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 Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...

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Moira Kovalainen
Moira Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 30/04/2015
MessageSujet: Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...   Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red... Icon_minitimeJeu 10 Mar 2016 - 13:28

Kiss While Your Lips Are Still Red...
Moira & Seth



Le destin a toujours eu c'talent pour me prouver que quoi que je fasse, il me battrait par K.O à la fin. Y avait quelque part cette putain d'ironie du sort qui me donnait presque envie de rire, tant j'avais l'impression que mon existence ressemblait à une blague particulièrement douteuse. Chaque fois que les choses semblaient un peu s'améliorer, c'était pour mieux me faire dégringoler au bas de l'escalier. Foutu karma qui avait décrété que j'étais la victime idéale... J'avais dû être une sacrée connasse dans une vie antérieure, pour mériter ça ! Ou bien payais-je pour tous les fils de catin qui peuplaient la planète, auquel cas je n'avais pas fini d'en baver.

Je m'appelais Moira, je venais d'avoir trente ans... Et j'avais fêté ça dans le plus grand secret, sans le moindre enthousiasme et n'avait même pas touché au gâteau. Pourquoi, la génoise au chocolat recouverte d'une épaisse couche de gelée de framboise, c'était mon péché mignon. Il fut un temps où je n'en aurais pas laissé une miette, allant jusqu'à l'indigestion. Seulement ça, c'était quand j'étais encore vivante.

Car oui, j'étais morte. Et non, je n'étais ni un fantôme, ni une hallucination et encore moins un souvenir. Harry Potter et Sixième Sens, ça relevait de la fiction... Quoi que ma vie commençait franchement à ressembler à un roman de Stephen King, à force. J'étais morte aux yeux du monde, on avait pu lire mon nom dans la rubrique du journal local, tous mes amis étaient venus sapés comme des pingouins me pleurer le jour de mon enterrement... Et moi j'étais restée là. A les regarder des loin en attendant que mon père me dépose chez Malachi. J'étais restée là, assistant par procuration à mes propres obsèques, lisant la douleur sur le visage de mes proches alors que je mourais d'envie de leur dire que j'étais bien vivante. Ce mensonge éhonté me broyait les entrailles chaque fois que j'y pensais, et je n'avais pas supporté cette mascarade bien longtemps. Pour mon père, c'était la meilleure chose à faire. En me faisant passer pour morte, j'échappais au courroux du cinglé qui avait essayé de me tuer. Je me faisais oublier et pouvais commencer une nouvelle vie.

Seulement, cette vie là, je devais la passer loin de mon frère pour ma propre sécurité, loin de Theodora, de Marius, de Martial... De Seth... J'en voulais à mon père tout en comprenant parfaitement pourquoi il avait agit ainsi. Je savais qu'il faisait cela pour me protéger, tout comme je savais que je ne serais pas en mesure de remonter la pente dans ces conditions. Car si j'étais toujours miraculeusement en vie, je n'allais pas bien. Pas bien du tout, même. Mon corps fonctionnait parfaitement, je n'avais plus la moindre blessure ou cicatrice, mais mon esprit était ailleurs. Je n'aurais pas dû être là. J'aurais dû être dans cette horrible boîte en bois, hideusement vernie et décorée pour avoir l'air moins lugubre. J'aurais dû reposer six pieds sous terre, parce que c'était ça, l'ordre naturel des choses. On naissait, on vivait, on mourait, point barre. Et certes, ma mort n'avait rien eu de naturel. Parce que la moitié de la population de cette ville était cinglée, je m'étais faite tirée dessus et avais assisté, impuissante, à un combat sans queue ni tête entre mon frère, mon père, et un type dont je me souvenais à peine du nom. J'aurais du mourir, ce jour-là. De quoi ? Il y avait l'embarras du choix. D'une trop importante hémorragie, d'une perforation de l'estomac ? Mais celle qui me semblait la plus réaliste restait cette balle qui était venue se loger dans mon poumon. Parce que respirer était un automatisme, on se rendait rarement compte de l'importance et se la fragilité des poumons. Je m'étais tout bonnement noyée dans mon propre sang, priant avec toute la force de ma conviction d'athée cartésienne pour que tout cela s'arrête, pour que la douleur cesse et que je puisse enfin souffler.

J'avais un instant cru que tout était fini, que je n'aurais pas à ronchonner en atteignant la trentaine, que je ne finirais jamais ni incontinente ni gâteuse, qu'égoïstement je n'aurais pas à pleurer mes proches partis avant moi... Et puis je m'étais réveillée. Ailleurs et bien en vie, totalement guérie. Parce que mon père avait soudoyé un mutant au pouvoir régénérateur, et parce que j'avais une chance inouïe. Pourtant, je gardais un goût amer dans la bouche. Et si William avait eu cette chance ? Si ma mère avait eu un mutant altruiste à ses côtés elle aussi ? Ils seraient encore en vie et je n'aurais pas à me sentir coupable de l'être et pas eux. Je lui devais une fière chandelle, à ce type... Alec... Même si depuis, j'avais plutôt envie de lui enfoncer le nez dans le bitume, tant mon corps courbaturé par ses entraînements me faisait souffrir. Je n'étais pas prête pour tout ça, c'était trop trop frais dans mon esprit, trop... Mais pouvais-je vraiment espérer aller mieux un jour ? Je n'étais pas certaine de pouvoir un jour oublier cette terreur et cette douleur indicible.

Alors ça faisait un mois. Un mois que je dormais deux heures par nuit, que je me réveillais en hurlant, que je pleurais pour un rien et que ma mutation échappait régulièrement à mon contrôle. J'avais fini par ne plus supporter cette situation. J'avais voulu aller voir Seth, et mon père m'en avait empêchée, après m'avoir dit que l'enfoiré de patriarche Caesar lui avait planté une seringue de vaccin dans les fesses. Je n'avais jamais apprécié ce type – trop froid, trop pédant, trop pète couille pour moi – mais il était passé du stade de simple parasite à celui d'ennemi public numéro un, dans mon esprit. Si je m'étais écoutée, je serais partit lui refaire le portrait pour lui passer l'envie de s'en prendre à mes amis. Aussi, à défaut d'aller péter des dents, j'étais aller voir le cadet des Caesar, Marius. Méconnaissable, le Marius. Perturbé, terrifié par le fou furieux qui lui avait tiré dessus... Au final, nous étions aussi brisés l'un que l'autre, et ça n'avait fait que renforcer notre amitié. Il n'avait pas bronché en me sachent vivante et quelque part, ça m'avait soulagée de voir que les choses n'avaient pas changées entre nous. Sans Malachi et Marius, nul doute que je me serais réfugiée dans un coin et aurait attendu gentiment que la mort vienne m'achever, tant j'étais terrifiée par tout.

