You and me and everything in between [ft. Bob]

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Seth & Bob

Ce fut un poids lâché brusquement sur son estomac qui fit se réveiller Seth en sursaut. Ses yeux noirs rencontrèrent ceux, d’un bleu intense, de Roy qui venait de lui sauter sur le ventre et s’y était assis, le fixant intensément, comme s’il s’amusait à sonder son âme. Le Calédonien soupira et tendit la main pour grattouiller l’animal dans le creux du cou, arrachant quelques ronronnements au chat qui descendit d’un geste souple et le regarda à nouveau, laissant échapper un miaulement plaintif et bruyant. Le mutant se redressa, grimaçant en sentant ses muscles endoloris le tirer de toutes parts, et il jeta un coup d’œil à l’horloge accrochée au mur. Vingt-et-une heure dix-sept. Pietra n’était pas encore rentrée et ne sera sans doute pas là avant un moment, et son petit démon de compagnie n’attendrait certainement pas sa maîtresse alors qu’il avait un larbin à portée de main pour lui donner à manger. Il soupira et passa la main dans sa nuque en se levant, regardant Roy filer à toute vitesse vers la cuisine avant de s’asseoir très sagement devant sa gamelle, comme une petite chose domestique obéissante et pas l’espèce d’incarnation animale du sarcasme qu’il était en réalité. Le trafiquant ouvrit le placard où sa colocataire rangeait les croquettes, attrapa le petit verre doseur qui se trouvait dans le sac et le remplit à ras-bord avant d’en déverser le contenu dans la gamelle de la petite bestiole qui poussa un miaulement satisfait et se jeta dessus comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours. L’homme de sable sourit et le grattouilla un peu une nouvelle fois avant d’attraper un verre et de se diriger vers le frigo. Il ouvrit la porte et en sortit la bouteille d’eau qui y était rangée, et se servit avant de la remettre en place. Il n’avait pas spécialement envie d’une bière ou d’autre chose, mais il avait soif, alors un verre d’eau serait simplement suffisant. Et puis, boire tout seul ne l’intéressait pas spécialement. A dire vrai, plus grand’ chose n’arrivait à motiver son intérêt ces derniers temps. Il avait un peu de mal à retomber sur ses pattes et il était rongé par les remords et la culpabilité. Il n’y avait pas une nuit où il ne se réveillait pas assailli de cauchemars – ça se voyait d’ailleurs sur son visage aux yeux cernés et aux joues légèrement plus creusées que d’ordinaire. Il était fatigué et n’arrivait pas à se reposer, comme s’il devait payer de ses crimes même jusque dans son sommeil. Et il avait beau se répéter que s’il avait été maître de lui-même, rien de tout ceci ne serait arrivé, ça ne l’aidait pas le moins du monde. Il revoyait les scènes, encore et toujours, se rappelait ce qu’il avait fait, se souvenait de la balle qu’il avait tiré sur Ivory et de celle qui avait traversé la tête de son père ; il se rappelait ce qu’il avait fait à Roman et, malgré toute l’aversion qu’il pouvait avoir pour cet homme, il s’en voulait terriblement, certain que les conséquences d’un tel geste seraient désastreuses. Il se revoyait parlant avec Malachi, des envies de meurtre au bout des doigts. Il se rappelait de tout, absolument tout, et ça lui fendait le cœur. Aussi était-ce un peu compliqué de se remettre en selle. Mais il y arriverait ; il devait bien ça à tous les gens auxquels il avait causé du tort. Et s’il devait passer le reste de sa vie à faire amende honorable pour ses actes, alors soit. De toute façon, il se voyait mal agir autrement.
Il était en train de vider son verre d’une traite lorsque la sonnerie retentit dans l’appartement. Seth fronça les sourcils, perplexe et méfiant. A une heure pareille, il ne voyait pas bien qui pouvait venir les voir lui et Pietra, et il espérait sincèrement que ce n’étaient pas de nouveaux problèmes qui venaient leur tomber sur le coin de la figure. Reposant son verre, il se dirigea vers l’entrée et ouvrit la porte sans même penser à regarder par le judas – perdu pour perdu, s’il s’agissait de quelqu’un qui leur voulait du mal, il n’aurait pas spécialement pu l’empêcher de défoncer la porte d’entrée.
Cependant, il ne s’était absolument pas attendu à trouver sur le palier de sa porte l’homme qui lui faisait désormais face. Seth écarquilla les yeux tandis qu’il sentait son cœur s’emballer et se serrer en même temps alors que la culpabilité revenait au grand galop l’engloutir tout entier.

- Bob … ?

Lors de sa vaccination, il avait eu le malheur de tomber sur l’homme-grenouille au détour d’une rue. Ca ne s’était pas bien passé du tout, et des mots avaient été échangés qui n’auraient jamais dû être prononcés. Quand il était revenu à lui deux semaines plus tôt, il n’avait même pas tenté de reprendre contact avec lui ; après ce qu’il s’était dit et fait, il n’imaginait pas faire l’affront au trappeur de continuer l’embryon de relation qui avait commencé entre eux. Et il avait bien du mal à affronter son regard rouge comme le sang. Se raclant finalement la gorge, il s’écarta un peu.

- Entre, reste pas dehors.

Il attendit que le mutant se soit faufilé dans l’appartement pour refermer derrière lui et il ne put s’empêcher de le détailler rapidement. Il lui avait manqué, énormément, et pourtant il supportait difficilement d’être aussi proche de lui. C’était le même sentiment qui l’avait étreint lorsqu’il s’était retrouvé face à Marius à l’hôpital, cette impression insupportable d’être un ignoble traître qui ne méritait rien d’autre que leur mépris et leur indifférence.
Sûrement que cet état d’esprit devait se lire dans la lueur de tristesse qui brillait dans ses yeux sombres, ou bien dans sa posture moins assurée, plus affaissée que d’ordinaire.

