Sujet: lovers, strangers (CALEB) Jeu 14 Avr 2016 - 23:14
lovers, strangers
MUSING THROUGH MEMORIES, LOSING MY GRIP IN THE GREY. NUMBING THE SENSES, I FEEL YOU SLIPPING AWAY. FIGHTING TO HOLD ON, CLINGING TO JUST ONE MORE DAY. LOVE TURNS TO ASHES, WITH ALL THAT I WISH I COULD SAY. I'D DIE TO BE WHERE YOU ARE. I TRIED TO BE WHERE YOU ARE. EVERY NIGHT, I DREAM YOU'RE STILL HERE. THE GHOST BY MY SIDE, SO PERFECTLY CLEAR. WHEN I AWAKE, YOU'LL DISAPPEAR, BACK TO THE SHADOWS WITH ALL I HOLD DEAR (ambiance).
Pour la énième fois depuis que Scarlett s'était installé sur le fauteuil de la salle d'attente, elle soupira. Si elle avait su qu'elle serait à ce point angoissée, elle aurait pris un calmant ou deux avant son rendez-vous. L'anxiété lui serrait la gorge, elle tapotait nerveusement sur sa pochette en carton sans s'en rendre compte, les yeux accrochés à l'horloge de la pièce. La procédure d'adoption était lancée, elle ne pouvait plus reculer. À force d'entendre Evelyn et Malachi le lui répéter, elle s'était enfin décidée à mettre ses craintes de côté et à entamer les démarches pour adopter le petit Garrett. Ce bébé, elle s'en occupait depuis qu'il était né, alors elle était déjà un peu sa mère... Non ? Elle n'en était pas moins angoissée, paniquée à l'idée qu'on lui refuse la garde de cet enfant auquel elle s'était attachée plus que de raison, sans égards pour la déontologie. Elle avait beau savoir que tout jouait en sa faveur, ça ne l'empêchait pas de se poser un millier de questions, de se demander si elle ne faisait pas une erreur monumentale en s'embarquant seule dans une aventure d'une telle ampleur. Cette décision allait changer sa vie, quelle que puisse être la décision finale des autorités. Scarlett avait toujours voulu être mère. Elle n'aurait jamais pu envisager sa vie sans enfants, en être entourée sur son lieu de travail ne lui suffisait pas – plus. Ce qu'elle voulait, c'était fonder une famille. Un vœu simple qui s'avérait plus difficile à exaucer qu'elle ne l'aurait songé. Entamer des démarches d'adoption rouvrait une plaie qui n'avait jamais totalement cicatrisé, et si la jeune femme avait mis tant de temps à se décider, c'était parce que même après un an et demi, elle culpabilisait toujours d'avoir perdu sa fille, et elle s'était souvent demandé si elle ne salirait pas sa mémoire en ayant un autre enfant si tôt après. Mais il fallait être lucide : elle avait déjà trente-cinq ans, avait laissé son grand amour filer, le temps ne jouait pas en sa faveur. Et puisqu'elle n'était pas du genre à vouloir faire un enfant avec le premier venu, cette adoption était peut-être sa dernière chance de devenir mère. Pessimisme ou réalisme, Scarlett n'en savait rien, et sans doute était-ce du pareil au même.
