Sujet: i almost missed you (first - ellitur) Lun 9 Mai 2016 - 23:07
I almost missed you
Moira & Artur
L’avion n’allait pas tarder à atterrir. Cela faisait plus de quatre heures qu’Artur en était intimement convaincu. L’avion n’allait pas tarder à atterrir, ses bras n’allaient pas tarder à retrouver Ellie, ses lèvres n’allaient pas tarder à retrouver les siennes et lui n’allait pas tarder à se sentir enfin entier. A condition, bien évidemment, qu’une mutation fourmille dans ses veines et qu’elle électrise son épiderme au premier toucher. Après tout, n’était-il pas en couple avec la jeune mutant dans cet unique but ? Artur en était persuadé. S’en était convaincu. Refusait de voir l’évidence tandis que ses mains moites pianotaient sur la rambarde et que son regard anxieux se perdait encore une fois sur la panneau d’affichage, comme si le regarder allait faire accélérer le temps. Quatre heures qu’il attendait, quatre heures qui n’allaient pas tarder à s’achever. Si ce foutu avion acceptait d’atterrir. Inhabituellement impatient, Artur ignorait les SMS qui vibraient sur son téléphone, conscient qu’ils ne pouvaient venir de la seule personne qui l’intéressait présentement. Soudain, une annonce. Enfin : sursautant, il se glissant dans la masse de personnes venues récupérer des proches à la sortie de l’avion pour parvenir au premier rang avec sa discrétion et sa souplesse habituelle. Invisible, Artur était de ceux qui pouvaient obtenir ce qu’ils voulaient sans heurter les personnes, simplement avec un petit sourire de connivence et un peu d’adresse. Grimaçant sous le bruit de plus en plus insupportable à ses oreilles trop sensibles, Artur fixait toutes les personnes qui sortaient au compte goutte avec un regard dur, comme s’il les accusait une à une de ne pas être sa mutante. Comme s’il commençait à craindre, aussi, qu’elle n’ait pas pu monter dans ce fichu avion, comme s’il commençait à angoisser à la seule idée qu’elle disparaisse un jour de plus.
Cinq jours. Cinq longs jours séparés, sans se voir, alors que depuis les attentats il ne se passait guère plus de quarante huit heures avant qu’ils ne se retrouvent. Cinq jours qu’elle était au Japon, transportée contre son gré par un mutant qu’Artur comptait bien éliminer si jamais il en retrouvait un jour la trace. Cinq jours, une éternité lorsqu’on les mettait en perspective avec la visite qu’il avait subi de sa sœur, il y avait de cela une semaine. Une rencontre dont il n’avait, d’ailleurs, pas encore eu le temps – ni l’envie d’ailleurs – de parler à Ellie. Bras croisés, Artur finit par se contraindre au calme, endiguant l’agitation nerveuse et impatiente de ses doigts en les serrant autour de ses avant-bras. Le défilé des personnes ne s’arrêtait pas et elle ne paraissait pas. Pendant une fraction de seconde il envisagea même de regarder une nouvelle fois son téléphone pour vérifier le numéro du vol mais il se força à avoir confiance en sa mémoire, même si elle lui jouait détestablement des tours, et ce de plus en plus souvent. Un soupir, le visage de l’Irlandais se fermait chaque seconde un peu plus sous l’agacement. Il n’aurait pas du venir ici. Pourquoi était-il venu, d’ailleurs ? Ellie était une grande fille, elle aurait pu retrouver d’elle-même son chemin vers son appa…
Un sourire naquit sur ses lèvres à l’instant même où il devina sa silhouette. Peu enclin aux démonstrations ridicules, il se contenta de lever brièvement la main juste pour attirer son attention et la laisser venir à lui. Dès qu’elle fut à portée, en revanche, il oublia le monde qui les entouraient pour l’enlacer. Protecteur. Et l’embrasser, directement. Amoureux. Aucune mutation ne s’immisça dans ses veines, pas de puissance enivrante, pas de pouvoir, pas de surnaturel et pourtant, Artur n’y fit pas une seule seconde attention, trop concentré qu’il était à s’assurer qu’elle était en bonne forme, qu’elle lui revenait entière, indemne. Inchangée. Glissant une main dans la nuque d’Ellie, il libéra ses lèvres pour mieux plonger son regard dans le sien. « Ces cinq jours ont été interminables… » Encadrant le visage de la mutante, il glissa ses doigts jusqu’à son menton, sentant un poids douloureux libérer ses épaules. Sa main chuta pour mieux s’entremêler à la sienne. Hors de question qu’il la lâche, hors de question qu’il ne s’éloigne d’elle : il voulait la garder sous ses yeux. « On y va ? Trop de monde, ça me donne mal à la tête. Je suis venu en voiture. » Petit à petit, Artur redevenait lui-même, avec cette aisance qui le caractérisait. Il n’avait pas l’habitude d’agir à ce point à l’instinct et surtout à ce point impulsivement : il devait contrebalancer tout cela par une reprise en main de ses pensées, de ses mots, de ses gestes, de sa respiration. « Tu m’as manqué » concéda-t-il une nouvelle fois. Et si sa voix ne changea pas, si son ton ne changea pas lui non plus, resta chargé de sincérité, il y en avait pourtant bien moins que dans les premières secondes. Parce que ce n’était pas Ellie qui lui avait manqué, il en était persuadé. C’étaient les mutations qu’elle lui promettait par sa seule existence, c’était sa peau, c’était ses sourires, c’était sa présence. Non, ce n’était pas Ellie qui lui avait manqué, Artur était formel. Il le devait.