- Tu veux … euh, tu veux un truc à boire ? T’es venu voir Pietra ?

Il ne pouvait concevoir un seul instant qu’il était venu pour lui. Ca lui paraissait absurde, ridicule même, et il espérait presque que la jeune femme arrive maintenant pour que Bob n’ait plus à subir sa présence davantage.

La matinée était douce lorsqu'il se leva. Le soleil perçait à peine l'horizon de ses premiers rayons et Bob contempla le spectacle un moment, réfléchissant à sa décision, à son bien fondée et à ce qui le poussait à agir comme ça. Il se savait déterminé.
Quelques mois plus tôt, malgré les contre indications plutôt vive de Ivory, il avait décidé d'aller voir Seth. L'homme grenouille n'étant pas complètement suicidaire ou masochiste, il avait espéré pouvoir le voir de loin et constater les dégâts pour savoir à quoi il se heurterait lorsque les choses seraient revenues à la normale. Tout ne s'était pas réellement passé selon le plan. Il était tombé nez à nez avec Seth et on ne pouvait pas dire que le trappeur avait apprécié les quelques minutes passées à échanger des mots avec le calédonien. Au final, Bob avait fini par faire taire Seth d'un grand coup en plein visage qui avait laissé le trafiquant sonné. Le but de ce coup de poing en plein visage n'avait pas tant été le résultat d'une colère fulminante et incontrôlable mais plutôt une façon de l’empêcher d'en dire plus, d'en dire trop. Seth savait beaucoup de chose sur le trappeur. Des choses qui, utilisées par cette forme altérée du calédonien, auraient été dévastatrices pour l'homme grenouille. Oui. Il avait été en colère. C'était indéniable. Se faire insulter comme ça ne faisait pas partie des petits plaisirs de la vie. Il avait mis longtemps à décolérer. Si Bob devait être honnête, et il l'était la plupart du temps, il était toujours furieux. Il savait que tout ce qui s'était dit mettrait beaucoup de temps à s'effacer de sa mémoire. Le trappeur n'oubliait jamais, on pouvait voir ça comme de la rancune, lui ne trouvait pas que c'était le cas.
Bob s'équipa tranquillement. Il n'était pas question qu'il laisse Seth dans cet état. Lorsque Malachi l'avait appelé, il avait senti un poids s'envoler de ses épaules. Il avait soupiré de soulagement, le professeur lui avait expliqué que Seth n'était pas bien du tout. Bob s'en doutait depuis le début de l'histoire mais il ne coupa pas la parole au motiopathe. Ça ne servait à rien de jouer les monsieur sait-tout sur quelque chose comme ça. Oui, il le savait. Ça impliquait simplement deux choses : Seth allait être difficile à remettre sur pied et Bob devrait prendre sur lui pour ce qu'il s'était passé. Il était capable de faire face à ça sans être odieux avec Seth, il l'avait fait avec Danny et lui n'avait eu aucune excuse.
Il avait nourrir son chat qui l'avait regardé en miaulant comme un perdu, Bob sourit. Cette petite bestiole semblait douée de télépathie. Il resta là à le flatter à travers ses gants et finit par s'éloigner pour récupérer sa veste en cuir, un casque et partit en direction de sa moto.
Il vérifia que rien ne fuyait, c'était le soucis avec toute ces bécanes. Les harleys, c'était beau, ça avait un beau bruit mais ça tombait toujours en panne. Une fois sur et certain qu'il ne calerait pas à mi-chemin, il la démarra et partit en direction de la ville. La moto était soigneusement nettoyée et arborait une peinture noir mat et des chromes parfaitement lustrés. Elle avait un coté particulièrement clinquant quoique par endroit on sentait le coté baroudeur du trappeur. Un guidon bas donnait l'impression que la moto était trapue, le cadre, rabaissé par ses soins renforçait grandement la sensation.

Une fois arrivée en bas de l'immeuble de Seth. Il descendit et béquilla la moto, il ne prit pas la peine de mettre un anti-vol, il avait un système de blocage sur le guidon et il l'avait positionné de façon à pouvoir la voir des fenêtres de Seth. Il resta un moment, le nez levé, casque sous le bras, lunettes noires vissées sur le nez à détailler l'étage de Seth, comme si il allait pouvoir apercevoir son ami de là. Une fois sa tentative de rayons X, il profita qu'un des habitants de la résidence passe pour entrer et monter à l'étage. Il toqua à la porte et se retrouva face à Seth. Le soulagement, encore. Rien qu'à l'attitude, Bob savait que Seth était redevenu lui-même.
Il hocha la tête à la question de Seth. Il entra lorsque Seth lui proposa et Bob constata tout de suite les changements d'attitudes de Seth face à Bob. Il le voyait presque s'excuser de vivre, il voyait de la tristesse. Bob fronça les sourcils : ça, c'était lui d'habitude. Pas Seth. Il suivit le trafiquant au salon et resta debout, il était sur la défensive mais ne savait pas vraiment quoi faire de lui. Il pencha la tête en entendant Seth. Pourquoi il lui parlait de sa colocataire... ?

-Pourquoi je serais venu voir Pietra ?