À chaque fois qu'une porte s'ouvrait dans le cabinet d'avocats attenant à la Mairie, Scarlett retenait son souffle de façon inconsciente, pour expirer longuement, comme un ballon qui se dégonflait, quand elle réalisait que la personne qui venait d'entrer ou de sortir n'était pas celle qu'elle craignait de croiser. À Radcliff, il n'y avait pas beaucoup d'avocats, et encore moins de bons avocats. Et puisqu'il n'avait pas été question une seule seconde de mettre les pieds chez Callahan, elle avait naturellement échoué chez ses concurrents. Sauf que parmi ces concurrents, il y avait son ancien fiancé. Elle savait qu'il se trouvait dans l'une des pièces du cabinet, elle se souvenait même parfaitement bien de celle qui donnait sur son bureau. Parce qu'ils y avaient passé des heures ensemble, à partager une pause déjeuner, ou simplement parce qu'elle avait eu envie de passer le voir. Caleb ne lui manquait jamais autant que lorsqu'elle se retrouvait sur un lieu qu'ils avaient eu l'habitude de fréquenter ensemble. Depuis qu'elle l'avait quitté, elle ne pouvait même plus s'asseoir à la terrasse de leur café préféré. Alors l'idée de le croiser sur son lieu de travail la glaçait d'effroi, parce qu'elle ne savait jamais comment se comporter en sa présence. La dernière fois qu'elle l'avait vu, c'était quand ils s'étaient retrouvés coincés dans l'ascenseur en panne de l'hôpital, et elle avait été mortifiée. Elle se trouvait ridicule, incapable d'agir comme une adulte digne de ce nom dès que l’Écossais était concerné. Parce que malgré tous ses efforts, elle demeurait incapable de noyer ses sentiments pour lui, il suffisait d'un rien pour qu'ils remontent à la surface et la heurte en plein visage, comme une bouée que l'on s'amuserait à enfoncer dans l'eau pour la relâcher ensuite – c'était douloureux.
« Miss Faust ? » Scarlett sursauta et battit des paupières à plusieurs reprises en observant la secrétaire du cabinet d'un autre d'air avant de se relever précipitamment, emportant son dossier et son sac avec elle. « Miss Faust, Maître Rutherford va vous recevoir. » Scarlett pâlit à une vitesse inhumaine, et manqua d'en lâcher ses papiers si soigneusement remplis. « … Oh. » Une malheureuse syllabe qui en disait pourtant long sur le fond de ses pensées. Son pire cauchemar, résumé en un pathétique petit oh. « Miss Faust... ? » « Oui, oui, pardon... Je vous suis. » La chirurgienne suivit la secrétaire d'un pas mal assuré, le talon de son escarpin manquant de se coincer dans une latte de parquet, et sa petite glissade pour se rattraper n'échappa pas à la jeune femme qui avait haussé un sourcil perplexe en frappa à la porte du bureau de Caleb. Scarlett crut qu'elle allait défaillir lorsqu'elle s'ouvrit, mais elle se força à garder une expression neutre plutôt qu'une expression de pure horreur. « Votre rendez-vous de quatorze heures. » Il lui fallut de longues secondes avant qu'elle n'ose pénétrer dans la pièce, et resta dos à la porte après que la secrétaire l'ait refermée derrière elle. Elle serrait son dossier contre elle comme un bouclier, fixant de ses grands yeux verts écarquillés le jeune homme debout derrière son bureau. « Je, euh... Bonjour. » La politesse. Ce n'était pas dangereux, la politesse. Ce qui l'était, en revanche, c'était son air de poisson hors de l'eau, sa façon de se dandiner sur place comme une adolescente prise en faute. Belle adulte qu'elle faisait là. Finalement, elle se décida à faire quelques pas dans la pièce, posa son sac à côté du siège libre, et son dossier sur le bureau. Avant de se décider à prendre place sur le fauteuil, Scarlett passa une main dans ses boucles rousse, un geste qu'elle avait l'habitude de répéter lorsqu'elle nerveuse, et qui n'allait certainement pas échapper au jeune homme.
De tous les avocats du cabinet, il avait fallu qu'elle tombe sur lui. Oh, Caleb était un excellent avocat, elle l'avait vu passer des nuits entières sur des dossiers, savait qu'il savait manier la loi comme d'autres maniaient les armes... Mais elle aurait préféré éviter de lui glisser sa demande d'agrément sous le nez. Était-il trop tard pour demander à changer d'avocat... ? Pourquoi lui ? Est-ce que la secrétaire avait oublié de lui préciser le nom de sa nouvelle cliente ? Est-ce qu'il avait sciemment accepté de prendre son dossier ? Elle n'en savait strictement rien, et elle s'imaginait mal l'interroger à ce sujet. Mais continuer à le regarder dans le blanc des yeux, de ce n'était pas plus envisageable. Il fallait qu'elle commence à parler, faute de quoi le silence entre eux deviendrait bien trop pesant pour que quoi que ce soit puisse y remédier. « J'ai... J'ai entamé une procédure d'adoption pour un bébé né sous X à l'hôpital. J'ai besoin d'un avocat pour me représenter, s'occuper de toutes les procédures juridiques, m'accompagner au tribunal et... Je ne sais pas. J'ai fait toutes les démarches demandées par les services sociaux, j'ai apporté une copie de tous les papiers, et le dossier du bébé... » Elle parlait sans le regarder, le regard accroché à sa pochette en carton songeant qu'elle était cruelle, inhumaine de lui balancer cette nouvelle en plein visage en sachant pertinemment ce qu'ils avaient perdu tous les deux. C'était une erreur, une grossière erreur. Elle ne pouvait pas lui demander de faire ça pour elle, pas après ce qu'elle lui avait fait. Ce n'était pas juste.