Une porte qui claque ? Je sursautais et sentais les larmes me monter aux yeux. Un haussement de ton ? Mes nerfs se mettaient en alerte. Je me sentais pitoyable, ridicule, faible... Je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Envolée, la Moira qui tenait tête à tout le monde et envoyait péter les vilains ! Bonjour la tapette qui s'écrasait au moindre mot !

J'observais la grille du cimetière et poussait un profond soupir. C'était la deuxième fois que j'y venais, et je sentais toujours un frisson glacé et désagréable me secouer l'échine. J'allais encore voir cette pierre toute lisse et toute plate, sur laquelle ils avaient trouvé le moyen de foutre une hideuse photo de moi concentrée sur ma sonate de Mozart le jour de mon concours de fin d'études au conservatoire. Je devais avoir seize ans, à l'époque, la frange devant les yeux, l'air concentré et bougon... Que du glamour ! Et juste en dessous, à côté des plaques à la con et des tonnes de fleurs diverses et variées qui recouvrait la tombe, on pouvait lire :

« Moira Sinéad Kovalainen, 15 juin 1985 – 28 mai 2015 »

De la joie et du bonheur dans vos vies, je le sens. A peine trente ans, pas un âge pour mourir, quelle tragédie, blablabla... J'en avais entendu, des conneries de ce genre. Je n'en pouvais plus, de ces airs affligés, j'avais vu des visages que je ne connaissais même pas se mêler à mes proches, et je me sentais profondément indigne de toute cette attention que j'avais suscité... Je n'avais pas eu des funérailles nationales ni trois jours de deuil avec minute de silence et tout le bordel, mais voir mes quelques amis proches contenir leurs larmes m'avait suffit.

Je poussais la grille qui grinça sur ses gonds et m'avançait entre les allées bien entretenues et calmes du cimetière. Curieusement, je trouvais l'endroit beaucoup moins glauque et bien plus reposant qu'auparavant. Je prenais garde à ne croiser personne de connaissance – après tout un mort en dehors de sa tombe, on appelle ça un revenant ou un zombie, et dans les deux cas ça pue, au sens propre comme au figuré – et avançait rapidement vers la dernière allée. Et lorsque j'arrivais, je me figeais, le cœur battant à tout rompre. Cette silhouette, je l'aurais reconnue entre mille... Cette carrure, ces jambes, ce crâne à moitié rasée et cette crête qui me faisait tellement fantasme... Cet homme, je le connaissais pour avoir passé autant de temps à batifoler dans ses bras qu'à lui confier mes plus noirs souvenirs. On avait partagé bien plus que des amants, des amis... Ca avait bêtement démarré en une conversation banale dans un bar, quelques sous entendus, une invitation lancée au hasard... Et ça avait fini chez moi, comme on l'imagine.

Seth... Je n'aurais pas dû aller le voir, je le savais vacciné... Je le savais très mal en point depuis... Mais je mourais d'envie de lui parler, de lui dire que j'allais bien et qu'il n'avait pas à s'en faire. Il me manquait, aussi cruellement que Marius m'avait manqué. Je tenais bien plus à lui que je n'aurais bien voulu l'admettre, et l'idée de le faire souffrir par mon mensonge me retournait les tripes. Alors je fis fi de mes scrupules et des avertissements de mon père et de Malachi. Je m'avançais doucement vers lui, me plantant à ses côté pour regarder la tombe devant laquelle il était figé. Il y avait toujours trois tonnes de pétunias et autres conneries colorées dessus, et je remarquais qu'il avait un bouquet de roses à la main.

« Tu devrais savoir que mes fleurs préférées, ce sont les lys... J'suis pas une nana ordinaire, les roses j'trouve ça chiant et convenu... »

Je me tournais vers lui avec un sourire qui se voulait joyeux, mais tant emprunt de tristesse que personne n'y croyait.

«Salut, Seth... J'suis contente de te revoir. Tu m'as manqué... »
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Seth Koraha
Seth Koraha

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MessageSujet: Re: Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...   Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red... Icon_minitimeJeu 10 Mar 2016 - 13:32