Sujet: Re: i almost missed you (first - ellitur) Ven 20 Mai 2016 - 15:27
Dire qu'elle ne s'attendait pas à se retrouver à l'autre bout du monde ne s'approchait même pas de la réalité. Elle était démunie, complètement hors de son élément. Ce mutant qui l'avait accroché et envoyé au Japon avait rapidement disparu, la laissant seule au milieu d'une foule qui ne parlait même pas sa langue. Heureusement qu'Ellie était débrouillarde sinon, elle aurait bien plus paniqué que ce qu'elle avait ressenti. Tout de même, elle avait réussi à trouver l'ambassade et se faire rapatrier. Quelque chose lui disait que ce genre d'incidents allaient arriver bien plus souvent dans les années à venir, à mesure que les mutants commenceraient à peupler la Terre. C'était peut-être pour ça que les hunters les chassaient... ils avaient peur d'elle, d'eux. Mais y'avait pas de raisons, ils n'étaient pas tous dangereux et ce petit voyage à l'autre bout du monde permit à Ellie d'oublier un instant toutes les embrouilles de Radcliff. Bien sûr, Artur ne cessait d'occuper ses pensées et il fut le premier qu'elle contacta. Elle venait tout juste de rencontrer son père et elle aurait pu le contacter lui en premier mais c'était tellement nouveau, elle ne se voyait pas dépendre de lui. Pas maintenant. Alors après quelques jours d'attente, elle avait enfin un pied dans l'avion et elle ne tardait de retrouver son petit chez soi. Elle savait qu'Artur l'attendrait à l'aéroport et elle était impatiente de le retrouver. Elle n'était pas encore certaine de ce qui définissait leur liaison. Avec tout le temps qu'ils passaient ensemble, forcément, elle le voyait un peu comme son petit ami mais elle sentait qu''elle ne savait pas tout. Comme une intuition. Pourtant, elle continuait de lui faire confiance et espérait qu'il en lui ferait plus jamais de mal. Il n'était donc pas étonnant de la voir taper du pied et gigoter dans son siège avec l'envie de pouvoir se téléporter pour de vrai cette fois et le serrer tout de suite dans ses bras. Cependant, elle devait se contenter de l'avion. Et des heures interminables que cela prenait. Quinze foutues heures à devoir attendre, sans rien pour s'occuper sauf la petite télévision devant elle. Dire que le décalage horaire commençait à la heurter de plein fouet était un euphémisme et elle ne put que s'endormir après la moitié du trajet. Elle fut réveillée quand le pilote annonça qu'ils étaient sur le point d’atterrir. Cette fois, et même si elle était fatiguée, elle ne pouvait véritablement plus rester en place. Elle se dépêcha à quitter l'avion une fois aux abords de l'aéroport et suivit le groupe jusqu'à l'aire où les invités devaient les attendre.