Il regarda Seth dans les yeux et s'approcha un peu.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Seth & Bob

Si Seth avait pu se douter qu’un jour ou l’autre, il finirait par se prendre une seringue de vaccin dans la tête, il n’aurait, en revanche, jamais pu prédire les effets secondaires désastreux qui lui étaient tombés dessus le jour où Hippolyte Caesar lui avait injecté le fameux sérum que la plupart des mutants redoutaient tant. Autant il comprenait ceux qui se vaccinaient volontairement pour se débarrasser d’un pouvoir encombrant, qu’ils détestaient ou qu’ils ne maitrisaient pas et qu’ils jugeaient trop dangereux pour les autres, autant il ne faisait pas partie de cette petite minorité qui pensait que les mutants seraient mieux s’ils étaient tous vaccinés. S’il n’avait jamais été plus fier de son don que de ses autres capacités, il avait pourtant appris à le maîtriser à la perfection et avait été plus qu’heureux de le retrouver. Avec son sable, il pouvait se défendre, s’enfuir, se battre ; avec son sable, il pouvait jouer des tours aux autres et donner à sa vie une dimension beaucoup plus intéressante que s’il avait été simple humain. Et surtout, lorsqu’il était mutant, il ne virait pas psychopathe à tendance paranoïaque parce que la fièvre causée par l’antidote à son ADN lui avait fait fondre un énorme fusible. Personne ne l’avait vu venir, ni lui, ni le Français, ni personne, et les dégâts qu’il avait causés dans cet état avaient été inversement proportionnels à ceux qu’il générait avec sa mutation en temps normal. Si seulement le père de l’un de ses meilleurs amis n’avait pas été chasseur, si seulement il n’avait pas été en position d’une seringue de NH24 au moment de leur rencontre, si seulement … Avec une quantité de « si » aussi impressionnante, on aurait mis le monde entier en bouteille. Et avec une quantité de « si » pareille, il n’aurait jamais tué le père d’Ivory, il n’aurait pas planté une seringue dans la gorge de Roman Griske, il n’aurait pas fait un nombre incalculable d’erreurs redoutables et il n’aurait pas utilisé tout ce que Bob avait bien voulu lui confier pour le retourner contre lui. Il avait l’impression d’avoir trahi toute la confiance de l’homme grenouille, de n’avoir rien été de plus qu’un homme à la hauteur de tous ceux qu’il avait connu jusqu’alors, malgré ses efforts pour lui prouver qu’il pouvait se détendre et être réellement lui-même en sa présence. Tant de mois de discussions, à y aller à pas de bébé, tant de travail pour que le trappeur se sente mieux et accepte de ne plus garder pour lui tout ce qui pouvait empoisonner ses pensées, tout ça était parti en fumée le jour où ils s’étaient revus alors qu’il délirait sous les effets du vaccin qui coulait dans ses veines. Lorsqu’il était revenu à lui, le trafiquant avait fait de son mieux pour se rattraper auprès de tous les gens envers qui il avait fauté, s’assurant qu’il finirait par expier ses fautes et, surtout, réparer les horreurs qu’il avait pu commettre. Il avait recontacté tout le monde, absolument tout le monde – sauf le mutant au fond de sa forêt. Il avait beaucoup trop honte de ce qu’il avait pu lui dire pour avoir envie de lui imposer sa présence, et tant pis s’il en souffrait ; après tout, il l’avait bien cherché.
Alors, le voir là, dans son appartement, après tout ce qui avait pu se dire et se passer, ça n’était pas normal. Et puisque ça n’était pas normal, alors ça voulait dire que l’homme grenouille n’était pas venu là pour lui mais pour Pietra. Il savait que sa colocataire connaissait le mutant et il ne se disait pas une seconde qu’elle aurait pensé à le prévenir si elle avait invité le trappeur à venir chez eux, même pour une discussion rapide. Tout ce qu’il voyait, c’était cet homme pour lequel il avait un penchant plus qu’évident debout devant lui et il était dévoré par la honte rien qu’à poser ses yeux sombres sur sa silhouette. Et lorsque Bob avança vers lui, il ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul, trouvant presque insupportable qu’il y ait aussi peu d’espace entre eux, alors que tout ce qu’il voulait vraiment, c’était le combler pour prendre le mutant dans ses bras. Il déployait des efforts remarquables pour s’en empêcher, même si ça lui faisait mal au cœur ; c’était mieux comme ça.

- Je vois pas trop qui d’autre tu serais venu voir sinon.

Il sourit un peu à Bob, d’un petit sourire un peu triste et surtout marqué de cette même honte qui lui fit tourner les talons en se raclant la gorge.

- Tu m’as pas dit si tu voulais boire. Y a quelques bières dans le frigo.

Il se dirigea vers la cuisine, sa démarche raide et pressée. Il espérait vraiment que Pietra rentrerait vite, avant qu’il ne craque et ne fasse une bêtise.
Comme demander pardon à Bob et le prendre contre lui, par exemple.

