Sujet: We are here to drink your beer [ft. Moira] Dim 6 Mar 2016 - 1:25
Altaïr & Moira
La mutante n’eut pas le temps de pousser le moindre cri que la lame s’enfonçait sans sa gorge, sectionnant ses cordes vocales en même temps que sa jugulaire. La jeune femme laissa échapper un gargouillis immonde alors que son sang dégoulinait de sa bouche et jaillissait de la plaie béante sur son cou à gros bouillons. La dernière chose qu’elle vit, ce fut les yeux bleus de son assassin qui la dévisageaient avec froideur, voire même avec une certaine satisfaction. Elle eut l’impression qu’ils brillaient dans le noir qui l’engloutit, tel deux lueurs malfaisantes qui l’attendaient dans les ténèbres de la mort.
Altaïr retira son arme et l’essuya sur la chemise de l’abomination qu’il venait d’abattre. Une de plus à ajouter à la liste de ceux qu’il avait envoyé dans l’au-delà. Petit à petit, son tableau de chasse s’étoffait. Il était encore jeune et n’avait pas autant de trophées que ses aînés et ses mentors, mais il comptait bien leur montrer que lui aussi pouvait se montrer efficace et redoutable lorsqu’il partait en chasse. Il avait déjà montré à quel point il était obstiné lorsqu’il s’agissait de traquer ses proies sur des kilomètres et des kilomètres, et jusqu’à présent, il n’en avait laissé aucune s’en sortir. Tant mieux pour lui, tant pis pour eux. A naître défectueux, il faut s’attendre à voir la Nature réparer ses erreurs. Les hunters étaient là pour ça, pour nettoyer la Terre de ces horreurs, ces immondices qui n’auraient pas dû exister. La faute à un pauvre petit gène muté, mais les maladies mentales et les handicaps aussi découlaient de mutations ratées. Si on n’euthanasiait pas les bébés malformés, c’était plus par éthique que par réelle conviction. Le jeune homme le savait : il n’y avait rien de plus hypocrite que l’être humain. Et une mère pourrait clamer tout ce qu’elle voulait qu’elle adorait son enfant difforme ou mentalement inadapté à la société, elle ne pourrait s’empêcher de le détester, quelque part très loin au fond de son cœur et de sa tête, et de souhaiter qu’il soit mort jeune – voire qu’il ne soit jamais né. Les chasseurs étaient un peu le moyen de contraception tardif de Mère Nature – ou les globules blanc de l’humanité, au choix. Rangeant son arme dans son fourreau, Altaïr vérifia qu’il n’avait laissé aucune trace derrière lui, aucun élément compromettant qui aurait pu mener à lui. C’était plutôt pratique d’être flic : ça entraînait à chercher les preuves et à faire disparaître celles que personne n’avait besoin de trouver. Mais bon, ce n’était pas comme si qui que ce soit à Radcliff allait le mettre derrière les barreaux pour avoir tué un transmutant. C’était là la chance d’avoir des forces de l’ordre particulièrement du côté du maire et des humains bien humains et bien normaux. Faisant un rapide tour d’horizon et s’assurant qu’il n’avait pas malencontreusement marché dans la flaque de sang qui s’étalait autour de la gorge lacérée du cadavre, il repartit aussi discrètement qu’il était venu. Retrouvant sa voiture, garée et cachée plus loin, il se mit à conduire sans vraiment de but précis, cherchant simplement un bar où se poser tranquillement. On était en fin d’après-midi, le soleil ne se coucherait pas avant un bon moment, il avait le temps de s’occuper avant de retourner chez lui ou de repartir en chasse. Finalement, il jeta son dévolu sur un établissement qu’il avait l’habitude de fréquenter. Il expérimenterait de nouveaux endroits plus tard. Pour le moment, il avait juste envie de boire à la santé du monstre qu’il avait tué. Dégageant une mèche de cheveux qui lui tombait devant le visage, il sortit de sa voiture et s’engouffra dans le bâtiment. L’endroit était plein, mais il n’était pas bondé pour autant. On pouvait circuler entre les tables et même s’asseoir au bar sans rentrer dans quelqu’un tous les dix centimètres. Se faufilant entre les clients déjà présent, le policier finit par trouver un tabouret libre au comptoir et s’y posa. Le barman s’approcha et le salua d’un signe de tête, habitué à le voir dans les environs.
- Laisse-moi deviner, une Guinness ? - Ouaip.