Moira & Seth
 

Au commencement, il y eut la fièvre.
Elle avait saisi Seth d’un coup, sans prévenir, alors que des maux de têtes monstrueux lui donnaient l’impression que son crâne était compressé dans un étau depuis deux jours. Il y avait eu la fièvre et puis les tremblements, et sa température qui n’avait cessé de monter, encore et encore, comme un mois plus tôt, comme après ce fichu vaccin qui avait manqué le tuer. Et il manqua le tuer encore une fois lorsque ses effets disparurent. Comme si ce nouveau lui, ce lui sans mutation, ce lui sans limites et sans scrupules qui était né après son arrêt cardiaque en faisait un à son tour. Heureusement que lorsqu’il s’écroula pour la seconde fois, Malachi était présent. Ou peut-être était-il dans la pièce attenante, le trafiquant n’en savait rien, ce souvenir encore bien trop flou dans son esprit. Toujours est-il que son cœur s’était arrêté, encore – et qu’il avait redémarré, encore. A croire qu’il s’accrochait à la vie comme une tique à un chien errant. Il était revenu d’entre les morts il ne savait comment, se demandant s’il y avait une bonne étoile qu’il devait remercier ou s’il devait juste se contenter d’apprécier la robustesse de son palpitant. A l’occasion, il repasserait à l’hôpital pour une vérification de sûreté.
Lorsqu’il s’était réveillé, il était allongé dans la chambre du manoir Porter où le motiopathe et Pietra l’avaient confiné durant quelques jours. Ca avait été une excellente idée lorsqu’on savait ce dont il avait été capable. Il avait mis un petit moment à reprendre ses esprits et à prendre pleinement conscience de ce qu’il avait fait durant trois semaines. Trois longues semaines à rôder dans la ville comme un prédateur, à semer des cadavres derrière lui et à en envoyer les morceaux à Hippolyte Caesar. Trois semaines de démence qui l’avaient poussé à des extrémités dont il ne se croyait pas capable. Tout lui revenait d’un coup, et avec les souvenirs venaient les regrets. Il se sentait mal, incroyablement mal, et dès qu’il fermait les yeux pour essayer de se reposer, il revoyait tous les morts dont il avait parsemé les rues de Radcliff ; il revoyait les expressions méfiantes et terrifiées de ses hommes de main. Il revoyait Ivory s’enfuyant loin de lui alors qu’il lui tirait dans la jambe juste pour voir si sa mutation parviendrait à dévier la balle. Les rares moments de sommeil qu’il avait étaient hantés de cauchemars immondes dont il se réveillait hurlant et en sueur. Il ne savait pas quoi faire de ses journées, terrassé par la réalité de ce qu’il avait fait. Il fixait parfois ses mains durant de longues minutes, immobile, silencieux, comme si elles allaient soudainement se rougir de tout le sang qu’il avait versé. Vingt-trois. C’était le nombre de personnes qu’il avait tué durant ce laps de temps. A croire qu’il avait eu une chance insolente qu’on ne l’arrête pas plus tôt. Heureusement que Malachi et Pietra lui étaient tombé dessus avant qu’il n’aille réellement mettre fin à la vie du père de Marius.
Marius. Rien que de penser à lui, il avait envie de se frapper la tête contre les murs jusqu’à s’en faire exploser la boîte crânienne. Quel mauvais ami, quel très mauvais ami il faisait. Aucun vaccin, aucun délire ne pouvait justifier la situation dans laquelle il l’avait mis. Il avait honte à un point où c’en était physiquement douloureux. Il aurait tant voulu aller voir le jeune homme et lui demander pardon, le supplier à genoux s’il le fallait, mais il ne se sentait pas le droit d’aller le voir. Il aurait eu l’impression que respirer le même air que lui n’aurait été qu’un affront de plus, et c’était la dernière chose qu’il voulait. Il lui avait déjà fait suffisamment de mal comme ça. Alors, à défaut d’avoir le courage nécessaire pour aller voir le Français, il était allé voir ses hommes et leur avait parlé, à tous, puis un à un. En plus des excuses, il offrait à ceux qui le voulaient l’occasion de partir. Toutes les preuves qu’il avait sur eux, tout ce qui aurait pu les mettre à mal, il les aurait brûlé sous leurs yeux pour leur prouver que personne ne viendrait après eux, ni lui, ni la police, ni personne. Quelques uns étaient parti ; les autres étaient resté, et le trafiquant leur en était incroyablement reconnaissant. Il se sentait indigne de la confiance qu’ils voulaient bien lui accorder une dernière fois. A ses yeux, il n’était plus bon à rien après tout ce qu’il leur avait fait subir. Mais il n’était pas encore seul, c’était déjà ça. C’était au moins ça, et toutes les personnes qui étaient restée, il se promit de leur montrer à quel point il appréciait le geste.
Il avait d’autres gens à voir, bien sûr, d’autres personnes auprès desquelles s’excuser pour ce par quoi il les avait fait passer. Il avait déjà commencé avec Malachi et Pietra, puis ses hommes, et désormais il hésitait. Aller voir Marius ? Pas encore, pas tout de suite. Il n’était de nouveau lui-même que depuis six jours et il avait encore trop peur d’une rechute, trop peur de le blesser à nouveau d’une manière ou d’une autre. Pour Ivory, c’était la même chose ; que se passerait-il si, sur un coup de tête, il décidait de la  tester une fois encore ? Que se passerait-il s’il voulait lui faire mal une nouvelle fois ? Il ne se le pardonnerait pas. Il ne se pardonnait déjà pas cette balle qui avait ricoché contre sa jambe d’acier, cette balle dont l’écho résonnait à ses oreilles comme une affreuse promesse de mort lancée à l’une de ses meilleures amies. Bob … Bob, il n’était pas sûr du tout que l’homme veuille le voir. Et de toute façon, il ne pensait pas être capable de le regarder dans les yeux sans s’écrouler de honte. Peut-être valait-il mieux en rester là, même si ça lui brisait le cœur, même si ça le rendait encore plus malheureux qu’il ne l’était. Mais le trappeur méritait mieux que lui. C’était quelqu’un de bien qui avait mieux à faire que de traîner avec un pauvre fou qui avait perdu toute notion de bien et de mal. Mieux à faire que quelqu’un qui aurait fini par le rendre triste. Alors, lorsqu’il eut fait ses comptes et parce qu’il était encore trop lâche pour affronter le regard de ceux qui lui étaient chers, il se rendit au cimetière.

Un bouquet de roses blanches à la main, Seth se tenait debout devant la tombe de Moira, la gorge serrée et l’estomac noué. Il n’était pas venu la voir depuis qu’elle avait été mise en terre – la faute à la pluie qui l’avait fait entrer dans le bâtiment Caesar, la faute à son téléphone dont il avait mal réglé le volume, la faute au chasseur qui lui avait enfoncé une seringue de NH24 dans le cou. Il avait été incroyablement chanceux que le vaccin ne soit pas définitif. Il n’avait pas encore osé vérifier que sa mutation était revenue mais si la folie s’était dissipée, alors son sable avait dû revenir. Il verrait ça plus tard, bien plus tard, lorsqu’il n’aurait plus l’impression d’être un affront fait au monde entier. Sa poigne se resserra autour des tiges sans épines tandis qu’il déglutissait. Dieu que la jeune femme lui manquait. Il avait besoin d’elle, là, maintenant, alors qu’il n’osait se montrer à personne. Il avait besoin de son énergie, de ses blagues, de son humeur incroyable – il avait besoin de sa présence qui était devenue si familière, si rassurante en si peu de temps qu’ils se connaissaient. C’était plutôt dingue de s’attacher comme ça à une personne qu’on avait rencontré dans un bar et avec laquelle on avait terminé dans un lit. Et pourtant, l’Irlandaise avait rapidement pris une place importante dans sa vie et dans son cœur. Il n’avait pas pu commencer son deuil avec ce qui lui était arrivé et, quelque part, ça n’avait fait que retarder l’échéance d’une douleur plus grande encore que ce qu’il avait imaginé. Moira lui manquait, atrocement, et il aurait tellement voulu la voir en ce moment où il se trouvait au plus bas. Mais la jeune femme ne reviendrait pas. Elle ne reviendrait jamais, et tout ce qu’il pourrait faire, ce serait visiter sa tombe le temps qu’il resterait à Radcliff. Ceci dit, même s’il venait à partir, il savait déjà qu’il reviendrait tous les ans fleurir sa sépulture. Il ne savait pas encore à quelle date, mais il le ferait. Probablement à son anniversaire, pour lui rappeler qu’elle n’avait pas eu la chance d’être une vieille trentenaire alors que lui avait cinq ans d’avance sur elle. Si seulement elle avait pu voir la fête qu’il voulait lui faire pour ses trente ans.
Poussant un soupir douloureux, il resta debout là, devant cette stèle de pierre, totalement indifférent à la personne qui venait d’arriver et se tenait à côté de lui, les yeux rivés sur le marbre et les fleurs qui le décoraient. Seulement, l’inconnue ne resta pas silencieuse bien longtemps. Et la voix qui s’éleva à sa droite lui donna l’impression que son cœur allait s’arrêter à nouveau tant il s’emballa. Ses sourcils se haussèrent et ses yeux s’écarquillèrent. C’était une hallucination, rien de plus. Ca ne pouvait être que ça. Ca ne pouvait être que des relents des effets secondaires du vaccin, ou bien lui qui divaguait plus que de raison. Parce que la propriétaire de cette voix, elle était là, à ses pieds, couchée dans une boîte en bois, laissée aux bons soins des vers qui viendraient dévorer sa carcasse. L’homme de sable resta immobile, comme frappé par la foudre. Lentement, très lentement, il se tourna sur le côté et crut qu’il allait s’arrêter de respirer pour de bon. Sous ses yeux se trouvait quelqu’un qui n’aurait pas dû s’y trouver – qui  n’aurait pas pu s’y trouver. Comment aurait-elle pu alors qu’elle était morte et enterrée ? Il y avait une explication, forcément une explication. C’était une mutante métamorphe qui jouait avec ses nerfs, un illusionniste qui avait décidé de le faire souffrir. Mais Moira, sa Moira, elle ne pouvait pas être là. Elle ne le pouvait pas.
Et pourtant, il ne se dit pas une seconde qu’il pouvait réellement s’agir d’une autre personne. Il la dévisagea avec autant d’incrédulité qu’il était possible d’exprimer ; et puis une grimace vint déformer ses traits, non pas de soulagement mais de colère. Ce fut une bouffée de rage qui lui monta au nez, à tel point qu’il en jeta les roses au sol, les laissant se fracasser dans l’herbe humide.