Bob commença doucement à comprendre ce que pouvait ressentir Seth lorsqu'il était distant et qu'il n'agissait pas comme un humain normal. Là, Seth agissait comme un animal un peu apeuré et ça, c'était plutôt le domaine du trappeur et il aurait aimé que ça le reste. Le fait était que Bob était en colère mais il n'en voulait pas vraiment à Seth. Il en voulait à ce vaccin, il était fâche que Seth soit dans cet état parce que malgré tout le calédonien ne méritait pas ça du tout. Pour Bob, l'homme de sable représentait une liberté fougueuse et rien n'avait vraiment d'emprise là-dessus. Malgré la tristesse, malgré la colère, il suivait son propre code, ses propres règles et tenait le cap dans un monde qui avait tôt fait de vous bouffer, vous et vos principes si vous ne faisiez pas attention. Mais là, ce vaccin avait réussi à entamer cette partie de Seth que Bob appréciait férocement et ça le foutait en boule. Bob n'avait pas encore mis de mots sur pourquoi mais il chérissait beaucoup la personnalité de Seth et le voir honteux pour des actes qu'il n'avait pas eu le choix de commettre, quelque part... Ça lui faisait mal au cœur et, comme souvent, chez Bob, ça se traduisait par de la colère. Oui, il était toujours extrêmement blessé de ce que lui avait dit Seth lors de cette rencontre mais il était également lucide sur les tenants et les aboutissants de cette conversation. Ça n’empêchait pas une pointe d'animosité dans le cœur de Bob vis-à-vis de l'homme des sables mais ça l'avait empêché de le tuer ou de lui casser plus salement la figure. Quelque part, Bob s'en voulait et même si c'était parfaitement stupide, il s'imaginait que si il avait décidé de l'envoyer à l’hôpital peut être qu'il n'aurait pas tué autant de gens, peut-être qu'il aurait empêché Seth d'avoir autant de chose sur la conscience. Il en avait souvent rêvé et, s'il n'avait pas pu empêcher toute ces choses d'arriver en réalité à Seth, toutes les nuits, rêves après rêves, il trouvait de nouvelles façons de l'aider, de le sauver, de l’empêcher de se faire du mal en faisant mal aux autres.
Bob fronça les sourcils et finit par répondre, d'une voix rocailleuse. S'il ne se l'avouait pas, il pensait porter la moitié de l'épreuve sur ses épaules, comme si ça avait pu être de sa responsabilité. C'était stupide et c'est bien pour ça qu'il s'en voulait et ne se l'avouait pas.

-C'est toi que je suis venu voir. J'peux savoir à quoi tu joues là ?

Il posa la main sur son épaule et le fit se retourner. Sourcils froncés, l'air revêche, Bob n'avait pas l'intention de laisser ce grand crétin faire n'importe quoi après avoir fait découvrir au trappeur des choses qu'il ne pensait pas pour lui. Il était hors de question que Seth l'exclut du seul moyen qu'il avait de lui rendre la pareille pour toute les choses qu'il avait amélioré dans sa vie. C'était hors de question. Il ne savait pas si c'était de la pudeur, de la honte ou tout simplement de la connerie, mais il était parfaitement impossible que Bob ne lui fasse pas comprendre les choses et de préférence à sa manière. Il lui décocha une droite qui, à défaut d'être toute puissante comme lors de leur dernières rencontres, avait le mérite de remettre les idées en place. Il chopa Seth par le col et l'approcha de lui. Oui, il était en colère mais il doutait parfaitement que Seth n'identifiait pas pourquoi.

-Oui, j'suis en rogne, ok. J'suis en colère. Mais j'laisse pas les amis dans la panade ok ? Tu vas mal. J'le vois bien. C'presque comme si tu t'excusais d'vivre. Merde, Seth ! Tu crois vraiment que j'vais t'laisser comme ça ? Tu m'crois vraiment si faible et stupide pour pas savoir que c'était le vaccin ? Hein, vas-y réponds !

Il le relâcha et secoua la tête.

-J'veux pas de ta bière. J'veux que tu m'laisses t'aider et être en colère en même temps. Et j'veux retrouver le Seth d'avant.

Il le scruta de ses yeux rouges tandis que ses striures bleus pulsaient sous la colère, sous l'envie de le secouer dans toute les sens jusqu'à ce qu'il réagisse enfin.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Seth & Bob