Ce n’était pas grand’ chose, mais c’était pour bien commencer la soirée. Il aurait tout le temps de boire quelque chose de plus fort plus tard. Il prit la pinte qu’on lui ramena et en but une gorgée avant de scruter la salle de ses yeux clairs. Combien de gens ici étaient mutants, combien étaient chasseurs ? Il savait qu’il existait des bracelets de détection mais il n’avait pas la chance d’en avoir reçu un. Ils étaient réservés à une petite élite dont il ne faisait pas partie. Pas encore. Un éclat orangé en périphérie de son champ de vision attira son attention et il tourna la tête pour voir une jeune femme à la chevelure flamboyante s’asseoir à côté de lui. Il la détailla rapidement, par habitude, comme pour s’assurer qu’elle n’était pas armée ou qu’elle ne cachait pas un appendice quelconque sous sa veste. Il ne trouva pas de menace immédiate et se contenta de boire une nouvelle gorgée de bière, regardant à nouveau devant lui.
- Dure journée ?
Il n’avait pas manqué de voir l’air presque lugubre sur le visage de l’inconnu. Et puisqu’il n’avait rien de mieux à faire, autant commencer la conversation.
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: We are here to drink your beer [ft. Moira] Dim 13 Mar 2016 - 19:20
We are here to drink your beer
Moira & Altaïr
« Tu es morte, Moira... Tu n'en as pas conscience parce que tu respires encore, parce que tu vois à nouveau... Mais aux yeux du monde, tu es morte. » Le couperet était tombé, cinglant, comme un souffle d'air glacial sur ma nuque. J'étais morte et il allait falloir que je m'y fasse, car mon père avait été catégorique : Il n'y avait pas de marche arrière possible. Tout avait été mis en œuvre pour orchestre dignement mon décès. Faire-part, annonces larmoyantes, j'avais même eu droit à un petit article dans le journal, déplorant le départ d'une virtuose des temps modernes, blablabla... Le tout accompagné d'une photo qui devait avoir six ou sept ans, et où l'on apercevait dans l'orchestre derrière moi... William. Si ça ce n'était pas une coïncidence de mauvais goût... J'avais froissé le journal, l'avais jeté en travers de la pièce... Et était retournée me coucher. De toute manière, je ne faisais que ça depuis mon... Assassinat : Dormir et pleurer. Pleurer et dormir. Hurler dans mon sommeil, briser des ampoules, mettre les nerfs de mon père à vif... Mais il restait stoïque, il me prenait dans ses bras à chaque fois que je faisais un cauchemar... Il m'aidait à me recoucher, et le cauchemar reprenait. C'était ça, mon quotidien, une suite interminable d'horreurs, de de crises d'angoisse, une terreur sans nom qui me prenait à la gorge dès que je cherchais à prononcer plus de trois phrases.
J'avais peur... J'étais même rongée par une terreur sans nom, je sentais peser sur moi le regard de mon meurtrier, j'appréhendais à chaque instant de le voir toquer à ma porte à nouveau. Mon père était là, il pouvait me protéger... Mais dans mes cauchemars, dans mon esprit, qui pouvait me sauver de la folie ? J'en avais de nouveau perdu l'appétit, l'angoisse me vrillant l'estomac, et je n'avais finalement réussi à me lever ce matin-là que parce que mon père m'avait emmené voir Malachi. Non seulement la présence chaleureuse et rassurante de mon ami d'enfance m'avait calmée, mais il avait en plus usé de sa mutation pour m'apaiser un peu. A défaut d'aller véritablement bien, j'y voyais au moins plus clair. Et j'étais sûre d'une chose : J'allais mal et j'avais besoin d'aide. Une aide que seuls mes amis pouvaient m'apporter, or je devais me tenir à l'écart, ne plus jamais les revoir... Rien que d'y songer, j'en avais envie de vomir.
Et ce matin-là, ça avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase, la Tamise, le Gange, provoqué la mousson, et bien plus encore. Ce matin-là, on m'avait enterrée. Ou plutôt, on avait mis en terre un cercueil vide, j'avais vu au loin les visages fermé de mes proches, serré les poings en voyant Artur jouer la comédie, résisté à la tentation de me précipiter vers Marius et Martial... J'avais résisté parce que mon père me disait que c'était mieux ainsi. Mais recevoir des messages de Seth et Marius, c'était trop. Je ne voulais pas avoir leur haine et leur chagrin sur la conscience, pas plus que je ne pouvais supporter de leur mentir. Je n'avais une semaine que pour deux choses : Malachi et Artur étaient au courant. Mais ça ne m'empêchait pas de culpabiliser pour tous les autres. Alors nous nous étions méchamment pris le bec à son retour, et j'avais décidé d'aller faire un tour, lui promettant de ne pas aller voir l'un de mes amis.