- Tu fais CHIER, Moira ! Merde, à quoi tu pensais, putain !? T’as une idée de c’que ça fait d’être à ton enterrement !?

Sa voix était forte et portait loin, attirant probablement l’attention de passants dont il se fichait royalement. Le reste du monde avait disparu. Il n’y avait plus que lui et la jeune femme qui avait toujours les mêmes yeux bleus, la même peau claire, les mêmes cheveux roux dans lesquels il avait tant de fois passé la main. C’était elle, ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre. Et dieu qu’il était en colère contre elle.

- T’as vu dans quel état tu nous as mis ? T’étais là pour voir ? J’espère que t’as profité du spectacle, parce que de mon point de vue, c’était MERDIQUE ! Et puis il a fallu s’occuper de tes putains d’bestioles aussi ! On a tous tes chats à l’appart, TOUS ! Y a des poils partout ! C’est ta faute, bordel !

Il n’avait pas été vindicatif bien longtemps : ses reproches avaient été délivrés de moins en moins brutalement, comme si ce coup de sang n’avait été qu’une réaction naturelle au choc de la revoir là. Il la fixait toujours et sa vue se brouilla alors que les larmes commençaient à faire briller ses yeux.

- C’est ta faute, Moira …

Sa voix se brisa en un murmure douloureux avant qu’un sanglot ne vienne le secouer. Sans attendre une seconde de plus, il se jeta sur la jeune femme et la serra dans ses bras, la pressant contre lui, contre son cœur, comme pour l’empêcher de s’envoler une fois encore ; et de la sentir comme ça, d’avoir à nouveau sa chaleur et son parfum, il ne put résister plus longtemps et se mit à pleurer comme un enfant, sans retenue, comme si la pression des derniers jours s’envolait d’un coup, balayée par une seule véritable bonne nouvelle – par un seul véritable miracle.

- Moira …


Dernière édition par Seth Koraha le Jeu 10 Mar 2016 - 13:35, édité 1 fois
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...   Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red... Icon_minitimeJeu 10 Mar 2016 - 13:34

Kiss While Your Lips Are Still Red...
Moira & Seth



Je savais que je n'aurais pas dû me trouver là. Je savais que j'aurais dû être dans cette boîte, sereinement endormie et loin de toute la pourriture ambiante de ce monde de merde. Ce qu'il y avait derrière le voile de la mort ? Je n'en avais aucune idée. Je n'avais pas vu ma vie défiler devant mes yeux, je n'avais pas vu le sourire de mes proches illuminer un peu le chemin obscur qui m'emmenait droit au tombeau... Je ne l'avais pas vu, cette putain de lumière blanche au bout du tunnel. Tout ce que j'avais vu, c'était le plafond de mon salon s'éloignant de plus en plus, tandis que je m'enfonçais dans une inconscience douloureuse. Personne ne m'avait tendu la main pour m'emmener, j'avais eu conscience de la présence de mon père, d'Artur, d'Alec, mais je m'étais sentie atrocement seule et abandonnée. Car c'était ça, la réalité des choses : On était seul dans la mort, on n'était jamais accompagné de qui que ce soit. Je m'étais noyée dans mon propre sang, avait enduré une souffrance que je ne pensais pas possible, je n'avais rien vu de beau ni de reposant dans tout ça. Mourir assassinée de cette manière, c'était juste crade et douloureux. Et terrifiant. Car j'étais humaine, comme tout le monde j'avais peur de la mort. J'avais peur de ce que je pourrais trouver derrière, peur de ce qui m'attendais... Peur de ne plus jamais revoir mes proches. Je ne cessais d'ailleurs d'y penser, même si j'étais vivante et... Apparemment en forme. Il fallait dire que le sang d'Alec avait fait un travail remarquable. Pas une cicatrice, pas un bleu, pas une plaie n'avait résisté. Tout ce qui subsistait, c'était ce teint pâle et cette maigreur que je traînais depuis la mort de William. Et puis cette expression terrifiée sur mon visage, l'impression que je donnais d'avoir peur de tout, même quand je souriais... Ce n'était pas une impression. Tout m'angoissait, les ombres, le vent, les gens... La solitude. Lorsque je me retrouvais seule, tous mes vieux fantômes revenaient me hanter et j'enchaînais les crises d'angoisse.

