Sujet: You're always in the dark (jaike) Mer 30 Mar 2016 - 21:21
-janis & duke-
you're always in the dark
Oublier, Duke n’avait pas ce luxe. Il adorerait ça mais, sa mémoire avait la curieuse manie de se rappeler à lui quoi qu’il fasse et avec une clarté surprenante. Il n’avait pas une mémoire eidétique ou quoi que ce soit de ce genre, ce qui n’empêchait jamais à ses pensées de le tourmenter dans les moments les plus problématiques ou n’importe quand d’ailleurs. Pendant longtemps, ses scrupules ayant été balayé par sa position, son ex-femme, les mensonges qu’il avait fait siens sans même s’en rendre compte. Aujourd’hui autant qu’hier, depuis qu’il avait ouvert les yeux en réalité, il n’avait jamais pu oublier quoi que ce soit. Des visages sans nom, parfois des noms sans visage, une mémoire trop précise mais pas assez. Et puis, il avait découvert l’héroïne au détour d’une fête, juste pour voir, expérimenter. Il en connaissait les ravages mais, c’était juste un test. Pourtant, il avait recommencé, encore et encore, persuadé qu’il n’était pas accroc, comme tous les junkies, espaçant autant que possible ses prises. Au moins, les visages ou les noms s’embrouillaient quelques heures et pendant un moment, il oubliait avoir été un assassin, une marionnette, un mec trompé et trahit par sa femme, un imbécile coupable qui n’avait absolument aucune excuse même en cherchant bien. S’être fait manipuler depuis son enfance et ensuite continuer à vivre guidé par ces manipulations faisait de lui -au mieux- un minable. L’ironie dans la fratrie, c’était qu’Alfie aussi bien que lui avait une piètre estime de sa personne, hors, il était celui des deux le plus méritant, celui des deux dont l’innocence -une réelle innocence- avait été préservée. Son petit frère avait fait des horreurs certes mais, il les regretterait et ne les reproduirait jamais. Duke lui, en était parfaitement capable si ça voulait dire protéger l’être sensible que leurs parents avaient mis à la porte et cherchaient à tuer. Ce soir, il n’était pas question de chasse, pas question de mort. Il était question d’oubli, d’artifice, de mensonges. Mentir, il était doué à ce jeu, trop, même envers lui. Il avait fini par croire ses propres inventions, ses propres fadaises au point d’oublier celui qu’il avait été ou aurait pu être un jour. Avait-il une personnalité ? Des envies ? Il ne savait pas et l’espace de quelques heures, il voulait oublier ça aussi, se perdre dans la fumée de sa dose d’héroïne, ne laissait ainsi aucune trace visible, aucun moyen de se douter de ce qu’il pouvait bien faire. Honteux, Duke l’était tout en étant paradoxalement capable de croire qu’il pourrait s’arrêter, que tout ça ne laisserait aucun dommage, qu’il n’était pas accroc. Plaisir honteux et coupable, il fit pourtant une exception à sa règle, ne jamais consommer hors de chez lui. Victime de ses envies tout en étant conscient ou presque de l’être, il avait fait ce qu’il faisait de mieux, trouver un coup d’un soir et se faire foutre dehors aussi sec ensuite histoire d’avoir la paix. Être seul était plus facile que de faire confiance. Pour toutes ces raisons, Duke était actuellement en train de fumer une cigarette, planqué dans un renfoncement, dans une ruelle, ne souhaitant pas le moins du monde être vu, s’exposer alors qu’il était au plus haut de sa prise, détendu à l’extrême, heureux de sa soirée, heureux de s’être fait dégager, heureux que ses plans se passent bien. Tout allait si bien dans son esprit embué par la drogue qu’il ne reconnut pas un seul instant celle qui l’avait privé de son dealer quelques semaines plus tôt et qui avait dû le remplacer. Littéralement, elle le lui avait cassé et après une argumentation mouvementée, elle lui en avait conseillé et introduit un nouveau. S’il y avait une femme synonyme d’emmerdes, c’était elle, sauf qu’il ne la reconnut que trop tard alors qu’elle le regardait droit dans les yeux. Sa descente fut aussi brutale que soudaine alors qu’elle le ramenait sur terre en baragouinant il ne savait quoi. Il n’avait pas écouté, pas compris, rien entendu et pas même vu. Perdu quelque part dans sa béatitude, le rappel sur terre était un peu trop brutal pour lui même si l’héroïne l’empêchait pour l’instant de véritablement être en colère. Ça couvait mais s’était muselé parce qu’il avait envie de s’en foutre, de profiter de sa dose, de ne pas l’écouter, de ne pas combattre les effets de sa prise et de tout tasser avec une bonne cigarette et du bourbon. Duke était soudainement pressé de rentrer chez lui, hors, il ne pouvait pas conduite, pas tout de suite. À moins que ?