De toute manière, je pouvais bien faire ce que je voulais, je ne savais pas mentir à mon père. Je ne l'avais fais qu'une fois, pour protéger Artur, et en étant aveugle. Là, c'était différent... Je n'étais pas capable de lui promettre quoi que ce soit en le regardant dans les yeux si j'étais certaine de ne pas pouvoir tenir cette promesse. Soupirant, j'étais sortie de la maison, les mains enfoncées dans les poches de mon jeans et les talons de mes boots claquant au rythme nerveux de mes pas. Finalement, je jetais mon dévolu sur un bar que je ne connaissais pas, où j'avais l'espoir de ne pas croiser quelqu'un de connaissance, et gardais l'option « fuite » dans un coin de mon esprit. M'attablant au bar, je demandais alors une Killian's, aussi rousse que ma chevelure, et aussi irlandaise que mes origines. J'avais bien besoin de ça pour me requinquer... J'étais perdue dans mes pensées, fixant mon reflet déformé dans le vieux miroir derrière le bar, si bien que la voix de l'inconnu qui m'interpella me sembla venir de très loin.
« Si l'on considère qu'assister à son propre enterrement est une dure journée, alors oui... »
Ça c'est pas très malin, Moira. De quoi ? Balancer la véritable raison pour laquelle j'ai l'air sur le point de me pendre au milieu de ce bar ? Noooon ! Sans rire ! Qu'est ce que ça pouvait m'foutre, de toute manière ? Ce type, je ne le connaissais pas, et n'échangerais probablement pas plus d'une ou deux politesses avec lui. Il aurait oublié mon visage d'ici quelques minutes, alors à quoi bon inventer un mensonge ? Je daignais finalement tourner la tête vers lui, haussant un instant les sourcils en croisant son regard. Je n'avais encore jamais vu pareil regard, à la fois perçant et enivrant, d'un bleu électrique qui me donnait autant envie de fuir que de m'y noyer. En résumé, il avait de beaux yeux. De trèèèès très beaux yeux... Et si je n'avais pas été à moitié catatonique, j'en aurais bien fais mon quatre-heure, de ce type.
« Réjouissant, hin ? Une histoire trop longue et trop emmerdante à raconter, de toute manière... Et vous ? »
Je me tournais sur mon siège, le détaillant d'un regard quelque peu blasé. Faire la causette avec un inconnu... Hum... Pourquoi pas, après tout ?
« Qu'est ce qui vous amène ici, au milieu de l'après-midi ? Certainement pas la soit disant Guinness américaine... Chez moi, on appelle ça de la pisse de chèvre... »
J'esquissais un sourire, espérant que l'homme aux yeux de glace ne soit pas trop susceptible... Et qu'il ait bon goût. N'importe quel irlandais ou amateur de bière aurait su faire la différence entre une véritable Guinness brassée en Irlande et une contrefaçon américaine coupée à l'eau.
Sujet: Re: We are here to drink your beer [ft. Moira] Dim 13 Mar 2016 - 19:24
Altaïr & Moira
Altaïr avait beau avoir l’air sévère et bougon, il était en réalité bien plus sociable que ce que laissait croire son expression quasi perpétuelle. Certes, il était loin d’être le plus grand des fêtards, et il ne passait certainement pas ses soirées à sortir, mais il n’était pas inquiet plus que ça d’aller au contact des autres, voire de démarrer des conversations avec de parfaits inconnus. Après tout, ce n’était pas comme s’il pouvait lui arriver grand’ chose. Entre son entraînement de hunter et les muscles qu’il se faisait au garage, il avait largement de quoi se défendre en cas de soucis. Moralement, il avait aussi eu le temps de se créer une carapace solide qui s’était encore endurcie au fil de ses voyages. Il avait rencontré bien du monde à barouder d’un Etat à l’autre et les expériences qu’il avait tirées de ces errances lui avaient bien servi. Après tout, il savait très bien qu’il lui restait beaucoup à apprendre, et il s’était pris suffisamment de claques dans le nez pour conserver une certaine humilité malgré son côté tête brûlée qui avait tendance à ressurgir aux mauvais moments. Il avait survécu à des bagarres, à des traques dangereuses contre des mutants monstrueux, il était à la Nouvelle-Orléans lorsque Katrina avait frappé, il avait vu la misère des quartiers moins touristiques d’Honolulu, il avait passé quelques mois compliqués à Détroit et pourtant, malgré toutes ces mésaventures, il avait toujours gardé une certaine facilité de contact avec les autres. Il avait discuté avec des motards, des camés, des putains, des voleurs, des assassins, avec quelques personnes parfaitement normales aussi même si ça avait été plus rare qu’il ne l’aurait avoué, le hunter se sentant plus à sa place au milieu de ces groupes de parias que dans une société bien ordonnée à laquelle il avait l’impression de ne pas appartenir. Alors ce ne serait certainement pas cette grande rousse à l’air maussade qui allait le rebuter. Et quitte à ce qu’ils boivent seuls et qu’ils se trouvent quasiment côté à côté, autant entamer le dialogue, même s’il ne devait se résumer qu’à quelques phrases échangée sans vraiment chercher à relancer la conversation. Néanmoins, il ne s’était certainement pas attendu à ce qu’elle lui déclara dans un espèce de grognement mauvais. Il tourna légèrement la tête pour pouvoir planter son regard dans le sien, leurs yeux presque aussi bleus l’un que l’autre.
