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 we used to say that we were brother and sister.

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Noeh Callahan
Noeh Callahan

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SUR TH DEPUIS : 15/03/2015
MessageSujet: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeMer 18 Mar 2015 - 1:21

Noeh fixait le mur à quelques pas de lui. S'il se concentrait, il était certain de pouvoir réussir. Inspirant profondément, ses mains vinrent repousser le matelas de son lit sur lequel il était installé. Son corps se retrouva livré à lui-même, debout, sans autre moyen de recouvrer un appui que celui de s'avancer jusqu'au mur d'en face. Le pied droit du jeune homme exerça la pression nécessaire afin que son jumeau puisse s'engager lentement. Malheureusement, lorsque ce dernier revint frôler le plancher de son ombre, la perte d'équilibre fut inévitable. L'étudiant se laissa retomber comme il put en arrière, tandis que ses mains venaient encercler sa cuisse puis son mollet. Ses muscles criaient toujours cette même douleur incompréhensible à ses yeux. Son poing courbé vint cogner contre les couvertures moelleuses. Ses lèvres se courbèrent sous la pointe de douleur qu'il venait d'en ressentir. Il désirait tellement oublier qu'il avait perdu l'usage de cette main si précieuse que, parfois, ça fonctionnait. Ses iris émeraudes dévièrent vers sa béquille, étendue à ses côtés. Il ne s'en débarrasserait donc jamais. Secouant la tête, Noeh laissa le haut de son corps retomber lourdement sur le matelas. Son regard vint s'accrocher au plafond. Il resta là, patientant, attendant quelque chose dont il ne connaissait même pas l'origine. Il espérait peut-être qu'en se relevant dans pas longtemps, il n'en aurait plus besoin, de cette fichue béquille. Il envisageait dans une pensée folle, infondée, dévastatrice pour son moral même, qu'en prenant la direction du salon, là où se trouvait le piano qui avait abrité ses débuts de pianiste en herbe, ses doigts se déplieraient, comme par magie. Peut-être que son corps comprendrait que son âme était en train d'étouffer dans ces blessures bien trop nombreuses. Son imagination s'amusait à lui jouer des tours. Au fond, il appréciait presque cette forme d'évasion mentale. Ça lui faisait miroiter une vie qu'il ne retrouverait certainement jamais. Ça lui permettait de remplacer ces longues nuits où il ne parvenait pas à trouver le sommeil, ni à rêver. Plus rien n'était projeté dans ses songes, plus rien dans sa vie ne permettait à son esprit de se jouer des événements de ses journées. Plus rien car Noeh s'était condamné lui-même à cet état physique miteux. Il avait beau essayer d'arranger les choses, de rectifier le tir, rien ne fonctionnait. Son corps refusait de l'aider, il se retrouvait pour ainsi dire seul à lutter. Le visage d'Adriel lui revint en mémoire. Ses paupières se scellèrent immédiatement. Un vieux reflex adopté dès son réveil pour se protéger. Son ancien colocataire n'était plus de ce monde mais il parvenait à persister dans la vie de l'étudiant de manières détournées. Dans ses souvenirs, dans les couloirs de l'université parfois, dans ses cauchemars. Noeh se sentait poursuivi par cette présence incessante alors qu'elle était censée avoir disparu de sa vie. Le transmutant était partout. Dès que les pensées du jeune homme commençaient à divaguer, il se trouvait à ses côtés, menaçant, permanent, envahissant. En plus de ses séquelles physiques, l'étudiant se devait de lutter pour ne pas sombrer dans une paranoïa de plus en plus imminente.

