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 Just to throw it away (elsinn)

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MessageSujet: Just to throw it away (elsinn)   Just to throw it away (elsinn) Icon_minitimeLun 28 Mar 2016 - 22:38

-finn & elspeth-
Just to throw it away
Quand Elspeth avait vu pour la première fois Jai avec Finn, elle avait cru à une blague, une caméra cachée, n’importe quoi mais, certainement pas que c’était la réalité. Un type, en chemise à jabot, avec un vieil accent parfois incompréhensible, une façon de se comporter sortie d’elle ne savait où... Quand Jai lui avait appris que c’était un pirate, un vrai, elle avait éclaté de rire et ça avait duré jusqu’à ce qu’elle finisse par admettre que c’était la vérité. Ça l’avait laissé franchement perplexe, même après avoir entendu l’histoire et elle n’avait pas su quoi faire avec ça. Elle ne le savait toujours pas d’ailleurs. Finn était un pirate, un vrai de vrai, il n’y avait que ça à savoir au fond. C’était totalement surréaliste. Sauf qu’un pirate au vingt-et-unième siècle, c’est parfois vite largué. Au fil des jours, des semaines, la jeune femme s’était rendu compte que loin, très loin de se faire à l’époque, il était loin de vraiment s’y débrouiller. Elle lui avait proposé de l’aider mais, trop orgueilleux, monsieur avait fait sa diva et avait tourné les talons en se foutant d’elle. Pas emmerdée du tout, pas même vexée, Elspeth avait juste haussé les épaules. S’il voulait continuer à galérer, c’était son problème après tout, pas le sien. Jai avait ricané sur le moment et puis, quelques semaines plus tard parce qu’il était plus têtu qu’un âne mort, il était revenu et avait accepté sa proposition. À nouveau, Jai avait ricané et... elle aussi, le tout sous le regard contrarié et cette même posture vexée. Sans détour, la jeune apprentie avait traité le pirate de diva à haute et intelligible voix, le vexant un peu plus parce qu’il avait très bien compris, sans s’en formaliser. Avec elle, il ne risquait pas d’être laissé tomber en cours de route, au pire, son orgueil de vieux pirate en prendrait un coup et c’était tout.
Depuis qu’ils avaient trouvé leur petit arrangement, Elspeth lui apprenait les bases chez elle. C’était l’un des rares avec Jai qu’elle acceptait dans son appartement. Pour elle, l’un n’allait pas sans l’autre, ainsi allait les choses. Ils n’allaient pas la juger, de ça, elle était sûre. Elle avait eu conscience dès le début que ça n’était pas très juste pour Aspen qui ne l’aurait pas jugée non plus mais, c’était un peu compliqué à assimiler pour elle. Ça viendrait juste. Pour l’instant, ça faisait près d’une demi-heure qu’elle poireautait en attendant Finn et cette tête de mule ne s’était toujours pas pointée. Franchement énervée par la situation, d’autant qu’elle n’avait pas que ça à faire. Pas avec deux boulot dont un en stand-by le temps qu’elle ne soit plus plâtrée. Elle faisait ça gratis, parce qu’elle l’aimait bien ce foutu pirate mais, il ne fallait pas abuser. Elle enfila sa veste, attrapa ses clefs et ses papiers, saisit ses béquilles et sortit, furieuse. Inutile de dire que ce fossile n’avait pas de téléphone, c’aurait été trop beau. S’il en avait en tout cas, il ne savait pas s’en servir. Ou alors... il se payait sa tête et ça allait mal se passer, pirate quarantenaire ou pas. Il avait beau foutre la trouille quand il s’y mettait, elle n’avait jamais baissé les yeux, aussi suicidaire que ce soit. On ne baisse pas les yeux face à un chien enragé après tout. Ben là, c’était pareil.

Têtue, Elspeth avait déjà parcouru une bonne partie de la ville. À cette heure-ci, elle avait de bonne chance de le trouver dans un bar et pas ailleurs. Pour le reste, il suffisait de demander pour savoir si les gens n’avaient pas vu un type sapé comme un pirate dans les parages. Les pires soirs, elle aurait sans doute pu remonter la piste des blessés aussi. Finalement, elle le trouva dans un des bars du centre-ville. Non pas qu’il y en avait beaucoup mais, avec des béquilles et une jambe plâtrée, tout devenait plus long à faire et un peu plus dur. Assis sur un tabouret, monsieur avait la main sur son verre et avait l’air de marmonner dans son coin. Elle allait lui en filer des raisons de râler.

