somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry)
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Ezekiel Blackwell
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Sujet: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Sam 19 Déc 2015 - 14:20
he's calling out your name.
Merry & Zeke
Make sure you’ll try to conjure the wind and ease my mind ✻✻✻ Quelques mots crachés à travers le haut-parleur de son portable alors qu'il se retrouvait à sautiller sur un pied dans son bureau, quittant la tenue blanche tant bien que mal tandis que les nouvelles parvenaient à ses oreilles. La seconde main plaquée au mur dans un craquement du poignet pour prévenir la chute, le souffle coupé et les doigts crispés sur le téléphone. « Il lui a fait QUOI ? Répète, bordel, qu'est-ce-qu'il lui a fait ?! » La sueur germait déjà à ses tempes sous les assauts d'une fièvre qui ne daignait plus le quitter depuis près de trois jours. La panique qui l'envahissait soudain accentuait un peu plus encore le vertige qui ne cessait de revenir par salve à chaque fois que son rythme cardiaque s'emballait un peu trop. « Dis lui de rester où elle est, envoie moi l'adresse, j'arrive. » Merry. Il était arrivé malheur à Merry. C'était tout ce qu'avait retenu le médecin de cet échange véhément, appel lui annonçant brutalement que sa soeur avait été perdue de vue durant la chasse, qu'un mutant l'avait blessée, sans davantage de précisions. Comme si l'idée de laisser le médecin dans le doute quant à son sort l'inquiéterait suffisamment pour qu'il rapplique dans les dix minutes. Comme si la simple idée qu'on ait touché à l'un de ses cheveux n'était pas assez effroyable pour qu'il s'agite assez à ce propos. Les chaussures jetées dans le désordre, le pantalon passé et la chemise boutonnée de ses doigts tremblants, Zeke luttait contre son corps éreinté qui ne daignait s'activer assez vite à son goût. Cela faisait précisément trois jours qu'il couvait un syndrome grippal, frissonant sous le soleil de printemps comme s'il s'agissait des premières gelées. Il y avait eu cette chasse au cours de laquelle il avait été appelé, accompagnant Matthias qui songeait tenir une piste quant à la mutante reponsable de la destruction de sa demeure, un mois plus tôt. Et puis, le chaos dans l'un des entrepôts de la zone industrielle, et le médecin contraint de se protéger à son tour, se tenir en retrait ne suffisant plus à s'épargner la participation au combat. Il n'avait eu le temps d'entendre qu'un ou deux jurons pendant que la pénombre envahissait le bâtiment sous la forme d'une fumée noire inodore, puis d'entendre la détonation sourde de l'arme du chasseur illuminant une fraction de seconde la pièce tandis qu'une masse se jetait sur lui. Et la piqûre déchirant le jean pour s'enfoncer dans son quadriceps tandis que Zeke tentait de repousser le mutant à grand renfort de coups dispersés au hasard, ne trouvant déjà plus que du vide à rencontrer. On l'avait piqué. Pire. Il avait senti la brûlure de l'injection se disperser dans le muscle et s'était immédiatement imaginé tous les scénarios que son esprit hypocondriaque de médecin formulait contre son gré. Il avait même cru un instant que c'était Matthias qui s'y était mépris, le vaccinant en songeant tenir entre ses mains celui qu'il appelait dégénéré. Mais Matthias n'était pas partisan de la vaccination, et Ezekiel s'en était rapidement souvenu en constatant que l'homme n'était de toute évidence pas à l'origine de l'épisode. L'urgentiste n'avait pas tardé à regagner l'hôpital, s'y prélevant plusieurs tubes de sang pour tester toutes les sérologies possibles et inimaginables des virus que le mutant aurait pu lui inoculer. Il n'avait pas encore eu tous les résultats, que de nouvelles hypothèses s'incrustaient dans sa tête. Et puis, son état général s'était subitement déterioré. Frissons, myalgies, céphalées, les différents arbres diagnostiques associant les symptômes avaient pris fermement racine dans son crâne, parasitant chaque pensée en le laissant craindre le pire. C'était ce qui l'avait obnubilé ces derniers jours, tant et si bien qu'ils commençaient à s'inquiéter pour lui, à l'hôpital. Lui conseillant de rentrer, au risque de mélanger ses idées lors de la prise en charge des patients. C'était la raison pour laquelle le récent chef de service n'assurerait pas sa garde du soir, la peau bouillante et les yeux rougis par la fièvre qui résistait à tout antipyrétique. Il n'y avait bien que cet appel qui avait pu le secouer suffisamment pour le sortir de son obsession délirante pour cette injection. Et brutalement, plus rien d'autre n'avait la moindre importance.
Il avait foncé le plus rapidement possible à l'adresse donnée par ses collègues. Les mains moites et l'échine humide, dessinant la forme de sa colonne vertébrale le long du dos de sa chemise grise. Il n'avait pas immédiatement assimilé que Merry n'était plus là, bousculant chaque hunter en les hélant de lui indiquer sa position. Partie. Rentrée chez elle, parce que tout allait bien. Les mots enragés se battaient à ses lèvres tandis qu'une peur inconsidérée s'était emparée de lui devant l'entêtement de sa cadette. Pourquoi serait-elle partie, en sachant qu'il ne tarderait pas à arriver ? Loin d'être tranquilisé par ces nouvelles successives, Ezekiel ne s'était pas davantage attardé, reprenant la route en manquant à deux reprises de laisser sa déconcentration l'emporter dans un fossé. C'était les cauchemars prenant vie, ces rêves abominables devenus récurrents depuis le retour de la petite soeur devenue chasseresse. L'idée de la perdre elle-aussi rythmait chaque battement de son coeur affolé, et la réalité rejoignait peu à peu les visions tirées de son inconscient. Dans quel état allait-il la trouver, en passant les portes de son appartement ? L'homme ne cessait de pianoter d'une main sur son téléphone, la sonnerie ne semblant retentir que dans le vide tandis que la messagerie de Merry accueillait ses messages les uns après les autres. Merry, c'est moi. J'arrive. Merry, décroche, s'il-te-plaît. Merry, il t'est arrivé quoi, exactement ? Reste où tu es. J'arrive. La voix tremblante, la gorge nouée. On ne pouvait pas lui arracher Merry. C'était impossible. Pas maintenant que les choses semblaient s'être légèrement arrangées. Le sujet de leur altercation silencieuse n'était jamais revenu dans leurs conversations, et jamais le prétendu hunter chevronné n'avait donné d'explications quant à ce comportement condescendant qu'il avait pu arborer face à sa soeur. La griffure des mots qui avaient tiré les larmes aux yeux de la brunette n'avait jamais été pansée par l'aîné, lui qui pourtant vouait sa vie à réparer les corps n'avait jamais fait l'effort de réparer son coeur. Il y avait bien eu l'anniversaire, un mois plus tôt, la parfaite opportunité pour le frère de demander pardon à la soeur. Le prétexte adéquat pour venir frapper à sa porte, lui offrir ses cadeaux et la prier de l'excuser. Mais il n'avait pas pu, Zeke. Sonner, oui. Déposer le paquet soigneusement emballé et la grande enveloppe kraft sur son pallier, oui. Attendre de voir son visage apparaître par l'embrasure de la porte, non. Il avait filé comme le vent, subitement si peu courageux en ne trouvant pas les mots qui ne seraient pas maladroits, qui expliqueraient sans détours son subit emportement de leur première et dernière chasse en solo. Les sourires étaient revenus, après ça, malgré la lâcheté de ne pas avoir attendu de lui souhaiter son anniversaire de vive voix. Il y avait eu quelques rires, progressivement. De quoi réchauffer le coeur du médecin. Lui donner l'impression que les choses reprenaient doucement leur cours. Mais son absence sur le terrain à son arrivée, il ne se l'expliquait pas. Son esprit embrouillé n'aidait guère à rester optimiste, et ce fut dans la précipitation qu'il gara sa voiture - de travers - sur le trottoir bordant l'immeuble de la brune. En gravissant les marches quatre à quatre pour s'arrêter à son étage, reprenant difficilement son souffle en titubant entre les murs. Tenant fermement sa malette à la main, celle qui contenait plus d'attirail médical que de raison pour une simple visite de routine, son second poing s'abattit à trois reprises sur le bois tandis que le médecin achevait de se redresser, essuyant du revers de sa manche son front humide. « Merry, ouvre ! » S'impatientant déjà. L'inquiétude impossible à cacher dans sa voix.
Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Sam 2 Jan 2016 - 22:15
Une main plaquée sur le flanc, Merry poussa un soupir quand elle parvint enfin à son appartement. Elle poussa la porte derrière elle, laissa tomber sa veste par terre à côté de l’entrée, mais elle dut résister à l’envie de s’effondrer sur son canapé pour s’y rouler en boule. La douleur qui irradiait sur son bras et sur son ventre lui donna un regain d’énergie pour se traîner jusqu’à la salle de bain, où elle se déshabilla rapidement et entra sous la douche. Le jet glacé qu’elle dirigea sur la brûlure qu’elle portait au côté lui tira un cri, mais très vite la douleur céda à un engourdissement bienvenu. Le feu s’estompa sous le froid, et elle aurait voulu rester là, à ne plus rien sentir, pendant des heures s’il le fallait … Mais ses membres se mirent à trembler, une migraine violente s’installa derrière ses tempes, et elle dut arrêter le jet d’eau. Elle inspecta les deux brûlures que le mutant lui avait infligées, mais ses connaissances en médecine étaient trop lointaines pour qu’elle puisse en déduire quoi que ce soit. Sur le bras, ce n’était pas grand-chose, mais sa blessure sur le flanc était plus large, et c’était elle qui lui avait causé plus de mal. Elle décréta quand même que ce n’était que superficiel, et que ça finirait bien par passer. C’était ce qu’elle avait répété aux deux hunters avec qui elle était en chasse, pour qu’ils lui lâchent les baskets et qu’elle puisse s’en aller sans qu’ils n’insistent trop. Si elle les avait écoutés … Ah, si elle les avait écoutés, elle aurait du rester allongée là, dans l’herbe humide de la forêt, à attendre les secours. Des secours prenant la forme d’un Ezekiel paniqué, à tous les coups ! Ces abrutis avaient eu la bonne idée d’appeler son frère dès qu’ils l’avaient entendue crier, touchée par le mutant. Mais ce mutant, justement, elle l’avait tué et elle n’avait rien de plus que quelques brûlures, causant des bouffées de chaleur qui irradiaient sans doute des endroits où le pyrurgiste avait posé ses mains sur elle, et un mal de crâne abominable. Rien qui ne nécessite l’intervention d’Ezekiel, merci bien ! Elle avait un peu paniqué en l’imaginant débarquer au beau milieu de sa chasse, avec deux hunters chevronnés dont elle avait durement gagné la confiance par ses propres moyens, au cours de plusieurs chasses menées avec brio. Pour tout dire, elle ne voulait pas que Zeke s’immisce là-dedans, même si c’était pour l’aider. Elle avait été mortifiée que ses collègues aient immédiatement le réflexe d’appeler son frère, sans même savoir si elle avait vraiment besoin de lui. Comme si elle ne pouvait pas se débrouiller sans lui, comme si elle était encore une apprentie dont le tuteur n’était jamais loin. Elle avait passé un savon aux hunters – la colère camouflant parfaitement sa honte – et leur avait demandé de rappeler Zeke avant qu’il ne rapplique dare-dare, et puis elle était partie. Effectivement, elle avait mal, et oui, elle avait eu peur pour sa vie quand le mutant avait failli la faire brûler vive, mais elle s’en était très bien sortie. Ses blessures étaient superficielles, et elles finiraient par passer. Demain, elle irait à la pharmacie pour acheter de quoi désinfecter tout ça, et ça irait très bien. Il suffisait de serrer les dents et d’ignorer la morsure ardente des brûlures qui ressurgissait déjà. Elle enfila un pyjama, bien décidée à se rouler sous sa couette et à y rester jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Elle se sentait nauséeuse, épuisée. La traque d’aujourd’hui avait été longue, et difficile. Le pyrurgiste avait été le dernier qu’elle avait abattu, mais il faisait partie d’un trio de dégénérés qu’ils avaient eu du mal à coincer. Il y avait eu pas mal de chaos durant cette chasse, Merry avait même du se battre comme une chiffonnière avec une femme avant de réussir à la neutraliser. Ce n’était pas du tout son truc, ça. Elle n’était pas faite pour se battre de cette façon, et elle allait avoir de sacrés hématomes de cette ridicule petite bagarre. Il y avait notamment un point sur son épaule qui la lançait, elle avait du se faire mal en tombant, mais ce n’était vraiment rien par rapport aux brûlures de l’autre dégénéré. Il fallait qu’elle arrête de se focaliser là-dessus, qu’elle pense uniquement à la réussite de cette chasse, et qu’elle essaye de dormir … Chose rendue ardue par la douleur qui ne cessait de la harceler.