- Dur. J’sais pas à qui vous avez cherché des problèmes pour simuler votre mort, mais ça devait pas être n’importe qui.
Il voyait mal pourquoi quelqu’un ferait croire sciemment à son propre décès si ce n’était pour changer de vie et fuir des problèmes colossaux. Cela dit, l’inconnue n’avait pas l’air particulièrement motivée à raconter cette histoire-là, aussi n’insista-t-il pas davantage. C’était ses problèmes après tout, si elle voulait en parler, elle était libre de le faire, il n’irait certainement pas la presser de quoi que ce soit ou lui poser des questions si c’était pour se retrouver confronté à un mur. Il haussa les épaules et leva un peu son verre.
- Journée de pause au boulot, j’ai fait tout c’que j’avais à faire.
Son garage était fermé pour la journée, Elspeth avait eu son premier jour de congé payé et lui en avait profité pour faire un peu de nettoyage en ville. Il avait une liste de noms et d’adresses et il s’était appliqué à la réduire autant que possible. Il ne devait plus rester qu’une demi douzaine de lignes désormais – une demi douzaine de dégénérés jugés dangereux qu’il ne lui restait plus qu’à cueillir. En attendant, il se détendait un peu, n’étant pas un hunter dévoué corps et âme à la cause. Il chassait, oui, et il prenait sa tâche à cœur, mais il ne mettrait certainement pas sa vie entre parenthèses sous prétexte qu’il restait des mutants encore vivants de par le monde. Alors, s’il avait envie de boire une bière, il irait boire sa bière, et s’il voulait parler à la jeune femme à côté de lui, il le ferait aussi. Le monde n’allait pas s’écrouler parce qu’il ne courait pas après les monstres en permanence. Le mécanicien but une gorgée de sa bière au moment même où la grande rouquine lui faisait un commentaire au sujet de la qualité de la Guinness américaine. Il haussa un sourcil et baissa son verre.
- Ca devrait s’appeler comme ça dans le monde entier. On sait pas faire de la vraie bière ici, j’boirai certainement pas une Bud Light alors que tout le monde se cuite à ça comme des bleus. C’est une vraie Guinness celle-là.
Il était du genre à aimer les alcools un peu plus fort, mais même pour lui il était un peu tôt pour un verre de rhum – s’il devait le boire seul en tout cas. S’il buvait accompagné, il reverrait probablement sa décision et se rabattrait sur une boisson un peu plus à la hauteur de ce qu’il attendait d’un vrai bon verre.
- Et vous venez d’où, pour dire ça ? D’Irlande ?
Il la détailla rapidement, ses yeux clairs comme un ciel d’été suivant la forme que dessinaient ses cheveux, descendirent rapidement le long de son corps et remontèrent pour se planter à nouveau dans les siens.
- Ca expliquerait les cheveux. Jolie couleur.
Si la conversation avait été plus avancée et qu’ils avaient été plus alcoolisés tous les deux, sans doute qu’il aurait poussé le vice jusqu’à lui demander s’il s’agissait de sa couleur naturelle. Mais ils n’en étaient pas encore là et ne le seraient peut-être pas, aussi cette réflexion ne resta-t-elle qu’un embryon de réplique quelque part au creux de son cerveau.
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Sujet: Re: We are here to drink your beer [ft. Moira] Dim 13 Mar 2016 - 19:28
We are here to drink your beer
Moira & Altaïr
J'avais envie de me trouver à des kilomètres de là, à des centaines de kilomètres, même. J'avais envie de retrouver ce petit cottage d'Irlande que mes parents avaient acheté pour le retaper, dans l'espoir d'y passer leur retraite... Le stéréotype du couple vieillissant, élevant des moutons dans la verdure des pâturages irlandais, quelque chose de banal, mais qui leur tenait à cœur. Une maison de pierre qui aurait été le terrain de jeu rêvé pour leurs petits enfants... Bien sûr, tout était tombé à l'eau, de l'emménagement de mes parents dans cette maison à l'existence d'hypothétiques petits enfants. Toujours est-il que j'aurais préféré me trouver là-bas, quand bien même y avait-il de grosses fuites dans le toit la dernière fois que j'y avais mis les pieds.
Au lieu de ça, je me retrouvais dans la ville qui m'avait vue mourir, ville que je haïssais et vomissais de tout mon cœur, mais dont je ne pouvais partir à cause de la quarantaine. Si je m'étais pointée à la sortie de la ville, j'aurais eu droit au test de dépistage, auquel j'avais réussi à échapper jusque là, et à des questions concernant mon identité... « bonjour, vous n'êtes pas censée être morte ? » Si si, merci de me le rappeler, j'ai tendance à oublier ces derniers temps que je devrais être six pieds sous terre à bouffer des asticots... Tss... Tout ça commençait à me fatiguer, je n'aurais pas dû me trouver dans ce bar, je pouvais y croiser une connaissance, et... Et surtout, j'aurais dû craindre cet inconnu qui avait entamé la conversation. J'aurais dû me méfier de lui. Seulement, j'étais tellement abrutie et anesthésiée par une angoisse permanente, que je ne savais plus de quoi je devais avoir le plus peur. Au final, j'avais presque l'impression que ce type-là n'était pas plus dangereux que la pinte de bière que je tenais dans ma main. Quand finalement il me répondit, je laissais échapper un ricanement.