- « Excuse-moi, on m’attend. »
L’excuse avait été formulée par sa bouche sans son consentement et il avait posé sa main sur son bras en passant sans même réfléchir qu’on ne tourne pas le dos à qui que ce soit à Radcliff, surtout pas avec un historique comme le sien. Les cheveux en bataille, le haut de la chemise ma reboutonnée, le col mal mis, veste de costume à la main et cigarette en main... tout hunter d’un mètre quatre-vingt-onze qu’il était, il fut stoppé sur place.
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Sujet: Re: You're always in the dark (jaike) Mer 27 Avr 2016 - 20:40
– bad blood, i've got bad blood –
JANIS ET DUKE / Good lord find my soul waitin' to behol', hold those gates if I dont make it out tonight. Good lord give me peace from life long of pain and greed but not yet, I'm not done payin' for my crimes. Bad blood, I got bad blood ; and you dont want none of what I have. – ALISON MOSSHART & ERIC ARJES.
Elle avait réussi. D’un pas lent, presque irréel, elle s’était extirpée du nuage d’insultes et de violence qui s’amassait dans le coin de bar miteux où elle se trouvait. Elle était parvenue à laisser glisser la marée de mauvaises ondes qui d’ordinaire la frappait de plein fouet et la noyait. Le premier cri avait éclaté derrière elle au moment où elle refermait la porte. Personne ne l’avait suivie. De toute manière, elle n’était pas ciblée par l’altercation. Pour une fois, ç’avait tourné autour d’elle, et personne n’avait été assez fou pour sortir de son anneau gravitationnel et venir impunément se heurter à elle. On l’avait laissée en paix, et elle en avait profité. On s’rait fier d’elle.
Mais qui, au juste ? Finn se délectait de la moindre étincelle de sauvagerie qui éclatait à l’impact des poings contre la chair. Altaïr avait toujours été son principal compagnon de violence. Et Rhaena, elle, la payait pour être le cauchemar de ceux qui auraient tenté de se jouer de son empire criminel. Elspeth, alors ? Il lui semblait que la petite blonde appréciait les féroces phalanges de la McLeod plus souvent qu’elle ne les craignait — et les craignait-elle seulement ? Gene, elle, n’avait que l’admiration dans son regard. Une admiration que Jai ne parvenait pas à comprendre, entravée qu’elle était dans l’idée que sa violence était monstrueuse, et qu’il lui aurait fallu s’en débarrasser. Pourtant, on tentait de lui expliquer qu’il ne servait à rien de s’acharner. Elle ne pourrait changer, quels que soient les efforts qu’elle y mettrait. Dressée à serrer les doigts et à frapper, éduquée dans ce simple geste, pour ce simple objectif, elle ne parviendrait sûrement jamais à vivre la vie que le commun des mortels pouvait habiter. Il lui arrivait d’en observer, des gens normaux. Aller chercher leurs enfants à l’école, faire leurs courses. Récupérer du linge au pressing, ramener un gâteau ou des fleurs pour faire plaisir. Faire à manger, s’occuper des enfants, des frères et sœurs. Embrasser le mari ou l’épouse, et être normalement fatigué de ce quotidien qui les berçait jour après jour. Que n’aurait-elle pas donné pour être comme eux, et pouvoir arborer fièrement une vie normale, elle aussi. Mais il semblait que la normalité n’était pas inscrite dans sa vie. Que les choses ne s’étaient jamais bousculées dans le bon ordre pour elle. Et que se bercer de films d’horreur était, selon ses propres standards, le plus naturel pour s’endormir. Son entourage direct n’était pas constitué de ces gens qu’elle observait. Ses compagnons de route étaient ceux dont les filaments étaient suffisamment noircis ou abîmés pour se raccrocher aux siens. De ceux qui avaient appris à l’apprécier pour ce qu’elle était et qui, même s’ils auraient reconnu avec estime le self-control qu’elle avait eu ce soir, n’était pas pour lui dire d’étouffer complètement le monstre qui lacérait les tréfonds de son âme. De ceux qui, bien au contraire, l’encourageaient à être elle-même, là où même elle s’y refusait.