Elle fut tirée de son début de somnolence par trois coups secs sur sa porte. « Merry, ouvre ! » Elle reconnu immédiatement la voix, bien évidemment, et elle pesta contre les hunters qui n’avaient pas exécuté la simple petite tâche qu’elle leur avait confiée. Elle pouvait entendre l’inquiétude dans ces deux petits mots à travers la porte. Qu’avaient bien pu lui dire les deux hunters, pour qu’il vienne jusque chez elle comme ça ? Elle allait parfaitement bien, nom d’un chien ! Elle avait essayé de faire bonne figure devant eux pour qu’ils soient crédibles en rappelant son frère, et éviter qu’il ne se déplace pour rien. Elle se leva péniblement du canapé où elle s’était couchée, arrangea rapidement ses cheveux tout en sachant qu’il était bien trop tard pour faire illusion, et elle ouvrit la porte. « Zeke … Tu as mauvaise mine. » Fit-elle remarquer d’un ton un peu surpris, avant de s’effacer pour le laisser entrer. Il avait le teint gris, il n’avait vraiment pas l’air d’aller bien lui non plus. Mince alors, pourquoi est-ce qu’il était venu jusqu’ici ? Elle allait se sentir mal de l’avoir dérangé à présent – et pourtant ce n’était même pas elle qui l’avait fait appeler ! « Tu n’avais pas besoin de venir, je vais très bien. Je leur avais dit de t’appeler pour que tu ne te déplace pas. Surtout si tu es malade, tu aurais du rester chez toi. » Elle retourna s’asseoir précautionneusement sur son canapé, sans pouvoir réprimer une grimace de douleur. Elle savait que Zeke ne manquerait pas de la remarquer, alors elle s’empressa de le rassurer. « J’ai eu un petit accrochage avec un dégénéré, mais je l’ai tué. Il m’a laissé un petit souvenir en retour, ce n’est rien. Demain, ça ira mieux. » Dit-elle en désignant vaguement son flanc, là où elle avait été brûlée.
Ezekiel Blackwell
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Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Sam 13 Fév 2016 - 13:00
he's calling out your name.
Merry & Zeke
Make sure you’ll try to conjure the wind and ease my mind ✻✻✻ « Et bien, ils m'ont appelé quand même. Et d'après eux, t'allais pas franchement bien quand tu es partie. » Frottant son menton d'un geste machinal en la contemplant, tentant de poser son regard médical sur elle pour en oublier la culpabilité qui lui revenait en plein coeur à chaque fois qu'il la voyait, Zeke lui fit suite et referma la porte derrière lui. La sondant du regard, Zeke arqua un sourcil en ne perdant pas une miette de sa mimique douloureuse. Sa tentative ne fut pas fructueuse, laissant au médecin tout le loisir de s'imaginer ce que ce petit accrochage avait pu causer comme dégâts. Trop fière, Merry tentait d'adoucir le tout, mais il n'était pas dupe. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait ce regard, cette manière de vouloir lui faire gober quelque chose. Peu importait l'éloignement, les années d'absence. Les quinze années précédentes avaient été amplement suffisantes pour que le Blackwell apprenne à déchiffrer dans le détail sa petite soeur. « Si t'as envie de me faire gober ça, il va falloir revoir ton jeu et commencer par ne plus grimacer. » Grognon, l'ours mal léché laissa tomber sa mallette au sol dans un martèlement sourd qui sembla résonner à l'intérieur de sa tête durant plusieurs secondes, y réveillant un mal de crâne qui n'avait pas tout à fait disparu depuis son réveil. Glissant une main sur son visage en étirant ses traits sous la pression de ses doigts, comme si cela allait aider à apaiser la migraine naissante, Zeke entreprit d'ôter sa veste. Une manche, éveillant ses muscles courbaturés par cette vilaine grippe, puis l'autre, prenant bien plus de temps que nécessaire à s'en défaire. Chaque micro-mouvement de son crâne dans l'espace commençait à faire tourner la pièce autour de lui, juste suffisamment pour le déstabiliser. Clignant des yeux à plusieurs reprises, le médecin alla déposer le vêtement sur le dossier d'une chaise, remarquant à peine que celui-ci en avait déjà glissé pour se retrouver par terre alors qu'il tournait les talons. Récupérant ses affaires, il entreprit d'avancer jusqu'à sa soeur sans se retrouver par terre, gardant les yeux bien ouverts avant de tout bonnement se laisser tomber à ses côtés. « Montre moi ça, Merry. Maintenant que je suis là, autant que je m'en occupe. » L'enjoignant d'un mouvement du menton à soulever son pyjama pour le laisser jeter un oeil à la blessure, le ton s'était radouci. C'était la première fois qu'il se retrouvait chez elle, depuis tout ce temps. La première fois qu'il avait l'impression d'être à sa place, à s'inquiéter pour elle comme il l'avait toujours fait. Pourtant, la tension des derniers mois n'avait pas disparu. Il le sentait dans ses nerfs tendus, dans son coeur qui s'affolait un peu trop au souvenir catastrophique de leur première chasse commune.
Zeke n'avait pas mis deux secondes à ouvrir sa mallette et à se pencher sur son contenu, comme pour en faire l'inventaire. En réalité, la nervosité qui se greffait à sa petite forme commençait sérieusement à lui donner la nausée. Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits, chassant les taches noires qui lui brouillaient la vue en attrapant sa tête entre ses mains. C'était douloureux. Trop pour le camoufler, pour prétendre que tout allait pour le mieux. « Rah, désolé, ça va passer. » Grommelant tant pour Merry que pour lui-même, sa main migra de son front à son avant-bras qu'il massa d'un geste mécanique. Jetant un coup d'oeil à Merry, il se contenta d'hausser les épaules, geste suffisant à ranimer sur son visage les affres de la douleur. « J'crois que je suis tombé malade, après une chasse avec Matthias. » Vague explication qui suffirait amplement. Inutile de préciser quelle arme le mutant avait pu utiliser sur lui, incapable de déterminer lui même quel poison celui-ci avait pu injecter sous sa peau. « C'est pas la forme depuis, mais ça doit juste être une bonne grippe. J'aurais dû prendre un masque, d'ailleurs, j'y ai pas pensé. J'suis parti si vite que.. » Le médecin s'était tu. Le regard reposé sur Merry, ses lèvres s'étaient refermés alors qu'il s'interrompait. Il ne pouvait pas simplement lui parler comme s'il n'y avait rien eu, pas la moindre dispute, pas la moindre rancoeur. C'était trop facile. Rien ne pouvait être si facile, pas dans la vraie vie. Une ombre passa furtivement devant son regard, le laissant se perdre dans ses réflexions douloureuses alors que ses mâchoires se crispaient. Il y avait des choses qu'il devait dire. Des excuses à présenter. Des explications en ce qui concernait la bombe qu'il avait pu lâcher à propos de Constance. Une fierté à ranger soigneusement, loin de pouvoir la récupérer un jour s'il s'aventurait sur ce terrain glissant, sur un sujet qu'il ne savait pas vraiment maîtriser. Se renfrognant, le médecin fronça légèrement les sourcils. « Enfin, peu importe. Montre moi ce qu'il t'a fait, c'est plus urgent. » La lâcheté. Encore. Toujours. Et ce foutu bourdon qui lui revenait inlassablement dès que son regard s'ancrait dans le sien, loin de le fuir comme cela put être le cas au cours des derniers mois, lorsqu'il se retrouvait à la croiser lorsque les traques s'organisaient. Il avait bien noté qu'elle semblait monter en grade, tout du moins se défaire de ses incertitudes et de ses hésitations. Une certaine détermination à tuer. Quelque chose qui lui hérissait le poil rien qu'à y penser. Ou peut-être bien que c'était lui qui se faisait des films, à trop se focaliser sur les détails. A trop la surveiller, lorsqu'elle avait le dos tourné. « Faut quand même que tu te ménages. Fais attention à toi sur le terrain. J'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose de grave, la prochaine fois. Ils en valent pas la peine. » Ils, les dégénérés, c'était sûrement ce qui s'imposerait naturellement dans l'esprit de sa soeur. Le médecin songeait pourtant plus fortement à ces ils qu'il haïssait furieusement, ces chasseurs de mutants qui avaient happé la vie de sa femme en lui inculquant leurs principes et qui semblaient avoir réussi à réitérer l'expérience avec sa soeur.
Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Sam 5 Mar 2016 - 21:51
« Ils vont m’entendre. » Grommela Merry en réponse à son frère. Les hunters n’avaient aucune idée de la gravité de ses blessures, ils avaient vu un peu de sang et s’étaient immédiatement mis en tête qu’elle avait besoin d’un médecin. Ou pire encore, qu’elle avait besoin de son frère. Mais elle n’était plus une novice au menton tremblotant, qui cherchait le regard réconfortant de son aîné dès que quelque chose clochait. Elle l’était encore il y a bien peu de temps … Merry détourna les yeux, mélangée entre la honte et la colère. Elle avait été comme ça lors de sa seule et unique chasse avec Zeke. A chercher son approbation pour le moindre de ses mouvements, à paniquer à la seule idée qu’elle fasse quelque chose de mal … Et à compter sur lui pour arranger les choses une fois qu’elles avaient mal tourné. Est-ce qu’elle avait vraiment montré cette image à tant de gens ? Est-ce qu’elle allait réussir à s’en dépêtrer, maintenant qu’elle se débrouillait parfaitement bien sans son frère ? Il fallait l’avouer, hein. Elle n’en était pas spécialement fière, d’ailleurs, mais elle s’était détachée de lui et elle réussissait mieux depuis qu’elle arrêtait de se comparer à lui. Ou à l’image qu’elle se faisait de lui. Et ce soir, elle n’avait pas voulu que les hunters l’appellent, elle avait voulu s’en sortir toute seule une nouvelle fois. Leur satané réflexe de dégainer le numéro de Zeke à la moindre goutte de sang … Oui, vraiment, ils allaient l’entendre. Et elle allait devoir faire des pieds et des mains pour faire oublier tout ça ensuite. Mais en attendant, elle devait faire bonne figure devant son frère – et surtout ne pas laisser voir la vraie raison qui la faisait râler de le voir ici. Ce n’était pas gagné, elle n’avait pas pu cacher sa grimace, et de toute façon elle devait avoir l’air pitoyable. Tout comme lui. Il avait les traits tirés, des poches incroyables sous les yeux, et la couleur de son teint ne lui disait rien qui vaille. Il avait l’air sacrément malade. Et il s’était déplacé pour elle, quand même, à la minute où on l’avait appelé. Et elle … Elle, elle pestait intérieurement pour sa réputation au sein des hunters. Elle faisait une sœur formidable, ces derniers temps. « Toi aussi, tu devrais revoir ton jeu … Franchement, t’aurais pas du venir, t’es encore plus mal en point que moi. » Lui lança-t-elle d’un ton un peu adouci.
