Je suis née dans le Michigan, à Détroit il y a de cela 30 ans. Je suis la première née d’une grossesse gémellaire plus que désirée. Vous l’aurez compris, j’ai une sœur jumelle : Reese et je suis plus âgée qu’elle d’une petite dizaine de minutes, neuf pour être précise, mais ce n’est qu’un détail qui je crois n’a d’importance que pour nous deux ! Ca fait de moi l’ainée sur le papier, mais des deux, je ne sais pas si je suis véritablement celle qui est la plus mâture ! Mes parents formaient un petit couple adorable, du moins c’est ce qu’on m’en a dit car de mes parents vivant ensemble, je n’en ai aucuns souvenirs. Voyez-vous, j’ai perdu ma mère lorsque j’avais quelque chose comme dix mois, une épreuve pour mon père et pour nous car mine de rien… Cet évènement a été le fil conducteur de toute ma vie future ! J’aimerai vous dire que ma mère est morte d’un cancer, ou d’une maladie… je crois que j’aurai limite préféré cette option, mais non, la réalité en est tout autre car ma mère a été salement assassinée par un mutant doué de persuasion… Il l’a poussée à se suicider en s’ouvrant les veines. Lorsque mon père l’a trouvée, elle n’avait plus aucune chance de survie. Mon père a très mal vécu cette vengeance et je crois qu’il ne s’en est jamais vraiment remis. Oui il s’agissait d’une vengeance visant mon père, un chasseur ayant une réputation qui le précédait. Les Bernstein étaient reconnus aux Etats-Unis parmi les groupes de chasseurs, et je ne parle pas de chasse aux caribous ou à l’ours, non… Ma famille chasse les aberrations de ce monde depuis des générations !

Ma sœur et moi avons donc été élevées par notre père et nos grands-parents. Un grand homme mon père, un type fort au caractère bien trempé, dont je crois avoir hérité. Mon père est un modèle pour moi, il a toujours été bon avec nous, s’est toujours occupé de nous. Nous étions ses princesses et nous avons sincèrement eu une enfance des plus classiques et joyeuses ! Je ne suis que rarement sortie du territoire, mais j’ai fait le tour des USA ça c’est sûr. Rapidement, mon père nous a emmenées avec lui sur les routes lors de ses parties de chasse, ça changeait des séjours chez les grands-parents que nous avions connus étant plus jeunes. Je n’ai rien contre eux, ils étaient adorables et nous n’avons jamais manqué de rien, mais je préférais largement l’accompagner que de rester là à attendre qu’il revienne. L’avantage c’est qu’avec ce style de vie, ma sœur et moi sommes devenues assez vite autonomes. Nous avons toujours été proches, elle et moi, inséparables même car elle était mon pilier, ma figure d’attachement dans ce monde d’instabilité qu’était le nôtre. En ce qui me concerne, je n’ai jamais été du genre sociable. Brute de décoffrage, garçon manqué, sauvage… Les profs n’ont jamais manqué de qualificatifs à mon égard… trop violente, vulgaire, bagarreuse, rebelle et contre toute forme d’autorité, si ce n’est celle de mon père que je respecte profondément, je n’étais pas l’élève idéale, loin de là !

Ce comportement et ce statut de rebelle, je n’ai fait que le confirmer avec les années passant. Notre père nous a conditionnées dès le plus jeune âge à prendre la relève et je dois avouer que pour ma part, je n’ai jamais envisagé un chemin différent. Je n’avais qu’un objectif, devenir une chasseuse à mon tour pour éradiquer ce fléau qui m’avait privée de toute figure maternelle. J’ai toujours été friande de sport, j’adorais et adore toujours courir durant des heures, m’entrainer aux sports de combat, au maniement d’armes en tout genre. Mon père a rapidement fondé tous ses espoirs sur moi, Reese était plus distante avec tout ça. La veille de mes quinze ans, mon père m’a offert ma première arme à feu, il savait que j’appréciais tout particulièrement celles-ci. Une semaine après, je partais avec lui, c’était la première fois qu’il m’emmenait chasser et j’ai pris un pied monstre ! Traquer ce mutant durant des heures, mettre en pratique tout ce qu’il m’avait appris était un grand moment et je n’avais qu’une hâte, recommencer encore et encore. Je crois que j’ai toujours aimé cette montée d’adrénaline, cette décharge d’endorphine lorsque la cible est atteinte.

Ma première partie de chasse n’a fait que renforcer mon sentiment disant que ma place n’était pas dans un milieu scolaire classique. Je ne me plaisais pas là-bas, et les autres ne m’appréciaient guère non plus, grand bien leur fasse ! Solitaire dans l’âme, je n’hésitais pas à lever le point dès qu’on me cherchait… Garçon, fille ça n’avait pas la moindre importance et croyez-moi, tous les prétextes étaient bons pour me battre. Une véritable teigne et je le suis toujours ! J’ai poursuivi mes études comme mon père le demandait, et j’ai appris autant que possible mais je passais plus de temps à fumer en trainant avec des garçons que sur les bancs de l’école. Je me fichais d’être populaire, d’avoir des amis, j’avais mon père et surtout j’avais ma sœur !