Je me détestais d'être comme ça, une vraie poule mouillée ne supportant plus le moindre petit sursaut... Mon père disait que c'était le contrecoup, le choc de ce qu'il m'était arrivé... Je voulais bien le croire mais je refusais de rester ainsi pour le restant de mes jours. Si j'avais eu droit à une deuxième chance, je ne voulais pas la passer à me faire des cheveux blancs, sinon je pouvais être certaine de faire une crise cardiaque à trente cinq ans. C'est pour ça que j'avais besoin de mes amis, besoin de reprendre une vie normale, de me confronter à nouveau à la réalité... Je n'avais qu'une hâte, pouvoir reprendre les concerts et les récitals. Je m'en foutais si ça devait briser la couverture savamment mise en place par mon père, j'en avais besoin. Il n'avait pas l'air de comprendre que sans cet équilibre, il ne retrouverait jamais vraiment sa fille. Plutôt crever maintenant que de finir par ne plus être qu'une coquille vide sans émotions.

Alors je me retrouvais là, face à ma propre tombe, contemplant ma mort tout en sachant que tout ceci n'était qu'une mascarade. Sous la terre, il y avait cette boîte en je ne sais quel bois, et à l'intérieur... Rien. C'était un cercueil vide. Le même que j'avais fais mettre en terre pour William. Sauf que lui était bel et bien parti, lui ne reviendrait jamais... Je jetais un coup d'oeil à côté de ma tombe et ma gorge se serra. Son nom y était gravé, ses dates également... Ou du moins la date approximative de son décès, puisque j'ignorais quand il était réellement mort. C'était presque un cliché... Unis dans la mort et tout le blabla qu'on pouvait foutre autour... Je n'avais pas prévu que Seth soit là, mais j'aurais pouvoir sauter à son cou, le serrer dans mes bras, pleurer jusqu'à en avoir les yeux rouges... J'aurais voulu lui dire à quel point il m'avait manqué, à quel point j'étais désolée... C'est une blague ridicule qui sortie. Parce que je n'avais pas les mots suffisants pour lui dire ça. J'aurais dû inventer un tout nouveau vocabulaire pour lui dire ce que j'avais dans la tête. Ca faisait plus d'un mois que je ne l'avais pas vu. Plus d'un mois sans aller boire un coup avec lui, sans s'envoyer des textos sans queue ni tête jusqu'à pas d'heure, à ne pas le cuisiner un peu pour savoir où en était son histoire avec Bob, à ne pas refaire le monde une bouteille à la main dans un coin de Radcliff... A mon réveil, j'aurais voulu qu'il soit là, pour tout lui raconter, qu'il me rassure, qu'il me prenne dans ses bras... Mais lorsqu'il se tourna vers moi, je fis immédiatement un pas en arrière.

Je m'attendais à quoi ? A ce qu'il soit heureux de me voir ? La bonne blague... Il m'avait cru morte et moi je me pointais là, comme une fleur, pensait qu'il m'accueillerait à bras ouverts... Il n'y avait que Marius pour en avoir suffisamment marre de tout ça et accepter la chose telle qu'elle était. L'angoisse vint me serrer la gorge, et je dû lutter pour ne pas prendre mes jambes à mon cou. Et s'il n'était pas guérit du vaccin ? Je sursautais lorsqu'il jeta les roses à terre, les larmes aux yeux. J'avais peur, tellement peur... Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et je luttais pour ne pas craquer. Je n'avais pas de raison d'avoir peur de Seth, aucune, même... Mais ses reproches étaient justifiés. Et je subissais la douche froide en murmurant des excuses chargées de sanglots.

« Je... J'suis désolée, Seth... Pardon... C'est mon père il... Il a dit que c'était la meilleure chose à faire et... Et pardon pour les chats... J'suis désolée... »

Ça n'avait aucun sens, mais j'étais incapable de tenir un discours censé. Je m'en voulais, bordel que je m'en voulais... Oui j'étais là, le jour de l'enterrement... Et non je n'avais pas profité du spectacle, je l'avais subis. J'en avais voulu à mon père de m'avoir fait passer pour morte, même si je savais que c'était la meilleure solution pour que mon... Presque meurtrier me crois réellement morte. Je tremblais, j'avais envie de prendre Seth dans mes bras mais m'y refusais catégoriquement. Je ne voulais pas qu'il me rejette, me repousse, m'en veuille... Je culpabilisais déjà assez pour deux.

« J'suis désolée, Seth... C'est ma faute... Tout est ma faute... »

Les larmes coulaient sur mon visage lorsqu'il se précipita sur moi pour me prendre dans ses bras et, par instinct, je me raidis, sur le qui-vive. Mais rapidement tout mon corps se détendis, et je me laissais aller contre lui, serrant mes doigts contre sa veste de peur qu'il ne soit qu'une illusion. Je pleurais sans retenue, autant de bonheur, de soulagement que de culpabilité. Le nez enfouit dans son t-shirt, je retrouvais son odeur, son contact, la chaleur de sa peau... Tout en lui me rassurait, de sa présence à sa voix. Parce que je lui faisais confiance, aveuglément confiance. Je sentais les sanglots secouer son échine, et je me disais que nous devions avoir l'air de deux cons, à pleurer comme ça... Qu'est ce que ça pouvait me faire, au final ? J'avais retrouvé Seth, et c'était tout ce qui comptait. Tout ce qui avait de l'importance. Je ne sais pas combien de temps s'écoula avant que nos larmes ne se tarissent, mais je me dégageais de son étreinte à regret pour le regarder.

« T'as des yeux de grenouille, c'est ridicule... » , dis-je en passant une main sur son visage pour sécher les larmes qui y coulaient encore.

Pour m'occuper les mains, je ramassais les roses tombées au sol et les déposais délicatement sur la tombe de William. Il n'y avait pas de raison que je sois la seule andouille à crouler sous les plantes, après tout.

« C'est ironique, hin ? Deux cercueils vides... Et je suis la seule à être encore là... J'imagine que je te dois des explications... »

Disant cela, je me tournais vers lui et levais les yeux pour le regarder. Par réflexe, je pris sa main entre les miennes, entrelaçant mes doigts aux siens pour garder un contact tangible avec lui.

« Pardonne-moi... J'suis vraiment désolée de t'avoir fais ça... De vous avoir fais ça à tous... Techniquement... Je devrais y être, dans cette boîte. »

Je pris une grande inspiration, m'apprêtant à raconter mon histoire pour la première fois depuis un mois. Mon père s'était chargé d'en parler à Alana et Malachi, et nous avions un accord tacite avec Marius : Je ne lui demandais pas ce qu'il lui était arrivé, et lui non plus. Aussi... Evoquer la chose me nouait l'estomac et réveillait chaque douleur fantôme.

« Je m'suis fais tirer dessus. Deux balles dans les genoux, ça fait un mal de chien, t'as pas idée... Et tu sais à quel point j'suis poissarde... Je suis tombée sur un mutant capable de contrôler le métal... Après avoir fais mumuse avec les balles, il... Il... Il m'a laissée me noyer dans mon propre sang. »

A nouveau les larmes coulaient sur mes joues, je tremblais de terreur et d'angoisse mêlées.