Tout de suite, elle se trouva sur la pointe des pieds à chercher Artur. Elle n'avait qu'un petit sac avec elle que les autorités du consulat lui avait donné pour passer quelques jours chez eux le temps de retourner aux États-Unis et quand elle vit Artur lui faire signe de la main, elle faillit le jeter par terre. Cependant, elle s'en retint et le remonta avec énergie sur son épaule pour rapidement rejoindre le jeune homme. Dès qu'elle se trouva près de lui, elle ne put s'empêcher de sourire de façon idiote quand il la serra dans ses bras pour ensuite l'embrasser. « Ces cinq jours ont été interminables… » Elle frissonna légèrement quand il encadra son visage et caressa sa mâchoire. Ce n'était que maintenant qu'elle réalisait à quel point il lui avait manqué. Après tout, le stress de se retrouver dans un lieu inconnu l'avait pas mal envahit mais maintenant... Cinq jours, c'était bien trop long depuis qu'ils avaient l'habitude de se voir tout le temps récemment. Sa voix, ses étreintes, ses sourires, tout lui avait manqué. « On y va ? Trop de monde, ça me donne mal à la tête. Je suis venu en voiture. » Sa main enlacée dans la sienne, elle le suivit sans hésitation. Elle était pas mal fatiguée même si elle avait dormi dans l'avion. Elle savait que les prochains jours, elle allait devoir s'habituer au décalage horaire. Pour le moment, tout ce qu'elle voulait, c'était rattraper le temps perdu avec le jeune homme. « Super, allons-y, je te suis. » Ils entamèrent le chemin jusqu'à la voiture, Ellie ne lâchant pas ses doigts d'une semelle, s'y accrochant comme si sa vie en dépendait. « Tu m’as manqué » La Freak ne put s'empêcher de sourire. « Moi aussi. C'était tellement stressant là-bas, tu n'as aucune idée. » Elle leva ses yeux noisettes pour les poser dans les siens. « J'veux plus jamais qu'on soit séparés comme ça sans avertissement. » Elle le laissait la diriger puisqu'elle ne savait pas où il avait stationné la voiture. Son sac pesait lourd mais elle était bien trop fière pour lui demander de le porter. Et puis elle lui avait acheté un petit souvenir l'air de rien avec l'aide d'un des agents de l'ambassade. Elle n'avait pas envie qu'il le remarque tout de suite. Dans un réflexe, elle serra son bras contre le sien, pour plaquer son corps au sien alors qu'ils continuaient à marcher tranquillement. Comme ça, ils avaient l'air de vrais amoureux transis... pour Ellie c'était le cas.
Artur Kovalainen
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Sujet: Re: i almost missed you (first - ellitur) Dim 22 Mai 2016 - 21:42
I almost missed you
Moira & Artur
Elle lui avait manqué. C’était indéniable. A la voir, arriver comme ça… il ne pouvait que s’en rendre compte. Ces jours séparés avaient été longs, incroyablement longs. Lui qui ne dormait déjà pas beaucoup, secoué par des terreurs nocturnes aussi violentes qu’omniprésentes, il n’avait pas réussi à fermé l’œil plus de quelques heures depuis qu’elle l’avait appelé de l’autre côté du monde. Le Japon. Qu’était donc elle aller faire au Japon ? Pourquoi elle, pourquoi l’avait-on emmenée elle parmi tous les habitants de Radcliff ? Elle lui avait manqué, même son esprit profondément retors, manipulateur et hypocrite ne pouvait pas le lui cacher. Il pouvait tout juste se convaincre que ce n’était pas elle, que c’était juste sa mutation et toutes les possibilités qu’elle lui offrait qui l’avait fait se réveiller en sursaut à de nombreuses reprises et qui l’avait poussé à arriver bien trop en avance à l’aéroport.