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Sujet: Re: lovers, strangers (CALEB) Mar 24 Mai 2016 - 19:50
Encore une nuit à parcourir la ville à la recherche de chasseurs sur qui frapper. Depuis que la loi ne servait plus à rien, Caleb ne faisait que cela, se défouler sur ceux qui lui avaient tout pris. Sa soeur, sa mutation. Il a toujours préféré la loi aux idées de vengeance à s'faire soi-même mais il n'y avait plus rien qui l'arrêtait maintenant. Comme si le fait qu'il ne pouvait plus tuer d'un seul coup de poing lui donnait le droit de frapper sans s'arrêter. Les armes à feu, les couteaux, il ne s'en encombrait même pas. Il accompagnait d'autres membres d'Insurgency seulement pour être celui qui frappait pour extirper des informations. La veille, il avait sauvé ce gamin d'à peine dix ans qui semblait n'avoir que récemment découvert son pouvoir et n'arrivait pas à le contrôler. Des hunters s'étaient jeté après lui et Caleb était soulagé d'avoir été là, au bon endroit au bon moment. Il avait retourné le petit garçon à sa mère dans la nuit sans jamais donner son nom et s'assurant de bien garder son capuchon sur la tête pour ne pas être reconnu. Il ne voulait pas de la reconnaissance de personne. Il avait juste besoin d'ramener un peu de justice dans ce monde qui en manquait cruellement. Il n'avait dormi que quelques heures cette nuit-là, à force de courir partout dans les rues couvert par la noirceur. Mais aussi parce que son mal de tête ne voulait pas le quitter. Il s'était réveillé en sursaut, les tempes en feu et couvert de sueur. Il le sentait en lui, c'était son corps tout entier qui semblait vouloir combattre le vaccin parasitaire dans ses veines. Il devait entrer tôt au boulot, pour faire valoir une autre sorte de justice. Depuis quelques temps cependant, ses pensées étaient ailleurs. Il n'était pas aussi consciencieux qu'autrefois. Il laissait aller quelques dossiers bien qu'il continuait de gagner bon nombre de ses cas. À croire que c'était surtout de la chance ces temps-ci.