« Je peux pas... C'est trop dur d'en parler, j'suis désolée... Tu... Je devrais être morte, Seth... Je devrais être là, sous cette pierre... Qu'est c'qui m'donne le droit d'être encore en vie alors que... Que William et tous les autres n'ont pas eu cette chance ? »

J'étais consciente que je ne lui avais pas encore expliqué pourquoi on m'avait faite passer pour morte... Mais je paniquais tant que les mots restaient coincés dans ma gorge, m'empêchant de parler davantage.
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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...   Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red... Icon_minitimeDim 24 Avr 2016 - 1:20

Moira & Seth
 

Quand on voyait Moira et Seth ensemble, il était très difficile de ne pas voir en eux une espèce de couple un peu étrange mais particulièrement expansif et blagueur. Ils ne manquaient pas une occasion de se faire quelque gentil coup bas ou bien de se rendre ridicule, le tout en restant toujours dans les limites de ce que l’autre acceptait. Ils avaient appris à se connaître, et même s’il leur restait sans aucun doute énormément de choses à se dire, ils en savaient suffisamment l’un sur l’autre pour pouvoir se prétendre être plus que des amis – à dire vrai, Seth voyait Moira comme une sœur qu’il n’aurait jamais eu. Ce n’était pas la même chose qu’avec Ivory ; la jeune professeure de dessin avait droit à toute sa confiance et son amour, certes, mais il avait avec elle un côté plus protecteur qu’il ne l’aurait admis. Avec l’Irlandaise, c’était une tendresse beaucoup plus profonde, quelque chose qui allait bien au-delà des liens du sang, bien au-delà de tous les liens du monde à dire vrai, et il n’y avait rien qu’il n’aurait fait pour elle. Il aurait soulevé des montagnes et serait allé jusqu’au bout du monde s’il l’avait fallu, s’il avait pu protéger la jeune femme des démons qui semblaient hanter sa vie depuis quelques années maintenant. Il l’avait connue tout bêtement, d’une façon qui leur ressemblait bien, et cette liaison d’un soir lui semblait bien loin désormais. Il avait l’impression d’avoir connu la grande rousse depuis toujours, et il n’imaginait pas ce que donnerait sa vie sans elle. Elle était l’une des raisons principales pour laquelle il n’avait pas encore quitté Radcliff : il aurait pu partir n’importe où dans le monde, dans une grande ville exotique ou bien un petit village coupé de tout, mais où qu’il aille, il lui manquerait toujours cette présence rassurante qui représentait l’un des rares points fixes de son existence. S’il n’avait pas déjà eu des sentiments puissants pour Bob, sans doute qu’il aurait fini par tomber très amoureux de la jeune femme. Mais finalement, leur relation toute entière avait évolué vers autre chose, et s’il aimait cette violoniste au caractère bien trempé, c’était de manière bien plus platonique qu’on aurait pu le croire quand on les voyait se lancer des œillades complices et des sous-entendus pas toujours très subtils. Moira avait pris beaucoup de place dans sa vie à une vitesse folle, et il se disait que ça devait être assez réciproque quand il voyait à quel point il leur était difficile d’arrêter de communiquer plus de deux jours. Ne pas recevoir de nouvelles d’elle l’inquiétait assez rapidement – après tout, il avait bien vu à quel point elle attirait les ennuis comme un paratonnerre attire la foudre, et dans une cité aussi peuplée par les hunters, elle se trouvait assez souvent en danger pour que l’homme de sable s’inquiète de sa santé. Mais elle s’en était toujours sortie, par chance, coup du sort ou bien intervention d’un tierce bienveillant qui s’était trouvé au bon endroit au bon moment.
Sauf qu’il n’y avait eu personne pour la sauver lorsqu’elle s’était fait assassiner un mois plus tôt. Il n’avait pas réussi à obtenir les détails de cette mort qui lui avait donné l’impression que le sol s’ouvrait sous ses pieds, et il n’était pas sûr de vouloir les avoir. La seule chose qu’il avait retenu, c’était que sa meilleure amie, sa sœur, son point d’accroche était morte et avec elle une partie de son cœur avait volé en éclats. Il se souvenait de l’impression de vide qui l’avait envahi lorsqu’il s’était tenu debout devant la tombe de la jeune femme, à regarder son cercueil descendre en terre, lui souhaitant mentalement au revoir car incapable de se résoudre à le faire à voix haute. Ca n’aurait rendu les choses que plus douloureuses encore, et dire adieu à l’Irlandaise avait été l’une des épreuves les plus difficiles de sa vie. Ensuite, il y avait eu le vaccin, sa démence, ses semaines d’errance et le retour à la réalité qui avait été d’une brutalité effroyable. Il avait eu suffisamment de regrets pour s’occuper d’autre chose que de ruminer la disparition de la grande demoiselle, mais il avait bien fini par revenir la voir, un bouquet à la main, ne sachant pas quoi dire ni quoi faire, ayant simplement envie que les choses redeviennent comme avant, lorsqu’il n’avait pas à survivre à tant de ses amis et qu’il n’y avait pas de vaccin meurtrier passant entre les mains de ces chasseurs qui dédiaient leur vie entière à les éradiquer.

Et maintenant il était là, les fleurs jetées au sol, à serrer Moira contre lui en pleurant comme un enfant, le nez enfoui dans ses cheveux. Il inspirait son odeur comme si elle pouvait encrer la jeune femme encore plus dans la réalité. Il n’était pas encore tout à fait sûr qu’elle soit réellement là, qu’il ne soit pas encore en train d’halluciner ou que ce ne soit pas tout simplement une mutante cruelle qui vienne lui jouer un mauvais tour. Mais non, définitivement, c’était bien sa Moira qu’il tenait dans ses bras et ses sanglots n’en furent que plus longs encore. Il pleurait aussi bien de soulagement que de tristesse, toute la pression s’envolant d’un coup, glissant sur ses joues en un torrent de larmes qui semblait ne plus devoir s’arrêter. Heureusement, il n’était pas le seul à pleurer, et il resserra sa prise autour de la flamboyante rousse lorsqu’il la sentit tressauter contre lui. S’il avait pu, il l’aurait rassurée et lui aurait dit à quel point il était heureux de la voir là, vivante, de sentir sa chaleur et son parfum, mais sa voix était définitivement bloquée dans sa gorge.
Il ne sut combien de temps ils restèrent enlacés ainsi, mais finalement ils parvinrent à se calmer et le Calédonien renifla, cherchant à retrouver un semblant d’assurance. Lorsque Moira s’écarta de lui, il la détailla une nouvelle fois. Il rit un peu à sa remarque et pressa doucement la main qu’elle passa sur sa joue.