« Papa, tu sais où est Reese ? » Il ne savait pas, je l’ai vite compris à sa réaction, mais si lui n’avait pas paniqué, une chose en moi criait que Reese était partie. J’avais retrouvé son bracelet, déposé sur ma table de chevet sans le moindre mot, sans la moindre explication. J’ai vécu ce jour comme un abandon, une trahison incompréhensible ! Mon père et moi l’avons cherchée, pendant des mois pour comprendre pourquoi elle avait fait ça, il y avait forcément une explication rationnelle à son geste mais tout ce qu’on a trouvé sur notre chemin c’est la mort et au fil du temps qui passait, ma rancœur ne faisait qu’augmenter ! Nous étions sur une piste quand il nous est tombé dessus. C’était une mutante capable d’absorber l’énergie vitale, mon père s’était fait coincer et n’avait eu aucune chance de s’en tirer. Après ça, j’ai tout plaqué, je n’avais absolument plus rien à perdre, mon monde n’avait plus aucun sens. Je me rappelle avoir hurlé en le trouvant, ma peine était si intense que j’ai cru tomber dans un puits sans fond ! La mutante s’était tirée, et moi j’ai juré de la retrouver et de lui faire payer ! J’avais quoi vingt ans quand je me suis retrouvée seule sur les routes. Il m’a fallu trois mois pour retrouver cette garce, lorsque ça a été fait, je l’ai traquée longtemps jouant copieusement avec ses nerfs… Détruisant chacun de ses petits espoirs de survie un à un, j’me suis pris des coups, j’ai manqué d’y passer quand elle m’a mis la main dessus, mais je l’ai tuée de sang froid. Vengeance était faite ! Après cette perte, je n’avais besoin que d’une personne : Reese mais elle n’était plus là !

Après ça, j’ai perdu pied j’avoue. Je n’avais plus un seul repère, plus aucune attache. J’ai passé le plus clair de mon temps sur les routes en prenant toujours soin de ne m’attacher à personne. J’ai voulu continuer de chasser, mais au lieu de ça, j’ai enchaîné les jobs à droite et à gauche pour survivre. J’ai finalement renoué le contact avec un vieil ami de mon père qui m’a promis quelques parties de chasse et un boulot plus stable.

« Ecoute j’ai autre chose à foutre que d’chercher ton putain d’dossier, alors tu m’lâches sinon j’te jure que jt’arrache les tripes ! Et putain vire ton cul d’ici ! » Egale à moi-même, je ne supportais pas cette vieille peau et encore moins ce connard prétentieux qui se disait avocat ! Inutile de dire que je faisais tache sur le tableau. Alexander m’a envoyée chez une de ses connaissances, un chasseur qui tenait un bar. Je n’étais pas à ma place non plus, mais disons que là-bas je faisais un peu moins « fille débarquée de sa campagne » ! A Radcliff, j’ai commencé à faire mon trou, ce boulot ne me plaisait pas des masses, je préférais de loin chasser, mais ça payait les charges et ça me permettait de vivre décemment tout en restant dans mon élément. Pendant des années, je côtoyais mes pairs, entretenant cette rancœur vis-à-vis de Reese et puis les évènements se sont un peu précipités.

Cela faisait quelque chose comme 6 ou 7 ans que j’étais à Radcliff, j’ai gardé mon poste de Barmaid et Alexander me confiait quelques missions… Jamais assez à mon goût, mais c’était mieux que rien. L’existence des mutants avaient été rendue publique, certains commençaient même à se montrer au grand jour… A gerber ! Des humains se sont ralliés à leur cause, les ont défendus même… C’était le début d’un joyeux bordel ! De mon côté, Callahan m’avait confié une nouvelle mission nommée : Magnus, un hacker bossant pour le compte des chasseurs. J’ai pas vraiment apprécié la chose, de chasseuse je devenais nounou ! C’était il y a deux ans maintenant et si aujourd’hui je n’ai plus à le garder à l’œil, je suis restée car je dois avouer… J’appréciais sa compagnie. Magnus était finalement devenu plus qu’un ami, et cela même si je refusais de l’admettre.

« Reese peut pas être l’une de ces choses, tu t’goures Magnus… Sérieux j’sais pas c’que t’as fumé mais c’est du lourd ! » C’était impossible, ma sœur, mon double… Pourtant l’évidence était sous mes yeux, elle portait le gène X… mon instinct de chasseuse me brûlait les veines, mais je ne pouvais pas me résoudre à tuer ma propre sœur alors j’ai opté pour la solution la moins radicale : la vaccination, les explications viendraient plus tard. Après ça, je ne suis plus retournée voir Magnus, j’avais découvert ce dossier en fouillant son ordinateur, celui qu’il avait constitué sur sa mutante de sœur. Il l’avait dissimulée, effacé toute trace d’elle sur le net pour la protéger ! Une trahison de plus et je crois bien que c’était celle de trop ! J’ai coupé les ponts avec lui, ignoré tous ses appels… J’ai hésité une minute à la traquer, pourtant j’ai rien fait. J’ai pas pu me résoudre à le trahir lui, à croire que je me suis ramollie avec le temps, ou alors que je suis devenue sentimentale. Non j’déconne ! Je n’ai de toute façon pas eu l’occasion de m’attarder sur la question car ma vie a pris un tournant majeur depuis quelques jours. Cette saleté s'est manifestée en moi du jour au lendemain. Je ne sais pas ce qui a déclenché ce truc. Je rentrais du boulot, comme à mon habitude et je me suis laissée tomber dans mon canapé, sauf que c'est le sol qui m'a accueillie. Sur le coup, je n'ai pas tout de suite compris, mais quand je me suis rendu compte que rien ne tenait dans mes mains, que plus rien n'avait de consistance, j'ai commencé à paniquer. Et plus je paniquais, plus ça empirait ! Sincèrement j'ai cru à un mauvais trip, ou alors un cauchemar qui prenait vie sous mes yeux ! C'était impossible, je devais être morte c'était la seule explication possible. J'ai hurlé, ragé de jouer les fantômes, j'ai tenté de tout envoyer valser mais rien, je passais au travers de tout. Lorsque j'ai compris ce que j'étais, j'ai tout de suite tenté de me vacciner avec le sérum, mais c'était impossible ! C’est comme ça que j’me suis retrouvée chez lui, espérant trouver un soutien, une solution… un ami !