- « Dis donc, un calendrier, tu sais t’en servir de ça ! » Un index inquisiteur sous le nez de Finn, elle ne se démonta pas. « Je déteste qu’on se paie ma gueule Finn. Ça fait j’sais pas combien de temps que j’te cherche et avec un plâtre en plus ! Tu fais chier ! » Elle s’installa juste à côté e lui et commanda une bière. Il était tard, elle avait le droit, y avait plus de couvre-feu. Elle avait toujours pas l’âge mais tant pis. « C’est pour lui. »

Sans trop poser de question et se disant qu’il pouvait très bien laisser ces deux-là régler leurs comptes, quels qu’ils fussent, le barman servit son verre à Elspeth alors qu’elle rageait toujours autant en l’insultant de tous les noms. Elle était censée reposer sa jambe, pas traquer un pirate en ville pendant des plombes.
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MessageSujet: Re: Just to throw it away (elsinn)   Just to throw it away (elsinn) Icon_minitimeVen 22 Avr 2016 - 0:11

– doubt comes in –
there's this whispering of jokers, doing flesh by the pound to a chorus of supposes from the little town hoods. there'll be twisted karaokee at the aniseed lounge and i'll bring you further roses. but it does you no good, and it does me no good. there's a hole in my neighbourhood down which of late i cannot help but fall.

Et encore un verre – si vous saviez comme c’est bon pour l’cœur, un verre. Ils s’enchaînent et Finn serait bien incapable de dire à combien il en est, il a pas daigné compter. Tant que l’brave homme derrière le comptoir continuera de le servir, il continuera de boire. Boire jusqu’à plus soif, boire jusqu’à tout oublier, boire jusqu’à en crever. Faut comprendre : l’pauvre matelot connaît pas d’autre solution quand faut faire taire le vacarme de ses tripes, le chaos dans sa tête. Il sait juste boire, ou cogner. Pour la seconde option, c’est déjà fait. Il en garde quelques bleus, des coupures au visage et un bandage autour de la main droite. Il voulait pas du pansement, mais Evey a insisté et il a pas su lui refuser.

Alors il a fière allure, l’pirate. Son cul vissé sur un tabouret qui craque à chaque mouvement, encore amoché d’sa propre rage, l’haleine empestant le rhum bon marché. Et ça rumine et ça grogne et ça marmonne, il grince des dents derrière sa barbe alors que ses phalanges s’agrippent là où elles le peuvent. Tantôt autour d’son verre, tantôt autour du bois du comptoir ou du tabouret, l’reste du temps sur ses cuisses. Il s’accroche pour pas sombrer – il se cramponne pour pas tout défoncer.

C’est pas l’envie qui manque, pourtant. Il a tout perdu, une fois de plus. P’t’être bien la fois de trop. Il devrait être habitué probablement, blasé certainement. Mais ça lui fait toujours l’même effet, celui d’une dague en plein dans le palpitant, celui d’un poison qui le rend aussi fiévreux et bouillonnant qu’un putain de volcan. Sa seule porte de sortie s’est évaporée en même temps que le don de Jai et y a aucun moyen de la récupérer. Aucun moyen de s’échapper.  Le v’là prisonnier de ce monde qui n’lui appartient pas, piégé dans un temps qui ne le connaît pas. Il est rien ici, il est plus personne. Son nom n’est que néant et personne ne tremble en l’voyant, les gens n’ont pas idée d’son statut ou de ce qu’il a fait – et même s’ils le savaient, c’est à s’demander combien réagiraient. Il a passé des années à piller, tuer, terroriser. Guidé par la vengeance, cherchant à établir les prémices d’une légende ; il supporte mal de s’prendre sa propre prétention en pleine gueule. Personne ne sait qui il est, personne n’a jamais entendu parler du Capitaine Taggart. Le sang qui peint ses mains n’a rien à envier aux monstres créés par cette nouvelle époque et ses guerres. Il n’a plus rien d’hors du commun, c’est tout juste s’il est un vaurien parmi les autres, perdu dans la fosse où les fauves grouillent comme la vermine.