Si Seth n’était pas suffisamment téméraire pour prendre des risques inconsidérés et jouer les héros à tout bout de champ, il n’était pas non plus du genre à céder facilement à la lâcheté. Certes, sa peau avait tendance à prioriser sur celles des autres, mais depuis quelques temps, il avait commencé à changer de comportement lorsqu’il s’agissait d’aider autrui – et plus particulièrement des personnes desquelles il se considérait proche. Même si ça lui en coûtait, il ne supportait plus d’abandonner derrière lui quelqu’un à qui il tenait sincèrement ; ces derniers mois, il avait vu trop de ses amis et connaissances finir six pieds sous terre, et plus le temps passait, moins il supportait l’idée de fuir au détriment de quelqu’un d’autre. Il était devenu plus vindicatif, plus passionné, probablement plus inconscient aussi, mais il n’avait pas envie de reproduire ce qu’il avait dû faire avec Johan ou Moira ; la flamboyante rouquine avait beau être revenue d’entre les morts, il n’oubliait pas la peine et la détresse qu’il avait ressenti en apprenant sa mort, ni la douleur qui lui avait enserré le cœur lorsqu’il s’était retrouvé debout devant son cercueil, à regarder cette boîte de bois descendre en terre en emportant avec elle ce qu’il croyait alors être le cadavre de sa meilleure amie. Alors il défendait ceux qui restaient encore, envers et contre tout, quitte à se prendre quelques grandes claques dans la figure. La dernière en date néanmoins avait failli lui faire perdre beaucoup – bien plus que ce qu’il était prêt à abandonner.
Ce vaccin dans son corps avait fait des dégâts, énormément de dégâts ; il avait fait un petit tour à l’hôpital pour s’assurer que son cerveau n’avait pas subi de séquelles trop importantes et était sorti de là soulagé de savoir que le NH24 n’avait fait que le rendre psychotique pour un temps seulement. Il ne voulait plus jamais se retrouver dans un état pareil. Il se revoyait encore enchaîner les horreurs – vacciner Roman, tuer le père d’Ivory, massacrer chasseur après chasseur … Il commençait tout juste à remonter la pente, malgré les cauchemars et les terreurs nocturnes qui le faisaient parfois réveiller Pietra bien malgré lui. C’était qu’il avait du coffre lorsqu’il se redressait soudain dans son lit en hurlant de peur. Les scènes de ses crimes se rejouaient inlassablement derrière ses paupières closes dès qu’il se laissait aller au sommeil, à tel point que sa colocataire avait dû lui ordonner de s’endormir tant il avait fini par craindre fermer les yeux plus de quelques secondes. Doucement, très doucement, tous ces nouveaux réflexes commençaient à disparaître, laissant le trafiquant redevenir lui-même petit à petit. Il avait encore beaucoup de choses à régler, beaucoup de personnes auxquelles parler, mais il avait l’impression d’enfin voir la lumière au bout du tunnel dans lequel il avait l’impression d’être enfermé.
Et puis Bob était revenu, et avec lui étaient revenus les mauvais souvenirs et les regrets qui rongeaient le cœur de l’homme de sable. Il n’arrivait pas à se faire à l’idée que le trappeur était là pour lui, et pourtant ce n’était pas faute de l’espérer. Et à défaut de l’accepter, il avait surtout peur de faire mal une fois encore à l’homme grenouille. Toutes ses bonnes résolutions s’étaient envolées et il avait fait ce qu’il avait fait pendant très longtemps : il avait fui. En l’occurrence, en direction de sa cuisine.
Le Calédonien n’eut pas le temps d’avancer bien loin cependant ; il sentit une main se saisir de son bras et le retourner vivement. A peine se trouva-t-il face à Bob que ce dernier lui envoya son poing en travers du visage. Seth recula un peu, sonné, et secoua la tête pour se remettre les idées en place. Il passa la main sur sa joue, massant sa pommette endolorie. Il aurait dû s’y attendre, à cette colère. Après tout, il l’avait bien cherché. Il aurait aimé dire quelque chose à ce sujet, mais il se retrouva attiré vers le mutant, ses mains serrées sur le col de sa chemise, ses phalanges gantées coincées sous son menton. Bien malgré lui, Seth ne put empêcher son regard de descendre vers les lèvres du mutant. Ce ne fut pas grand’ chose, juste un instant d’égarement duquel il se força à sortir pour planter ses yeux bruns dans ceux rougeoyants de Bob. Il l’écouta sans broncher et fronça les sourcils. Non, il ne le croyait pas bête, ni faible, bien au contraire. Mais ce qu’il lui avait dit, il n’aurait jamais dû le faire, vaccin ou pas. C’était une chose qu’il avait énormément de mal à se pardonner. Lorsque le trappeur le lâcha enfin, il remit distraitement sa chemise en place. Bob avait raison sur un autre point : il était en effet en train de s’excuser de vivre. C’était une chose qu’il n’avait jamais fait, même lorsqu’il avait été traité comme un animal pendant ses années d’esclavage, mais désormais, il avait l’impression d’en avoir trop fait pour être encore le bienvenu dans cette vie qu’il avait réussi à construire et qu’il aimait de tout son cœur. Il fixa le trappeur une fois encore et glissa les mains dans ses poches pour s’empêcher d’aller vers lui et le prendre dans ses bras.

- J’ai pas envie qu’tu sois en colère. Et j’veux pas de ton aide non plus, Bob. T’as sûrement autre chose à foutre.

C’était une tactique particulièrement idiote, mais le Calédonien se disait que s’il repoussait le grand brun, alors peut-être qu’il pourrait passer à autre chose, trouver quelqu’un d’autre qui le traiterait correctement et qui ne se mettrait pas à utiliser tout ce qu’il lui avait jamais dit comme une arme contre lui – vaccin ou pas.
Cependant, plus il parlait, plus la détermination de Seth faiblissait. Et si ses premières phrases avaient été prononcées avec une certaine assurance, la suite fut beaucoup plus hasardeuse.

- J’ai pas envie que tu m’vois, je …

Une boule se logea dans sa gorge, et le peu de volonté qu’il avait encore disparut tandis qu’il croisait une fois encore le regard de l’homme devant lui, ce regard qui l’avait longtemps impressionné mais qui aujourd’hui le fascinait énormément, comme ces striures bleues qui pulsaient à ses côtés, comme son caractère difficile, comme tout ce qui avait fini par le faire tomber pour lui tête la première.
D’une voix mal assurée, il finit par souffler dans un murmure :