Elle n’avait pas bougé à son ordre de soulever son pyjama pour qu’il puisse voir sa blessure, elle le regardait en fronçant les sourcils. A le voir ainsi, elle craignait presque qu’il ne s’effondre sur sa moquette et qu’elle doive, elle, s’occuper de lui. Elle n’était pas en forme, mais elle n’était pas loin de croire qu’elle allait un peu mieux que lui. « Rah, désolé, ça va passer. » Elle fronça un peu plus les sourcils, absolument pas convaincue par ce pitoyable mensonge. « J'crois que je suis tombé malade, après une chasse avec Matthias. C'est pas la forme depuis, mais ça doit juste être une bonne grippe. J'aurais dû prendre un masque, d'ailleurs, j'y ai pas pensé. J'suis parti si vite que.. » Il s’interrompit, et elle vit passer une drôle d’expression sur son visage. Pendant un instant, elle en oublia presque ses brûlures, sa prétendue grippe, et elle eut l’impression que quelque chose allait se passer … Elle ne savait pas quoi, et elle n’eut pas le temps d’y penser vraiment. Elle eut juste cette sensation furtive, ce petit battement de cœur qui la ramena des années en arrière quand ils étaient encore si proches. Quand il suffisait d’un regard pour qu’ils se comprennent. « Enfin, peu importe. Montre moi ce qu'il t'a fait, c'est plus urgent. » Elle s’était trompée. La fatigue et la douleur devaient lui jouer des tours, Zeke n’avait jamais eu l’intention de dire quoi que ce soit d’autre que ses phrases carrées et prévisibles de médecin / grand frère inquiet. Il n’y avait plus rien qui passait dans leur regard, elle devait arrêter avec ses idées poétiques tirées tout droit des romans à l’eau de rose dont elle s’était abreuvée toute son adolescence. Dans la vie réelle, les gens avaient besoin de mots pour se comprendre, sans quoi il ne restait que des quiproquos et de mauvaises interprétations. Tout ce qui régnait entre elle et son frère, pour ainsi dire. Avec un soupir à peine contenu, Meredith se résigna, et elle souleva son t-shirt pour dévoiler à Zeke la brûlure qui s’étalait sur son flanc. « Faut quand même que tu te ménages. Fais attention à toi sur le terrain. J'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose de grave, la prochaine fois. Ils en valent pas la peine. » Merry se crispa, elle rabaissant brutalement son t-shirt et sa main ripa, heurtant sa blessure avec un peu trop de force, réveillant la douleur lancinante qu’elle était plus ou moins parvenue à occulter depuis que Zeke était entré. Ses traits se crispèrent et elle hoqueta, bloquant une seconde sa respiration, mais cela ne parvint à calmer ni la douleur, ni la soudaine colère qui pulsait dans sa poitrine. « Je fais attention ! Arrête de me traiter comme si j’étais une gamine ! Tu as peut-être du mal à te faire à cette idée mais je suis une hunter, je suis douée et j’aime ça, d’accord ? Pour moi, ils en valent la peine. » Il était clair que Zeke se référait aux hunters en disant qu’ils n’en valaient pas la peine, et Merry ne pouvait y croire. Ou plutôt, elle y croyait trop bien, mais de l’entendre le confirmer à haute voix, après l’avoir entendu tant de fois sous forme de murmures entre hunters … Le choc était rude. La déception, brutale. Elle reprit la parole, la voix hachée sous l’effet conjugué de la colère et des lancinements brûlants qui irradiaient dans tout son ventre. « C’est à toi de te remettre en question si tu trouves que les hunters ne valent pas quelques risques ! … Si la pire chose qui puisse t’arriver en chassant c’est de choper la grippe, tant mieux pour toi ! Mais moi, je crois en ce que je fais, et je continuerais à prendre des risques si ça signifie que je fais mon boulot correctement. » A mesure que les mots filèrent hors de sa bouche, Merry prit conscience de leur énormité. Elle ne les regrettait pas, pourtant, mais elle n’avait pas voulu les dire de cette façon, aussi crûment, aussi directement. Et surtout pas maintenant. Elle s’était dit qu’elle aborderait le sujet plus tard, quand elle serait parvenue à renouer un vrai contact avec lui … Ce n’était pas du tout ainsi qu’elle aurait du faire. Elle se laissa retomber sur le coussin du canapé, les mains serrées sur son t-shirt. « Désolée. Zeke, excuse-moi. Mais on … On n’a pas du tout la même vision des hunters, toi et moi, et … Je peux pas arrêter. » Elle y retournerait demain, ou après-demain, mais elle y retournerait, peu importe ce qu’il lui dirait, peu importe si elle était encore pliée en deux à cause de cette fichue brûlure. Elle y retournerait. Et elle ne voulait pas s’excuser pour ça.
Ezekiel Blackwell
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Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Dim 24 Avr 2016 - 22:46
he's calling out your name.
Merry & Zeke
Make sure you’ll try to conjure the wind and ease my mind ✻✻✻ Merry venait de baisser son t-shirt précipitemment, et à la vue de sa grimace de douleur quelque chose venait de se tordre dans la poitrine du médecin. D'instinct, sa main s'était tendue vers elle, prête à se poser sur son épaule tandis qu'il inclinait déjà la tête pour essayer de capter son regard de ses grandes prunelles pleines d'inquiétude. Mais il n'eut pas le temps d'aller jusqu'au bout que déjà les mots claquaient entre eux en lui arrachant un mouvement de recul. Bouche bée, les traits figés sans qu'aucune réaction ou aucun son n'en sorte, la première salve de paroles s'interrompit tandis qu'il baissait légèrement les yeux. D'accord, peut-être qu'il avait pris un ton infantilisant, peut-être que le côté moralisateur était plus que mal venu après tout ce qui avait pu se passer. Pourtant, il n'avait pas voulu piquer son égo, simplement la conseiller. Difficile pourtant de ne pas rapidement endosser la cape du grand frère condescendant. Penaud, l'homme s'était donc contenté d'un vague hochement de tête, digérant en même temps l'information de son implication convaincue auprès des hunters. Bien. La question de savoir jusqu'où allait sa loyauté à leur égard semblait réglée, étant donné la tornade qu'il venait de recevoir en chatouillant légèrement ce sujet épineux. Mais il ne s'était pas préparé à la suite. Songeant naïvement que sa soeur allait s'arrêter en si bon chemin. Évidemment qu'elle avait envie de renverser la question, il n'avait pas franchement agi contre ce genre d'interrogations en ne participant plus aux chasses qu'en son simple rôle de médecin. Pourtant, il y eut des mots qu'il n'était pas prêt à accepter, des mots qui le conduirent à replanter son regard dans celui de sa soeur tandis que ses mâchoires se serraient brutalement et que l'azur s'assombrissait dans ses yeux. Les mains crispées, les épaules tendues, une douleur vive venait de le piquer en plein coeur et d'exacerber sa tension nerveuse à son paroxysme. Peut-être que la fièvre y était pour quelque chose, sans nul doute. Ou peut-être que la remarque aurait été impossible à digérer dans tous les cas, même s'il avait été physiquement apte à se contrôler. « Je te traite comme une gamine parce que tu n'as aucune idée des risques que tu prends, ces quelques risques comme tu dis, et je ne te parle pas d'une simple grippe alors... putain Merry, me parle pas comme si j'étais le dernier abruti que tu venais à croiser ! » Le ton était monté malgré lui, malgré les excuses qui avaient automatiquement suivi les paroles de sa soeur. Parce qu'il n'entendait qu'à moitié son ton radouci, seuls les reproches tournant dans son esprit, lui broyant le coeur. « Constance faisait son boulot correctement, tu sais, et je ne lui ai jamais rien dit à ce propos parce que je ne savais pas, moi, j'avais aucune idée de quoi je parlais... et je vais le regretter toute ma vie ! Alors non, on ne me décernera pas la médaille du hunter de l'année, mais tu le sais déjà, pas vrai ? » Ses mâchoires s'étaient crispées un peu plus encore, les dents déchirant les joues tandis qu'il tentait de se contenir, bouillonnant littéralement, la fièvre l'emportant totalement tandis que son souffle devenait de plus en plus court à mesure que son coeur s'accélérait. « Tu voulais savoir comment je suis vraiment entré dans les hunters ? J'ai pas eu le choix ! T'entends ? On m'a littéralement forcé la main. »
Le masque achevait de s'effriter tandis que la vérité sortait enfin de sa bouche, cisaillant l'air tandis que ses propres tympans commençaient à saigner à l'écho de ses paroles, réalisant qu'il parlait trop vite, trop fort, qu'il ne prenait pas le temps de s'expliquer sans briser son image de héros au passage. « Et tu veux que je te dise ? Constance est morte, et on me l'a bien fait payer. J'imagine que c'est ce que t'as entendu, hein ? Que c'était de ma faute ? » Frappant d'un geste sa trousse d'urgence qui vint se renverser en éparpillant son contenu au sol, l'homme tenta de se relever avant de vaciller sur place, plaquant une main à sa gorge en tentant de desserrer le col de son pull qui semblait soudain lui écraser la trachée. « J'ai tout perdu Merry, et quand t'es revenue, que tu m'as dit que t'en étais toi aussi... Que t'étais si heureuse de voir qu'on allait chasser ensemble... Tu voulais que je fasse quoi, au juste ? » Écartant ses bras comme s'il lui laissait tout le loisir de le lyncher, sa vue ne cessait de se troubler, les contours de la silhouette de sa cadette devenant de plus en plus flous. « Je te demande pardon pour ce que j'ai pu dire dans la voiture ce soir-là, j'aurais jamais dû te parler sur ce ton. J'essayais de retrouver un semblant de normalité, de te donner ce que tu voulais aussi, de pas te décevoir, et je... Je pouvais pas parler d'elle, pas sans.. » Un geste brusque porta à nouveau sa main à son front, y épongeant les gouttelettes de sueur naissantes, des dizaines de taches noires englobant son champ de vision tandis qu'il trébuchait avec maladresse jusqu'au canapé. Des fourmillements endolorissaient son bras gauche, qui devenait lourd, si lourd que ses doigts s'y portèrent machinalement en essayant de le soutenir. La poitrine comprimée dans un étau, quelques inspirations maladroites au bord des lèvres, le médecin se serait sûrement demandé s'il n'était pas en train de faire un infarctus si la fièvre n'avait pas porté ses paroles sur la pente du délire. « Si tu crois que c'est facile... facile de me dire que je te déçois... que je ne suis pas celui que tu voudrais que je sois.. » S'adossant au mur en plaquant une main à sa poitrine, du côté de son coeur mal placé qui semblait battre de travers à mesure que son être entier s'alourdissait sous une tension inconnue, l'homme ne voyait plus grand chose, la pièce tournait et ses oreilles bourdonnaient d'acouphènes à lui en cramer les tympans. « J'ai essayé pourtant, j'ai essayé pour ne pas refaire les mêmes erreurs qu'avec Constance, pour te préserver... Faire semblant, piller la pharmacie de l'hôpital, la réserve, tout faire pour eux, pour pouvoir garder un oeil sur toi.. Désapprendre tout ce que j'ai appris pendant mes années d'étude, abandonner mon éthique et regarder mourir ceux qu'ils... que vous assassinez... T'imagine sûrement pas les efforts que j'ai fait, et je pensais vraiment que ça allait fonctionner... Mais on sait tous les deux que j'ai jamais su mentir.. » Sa voix rauque avait achevé de consumer ses cordes vocales tandis que des tremblements invisibles martelaient chaque parcelle de son corps. « Je.. c'est pas la grippe, je... un truc va pas là... » Laissant son échine glisser le long du mur tandis qu'il tendait sa main à l'aveuglette vers son nécessaire médical éparpillé au sol, ses yeux se fermèrent durant plusieurs secondes. Perdu dans un corps cotonneux qui lui faisait perdre tous ses repères. Jusqu'à ce que ses yeux ne s'ouvrent à nouveau. Dévoilant à sa vue les compresses, les seringues, les flacons d'antiseptiques, les solutés de perfusion... Tangant dans les airs, soulevés par une force invisible. Sa main toujours tendue dans leur direction s'abaissant brutalement avant que tout ne retombe immédiatement au sol.
Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Sam 25 Juin 2016 - 22:28
Merry savait qu’elle n’aurait pas du dire tout ça, et elle contempla avec une appréhension croissante l’effet que ses paroles eurent sur son frère. Le regard de Zeke se métamorphosa, passant de l’inquiétude à une colère noire qu’elle lui avait peu souvent connue. Elle courba le dos inconsciemment, comme pour se protéger d’une explosion qu’elle avait pourtant elle-même provoquée. Mais elle détestait le voir comme ça, d’autant plus quand il dirigeait sa colère contre elle. Elle essuya ses premiers reproches avec impassibilité, juste retour de flamme suite à son éclat, mais elle savait que ce n’était pas ça, le véritable problème. Elle prenait des risques et il ne l’accepterait jamais, c’était un fait qu’elle avait compris. Leurs opinions seraient toujours divergentes à ce propos. Il n’allait pas s’en tenir à là, elle était allée trop loin pour qu’il encaisse ses sous-entendus sans les relever. Mais elle ne s’attendait pas à ce que le nom de sa femme apparaisse dans sa réponse. Merry écarquilla les yeux, son cœur se mettant à battre un peu plus fort. La dernière fois qu’il avait évoqué Constance, il lui avait révélé des choses qu’elle n’avait pas soupçonnées, des choses qui l’avaient chamboulée au plus profond d’elle-même, des choses qui l’avaient blessée, également. Parce qu’il avait gardé trop de secrets alors qu’elle avait cru qu’il n’y en aurait jamais d’aussi énormes entre eux … Et elle savait qu’il y en avait d’autres, des pires peut-être, tous ceux qui se chuchotaient parmi les hunters et qu’elle avait refusé d’entendre pendant longtemps. C’était en partie la raison pour laquelle elle lui avait fait ses reproches, pour qu’il comprenne qu’elle n’était pas si aveugle que ça, et qu’elle était déçue qu’il ne lui ait rien dit, jamais. Elle frémit quand il reconnu qu’il n’était pas le meilleur hunter, mais sa mâchoire se décrocha quand il continua. « Tu voulais savoir comment je suis vraiment entré dans les hunters ? J'ai pas eu le choix ! T'entends ? On m'a littéralement forcé la main. » Ca, personne n’en avait jamais parlé. Ca, elle ne le savait pas. La révélation était si brutale, si soudaine, que Merry eut du mal à l’assimiler, et Zeke ne lui laissa pas le temps d’y réfléchir. « Et tu veux que je te dise ? Constance est morte, et on me l'a bien fait payer. J'imagine que c'est ce que t'as entendu, hein ? Que c'était de ma faute ? » Face à la violence qui émanait de son frère, Merry ne put que secouer négativement la tête, éperdue, mais c’était un mensonge. On ne le lui avait jamais dit en face, mais elle l’avait déjà entendu, une fois ou deux. Et si elle avait fini par reconnaître que certaines rumeurs avaient des fondements trop évidents pour les nier, elle n’avait jamais accepté celle-là. Elle aurait voulu avoir le courage de se dresser en travers de ces rumeurs-là, mais elle ne l’avait pas fait. Trop désireuse de s’intégrer auprès des hunters de Radcliff, elle avait baissé la tête et avait fait celle qui n’entendait pas, emplie de honte envers elle-même et envers son frère. Et c’était la même honte qui lui cuisait les joues aujourd’hui, alors qu’elle avait tant de mal à supporter le regard noir d’Ezekiel. Il avait l’air d’être possédé tant ses gestes se faisaient erratiques, tant il semblait avoir du mal à se contenir. Il avait les yeux brillants, le visage luisant de sueur, et semblait au plus mal, mais sa verve ne s’arrêtait pas. « J'ai tout perdu Merry, et quand t'es revenue, que tu m'as dit que t'en étais toi aussi... Que t'étais si heureuse de voir qu'on allait chasser ensemble... Tu voulais que je fasse quoi, au juste ? » La douleur qui émanait de sa brûlure avait été reléguée au second plan, insignifiante face au raz de marée émotionnel qui était en train de la submerger. Mais elle sentit son cœur se serrer et une douleur bien réelle poindre dans sa poitrine quand il lui fit cet aveu. Il détruisait tout ce qu’elle avait imaginé de lui, cette image de hunter insensible et efficace qu’il lui avait montré quand ils avaient chassé ensemble. Il n’avait fait que jouer un rôle, elle s’en doutait depuis un moment, mais l’entendre le reconnaître de vive voix faisait un mal de chien. Il n’avait pas été capable de lui avouer la vérité, alors qu’elle semblait si simple aux yeux de Merry ! Ils s’étaient toujours tout dit, elle se trouvait toujours incapable de lui mentir quand ils étaient gosses, et elle croyait qu’il tenait à cette sincérité entre eux. Elle, elle croyait que c’était la chose la plus importante dans leur relation. Lui … Il pouvait bien s’excuser, mais il l’avait déçue. Et malgré la compassion immense qu’elle ressentait pour lui à cet instant, malgré son envie de pleurer qui lui brûlait les yeux et lui serrait la gorge, malgré son envie de tout envoyer balader pour se blottir dans ses bras et ne plus jamais en repartir … Elle ne pouvait que le fixer, les lèvres tremblantes, le cœur serré, sa colère envers lui l’empêchant de faire le moindre geste. Elle entendait ses paroles, ses tentatives d’excuses, et chaque mot frappait sur son cœur avec violence, mais elle accusait les coups, tremblante et incapable de faire quoi que ce soit. Elle ne comprenait pas pourquoi il ne lui avait jamais rien dit et la trahison la laissait pantelante. Mais quand il vacilla une nouvelle fois sur ses jambes et qu’il dut s’appuyer contre le mur pour ne pas tomber, sa colère disparut pour de bon au profit d’une réelle inquiétude. Elle aurait bien le temps de se pencher sur ses griefs plus tard, mais il semblait trop mal pour qu’elle continue de s’y enfoncer. « Zeke … ? » Elle s’était redressée sur le canapé, ignorant la douleur vivace qui s’était réveillée sur son flanc à ce mouvement, mais son frère ne sembla pas l’entendre, il continuait sur sa lancée, décrivant avec fougue toutes les entorses à son éthiques qu’il avait du réaliser pour elle. Pour elle ? Ses doigts se crispèrent sur le tissu du canapé et elle secoua faiblement la tête. Sa colère s’était déjà évanouie face à l’inquiétude, la laissant vulnérable au panel d’autres sentiments qu’elle avait refusé d’endosser, la culpabilité en premier. Elle n’aurait jamais imaginé qu’il ait pu faire quoi que ce soit pour elle, encore moins qu’il ait renié ses serments. Et elle ne comprenait pas comment il avait pu en arriver là, mais les questions qui se pressaient sur ses lèvres ne furent jamais prononcées, car elle bondit du canapé quand il tomba par terre. Elle voulu se précipiter vers lui, rongée par l’anxiété, mais elle fut prise d’un vertige et elle trébucha avant de tomber lourdement sur les genoux, une main contractée sur sa brûlure. Elle ne se sentait vraiment pas bien, elle non plus, mais elle ignora la douleur et les coups sourds qui martelaient ses tempes pour s’approcher de son frère.
« Zeke ! » Il ne répondit pas, et n’ouvrit même pas les yeux. Il était pâle comme un linge cette fois, et Merry levait la main pour le toucher, morte d’inquiétude, quand il bougea. Avec une horreur sans nom, la jeune hunter vit le contenu de sa mallette se mettre à léviter au-dessus du sol, puis retomber en même temps qu’Ezekiel laissait retomber son bras. Merry eut l’impression de recevoir un uppercut en plein estomac, et elle se recula précipitamment, sans réfléchir. Un instinct de conservation, peut-être, lui intimait de mettre autant de distance que possible avec le dégénéré qu’elle avait en face d’elle. Son propre frère. Arrêtée par le canapé dans son dos, elle resta assise par terre, les yeux agrandis d’épouvante. La peur, la terreur, l’épuisement, tout se mêlait en une masse indistincte face à cette révélation, et elle crispa sa main sur sa poitrine. Elle se serait volontiers plongé la main dans la cage thoracique si cela avait pu faire cesser la sensation qui lui comprimait le cœur. Son monde s’écroulait une nouvelle fois de la plus odieuse façon. « Tu … tu … Tu es un … Mais … Depuis quand ? » Elle secoua la tête, elle avait envie de vomir, de pleurer, de disparaître. « Comment t’as pu me le cacher ? Et les autres, les hunters, et Constance, est-ce qu’ils savaient ? Oh bon sang … Qu’est-ce qu’on a fait pour … pour que tu sois … » Elle arracha ses yeux de la contemplation de son frère, et se releva en s’agrippant au bras du canapé. Les jambes flageolantes, elle ne put pas rester debout bien longtemps et elle du retomber sur le fauteuil. Elle se passa une main fébrile sur le front, elle ne savait plus si elle se sentait mal à cause de sa blessure ou à cause d’Ezekiel, mais elle avait l’impression qu’elle allait s’évanouir – et elle n’était pas loin de le souhaiter. Ses yeux se posèrent sur son sac, qu’elle avait laissé tomber dans un coin de la pièce en rentrant et qui contenait toutes ses armes, et elle repensa aux hunters. Dans un flash, elle vit le massacre des mutants de l’après-midi, puis elle vit Zeke se superposer à cette vision macabre. Un haut le cœur la secoua, et les larmes se mirent pour de bon à couler le long de ses joues. En même temps que les sanglots commençaient à déchirer sa poitrine, sa télévision s’alluma, la faisant sursauter. Elle tourna un regard embrumé vers Zeke, puis vers l’écran. La télécommande se trouvait sur la table basse, loin de leur portée à tous les deux. Un nouveau malaise la prit et elle fusilla son frère du regard, tandis que le volume de la télé augmentait d’un cran. Quand elle se leva pour attraper la télécommande et qu’elle appuya sur le bouton d’arrêt, l’écran resta allumé et le son augmenta une nouvelle fois. « Arrête ça !! » Hurla-t-elle à Ezekiel, prise d’une panique croissante. Faire face aux pouvoirs d’un mutant, elle avait déjà du mal, mais voir son propre frère en action, c’était bien différent et elle ne le supportait pas. D’un pas chancelant, elle contourna la table basse pour aller éteindre la télé pour de bon, mais au contact de ses doigts l’écran se mit à grésiller. Elle retira sa main, puis la posa une nouvelle fois sur l’appareil, provoquant d’autres ondulations sur l’image. « Arrête, Ezekiel, c’est pas drôle !! » Cria-t-elle d'une voix hystérique en se retournant vers lui, mais déjà, une autre idée se glissait en elle, insidieuse et terrifiante. Ce n’était pas lui, c’était elle.
Ezekiel Blackwell
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Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Lun 4 Juil 2016 - 12:22
he's calling out your name.