Finn Taggart n’est rien, pour ces gens-là. Sa fierté ne s’en remet pas.

Quand une voix claire résonne à ses côtés, il pige pas tout d’suite qu’elle s’adresse à lui. Faut le temps que ça monte jusqu’à son cerveau qui commence à s’imbiber, et ce n’est qu’en voyant un index s’agiter près de lui qu’il relève le menton. Pour observer la silhouette qui s’trouve de l’autre côté, aussi petite que fine et dont l’air angélique cache une foutue chieuse de première. À peine surpris, il se contente de lâcher un soupir las quand son regard croise celui d’Elspeth. Manquait plus qu’ça.

Il sait pas trop ce qu’elle fout là et il se pose à peine la question, n’écoutant que d’une oreille ce qu’elle déblatère avec son air profondément agacé. Sûrement qu’il a encore trouvé un moyen d’la foutre en rogne, mais il comprend pas encore quoi. Il s’en formalise même plus à vrai dire – et puis quand c’est pas elle qui s’énerve pour rien, c’est lui. Ah, la belle paire qu’ils font. « Bon sang, t’veux pas arrêter d’crier comme une jouvencelle ? C’que t’es douée pour m’casser les burnes, ça, y a pas à dire. Sale morveuse. » Les efforts qu’il fait sont assez notables, faut l’dire. D’ordinaire, son vocabulaire est beaucoup plus fleuri, qu’il ait une dame en face ou pas. Mais ce soir il est fatigué, il a juste envie d’picoler ; pas qu’on vienne le faire chier.

C’est à peine s’il bronche quand elle commande en annonçant qu’il paiera, trop occupé à finir son propre verre et à faire signe pour qu’on vienne le lui remplir. Du coin de l’œil, il observe la gamine. Et il peut pas s’empêcher d’arquer un sourcil quand il aperçoit l’une de ses jambes enfermée dans un plâtre. Ça l’fait même sourire, le vieux bougre. « T’as voulu t’battre avec plus fort que toi ? » Qu’il raille en désignant le membre amoché, lueur insolente dans l’fond des yeux. « C’est c’qui arrive, quand on est aussi épais qu’une crevette. » Comme si l’gabarit avait quelque chose à voir là-dedans : il en croit pas un mot, il cherche juste à lui taper sur les nerfs. Il a déjà vu des poids plumes foutre de sacrées raclées à des molosses, alors il sait combien faut s’en méfier. Même s’il imagine assez mal Elspeth dans un combat au corps-à-corps ; la simple idée l’fait ricaner tout seul.

Une fois qu’il a repris son sérieux, il se tourne à demi vers elle, abandonnant l’idée de l’ignorer. S’il le faisait, elle trouverait un moyen de l’emmerder un peu plus. P’t’être même qu’elle essaierait de l’assommer avec ses béquilles, la sale teigne. « Pourquoi qu’tu viens m’rabattre les oreilles ? J’ai pu’ l’droit de m’saouler en paix maint’nant ? » Déjà qu’il trouve qu’on a pas l’droit de faire grand-chose ici, on vient lui pourrir ses derniers plaisirs. Il a beau réfléchir, il voit pas c’qu’elle est venue foutre là. À croire qu’ses neurones se sont perdus en même temps qu’lui, ou qu’son âge commence finalement à ronger sa mémoire.
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MessageSujet: Re: Just to throw it away (elsinn)   Just to throw it away (elsinn) Icon_minitimeLun 25 Avr 2016 - 1:09


