It doesn’t feel right and it doesn’t feel fair When I’m planning to move on and you’re still standing there. And I’ve tried to say, I’m gonna ruin you if you let me stay but You still mean everything to me.
C'était difficile à avaler toute cette histoire. Ça faisait des semaines qu'elle se tenait loin de lui. Parce qu'elle se sentait humiliée et en colère. Elle avait aussi le coeur brisé parce qu'Artur, il s'était juste servi d'elle. De son pouvoir. Comme la parfaite idiote de service, elle s'était attachée au jeune homme et maintenant, elle réalisait que c'était probablement même pas réciproque. Elle avait été manipulée. Il s'était joué d'elle, de son coeur trop grand, trop naïf. Non mais ce qu'elle était conne... Et dire que si elle n'était pas tombée sur Moira, jamais elle n'aurait réalisé à quel point elle était stupide de tomber par les beaux yeux du Kovalainen. Cette simple pensée la faisait trembler d'horreur de sa propre faiblesse. Elle a essayé les premiers jours de se le sortir de la tête. De passer à autre chose. Il était hors de question de le revoir, c'était certain. Pourtant, le temps avait passé et elle n'arrivait pas à apaiser la rage qui la prenait au trippe dès que le jeune homme refaisait surface à ses pensées. Et il finissait toujours par le réapparaître, comme un parasite. Elle avait l'impression de suffoquer, étranglée par la déception. La Freak avait ignoré la plupart des appels et des messages du jeune homme mais elle se rendit bien vite compte qu'elle ne se débarasserait jamais de cette colère qui la rongeait tant qu'elle n'aurait pas fait face à Artur. Elle n'arriverait pas à passer à autre chose parce qu'elle avait besoin d'hurler, de laisser couler ce tourbillon ardent d'émotions qui la faisait suffoquer. Oui, elle devait confronter Artur. Lui faire savoir à quel point elle avait mal. Un coup d'oeil au cellulaire et elle vit les quelques messages qu'il avait laissé. Il avait besoin d'elle apparemment. Pff... depuis quand ? Elle avait été tentée de continuer à l'ignorer mais finalement, la jeune femme avait cédé. Se donnant rendez-vous à la bibliothèque ce jour-là, la Freak s'y présenta très tôt. Se perdre le nez dans un bouquin de philo... Elle avait cru que cela lui ocuperait l'esprit mais non... elle finissait toujours par lever le nez vers la porte. Le temps s'écoula. Les minutes puis les heures jusqu'à ce que la mutante ne réalise qu'il lui avait fait faux bond. Comment osait-il ?! Serrant les dents en jetant un coup d'oeil à l'horloge, elle se leva d'un bond en faisant sursauter l'étudiante assise à ses côtés. Elle avait rendu son livre sèchement à la bibliothécaire avant de ficher le camp. Elle s'apprêtait à retourner chez elle quand elle s'arrêta en chemin. Insultée, blessée... Ellie n'arrivait pas à croire qu'il ne se soit jamais présenté. Pouvait-il lui manquer plus de respect que ça, le Kovalainen ? Il avait su la faire sentir comme la perle rare et maintenant elle avait l'impression d'être jetée comme une vieille chaussette. La mutante ne le laisserait pas s'en tirer ainsi. Elle ne le supportait plus toute cette fureur qui courait dans ses veines.
Rebroussant chemin, elle prit la direction de l'appartement du jeune homme. Il ne répondait pas à son téléphone mais elle s'en fichait. Elle allait l'attendre aussi longtemps qu'il le faudrait. Jusqu'aù milieu de la nuit s'il le fallait. Prête à réveiller tous les voisins aussi. Après de longues minutes à ruminer, elle arriva devant sa porte et n'hésita pas un instant à frapper sur le bois aussi fort qu'elle le pouvait. Il était peut-être en train de souper ou bien occupé à faire elle ne savait quoi, la châtaine ne donnait aucun répit à la porte. Et elle se fichait bien que ça lui écorche les tympans, comme il lui avait écorché le coeur... Un juste retour des choses. « Artur, si t'es là, ouvre tout de suite cette porte ou je la défonce ! » Une menace bien peu convainquante si on prenait le temps de la regarder mais elle s'en fichait. Elle était si remontée qu'elle en aurait probablement été capable. Cependant, elle n'eut pas besoin d'aller jusque-là, des bruits de pas se firent entendre de l'autre côté de la porte. Quand cette dernière s'ouvrit, elle ne fit même pas attention à la mine d'Artur qui apparut devant elle, déjà, la Freak se jetait à l'intérieur. C'était pas vrai qu'elle allait le laisser lui claquer la porte au nez ensuite. Ce serait la cerise sur le gâteau. Au passage, elle le bouscula un peu avant de se retourner et de planter son regard dans le sien. « T'es vraiment con, tu le sais ça ?! J'ai parlé à ta soeur et devine quoi ! Elle est même pas malade et tu l'as vaccinée ! Tu m'as menti. » Elle était sur le point de lui énumérer toutes les raisons qui pouvaient prouver son point mais les mots se stoppèrent dans sa gorge devant l'air malade du jeune homme qu'elle remarqua enfin sur les traits tirés de son visage. Ce fut plus fort qu'elle, l'inquiétude remplaça la hargne et elle resta soudain muette. Ses plans pour lui gueuler à la tête tout ce qu'elle ressentait s'effritait lentement en milles morceaux. Maintenant, elle ignorait si elle avait envie de le frapper ou de venir le serrer dans ses bras... Les deux à la fois probablement.
Dernière édition par Ellie Freak le Mar 8 Mar 2016 - 18:18, édité 1 fois
Artur Kovalainen
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Sujet: Re: i'm a ruin (ellitur) Dim 7 Fév 2016 - 18:59
I'm a ruin
Ellie & Artur
Il le savait, Artur. Il n’avait pas besoin de se regarder dans un miroir pour savoir qu’il n’allait pas bien, il n’avait pas besoin d’être confronté au regard des autres pour se rendre compte qu’il était en train de chuter, de dégringoler dans un gouffre sans fond dont il était incapable de voir l’issue ni même le terme. Il chutait, sans interruption, depuis des jours. Et une seule pensée martelait ses tempes, le tenait éveillé au plein cœur de la nuit, noyait ses cheveux dans une transpiration angoissait, nouait ses tripes et les torturait tant et si bien qu’il rejetait le peu qu’il parvenait à avaler. Il avait tué sa sœur et si par un miracle quelconque elle était encore en vie, ce n’était pas grâce à lui. Et cette certitude le tuait à petit feu, aussi sûrement que cette culpabilité qu’il somatisait de la façon la plus cruelle possible. Artur n’était pas quelqu’un de très solide, quoiqu’il puisse faire croire par son impassibilité et ses sourires hypocrites à toute épreuve. Il ne parvenait pas à passer au-delà de la mort de sa mère, la souffrance procurée par la solitude et la mort de Moira était un coup de poignard qui lui avait ouvert la poitrine.
Il avait tué sa sœur. Son poing partit se fracasser dans le miroir de la salle de bain qui explosa en une toile d’araignée, son épicentre se situant précisément à l’endroit où Artur posa son regard fracturé. Il ne supportait plus de se voir, et ça n’allait pas en s’arrangeant. Malade, il était malade, il se rendait malade, et en un peu plus de deux semaines, il pouvait déjà observer ses côtes se creuser sur son torse auparavant déjà exempt de toute graisse superflue. Artur n’avait jamais été particulier épais, mais ça ne rendait que plus visible encore la frontière qui le séparait de son mal-être évident. Ses doigts attrapèrent avec lenteur un tee-shirt qu’il passa sans attendre avant de quitter avec précipitation la pièce pour se diriger vers la seule pièce qui pouvait lui offrir de quoi changer ses pensées. Depuis quand traînait-il ainsi dans son appartement en semaine ? Depuis une seule journée. Depuis qu’il avait posé ses congés. Depuis, aussi, qu’il avait pris la décision de s’exiler, de s’enfermer, de fuir les autres, de fuir la réalité, de se rouler en boule dans un coin pour cesser de penser. Ses doigts accrochèrent un livre d’astrophysique, hésitèrent et s’en emparèrent totalement avant de le reposer dans un même mouvement, et d’arracher son voisin à la bibliothèque. Et le brun se réfugia sur son canapé, recroquevillé comme un enfant, assis en travers, bras enroulés autour de ses genoux, livre posé devant lui sur le reste du canapé. Image ouverte sur l’immensité du ciel, sur un infini cliché d’Hubbles. La seule chose qui parvenait à l’apaiser actuellement. La seule chose qui parvenait à l’hypnotiser suffisamment pour que ses pensées fuient la réalité et se projette dans l’espace. Machinalement, ses doigts partirent jouer avec la chaîne qui pesait sur sa nuque et l’étranglait chaque soir. Qu’aurait pensé sa mère en voyait ça ? Il n’osait pas y penser. Il ne voulait pas y penser. Et une larme explosa sur la galaxie d’Andromède, sans qu’il ne fasse le moindre geste pour m’effacer.