« Ça j'en sais rien, je ne sais pas qui c'est... C'est un sacré connard, en tout cas... »
Ça me rendait malade... Ce type, je l'avais croisé dans les ruines d'un manoir, nous avions été contraint de nous associer, puis il avait tenté de me tuer... Avant presque réussi, mais j'ignorais tout de lui. Ni mon père ni mon frère n'avait daigné me donner son nom, comme s'il valait mieux pour moi que je l'ignore. Lui ne savait certes pas grand chose, mais il avait su où j'habitais, mon nom, ma mutation, ma vaccination... Finalement, il en avait su assez pour faire de ma vie un enfer. Et le pire dans tout ça ? Je ne lui en voulais pas. J'étais trop épuisée, trop déprimée, trop à bout de nerf pour avoir encore assez d'énergie pour haïr quelqu'un. Le seul qui avait encore ce privilège, c'était Kingsley. Pourtant, je ne pardonnais pas à l'autre cinglé d'avoir voulu tuer mon frère. Disons simplement... Que je comprenais sa détresse, quelque part.
« Vous faites quoi dans la vie, si ce n'est pas indiscret ? »
Indiscret... Comme si demander à un inconnu s'il était plutôt procureur ou jardinier pouvait être indiscret. J'avalais une gorgée de bière tout en ventant les mérites de l'irlandaise, la vraie Guinness, pas celle que l'on coupait à l'eau dans les trois quarts des pubs américains. Seulement, mon compagnon d'un soir semblait persuadé qu'il avait dans les mains une bière de qualité... Peut-être était-il tombé sur un tenancier honnête ?
« La mienne n'est pas trop mal... Alors j'imagine que nous sommes dans le seul bar de la ville qui sert de la bonne bière et non de la pisse d'élan... »
Si j'étais amère ? Pas qu'un peu, à vrai dire. Et pourtant, avoir en face de moi quelqu'un qui ne posait pas sa main sur mon épaule en me demandant si ça allait, si je ne voulais pas un verre d'eau, et blablabla... C'était reposant. J'esquissais un sourire amusé en le regardant. Etait-ce seulement mon amour pour la bière irlandaise, qui m'avait trahie ? Ou cet accent bien cogné que je traînais depuis mon enfance sans avoir jamais cherché à m'en débarrasser ? Quelque part, ça m'avait toujours bien fais rire de voir des américains me regarder avec des yeux ronds en se demandant c'que j'pouvais bien être en train de leur baver, tant nos dictions pouvaient différer. La palme revenait à Marius et son fichu accent français... Quand je ne le comprenais pas, je passais au gaélique, et lui me parlait à argot frenchie... C'était idiot, inutile et incroyablement drôle, comme situation.
« Je viens de Galway, oui... J'entretiens la légende selon laquelle tous les irlandais boivent comme des trous, on dirait ! Je m'appelle Moira. »
Je me levais, m'approchais et lui tendis la main pour le saluer, espérant qu'il me rendrait la pareil en me donnant son p'tit nom. Je figeais en revanche en entendant sa remarque sur mes cheveux. Plissant les yeux, mon sourire s'élargit. Des remarque sur ma flamboyante chevelure, on m'en faisait souvent... A vrai dire, j'avais eu droit à tout ! Sorcière, fausse rousse, immigrée – parce que oui, être irlandaise aux États-Unis n'était pas bien vu tous les jours – et j'en passe. Aussi, je ne résistais pas à la tentation de le taquiner.
« Merci... Et au cas où vous vous demanderiez si c'est naturel, c'est le cas. On me pose tellement souvent la question que je prends les devants... »
En revanche, je ne poussais pas le vice jusqu'à lui dire de venir vérifier... Ça, c'était le genre de phrase que je réservais à Seth, par exemple... Bon sang qu'il me manquait, ce con de calédonien à crête... Une lueur de tristesse chassant la malice de mon regard, et mon sourire se fana. J'aurais voulu qu'il soit là, qu'il me réconforte, qu'il me dise que tout irait bien, que je n'avais pas à m'angoisser... Seulement ce droit m'avait été ôté à l'instant même où il avait appris mon prétendu décès. Et maintenant qu'il était vacciné, j'avais encore plus de raisons de m'éloigner de lui, quand bien même mourais-je autant d'envie de le voir que de voir Marius ou Theodora. Chassant ma morosité, je tentais de relancer la conversation.
