaient donc - enfin - connaissance. « Oui. Ouais, c’est Skylar... Et tu commences à dire des trucs bizarres. » et pas forcément sympa, s’il devait être honnête. Par habitude, Cesare en arrivant au côté d’Isolde, glissa sa main au creux de son dos, dans un tendre contact qui s’accompagnait habituellement d’un baiser, quand ils n’étaient que tous les deux. « Isolde, Skylar. Skylar, Isolde. Et tu vois... Clara est tout à fait sauve et sereine. » normalement, c’était les chiens ou les chats qui avaient un sixième sens de ce genre, mais il pouvait toujours argumenter ça, pour expliquer qu’une «inconnue» ait leur fille dans les bras. « Tu savais que des gens étaient prêts à payer des fortunes pour avoir une nounou blonde? Voilà, du coup, elle sait y faire. » et apparemment, elle avait été assez généreuse pour ne pas mettre Clara dans la chaise haute, malgré ses fausses moqueries de départ.
Spoiler:
pardon pour le retard et les images, jpp, cesare il portait pas de collier ouech
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Sujet: Re: We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare
We follow like Alice and just keep diving down the hole ♢ Cesare