Tout allait bien pour une fois à l’hôpital, les urgences n’étaient même pas bondées, et pas de trauma important. Je m’étais occupée de quelques blessés, que des points de suture et quelques os cassés. J’étais obligée de m’occuper des cas qui arrivaient aux urgences pour des cas mineur puisque sans ça, je n’avais rien d’autre à faire. J’aurais presque pu rester chez moi aujourd’hui et avancer les quelques livres que j’avais commencé, ou simplement sortir mes chiens. Être inutile dans certains cas, c’est plutôt sympa, ça veut dire qu’aucune vie n’était en danger pour le moment. Enfin ça, c’était avant qu’un petit malin sorte la phrase que personne ne doit prononcer « c’est une journée tranquille ! » Petit nouveau ou pas, ça ne changea rien que toutes les infirmières et autres médecins ou employés présent se tournèrent vers lui en lui lançant un regard noir. Pauvre de lui, il était interne et ne savais pas qu’il ne fallait jamais dire ça, c’est toujours à ce moment-là que les ennuis commencent. Il fut vite envoyé à la paperasse par son supérieur, je le plaignais presque avant qu’une infirmière nous prévienne de l’arrivée des pompiers pour un cas dont la gravité nous étais inconnu. Ils pourraient prévenir de ce qu’ils ont sur le dos pour que nous on puisse être prêt, savoir ce qui nous attends, enfin bref, je n’ai pas le temps de m’énerver puisqu’ils sont très rapidement à nos portes. Et qui se charge de ces cas-là ? Et ben oui, c’est moi ! En même temps que le brancard avec un duo de pompiers autour j’entends une autre ambulance arriver. Et voilà, tout le monde est en état d’alerte prêt à faire tout son possible pour sauver la vie d’inconnus. Une infirmière à mes côtés pour diriger le brancard et les pompier vers une salle de trauma on examine toute les deux les blessures du nouvel arrivant « Trauma 1. Vous pouvez me dire ce qu’il lui est arrivé pour finir dans un état pareil ? » La victime est consciente, elle divague un peu, mais elle est réactive, il lui faudra un scanner c’est sûr mais pour le moment le plus inquiétant, c’est quand même l’espèce de barre en fer qui lui traverse le bas ventre, sa jambe est aussi dans un sale état mais une fois remise en place, un plâtre et quelques calment suffiront. La priorité, c’est cette barre.

Une fois arrivée en salle de trauma je vois que mis à part Leonidas –c’est ainsi que je décide de nommer le pompier barbu- et le seul à être arrivé jusqu’à la salle de trauma. J’ai loupé un truc ? Ils étaient deux à la base non ? Enfin bref j’ai autre chose à faire, et surtout j’entends que ça s’active à coté, et que tout le monde est en panique. Peut-être qu’il y a eu un accident et que tout le monde est envoyé ici, ce qui veut dire que les blessés les plus graves sont en route pour le bloc, en gros, je me débrouille avec une petite salle de trauma. Et en plus il n’y a qu’une infirmière pour m’aider. Ah, bah en fait non, le temps que je prépare une seringue anesthésiante et il n’a plus personne. Mais c’est quoi cet hôpital enfin ? Enfin, il reste le pompier. « Bon, vous, vous restez, je ne suis pas wonder woman, je ne vais pas pouvoir gérer ça toute seule, et je ne sais pas ce qu’il se passe dehors, mais je pense que c’est le bordel et je n’ai pas d’infirmières sous les coude » POURQUOI ? Je veux qu’on me le dise, qu’est-ce qu’elles foutent enfin ! Leurs boulot c’est de m’assister alors pourquoi y’en a pas au moins une ici avec moi ? « Leonidas, tu le maintiens en place, je veux qu’il arrête de bouger que je loupe une veine, utilise tes jolis muscles ! » Muscles, muscles, la veste cache un peu tout ça, m’enfin il n’a pas le choix sinon, il vire et je vais demander au mec du service d’entretien de m’aider. J’ai pas de temps à perdre, il y’a encore tous les appareils à brancher et avec deux paires de mains on n’est pas assez rapide. Je vais le retrouver cet interne qui nous a maudit et je vais l’encastrer dans un mur si quelqu’un d’autre ne l’a pas déjà fait. Je ne suis pas méchante, mais là,  ça me tape sur les nerfs.