Ses doigts glissaient sur la Voie Lactée, suivant sa respiration régulière et en redessinant ses contours, lorsqu’un battement sourd le fit sursauter violemment. Pendant quelques secondes, Artur resta immobile, tendu comme un arc, à la recherche de l’origine des battements qui se répétaient encore et encore, le forçant à sortir de sa léthargie, le forçant à se rendre compte que c’était chez lui que l’on frappait ainsi. Lentement, l’Irlandais délia ses jambes engourdies, jeta un regard indifférent aux chiffres lumineux de son four micro-ondes en passant dans le couloir. Son reflet lui arracha une grimace, de son tee-shirt à son jean en passant par ces larges cernes et son teint pâle. Soit. Il allait faire demi-tour et ignorer les coups lancés contre sa porte lorsque la voix traversa le bois. « Artur, si t'es là, ouvre tout de suite cette porte ou je la défonce ! » Il s’immobilisa au milieu du couloir, figé, glacé, tétanisé. De terreur, d’incertitude, d’indécision. Et une respiration erratique. Il ne voulait pas la voir, tout comme il ne tenait pas à voir sa sœur, tout comme il ne tenait pas à voir son père. Il ne voulait voir personne en même temps. Mais sa main se posa sur la poignée, tourna lentement la clé pour déverrouiller la serrure, glissa la chaîne de sécurité et entrouvrit la porte. Aussitôt, la furie força le passage, le laissant plaqué contre le mur, bousculé, décontenancé et extirpé de son apathie pour tomber dans un certain agacement fatigué. « T'es vraiment con, tu le sais ça ?! J'ai parlé à ta soeur et devine quoi ! Elle est même pas malade et tu l'as vaccinée ! Tu m'as menti. » Dès la mention de sa sœur, il avait fermé les yeux et s’était appliqué à se concentrer sur ses mouvements, excessivement lents, pour fermer la porte et remettre en place la chaîne. Sa sœur, oui. Il lui avait menti ? Oui, bien sûr. Il mentait à tout le monde, ça n’avait strictement rien de surprenant. C’était la seule chose d’ailleurs qu’il était capable de faire au final. Et c’était aussi l’une des rares choses qu’il ne regrettait actuellement pas. Artur prit son inspiration avant de regarder Ellie. « Tu as fini de babiller des évidences et tu t’apprêtes à me dire ce que tu es venue faire ici ou ai-je le temps d’aller me servir un verre d’eau ? » Sa voix, fatiguée tranchait avec les sourires et l’assurance dont il avait toujours su se parer devant elle jusque là. Elle qui lui reprochait le mensonge, Artur espérait qu’elle n’allait pas faire sa susceptible et se vexer à présent de sa soudaine franchise. Au comble d’une indifférence lasse, Artur la dépassa sans un regard pour se diriger vers la cuisine. « Et bien installe toi, fais comme chez toi, tu as si bien commencé. » Il s’appuya sur le plan de travail pour lui tourner le dos et remplir un verre, les yeux fixés sur le débit lent et contrôlé d’eau froide. Ce n’était pas qu’il ne voulait pas la voir, c’était plus tôt qu’il ne voulait pas qu’elle le voie. Pas pour le moment, pas alors qu’il était incapable de faire le point sur ses pensées, sur ses convictions, sur son introspection forcée faite devant le cercueil de sa sœur descendant en terre. « Je suis fatigué Ellie, donc si tu pouvais vite déballer ta liste de reproche et te casser d’ici, ça m’arrangerait. » Il se retourna pour lui faire face et porter le verre à ses lèvres. Et c’est en la regardant qu’il comprit qu’il était perdu. Définitivement perdu. Il haïssait les mutants, il les méprisait, ils l’écœuraient, il les jalousait. Mais lorsqu’il la regardait, il sentait sur ses lèvres la pression des siennes et son corps contre le sien.
Sujet: Re: i'm a ruin (ellitur) Lun 7 Mar 2016 - 18:13
Elle était entrée sans lui donner le choix. Pour l'empêcher de l'insulter encore plus qu'elle ne l'était déjà. Naïvement, elle avait pensé qu'il serait différent. Elle avait pensé qu'elle était plus importante que ça à ses yeux, assez pour au moins la tenir au courant qu'il ne viendrait pas la voir. Mais non. Il l'avait oublié. Relayée à une chose, un truc agaçant qui ne valait même pas la peine de faire l'effort de lever le petit doigt. La Freak était blessée, fâchée, triste. Toutes des émotions qui se bousculaient en elle. Pourtant, le voir ainsi vint éveiller l'empathie de la mutante. Artur, il avait jamais été dans un si mauvais état. Elle ne l'avait jamais vu aussi abattu... La mutante ne comprenait pas. Que pouvait-il bien lui être arrivé pour qu'il se retrouve si bas. Seulement, elle n'eut pas vraiment le temps de se questionner davantage, le jeune homme finit par se retourner dans un geste si lent, qu'elle eut l'impression que ça prenait l'éternité. D'ordinaire patiente... présentement, elle ne l'était pas du tout et dû se retenir pour ne pas le secouer. Parle bon sens ! Accélère bordel ! « Tu as fini de babiller des évidences et tu t’apprêtes à me dire ce que tu es venue faire ici ou ai-je le temps d’aller me servir un verre d’eau ? » La bouche légèrement entre-ouverte tellement elle était bouche bée de sa réplique tellement froide et détachée. Elle croyait qu'elle ne pouvait pas être plus insultée mais finalement, Artur redoublait d'imagination pour la faire sentir comme la moins importante chose au monde.
Ouais, chose... parce que c'était comme ça qu'il la voyait. Elle était pas stupide. Depuis sa discussion avec Moira, c'était devenu une évidence. Il ne faisait que se servir d'elle. Muette, elle ne savait pas quoi répliquer à cela. Sa première envie fut de ficher le camp. De ne plus jamais se retourner et de le sortir définitivement de sa vie. Elle n'allait certainement pas se battre pour un mec qui la traitait ainsi. Cependant, elle restait paralysée et le laissa la contourner sans bouger tout en continuant de fixer la porte qu'il venait de refermer. Elle savait que si elle partait maintenant, les choses ne seraient pas conclues, et elle ne voulait pas avoir encore les pensées orientée vers des et si ou des j'aurais dû lui dire ma façon de penser au lieu de fuir. « Et bien installe toi, fais comme chez toi, tu as si bien commencé. » La châtaine finit par le suivre à la cuisine, poings serrés. Elle se retenait d'exploser. Elle se retenait de fuir. Elle se retenait de tellement de choses seulement parce qu'Artur avait l'air véritablement las, dans une état si pitoyable qu'elle en sentait son coeur se serrer. Certainement qu'elle allait faire comme chez elle. S'il se permettait de la traiter ainsi, elle n'allait pas se gêner de ne pas faire attention à son intimité. C'était la seule façon qu'elle voyait de l'envoyer promener.
Par contre, elle restait debout, immobile comme une statut alors que son coeur lui palpitait avec douleur dans sa poitrine. Elle serait bien incapable de s'asseoir et faire comme chez elle... elle était trop énervée pour ça. « Je suis fatigué Ellie, donc si tu pouvais vite déballer ta liste de reproche et te casser d’ici, ça m’arrangerait. » Encore une fois, l'envie de tourner le dos et ne plus jamais revenir la prit mais elle dû se faire violence. Ellie n'était pas du genre à fuir devant les emmerdes. Elle n'allait pas le laisser lui parler comme ça non plus. Piquée dans son orgueil surdimensionné, ses joues rougirent de fureur. « Va te faire foutre, Artur. » Soudain, elle se fichait bien qu'il soit si abattu, elle en avait assez. Assez d'être gentille, aimante. D'être toujours là pour les autres et quand elle croyait avoir trouvé quelqu'un sur qui elle pouvait compter, Artur, elle se faisait remballer de la sorte. « Je partirai pas d'ici tant que tu m'dis pas ce qui se passe. Tant que tu me dis pas pourquoi t'as menti... » Elle n'allait pas lui laisser le temps de répondre... Elle comptait bien vider son sac comme il disait. Mais plus que cela, elle voulait des explications. Des excuses... Merde, n'importe quoi d'autre que cette indifférence douloureuse qu'il affichait pour elle alors qu'il s'était montré si doux et attentionné autrefois. « C'est quoi ? T'as vu mon pouvoir et t'as cru que tu pourrais te servir de moi pour devenir... devenir un dieu ou je sais pas ? » Tous ses mots doux qu'il avait eu pour elle... ce n'était que de la foutaise ou il avait été sincère. La mutante voulait être rassurée, qu'il cesse d'être si détaché. Qu'il montre qu'elle était plus importante que... ça.