Merry & Zeke
Make sure you’ll try to conjure the wind and ease my mind ✻✻✻ Qu'est-ce-que c'était que ce bordel ? Un instant incertain en observant les objets léviter alors que des vibrations se propageaient le long de ses phalanges, l'homme crut tout d'abord que sa vue lui jouait des tours. Ce ne serait pas la première fois que la fièvre malmenait la perception des choses, et c'était véritablement l'explication la plus rationnelle. Jusqu'à ce que Merry ne recule avec vigueur, comme si elle avait vu la même chose que lui. Ce qui était impossible, totalement impossible, elle ne pouvait pas entrer dans ce monde qui était actuellement le sien, le laissant naviguer entre réalité et inconscient, malmenant ses sens en perturbant sa pensée. Vraiment, impossible. L'homme aurait d'ailleurs pu continuer ces délibérations internes qui le captivaient depuis de longues secondes, si la voix de sa soeur ne l'en avait pas tiré de force, alors qu'il grognait vaguement une protestation. Reposant ses prunelles rougies sur la jeune femme, un air morne sur le visage en témoignage de sa lassitude et de sa contrariété à devoir tourner sa tête qui pesait une tonne dans sa direction, les mots mirent quelques instants à percuter son esprit. Une expression horrifiée s'imprégna alors doucement sur ses traits, loin de cette morosité exacerbée par l'état second dans lequel la fièvre le plongeait. « Merry, non ! » Les mots franchirent ses lèvres sèches dans une affirmation sans pareille. « Mes tests étaient négatifs, je ne suis pas.. » Un transmutant. C'était ce qu'il s'apprêtait à dire, avant que ses lèvres ne décident de se figer dans l'incompréhension. Non, son génome était parfaitement normal, ç'avait d'ailleurs été un soulagement pour son épouse plus que pour lui-même lorsque les deux enveloppes étaient arrivées dans leur boîte aux lettres. Pourtant, il n'y avait aucun doute possible sur ce qui venait tout juste de se produire, à en juger par la réaction de sa soeur. Elle les avait vu comme lui, s'élever mystérieusement avant de suivre le mouvement de sa main comme s'il n'y avait rien de plus naturel. Il avait vu Faith effectuer ce genre de geste à tant de reprises que ça lui était étrangement familier, tout à coup. A tel point que son échine ne tarda pas à se glacer alors qu'il tentait d'y voir plus clair, de former des hypothèses toutes plus étranges les unes que les autres dans son esprit délirant. Son teint cadavérique s'empourpra au niveau des pommettes alors qu'une idée plus que farfelue le traversait, presque honteux de penser à ça alors que Merry était en train de paniquer à deux mètres de lui. « Il doit y avoir une explication, parce que je n'suis pas mutant, je te le promets. » Oh oui, il y avait bien une explication qui ne cessait de lui trotter dans la tête sans qu'il ne puisse la repousser. Vraiment, ça en défiait les lois de la génétique et de tout ce qu'il avait pu apprendre durant toutes ces années d'étude et d'exercice. Et quand bien même celle-ci lui semblait des plus absurdes, sans doute que son cerveau ne fonctionnait plus très bien et qu'il ne parvenait à la repousser en bloc. Il avait côtoyé Faith un peu moins fréquemment ses derniers temps, pour la préserver de l'éventuelle ligne de mire des hunters auprès desquels il officiait et dont il regagnait doucement la confiance. Il se souvenait pourtant de cette nuit-là à l'hôpital, dans son bureau, et ça commençait à lui donner encore plus mal au crâne d'y repenser. Après tout, c'était la seule télékinésiste qu'il connaissait, il était négatif aux tests, n'avait jamais montré le moindre signe d'une quelconque mutation, et quelques mois à peine après leur petit égarement, voilà qu'il manifestait ces symptômes incompréhensibles. Est-ce-que, d'une manière ou d'une autre, Faith aurait pu lui transmettre ce don, avec un certain temps d'incubation ? Après tout, certaines choses dépassaient tant les lois de la nature que l'on n'était pas forcément renseignés sur une éventuelle contagiosité de ces choses-là. Le médecin tentait de se raisonner, bien conscient qu'une mutation ne se transmettait pas par voie sexuelle, mais tout de même, c'était étrange. Et il avait subitement envie de s'encastrer la tête dans le mur pour faire taire ces idées qui allaient à l'encontre de ses connaissances, justification impossible qui ne cessait de venir le faire dérailler, voyant à peine l'état dans lequel Merry se trouvait par sa faute. Une mutation, c'est pas une MST. Se répétant mentalement cette affirmation pour achever d'éloigner ses soupçons insensés, un sanglot lui arracha un sursaut alors qu'il se tournait trop vite vers sa soeur, le souffle suspendu alors que ses yeux s'écarquillaient. Il n'avait jamais supporté de la voir pleurer, ni même de l'entendre à travers la cloison qui séparait leurs chambres quand ils étaient plus jeunes. Il n'avait jamais pu rester à distance, s'empressant toujours de l'entourer de ses grands bras pour la serrer contre lui et la protéger de ce qui pouvait lui causer de la peine. La dernière fois qu'il l'avait consolée avait sans nul doute été la pire, et le souvenir de l'enterrement d'Isobel s'immisça dans son esprit en achevant de lui écraser le coeur. Ses pensées pourtant s'enchaînaient trop vite pour qu'il n'ait le temps de se laisser submerger par la peine que ramenaient inévitablement ces réminiscences, et en un instant son esprit se focalisa sur l'écran de la télévision qui venait de s'allumer mystérieusement. Levant les mains comme pour lui signifier son innocence, quelque chose bougea dans son champ de vision et il remarqua qu'un vase avait suivi son mouvement, l'homme abaissant immédiatement ses bras dans un fracas qui lui fit grincer les dents. « Désolé, je sais pas pourquoi... » Mais déjà l'écran se remettait à faire des siennes, l'homme gardant ses mains soigneusement serrées l'une contre l'autre pour ne pas risquer de casser quoique ce soit d'autre, observant Merry se débattre avec la télécommande sans grand succès. Son cri se mêla à la voix du présentateur dont le volume ne cessait d'augmenter, et le médecin dut se faire violence pour parvenir à conserver son sang-froid. « Mais tu vois bien que je fais rien !! » Et c'était vrai, en plus, il demeurait strictement immobile, ne tenant pas à donner raison aux accusations de Meredith. Ne la quittant pas des yeux, l'homme l'observa s'approcher de la télévision, et s'il n'avait pas réellement enregistré tout ce qui venait de se produire, son coeur manqua un battement lorsque sa soeur l'effleura une première fois. « Merde, qu'est-ce-que c'est que ce truc.. » Et de nouveau un ordre dans sa direction alors qu'il la contemplait avec impuissance. Effaré par ce qui était en train de se produire, l'homme était incapable de se défendre, prenant conscience de l'écran qui réagissait au contact de sa soeur, sentant l'horreur le gagner doucement. A en voir sa tête, il aurait presque aimé lui dire que oui, c'était encore de sa faute à lui, plutôt que de la laisser se décomposer en réalisant que c'était bel et bien elle qui en était responsable.
Ce fut à cet instant précis que l'homme se décida à bouger, tâtonnant contre le mur pour trouver un appui, ses jambes tremblantes peinant à le remettre sur pied. Laissant sa vue se stabiliser suffisamment pour ne pas retomber au bout de quelques pas, le médecin chemina avec peine jusqu'à sa soeur, contrôlant avec peine ces fourmillements qui lui faisait prendre conscience de chaque objet à sa proximité, comme s'il suffisait de se concentrer dessus pour que celui-ci commence à s'animer. Évitant soigneusement toute démonstration du genre pour ne pas faire fuir Merry, et pour ne pas prendre le risque de la blesser, Zeke n'attendit pas sa permission pour poser sa main sur son épaule, la serrer d'un geste qui se voulait rassurant. « T'es pas mutante, Merry, pas plus que je le suis, et ça, j'en suis sûr. » Le temps où ses certitudes pouvaient importer à sa soeur était peut-être révolu, mais sa voix grave ne perdait rien de ses tons assurés. « Tu te souviens, quand la fille de Lancaster est morte ? » S'humectant les lèvres en prenant son temps pour assembler ses idées, Zeke ne détachait pas son regard du sien, essayant de capter toute son attention pour qu'elle comprenne bien ce qu'il allait lui dire. « Il y a eut une prise d'otage, au château. J'y étais. » C'était quelque chose qu'il ne lui avait jamais avoué, parce qu'il n'avait pas voulu l'inquiéter, qu'il n'était pas parti avec les autres hunters mais avec Faith, que c'était le genre de détail qu'il valait mieux éviter. « Cette nuit-là, on m'a tiré dessus, j'aurais jamais dû m'en sortir. » Une fois de plus, Faith avait extrait la balle avec sa mutation, mais malgré tout, l'homme n'aurait jamais pu s'en tirer sain et sauf, pas avec ce sang qu'il avait perdu. « Sauf que quand ils nous ont enfin libéré, quand je suis sorti du château, j'étais encore sur mes deux pieds, à fuir comme tous les autres. La blessure s'est refermée toute seule, et pourtant, là encore, j'étais certain d'avoir été négatif au dépistage. » Serrant un peu plus sa prise pour être sûr qu'elle n'allait pas se détourner en s'imaginant qu'il lui avouait sa véritable nature, l'homme poursuivit le plus rapidement possible. « Et dans les jours qui ont suivi, des tas de hunters qui étaient au château cette nuit-là ont commencé à manifester des symptômes que j'avais jamais vu avant. Et il y en a une paire qui a commencé à montrer des signes de mutation. Des gens négatifs, comme toi et moi. Tout le monde avait peur et j'suis quasiment le seul à avoir été mis au courant, à cause du secret médical, ils avaient moins peur que je leur colle une balle entre les yeux. » Comme s'il en avait jamais été capable, de toute évidence. « C'est parti aussi vite que c'est venu, et il s'est avéré qu'un mutant était derrière tout ça. T'en as jamais entendu parler ? » L'homme n'était pas certain que l'information ait réellement circulé dans les rangs du groupe, mais si elle avait pu en avoir quelques échos, sans doute qu'elle le croirait plus facilement. « C'est impossible que tu sois responsable de ce qui t'arrive, d'accord ? Quelqu'un t'a fait ça, c'est pas de ta faute, et on va trouver une solution, je te le jure. » Ses doigts tremblants se détachèrent lentement de son épaule, réalisant qu'il n'était pas forcément le mieux placé pour la rassurer après leur altercation précédente. Ne pouvant pourtant résister à l'envie de l'aider, en oubliant presque qu'il était également concerné, focalisant son attention sur sa petite soeur comme il savait si bien le faire par le passé.
Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Sam 30 Juil 2016 - 22:06
Ezekiel était un dégénéré. Il pouvait bien se défendre autant qu’il le voulait, elle l’avait vu en train de mouvoir des objets sans les toucher, et il n’en fallait pas plus pour qu’ils sachent tous les deux à quoi s’en tenir. Cette nouvelle était une atrocité, que Merry avait ne pouvait intégrer. Elle refusait en bloc d’accepter qu’il puisse faire partie de ceux qu’elle chassait, c’était tout bonnement impossible qu’il soit à leur niveau. Il n’était pas son frère de sang et il n’avait pas toujours fait partie de sa vie, pourtant Meredith le considérait comme un membre à part entière de sa famille, comme Isobel l’avait été, comme Dan l’était encore. Il était son frère, ils avaient grandi ensemble assez longtemps pour qu’elle partage avec lui les meilleurs et les pires moments de sa vie. Il avait beau lui avoir caché des choses difficiles à pardonner, elle l’aimait toujours profondément, et rien n’avait semblé insurmontable, parce que tout finissait toujours par s’arranger entre eux. Jusqu’à maintenant. La mutation avait le pouvoir de tout remettre en cause, et c’était une pensée trop insupportable pour qu’elle n’ose la formuler. Mais il semblait qu’il n’y avait pas que lui. Quand elle avait touché l’écran de télévision, elle avait senti quelque chose au bout de ses doigts, réagissant à l’unisson avec les ondulations de l’écran et l’augmentation du volume. Elle avait beau blâmer Ezekiel, lui hurler d’arrêter, elle avait compris. Elle était exactement comme lui. Elle qui se targuait d’être une chasseuse méticuleuse effectuant son devoir avec zèle mais sans excès, elle était exactement comme ceux qu’elle traquait et assassinait. C’était encore autre chose, une autre dimension à l’incompréhension et à l’hébétude qui la frappait. Elle retira ses doigts, s’écarta de la télévision, et elle se laissa tomber à genoux sur la moquette du salon, ses jambes déjà mises à mal par ses blessures et la mutation de Zeke refusant de porter son poids plus longtemps. Elle ne sanglotait plus à présent, elle fixait la télévision à travers ses yeux embués et son horreur allait croissante, mais elle n’était plus capable de dire ou de faire quoi que ce soit d’autre. Elle était bloquée sur la pensée qu’elle était une dégénérée, et rien de plus ne franchissait son esprit.