 Camion versus Voiture. Ce genre de scenario fini rarement bien, et c’est aux gens comme moi d’essayer au mieux de réparer les dégâts après. Et puisque c’est clairement le bordel à l’heure qu’il est et que je n’ai aucune infirmière pour m’aider, il faut bien que je fasse avec ce que j’ai sous la main, c’est donc le pompier qui me servira d’assistant jusqu’à ce que quelqu’un d’autre puisse ramener ses fesses ici et m’aider à sauver la vie de ce mec. Je suis suffisamment énervée alors on va espérer que Leonidas ici sache se montrer utile, et je sais déjà que je n’aurais pas de bloc disponible alors cette salle de trauma et ce pompier c’est tout ce que j’ai. Il fallait que tout un tas de victimes se mettent à arriver en même temps ? Maintenant avoir un bloc va être aussi simple que de gagner au loto. «Ouuuh, le Roi de Sparte comme assistant de bloc, si c’est pas votre jour de chance ça ? Sinon mon vrai prénom c’est Dhan, je suis toujours plus réactif quand on m’aboie dessus avec mon vrai patronyme.  » Je lui aboie pas dessus, il ne faut pas exagérer, enfin, si peut-être un peu, mais c’est l’adrénaline qui gère tout là. Je ne relève pas les yeux pour l’écouter parler, trop de chose à faire qui m’en empêche, déjà il faut l’ouvrir se bon monsieur, pour vérifier que la barre en fer n’a touché aucune artère. « Bien, Dhan, attrapez les compresses derrières vous et amenez les ici, prêt pour votre première opération en trauma ? » je vérifie que la barre en fer est bien immobilisée avant de commencer l’incision, on va éviter de compliquer les choses.  «Je savais pas que c’était férié, ou alors y a un pot de départ et on est pas invité ? Ils sont où les mini docs qui vous entourent le ventre d’habitude ? C’est pas le genre de la maison de leur laisser une vie privée d’habitude, et il est à peine vingt deux heures … Je vous appelle juste Doc, d’ailleurs, ou vous avez un nom ? » Ferié ? Non. Maudit ! Oui. Une journée tranquille ben ouais, et mon cul c’est du poulet p’têtre ? Si je retrouve se gosse je lui fais bouffer sa langue.  

« Les mini docs sont probablement entrain de courir partout et surtout après les meilleures interventions, et l’un d’entre eux a dit la phrase à ne pas dire, et maintenant on est overbooké. J’m’appelle Alaya. Vous savez s’il y a eu un autre accident en ville ? Qui expliquerait ce bordel ? » Ouais il est vingt-deux heures, et je devrais être en train de me préparer pour partir d’ici, je ne suis pas censée passer mes nuits à faire des heures sup’ et pourtant je suis là. « Vous allez pouvoir vous mettre dans la peau d’un chirurgien traumato pour une soirée, j’espère que vous n’avez pas peur du sang ! » Pas sûre qu’il voit mon sourire d’ici, un pompier qui aurait peur du sang ce serait bien une première. J’ai déjà les mains dans les entrailles de ce mec en train de verifier l’artère, qui va bien, je souffle de soulagement. Ce mec a une bonne étoile quelque part. Il n’empêche qu’il va quand même falloir clamper les veines touchées, et ensuite retirer la barre et prier pour que tout ce passe bien et qu’il n’y est pas d’entailles ailleurs. « J’peux savoir ce qui vous a poussé à devenir pompier ? » Quitte à passer la soirée les mains baignées dans le sang, autant essayer de la passer à bavarder, c’est plus sympas d’avoir quelqu’un à qui parler, c’est moins stressant.  

 Je déteste ces soirées ou on est presque tout seul pour gérer des patients dans des états aussi pitoyables que celui dont je m’occupe actuellement. Au moins j’ai le dit Dhan pour m’aider, c’est déjà ça de gagner et largement mieux qu’un interne ! « Trauma, non. Mais j’ai maintenu deux trois gars en vie à l’arrière de mon camion après un trauma, alors je suppose que ça peut se comparer. J’ai accouché une femme une fois aussi, dans un cinéma. Et accessoirement, j’ai mon diplôme d’infirmier. Je suis pas juste un chauffeur. » Encore heureux qu’il n’est pas juste chauffeur, je plains ces patients sinon. S’il a son diplôme d’infirmier c’est clairement mieux qu’un interne, je ne suis pas si mal logée en fait. J’en connais plus d’un qui serait déjà en train de pleurer face au surplus d’information, je ne suis pas sûre que l’un des internes  qu’on a soit un jour capable de se spécialiser en traumatologie, mais je ne connais pas encore tout le monde. J’aimerais quand même savoir ce qui fait qu’il n’y a aucun de ses gamins ici, ni même d’infirmières et la réponse de Dhan ne m’apporte pas vraiment d’explications claire, mais bon, il n’est pas devin je suppose, on en saura plus une fois sortis de cette salle.