« Et vous ? D'où venez-vous ? Vous avez sûrement quelque chose à raconter, n'est ce pas ? Et puisque nous sommes là, assit à boire tout seul, pourquoi ne pas discuter de choses et d'autres ? »
Je haussais les épaules, moi-même peu convaincue par la proposition. J'avais l'impression de ne pas avoir grand chose d'intéressant à raconter, mais c'était toujours mieux que de me murer dans le silence en fixant ma bière bêtement. Lorsque je l'eus fini, je commandais au barman ce que bon lui semblait. La surprise du chef, ça avait parfois du bon... Ou du mauvais.
Sujet: Re: We are here to drink your beer [ft. Moira] Sam 26 Mar 2016 - 3:07
Altaïr & Moira
Durant ses années de voyage, Altaïr avait rencontré bien des gens différents. Des gentils badauds propres sur eux aux mystérieux et silencieux voyageurs en passant par les caïds, les criminels, les parias et les paumés, ceux qui s’achetaient une conscience comme ils pouvaient et ceux qui se fichaient royalement de ce que le monde pouvait bien penser d’eux, il avait vu défiler tout un tas d’individus aux caractères variés, tantôt calmes, tantôt explosifs, avec lesquels il s’était entendu ou non. Il avait rencontré des personnages louches dont il n’avait pu que voir la surface, laissant cachés des secrets probablement plus noirs que la nuit elle-même, ou bien d’autres qui s’étaient confié à lui comme s’il avait été un ami de longue date. Il avait entendu des histoires merveilleuses, d’autres terribles, d’autres trop absurdes, trop extraordinaire pour être sûr qu’on lui ait réellement raconté la vérité. Pourtant, il avait fini par être sûr d’une chose : tout, absolument tout était possible. La preuve, il n’y avait qu’à voir cette jeune femme assise à côté de lui qui avait mis en scène sa propre mort pour échapper à quelqu’un qui l’aurait volontiers envoyée dans la tombe pour de bon. Il se demandait bien ce qu’elle avait pu faire pour s’attirer les foudres d’un tel homme ; elle n’avait pas l’air d’avoir le profil de quelqu’un de dangereux, ou en tout cas elle avait l’air un peu trop sage pour s’engager dans des activités qui lui auraient valu d’aussi gros problèmes. Cela dit, c’était ses emmerdes, et le chasseur n’avait aucune envie de s’y mêler. Et puis, si elle se faisait passer pour morte, c’était bien pour y échapper, alors autant éviter de trop en parler ; après tout, ils n’étaient pas à l’abri d’une oreille curieuse qui aurait pu les épier, et il avait moyennement l’envie de se retrouver embarqué dans cette histoire. La discussion continua un peu et il haussa légèrement un sourcil.
- Mécanicien pour motos et vieilles voitures.
Lorsqu’il avait commencé à apprendre les bases de la mécanique, il s’était vitre pris de passion pour les cylindrées et les antiques voitures qui, pour certaines, pouvaient passer pour des modèles de collection. Il trouvait plus de plaisir à travailler de vieilles pièces plutôt que de se pencher sur des moteurs qui se trouvaient partout et qui n’avaient absolument aucune originalité et aucun intérêt. Et puis, retaper les anciens modèles, ça payait beaucoup mieux qu’on pouvait le croire. A dire vrai, malgré sa tendance à barouder dans tous les sens, il gagnait étonnamment bien sa vie. Certes, il n’avait pas non plus des richesses infinies cachées sur son compte en banque, mais il pouvait vivre tranquillement sans trop s’inquiéter de savoir s’il allait passer le mois en payant toutes ses factures. Après avoir répondu, il jugea de bonne guerre de retourner sa question à l’inconnue.
- Et vous ?
Un travail en disait souvent long sur la personne face à laquelle on se tenait, pour peu qu’on prenne la peine de parler un peu et d’observer un minimum. La demoiselle avait l’air assez propre sur elle malgré son air fatigué et le sarcasme qui transpirait dans chacun de ses mots ou presque. Après tout, les évènements récents n’avaient pas vraiment l’air en sa faveur, alors ça n’avait rien d’étonnant à ce qu’elle se montre aussi cynique. Ce n’était pas pour déplaire au jeune Downer ceci dit : le cynisme était presque sa seconde langue tant il aimait le pratiquer. Il était homme de peu de mots, certes, mais il les rendait souvent plus acides et moqueurs que la plupart des gens ne le faisait. Parfois, il le faisait pour blesser, mais plus souvent il ne parlait ainsi que par jeu. Et si la flamboyante rouquine à ses côtés voulait jouer, elle allait être servie. La discussion dériva sur la qualité de la bière qu’ils étaient en train de boire. Ca n’était pas la meilleure qu’il avait goûtée dans sa vie, mais c’était loin d’être la pire en ville – ce qui en disait long sur le goût des Américains à s’enivrer d’une boisson diluée à l’eau dont le reste du monde se moquait. Il y avait tellement plus alcoolisé que ces malheureuses Bud Light qu’il était surprenant que les soit disant soiffards du continent nord-américain ne fassent pas un coma éthylique en buvant une gorgée de rhum ou de bourbon. Sa voisine de comptoir avait l’air d’accord pour dire qu’en matière de vraie bière, celles de Radcliff laissaient très largement à désirer, et elle semblait si passionnée sur le sujet qu’il en vint à lui demander si elle venait des verts paysages d’Irlande pour tenir un tel discours. Il avait vu juste semble-t-il puisqu’elle le lui confirma, le tout avec un accent qui ressortait d’autant plus maintenant qu’elle lui en avait fait la remarque. Un très fin sourire en coin se peignit sur son visage.