-finn & elspeth-
Just to throw it away
Le fait d’être plâtrée, Elspeth ne le vivait pas forcément bien. Au-delà du fait que ça lui rappelait ce qui était arrivé à la mairie, ça lui rappelait surtout qu’au final, peu de gens s’était réellement inquiété de savoir comment elle allait, avoir pris de ses nouvelles, ce genre de choses. Aspen et Altaïr avaient été les premiers, il y avait ensuite eu Russell et Jim, Elias aussi. Les autres ? Aucune trace ? Son père ? Il n’avait même pas envisagé une seule seconde la chose, trop occupé sans doute à s’occuper d’autres gens qu’elle. Ça n’était même pas arrivé quelques jours plus tard, non, c’était arrivé uniquement quand il s’était rendu compte de son plâtre ses quelques coupures. Un père génial, des amis géniaux… c’était pas comme si elle s’attendait franchement à ce qu’on se soucie d’elle au fond. En attendant, elle avait attendu Finn et elle était furieuse qu’il n’ait même pas pris la peine de se pointer chez elle. Elle savait pourtant bien qu’il était parfaitement capable de s’y retrouver sur un calendrier ! Alors elle l’avait cherché pour au moins pouvoir pester tout son comptant contre lui. Tant pis s’il prenait pour les autres, elle s’en foutait.
À présent assise sur un tabouret juste à côté de lui, ses béquilles posées et sa bile provisoirement déversée, elle l’écouta et ça ne la calma pas le moins du monde. Il allait voir de quel bois elle se chauffait la jouvencelle, vieux pirate râleur ! Elle plissa les yeux, prête, attendant qu’il en termine, encaissant ses protestations sans broncher, pour le moment. Même quand il évoqua son plâtre, elle ne broncha pas. Encore un qui ne s’était pas dit que l’explosion avait éventuellement pu la blesser. Rien de neuf sous le soleil mais, ça faisait mal, comme toujours. Alors, quand enfin il en termina, elle fronça le nez et lui fila un coup de béquille dans le bas du dos, un coup dont il ne se souviendrait pas mais, peu lui importait. Frapper, ça faisait parfois du bien et cet homme-là en avait vu d’autres à son époque.

- « La jouvencelle, elle t’emmerde Finn et elle t’attend depuis des plombes. Monsieur sa majesté a visiblement oublié la date et l’heure, à moins qu’il n’en ait rien à foutre de me faire perdre le peu de temps libre que j’ai ! » Elle le frappa encore. « Et ça, c’est pour m’avoir fait traversé la ville avec mon putain de plâtre. » Elle inspira un grand coup, ça n’était pas fini. « Plâtre dont j’écope à cause du fou furieux qui a fait sauter l’hôtel de ville. J’vais bien, c’est gentil de demander. » Elle aurait tout aussi bien pu lui dire d’aller se faire foutre qu’elle aurait eu le même ton. « J’viens te rabattre tes oreilles d’ancêtre parce qu’on était censé bosser ensemble toi et moi ce soir. Alors maintenant, j’vais me saouler aussi et sur ton compte avec ça ! » Pas l’idée du siècle.

Se saouler, elle ne le ferait probablement pas vraiment. Elle tenait un peu l’alcool mais, pas des masses non plus. Elle n’avait heureusement plus de médicaments à prendre malgré le plâtre mais, tout ça la rendait folle. Elle ne se sentait à sa place nulle part, clairement pas dans son environnement, sans cesse persuadée qu’on allait l’abandonner comme ça avait toujours été le cas. Même ses amis, elle n’arrivait pas à imaginer qu’elle les conserverait. C’était quoi, un an ? Rien, rien du tout. Aspen l’adorait et elle adorait Aspen mais, étaient-elles vraiment amies ? Aspen s’inquiétait-elle réellement pour l’espèce de chien errant qu’était en vérité Elspeth ? Et Russ, poursuivit par la perte, s’inquiéterait-il de ne pas la voir arriver un jour pour manger au point de la chercher ? Marius, ce mec immature et irresponsable finirait-il par se rendre compte de quoi que ce soit ? La liste était longue mais, la personne la plus importante de sa vie ne se rendrait compte de rien ou alors trop tard, comme toujours. C’était l’histoire de sa vie et sa vie, justement, elle ne savait même pas comment la vivre tant elle ne l’avait jamais vécue jusque là. Elle ne savait pas comment on faisait alors qu’elle en mourrait d’envie. Elle avait été forgée par ces huit dernières années avec son père et c’était si profondément ancré en elle qu’elle ne parvenait même pas à avoir foi en quelqu’un. Elle le haïssait pour ça et elle haïssait Finn pour le moment, Finn qui n’en avait sûrement pas plus à faire d’elle que n’importe qui d’autre. Il avait Jai et c’était très bien comme ça. Au moins, Jai avait quelqu’un pour la comprendre. Ce qui était plus que ce qu’elle connaîtrait probablement jamais. Vide de merde.

- « Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? T’as peur que Jai te plante si j’roule sous une table alors qu’elle est pas là pour veiller sur le pauvre chien errant ? »

Si elle se rendait compte de ses paroles ? Pas du tout.
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MessageSujet: Re: Just to throw it away (elsinn)   Just to throw it away (elsinn) Icon_minitimeJeu 5 Mai 2016 - 17:28

– doubt comes in –
there's this whispering of jokers, doing flesh by the pound to a chorus of supposes from the little town hoods. there'll be twisted karaokee at the aniseed lounge and i'll bring you further roses. but it does you no good, and it does me no good. there's a hole in my neighbourhood down which of late i cannot help but fall.

Quand il sent la béquille lui frapper l’dos, il ricane. Il l’avait prédit. Faut croire qu’il commence à la connaître, c’te gamine bonne qu’à lui prendre la tête. Et elle daigne enfin répondre, et les mots s’enchaînent, et ça s’arrête plus. Le flot est tout juste ponctué de nouveaux coups – elle a d’la chance de s’être fait une place dans l’quotidien de Finn, sinon elle s’en serait pas sortie comme ça. Il l’écoute d’une oreille, regard vissé sur son verre. On croirait presque qu’il se fout de c’qu’elle peut bien lui raconter. Mais c’est pas l’cas ; oh non, il entend et il enregistre. Il veut juste la laisser finir de cracher avant d’riposter.

Sûrement qu’il a mérité l’premier coup et une pointe de son courroux. Sûrement qu’elle l’a mauvaise de s’être fait poser un lapin. Faut l’excuser ; il a d’autres trucs à l’esprit que la lecture à cet instant précis. C’est même mieux qu’il ait oublié, sinon la séance n’aurait été qu’un vaste fiasco, ponctué de d’accès de rage et de cris des deux côtés. Au final, c’pas si mal de s’retrouver au bar – le terrain est plus neutre. Pour autant, l’pirate reste persuadé qu’il fait office de punching ball pour qu’la donzelle puisse déverser son amertume envers l’monde entier. C’est pas sur lui, qu’elle veut gueuler ; enfin si, probablement un peu, mais pas que. Il sait pas trop à qui elle en veut exactement, mais force est d’constater qu’elle a un trop plein de rancœur à évacuer. Et qu’elle a pas trouvé mieux qu’lui pour se défouler.

Ah, les gosses.

Verre vidé, silence retombé. Ses prunelles dardées vers la p’tite blonde, il pipe pas un mot. Et ça la pique au vif, et elle reprend de plus belle. Les trois lettres à n’pas prononcer passent la barrière de ses lèvres et automatiquement, Finn se raidit. L’accalmie passagère laisse place à des traits fermés, un regard froid et un angle menaçant dans l’coin de ses lèvres. « Primo, j’me fiche bien de c’que peut penser Jai. » Parce que Jai n’est pas là, parce que Jai n’pourra plus l’aider. Parce qu’il s’dit qu’il a plus aucune raison d’la voir et qu’à chaque seconde qui passe, il a envie d’aller lui balancer toute sa frustration à la gueule. Mais il s’retient. Il serre les poings. Il inspire un grand coup et les flammes de ses yeux disparaissent derrière un voile sombre. La bête est contenue, grondant sans pour autant s’dresser. Maîtrisée tant bien que mal.

Le barman apporte son verre à Elspeth et pourtant, Finn s’en saisit l’premier. Il en renifle l’odeur, fronce le nez et fait mine d’y tremper le bout d’ses lippes. Pour mieux tout recracher dans le contenant. « Secundo, c’est dégueulasse. S’tu veux boire sur mon compte, ce s’ra pas tes trucs d’fillette. » Il fait passer le verre de l’autre côté du comptoir, commandant deux nouveaux verres de rhum – un pour elle, un pour lui. Et si elle en veut pas, tant pis, ça en fera plus pour lui. Qu’elle se saoule si elle en a envie, c’est pas lui qui va l’arrêter. Il va juste s’assurer qu’elle le fasse avec les bonnes cartes en main. C’est la moindre des choses si vous voulez son avis.