Je me mets à parler de tout et de rien tout en trifouillant dans les entrailles du patient, j’aimerais en savoir un peu plus sur mon assistant du jour. «J’ai commencé des études de médecine, mais c’était trop long, alors j’ai bifurqué sur infirmier. Sauf que j’étais du genre un peu remuant, et j’ai besoin d’être au cœur de l’action. Or, pour que les médecins puissent faire du bon boulot, il faut qu’avant les pompiers gèrent la situation à temps. Alors euh, voilà, j’suis devenu pompier, pour l’adrénaline, le coté super héros mais sans les super pouvoirs. Et vous, pourquoi la trauma ? J’veux dire, c’est quand même pas la spécialité la plus reposante, hein ? » Bah ce n’est pas mauvais comme parcours ça ! J’ai clampé toutes les veines qu’il fallait, y’a plus qu’à enlever cette fichue barre. « Soyez gentil, montrez-moi votre super force, à trois, vous tirez un grand coup sec pour déloger cette fichue barre okay ? 1…2…3 » Alors que le pompier retire la barre je maintiens le patient en place, maintenant que cette partie-là est terminée, c’est l’atelier couture qui commence, refermer les veines, et tout ce qu’il y a autour. «Le trauma, c’était pour pouvoir enfin crier des ordres à tout le monde. Et aussi pour l’adrénaline. On a besoin de moi ici, ce n’est pas reposant c’est sûr, mais il faut que quelqu’un le fasse non ? Et les gens m’écoutent quand je crie j’arrive à gérer ces situations ! » Pourtant à l’époque où j’ai fait mon internat, la traumatologie me faisait peur, et le chef de service aussi, maintenant c’est moi qui fait peur aux internes. « Alors Dhan, dites-moi, est-ce que je vous retiens ici loin d’une femme et de bambins qui court partout ? » En même temps, il l’a choisi son métier, il en accepte les sacrifices familiaux qui vont avec ! L’opération avance plutôt bien et d’ici peu, je pourrais le refourguer au médecin de garde, et rentrer chez moi ou vaquer  à quelque occupations que ce soit ! « Une fois que ce merdier est recousu, laissez-moi vous inviter à manger si vous n’avez pas diné, ou à boire un verre, je vous dois au moins ça pour vous avoir crié dessus ! » Heureusement que je n’invite pas les gens à diner à chaque fois que je leurs crie dessus sinon je serais fauchée, mais lui me parait sympathique, et surtout il a rien à faire là, mais il reste quand même, il a bien le droit à une petite compensation.

 Je jette un bref coup d’œil à l’horloge dans la salle, ça me tue de savoir que mon service devrait être fini depuis un moment, mais non je suis ici, condamné à recoudre les muscles de cet homme, à faire en sorte de le soigner. Au moins je ne suis pas seule avec mes pensées. « Je dirais plutôt que grâce à vous, ma femme jouit enfin d’une soirée de calme et de concentration pour corriger ses copies et prendre un bain tranquille. Il est possible qu’elle vous envoie un mot  de remerciement dans la semaine…»  Je souris, je suis contente de rendre un service à sa femme, même si je suis sûr que lui comme elle, préférerait être tous les deux tranquille sur un canapé. De plus je suis sûr qu’être mariée à un pompier n’est pas facile, on doit être constamment en train de s’inquiéter, ce demandé à chaque fois qu’il quitte la maison si elle le reverra un jour. «Alaya enfin, nous nous connaissons depuis à peine une heure et déjà, une proposition indécente ? Je viens de vous dire que j’étais marié, vous ne pourrez attenter à ma pudeur sans impunité vous savez ! … Sauf si il y a des bretzels. Je me damnerai pour des bretzels. » Je ne peux empêcher un rire d’échapper de ma gorge. C’est sympa d’avoir des assistants avec le sens de l’humour, ça change. Je n’ai que ça à faire de draguer des hommes mariés au-dessus des intestins d’un inconnu. « C’est juste une invitation amicale, rien de plus. » des amis, j’en ai pas beaucoup par ici, pourtant je fais des efforts, apparemment mon problèmes c’est que je dis ce que je pense, et il peut arriver que ça déplaise. Encore quelques sutures et tout ça sera fini. « Ça me va pour un truc à manger, mais la boisson, ce sera de la limonade. Je peux pas conduire avec la fatigue et une bière dans le nez, ce serait pas raisonnable. Et puis on a monsieur à refermer quand même, avant ! et , oh, de la visite… »