Elle en oubliait même Zeke, la télévision qui hurlait encore à côté d’elle, la chasse qui n’avait pas très bien tourné quelques heures plus tôt, la douleur sur son flanc. Il n’y avait rien d’autre que la mutation, sa mutation. Mais quand son frère s’approcha d’elle, elle tourna la tête vers lui, comme pour s’arracher à un cauchemar particulièrement violent. Elle eut envie de se dérober quand il leva la main vers elle, mais elle ne bougea pas. A quoi bon fuir son contact à présent ? Ils étaient perdus de la même façon, et le dégoût qu’elle avait ressenti pour lui n’était rien face à celui qu’elle ressentait envers elle-même. Et quelque part, très loin derrière le désespoir qui créait un gouffre en elle, elle était encore capable d’apprécier le fait qu’il soit là. Qu’il ne la laisse pas seule. Il avait toujours été là dans les pires moments de sa vie. Il n’y avait que pour la mort de Selwyn qu’elle n’avait pas pu se réfugier dans ses bras, et si elle lui en avait voulu avec une violence exacerbée par la disparition de son meilleur ami, elle était capable d’oublier cet abandon pour apprécier sa présence ce soir. Il partageait le même sort qu’elle. « T’es pas mutante, Merry, pas plus que je le suis, et ça j’en suis sûr. » Elle leva des yeux gonflés de larmes vers lui, l’implorant silencieusement de lui donner une explication scientifique et rationnelle aux phénomènes qu’ils venaient d’observer. S’il était certain qu’ils n’étaient pas mutants, il fallait qu’il le lui prouve, sans quoi elle ne pourrait pas le croire. Elle savait ce qu’elle avait vu, ce qu’elle avait senti même, et elle n’avait pas la certitude qu’il affichait avec tant de force. Mais quoi qu’il ait à dire, elle boirait ses paroles, comme elle l’avait si souvent fait par le passé. Elle était redevenue une enfant et il était l’adulte qu’elle écoutait religieusement sans jamais remettre en doute ce qu’il avançait. Au moins à ce moment, elle ne songeait plus aux horreurs qu’elle avait apprises dernièrement sur son compte, et sa confiance en Ezekiel était parfaitement restaurée. « Tu te souviens, quand la fille de Lancaster est morte ? » Non, elle ne se souvenait pas, mais elle était sous le choc et ses souvenirs n’étaient pas nets. Est-ce qu’elle était déjà rentrée à Radcliff à ce moment là ? « Il y a eut une prise d'otage, au château. J'y étais. » Ca commençait à lui revenir, mais elle n’avait jamais su qu’il avait été présent lors de la prise d’otage, et ses sourcils se froncèrent légèrement. « Cette nuit-là, on m'a tiré dessus, j'aurais jamais dû m'en sortir. » Merry ne voyait pas du tout où il voulait en venir, mais cette question là ne l’effleura pas, parce que son cœur s’était mis à battre plus fort, poussé par l’angoisse d’avoir failli le perdre et de n’en avoir rien su. Elle l’écouta sans dire un mot tandis qu’il racontait ce qui s’était passé, sa blessure et le miracle qui l’avait fait en sortir vivant. Il prononça alors le mot dépistage, et Merry se souvint avec netteté des mots imprimés sur le papier qu’elle avait aussi reçu. Il y avait son nom, toutes ses données personnelles, et la sentence si merveilleuse : elle était humaine. Tout comme Ezekiel, bien sûr. Elle le savait, alors pourquoi cette apparition soudaine ? Une mutation, ça n’était pas comme une maladie contagieuse, Merry en était certaine. On l’avait, ou on ne l’avait pas, mais on ne pouvait pas l’attraper. Pourtant, Zeke en avait déjà fait les frais une fois, visiblement. Et elle ne demandait qu’à le croire quand il disait que c’était un mutant qui était derrière tout ça, mais elle trouvait ça trop énorme à concevoir. « Pourquoi personne n’en a parlé ? Pourquoi les autres hunters ne nous ont pas mis en garde ? » Souffla Merry, les yeux dans le vague, essayant de rassembler ses idées pour y voir plus clair. Elle comprenait qu’ils ne veuillent pas que les autres hunters tirent à vue sur des alliés infectés par cette étrange mutation, mais tout de même ! « Je ne savais pas. Tu as failli mourir. » Elle lâcha les derniers mots sur un ton de reproche en dardant ses yeux sur ceux de son frère, le sous-entendu bien assez clair pour qu’elle n’ait pas à le formuler. Encore une cachotterie. Quelle était la raison, cette fois ? Pourquoi n’avait-elle pas pu être mise au courant ? Parce qu’il avait peur qu’elle réagisse mal ? Il suffisait de ne pas lui parler du petit miracle, mais elle avait quand même bien le droit de savoir s’il avait été impliqué dans une prise d’otage !
« C'est impossible que tu sois responsable de ce qui t'arrive, d'accord ? Quelqu'un t'a fait ça, c'est pas de ta faute, et on va trouver une solution, je te le jure. » Malgré ces paroles rassurantes, il la lâcha. Son point d’ancrage disparu, Merry eut l’impression que le monde se mettait à tourner autour d’elle. Ce contact avait eut un effet apaisant, mais qu’il cesse de la toucher semblait prouver qu’il n’était plus très sûr de lui – ou qu’il lançait ces paroles en l’air sans les penser pour de vrai. « Mais c’est pas possible … » Sa voix n’était qu’un souffle, presque inaudible derrière la télé qui vociférait toujours aussi fort. Elle se retourna vivement pour jeter un regard noir à l’objet, ses nerfs mis à vif par le bruit ambiant. Elle n’avait pas besoin de ce vacarme, la situation était déjà bien assez difficile à supporter comme ça ! « Ca suffit ! » Cria-t-elle sans réfléchir avant de refermer la bouche, l’air stupéfaite, quand la télé s’arrêta soudain. Un violent frisson la traversa et elle détourna les yeux pour les reposer sur Zeke. Elle ne voulait pas voir de manifestation de ce pouvoir qui semblait couler dans ses veines, ça la mettait trop mal à l’aise. Chacune était une preuve supplémentaire qu’elle n’avait pas rêvé la première fois, et donnait davantage à Merry envie de disparaître dans un trou. « Okay alors … Alors disons que c’est un mutant qui fait ça. » Commença-t-elle. Sa respiration était hachée sous le coup de la panique, mais elle se forçait à envisager la solution d’Ezekiel pour ne plus penser uniquement à cette mutation qui la torturait. Enoncer les faits et les suppositions semblait une bonne solution pour se calmer un peu. « Mais au château, vous étiez plein de hunters, parce que c’était pour la fille de Lancaster, alors si un mutant voulait vous cibler c’était facile. Mais dans mon immeuble, je suis la seule hunter ! Avec toi ça fait juste deux, il ne peut pas y avoir un mutant qui … qui nous regarde ou je sais pas quoi. » Elle jeta un regard éperdu autour d’elle comme si ce fameux mutant allait soudain apparaître pour se démasquer. C’était ridicule. Merry se passa une main tremblante sur le visage pour essayer de s’éclaircir les idées. « C’est pas possible, en plus t’es pas le hunter le plus recherché de Radcliff, et moi non plus. » Elle pouvait bien répéter que ce n’était pas possible, ça n’allait pas faire miraculeusement évoluer la situation. Après une seconde d’hésitation, elle chercha la main de Zeke, et elle serra ses doigts entre les siens. Malgré leurs différents, il restait son frère, et elle avait besoin de sa présence … Elle se déplaça ensuite doucement, toujours sur le sol, pour venir appuyer son flanc contre le sien et se blottir contre lui. Ce n’était pas vraiment digne d’une hunter se prétendant forte, de retrouver un comportement d’enfant apeuré, mais ça lui était égal. « Combien de temps ça avait duré, la dernière fois ? » Finit-elle par demander au bout d’un certain temps de silence, où elle avait seulement apprécié la chaleur de Zeke contre la sienne. Sa douleur au côté s’était réveillée, et un abattement proche du désespoir lui étreignait le cœur. Il fallait continuer de parler si elle ne voulait pas sombrer.
Ezekiel Blackwell
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Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Dim 11 Sep 2016 - 22:36
he's calling out your name.
Merry & Zeke
Make sure you’ll try to conjure the wind and ease my mind ✻✻✻ Scruté par les grands yeux inquisiteurs de sa soeur, le médecin peinait à rassembler ces faux-airs confiants qui semblaient donner le change depuis quelques minutes. Les questions étaient logiques, sans qu'il ne les ait pourtant anticipées. Et si la première n'eut aucun mal à dessiner sa réponse entre les lèvres du médecin et dans un haussement d'épaule... « Pour ne pas créer plus d'agitation que nécessaire, c'est le père de Constance qui a décrété que c'était pas la peine d'alarmer tout le monde. Il voulait surtout pas que ça puisse arriver aux oreilles des mutants, vu que personne ne maîtrisait rien et que ç'aurait été facile pour eux d'attaquer à ce moment-là. » ... la seconde en revanche s'avérait déjà plus complexe. Pourquoi ne lui avait-il rien dit, une fois de plus. L'implicite se camouflait dans son ton, dans ce regard qu'elle braquait sur lui et qui le mettait plus à mal que le reste encore. Sa nervosité naissante ne mit pas plus de quelques secondes à faire vibrer ce qui se trouvait sur la table basse, à quelques pas de leur position, et le médecin se fit violence pour feindre l'indifférence. Comme s'il ne sentait pas le moins du monde ces ondes qui se propageaient le long de sa chair à mesure que les objets menaçaient de bouger à nouveau. Il n'avait rien dit, car cela impliquait un nouveau mensonge par omission. L'homme n'était toujours pas décidé à évoquer Faith, à parler de celle qui avait contribué à sauver ses os ce soir-là alors même qu'elle n'aurait pas donné cher de sa peau quelques heures plus tôt. Devoir sa vie à une mutante, c'était pas forcément le genre de dette que Merry aurait été ravie d'apprendre, c'était en partie ce qu'il s'était dit à l'époque, quand tout aurait été plus facile à expliquer qu'aujourd'hui. Évoquer Faith ne pouvait se limiter à cette soirée, et il ne tenait pas à tester la solidité du coeur de sa soeur en lâchant une bombe presque aussi énorme que ces dons étranges découverts quelques instants plus tôt. Ezekiel tenta alors de se souvenir, de se rappeler des raisons l'ayant poussé à retourner chez lui, à se contenter d'ordonner les gestes infirmiers à effectuer à Skylar sans se rendre à l'hôpital - la ligne de ses sourcils se fronça davantage en laissant une pensée aller à la mutante qu'il avait hébergé chez lui durant des mois, nouveau secret qui ne risquait pas de se révéler de si-tôt. Il y avait ce projectile qui avait été extrait miraculeusement de sa poitrine, d'une précision chirurgicale en ne laissant qu'une plaie traversant son thorax. Il y avait la peau qui avait commencé à le tirailler à peine s'était-il écroulé sur son palier. Et la blessure qui n'en avait plus été une dans les jours à venir. L'homme s'humecta les lèvres en pesant les mots qui allaient sortir, la vision encore floue et le front humide. « J'imagine que je voulais pas t'inquiéter. Comme toi avec ta brûlure tout à l'heure. Tu m'aurais pas appelé pour ça non plus. » Détaillant autant que possible les réactions de sa soeur, essayant de lire dans son regard si oui ou non cela suffisait, Zeke reprit la parole avant qu'elle n'ait pu ajouter quoique ce soit. « C'était guéri si vite qu'après c'était plus la peine de t'alarmer avec ça. Mais au final, je te le dis. Je compte plus te mentir, si t'aimes mieux savoir tout ça, même si tu prends le risque que ça te plaise pas. » Comme un peu plus tôt, alors que tout était sorti enfin, de travers certes, avec impulsivité, mais ça l'avait délesté d'un poids. Ce n'était pas facile, de lire la déception sur son visage, mais c'était peut-être pire encore de prendre le risque de s'emporter à nouveau en n'assumant pas cette vérité.