« Si c'est ça, bah... T'avais pas besoin de me mentir, tu sais. Mais là, j'apprends que tu faisais juste te servir de moi... Tu t'en fiche au fond de ce qui peut m'arriver. Moi comme une conne, je commençais à... » T'aimer. Le mot ne quitta jamais ses lèvres tellement elle était honteuse d'avoir put un instant ressentir quelque chose pour lui. Ça faisait tellement mal... elle se sentait trahie, idiote. Un voile de tristesse passa sur ses traits fins. Sa meilleure amie qui était partie, les deux chasseurs qui avaient bien faillir avoir sa peau... Il était où Artur quand elle avait eu besoin de lui ? C'était la preuve qu'elle n'était qu'un outils pour lui et des plans pour se hisser au sommet dont elle ne voulait même pas réfléchir davantage. Elle fit un pas sur le côté, agacée de sentir des larmes se bousculer au coin de ses yeux. Elle était stupide de se laisser atteindre ainsi. Pleurer pour lui... Pathétique ouais... Mais elle n'y pouvait rien, ses yeux se mouillaient entre colère et tristesse. Crispée, tous ses muscles de son corps tremblaient. Cette fois, elle évitait clairement le regard de l'irlandais, trop perturbée pour le regarder en face.
Et tout ce qu'elle voulait c'était hurler, l'engueuler mais elle en était soudain incapable... Parce que c'était Artur et il arrivait si facilement à la faire craquer.
Artur Kovalainen
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Sujet: Re: i'm a ruin (ellitur) Dim 27 Mar 2016 - 22:29
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Ellie & Artur
Dire qu’Artur ne comptait voir personne pendant toute la durée de ses congés était un euphémisme. Incapable de rester posé, incapable de faire le point, l’Irlandais dépérissait à vue d’œil mais seul son miroir était le spectateur de cette somatisation brutale de sa culpabilité. Aussi, lorsqu’on frappa brutalement à la porte, le tirant hors de son apathie et de sa contemplation du lourd livre posé sur ses genoux, assis en tailleur, il mit quelques secondes à comprendre ce dont il était question. Quelques pas, son regard accrocha sa silhouette dépenaillée. Tee-shirt, jeans, loin de ses habituelles chemises et pantalons correctement repassés, on pouvait disséquer son mal-être jusque dans ses habits et ses larges cernes lui renvoyèrent avec violence une image de lui loin de son arrogance coutumière. Il allait faire volte-face quand la voix d’Ellie fracassa la porte davantage que ces points. Nœud dans l’estomac. Terreur, incertitude, indécision, culpabilité. Glacées. Avant de comprendre ce qu’il faisait, Artur ouvrit la porte et la jeune femme força le passage jusque dans son appartement pour mieux l’agresser sans une once de pitié. Le pire étant, bien évidemment, qu’Artur se savait pleinement coupable de ce dont elle lui reprochait. Sauf que… Sa sœur. Bien évidemment qu’il lui avait menti, bien évidemment qu’il s’était joué d’elle sans l’ombre d’un scrupule. C’était ainsi qu’il fonctionnait, c’était ainsi qu’il calculait, c’était le but de la manœuvre qu’il avait enclenchée lorsqu’il avait découvert la mutation extraordinaire d’Ellie. Que pensait-elle donc, de toute manière ? Qu’il l’avait été par pur altruisme ? Etait-elle sotte à ce point ? Artur était sur les nerfs, ses pensées aussi acerbes que fausses fusaient sans lui laisser de répit. Il regrettait d’avoir ouvert, il regrettait de s’être déplacé, il fatiguait. Prenant son inspiration, il tenta au final de faire la part des choses pour mieux garder une certaine maîtrise de lui-même, illusoire. Dire qu’il évitait Ellie depuis des semaines n’était pas une exagération. Dire qu’il n’avait pas envie de la voir n’était pas un mensonge. Mais aller jusqu’à dire qu’il voulait la faire fuir… Elle le suivit dans la cuisine où il se servit un verre d’eau, plus pour s’occuper les pensées qu’autre chose. Lentement, exagérément lentement, même, il avala une gorgée en se retournant pour lui faire face, l’esprit malmené par une tempête, la voix fatiguée de lutter, de chercher. Si elle pouvait partir… ses mots, comme toujours, étaient à des années lumières de ses désirs réels mais il ne savait plus depuis des années trancher entre la vérité et le mensonge. « Va te faire foutre, Artur. » La réponse d’Ellie, bien qu’à quelques pas de lui, lui fit l’effet d’une gifle et le sortit un instant de son apathie. « Je partirai pas d'ici tant que tu m'dis pas ce qui se passe. Tant que tu me dis pas pourquoi t'as menti... » Il la regarda sans exprimer quoique ce soit d’autres qu’une attention accrue. Lui dire pourquoi il avait menti ? Lui demandait-il des comptes pour chacune de ses respirations ? « C'est quoi ? T'as vu mon pouvoir et t'as cru que tu pourrais te servir de moi pour devenir... devenir un dieu ou je sais pas ? » Un petit rictus amusé traça son chemin sur les lèvres d’Artur lorsqu’il se rendit compte qu’elle frôlait tant et si bien la vérité qu’il n’avait au final plus rien à répondre. Sauf que… la proie n’avait d’utilité que lorsqu’elle ignorait être une victime. Il fallait qu’elle coopère volontairement, qu’elle lui transmette de son plein gré ses mutations pour qu’une confiance aussi forte qu’illusoire les lie tous les deux et qu’ils puissent avancer. La meilleure façon d’obtenir quelque chose, c’était le charme, la manipulation et la coopération passive de la victime. Forcer, braquer, imposer, au final, ce n’était toujours qu’une solution temporaire, éphémère, instable. « Si c'est ça, bah... T'avais pas besoin de me mentir, tu sais. Mais là, j'apprends que tu faisais juste te servir de moi... Tu t'en fiches au fond de ce qui peut m'arriver. Moi comme une conne, je commençais à... » Artur se redressa. Commencer à… à quoi ? La gorge sèche, il regarda Ellie comme si elle venait d’apparaître devant lui. Un pas en avant, il inspira profondément, se concentra sur cet air emplissant ses poumons, se chargeant de dioxyde de carbone pour mieux s’enfuir dans une expiration aussi maîtrisée que prolongée. Il avait perdu Moira, définitivement perdu Moira. Il avait perdu sa mère, aussi. Une certitude, la première depuis la mort même provisoire de Moira, se fraya dans son esprit, s’imposa à lui. « Qu’est ce que tu crois, Ellie ? Que je me fiche de toi ? C’est ça que tu penses, très sincèrement ? » Amusant de sa part que de parler de sincérité. Elle fit un pas de côté, Artur la contourna pour se déplacer jusqu’au salon, émettant l’hypothèse qu’elle allait le suivre. Après tout, sa place était loin d’être dans la cuisine et si elle était venue jusqu’ici pour avoir des réponses…
Déplaçant le livre sur sa table basse, Artur s’installa sur le canapé. Ses coudes trouvèrent ses genoux, son menton se posa sur ses mains jointes. Ses yeux, eux, cherchèrent Ellie. Que pouvait-il dire, au final ? Que lui reprochait-elle, au final ? Ses mensonges, oui, bien sûr. Il pouvait remercier chaleureusement sa sœur pour cela. « Oui je t’ai menti à propos de Moira. » Un soupir, Artur se passa une main sur le visage. « Mais qu’est ce que ça peut te faire, Ellie, au final ? » Ses jambes le démangèrent, le menèrent vers sa bibliothèque contre laquelle il finit par s’adosser, bras croisés. « De toute manière, Moira est morte. » Il cracha ces mots, comme pour les éjecter au plus vite et tourner la page. « Tu as raison, Ellie, je m’en fiche de toi. J’en ai rien à faire de toi. Je veux juste… » Il ferma les yeux un instant, incapable de savoir ce qu’il voulait, au juste… « Mais toi aussi, tu n’en as rien à faire de moi ! » Ce n’était pas courant chez Artur, cet emportement soudain qui transperçait ses veines et dépassait sa pensée, efficacement, comme un anesthésiant l’obligeant à dire ce qu’il pensait et non ce qu’il voulait penser. « Parce que la vérité, elle t’intéresse peut être ? Quand j’ai voulu te voir parce que ma mère est morte et que j’avais besoin de soutien, tu m’as rembarré. C’est ça que tu voulais ? Je pensais qu’on était ami, et mes mensonges n’ont rien à faire là dedans. Je perds ma mère, je perds ma sœur, et tu veux que je m’excuse parce que je t’ai menti sur la nature de la maladie de Moira ? » Il se prit la tête entre les mains, ignorant les larmes qui commençaient à dévaler ses joues en cascade. Sincérité, mensonge, il n’en savait pas où il en était mais… ça lui faisait du bien, au final, de déverser sa colère, de déverser sa vulnérabilité et son impuissance sur quelqu’un. « Qu’est ce que ça peut te faire que j’aie voulu t’aider mais aussi saisir l’opportunité d’avoir moi aussi des pouvoirs pour aider les gens, hein ? Parce qu’au final, quand Moira était en sang devant moi, j’ai rien pu faire pour l’aider ! » Etait-ce bien cela son idée, à la base ? Plonger dans l’altruisme, plonger dans la générosité en s’oubliant lui-même ? Non, loin de là mais… Chez Artur, mensonge et vérité se mélangeaient tant et si bien qu’il était bien incapable de les démêler à présent. Seule la colère et la fatigue parvenaient à extraire de ses veines un peu de réalité.