« Tersio, » qu’il lâche en lui arrachant une béquille, la brandissant à l’horizontale, « N’t’avises plus de m’cogner, l’estropiée. » Il ponctue l’avertissement d’un p’tit coup de béquille dans l’épaule de la teigne, avant de la poser à côté d’lui, hors de la portée de sa propriétaire. Histoire d’assurer ses arrières, m’voyez.

Une fois qu’ils sont servis, il s’empare de sa boisson pour en absorber une bonne moitié. Et puis il s’tourne vers elle, appuyant ses coudes contre ses genoux, observant son interlocutrice. « J’trouve qu’tu fais sacrément chier, pour une histoire d’oubli d’rendez-vous. J’te croyais moins pleurnicharde qu’ça. » Il la jauge du regard, cherchant volontairement à la foutre en rogne. Elle a déjà l’air à cran alors il s’dit qu’il en faudra peu pour qu’elle vrille ; et y a que comme ça qu’elle pourra s’calmer. Y a bien des reproches qu’elle a débités, et il a bien compris qu’la moitié n’lui étaient probablement pas destinés. « Qu’est-c’tu veux qu’j’en fasse, d’ton plâtre ? T’es pas la seule qu’a été blessée là-bas, si ? » Il y était même pas, mais il est pas con. Il s’doute bien que les victimes ont été nombreuses – quand bien même il s’en tamponne le coquillard. « T’es vivante, que j’sache. C’pas pour une jambe cassée que j’vais v’nir pleurer. » Dans l’absolu, sûrement que c’est pas si important, c’que lui peut en penser. Il a beau l’apprécier – même s’il risque pas de l’avouer à cette chieuse – il sait qu’il est pas un point central de sa vie. Alors c’qui l’emmerde, la donzelle, c’est sûrement que d’autres gens ne se soient pas précipités à son chevet. Mais ça, Finn, il y peut rien. Et il aime pas qu’on vienne le blâmer pour des trucs qui n’sont pas de son ressort, alors il compte bien la secouer. « C’quoi ton problème ? T’voulais une veillée pour ton os brisé ? J’t’apprends : il va s’ressouder. Z’avez des bons moyens maint’nant, y aura pas b’soin d’t’amputer. » À son époque, ç’aurait pas été le même discours. Elle a d’la chance dans son malheur ; ç’aurait été moche d’la voir se trimballer avec une jambe de bois.

« Alors, ma chère, j’te prie d’m’épargner tes conneries. » Il lui fait une p’tite courbette exagérée – voilà le comble du foutage de gueule. « J’crois qu’c’est pas après moi qu’t’en as, et j’ai pas signé pour supporter les caprices d’une môme mal fagotée. » Ses mots paraissent durs, sortis comme ça. Mais ils le sont pas tant qu’ça. Elle lui balance sa frustration alors qu’il n’y peut rien, et il n’fait que lui rappeler que c’est pas comme ça qu’elle va avancer. S’il l’estimait pas comme il le fait, il l’aurait purement et simplement dégagée à coups d’pied au cul. Il le fait pas ; c’est bien la preuve qu’il en a quelque chose à faire d’elle, même s’il le montre à sa manière particulière. « Bois, ça t’rendra p’t’être aimable. » C’est l’hôpital qui se fout d’la charité, certes. Il a beau picoler, il a jamais été aimable et c’est pas prêt d’changer. Mais si on lit entre les lignes, on devinera qu’c’est une invitation à rester à ses côtés. À se calmer, et à parler au lieu d’cracher. Mais encore faut-il pouvoir décoder le langage du capitaine.
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MessageSujet: Re: Just to throw it away (elsinn)   Just to throw it away (elsinn) Icon_minitimeLun 13 Juin 2016 - 19:39