- J’veux pas que tu partes …

Bob l'écoutait et plus Seth continuait sa phrase plus Bob avait mal au cœur. Il se sentait nauséeux, vidé de toute force. Sa volonté s'étiolait au fur et à mesure que Seth expliquait qu'il ne voulait pas de son aide. Le trappeur se sentait dépossédé de beaucoup plus qu'il ne l'aurait imaginé dans un moment pareil. Il resta stoïque malgré tout, fixant Seth. Il refusait de lâcher son regard. A l'intérieur, Bob hurlait : « mais vois putain ! Vois que j'suis là pour toi ! Que c'est ce que je veux ! Que j'me saignerai pour que t'aille mieux ! Pour que tu te remettes à sourire. A quoi tu joues ? J'veux pas t'voir crever. J'veux pas te voir devenir quelqu'un que tu vas détester. Laisse moi t'aider ! J'suis sure qu'à nous deux on peut vaincre le monde ! J'te laisserai pas tomber. Allez quoi. ».
Dans la scène où il était capable de parler, dans le monde où il parvenait à se dévoiler à ce point, où il parvenait à se comprendre et à se faire comprendre à ce point. Il hurlait ces mots, il en aurait même peut-être chialer. Il en aurait sûrement pleurer... C'était viscéral. Chaque mouvement de Seth était une torture tant il sentait le calédonien dans la retenue, dans la souffrance. Il était incapable de rejouer cette scène en vrai. Il en était parfaitement incapable et pourtant, dieu qu'il aurait aimé. Il aurait aimé faire mieux, mieux qu'un poing en plein visage. Il aurait aimé lui dire tout ça, avancer et être gentil, tout simplement, sans complexe mais c'était trop tôt pour ça. Bob était trop bourru, trop marqué par les expériences passées, il allait finir par les oublier, par faire la paix avec toutes ces histoires, tout ces mots, touts les coups et toutes la violence mais pour que ça arrive, il commençait à admettre qu'il n'avait pas envie de le faire sans Seth. S'il avait l'aveuglement de prétendre et de crier sur tout les toits qu'ils étaient amis, il n'était pas stupide au point d'ignorer parfaitement ce que l'homme représentait dans sa vie, la place qu'il avait prise. Il ne voulait pas voir cette place se libérer. Il refusait que cette éventualité existe. Tout se jouait maintenant et il le savait. Il s'exhortait à bouger, à faire ne serait-ce qu'un pas, un geste, n'importe quoi. Il luttait contre lui, contre tout ce qu'il avait appris. Allez quoi. Juste un pas. Un pas. C'est rien un pas. On en faisait plein tout les jours, sans même y penser mais celui-là, c'était le plus dure de tous. Le plus compliqué de toute son existence. C'était même plus dure que d'arrêter les meths, parce qu'il ne devait pas le faire pour lui-même mais pour eux deux et même si il ne réalisait pas toutes les subtilités de ce pas, il le savait diablement important. Il cligna des yeux en voyant Seth perdre en assurance, sa voix tremblait, plus frêle, moins appuyée. Il pencha la tête et fut encore plus surpris par la suite. Il resta un moment interdit, scrutant le visage de Seth avec attention et perplexité. Il venait de dire.... Bob eut un sourire en coin, le premier depuis très longtemps. Tout venait soudainement de s'alléger d'une façon inattendu et à cet instant, il avait une folle envie de rire. Il mit sa capuche sur la tête et dit simplement.

-J'ai l'intention d'aller nulle part. Mais faut l'temps que tu comprennes aussi.

Il s'approcha de Seth. Le pas tant redouté avait été franchi sans même qu'il y réfléchisse, sans même que ça lui traverse l'esprit ne serait-ce qu'un peu. Il passa sa main ganté derrière le crâne de Seth et, y appliquant sa main, l'attira à lui avant de le serrer dans ses bras. C'était une première pour lui, de volontairement aller faire un câlin au calédonien et il était serein. Parfaitement calme, détendu. Il avait l'impression que sa tête était une clairière un jour de soleil, juste après la pluie. Tout était paisible et silencieux, agréablement silencieux. Il le garda contre lui, ne ressentant pas la nécessité de s'éloigner.

-J'te tiens. J'te lâcherai pas et tu vas remonter. Toi et moi, contre le monde. Si c'est ce que ça prend.

Il ne bougea pas d'un pouce, s'assurant simplement que rien ne risquait d'empoisonner l'homme des sable par un inventaire mentale rapide. Il ne s'était jamais senti aussi apaisé et sûre de ce qu'il avait à faire depuis longtemps. Oh, et non, il ne réalisait absolument pas qu'il avait déclaré son amour. Non. Pour lui. Il avait simplement rassuré Seth. Toutes notions de déclaration de flammes étaient encore barrées par un bon gros : « deux garçons ensemble, c'est pas possible, c'est pas comme la nature le veut. » Merci grand frère.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Seth & Bob