Je jette un coup d’œil vers la fenêtre, les internes, je laisse un long soupir échapper de ma gorge, histoire de rester calme. « Entrez bande de crétins et faites donc ce pourquoi vous êtes là ! » D’un coup la salle et bien plus remplie pourtant aucun d’eux n’osent parler. « J’espère que vous vous êtes bien tourner les pouces pendant que certains bossent, des gens qui n’ont rien à faire la par exemple ! » Dieu sait que j’ai envie de les frapper, et ils vont s’amuser à s’occuper des pires cas que l’on reçoit pendant les prochains jours. Je fais les dernières sutures « mon boulot pour aujourd’hui est terminé. Alors que ce soit bien clair, vous allez vous occuper de lui, il est en vie, et je veux qu’il le reste, vous lui trouvez une chambre et vous vous occupez de tout. Vous avez décidé de vous pointer en retard ? Maintenant vous vous rattrapez, et pendant ce temps, moi je vais manger j’ai faim ! Bonne soirée ! » J’enlève mes gants et je me dirige vers la porte, « Dhan, vous venez ? Si vous avez 5 minutes, attendez-moi à l’entrée. » Il faut au moins que je récupère mes vêtements de villes et que je jette cette blouse pleine de sang. Je ne prends pas longtemps avant de le rejoindre. « Allons-y ! Vous aurez vos bretzels. » J’adore l’air frais de cette soirée ça change de la chaleur de l’hôpital. Cette putain de journée est enfin terminée.

 «J’arrive, je passe moi aussi par le vestiaire histoire d’être un peu moins … Ensanglanté. » Il est clair que lui aussi était bien rouge, en même temps, on ne serait pas en salle de trauma si il n’y avait pas du sang partout. Il ne m’avait pas fallu longtemps pour me changer, à la fin du service je retrouve toujours mon énergie le temps de rentrer chez moi à une vitesse phénoménale, bien que ce soir ce ne soit pas l’endroit vers lequel j’irais ce soir. Une fois sortie je pu rejoindre Dhan, surprise qu’il ait été encore plus rapide que moi. Je souris en voyant le T-shirt qu’il arborait, ça colle bien au personnage, ce n’est pas étonnant. Il est souriant, amusant, et galant en plus. Je prends le bras qu’il m’offre en lui rendant son sourire. «Avec Plaisir, je rêve de ces Bretzels depuis facilement une dizaine d’heures, et je connais un bar où ils en vendent dans des déclinaisons que vous n’imagineriez pas dans vos rêves les plus extravaguant. Et leurs bières et panachés sont excellents. » Il a l’air de s’y connaître, je ne sais pas pourquoi mais je sens que c’est un habitué de je ne sais où nous allons. « Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas sûr d’avoir mangé de bretzel une seule fois dans ma vie » c’est peut être fou, mais c’est la vérité, ça ne m’as jamais tenté plus que ça, mais pourquoi ne pas essayer, il y a une première fois à tout non ? Une fois arrivés au bar, j’ai pu voir Dhan faire un high-five au barman, clairement, j’avais raison, c’était bel et bien un habitué. J’étais surprise de le voir tirer la chaise du comptoir pour moi, qui fait encore ça ?

Je m’assois en le remerciant, et il commence à me parler des bretzels de cet endroit avec une telle passion, «Si vous avez vraiment faim, le combo bretzel et frites à la poutine est juste super. Ils ont presque 15 types de bretzel et de baggels différents, végé, sans gluten, avec plein de lardon … Y en a pour tous les gouts. » c’est assez drôle à voir, sa femme est tombée sur quelqu’un de bien, mais ça doit être épuisant pour elle de temps à autre. J’opte pour un bretzel aux lardons, et un ice tea en boisson. «Bon alors doc, dites moi tout : vous êtes là depuis longtemps, du coup ? Qu’est ce qui vous à fait venir dans une ville aussi cinglée que Radcliff ? Vous avez suivi quelqu’un, ou juste votre destinée ? » Ma destinée sérieusement ? Quiconque aurait pour destinée de vivre à Radcliffe doit avoir la pire destinée du monde, le karma doit être contre cette personne ! « Non, je vis ici depuis que j’ai quatre ans. Cette ville cinglée comme vous dites est ma maison, et j’ai quelques fantômes qui me retiennent ici ! » Je ne compte pas quitter la ville en laissant ma sœur ne pas avoir la justice qu’elle mérite, et je dois toujours m’occuper de ma mère.  Je souris gentiment avant d’entamer mon repas, putain ce que ça fait du bien de manger, et ce n’est pas mauvais en plus. « Les bretzels sont délicieux ! Fin bref, vous, qu’est-ce qui vous a amené ici ? Et si vous trouvez que cette ville est remplie de malade, pourquoi rester ? » C’est vrai, des pompiers y’en a besoin partout, ce n’est pas qu’a Radcliffe. « Je suis sûre qu’il y a plus calme ailleurs, et plus sûr ! C’est difficile e faire pire que Radcliffe, je suis sûre que Chicago et détroit réunis ne nous battent pas au niveau criminalité ! » Vu le maire qu’on a eu pendant un moment ce n’est pas étonnant, et la police qui ne faisait rien, tous corrompus, vous parlez d’une ville sûre… Enfin bon, j’ai toujours eu plus ici que ce que j’aurais pu avoir au fin fond de l’orphelinat où j’étais en Côte d’Ivoire.