-finn & elspeth-
Just to throw it away
Ce qui était vraiment problématique pour Els, c’était pas tant d’avoir été blessée. Ça, limite, c’était le cadet de ses soucis. En fait, ce qui la faisait juste enrager, c’était vraiment que personne en avait rien eu à cirer ou presque. Elle reconnaissait que ça aurait dû lui suffire, mais dans ces gens qui s’étaient même pas posé la question, il y avait des gens qu’elle appréciait vraiment. Elle pouvait bien prétendre rester sur ses gardes, quand elle aimait les gens, déçues ou pas, c’était pareil, elle y tenait, point. Y avait qu’à voir son père tiens. Tout ça, c’était pas de la faute à Finn, sauf que sur lui, elle pouvait rager sans qu’il ne se pose de questions. Tout le monde s’en pose quand elle s’énerve, sauf Alta, peut-être… et encore. Le vieux pirate, il se contentait de la laisser rager sans chercher, c’était reposant. C’était sûrement son époque qui voulait ça.
Franchement, elle aurait presque pu ricaner en entendant Finn démentir, dire qu’il en avait rien à faire de Jai. Y avait pas plus faux comme énonciation mais elle pouvait bien lui laisser ça. En y regardant de près, il avait pas meilleur allure qu’elle-même si physiquement… -en dehors de son look tellement rétro que même les pires modes du moment le ressortaient pas-, il allait bien. Qu’est-ce qui s’était encore passé et qu’elle ne savait pas ? L’ignorance devenait une grande habitude. En attendant, de quel droit il se mêlait de ce qu’elle buvait hein ? Elle n’avait pas l’entraînement de môssieur en matière de picole, elle. Mais bon, s’il se proposait gracieusement de la lâcher chez elle en cas de surplus… Faudrait qu’elle s’en assure quand même parce qu’elle n’était pas sûre de savoir à quel moment ce serait trop tard. D’autant que bien entendu, il fallait qu’il lui confisque sa béquille, un peu son seul moyen de tenir debout. Elle n’allait pas rentrer à cloche pied avec un verre dans le nez.

Bien évidemment, Finn n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Il avait visiblement décidé de la foute en rogne jusqu’au bout, mais Elspeth ne savait pas bien pourquoi et émotionnellement, elle n’était pas en état de réfléchir. On lui en avait reproché des trucs mais d’être une pleurnicheuse, alors ça jamais ! Plus que vaguement énervée, elle posa un regard d’enfer sur lui. Franchement, elle avait peut-être trop traîné avec Jai en ce qui le concernait. Oui, elle était vivante… Youpi ! Sûr que sa vie était une franche partie de rigolade.

- « Comme si j’en avais quelque chose à foutre d’être blessée, j’m’en fous de ce plâtre même s’il m’empêche de bosser correctement ! Mon problème, c’est que j’aurai tout aussi bien pu crever sans que personne s’en inquiète jusqu’à voir mon nom dans le journal. Me regarde pas comme ça, j’suis loin d’croire que j’suis le centre du monde, j’en suis même loin, alors tu te retiens de dire de la merde pour changer. N’empêche que si quelqu’un m’avait pas ramassé ce jour-là, mon nom, il y aurait peut-être figuré dans ce journal. Et pour ta gouverne, j’te demande pas ton avis sur qui j’suis alors tu te le gardes. » La courbette et la dernière remarque eurent le don de l’énerver encore plus pour vraiment faire tourner son humeur au vinaigre. Super soirée. « Si y en a bien un que j’voyais pas juger les gens, c’était toi. Ravie de voir que notre époque te réussit tellement bien que tu te mets à singer le comportement des connards qui t’entourent. »

Après ça, elle cessa tout bonnement de le regarder. C’était très idiot, mais elle avait mal pris ce qui n’aurait dû être qu’une pique. Se rendre compte que la vie ne lui ferait jamais de cadeau était une chose. Se rendre compte que tout pouvait lui revenir dans la tronche comme un boomerang en était une autre. Trop de poids, tout le temps. Elle avait la désagréable impression de non pas traîner un sac de briques mais de le porter avec un trou du cul qui s’amusait à en rajouter à chaque pas qu’elle faisait. Els trempa donc les lèvres dans son verre et grimaça, pas habituée du tout à un alcool aussi fort. Vu qu’elle pouvait pas vraiment compter sur lui pour la ramener chez elle, elle devrait vraiment faire attention.

- « Fais-en autant, pendant ce temps au moins, t’es moins couleur local, ça te rend sympathique. »

Et ça, Elspeth le pensait vraiment. Ce qui faisait de Finn quelqu’un d’authentique, c’était qu’il ne cherchait pas tant que ça à se fondre dans la masse. Il était vrai. Qu’il s’adapte, c’était une chose, qu’il se comporte comme les autres, c’était triste. Désolant même.
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