- Y a des légendes qui sont vraies apparemment. Altaïr.
Il leva le bras pour serrer la main qu’elle lui tendit, ne pouvant s’empêcher de faire une remarque sur la couleur de ses cheveux de feu. Ladite remarque sembla amuser la dénommée Moira puisqu’elle lui répondit dans un sourire. Le jeune homme haussa un sourcil. A croire qu’elle avait lu dans ses pensées, ou bien qu’on lui avait réellement demandé si souvent dans sa vie s’il s’agissait de sa véritable coloration qu’elle avait développé ce réflexe ; le sien fut de la détailler rapidement de haut en bas une nouvelle fois avant que ses yeux bleus ne reviennent se fixer dans les siens.
- J’me demande combien ont eu la chance de vérifier.
C’était un compliment qui n’en avait pas l’air, une petite phrase lancée comme ça, juste pour voir. Il laissa l’Irlandaise se rasseoir et vider son verre, un air triste sur son visage qu’elle sembla chasser comme elle put, relançant une conversation qui aurait très bien pu ne pas exister. Le mécanicien haussa un sourcil. Des choses, il en avait à raconter, ne serait-ce que s’il prenait le temps de décrire ses voyages. D’où il venait, c’était une autre histoire, qui venait titiller un sujet quelque peu sensible et auquel il se contentait bien souvent de répondre par le strict minimum.
- D’une autre ville du Kentucky. J’ai fait le grand tour des Etats, je suis revenu dans celui-là que depuis deux mois.
Il avait quitté l’Oregon pour venir chasser à Radcliff, ayant entendu parler de la réputation de la ville en la matière. Et s’il ne comptait pas se rattacher à la bannière de Lancaster, il espérait apprendre deux ou trois petites astuces qu’il n’avait pas encore dans sa manche. Après tout, on n’atteignait jamais vraiment la perfection, et il savait qu’il avait encore du chemin à faire avant d’être réellement considéré comme un chasseur émérite malgré les proies qu’il avait déjà abattues. Finissant sa bière, il écouta faire sa camarade de beuverie improvisée et finit par céder, commandant au barman un verre de rhum.
- Et vous, quand vous falsifiez pas votre mort, vous faites quoi dans la vie ?
Altaïr n’était pas encore très bavard. Il tâtait le terrain, la laissait parler d’abord, répondait à ses questions sans trop donner de détails mais toujours avec franchise – il saurait bien assez tôt s’il avait à mentir sur qui il était ou non.
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: We are here to drink your beer [ft. Moira] Lun 2 Mai 2016 - 17:10
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Moira & Altaïr
Depuis quelques temps maintenant, j'avais du mal à fixer mon attention sur quoi que ce soit. Lorsque l'envie me venait de me défouler en reprenant hargneusement la cadence d'un concerto, je m'en lassais au bout de deux minutes. Je tentais ensuite de me venger en ouvrant un bouquin de recette, mais à peine avais-je choisi celle que je voulais faire que j'avais perdu la motivation de cuisiner. Et quand enfin je tentais de faire taire les hurlements que je poussais intérieurement en dormant, je restais là à fixer bêtement le plafond. Et ce soir-là, ma bière dans une main et le derrière vissé sur un siège de bar, c'était la même chose : J'avais déjà envie de partir en courant pour focaliser mon esprit sur autre chose. Sans ce type un tantinet bourru qui m'avait abordé quelques minutes plus tôt, j'aurais laissé mon verre à moitié plein et un billet sur le bar avant de quitter les lieux. C'était bête et méchant, mais je n'arrivais plus à être constante sur quoi que ce soit, et il m'arrivait parfois de me dire qu'entre quatre planches, j'aurais au moins été certaine de ne plus penser du tout. Défaitiste ? Non... Simplement très perturbée et subissant de plein fouet le choc post-traumatique. L'autre semblait prêt à se prêter au jeu de la conversation impromptue au milieu d'un bar, et je m'approchais de lui pour ne plus avoir à hurler à l'autre bout du comptoir. Ainsi donc, il était mécanicien...