- Tu peux parler, t’as pas vu les tiens.

La lâchant à regret, il passa une main dans ses cheveux, par réflexe, le contact rugueux de sa crête contre le bout de ses doigts le rassurant légèrement. C’était un tic nerveux qu’il avait développé récemment et il espérait qu’il passe avec le temps.
Les yeux bruns de l’homme de sable ne quittaient pas la mutante, comme si le simple fait de regarder ailleurs allait la faire disparaître. Il la regarda déposer les fleurs qu’il avait laissé tomber sur la tombe de William et il sentit son cœur se serrer en l’écoutant parler. Il glissa la main dans son dos en un geste parfaitement doux et rassurant. Il était désolé de la voir aussi mal, aussi triste. Il soutint son regard aussi bleu qu’un ciel d’été lorsqu’elle se tourna vers lui et il l’écouta sans rien dire, attendant simplement les explications qu’elle voudrait bien lui donner. Il ne la brusquerait pas et ne la presserait pas si elle ne voulait pas parler tout de suite. Maintenant qu’elle était revenue, ils avaient le temps, tout le temps du monde, et il attendrait qu’elle se sente prête à tout lui raconter. Sentant qu’elle glissait ses doigts entre les siens, il les pressa doucement de sa main libre, la laissant parler. Et plus elle racontait ce qui lui était arrivé, plus son visage se décomposait et plus il sentait la colère pointer le bout de son vilain nez. L’homme qui lui avait fait ça, le mutant qui l’avait torturée ainsi jusqu’à ce qu’elle s’étouffe dans son propre sang, il ne s’en tirerait pas comme ça. Pas alors qu’il avait manqué mettre fin à la vie de la violoniste, pas alors qu’il était parti pour l’achever pour de bon. En voyant Moira recommencer à pleurer et en entendant sa voix trembler, Seth lâcha sa main pour la rapprocher de lui. Il déposa un léger baiser sur ses lèvres et un autre sur son front avant de la serrer dans ses bras, se faisant aussi rassurant et protecteur que possible, une main posée derrière sa tête, caressant doucement sa longue chevelure de feu.

- Shh, shh … calme-toi, ça va aller. Ce mec-là te touchera plus jamais.

Seth la berça doucement, la laissant pleurer tant qu’elle en avait besoin. Il était hors de question de la brusquer, hors de question de l’effrayait plus qu’elle ne l’était déjà. Elle avait bien trop souffert pour au moins deux vies entières : ce n’était vraiment pas la peine de l’enfoncer un peu plus. Et l’entendre culpabiliser ainsi d’avoir survécu lui broyait le cœur. Elle qui s’était toujours accroché à la vie en venait maintenant à la regretter. Il ne pouvait pas la laisser comme ça. Elle ne méritait pas d’être tourmentée par ce genre de pensées.

- T’as autant le droit de vivre que n’importe qui. C’est pas ta faute si t’es vivante, c’est pas ta faute si les autres sont morts. T’es là aujourd’hui, c’est tout ce qui compte. T’as rien à te reprocher, Moira. C’était pas ta faute. Rien de ce qui s’est passé n’était ta faute.

Il s’écarta légèrement, juste assez pour pouvoir la regarder et lui sourire, passant une main sur sa joue comme elle l’avait fait avec lui quelques instants plus tôt, en profitant pour remettre une longue mèche orangée derrière son oreille.

- Te sens pas coupable d’être en vie.

Il ne savait pas comment mieux le formuler, comment mieux lui rappeler ce désir de vivre qui l’avait toujours animée et qui lui reviendrait forcément un jour. Elle était comme ça, sa Moira : malgré les mauvais coups, malgré les malheurs, malgré les tempêtes, elle finissait toujours par se relever et avancer la tête haute. Et s’il devait dédier le reste de sa vie à faire une seule chose bien pour rattraper toutes les horreurs qu’il avait commises durant le mois qui s’était écoulé, alors il resterait auprès d’elle jusqu’à la fin de ses jours à lui. Elle ne méritait pas d’être seule avec ses démons, avec les souvenirs de sa mort imminente et de ses conséquences. Elle valait mieux, bien mieux que de se morfondre comme lui l’avait fait depuis qu’il était redevenu lui-même.
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...   Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red... Icon_minitimeLun 2 Mai 2016 - 17:11

Kiss While Your Lips Are Still Red...
Moira & Seth



Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'amitié qui me liait à Seth était tout ce qu'il y avait de plus atypique. Nous aurions tout à fait pu ne jamais nous rencontrer, ou n'être que de bons amis, voire même de simples connaissances... A mon arrivée à Radcliff, j'avais pris mon courage à deux mains et était entré dans ce bar dans l'espoir de rencontrer deux ou trois personnes sympas... Si j'avais su à ce moment-là que j'allais rencontrer cet homme... Si j'avais su à quel point sa simple présence changerait tout pour moi... Je crois que j'y serai entrée en courant. Quelques verres, deux ou trois boutades et une main aux fesses – oui oui, je lui avais totalement tâté le fessier avant d'aller plus loin – plus tard, et nous nous retrouvions dans le même lit, à joyeusement batifoler en nous fichant royalement du lendemain. Ça n'avait pas d'importance, nous avions simplement choisi de vivre l'instant présent tout en étant imbibés d'alcool. Et finalement, notre relation aurait pu s'arrêter là. J'aurais pu être une conquête parmi tant d'autres et lui le plaisir coupable d'une nuit qui ne se reproduirait pas... C'était sans compter l'entente naissante qu'il y avait entre nous, les dizaines voire centaines de sms ridicules que nous ayons envoyé à l'autre, les discussions plus ou moins sérieuses que nous avions... J'avais compris qu'il serait difficile de faire marche arrière le jour où j'avais éprouvé le besoin de vider mon sac et de lui confier ce que j'avais sur le cœur depuis si longtemps.

Au fond, Seth était la personne qui me connaissait et me comprenait le mieux avec Marius. Il savait pour William, pour ma mère, mon frère, mes mésaventures avec Griske et Moren... Il n'y avait pas grand chose que je lui cachais. Tout bien réfléchi, même, je ne lui cachais rien du tout. Une confiance aveugle envers ce grand idiot à crête me poussait à me reposer sur lui, à lui dire ce que j'avais sur le cœur, car j'étais consciente que jamais il ne me jugerait ni ne ferait la sourde oreille. Finalement, c'était étrange de voir que nous étions passé d'amants à amis tout en ayant gardé une totale transparence sur nos vies... Je crois que j'aurais pu s'en problème lui dire que j'avais des boutons sur les fesses sans craindre qu'il me regarde avec un air dégoûté... Bon il se serait étouffé de rire à tous les coups.