Sujet: Re: i'm a ruin (ellitur) Mar 5 Avr 2016 - 18:57
Depuis que sa mutation lui était claire. Depuis qu'elle se savait mutante. Ellie avait peur. Ouais, elle avait peur d'être une cible. Un outil. Que les hunters se servent de son don pour l'utiliser comme une usine à pouvoirs. Alors savoir qu'Artur avait agi exactement de la même façon la révoltait. Artur. Plus qu'un autre. Jamais elle ne s'était sentie aussi idiote. Aussi menée en bourriques. Par celui-là même qu'elle commençait à aimer. Cependant, elle fut incapable de prononcer le mot. Incapable d'avouer cette faiblesse. Parce que c'était bien ça. Une faiblesse. Lui avouer qu'elle était tombée amoureuse de lui, c'était lui donner une arme de plus à utiliser contre elle. Par contre, elle n'avait présentement qu'une envie. Le pousser. Le frapper. Le giffler. Lui faire mal comme elle avait mal. Elle se battait avec elle-même. Contre toutes ses émotions contradictions qui la prenaient à la gorge. Alors, elle attendait. Poings serrés et regard qui revint le trouver toujours aussi nonchalant avec elle. Ça l'insultait. Mais elle essayait de respirer et de se contrôler. Impatiente qu'il ouvre enfin la bouche, qu'il dise quelque chose et qu'il arrête de la laisser planer dans le doute. Elle voulait l'aimer, ou le détester. Pas les deux à la fois. « Qu’est ce que tu crois, Ellie ? Que je me fiche de toi ? C’est ça que tu penses, très sincèrement ? » Oui, c'était bien ce qu'elle croyait. Si elle demandait c'était bien parce que c'était ce qu'elle craignait. Elle craignait de s'être attachée au jeune homme alors que celui-ci ne partageait pas les mêmes sentiments. Qu'il n'avait fait que la manipuler et que les délicieux baisers échangés dans la forêt n'étaient que de grandioses actes de théâtre.
Se déplaçant au salon, la Freak le suivit en gardant ses distances, encore trop en colère pour changer d'attitude et redevenir cette fille colleuse, et tactile qu'elle avait toujours été et ce même si Artur avait l'air dans un état lamentable. Elle avait pitié, elle voulait le réconforter mais elle était bien trop fière pour le laisser gagner. Trop en colère aussi pour réussir un seul instant à retrouver une part de tendresse et de douceur qui pourrait le rassurer. Non, elle n'était pas dans un état de jouer la douce Ellie qu'elle avait toujours été avec lui jusqu'à maintenant. « Oui je t’ai menti à propos de Moira. Mais qu’est ce que ça peut te faire, Ellie, au final ? De toute manière, Moira est morte. Tu as raison, Ellie, je m’en fiche de toi. J’en ai rien à faire de toi. Je veux juste… » Si les mots pouvaient blessés, elle serait couverte de sang présentement. Si bien qu'elle resta muette, incapable d'assimiler toutes les nouvelles qui tombaient à chaque syllabe. Moira morte ? C'était impossible. Et il se fichait bien d'elle ? Son coeur se serra, transpercé par milles aiguilles sorties de nulle part.
C'était une mauvaise idée que d'être venue jusqu'ici. Elle aurait dû finalement essayer de l'oublier. Elle peinait à retenir les larmes, le choc de telles paroles lui étranglant la gorge et lui coupant le souffle. Elle suffoquait. Elle voulait fuir pour ne jamais se retourner. « Mais toi aussi, tu n’en as rien à faire de moi ! Parce que la vérité, elle t’intéresse peut être ? Quand j’ai voulu te voir parce que ma mère est morte et que j’avais besoin de soutien, tu m’as rembarré. C’est ça que tu voulais ? Je pensais qu’on était ami, et mes mensonges n’ont rien à faire là dedans. Je perds ma mère, je perds ma sœur, et tu veux que je m’excuse parce que je t’ai menti sur la nature de la maladie de Moira ? » La jeune femme fut un peu surprise de cet éclatement, de cette hargne soudaine que le Kovalainen faisait couler sur elle. Sourcils relevés par la surprise, incompréhension dans le regard, elle ne le lâchait pas des yeux alors qu'il s’accoudait à sa bibliothèque. La Freak, elle, resta à l'autre bout du salon. Et même si la pièce n'était pas immense, elle avait l'impression qu'une distance énorme les séparaient maintenant. Choquée, elle fronça alors les sourcils mais garda le silence. Alors il croyait que c'était ça la vérité ? Que c'était de sa faute à elle ? Ellie ne l'acceptait pas. Elle n'acceptait pas qu'il la traite ainsi. Mais elle le laissait déverser sa colère sur elle. Après tout, c'était ce qu'elle était venue faire, elle devait bien s'attendre à ce qu'il lui rende l'appareil. Cependant, elle ne s'attendait pas à ce qu'il essaie de retourner la situation ainsi. La vérité, c'était qu'à force de mentir, il allait se retrouver seul. Il ne pouvait pas la blâmer pour cela. « Qu’est ce que ça peut te faire que j’aie voulu t’aider mais aussi saisir l’opportunité d’avoir moi aussi des pouvoirs pour aider les gens, hein ? Parce qu’au final, quand Moira était en sang devant moi, j’ai rien pu faire pour l’aider ! » Il avait été obligé de l'aider pour pouvoir profiter de ses pouvoirs, elle n'était pas idiote. Ça ne venait pas d'un acte de gentillesse purement désintéressé. La brune voyait bien qu'il jouait avec les mots pour paraître plus attentionné qu'il ne l'était vraiment. Ses paroles faisaient tourner la tête d'Ellie qui ne savait plus quoi penser. Ni ce qu'elle voulait.
Un instant, elle avait voulu la vérité mais maintenant, elle voulait seulement qu'il se taise parce que ça faisait trop mal de l'entendre dire toutes ses choses. Puis, sous le coup de la colère, elle traversa la distance qui les séparait et s'arrêta à quelques centimètres de lui. Il la surplombait mais elle gardait la tête haute. « Ne remets pas la faute sur moi Artur ! Si tu voulais vraiment me voir, t'aurais cherché à savoir pourquoi j'te faisais la gueule. Je suis désolée pour ta mère, et pour Moira. Je savais pas et ça me fait vraiment de la peine. » Elle avait eut beau n'avoir rencontré Moira qu'une seule fois, la Freak l'avait bien appréciée et était anéantie d'apprendre cette nouvelle. Des larmes perlaient au coin de ses yeux face à cette nouvelle mais pour le reste, la jeune mutante était totalement hors d'elle. Croyait-il qu'elle allait s'excuser de l'avoir rembarré alors qu'il lui avait menti ? « Mais si j'étais pas là pour te soutenir, c'est entièrement de ta faute. Pas la mienne alors assume ! Si t'avais pas menti, si tu te fichais pas de moi à ce point, je serais restée des heures reveillée auprès de toi Artur, pour te consoler, alors ne vient pas dire que c'est de ma faute que TU as menti. J'ai le droit d'me sentir trahie. J'vais pas faire semblant que tout va bien seulement parce que tu es dans une mauvaise passe. » De ce qu'elle comprenait grâce à sa soeur, Artur ne faisait que cela mentir. Alors qu'il en assume les conséquences, Ellie n'allait certainement pas se sentir désolée pour lui. Ça lui faisait mal de le voir aussi anéanti par la mort de sa soeur. D'avoir l'air si malade cependant, elle n'allait pas rester douce et prévenante toute sa vie. Mentir avait son prix. Et il allait devoir le payer. La mutante avait beau l'aimer plus qu'elle « Parce que hé ! devine quoi, t'es pas le seul. Mais comme tu t'en fiches de moi, ça va pas te faire un pli d'apprendre que c'est l'angoisse pour moi aussi en ce moment. »
Sans gêne, sans pudeur aucune, elle attrapa le bas de son chandail et le souleva jusque sous sa poitrine pour montrer l'horrible bleu qui défigurait son flanc. Là où ses côtes avaient brisées après le coup que le deuxième chasseur qui lui était tombé dessus l'avait gratifiée avant d'être sauvée par un des policiers de la ville. « Y'a deux hunters qui m'ont attaqué en deux semaines, tu l'savais ça ? Tu dis que tu veux aider avec des pouvoirs, que tu aurais pu sauver ta soeur mais y'a d'autres façons Artur. Moi j'ai un pouvoir et je suis complètement démunie face à ces malades. J'suis autant humaine que toi. Pouvoir ou non, ça change rien. » Certes, Ellie avait quelques notions en arts martiaux, tout comme connaissait certains trucs en biologie, arts, informatique. Elle se tenait informée, elle s'intéressait à plusieurs domaines mais il suffisait de la regarder - elle et sa taille de guêpe - pour comprendre que même son léger savoir en auto-défense ne lui serait jamais assez suffisant. La mutante laissa le loisir à Artur de regarder sa blessure teintant sa peau pâle pour l'imprégner à son cerveau si brillant de scientifique avant de faire retomber le tissu de son chandail et d'planter son regard dans le sien. Cette fois, elle pleurait. Cette fois, elle se sentait vulnérable seulement au fait de repenser à ses deux agressions. Pas une... mais deux. Et plus que tout, jamais deux sans trois, elle craignait maintenant à chaque détour de rue de se retrouver victime d'un nouveau hunter. « Tu sais quoi, ne m'approche pas. Ne me touche plus jamais ! » Ça ne devrait pas être si difficile, il venait de le dire ; il se fichait d'elle. Un pas, deux pas en arrière, elle se défilait, posant en acte les mots qu'elle laissait tomber dans une voix brisée.