Voilà. Ce n’était que cela, et rien d’autre. Et de même il n’y avait rien d’autre à l’origine de ce frisson qui le parcourut à l’instant même où il la vit, enfin, passer les portes et qu’il ouvrit les bras pour l’enlacer, sans penser à ceux qui les entouraient. Elle était là, enfin là, c’était tout ce qui l’importait à cet instant où il ne parvenait plus à penser, juste à l’embrasser. Fermer les yeux. Respirer. Murmurer une vérité dont il n’avait pas conscience. L’Irlandais se perdait chaque jour un peu plus dans un labyrinthe confus de faux semblants où les actes sincères passaient pour des nouvelles preuves d’hypocrisies et où des mensonges devenaient vérités sans qu’il ne puisse en garder ni le contrôle ni le compte. Il se perdait, sans le savoir, il se perdait, lorsqu’il cherchait le contact, la présence, le sourire d’Ellie sans avoir réellement conscience de ce qu’il cherchait réellement. Et s’il reprit petit à petit contenance, cela ne changea rien à ces battements sonores qui martelaient sa poitrine, à cette électricité qui parcourait sa main. Non, il n’était pas amoureux : il ne pouvait pas décemment tomber amoureux d’une mutante, alors qu’il était fort probable qu’il doive un jour ou l’autre s’en débarrasser. Cette relation, qui les liait, il fallait qu’il se convainque que ce n’était qu’une énième manipulation de sa part pour avoir accès au plus formidable des pouvoirs. Ces mains enlacées, ces doigts entremêlés, ce n’étaient que des liens qu’il lui imposait, non sans une certaine cruauté. Elle, elle était amoureuse de lui. Mais lui, non. « Super, allons-y, je te suis. » Un sourire, Artur se glissait à chaque respiration un peu plus dans son jeu d’acteur, quittant sa vulnérabilité. Et lorsqu’il lui concéda à nouveau qu’elle lui avait manqué, il était maître de lui-même. Et incroyablement faux, aussi. Sans qu’elle ne puisse s’en apercevoir. Le sourire de la mutante lui réchauffa le cœur, son « Moi aussi. C'était tellement stressant là-bas, tu n'as aucune idée. » encore plus. Le pouce d’Artur glissa sur le dos de la main d’Ellie dans une caresse. « J'veux plus jamais qu'on soit séparés comme ça sans avertissement. » Concentré sur son chemin, il chercha un instant la place de parking où il avait garé le véhicule loué pour l’occasion, lui qui détestait conduire n’en possédait aucune. Et se souvint avec un temps de retard qu’il lui fallait répondre. « Il est hors de question que ça se reproduise, voilà qui est certain… » Oh, ça risquait de se reproduire. Mais… s’il pouvait l’empêcher et bien, la séparation avait été trop douloureuse pour qu’il accepte de la subir une nouvelle fois.
Guidant Ellie vers la sortie de l’aéroport et le vaste parking, il s’arrêta un instant, perturbé par un lacet défait. Artur détestait le désordre, Artur n’était peut être pas maniaque mais il ne supportait pas l’idée de ne pas être correctement habillé, coiffé. Et un lacet défait, non seulement c’était dérangeant mais en plus c’était dangereux. Lâchant la main d’Ellie, il s’accroupit pour refaire le nœud et…ça recommençait. Comme dans un cauchemar, Artur fixa les lacets sans se souvenir des mouvements à effectuer. Résidu d’une vaccination forcée, résidu d’une vaccination injustifiée, depuis que Moira l’avait vacciné, Artur… Artur ferma les yeux. « Non… non… pas maintenant… » Troubles de la mémoire procédurale. L’ingénieur était suffisamment au fait du fonctionnement du cerveau pour savoir exactement ce qui était en train de se passer, mais ce n’était pas pour autant une partie de plaisir. Il allait devoir expliquer ça à Ellie. Et… cherchant à combattre sa mémoire pour se rapatrier sur son intelligence, l’Irlandais s’aperçut qu’il commence à hyperventiler. Crise de panique. Et si au milieu de la route qui les séparait de Radcliff, il commençait à avoir une perte de mémoire concernant la conduite, activité qui devait un réflexe à son tour ? Et si… luttant, nouant maladroitement et grossièrement ses lacets, il se releva finalement, fermant le poing pour masquer les tremblements. Il n’en avait parlé à personne. Pas même à Moira. Il n’en avait parlé à personne, de ces troubles qui allaient en s’accentuant, jour après jour, qui l’avaient même fait trébucher la veille. « Ellie… » Il se passa une main sur le visage, comme pour s’éclaircir les pensées. « La voiture est par là bas… » D’un pas vif, il partit dans la direction indiquée, conscient d’être ridicule, conscient aussi qu’elle n’allait certainement pas apprécier mais surtout conscient qu’il ne voulait pas qu’elle le voit dans cet état. Arrivé à la voiture, il sortit les clés, tenta de les introduire dans la serrure sans songer à utiliser le bouton adéquat. Avant de les faire tomber. Posant ses mains sur le capot, il s’obligea à respirer, à faire refluer cette panique qui provoquaient les tremblements dans tous ses muscles. Bien. Il fallait qu’il se calme. Il ne savait plus faire ses lacets ? Ce n’était pas un problème, ça arrivait à tout le monde d’avoir des trous de mémoire. Levant les yeux vers Ellie, il se surprit à la regarder.