« Ah... Amateur de vieux bolide ? Vous devez en trouvez pas mal dans la région, des collectionneurs... », dis-je en avalant une gorgée de bière. « Je suis violoniste soliste... Même si actuellement ce n'est pas évident de ravir les oreilles de qui que ce soit à Radcliff... »
Aurais-je dû dire « étais » ? Après tout, je ne savais pas trop ce qu'allait donner ma carrière, maintenant que j'étais supposée être morte et que le blocus tenait toujours... Bien que mon agent n'ait pas rendu l'annonce de mon décès public, j'étais dans le flou total concernant la suite. Finalement, c'était presque amusant de voir que nous étions deux manuels, tout en exerçant des métiers totalement différents. Lui devait avoir les mains abîmées par les huiles de moteurs et les outils, tandis que les miennes s'étiraient en de longs doigts arachnéens et étaient plus souvent couvertes de colophane qu'autre chose. Fallait bien avouer que ce métier allait sûrement mieux à ce type que n'importe quel boulot impliquant des talents d'orateur et des discours... Il avait plutôt l'air du genre taciturne et peu bavard et... Quelque part, ça me changeait des habituelles pipelettes que je côtoyais. Lorsqu'il m'eut donné son prénom, il me serra la main. Je sentis la rugosité de son épiderme contre le mien qui me confirma qu'en effet, il n'avait pas peur de mettre les mains dans le cambouis.
« Comment les légendes prendraient forme, s'il n'y avait pas une forme de vérité pour les alimenter ? Altaïr... Original, comme prénom... On peut dire que vous avez littéralement une bonne étoile à votre nom. »
Comment je savais ça ? Aucune idée. Ça devait probablement remonter à mon enfance, à cette époque où ma mère, passionnée d'astronomie, s'était mise en tête de nous apprendre toutes les constellations une par une, avec mon frère. Je me souvenais encore de cette époque... Artur, gentiment assit sur les genoux de ma mère, qui récitait sérieusement les noms des étoiles, tandis que je me m'amusais à rendre notre chat complètement fou en lançant des étoiles en plastique de tous les côtés. Mais j'avais retenu quelque chose, notamment Altaïr, cette étoile issue de la constellation de l'aigle... Et... Ça n'avait peut-être aucune signification, mais c'était classe ! Je fus alors chassée de mes pensées par sa remarque amusée, j'esquissais un sourire chafouin.
« Aucune idée, ce n'est pas le genre de chose que je compte en général. Je rêve ou vous êtes en train de me détailler ? »
Loin d'être offusquée, j'étais simplement amusée par la situation, lui renvoyant la balle avec bonne humeur. Enfin... Si tant est que je puisse réellement être de bonne humeur en de telles circonstances.
« Vous avez pas mal voyagé ? Quel est le plus chouette coin des states, à votre avis ? Je n'ai connu que New-York et Chicago avant de venir m'enterrer ici, à vrai dire... Un conseil, ne vous attardez pas dans cette ville. Elle a le don de porter la poisse aux gens... », grognais-je.
Et je parlais en toute connaissance de cause. Avant d'arriver à Radcliff, j'avais été chanceuse sur bien des points. Une enfance heureuse, éduquée dans un milieu relativement aisé, le chance de fréquenter les plus grands conservatoires, de faire des tournées... Et puis il y avait eu l'après. Des rencontres dont je me serais bien passée, des blessures, la peur, le vaccin, les meurtres, la douleur... Comme Seth avait pris l'habitude de dire, j'étais un vrai chat noir et devais probablement payer les erreurs d'une de mes vies antérieures. Songeant à mon ami, mon cœur se serra. Il ne fallait pas que j'y pense, sinon l'envie d'aller le trouver pour le serrer dans mes bras dépasserait ma raison. Il avait déjà fallu que mon père m'enferme pour m'empêcher d'aller trouver le calédonien, quand j'avais appris qu'il avait été vacciné... Heureusement que mon compagnon de beuverie improvisée était là pour me rappeler à l'ordre et me changer les idées !
« Et bien comme je vous le disais, je suis violoniste. J'occupe la plupart de mes journées en travaillant mon instrument, j'enregistre aussi parfois des disques et donne des concerts... La vie d'artiste, quoi ! C'est d'ailleurs assez difficile de m'y adonner avec ce fichu blocus... »
Ce boulot, pour rien au monde je ne l'aurais échangé. Et pourtant, il était éprouvant à bien des égards. Pression, intransigeance du public... J'avais autant eu droit aux fleurs et acclamations qu'aux critiques virulentes dans la presse spécialisée.
« Je me pose une question... Pourquoi Radcliff ? Vous avez dû voir des tas de lieux incroyables aux States, alors pourquoi venir vous installer dans une petite ville perdue au milieu de nulle part ? »
Pourquoi avoir délibérément choisi de venir s'enterrer dans l'une des villes les plus meurtrières du pays, également...