Le silence instauré entre eux aurait pu être reposant, rassurant durant ces quelques instants à ne pas chercher ses mots, à ne pas s'emmêler davantage les pinceaux avec ce qui partait d'une bonne intention, si le brouhaha de la télévision n'avait pas continué de tourner en fond sonore. Zeke suivit du regard le mouvement de Merry, l'observant hurler à l'adresse de la télé alors que celle-ci semblait littéralement lui obéir, ce qui crispa un peu plus le médecin. Il avait été témoin de bien des mutations différentes, ne s'offusquant pas outre-mesure, capable de supporter sans broncher la télékinésie de Faith, mais ce n'était pas tout à fait pareil avec Meredith. Parce qu'il y avait cette expression qu'elle arborait, ce désarroi lié à ce don qui n'en était clairement pas un, pas quand l'on chassait ce genre de bizarrerie et que l'on se révélait soudainement tout aussi anormale. C'était le regard de sa soeur qui lui faisait mal, d'être totalement impuissant face à ce qui lui arrivait, et de ne pas avoir de solution magique à lui proposer. Une impasse, le genre qui le frustrait et lui collait la foutue impression d'être d'une inutilité accablante. Il était en colère, Zeke, en colère après lui-même et son incapacité à lui venir en aide, quand bien même n'y pouvait-il rien, rien du tout même. Au gré des pulsations erratiques de son coeur fatigué, c'était toutes ses erreurs qui n'arrêtaient pas de lui revenir en pleine figure, avec cette sensation de ne pas être à la hauteur, de ne plus l'être tout du moins depuis des mois entiers. Il fallut que ce soit elle qui reprenne la parole, dans la précipitation, pour qu'il parvienne à s'arracher à cet accès de culpabilité qui ne décroissait pas. Il fallait maintenant se concentrer sur ce qu'elle disait, essayer d'être assez solide pour lui répondre sans flancher, et lui offrir ce soutien dont elle avait bien plus besoin que lui-même. Laissant de côté ses propres craintes liées à ces objets qui se mettaient à léviter dans le désordre dans le dos de sa soeur lorsque son coeur battait un peu trop fort, le médecin tenta d'assembler ses pensées. « Peut-être que c'est pas nous qui sommes suivis précisément, peut-être que c'est d'autres personnes du groupe. Il y a vraiment peu de personnes qui savent que tu chasses, pas vrai ? C'est pareil pour moi. Mais dans le groupe, c'est pas le cas de tout le monde. Regarde, Matthias Callahan, par exemple. Il suffit qu'il ait été visé et qu'on se soit tenu dans les parages. » Son esprit embrumé tentait d'ailleurs de faire une connexion, à ce niveau-là, à l'évocation de Matthias, mais déjà son attention se reportait sur la main de Merry dans la sienne alors que ses doigts se refermaient machinalement sur les siens. Surpris par ce contact inattendu, le médecin l'observa s'approcher et finit par passer un bras rassurant autour de ses épaules, de ce grand geste protecteur dont il avait tant usé par le passé. Durant un moment, le calme sembla revenir lentement dans sa tête, à retrouver ce rôle familier, à regagner suffisamment en confiance pour se détendre légèrement alors que le silence s'installait. Un poids quittait lentement sa poitrine, le laissant apprécier ces secondes de latence où Merry redevenait son principal repère, capable de balayer la tempête qui résonnait dans son crâne, sans s'imaginer la suite, le moment où les choses redeviendraient peut-être compliquées. Pour l'instant, pour la première fois depuis longtemps, chaque chose semblait à sa place, aucune ombre n'était venue entacher leur relation, et aussi éphémère soit cette sensation, Zeke tentait de la capturer et de tâcher de la préserver le plus longtemps possible. La petite voix de sa soeur le poussa à réfléchir à nouveau, les pensées perturbées par cet état second dans lequel il s'enfonçait depuis quelques jours. « Environ trois semaines. » C'était plutôt violent, dit comme ça, et ça lui sembla affreusement long à lui aussi, de le dire à haute-voix. « Mais c'était beaucoup moins prononcé la dernière semaine. » Trois semaines. Il n'allait pas pouvoir passer trois semaines dans cet état. Surtout pas à l'hôpital. Et il ne pouvait même pas prétendre à un arrêt maladie, pas après avoir promis de se tenir à son poste le lendemain malgré cette fièvre, et... « Attends. » Se redressant très légèrement sans pourtant lâcher sa soeur, le médecin se frotta le front comme si cela allait faire passer cet affreux bourdonnement qui lui labourait le crâne. « J'étais avec Matthias, y'a trois jours, dans la zone industrielle. » Inutile de préciser qu'ils n'y étaient pas allés pour une promenade ou une séance photos stylée comme certains ados n'arrêtaient pas de poster sur internet. Ses doigts se portèrent machinalement à son jean, à l'endroit précis où il avait senti la piqûre, et une sueur froide lui glaça l'échine. « Je me suis fait piquer. Le mutant qu'on suivait m'a piqué, vraiment piqué avec une seringue, comme on n'y voyait rien j'ai même cru que Matthias venait de me vacciner par erreur. » Ce qui aurait été sacrément con, mais avec la chance qu'il se traînait dans ce genre d'activité, il n'aurait pas été à l'abris d'une erreur du genre. Tâchant de conserver son calme malgré la panique qui lui revenait en salve, Zeke baissa les yeux vers Merry en fronçant légèrement les sourcils. « J'ai pas arrêté de me tester pour tout et n'importe quoi à l'hôpital, et j'ai rien, pas le moindre virus, pas la moindre anomalie, rien, à part cette foutue crève qui passe pas depuis ce jour-là. » A bien y réfléchir, c'était sûrement inimaginable de muter les gènes de quelqu'un de la sorte, pourtant l'hypothèse de la mst lui avait semblé crédible l'espace de trois secondes un peu plus tôt, alors, peut-être que c'était bien possible, d'une manière ou d'une autre. Camouflant son agitation du mieux qu'il le pouvait, Zeke continua sur sa lancée, incapable de s'arrêter de parler, pas sans commencer à s'énerver tout seul en mille et une suppositions. « Il y a bien des vaccins, qui sait s'ils ont pas trouvé de quoi inoculer cette merde maintenant. » Cette merde, c'était sorti violemment alors que la colère naissait après celui qui l'avait transpercé de son aiguille, lui qui n'était pourtant franchement pas bien coriace comme hunter, contrairement à Matthias. L'homme s'imagina un instant le regard de Faith posé sur lui en l'entendant catégoriser de la sorte cette mutation qui était la sienne, mais ce n'était pas son principal souci à ce moment-là. On lui avait injecté de quoi le rendre dangereux, vraiment dangereux à en juger par le vase qui venait de traverser la pièce et d'éclater contre un mur suite à une montée d'adrénaline prononcée, et ça ne lui plaisait pas du tout. « T'as pas chassé avec Matthias, ces derniers temps ? Ou avec qui que ce soit de plutôt réputé pour ses idées en ville ? T'as pas été piquée, toi aussi ? » Attendant avec attention la réponse de sa soeur, le médecin demeura strictement immobile, évitant tout geste brusque susceptible de laisser un nouvel objet venir s'écraser dans la pièce.
Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Ven 30 Sep 2016 - 23:18
L’explication que donna Zeke à Merry sur les raisons du silence des hunters lui sembla soudain tout à fait logique et sensée. Elle aurait pu y penser toute seule : les hunters recherchaient avant tout à préserver les leurs et à ne laisser aucune faiblesse arriver aux oreilles des mutants qu’ils chassaient. Elle avait encore beaucoup de choses à apprendre d’eux si elle n’était pas capable de comprendre cela toute seule. Mais au final, ce n’était pas ça qui lui importait le plus. Elle se fichait bien de ce que les hunters avaient décidé, et de ce qui était arrivé aux autres. Ce qui la choquait le plus, c’était ce qui était arrivé à Zeke. Elle avait failli le perdre, il aurait pu mourir lors de cette soirée, et il ne lui avait rien dit. Comme si ce n’était qu’une anecdote sans gravité au milieu de tant d’autres. Une fête, une balle, et la mort qui passe si près, à un cheveu de lui enlever un frère comme elle lui avait déjà pris une sœur. Plus d’un an après les faits, il avait gardé le silence sur un évènement aussi important. Encore un silence, encore un secret. Encore une blessure ouverte sur le grand tableau des cicatrices qu’il ne cessait d’infliger à sa sœur sans même sembler s’en rendre compte. Etait-il devenu insensible à ce point, ou était-ce juste quelque chose qu’il faisait avec elle ? Il avait l’air coupable et elle ne pouvait pas croire qu’il fasse ça par dessein, mais elle voulait quand même une réponse à cette question, c’était essentiel pour déterminer la suite de leur relation. « J'imagine que je voulais pas t'inquiéter. Comme toi avec ta brûlure tout à l'heure. Tu m'aurais pas appelé pour ça non plus. » Elle écarquilla les yeux, ulcérée par une telle réponse, mais il reprit avant qu’elle n’ait pu se défendre. « C'était guéri si vite qu'après c'était plus la peine de t'alarmer avec ça. Mais au final, je te le dis. Je compte plus te mentir, si t'aimes mieux savoir tout ça, même si tu prends le risque que ça te plaise pas. » Merry en resta bouche bée, stupéfaite de cette promesse soudaine à laquelle elle ne s’attendait plus. Elle n’avait rien demandé, certaine qu’il ne lui offrirait jamais cette faveur, mais il l’avait faite de lui-même, et elle baissa la tête, la gorge nouée. « D’accord. » Articula-t-elle difficilement, en refoulant les larmes qui menaçaient de couler. « Merci. » Elle du se forcer pour inspirer une grande goulée d’air et desserrer un peu le nœud qui bloquait ses paroles, tentant de mettre des mots sur le remue-ménage qui secouait ses émotions. « C’est pas que je voulais pas t’inquiéter. J’étais sûre que j’avais pas besoin de toi et je voulais … Je voulais pas qu’ils croient que j’avais toujours besoin de toi. Ou juste besoin d’aide en général. S’ils me voient toujours comme une gamine, ça ne marchera jamais et je serais jamais comme eux, mais … J’ai toujours besoin de toi, seulement … pas comme ça. Et si je suis blessée, pour de vrai, si je passe près de la mort, je veux que tu sois le premier qu’ils appellent, et je veux que ce soit toi qui me ramène … Mais moi je peux pas t’aider, je peux pas te soigner, je veux juste être là pour toi aussi. Et je ne sais pas comment faire, je sais plus comment faire avec toi. » Avoua-t-elle finalement, les yeux toujours baissés sur le sol, incapable de le regarder pendant ces aveux qui lui pesaient tant. « Je m’en fiche, que ça me plaise pas. T’es mon frère, c’est sûr que je vais râler, et puis je vais t’insulter, mais ça ira mieux après. C’est mieux que de mentir encore et encore, et que ça se termine … comme ça. » Du revers de la main, elle essuya l’humidité qui perlait de ses yeux et renifla un bon coup. S’il tenait sa promesse, les choses iraient forcément mieux. Elle ne voulait plus de ces mensonges entre eux, qui intoxiquaient leur relation depuis des mois. Mais elle était vraiment soulagée qu’il ait la volonté d’établir quelque chose de plus sincère.
Malgré cette discussion qui lui faisait chaud au cœur et qui lui offrait une perspective d’avenir un peu plus agréable pour eux deux, il restait toujours ce mur infranchissable qui les menaçait tous deux. Une mutation venue de nulle part et que Meredith n’acceptait pas, n’accepterait jamais. Que ce soit celle de son frère ou la sienne, elle refusait qu’ils soient les victimes de cette chose qu’ils avaient fait le vœu d’éradiquer – bien que son vœu à elle soit plus fervent que celui de Zeke. La possibilité qu’ils ne soient que les victimes d’une machination mutante offrait un maigre espoir à Merry, mais elle voulait y croire de tout son cœur, car cela signifiait qu’ils pouvaient s’en débarrasser. Ce n’était pas dans leur génome, ils n’étaient pas mutants, juste des victimes. Il ne restait qu’à comprendre comment, pourquoi. Et là, elle ne voyait plus. « Peut-être que c'est pas nous qui sommes suivis précisément, peut-être que c'est d'autres personnes du groupe. Il y a vraiment peu de personnes qui savent que tu chasses, pas vrai ? C'est pareil pour moi. Mais dans le groupe, c'est pas le cas de tout le monde. Regarde, Matthias Callahan, par exemple. Il suffit qu'il ait été visé et qu'on se soit tenu dans les parages. » Elle avait vaguement hoché la tête en signe d’assentiment à sa question : la plupart des gens qui apprenaient qu’elle était hunter finissaient six pieds sous terre. Et les autres … Ils n’avaient pas de raison de lui faire ça. Elle n’avait pas les ennemis qu’un Callahan pouvait récolter par la simple évocation de son nom. Mais dans ce cas, pourquoi Zeke et elle, pourquoi maintenant précisément ? Ils n’étaient pas avec Matthias, ni avec aucun hunter de renom. Ils étaient juste eux, le médecin qui refusait visiblement d’être un vrai hunter, et la gamine qui essayait de se prouver qu’elle valait aussi bien que les grands hunters qu’elle imitait. Cela ne tenait pas la route, et dans l’état de faiblesse où elle se trouvait, Merry ne parvenait pas à croire à cette explication. Elle se laissa aller dans les bras de Zeke, ferma les yeux et essaya de ne pas céder à la panique. Au moins ils étaient ensemble, au moins il ne la laisserait plus tomber … Elle aurait aimé en être absolument certaine, mais même maintenant – surtout maintenant ? – elle en doutait encore. Ce refuge qu’il lui faisait de ses bras ne durerait pas, et c’est cette pensée qui l’empêcha d’en profiter pleinement. Il avait encore ce pouvoir apaisant qu’il avait toujours eu sur elle, mais il lui semblait qu’elle gardait une part de méfiance tout au fond de son cœur. Comme s’il allait se lever et la laisser seule, parce qu’il l’avait déjà fait et qu’elle craignait plus que tout qu’il ne recommence. Elle voulait s’accrocher à lui mais elle n’osa pas, sentant instinctivement qu’elle n’en avait pas le droit. Plus le droit. Bien sûr il ne se leva pas et il la garda contre elle, et elle s’en voulut de ne pas pouvoir lui faire confiance davantage.