Elle allait se poser des questions. Elle allait se demander ce qui n’allait pas. Elle allait, aussi, ne pas accepter l’idée qu’il ne veuille pas lui répondre. Sauf que… s’il se retrouvait à devoir expliquer le pourquoi de sa vaccination… il allait devoir mentir. Et elle allait s’en douter. Et il allait la perdre. Encore. Fixant Ellie, Artur se demanda un instant s’il valait mieux choisir la vérité ou le mensonge pour cette fois. Si ce qu’ils étaient en train de construire, artificiellement de son côté, survivrait plus facilement à un nouveau mensonge tissé de sourire hypocrite ou à une vérité abrupte mais pour une fois sincère.
J'espère que ça te va et que tu as de quoi répondre
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Sujet: Re: i almost missed you (first - ellitur) Lun 6 Juin 2016 - 20:49
Jamais elle n'avait autant été inquiète que les cinq jours passés dans ce pays étranger. Pratiquemment personne ne parlait sa langue. Elle avait peiné à trouver l'ambassade. Par chance, elle avait eu son cellulaire comme unique moyen de s'en sortir. Unique moyen de rester en contact avec Radcliff, avec Artur. Elle détestait ce sentiment d'impuissance qu'elle avait ressenti là-bas mais en même temps, une partie d'elle avait profité de ces étranges vacances. Loin de Radcliff et de tous les problèmes avec les chasseurs. Loin du deuil qui la tiraillait depuis la mort de son oncle et sa tante dans l'explosion. C'étaient eux qui avaient protégé la Freak du plus gros de la déflagration. Sans eux, elle serait morte. Elle portait encore les brûlures sur ses bras et au consulat, on s'était assuré qu'elle allait bien. La distance avec Radcliff lui avait donc fait du bien. Lui avait permis de respirer malgré l'angoisse initiale. Mais d'être si loin d'Artur lui avait dérangé. Chaque soir, elle s'était endormie se demandant ce qu'il pouvait bien faire à l'instant précis. Une partie d'elle avait peur de ce qu'elle ressentait pour le jeune homme. Elle avait peur qu'il la blesse à nouveau, qu'il lui mente. Elle avait peur et pourtant, elle ne pouvait se passer de sa présence. Un paradoxe qui dérangeait la jeune femme plus qu'elle ne voulait se l'avouer. Cependant, quand elle le vit qui l'attendait à l'aéroport, tous ses soucis disparurent d'un coup. Elle retrouva le goût de ses lèvres sur les siennes et elle était heureuse. Incroyablement heureuse d'être enfin à la maison. « Il est hors de question que ça se reproduise, voilà qui est certain… » Elle hocha la tête, heureuse de l'attendre dire ses quelques mots. Elle le suivait jusqu'au stationnement. Le laissait chercher la voiture, alors qu'elle traînait son petit sac avec peu d'effets personnels dedans. Après tout, elle n'avait pas eu le temps de faire ses valises avant de se retrouver au Japon d'un seul bond dans le temps et l'espace. Elle s'arrêta et attendit qu'il refasse ses lacets mais ne manqua pas de remarquer son malaise. Il ne semblait plus se rappeler comment faire et paraissait nerveux. Si le jeune homme se plaisait à jouer de mensonges avec elle, ce genre de situation n'échappa pas au regard de la mutante qui fronça les sourcils. Cependant, elle ne dit rien. Pas tout de suite puisqu'il se releva bien vite et l'attira jusqu'à la voiture. « Ellie… La voiture est par là bas… » Cependant, une fois devant la portière, il peinait clairement à prendre les clés et ouvrir l'auto. Cette fois, elle ne pouvait plus garder le silence, il n'allait pas. Quand il leva les yeux sur elle, la Freak le fixa un instant. Silencieuse, elle chercha à lire dans ses yeux ce qui pouvait bien le tracasser. Étaient-ils en danger ? On l'avait suivi pour lui faire du mal ?