Seth allait mal, c’était un fait. Le vaccin qui avait couru dans ses veines un mois durant n’avait pas fait que le priver de sa mutation : il avait agressé son esprit d’une telle manière qu’il s’était changé en un être brutal, mauvais, instable. Il n’avait pas été lui-même pendant près de quatre semaines – quatre longues semaines où il avait commis des actes qu’il n’aurait même pas imaginé faire s’il avait été lucide. Quatre semaines où il avait bien failli se mettre tous ses amis à dos, fusillant toutes les relations qu’il avait tissées depuis qu’il s’était confortablement installé à Radcliff. Sauf que les effets, fort heureusement, n’avaient pas duré ; un nouvel arrêt cardiaque plus tard, il était redevenu lui-même. Pourtant, ses souvenirs étaient restés, intacts, et le retour de sa mutation avait signé l’arrivée massive d’un raz-de-marée de remords et de regrets. La culpabilité faisait partie intégrante de toutes ses pensées désormais, et il avait l’impression que quoi qu’il puisse dire, quoi qu’il puisse faire, le monde s’effriterait entre ses doigts au rythme de ses vains efforts pour réparer ses erreurs. Il s’était persuadé, à tort ou à raison, que rien ne pourrait jamais le faire pardonner, et les rares fois où il se surprenait à imaginer que les choses pourraient aller mieux, ses cauchemars étaient là pour le rappeler à l’ordre. Il aurait donné n’importe quoi pour qu’on lui ôte ces images de la tête, pour une nuit de sommeil sans se réveiller en sursaut, pour une journée sans se rejouer les scènes qu’il aurait tant voulu pouvoir éviter. Mais il n’arrivait pas à se résoudre à aller voir un mutant qui aurait été capable de l’aider ; ç’aurait été comme tricher, comme se débarrasser d’un fardeau qu’il lui revenait de porter jusqu’au bout, parce qu’il en était l’unique responsable et qu’il devait assumer tout ce qu’il avait fait. Et c’était ce qu’il faisait, en silence et en serrant les dents, ne se sentant pas le droit de se plaindre ni de parler de ses états d’âme à qui que ce soit ; après le mal qu’il avait causé, il ne se voyait pas aller raconter ses déboires à des amis qu’il avait blessé. Mieux valait les repousser s’ils venaient le voir d’un peu trop près ; ça vaudrait bien mieux pour tout le monde, et tant pis s’il se retrouvait seul.
Alors, quand il sentit sa voix se briser et qu’il s’entendit demander à Bob de rester, il se traita mentalement de tous les noms qui lui passèrent par la tête. Il n’avait pas le droit de céder, pas après ce qu’il lui avait dit. Bob méritait mieux que ça, mieux que lui, alors hors de question de le forcer à rester planté là avec le triste personnage qu’il était devenu. Il ne comprit pas tout de suite pourquoi le trappeur mettait sa capuche en place. Il ne comprit pas non plus tout de suite qu’il s’approchait non pas pour le frapper mais pour autre chose. Il sentit le contact de sa main ganté à l’arrière de son crâne et de sa nuque, et puis tout à coup ce fut la chaleur du mutant le serrant contre lui qui le réchauffa tout entier. Sentant les larmes lui monter aux yeux une nouvelle fois, le Calédonien ne put s’empêcher de passer les bras autour de l’homme-grenouille, se sentant parfaitement illégitime de faire ça. Il profita pourtant, s’apprêtant déjà à reculer malgré le déchirement qu’il sentait déjà poindre dans son cœur à cette idée.
Et puis Bob parla une nouvelle fois, et c’en fut trop pour l’homme de sable qui se mit tout bonnement à pleurer à chaudes larmes. Il enfouit son visage contre l’épaule du grand brun, le cachant dans le creux de son cou, contre le tissu de sa capuche. Il sanglota longtemps, incapable de se retenir, la pression des semaines passées retombant brutalement. S’il avait pleuré avec Moira, avec Bob, c’était différent. Il y avait une sorte de soulagement qu’il n’aurait pas su expliquer, et l’impression qu’il avait droit au pardon lui aussi commença à naître quelque part dans un coin de sa tête. Il y penserait plus tard, lorsque le moment serait plus opportun. En attendant, il profitait totalement de cette présence dans laquelle il se perdait volontiers, cette présence qu’il n’aurait jamais cru ressentir un jour.
Quelques minutes passèrent. Puis finalement, il renifla et s’écarta légèrement, juste assez pour essuyer ses yeux.

- Je savais pas que tu faisais des câlins, maintenant …

Sa voix était rauque d’avoir pleuré comme il l’avait fait, mais Seth s’en fichait bien. Il plongea son regard dans celui de Bob et sourit, bien plus apaisé, plus calme aussi. Finalement, il était vraiment heureux de le voir là. A bien y réfléchir, c’était sans doute ça qui lui manquait pour commencer à se pardonner et aller mieux.

- Toi et moi contre le reste du monde … ça a l’air bien. On signe où ?

Les mots du trappeur lui restaient en tête. Il ne savait pas s’il avait eu conscience de comment ça pouvait sonner, s’il l’avait fait sciemment ou bien s’il n’avait pas compris comment ses paroles pouvaient être interprétées. Et à dire vrai, ça n’avait pas vraiment d’importance. Pour le moment, il était là, et s’il n’y avait pas eu de baiser passionné ni de déclarations enflammées, au moins ils étaient dans les bras l’un de l’autre, et ça suffisait assez pour que, l’espace d’un moment, Seth en oublie le reste du monde.

Bob s’était attendu à ce qu’il pleure. A vrai dire, il avait voulu qu’il le fasse. S’il avait retenu quelque chose de son séjour dans le monde extérieur et de sa cohabitation avec Ivory, c’était bien que lâcher prise et s’y autoriser était le premier pas sur le chemin de son propre pardon, de sa propre guérison. Il laissa Seth pleurer contre lui, il était hors de question qu’il le lache, sa main et ses bras l’enserraient doucement, juste ce qu’il fallait pour faire sentir au Calédonien qu’il n’était pas seul, que la petite grenouille taciturne serait toujours là, quoiqu’il arrive. Il le berça même un peu, sans réellement s’en rendre compte. Dans la façon dont il tenait Seth contre lui, à cet instant, il y avait quelque chose d’éminemment protecteur et d’incontestablement tendre. Il garda la main sur son crâne, l’autre calée dans son dos. Il l’écoutait pleurer et disait simplement.

-C’est bien, laisse toi aller. Ca ira.

Il le murmurait à peine, tout juste un bruissement apaisant pour le trafiquant. Les minutes s’égrenèrent au rythme douloureux des sanglots de Seth tandis que Bob continuait sa litanie et sentant l’homme dans ses bras se détendre, peu à peu, larme après larme. Si Bob avait pris Seth naturellement dans les bras - et on pouvait sans doute remercier Ivory pour ça - il réalisa peu à peu la situation et la proximité. Il ne la brisa pas, même lorsque Seth s’écarta un peu pour essuyer ses larmes. Il n’était pas à l’aise même s’il ne trouvait pas la situation complètement désagréable. Il garda l’homme dans ses bras, conscient que briser ce contact revenait à signifier l’inverse de ce qu’il venait de dire et il n’avait jamais été aussi sincère. Il glissa la main dans sa poche, néanmoins, et en sortit un mouchoir dont il se servit pour essuyer les larmes que Seth avait raté. Il eut un sourire un peu timide et haussa les épaules en entendant Seth. Ca, c’était peu dire, qu’il ne savait pas… Quand Bob repensait à ses rares contacts avec Seth, il l’avait plus souvent frappé qu’il ne l’avait étreint. A bien y penser, il en était un peu désolé même si plusieurs fois, l’homme de sable l’avait bien mérité.