Il était donc sorti de son lit, avait pris une brève douche et n'avait pris le temps que de prendre une petite bouchée quand il quitta son appartement avec tous ses dossiers en main. Arrivé au bureau, son mal de tête l'affligeait encore malgré les capsules qu'il prit et l'ancien mutant fut obligé de s'asseoir un long moment dans l'espoir que la douleur le délaisse. Il lui un bon moment avant de sentir les effets des pillules, si bien qu'il était resté là, le regard rivé sur sa porte sans toucher un seul instant à ses papiers. Quand sa secrétaire l'appela au téléphone pour lui annoncer que son premier rendez-vous était arrivé, il sursauta. Il devait se reprendre. Il devait faire son travail. Il fouilla rapidement dans son document et ne vit que les mots adoption sans trop regarder le reste des détails. Adoption. Ça ne devrait pas être trop compliqué. C'était le genre de cas qui prenait du temps mais avec lequel il était très doué. Bien que ça lui faisait mal de savoir que de jeunes familles allaient avoir la joie de tenir un bébé dans leurs bras alors qu'on lui avait privé de ce plaisir lui serrait le coeur mais il se consolait bien vite en voyant le bonheur que cela apportait aux autres. Un bonheur qui se prolongeait un peu à lui, duquel il pouvait se nourir quelques instants pour oublier que lui n'avait pas pu devenir le père de la petite Violet. Violet... qui n'aura jamais connu ce monde. Peut-être bien que c'était mieux ainsi... puisque ce monde était des plus cruels. Mais le grand brun chassait vite de telles pensées de son esprit. Cette tragédie ne changeait pas le fait qu'il aimerait bien un jour être père. Seulement... il faut une douce compagne pour cela et Caleb était bien seul depuis que Scarlett était partie. Et la rousse était la seule, en réalité, avec qui il voulait un enfant. C'était d'ailleurs à elle qu'il pensait quand sa cliente entra. Il se figea puisqu'il eut bien l'impression que son esprit lui jouait des tours. C'était elle... c'était Scarlett. Il devait s'être trompé de dossier alors... c'était pas possible. Seulement, il ne pensait plus trop à cette histoire d'adoption, trop absorbé à contempler les doux traits de la rousse... et réaliser à quel point elle lui manquait. Même leur brève discussion dans l'ascenseur n'arrivait pas à compenser pour le reste du temps où elle n'était pas à ses côtés. Elle était si belle, à se dandiner comme ça de malaise... et elle n'était pas la seule.
Caleb s'était relevé d'un bond de sa chaise et n'osait plus bouger ni respirer. « Je, euh... Bonjour. » Aussitôt, il marmonna lui aussi un bonjour alors qu'il lui faisait un signe de s'asseoir. En temps normal, il souriait, serrait la main de ses clients mais avec Scarlett... il savait que de l'effleurer ne ferait que le torturer davantage. Tout ce qu'il arrivait à penser... non en fait, il ne pensait à rien et était subjugué par la beauté de la rousse quand elle le tira enfin de ses rêveries d'homme amoureux mais blessé. « J'ai... J'ai entamé une procédure d'adoption pour un bébé né sous X à l'hôpital. J'ai besoin d'un avocat pour me représenter, s'occuper de toutes les procédures juridiques, m'accompagner au tribunal et... Je ne sais pas. J'ai fait toutes les démarches demandées par les services sociaux, j'ai apporté une copie de tous les papiers, et le dossier du bébé... » La réalité le rattrapa à une vitesse folle. Comme un coup de poing en plein ventre qui lui coupa le souffle. Elle... elle voulait adopter. Il baissa un peu les yeux, ne croyant pas qu'il était plus blessé qu'il ne l'était déjà. Cependant, il devait rester professionnel. Il devait garder son calme, ne pas s'écrouler. Ne pas se jeter à ses pieds et lui montrer à quel point il était toujours aussi faible quand ça venait à elle. Parce qu'il avait mal de s'imaginer la belle avec un bambin... alors que lui... Lui, il était horriblement seul et déchiré sans elle. « Je vois... Je suis certain qu'il ne devrait pas y avoir de problèmes. » Il se devait d'être rassurant, de ranger toutes les questions et la tristesse qui l'envahissait dans un coin de son coeur et de ne jamais le laisser sortir. Après tout, Scarlett serait une merveilleuse mère. Même sans lui... surtout sans lui, sachant qu'il n'était plus qu'une boule de nerfs désormais. Il en voulait qu'une chose pour elle. Qu'elle soit heureuse et il savait à quel point elle aimait les enfants, à quel point l'idée d'avoir Violet l'avait emballée. Si... si elle était passée à autre chose sans lui... tant mieux pour elle, c'était tout ce qu'il lui souhaitait. « J'ai brièvement regardé ce dossier. » Il posa brièvement la main sur ses propres papiers. « Je pourrais jeter un coup d'oeil aux papiers que tu as préparé ? » Cette fois, il tendit le bras pour qu'elle puisse lui donner ce qu'elle avait apporté. Déjà, il savait que chaque mots qu'il y lirait lui déchirerait encore plus le coeur mais s'il pouvait faire ça pour elle, pour qu'elle soit heureuse, il se livrait volontier à une telle torture.