Le vent lui faisait du bien. Depuis qu’elle était sortie, elle avait l’impression d’à nouveau respirer. Elle apprenait à être fière d’elle-même, sans besoin d’avoir un quelconque aval. Fière de ne pas s’être mêlée de ce qui ne la regardait pas, juste pour avoir son lot de sang. Altaïr lui avait appris à rester à sa place et à ne pas cogner à tout bout de champ, lors de leurs différents voyages. Surtout si ce n’était pas elle qu’on visait. Ne taper que si on la tapait en premier, sauf si on la cherchait vraiment. Et toujours être sûre de pouvoir s’en sortir. Cette dernière règle lui avait souvent donné du fil à retordre ; si elle avait appris à rester à sa place et à encaisser jusqu’à ce qu’on lui dise de foncer, elle n’avait cependant jamais appris à calculer pour la survie. Un ordre était un ordre, et si elle s’était toujours débrouillée pour s’en sortir indemne, effectuer le minimum de réflexion nécessaire sur une situation pour être sûre de s’en tirer, elle n’était pas des plus lucides lorsqu’il s’agissait de voir qu’un certain danger était une mort assurée. Jai, elle fonçait. Parce que c’était ce qu’on lui avait appris, et qu’une fois la notion de libre-arbitre assimilée, plus rien n’avait paru être capable de l’arrêter. Plus rien, hormis peut-être la conscience de sa monstruosité.
Elle s’était engouffrée dans une petite ruelle, peu anxieuse à l’idée de ce qui aurait pu l’attendre au bout. Les hunters n’étaient plus dans le règne de la terreur ; et même si c’était le cas, ils ne l’avaient jamais impressionnée. Tout c’qu’elle voulait, c’était prendre le chemin le plus rapide pour rentrer chez elle. Et ce chemin, c’était précisément cette rue-là. Elle y marchait donc sans trop se presser, profitant du vent dans ses cheveux, savourant la morsure légère de la fraîcheur sur ses pommettes. L’odeur d’une cigarette venait de l’attirer, et lui fit relever la tête. Ses yeux se posèrent sur une silhouette, à sa hauteur, calée dans la pénombre. La mine quelque peu défaite, l’air absent. Y avait quelque chose qui clochait, quelque chose que le défaut de lumière l’empêchait d’analyser plus avant. Mais ce type, elle le connaissait. Elle se souvenait parfaitement lui avoir cassé son dealer — au sens le plus littéral du terme —, quelques semaines plus tôt. Lui en avoir trouvé un nouveau, après ça, pour se faire pardonner. Et maintenant, il était là. Là où elle ne s’attendait pas à le croiser, alors qu’elle était elle-même dans des dispositions plutôt inattendues. Et sa tête s’incline légèrement sur le côté, alors qu’elle lui jette quelques mots, de sa voix rauque et simple. « J’me souviens de toi. » Elle ne peut pas s’empêcher d’émettre cette constatation. L’autre a bougé, et les yeux de la blondinette se sont plantés dans les siens. « T’as pas l’air dans ton assiette. T’es sûr qu’ça va ? Hey ? » Il ne prit même pas la peine de lui répondre. Il déblatéra une vulgaire phrase, un peu embrouillée, un peu bafouillée, mais pourtant claire : il foutait le camp. La petite McLeod fronça doucement les sourcils, plissant les yeux. L’autre était passé à son côté, et elle s’était retournée alors qu’il la frôlait. Il lui tournait maintenant le dos ; et elle, de son côté, avait senti ses muscles se tendre au contact qu’il avait instauré.
Elle aurait pu le laisser filer. Elle aurait pu le laisser mettre les voiles, rentrer chez lui. Mais elle sentait quand on lui mentait, et elle aurait mis sa main à couper que personne n’attendait ce type. Que cette foutue excuse, c’était juste pour ne pas avoir à lui parler. « Hey. » Elle n’a même pas réfléchi : d’un geste simple, ses doigts se sont refermés autour du poignet du type, alors qu’il s’apprêtait à s’éloigner. Elle ne le laisserait pas s’en tirer. Pas comme ça. « J’t’ai posé une question. » Incapable de lui montrer d’une autre manière que celle-ci qu’elle en avait vraiment quelque chose à faire. Qu’elle voulait être sûre que tout allait bien, et qu’il était hors de question qu’elle le laisse s’en aller de son côté si elle n’était pas certaine qu’il était en sécurité — tant des autres que de lui-même. Sa voix n’a pas fait de vagues, lorsqu’elle a parlé. Elle a tiré légèrement le bras de l’homme vers elle, l’obligeant à se retourner pour lui faire face, plongeant ses prunelles sérieuses dans les siennes, malgré la différence de taille. Et au vu de l’allure de son vis à vis, une petite voix lui disait qu’elle avait sûrement raison de s’inquiéter. Et le cas échéant, ça ne l’empêchait pas de combler à sa manière cet étrange élan de générosité.