Artur Kovalainen
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Sujet: Re: i'm a ruin (ellitur) Sam 16 Avr 2016 - 0:10
I'm a ruin
Ellie & Artur
Artur était épuisé. Autant physiquement que psychologiquement. Fatigué de se sentir coupable, fatigué de se chercher des excuses, fatigué de chercher un cap, des objectifs, des justifications, fatigué d’être accusé par sa sœur, par son père, fatigué de se sentir seul à ce point et plus encore, fatigué d’être aussi vulnérable. Qu’il frôle l’égocentrisme dans ses pensées, cela ne le dérangeait pas, pourvu qu’il trouve un sens à tout cela. Sauf que tous les récents événements n’avaient, justement, aucun sens autre que celui qu’il aurait aimé refuser de voir : il était, indirectement, le meurtrier de sa sœur et pire que tout, il n’avait rien pu, rien su faire pour enrailler la machine infernale. Oh, il avait bien réussi à prendre le DeMaggio au dépourvu, mais c’était bien la seule chose qu’il avait réussie à faire et la cicatrice qu’il allait conserver à l’épaule en était un rappel constant. Pas menaçant, pas dangereux, pas grand-chose au final, l’autre avait été clair et Artur ne pouvait qu’être lucide : face à un dégénéré, il n’avait que peu d’atouts. Et face à Ellie, présentement… il n’en avait pas davantage. Son contrôle s’effrita en quelques secondes, sa colère jaillit sans prévenir. Fatigué, Artur devenait acide. Fatigué, Artur devenait sincère. Fatigué, Artur devenait méchant. Et s’il s’obstinait à se montrer nonchalant, c’était bien la seule chose qu’il maintenait sous son contrôle. Ses mots le vendirent, ses questions, agressives, dévoilèrent sans qu’il ne s’en veuille le fond de sa pensée. Alors c’était ce qu’elle pensait vraiment, la mutante ? Artur la contourna à défaut de s’attarder sur une réponse d’Ellie qui ne vint pas. S’il se fichait d’elle ? Lui-même l’ignorait, il devait bien l’admettre. Depuis le début, Artur menait la danse entre eux deux. C’était lui qui manipulait, c’était bien évidemment lui qui mentait, qui guidait, qui simulait dans une hypocrisie voulue pour tisser entre eux une relation aussi solide qu’artificielle, aussi fausse que tangible. Sauf que l’Irlandais s’était fait prendre à son propre jeu et qu’il ne savait plus où il en était.
Ses pas le menèrent au canapé, ses pas le guidèrent contre sa bibliothèque, bras croisés. Il y avait quelque chose d’extrêmement déplaisant dans cette conversation. D’anormal aussi : parce qu’en d’autres circonstances, jamais Artur ne se serait laissé aller à tant de confidences, aussi inutilement sincères qu’agressives. Un soupir, sa fatigue dégringola ses tempes, trouvant un regain d’énergie dans la violence de ses propos. Bien sûr qu’il s’en fichait d’elle, où était-elle allée chercher le contraire ? Dans ses mensonges, dans son attitude ? Très certainement, mais puisque Moira avait tout dit, puisque Moira avait tout brisé, puisque que… Moira était morte maintenant. Et même si un dégénéré l’avait ramenée de très loin, elle était morte, officiellement. Elle était morte, une fraction de seconde, une portion de temps, une éternité, et cela suffisait pour que la culpabilité étrangle le petit frère. Il ferma les yeux, tentant de mettre la main de ses doigts immatériels sur son contrôle qui lui échappait. Comme un filet d’eau qu’il aurait voulu saisir, il l’attrapait, il le perdait. Son contrôle, si précieux, si omniprésent, si indispensable, glissait sur son épiderme sans accepter de s’y accrocher. Et Artur perdait pied, peu à peu, face à Ellie qu’il ne voulait pas voir, qu’il ne pouvait pas rejeter, qu’il ne savait plus comment gérer.
Incapable. Il était désormais incapable de savoir s’il pensait ce qu’il disait ou si c’était simplement ce qu’il était supposé dire, supposé penser, supposé vouloir pour s’attirer les bonnes grâces d’Ellie et reprendre la main. S’il perdait pied, Artur était suffisamment enfermé dans cercle vicieux d’hypocrisie pour ne plus parvenir depuis des années à dissocier réellement ses réelles pensées de celles qu’il devait embrasser pour mener à bien ses objectifs. Finalement, avait-il approché Ellie par égocentrisme simple visant à obtenir lui-même une mutation ou avait-il souhaité l’aider pour réellement pouvoir, par la suite, mettre ses mutations gagnées au service d’un bien commun ? Avait-il seulement une seule seconde été altruiste ou n’était-ce qu’une justification créée de toute pièce pour mieux excuser ce qu’il était et ce qu’il ne pouvait plus cesser d’être ? Une seule chose était sûre : cette impuissance qui l’avait saisi aux tripes lorsqu’il avait été incapable de faire face convenablement à un mutant était réelle, l’absence de mutation était un défaut grandissant et sa jalousie envers les dégénérées n’en avait que plus augmenté encore. Et Ellie, face à lui, exacerbait tout ça sans lui laisser le choix, sans lui laisser le temps de souffler. Sans lui laisser le temps, tout simplement, de respirer.