-Ben, tu diras merci à Ivo. Elle est restée chez moi un moment.

L’information était plus ou moins inutile du point de vue du rétablissement de Seth mais ça faisait étonnamment plaisir à Bob de partager et de communiquer avec lui. Bob haussa un sourcil en l’écoutant. Signer quoi? Il décida d’éluder le problème, supputant qu’il s’agissait d’un de ces trucs pas littéral qu’il avait parfois du mal à calculer. Il ne s’était pas non plus attendu à ce que Seth soit si content qu’il ai dit ça. Si Bob ne comprenait pas son amour pour l’homme, il ne comprenait pas spécialement l’amour que le calédonien pouvait lui porter. Il pencha la tête sur le coté et le détailla un moment.

-C’est déjà signé. Toute façon, j’te laisserais pas tombé. Même si tu m’pousses dehors. T’es coincé avec moi.

Il plissa les yeux, réalisant un peu ce qu’il venait de dire et un peu les incidences mais tout était retenues en bloc par le fait qu’on lui avait toujours appris que deux hommes ensembles c’était parfaitement impossible, que c’était malsain et mal. Il ne concevait pas la situation comme envisageable. Ses striures se mirent à pulser puis il se reprit. Il sourit vaguement avant de ramener Seth à lui.

-C’que j’veux dire c’est que t’es pas tout seul, ok? Et si j’peux, tu l’seras plus jamais. C’est tout c’que j’veux dire.

Il s’insultait un peu intérieurement, il s’imaginait parfaitement ce que ça voulait dire et ça l’inquiétait tout autant que ça lui plaisait mais pour le moment, il ne s’en souciait pas. Tout ce qu’il lui importait c’était de sortir Seth de ses tourments et il réalisait qu’il était prêt à faire beaucoup de chose pour qu’il aille mieux.

-Bon. En fait, j’prendrais bien une bière… Pas toi?

Il ne s’écarta pas pour autant. Il laissait l’initiative à Seth de s’écarter et de rompre le contact. Il n’arrivait pas vraiment à croire qu’il faisait ça, qu’il était capable de faire ça pour quelqu’un.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

Seth & Bob

Pendant le temps qu’il s’autorisa pour pleurer contre l’épaule de Bob, Seth se mit à penser qu’il avait eu beaucoup de chance. De la chance de ne tuer personne à qui il tenait pendant qu’il était sous l’effet du vaccin, de la chance de ne pas les avoir blessés, de la chance de ne pas les avoir perdu pour de bon. Il avait cru que ce serait le cas pourtant, pour Ivory et puis pour l’homme grenouille contre lequel il se tenait. Il avait cru que l’un comme l’autre ne voudraient plus jamais avoir à faire à lui, et pourtant ils lui avaient prouvé le contraire, chacun à sa façon. Il n’était pas mécontent de ça, bien au contraire ; il avait du mal à réaliser qu’ils étaient passé outre ce qu’il avait pu dire ou faire durant sa période de folie furieuse et qu’ils lui offraient une seconde chance. Et cette seconde chance, il en profiterait bien volontiers, rattrapant ses erreurs comme il le pourrait.
Finalement, le trafiquant s’écarta un peu et détailla le mutant devant lui. Il n’était pas beaucoup plus grand que lui, mais ça ne le dérangeait pas pour le regarder dans les yeux sans avoir à baisser la tête. Il le connaissait par cœur, maintenant, ce visage qu’il fixait en souriant comme un bienheureux imbécile. A force, il avait fini par s’habituer à tout, à ses iris étranges, à ses striures bleues qui couraient le long de son corps, à tous ces détails qui surprenaient la première fois qu’on le rencontrait mais qui avaient fini par devenir si importants pour lui.
Il haussa légèrement les sourcils en apprenant que c’était à Ivory qu’il devait cette nouvelle proximité de Bob. Il se promit de la remercier comme il se doit, avec une quantité ridicule de plats à emporter, d’alcool hors de prix et d’herbe de qualité. Le Calédonien pencha la tête sur le côté et sourit, se demandant si le trappeur avait réellement conscience de la portée de ses mots. A voir son expression, ça n’était pas le cas, ou alors il ne le réalisait qu’après les avoir prononcés. Ca aussi, c’était une bonne nouvelle ; ça voulait dire que les choses allaient pouvoir reprendre là où elles s’étaient arrêtées quelques semaines plus tôt. Il sourit légèrement plus en entendant les justifications de l’homme grenouille, justifications qui l’enfonçaient plus qu’elles ne le servaient. L’homme de sable hocha la tête.

- Message reçu, j’suis content de plus être tout seul, surtout si c’est avec toi.

Cette affirmation n’avait rien de moqueur : il était vraiment heureux que Bob veuille de lui-même rester en sa compagnie, que ce soit pour quelques heures ou bien sur un plus long terme. Quoi qu’il se passe maintenant, il savait qu’il pourrait compter sur lui et ça, ça n’avait pas de prix.

- Ouais, une bière, c’est pas mal finalement.

Il finit par briser le contact entre eux, s’écartant en laissant glisser ses mains sur les bras du mutant, serrant les siennes lorsqu’il le put, puis partit dans la cuisine, récupéra deux bouteilles qu’il décapsula et retourna dans le salon avant d’en tendre une à Bob. Il le regarda à nouveau, pensif, et sourit.

- Hey … j’suis content que tu sois là. Vraiment.

Il avait l’impression de se répéter, mais tant pis. Car il ne se lasserait pas de lui dire qu’il était heureux de l’avoir avec lui.