Quand il reprit la parole, elle sentit ses épaules s’affaisser, en proie à un nouvel abattement. Trois semaines, jamais elle ne tiendrait aussi longtemps ! Dix minutes, c’était déjà un enfer. « Attends. J'étais avec Matthias, y'a trois jours, dans la zone industrielle. » Bien qu’elle ne sache pas où il voulait en venir, Merry tacha de suivre le fil de sa pensée. « Je me suis fait piquer. Le mutant qu'on suivait m'a piqué, vraiment piqué avec une seringue, comme on n'y voyait rien j'ai même cru que Matthias venait de me vacciner par erreur. » Décidemment, il avait le chic pour se fourrer dans des situations pas possibles ! A l’évocation de la seringue, Merry imaginait déjà le pire, et toutes sortes d’agents pathogènes défilèrent dans sa tête, tous plus menaçants les uns que les autres. « J'ai pas arrêté de me tester pour tout et n'importe quoi à l'hôpital, et j'ai rien, pas le moindre virus, pas la moindre anomalie, rien, à part cette foutue crève qui passe pas depuis ce jour-là. » Merry se redressa et le regarda, les yeux agrandis par la stupeur. Ce qu’il était en train de sous-entendre, c’était … « Il y a bien des vaccins, qui sait s'ils ont pas trouvé de quoi inoculer cette merde maintenant. » Le soulagement envahi Meredith comme une vague de fond, en même temps qu’un sentiment d’horreur la saisi. « Mais oui ! » S’exclama-t-elle en s’écartant de lui, mue par une excitation qui la rendait presque fébrile. Elle porta la main à son flanc quand sa brûlure la mordit une nouvelle fois, mais elle n’y prêta que peu d’attention. Elle sursauta quand un vase explosa, sans doute sous le coup de l’émotion de Zeke, et ce fut presque aussi anodin que la douleur qui s’était réveillée au creux de sa chair. La crispation de peur était grandement atténuée par le soulagement. Elle ne voyait pas du tout comment il était possible d’inoculer une mutation, et encore moins deux mutations différentes, mais elle ne comprenait pas non plus comment marchaient le NH24 et le NH25, pourtant ils existaient et ils fonctionnaient. C’était limpide. Bien qu’ils n’aient pas le remède, ils avaient au moins le début de l’explication. Le remède viendrait ensuite, peut-être même tout simplement avec une injection de NH25. « T'as pas chassé avec Matthias, ces derniers temps ? Ou avec qui que ce soit de plutôt réputé pour ses idées en ville ? T'as pas été piquée, toi aussi ? » La jeune hunter tenta de se creuser la tête. Toute la théorie reposait à présent sur ses souvenirs, si elle ne parvenait pas à justifier sa mutation, elle serait fichue. « Je n’ai jamais chassé avec Matthias. » Commença-t-elle lentement. Elle n’aimait pas vraiment le Callahan, qui avait des méthodes trop différentes des siennes. « Je ne chasse pas avec les grandes familles, en fait. Mais j’ai travaillé avec Parrish Kane ces dernières semaines, et il est plus réputé que moi … » C’était peu de le dire, mais elle ignorait s’il avait des ennemis au sein des mutants. Néanmoins, alors qu’elle se posait cette question, elle se rappela d’une chose. « Mais il y a eu ce groupe de mutants qu’on a chassé … Ils étaient en train de planifier un coup contre les hunters, ils étaient armés et préparés. On a eu du mal à les abattre, et toute la mission a été chaotique. J’ai pu être piquée sans m’en rendre compte, j’ai pris pas mal de coups, et j’ai pas vraiment compté mes bleus en rentrant. J’étais vivante et pas eux. » Cela résumait parfaitement la situation à ses yeux, c’était toujours la seule chose qu’elle retenait de ses chasses. Elle ne se souvenait pas des détails, elle préférait oublier comment les mises à mort avaient lieu. Un couteau qui s’enfonçait dans des entrailles, une éclaboussure jaillissant d’une gorge tranchée ou d’une balle dans la tête … C’était un tourbillon de violence qu’elle enfermait dans un coin de sa tête et où elle ne revenait pas. Elle avait pu être piquée, c’était possible. En se débattant pour libérer un bras, en s’approchant trop près d’une victime avant de la tuer … Elle n’avait même pas du sentir de douleur, anesthésiée comme elle l’était par l’adrénaline qui était alors son seul moteur. « Ce n’est sans doute pas définitif. Ils ne peuvent pas avoir développé ça et s’en servir en secret, s’ils pouvaient réellement rendre toute la population mutante, ils ne se gêneraient pas, ça résoudrait beaucoup de leurs problèmes. Les hunters n’auraient plus de raison d’être. » Ajouta-t-elle avec une grimace amère. « Mais on a toujours le NH25. Il paraît que les effets sont assez violents, mais ce sera toujours mieux que d’être … comme ça. » Elle leva à nouveau les yeux vers Zeke, cherchant son assentiment comme par réflexe. Puis elle les referma et s’adossa contre le mur, laissant ses muscles se relâcher, relarguant toute la tension qui s’y était accumulée. « Mais quelle … saloperie … » Soupira-t-elle à mi-voix.
Ezekiel Blackwell
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Sujet: Re: somebody call out to your brother, he's calling out your name. (merry) Mar 8 Nov 2016 - 21:53
he's calling out your name.
Merry & Zeke
Make sure you’ll try to conjure the wind and ease my mind ✻✻✻ C'était dur, vraiment, de l'entendre se persuader qu'elle n'avait pas besoin - plus besoin - de son aide. Information que son cerveau refusait d'intégrer, mettant à mal bien trop de schémas avec lesquels il fonctionnait depuis plus de vingt ans désormais. La protéger, c'était tout ce qu'il avait toujours voulu, depuis les premiers jours à fouler les couloirs de cette maison qu'il pouvait enfin considérer comme sienne, à se retrouver adopté par les Quinns, à immédiatement adopter Merry à son tour. Elle avait été sa famille plus que n'importe qui sur cette Terre, plus encore que sa mère, plus que tous les liens du sang susceptibles d'exister ci et là sans qu'il n'en ait connaissance. Avec elle, ç'avait été une évidence, le choix de l'accepter comme sa soeur, de l'aimer comme telle et d'être prêt à tout pour elle. Le besoin viscéral de se tenir à ses côtés, d'être certain qu'elle allait bien, s'attachant à elle, le coeur débordant d'une affection qu'on ne l'avait encore jamais laissé offrir à personne. C'était des choses qui n'avaient pas changé, qui ne changeraient jamais, pas même quand il pouvait s'emporter, la brusquer, pour la tenir loin de vérités qui les éloigneraient inévitablement. C'était sa plus grande crainte et ce d'aussi loin qu'il s'en souvienne, il ne voulait pas la perdre, il ne laisserait personne les séparer. Pas même si cela voulait dire se tenir en retrait, observer en la gardant en sourdine, désapprouver les chasses dans lesquelles elle se lançait alors qu'il aurait aimé l'arrêter, et se taire, encore. Cartes sur table, terminés les non-dits qui s'accumulaient depuis des mois, à lui nouer les tripes dès qu'il la croisait, dès qu'il s'inquiétait pour elle en doutant de sa légitimité à lui reprocher quoique ce soit. Il fallait désormais accepter que non, son engagement auprès des hunters ne serait pas temporaire, qu'il ne s'agissait pas seulement de se montrer à sa hauteur à lui, de ne pas le décevoir. Elle faisait ça pour elle, et la culpabilité qui avait étreint le médecin se voyait balayée par un sentiment d'impuissance, n'améliorant nullement les choses. Il l'écoutait pourtant, Zeke, sans broncher. Peut-être bien qu'il avait perdu le droit de le faire, qu'elle se moquerait bien désormais de sa désapprobation. Qu'elle avait grandi, qu'elle n'avait plus besoin qu'il se penche au-dessus de son épaule pour orienter ses moindres faits et gestes en s'assurant qu'elle ne s'égare pas. Alors, il la bouclait, même si sa langue le démangeait et que ce n'était pas franchement agréable de se sentir si inutile. C'était sûrement tout aussi difficile pour elle, c'était ce qu'il se disait en baissant les yeux vers elle alors qu'elle ne le regardait pas, et ce n'était pas nécessaire de venir en rajouter une couche, surtout pas lorsqu'il cherchait à recoller les morceaux. « Promet moi de ne pas hésiter à m'appeler, alors. Que je sache au moins que tout va bien, même si j'ai pas de nouvelles. J'ai jamais voulu que ton bien, Merry, depuis qu'on est gosses. » Le front brûlant et le coeur désinhibé, le médecin ne lésinait plus en paroles, affirmant chaque mot, chaque vérité qui s'était perdue dans les limbes de leur éloignement, sans cesser d'exister pour autant. « Je sais pas faire autrement que de m'inquiéter pour toi. J'ai jamais voulu te faire de peine, et je voulais pas te décevoir. Si je t'ai rien dit, si je t'ai brusquée aussi, j'en suis désolé, vraiment. Mais crois-moi quand je te dis que j'ai jamais voulu te faire de mal. » S'éclaircissant la voix pour trouver le courage de continuer son mea-culpa sur sa lancée, Zeke finit par repousser avec douceur les mèches brunes qui tombaient de part et d'autre de son front, geste familier qui semblait s'être perdu dans le temps, vieux rappel à tous ces moments passés à la consoler, à la rassurer, ce rôle privilégié qu'il avait tenu durant des années. « Je peux essayer d'être moins papa poule, aussi, même si ça va être le plus compliqué dans l'histoire. » Un soupçon d'humour et un maigre sourire au coin de ses lèvres, alors qu'il acceptait implicitement de ne plus lui mentir, plus maintenant qu'elle savait tout de sa position sans pourtant le rejeter.
L'explication - la seule explication, d'ailleurs - se dessinait lentement alors que ses réflexions s'établissaient à voix haute, soulageant en parallèle cette angoisse qui ne l'avait pas quitté depuis qu'il s'était fait piquer. Étrangement, l'idée de n'avoir été contaminé que par une mutation, ou un semblant de mutation restait bien plus rassurant que toutes les théories médicales qu'il avait pu élaborer, toutes les maladies infectieuses qu'il avait craint. Scientifiquement, cela ne pouvait être que temporaire, comme la dernière fois, et cette pensée le rassurait à mesure que l'enthousiasme de Merry grandissait, lui arrachant un sursaut alors qu'elle poussait une exclamation. Même les manifestations de ce qui se tramait dans ses veines n'attiraient plus vraiment son attention, totalement concentré sur cette théorie et sur les traits changeant de sa soeur. Elle semblait soulagée, et il ne pouvait que s'en réjouir, oubliant presque de grimacer alors qu'elle évoquait le Kane. Réprimant la bile qui lui montait aux lèvres en l'imaginant traîner aux côtés de ce hunter dont il ne s'approchait que rarement, Zeke se savait mal placé pour rétorquer quoique ce soit, pas après avoir avoué côtoyer Matthias Callahan. Hochant la tête, Zeke garda les lèvres scellées alors qu'elle évoquait les coups, les bleus, que l'idée même qu'elle ait pu se retrouver malmenée lui était insupportable. Adossant son dos au mur à son tour, incapable de tenir plus longtemps sans appui, il finit par fermer les yeux quelques secondes en se laissant le temps de reposer son crâne sur le point d'imploser. « Ouais, il y a toujours le vaccin, si ça passe pas... » La voix de plus en plus éteinte après les efforts de réflexion que lui avaient demandé les dernières minutes, Zeke finit par reporter son regard sur Merry, inclinant vaguement la tête dans sa direction. « Au moins on est ensemble. » Tant à souffrir de ces mêmes manifestations incompréhensibles, qu'en général. Parce que malgré tout ce que pouvait impliquer ces mutations qu'on leur avait infligé, c'était avec un poids en moins derrière les côtes que le médecin regardait sa soeur, venait envelopper son épaule de son bras dans un geste protecteur. Il ne l'avait pas perdue. Il ne la laisserait pas seule.