Contraste avec son immobilité, colère qui trancha avec le calme et la fatigue d’Artur, Ellie franchit brutalement la distance qui les séparait. Sans même le vouloir, Artur tenta de reculer, son dos heurta l’étagère et ses yeux percutèrent ceux de la mutante. « Ne remets pas la faute sur moi Artur ! Si tu voulais vraiment me voir, t'aurais cherché à savoir pourquoi j'te faisais la gueule. Je suis désolée pour ta mère, et pour Moira. Je savais pas et ça me fait vraiment de la peine. » Son sang ne fit qu’un tour, Artur se crispa instantanément à la mention de sa mère. « Ne parle pas d’elle. » Fils blessé, Artur était un socle de loyauté envers sa mère, la seule envers laquelle les années n’avaient pas perverti et acidifié ses sentiments. Il fit mine de ne pas remarquer les larmes d’Ellie, préféra se concentrer sur lui-même et sur sa douleur plutôt que de s’ouvrir à la colère de la jeune fille. C’était plus simple, bien plus simple, au final, de s’écouter et de se tourner vers soi. Toujours plus simple d’être seul, de ne compter sur personne, de n’écouter personne, de ne s’attacher à personne. « Mais si j'étais pas là pour te soutenir, c'est entièrement de ta faute. Pas la mienne alors assume ! Si t'avais pas menti, si tu te fichais pas de moi à ce point, je serais restée des heures éveillée auprès de toi Artur, pour te consoler, alors ne viens pas dire que c'est de ma faute que TU as menti. J'ai le droit d'me sentir trahie. J'vais pas faire semblant que tout va bien seulement parce que tu es dans une mauvaise passe. » Dans un premier temps, Artur manqua de vouloir disparaître. Assumer, qu’avaient-ils donc tous à vouloir le voir assumer ses choix, assumer ses actes ? Dans un premier temps, donc, Artur encaissa, mal, la colère d’Ellie. Seulement… Une mauvaise passe ? Il se redressa, piqué au vif. Pas de cri, pas de colère brûlante comme il pouvait en voir chez Moira. Non. Sa voix fut bien plus cassante lorsque de ses mains, il repoussa Ellie pour l’éloigner de lui. « Une mauvaise passe ? On parle de la mort de la moitié de ma famille ! On ne parle pas d’un rhume, espèce de petite arrogante égocentrique ! N’essaye pas de comparer un petit mensonge de rien du tout à la mort des deux femmes qui comptaient le plus pour moi. N’essaye même pas de te faire passer pour la petite victime alors que Moira est morte à cause de moi, alors que je n’avais pas vu ma mère depuis des mois quand elle est morte. Et si tu m’appréciais réellement un minimum, tu serais passée outre ta petite vexation pour m’aider ! » Parce que bien évidemment, il n’y avait que lui, toujours que lui. Artur ne voulait pas assumer davantage de responsabilité dans le chaos complet qu’était sa vie actuellement. Il ne voulait ni ne pouvait supporter davantage de culpabilité et si Ellie ne le comprenait pas, et bien… Il s’échappa, de l’autre côté du salon, se réfugia dans un autre coin de la pièce, comme bien trop de semaines auparavant face à son père. « Parce que hé ! devine quoi, t'es pas le seul. Mais comme tu t'en fiches de moi, ça va pas te faire un pli d'apprendre que c'est l'angoisse pour moi aussi en ce moment. » Obstiné, visage fermé, il refusa de céder à la tentation, il refusa de détourner son attention de son propre mal-être. Tout était peut être de sa faute, mais dans l’affaire, ce n’était pas lui qui imposait sa présence, ce n’était pas lui qui… Un mouvement à la limite de son champ de vision attira son regard et malgré tout le self-control qu’Artur savait si bien mobiliser, il ne put s’empêcher de tourner légèrement la tête. Pour sentir son sang se glacer. « Y'a deux hunters qui m'ont attaqué en deux semaines, tu l'savais ça ? Tu dis que tu veux aider avec des pouvoirs, que tu aurais pu sauver ta soeur mais y'a d'autres façons Artur. Moi j'ai un pouvoir et je suis complètement démunie face à ces malades. J'suis autant humaine que toi. Pouvoir ou non, ça change rien. » Les yeux d’Artur s’écarquillèrent légèrement. Et pendant une fraction de seconde, l’Irlandais hurla de douleur face à l’énorme contusion qui marquait la peau d’Ellie. Pendant une fraction de seconde, il voulut se jeter dans sa direction, faire disparaître la distance qu’il avait imposée pour mieux l’envelopper, la protéger, la… Ses yeux glissèrent sur son flanc, remontèrent vers sa poitrine. Son visage se décomposa lentement. Et un pas lui échappa, dans la direction. « Tu sais quoi, ne m'approche pas. Ne me touche plus jamais ! »
Pour la première fois depuis la mort de Moira, pour la première fois depuis sa sortie de l’hôpital, pour la première fois depuis qu’il avait posé ses congés, pour la première fois depuis qu’il s’était isolé volontairement, pour la première fois depuis trop longtemps, Artur mit complètement de côté ses intérêts, ses réflexions, sa préservation, son importance. Et pour la première fois depuis bien trop d’année, sa voix fut totalement dénudée lorsqu’il tendit le bras en direction d’Ellie. « Oh… Ellie… je suis… je suis tellement désolé… » Et pour être désolé, il l’était. Une part de lui voyait partir en lambeaux des mois d’investissement. Une autre part… était désespérément en train de contempler l’ébauche d’une amitié, voire de davantage, disparaître sous ses conneries et les conséquences de l’existence même des mutations. Et de son humanité. « Je… je suis désolé, j’arrive pas… qu’est ce que tu veux que je te dise, exactement ? » Il lui manquait le script, il lui manquait un cap. Ce n’était pas qu’Artur était dépassé, c’était qu’il n’arrivait même plus à réfléchir. L’agressivité n’était pas dans sa nature, les attaques gratuites encore moi. Lui, ce qui le faisait fonctionner, c’était l’hypocrisie. Donner à l’autre ce qu’il attendait pour mieux lui planter un couteau dans le dos au bon moment. Manipuler la personne, obtenir ce qu’on voulait et la laisser sur le chemin sans lui accorder la moindre once d’attention. Caméléon, Artur pouvait être celui qu’on voulait, à condition que cela serve ses intérêts. Sauf qu’actuellement… il n’avait plus d’intérêt. Plus d’objectif, plus de conviction : il n’y avait que des débris et des cratères, il n’y avait plus que des confiances fracassées et une culpabilité lancinante qui battait à ses tempes au même rythme que son cœur décharné. « J’ai jamais voulu tout ça, j’ai… je voulais juste trouver un moyen d’être comme ma sœur, je voulais juste servir à quelque chose. » Et pour une fois, il ne disait pas ça dans le but de la rallier à sa cause. C’était juste la vérité simple, sans fard, la seule vérité dont il était presque certain. Un nouveau pas dans la direction d’Ellie, il laissa retomber son bras. « Pourquoi t’es venue, Ellie ? Tu pouvais pas me laisser tranquille ? Tu veux quoi ? Exposer tes bleus, me montre à quel point je suis un monstre ? Mais je le sais déjà, merde ! Je sais déjà à quel point je suis méchant, odieux, ce que tu veux, on me l’a déjà fait comprendre ! Et le pire, c’est que je ne regrette pas mes mensonges parce que je ne vois aucun autre chemin qui m’aurait fait l’intéresser à toi, et sans mes mensonges, tu aurais pas pu m’apprécier, j’aurais pas pu t’apprécier comme toi. Qu’est ce que ça change que je t’ai menti à la base hein ? » Sa voix était au bord du précipice, à deux doigts de se briser. Ses deux mains glissèrent sur son visage se perdirent dans ses cheveux, le décoiffèrent avant de retomber sans force. « Tu veux me faire culpabiliser ? Et bien mauvaise nouvelle, y’en a déjà qui sont passés avant toi. Qu’est ce que tu veux, Ellie ? Qu’est ce que… Je voulais pas que tu me voies comme ça. Je voulais… » Que voulait-il ? Il n’en avait aucune idée. « Si tu m’en veux tant que ça… alors dégage. Ne t’impose pas ma présence et ne m’impose pas ta colère, s’il te plait. Je… pas maintenant. » Ce qu’il voulait, actuellement ? C’était arrêter de penser. Arrêter de s’autodétruire, arrêter de se laisser emporter par ce goût amer qui noyait ses poumons, arrêter de glisser dans cette spirale infernale. Ce qu’il voulait, c’était qu’elle reste. Parce qu’elle parvenait à lui faire oublier, à détourner ses pensées de sa sœur, de sa mère, de DeMaggio, de son père. Parce qu’il n’arrivait pas à détacher son regard d’elle et il s’y accrochait comme un désespéré, à cet instant, sans même s’en rendre compte. Il parvint à glisser sa main dans la sienne, sans le vouloir. « J’ai juste besoin de… j’ai pas besoin de reproches, Ellie. J’ai besoin de soutien, j’ai besoin que tu me consoles, j’ai besoin d’oublier, j’ai pas besoin de savoir ce que je sais déjà. »
Sujet: Re: i'm a ruin (ellitur) Mar 10 Mai 2016 - 0:19
Il avait menti, il allait devoir l'assumer. Qu'il le veuille ou non. Savoir qu'il était arrivé malheur à Moira, qu'elle était morte avait déstabilisé légèrement Ellie qui sentait les larmes se secouer au coin de ses yeux. Elle ne la connaissait pas plus que cela mais de ce qu'elle avait pu comprendre, c'était une fille bien. Elle se serait parfaitement vu devenir une de ses excellentes amies. Après tout, Ellie n'avait pas de difficulté à se lier d'amitié. Elle avait un cercle d'amis immense, parfois, ses cousins se demandaient bien comment elle faisait pour avoir tant de proches. Pourtant, présentement elle avait l'impression de perdre tout le monde. Dont la pauvre Moira. C'était horrible... « Ne parle pas d’elle. » Il plaqua ses mains aux bras de la jeune femme et la repoussa brusquement. Elle le laissa faire sans le quitter des yeux. Elle le laissa filer, fuir. Comme un lâche qui ne voulait pas faire face à la situation. Qui pouvait le blâmer au juste... Ellie pouvait se montrer très... insistante quand elle le voulait. Surtout, elle n'allait pas se sentir mal parce que c'était le mauvais moment. Elle était venue pour avoir des comptes et elle n'allait pas repartir sans... elle ne savait pas trop ce qu'elle voulait au juste... « Une mauvaise passe ? On parle de la mort de la moitié de ma famille ! On ne parle pas d’un rhume, espèce de petite arrogante égocentrique ! N’essaye pas de comparer un petit mensonge de rien du tout à la mort des deux femmes qui comptaient le plus pour moi. N’essaye même pas de te faire passer pour la petite victime alors que Moira est morte à cause de moi, alors que je n’avais pas vu ma mère depuis des mois quand elle est morte. Et si tu m’appréciais réellement un minimum, tu serais passée outre ta petite vexation pour m’aider ! »
Comme s'il n'arrivait pas à supporter cette discussion plus longtemps, elle se défila et alla se réfugier à l'autre bout de la pièce, la Freak le suivant du regard. Un regard noir. Elle était hors d'elle, complètement indignée par ses paroles. Il ne comprenait rien, elle n'essayait pas de comparer son mensonge avec la mort de Moira et sa mère. Elle parlait de l'attaque des hunters. La mort de Samuel, sa meilleure amie aussi qui ne lui parlait plus. Tout se multipliait à une vitesse folle. Alors, elle lui déballa son sac. Elle lui balança tout ce qu'elle lui reprochait à la figure. Elle n'allait pas bien elle non plus. Qu'est-ce qu'il croyait ? Que l'univers de la mutante ne se résumait qu'à lui et son mensonge. Et bien, non. Vivre dans cette ville, c'était risquer d'être la prochaine. Si... si Moira était morte... Quelle chance avait-elle la petite Freak au juste ? Aucune et elle en était terrifiée. Voilà pourquoi le mensonge du jeune homme la blessait tant. Parce qu'il avait promis de la protéger mais il avait préféré se refermer sur lui-même. Elle hurla tout ce qui s'était passé. Lui montra l'horrible bleu sur son flanc. Elle voyait bien le choc dans son regard soudainement mais ça ne changeait rien. Elle était furieuse. Blessée. Elle avait envie de franchir la distance qui les séparaient pour le pousser, le frapper. Se défouler sur lui. S'il avait été sincère en disant qu'il serait toujours là pour elle, il lui devait au moins ça.