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Sujet: Re: lovers, strangers (CALEB) Mer 15 Juin 2016 - 12:03
lovers, strangers
MUSING THROUGH MEMORIES, LOSING MY GRIP IN THE GREY. NUMBING THE SENSES, I FEEL YOU SLIPPING AWAY. FIGHTING TO HOLD ON, CLINGING TO JUST ONE MORE DAY. LOVE TURNS TO ASHES, WITH ALL THAT I WISH I COULD SAY. I'D DIE TO BE WHERE YOU ARE. I TRIED TO BE WHERE YOU ARE. EVERY NIGHT, I DREAM YOU'RE STILL HERE. THE GHOST BY MY SIDE, SO PERFECTLY CLEAR. WHEN I AWAKE, YOU'LL DISAPPEAR, BACK TO THE SHADOWS WITH ALL I HOLD DEAR (ambiance).
Scarlett ne parvenait pas à détacher son regard du mur derrière Caleb. C'était bien plus facile pour elle de fixer le papier peint de son bureau que ça ne l'aurait été de le regarder dans les yeux. Elle avait été stupide ; elle aurait dû demander le nom de l'avocat qui prendrait son dossier en charge. Pourquoi n'y avait-elle simplement pas songé ? Peut-être avait-elle préféré se persuader qu'elle ne pouvait pas être malchanceuse au point de tomber sur le seul avocat qu'elle évitait avec soin depuis un peu plus d'un an. Se retrouver dans la même pièce que lui, c'était une punition – mais elle ne savait pas très bien pour qui. La vie était cruelle. Ils le savaient aussi bien l'un que l'autre, et cette rencontre inattendue risquait bien de rouvrir des plaies à peine cicatrisées. Le temps n'avait pas fait son œuvre, Scarlett avait aussi mal qu'un an plus tôt, et sans être télépathe elle se doutait bien que les choses n'étaient pas différentes pour Caleb. Ce qu'ils avaient vécu ne s'oubliait pas, et un parent ne se remettait pas de la perte d'un enfant. Elle, n'y arrivait pas. Il lui avait fallu des mois pour envisager l'adoption du petit Garrett, parce qu'elle ne parvenait pas à tourner la page, ne parvenait pas à cesser de se demander ce qu'il aurait pu advenir si Violet avait vécu. Caleb et elle auraient certainement fini par se marier, ils auraient formé une une jolie famille, heureuse et unie... A présent, tout les séparait. Ils n'avaient plus rien d'un couple, leur rêve s'était transformé en cauchemar, de leur histoire ne restait plus que des souvenirs détrempés par leurs larmes. Se présenter devant Caleb avec un dossier d'adoption, c'était comme jeter de l'huile sur le feu, et Scarlett craignait que l'incendie ne devienne rapidement incontrôlable. Était-il trop tard pour reculer, pour changer de cabinet d'avocats ? Sans doute pas, mais elle était pétrifiée sur son fauteuil, osait à peine respirer ou cligner des yeux. Son cœur battait furieusement dans sa poitrine, la panique lui serrait la gorge, elle ne parvenait plus à raisonner correctement.