Toujours est-il qu'à cet instant, tandis que le sanglotais dans ses bras, humant son parfum comme je me serais enivrée d'un bon vin, je me rendais compte à quel point il m'avait manqué. Je n'aurais tout simplement pas pu continuer à vivre en sachant que Seth ignorait la vérité, en sachant que je ne pouvais plus lui parler ni lui dire à quel point j'avais peur. Car c'était bien ça le nœud du problème : J'étais terrifiée, pétrifiée, et chacun de mes muscles étaient endolori par l'envie irrésistible de partir en courant et cette incapacité que j'avais pourtant à fuir ce qui me faisait si peur. Je ne voulais plus lâcher Seth, tant je craignais de m'effondrer devant lui. C'était bête à dire, mais sa présence, ce battement régulier que j'entendais dans sa poitrine, tout ça me rassurait et me donnait la force de rester droite, d'avancer... Je me rendais compte qu'il m'était impossible d'aller mieux sans lui, sans Marius, sans Malachi, sans Theodora, sans Pietra... Même sans Artur qui m'avait pourtant fait tant de mal. Si j'avais scrupuleusement obéis à mon père, je n'aurais fais que m'enfoncer chaque jour plus encore dans la fange de la dépression, jusqu'à ne plus être qu'une coquille vide dépourvue d'âme et de substance.

J'avais été incapable, quelques jours plus tôt, de raconter à Marius ce qui m'était arrivé... Et même face à Seth, je ne m'en sentais pas totalement capable. C'était trop frais dans mon esprit, trop dur à évoquer, et chaque fois, des douleurs fantômes me traversaient de part en part pour me rappeler que je ne devais la vie qu'à une chance inouïe et incroyable. J'aurais pu disserter longtemps sur la question, d'une façon parfaitement fataliste, mais je préférais encore lui avouer que j'étais incapable d'en dire plus. Pas dans l'immédiat, en tout cas. J'avais encore trop peu de recul sur la question, trop de doutes, trop d'angoisses qui me tiraillaient l'estomac... Alors que je me remettais à pleurer, maudissant ma sensibilité et mon esprit trop fertile en matière d'horreurs, Seth m'attira à lui et déposa sur mes lèvres un baiser qui eu le don de m'apaiser quelque peu. A nouveau nichée dans ses bras, j'avais l'impression d'être une enfant traumatisée par un mauvais rêve.

« J'ai tellement peur, si tu savais... Je vois son visage dès que je ferme les yeux, j'entends ses mots, je... J'ai peur de le croiser à tout moment pour qu'il vienne finir ce qu'il a commencé... Et j'arrive pas à lui en vouloir... J'arrive pas à me dire que c'est simplement un connard qui m'aurais prise pour cible gratuitement... J'y arrive pas parce qu'il a autant souffert que moi et... Et que c'est idiot, mais j'ai davantage de peine que de haine pour mon agresseur... »

Inspirant profondément pour calmer le rythme effréné de mon cœur et ma respiration erratique, j'écoutais simplement la voix de Seth tandis qu'il me berçait. Quelque part, je savais qu'il avait raison, que je ne devais pas m'en vouloir, que je n'y étais pour rien car après tout, j'étais la victime de cette histoire... Mais d'autre part, je ne pouvais m'empêcher de me dire que si je n'avais pas quitté l'Irlande douze ans plus tôt et abandonné Artur, il n'aurait pas sombré aussi dans l'extrême violence... Peut-être même aurais-je réussi, avec le temps, à lui faire accepter les mutants et oublier ses idées d'éradication. Peut-être... Peut-être Artur aurait-il été bien différent s'il n'avait pas été livré à lui-même. Il n'aurait pas tué cette fille, et son frère ne serait pas venu pour m'assassiner à son tour. J'avais l'impression que tout partait de là, que toutes les horreurs commises et prononcées par mon frère découlait de mon départ. Je refusais d'imaginer un seul instant que ce puisse être dans son caractère d'être ainsi. Je devais bien être la dernière personne à le croire, d'ailleurs.

« Mais j'aurais voulu pouvoir l'empêcher... J'suis paumée, Seth, c'est là le problème... J'suis plus que la moitié de celle que t'as connu, une poule mouillée qui craint tout et n'importe quoi... Parce qu'on vit dans un monde de fêlés et dans une ville de fous furieux, parce que les gens comme toi et moi finissent tragiquement six pieds sous terre pour leur différence... »

Je savais que je n'aurais pas dû faire ça, que des sentiments naissants liaient Seth à Bob, mais... Mais tant pis, je pouvais bien être une dernière fois Blanche-Neige face à son prince charmant. Glissant mes doigts derrière la nuque de Seth, j'approchais mon visage du sien et capturais ses lèvres dans un baiser aussi passionné que le premier que nous avions échangé. Baiser qui n'impliquait ni suite ni quoi que ce soit, simplement un trop plein d'affection qui avait besoin de s'exprimer. Reculant légèrement, je me mordillais la lèvre avec un petit sourire coupable.

« Désolée... Ça m'avait trop manqué et... Et j'ai pas pu résister... Oh d'ailleurs ! » Soudain, ma voix se teinta d'une légère vibration que Seth connaissait si bien. « Il n'y a pas que ma vue qui est revenue... Ma mutation aussi... »

Un sourire plus sincère se peignit sur mes lèvres. C'était bien la seule véritable bonne nouvelle de l'histoire. Me passant une main dans les cheveux, je fronçais les sourcils.

« Qu'est ce qui t'est arrivé, Seth ? Malachi et mon père m'avaient dit de ne pas t'approcher car tu... Tu as été vacciné, toi aussi ? Dis-moi comment tu vas... »

L'évidence m'avait frappée comme une main dans la figure. Terrorisée, prise au dépourvu, j'en avais oublié l'essentiel : Comment allait Seth ? Lui aussi avait connu les joies du vaccin, mais maintenant que je le voyais, j'avais du mal à croire qu'il soit dangereux. C'était toujours la même grande andouille à crête... Seulement il avait perdu son sourire de crétin et les milliers de blagues qu'il était capable de sortir à la minute.
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MessageSujet: Re: Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...   Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red... Icon_minitime

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Seth | Kiss While Your Lips Are Still Red...

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