Par réflexe, Ellie se mit à regarder tout autour d'elle, comme si elle s'attendait au pire et d'voir une armée de hunters débarquer pour les tuer. Mais rien, juste un stationnement comme les autres. Elle reporta donc bien vite ses yeux noisettes dans ceux de l'irlandais et s'approcha de lui d'un air inquiet. Déposant ses doigts sur son coude pour lui faire sentir sa présence, elle demanda. « Qu'est-ce que si passe, Artur ? » Se penchant ensuite pour ramasser les clés, elle débarra elle-même la voiture. Mais avant d'entrer, elle continuait de le regarder d'un air confus. Qu'il parle, qu'il lui dise ce qui n'allait pas. « Tu me fais peur, j'aime vraiment pas t'voir dans cet état. T'as l'air complètement angoissé. » Mais elle était là à présent, il n'avait plus de raison de s'inquiéter, non ? Elle lui sourit, d'un sourire qu'elle voulait rassurant. « Tu peux tout me dire, tu l'sais ça. » Et elle voulait tout savoir. Le découvrir toujours plus de jours en jours et tomber à chaque fois plus sous son charme. Elle voulait prendre soin de lui comme il l'avait fait au moment de découvrir son don. Peut-être que c'était mieux qu'elle conduise ? Ça ne lui dérangeait pas. Après tant d'heures d'avion, elle en avait marre d'être simple passagère. Mais elle connaissait Artur, il allait probablement rejeter sa question, faire mine que tout va bien. Elle le connaissait et l'aimait malgré tout. Alors elle soutenait son regard, un message clair qu'elle ne voulait pas de mensonges. Pas encore. Plus jamais. Et même si Artur était excellent acteur, excellent menteur, elle avait la conviction que cette fois, elle allait savoir s'il mentait. Elle ne se ferait pas prendre deux fois. Jamais. Ça l'avait trop blessé la première fois pour qu'elle retombe dans ce piège. Pourtant, une partie d'elle faisait confiance à Artur. Une confiance peut-être mal placée mais elle espérait qu'il l'aimait assez pour la respecter et ne plus lui mentir. Elle avait tant d'amour à lui donner... pourquoi porter des masques alors que ce qu'il pourrait avoir était plus vrai que n'importe quoi autour d'eux. Plus vrai que cette voiture, plus vrai que ces lacets. Plus vrai que l'air qu'ils respiraient et qu'elle avait l'impression de manquer chaque fois qu'elle réalisait une nouvelle fois à quel point il était beau son Artur.
Artur Kovalainen
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Sujet: Re: i almost missed you (first - ellitur) Dim 19 Juin 2016 - 10:17
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Moira & Artur
Depuis quelques mois, la vie d’Artur n’était plus qu’un vaste chaos qui ne souffrait d’aucune limite. Tout allait en se complexifiant, tout allait en s’aggravant. Et rien, presque rien n’allait en s’arrangeant. En dehors de sa relation avec Ellie, bien évidemment, qui avait frôlé la destruction la plus complète avant de se reconstruire, plus solide, plus incertaine que jamais. Depuis quelques mois, la vie d’Artur n’était qu’une dégringolade, tombant de Charybde en Scylla sans montrer signe de lassitude, avec pour point de départ non pas la vaccination de sa sœur, anecdote parmi tant d’autres finalement, mais bel et bien l’annonce du décès de sa mère. C’était l’arrivée à Radcliff d’Andreas qui avait été le premier élément de cette série de catastrophe. C’était l’intervention de son père qui était, aux yeux du plus jeune Kovalainen, le premier domino à être tombé. Et bien évidemment, le dernier en date était cette lave qui parcourait ses veines sans discontinuer, filtrée, éliminée par son organisme avec une lenteur indescriptible. Une première hésitation, Artur se trouva incapable de faire une action aussi simple que de lacer ses chaussures. L’angoisse jaillit sans crier gare, volatilisant le peu de concentration qu’il était malgré tout parvenu à rassembler. Pendant ce qui lui sembla être une éternité, Artur s’efforça de garder son calme, incapable de regarder Ellie. Sa vie n’était qu’un vaste chaos et la seule touche lumineuse dans cette décharge désordonnée, voilà qu’on la ternissait devant lui sans le moindre scrupule. Une violente colère le cloua sur place, le stimula pour qu’il tente maladroitement de nouer ses lacets. Une violente colère dirigée vers Moira, avec l’amertume, la rancœur et l’écœurement du génie diminué. Il trouverait comment se venger. Sans savoir quand, ni dans quelle mesure mais cette vaccination forcée qui lui ôtait toutes ses capacités les unes après les autres… Tentant de masquer son trouble, Artur inspira, se leva, parvint sans la moindre conviction à faire comme si de rien n’était pour mieux indiquer la voiture… vers laquelle il fila sans plus attendre Ellie. Elle lui avait manqué, plus que tout au monde, et voilà que leurs retrouvailles étaient complètement gâchées par cet handicap qui n’allait qu’en s’amplifiant.