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Sujet: Re: You're always in the dark (jaike) Dim 8 Mai 2016 - 19:01
-janis & duke-
you're always in the dark
Tout ce que voulait Duke ce soir, c’était oublier, planer tranquillement, laisser Radcliff derrière lui, loin dans sa tête, profiter de la sensation d’apaisement que lui procurait son poison, son petit remède à lui, la seule chose qui lui permettait d’aller bien, de temps en temps. Oui, Duke avait besoin de ça pour s’évader de temps en temps, s’éloigner de la réalité de la situation. C’était son secret honteux qu’il voulait préserver, déjà bien assez contrarié qu’une parfaite inconnue l’ait presque découvert un jour et que cette même presque inconnue le trouve à nouveau en position de faiblesse. Parce qu’en ce moment, il était clairement en position de faiblesse. À moitié présent, à moitié perdu quelque part où la vie était artificiellement plus agréable et facile à gérer, il n’avait pas grand-chose à faire de la présence de la demoiselle casseuse de dealeur. Du moins, jusqu’à ce qu’elle l’oblige à se concentrer un peu et que ça le ramène sur terre. Redescendre de cette manière était désagréable et s’il redescendait, c’était uniquement parce qu’il détestait être vu ainsi, pire encore parce qu’il savait que c’était sa faute, sa seule faute. Il n’avait pas été assez prudent. Malheureusement, il oscillait, il oscillait très dangereusement entre l’état d’extase et la colère. Un mauvais mélange qui risquait de poser pas mal de problèmes dans les minutes à venir. Obligé de s’arrêter parce que retenu, obligé de se retourner car un peu trop malléable peut-être, il fronça les sourcils, la chute n’en étant que plus rapide. L’euphorie s’en était allée et bien qu’il était énervé, la sensation d’éloignement persistait, dangereuse dans sa façon d’impacter sur ses actes. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire s’il commettait quelque chose de répréhensible ? Il l’avait déjà fait assez souvent. Il cligna des yeux, l’observant sans répondre pendant un moment. L’effort de concentration était énervant. C’était quoi sa question ? Il ne l’avait même pas vraiment entendue. Quelques secondes passèrent avant que ça ne lui revienne.
- « Qu’est-ce que ça peut te faire ? Lâche-moi. »
D’un geste brusque, il se dégagea. Il sentit ses ongles en se dégageant, il aurait eu des marques si le tissu de la chemise n’avait pas fait barrage, ne ressentant même pas la petite douleur qui aurait dû accompagner le geste. Il recula ensuite de quelques pas. L’agacement était là mais, l’énervement ne restait jamais. Il était trop calme, physiquement, pour ça. Il détourna le regard, conscient, quelque part que ses pupilles devaient être salement dilatées. Duke avait honte de cette faiblesse, ça n’était pas nouveau, dès le début il avait eu honte. Mais il n’était pas fort, il n’était pas quelqu’un de bien non plus, alors pourquoi se priver de se faire un peu de bien ? Il avait le contrôle, il tentait en tout cas de s’en persuader. De quoi elle se mêlait la casseuse de dealeur ? Il monta sa cigarette jusqu’à ses lèvres, plissant les yeux et se détourna sans plus de politesse. Ils ne se connaissaient même pas et il n’avait besoin de la pitié ou du dégoût de personne. C’était ce que faisait les gens non ? En croisant des drogués… Ils avaient pitié ou ils étaient dégoûtés. Parfois, ils étaient même indifférent. Voilà, qu’elle fasse ça, qu’elle fasse comme s’il n’existait pas, ça lui allait comme façon de faire. Lui, il y arrivait très bien. C’était si facile de perdre sa concentration alors que l’héroïne était toujours dans son système. La colère avait déjà disparu. Il l’avait même déjà oublié quand il s’était retourné pour aller rejoindre sa voiture. Qu’importe qu’il soit dangereux, les gens n’avaient qu’à l’éviter. À nouveau pourtant, alors qu’il avait déjà fait quelques pas, elle se rappela encore à lui, le retenant plus fermement par le bras, saisissant ses clefs en les lui arrachant des mains. Pour qui elle se prenait ?
- « J’peux savoir ce que tu fais ? » Il y avait de l’animosité dans sa voix mais en même temps, elle était éteinte. « Occupe-toi de tes fesses, va donc démolir un autre dealer par exemple. »
De manière prévisible, il tenta de récupérer ses clefs, lâchant au passage sa cigarette, se coordonnant mal pour se faire. Il tenta aussi de se dégager mais, elle l’avait saisi au bras le plus faible, celui qu’Alfie avait blessé par accident. On était loin, très loin de l’image qu’il renvoyait en tant normal. Il était pathétique et il le savait et c’était en train de le faire redescendre à une vitesse affolante. Non seulement l’énervement commençait à être bien réel et palpable mais la fatigue elle aussi se faisait sentir. Ça n’aurait pas dû arriver si vite.