Il voulut s'approcher mais ce fut au tour de la Freak de reculer. Maintenir le plus de distance entre eux parce qu'elle n'en pouvait plus. Ellie n'avait pas besoin de sa douceur. Elle n'avait pas besoin de son réconfort. Elle avait bien dû se débrouillée seule sans lui face aux hunters, ce n'était pas maintenant qu'elle allait le laisser approcher. « Oh… Ellie… je suis… je suis tellement désolé… Je… je suis désolé, j’arrive pas… qu’est ce que tu veux que je te dise, exactement ? » Lui mettre ses blessures en pleine figure, lui montrer que le monde ne tourne pas uniquement autour de lui et de ses malheurs c'était ce que ça prenait pour lui ouvrir les yeux ? La jeune femme aurait préféré ne pas avoir à lui infliger une telle vue. Elle avait voulu être forte et ne jamais avoir à lui parler de cet événement mais ses mensonges la poussait à le secouer. Et s'il fallait pour cela qu'elle lui montre les bleus qui défiguraient son flanc, elle n'hésitait pas une seconde. Rabaissant son chandail, elle serra la mâchoire. Ce qu'elle voulait qu'il dise ? « La vérité. Je veux pouvoir te faire confiance. » Elle avait cru qu'elle avait pu jusqu'à aujourd'hui... et ça la blessait profondément. Dans sa voix, dans son regard, tout en témoignait. Artur l'avait blessée aussi sûrement que s'il lui avait enfoncé un couteau en plein coeur. Pourtant, elle se voyait incapable de passer à autre chose. De le sortir de ses songes... « J’ai jamais voulu tout ça, j’ai… je voulais juste trouver un moyen d’être comme ma sœur, je voulais juste servir à quelque chose. » Et soudain, elle n'avait plus de force. Elle était épuisée. Épuisée d'être en colère. Fatiguée de se battre contre le monde entier et de rester accrocher au bon côté des choses. C'était douloureux de s'faire trahir... par Artur plus que n'importe qui.
Maintenant qu'elle avait tout mis sur la table, elle avait l'impression qu'elle s'était débarrassée d'un fardeau et inconsciemment, elle avait laissé le jeune homme approcher. « Pourquoi t’es venue, Ellie ? Tu pouvais pas me laisser tranquille ? Tu veux quoi ? Exposer tes bleus, me montre à quel point je suis un monstre ? Mais je le sais déjà, merde ! Je sais déjà à quel point je suis méchant, odieux, ce que tu veux, on me l’a déjà fait comprendre ! Et le pire, c’est que je ne regrette pas mes mensonges parce que je ne vois aucun autre chemin qui m’aurait fait l’intéresser à toi, et sans mes mensonges, tu aurais pas pu m’apprécier, j’aurais pas pu t’apprécier comme toi. Qu’est ce que ça change que je t’ai menti à la base hein ? » Il ne le pensait pas. Qu'il n'ait pas menti, elle se serait intéressée à lui. Elle se fichait bien au final qu'il l'avait aidé un peu avec son pouvoir. Ce qu'elle aimait vraiment de lui c'était les petits moments à discuter de tout et de rien. Des discussions qui pouvaient durer des heures et toutes plus fascinantes les unes que les autres. Elle se fichait bien de son aide face à sa mutation... ce n'était pas ça qui la faisait s'enticher d'lui. Parce que tout ne tournait pas seulement autour des humains et des mutants. Pourquoi ne pouvait-il pas le voir ? « Tu veux me faire culpabiliser ? Et bien mauvaise nouvelle, y’en a déjà qui sont passés avant toi. Qu’est ce que tu veux, Ellie ? Qu’est ce que… Je voulais pas que tu me voies comme ça. Je voulais… Si tu m’en veux tant que ça… alors dégage. Ne t’impose pas ma présence et ne m’impose pas ta colère, s’il te plait. Je… pas maintenant. J’ai juste besoin de… j’ai pas besoin de reproches, Ellie. J’ai besoin de soutien, j’ai besoin que tu me consoles, j’ai besoin d’oublier, j’ai pas besoin de savoir ce que je sais déjà. » Sans qu'elle ne le réalise, il avait passé sa main dans la sienne et Ellie baissait le regard sur ses pieds. Un moment de silence s'installa pendant lequel la jolie mutante ignorait quoi penser et quoi dire. Elle voulait le détester. Elle voulait tourner les talons et le planter là... Non, en fait, ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait. La Freak voulait s'accrocher.
Trouver un moment de bonheur malgré toutes les emmerdes. Était-elle trop optimiste ? Trop idéaliste de penser qu'elle pourrait être de nouveau heureuse avec Artur ? La jeune femme n'était pas du genre à abandonner et baisser les bras si facilement alors, elle releva son regard noisette et le plongea dans les yeux de l'irlandais. Clairs, glaciaux et qui savaient pourtant enflammer son coeur au fond d'sa poitrine. Elle ouvrit la bouche, hésitante. Elle cherchait ses mots... Un moment de flottement puis elle se lança. « T'es pas un monstre, ok ? On fait tous des erreurs. Mutants ou non, on est tous humains. On est pas parfait. Je ne le suis pas non plus, ok. J'aime juste pas qu'on me prenne pour une conne. » C'était sa façon de lui dire qu'elle le pardonnait même si elle était encore un peu bornée. Encore blessée de ce qu'il avait fait. Elle avait encore ce doute, cette incompréhension et cette peur qu'elle succombait aux beaux yeux de l'Irlandais simplement pour qu'il puisse mieux lui briser le coeur ensuite. Mais c'était plus fort qu'elle, la Freak n'aimait pas le voir comme ça, au bord du gouffre et prêt à sauter. « Ne me ment plus jamais, Artur. Plus jamais. » Elle était sérieuse, tout dans sa voix, dans son regard prouvait que c'était fini si jamais elle apprenait qu'il l'avait encore manipulée. S'il ne voulait pas perdre ce si précieux pouvoir dont il voulait profiter, s'il ne voulait pas la perdre elle non plus - s'il tenait un tant soit peu à elle et que ce n'était pas qu'une belle mascarade. « Est-ce que j'ai tort de te faire confiance ? Est-ce que c'est trop demandé et que je vais le regretter ? » Elle voulait rester elle aussi. Elle ne voulait pas le laisser dans cet état. Mais elle gardait son regard planté dans le sien, fermement. Sans détours. Un ultimatum qu'elle lui lançait. La dernière fois... parce que si elle apprenait qu'il lui mentait de nouveau, il allait la perdre... et pour de bon, cette fois.