Elle afficha un sourire forcé et pitoyable quand Caleb lui annonça qu'il ne "devrait pas y avoir de problèmes". Elle voulait adopter Garrett, voulait lui offrir tout l'amour dont elle était capable, mais... Mais demander à Caleb de l'aider lui semblait complètement injuste. Le jeune homme était professionnel, mais Scarlett le connaissait trop bien et son malaise ne lui échappait pas. Encore silencieuse, elle hocha la tête lorsqu'il lui dit avoir brièvement étudié son dossier avant leur entretien, et toujours en évitant son regard, elle ouvrit sa pochette de documents pour les présenter à Caleb, tentant désespérément de contrôler les tremblements de ses doigts. Elle tendit à l'avocat une première série de feuilles agrafée soigneusement les unes aux autres. « J'ai rassemblé tous les documents me concernant. Les copies de ma carte d'identité, de mon livret de famille, mon casier judiciaire, mon acte de naissance... Mon adresse, mes factures... J'en oublie, mais tout est là, j'ai vérifié avec mon notaire. » Tout ce qui lui manquait à présent, c'était un avocat pour la défendre s'il devait y avoir un problème. N'y aurait-il pas conflit d'intérêts s'il s'agissait de Caleb... ? Elle n'en savait rien, la Loi n'était pas son domaine, et jusqu'à se retrouver seule avec lui, la question ne s'était pas posée. « J'ai aussi l'acte de naissance de Garrett, son attestation d'abandon et de renoncements de droits de sa mère biologique, des copies de son carnet de santé et l'approbation des services sociaux. » On lui avait dit que puisque Scarlett avait pris soin du petit depuis sa naissance, elle avait toutes les chances de pouvoir l'adopter officiellement. Après tout, elle serait bien placée pour s'occuper des soins spécifiques qu'il faudrait lui apporter à cause de sa malformation cardiaque. Elle avait tout pour elle... à un détail près. Généralement, les couples étaient privilégiés pour les adoptions. Et si personne n'avait encore réclamé le petit Caleb – probablement à cause de son souci de santé – c'était une possibilité qu'il ne fallait pas écarter. Voilà pourquoi elle avait voulu faire au plus vite, pour éviter qu'on ne lui brise le cœur une fois de plus.
Scarlett pris une profonde inspiration, et, consciente qu'elle pourrait difficilement passer une heure à fixer le mur, prit son courage à deux mains pour croiser le regard de Caleb. C'était de la torture de replonger dans ses grands yeux bleus, ses doigts se crispèrent sur les papiers qu'elle préféra alors reposer sur le bureau. « Je sais que c'est une information normalement confidentielle, qu'on ne révèle pas aux futurs adoptants, mais je travaille à l'hôpital, et je suis son médecin, alors je le sais... Il est porteur du gène mutant. » Pour la belle rousse, que Garrett soit ou non mutant n'avait pas la moindre importance. Mais tout le monde n'était pas aussi tolérant qu'elle l'était, Caleb le savait mieux que personne. « C'est un petit garçon adorable... Il mérite d'être élevé par quelqu'un qui ne le mettra pas à la porte, ou pire, le jour où sa mutation fera son apparition. » Radcliff était un vrai repère pour les chasseurs. Garrett avait autant de chance d'atterrir dans une famille normale que dans une famille de fanatiques pour lesquelles l'élimination des "dégénérés" était la seule chose qui importait. Combien d'enfants souffraient-ils de maltraitance à cause de cela, combien d'autres en mouraient ? Rien que d'y songer, Scarlett en était malade, mais depuis une décennie qu'elle vivait à Radcliff, elle avait hélas l'habitude de ce genre de cas.
Le regard de nouveau fuyant, Scarlett agrippa le bord de sa robe, qu'elle tortilla inconsciemment, comme elle le faisait souvent lorsque quelque chose n'allait pas. Au bout d'une longue et interminable minute, elle éclata subitement de rire, avant de plaquer une main contre ses lèvres tremblotante. « C'est ridicule... Tout ceci est parfaitement ridicule... » Son rire nerveux résonna encore un peu dans le bureau, avant qu'elle ne se lève d'un bond. « Je ne peux pas te demander de faire ça pour moi, ce n'est pas juste, c'est égoïste. » Comment avait-elle pu songer un seul instant qu'elle parviendrait à rester de marbre ? C'était trop pour ses nerfs malmenés, elle ne pouvait pas affronter Caleb et leur passé, elle ne le voulait pas. « Je suis désolée, je n'aurais jamais dû... Je n'aurais jamais dû venir ici, c'était stupide. » Elle regrettait de ne pas avoir demandé le nom de l'avocat devant se charger de son dossier, et c'était tout juste si elle ne se disait pas qu'elle aurait mieux fait de prendre ses chances avec Callahan. Rouge de honte, elle récupéra ses papiers qu'elle tenta de ranger maladroitement dans sa pochette en carton, le plus vite possible, pour quitter le bureau de Caleb et le cabinet d'avocats au plus vite. Elle trouverait un autre avocat, trouverait une autre solution... Mais lui demander à lui de l'aider... C'était au dessus de ses forces.