Il fallait qu’il se calme. Il fallait qu’il mette tout ça de côté, maintenant. Il fallait qu’il reprenne le contrôle de ses pensées, de ses gestes, de cette terreur mêlée de colère qui tourbillonnait dans ses tripes. Tout en sachant que… la main d’Ellie frôla son coude, le faisant fermer les yeux pour mieux se concentrer sur lui-même. « Qu'est-ce qu’il se passe, Artur ? » L’irlandais déglutit péniblement. Ce qu’il se passait ? Du coin de l’œil, il la vit récupérer les clés. Plus ça allait, au final, plus la détresse d’Artur était palpable. Et plus son envie de s’enfuir se faisait pressante. Il ne voulait pas qu’elle le voie comme ça, bon sang, surtout pas. Il ne voulait pas qu’elle s’aperçoive qu’il était… qu’il était la victime de ce qu’il avait lui-même imposé à sa sœur et son père. Il ne voulait pas qu’elle le pousse à s’embarquer dans des explications qui risquaient de se solder par un mensonge de sa part. Parce qu’il ne pouvait pas dire la vérité, non ? « Tu me fais peur, j'aime vraiment pas t'voir dans cet état. T'as l'air complètement angoissé. Tu peux tout me dire, tu l'sais ça. » Les coudes appuyés sur le capot de la voiture, il enfouit son visage entre ses mains. Complètement angoissé, c’était le moins qu’on puisse dire. Pour un homme habitué à montrer un visage hypocrite à longueur de journée, pour un homme plus porté sur le mensonge et l’illusion que sur une quelconque sincérité et spontanéité, pour un homme à l’ego démesuré, Artur était bien pathétique actuellement. Tout en étant incapable de parler. Qu’est ce qu’il se passe ? « Ce n’est rien, ne t’en fais pas… » Commença-t-il, par réflexe, pour mieux se protéger et écarter la conversation de son propre état. Une réaction stupide, à n’en pas douter, puisque connaissant à présent plus que bien le comportement d’Ellie, il savait parfaitement qu’elle n’allait pas, clairement pas s’en contenter. Un soupir, Artur se redressa, se retourna pour s’adosser à la voiture et regarder la mutante. Non. Son amie. Non. Sa petite-amie, aussi factice que puisse être cette relation. La seule personne qu’il lui restait. « En fait… non, c’est… c’est pas rien. » Artur prit son inspiration. Encore. Fixa ses yeux brun dans ceux d’Ellie, croisa les bras sur sa poitrine comme pour mieux se replier sur lui-même. Et dresser une muraille entre elle et lui. « J’ai… c’est compliqué. Disons que… tu… tu vois le vaccin qui est en circulation pour brider les… les mutations ? » Pourquoi commencer par là ? Pourquoi taire le nom et le prénom de sa traitre de sœur, pourquoi ne pas commencer par l’utilisation qu’il avait faite du vaccin sur deux membres de sa propre famille ? Parce qu’Artur, aussi honnête qu’il pouvait tenter de l’être dans une vulnérabilité dérangeante, ne pouvait tout simplement pas s’abaisser à se mettre en porte-à-faux vis-à-vis d’Ellie. Il valait mieux taire ce qui était litigieux, pour ne se concentrer, au final, que sur l’important. Lui. Et son état. Le brun souffla, pataugeant dans ses pensées, tentant de faire le tri entre l’utile et l’indispensable, entre le futile et le nécessaire. « Je… je ne suis pas spécialement quelqu’un de très… » Un instant, il chercha ses mots. « … respectable sur certains points. Mais tu dois déjà t’en douter. Et… j’ai fait… des choses pas très… compréhensibles… » Il commençait à s’enfoncer dans un labyrinthe d’euphémismes et d’excuses, comme pour rallonger le chemin qui ne devait que le mener vers un aveu. Brutal. « Quelqu’un m’a vacciné, pour se venger. Et je perds la mémoire, Ellie. » C’était ce qu’il pouvait concéder de plus proche de la réalité. Le plus qu’il pouvait faire, luttant contre son instinct et tout ce que lui hurlait sa raison.