Artur Kovalainen
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Sujet: Re: i'm a ruin (ellitur) Mar 24 Mai 2016 - 22:04
I'm a ruin
Ellie & Artur
Entendre Artur s’excuser de la sorte… si ce n’était pas excessivement rare lorsqu’on considérait tous les mensonges dont il était capable, l’entendre le faire avec une telle détresse et surtout une telle sincérité… c’en était presque unique. Pour la première fois depuis un certain temps, le Kovalainen mit ses propres intérêts, sa propre souffrance, son égocentrisme et son nombre de côté pour regarder la mutante. Trop de bleus marquaient sa chair, trop de recul marquait son comportement, trop de distance marquaient ses pas lorsqu’ils l’éloignent de lui quand il tendit la main. Incapable de savoir ce qu’il lui fallait dire, incapable de savoir ce qu’il lui fallait pensé, Artur se surprit à penser qu’il partait à la dérive et nageait actuellement dans un brouillard si dense qu’il n’y voyait plus rien. Aveugle, perdu, il tâtonnait avec ses mots et ses excuses sans savoir ce qu’Ellie attenda it de lui. Et pour un homme maniaque de contrôle, c’était une torture sans précédent. Autour de lui, il n’y avait que des cratères, autour de lui, il n’y avait que des bleus, des accusations, des reproches et des ruines. Que restait-il, au final, de ses convictions et de son cap ? Un gouvernail brisé sur le cercueil de Moira, une carte déchirée, en lambeaux, qui avait servi de linceul à sa mère. Perdu, il ne pouvait maintenant plus que demander à la principale concernée de lui mettre une boussole dans les mains. « La vérité. Je veux pouvoir te faire confiance. » De la glace se diffusa dans ses veines, tétanisant ses muscles de douleur. La vérité, quelle vérité voulait-elle réellement ? Aucune. Elle ne voulait pas la vérité, elle voulait des mensonges, elle voulait sa vérité, elle voulait un monde pelucheux construit par un faussaire. Lui, en tout cas, c’était ce qu’il voulait au final. Il ne voulait rien de ce qui l’entourait, il ne voulait rien de ces histoires de mutants, il ne voulait aucun cadavre, aucune mort, aucune agression, il voulait juste s’endormir et se réveiller dans un monde où ce vide, où ce trou noir dans sa cage thoracique cesserait de le tirailler, cesserait de le faire imploser. Il voulait juste… Il n’avait pas voulu ça. Ses yeux se firent larmoyants, implorants. Sa respiration était laborieuse, sa sincérité, agonisante. Pourquoi était elle venue, bon sang ? Que faisait-elle là ? Pourquoi, pourquoi elle, en plus de tous les autres, s’était-elle sentie obligée de parachever une valse incessante de reproches et d’agression qui ne pouvaient que le réduire à néant ? Il était de retour, l’Artur égocentrique, l’Artur égoïste qui ne s’en apercevait pas. Qu’est ce qu’elle voulait, elle ? L’entendre lui dire qu’il regrettait ? Mais regretter quoi, au juste ? Il ne parvenait même plus à se reprocher quoique ce soit puisque sa culpabilité à l’idée d’avoir conduit Moira dans les griffes d’un assassin lui écrasait déjà les épaules pour le réduire en bouillie. Il ne pouvait pas commencer à regretter des mensonges, il ne pouvait pas commencer à regretter des petites déformations de la réalité. Sinon il risquerait de regretter sa vie et ça, il en était tout simplement hors de question. Et… de toute manière, Artur se savait si profondément asocial et narcissique en son for intérieur qu’il était inconcevable qu’une personne comme Ellie puisse un jour s’intéresser à lui une fois dénudé de ces couches et de ces strates de faux semblants patiemment et méticuleusement entassées, entreposées, raffermie par le temps. Avec la détresse revint la colère. Avec la colère revient l’exaspération. Avec l’exaspération revint l’acidité qui commença à recouvrir toutes les parcelles d’Artur jusque là laissées vulnérables. Il n’avait pas besoin de la venue d’Ellie, il n’avait pas besoin d’avoir la confirmation qu’elle aussi, il l’avait perdue définitivement. Trop de pertes tourbillonnaient autour de lui, trop de pertes de contrôle qui le laissaient complètement hagard, comme si elles lacéraient un rideau posé devant ses yeux et que la lumière du jour lui brûlait les rétines.
Et il ne pouvait même pas fermer les yeux puisqu’Ellie l’obligeait à les ouvrir, puisqu’elle était là, puisqu’elle était venue le voir pour le forcer à regarder la lumière dans les yeux. Une larme s’échappa des rétines d’Artur sans même qu’il ne s’en rende compte, le regard fixé sur elle, sa main se consumant au contact de la sienne lorsqu’il parvint à les lier. Une supplique, encore. Désespérée. Il n’avait pas besoin qu’elle lui ouvre les yeux, il avait besoin, juste besoin qu’elle… « T'es pas un monstre, ok ? On fait tous des erreurs. Mutants ou non, on est tous humains. On est pas parfait. Je ne le suis pas non plus, ok. J'aime juste pas qu'on me prenne pour une conne. » Il avait juste besoin d’entendre ça. C’était un mensonge, bien évidemment, comme tout le reste. Artur était lucide, il savait que quelque part dans son esprit se lovait un germe de sadisme, un germe de folie, un germe de monstruosité qui ne cherchait qu’à s’évader. Mais… mais il avait besoin d’entendre ça, et plus encore, il avait besoin qu’elle le lui dise. Tout le reste, finalement, n’était que broutille. Il n’était pas un monstre. Et en lui disant ça, au final, elle lui avouait autre chose qui réchauffait bien davantage le sang d’Artur. Il n’était pas un monstre, pas à ses yeux : elle lui pardonnait. En quelque sorte. « Ne me mens plus jamais, Artur. Plus jamais. » Il se tut, conscient que toute parole qui sortirait de sa bouche serait un mensonge à cet instant. Et qu’il ne pourrait pas le lui cacher. « Est-ce que j'ai tort de te faire confiance ? Est-ce que c'est trop demandé et que je vais le regretter ? » L’ultimatum caché derrière ces questions laissèrent Artur muet. Si elle avait tort ? Oh… oh que oui, elle avait tort. Bien sûr qu’elle avait tort… Parce qu’Artur était incapable de concéder une vérité si elle risquait de le desservir. Parce qu’Artur était incapable de changer sa manière d’être, sa manière de fonctionner, parce qu’Artur… Artur ferma les yeux. « Je ne sais pas… » Il rouvrit les yeux, trouvant de manière inespérée le courage de fixer les rétines d’Ellie, une main lui broyant la poitrine. « Je ne sais pas… je… je ne te mentirai plus. » Un mensonge, bien évidemment. Parce qu’il ne pouvait pas se permettre le contraire. Pas maintenant. Pas alors qu’elle était si proche, pas alors qu’elle… « Je vais essayer, Ellie, je te le promets. Je… je ne veux pas que tout ça se reproduise… » Fragile, il l’était. Vraiment. Et presque inconsciemment, il mettait cette fragilité au service de mensonges aussi finement ciselés qu’instinctifs. Aussi légers que des soupirs, aussi réels que cette larme qu’il alla chercher de son index pour mieux l’effacer. « Mais pour ça… j’ai besoin de ton aide… je ne te prends pas pour une conne, Ellie, c’est juste… que… aide moi. Prouve-moi que je ne suis pas un monstre… » Il marchait sur un fil, Artur. En équilibre, il jouait au funambule sans en avoir conscience, maintenu à la surface par la présence d’Ellie et cette respiration qui se faisait de plus en plus erratique à mesure qu’il comprenait qu’elle était là, à quelques centimètres. Il marchait sur un fil, plus redoutable que jamais, inconscient de ce qu’il était en train de faire, de dire, de tout ce vers quoi le portait son désir et cette affection qu’il avait pour la mutante et qu’il ne parvenait pas à voir. Isolé depuis des années dans un monde de mépris et de glace, il était incapable de se rendre compte que la morsure du froid cédait la place à la brûlure de la chaleur et qu’au contact d’Ellie, loin de se gercer, il se consumait. « Je t’en supplie… pardonne moi, aide moi… » Lui, lui, toujours lui. Il était au centre de ses pensées sans même s’en rendre compte. Lui. Et elle. Et eux. Et… Il l’embrassa. Avec timidité, avec assurance, comme en quête d’oxygène. Mélange étrange entre réalité et artifice, Artur nageait dans des eaux si troubles qu’il était incapable de dissocier ce qu’il faisait inconsciemment par calcul de ce qu’il faisait juste par envie et désir. Tout ce qu’il avait en tête, à cet instant, c’était qu’il voulait se perdre dans les bras d’Ellie, il voulait l’entendre lui répéter qu’il n’était pas un monstre, pour mieux chasser le fantôme de sa sœur mourante.