Trois coups résonnèrent contre sa porte. La voix de Salomé se fit ensuite entendre. A peine eut-il le temps de rétorquer un début de réponse que le visage de sa jumelle passait la porte. L'observant d'un air agacé, Noeh écouta ce qu'elle avait à lui dire avec le peu d'attention qu'il pouvait accorder après l'essai désastreux qu'il venait d'opérer. Son cœur battait encore la chamade. Ses muscles le tiraient de partout. Ses traits s'étaient pourtant légèrement détendues à l'apparition de sa sœur. C'était une des choses qui n'avaient pas changé malgré l'accident : sa présence l'apaisait. De la même manière qu'elle lui donnait envie de se terrer dans un coin de la maison pour ne plus jamais avoir à lui faire subir sa propre existence fantomatique. La proposition de Salomé parvint jusqu'à ses tympans, lui faisant secouer la tête mollement la seconde suivante. « J'ai pas envie de sortir. » La dernière fois qu'il avait fait l'effort de pointer le bout de son nez hors de cette maison, les regards insistants des autres sur sa route avaient achevé de le rendre triste pour de bon. Dehors, là où toutes les personnes qui l'avaient vu grandir se trouvaient, là où tous leurs voisins, toutes leurs connaissances ou encore toutes les satanées personnes qui pouvaient bien contribuer à la vie de Radcliff possédaient un droit de regard sur son état. Noeh se sentait honteux. A travers ces airs dépités, peinés, il décelait le fait qu'il était celui de la famille Callahan qui s'en était bien moins sorti que les deux autres. Pas besoin de les entendre le dire, le deviner par ses propres moyens était amplement suffisant. Salomé le prévint : elle ne lâcherait pas l'affaire. Un grognement rauque s'évada des poumons de son jumeau. Pourquoi était-elle née aussi bornée ? Et pourquoi avait-il le sentiment qu'elle l'était encore plus à son contact ? La main valide de Noeh vint s'échouer contre son visage fatigué. La voix de Salomé se faisait de plus en plus forte, rabâchant dans toute la maison vide de ses autres occupants partis depuis un long moment qu'elle allait venir le chercher s'il ne décidait pas à coopérer de lui-même. Se relevant brusquement, l'étudiant tourna son visage en direction de sa porte. Elle était incroyable ! Noeh se saisit de sa béquille, s'activa comme il le put à enfiler une veste sur son dos et passa la porte de son antre. La lumière éclatante qui transperçait dans le couloir lui fit plisser les yeux. Il n'avait pas remarqué qu'il faisait si beau aujourd'hui. Détail plus que logique sachant que ses volés se voulaient volontairement clos à toute heure de la journée comme de la nuit depuis son retour. S'avançant jusqu'au salon de son pas claudiquant, le regard de Noeh s'ancra dans celui de Salomé. « J'ai toujours pas envie », la prévint-il d'un ton froid, presque glacial. Peut-être qu'elle comprendrait mieux s'il lui répétait la même chose encore plus en face. Mais, apparemment, ça ne marchait toujours pas comme ça avec elle. Quelques minutes plus tard, Noeh se retrouva poussé sous le porche, attendant que sa sœur ne ferme la porte à clé derrière lui. A présent, c'était officiel, il se retrouvait contraint de la suivre. Le petit sourire satisfait qu'elle lui adressa au passage lui fit lever les yeux au ciel. Le sentiment étrange, obsédant, dérangeant qu'il avait ressenti l'autre jour recommençait déjà à le gagner. Noeh n'avait rien à faire dehors. « Où est-ce qu'on va ? », quémanda-t-il d'un ton qui témoignait encore une fois de son peu d'intérêt pour ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Ce comportement n'aurait jamais été celui de l'ancien frère qu'il avait pu être, mais dorénavant, il ne pouvait s'empêcher d'arborer ce regard à la fois mélancolique, ravagé et glaçant pour faire comprendre que rien ne pourrait l'aider à aller mieux, si ce n'était quelque chose pour au moins ramener le piano dans sa vie. Seulement, sa famille ne semblait pas en mesure de lui rendre ce qu'il désirait tant et elle se persuadait même que s'affairer à le faire sourire par tous les moyens conviendrait bien mieux pour sa guérison. S'installant côté passager dans la voiture de Salomé, Noeh laissa sa tête balancer sur le côté, avant de s'immobiliser à quelques millimètres de la vitre. Son regard fut bercé par les différents quartiers de Radcliff qui passèrent sous ses yeux, par les visages familiers par lesquels il espérait ne pas avoir été reconnu et par le bruit étouffé du moteur sous ses pieds. Jusqu'à ce qu'il comprenne où sa jumelle le conduisait. Secouant la tête, Noeh sentit une sorte de trémolo se former au creux de ses cordes vocales. « Sam, j'ai pas- je veux pas- » Sa main gauche le rehaussa légèrement dans son siège. Pourquoi est-ce que cela l'affectait tant, tout d'un coup ? Sans doute parce que des dizaines de souvenirs qu'il pensait avoir oubliés commençait à ressurgir et que cette réaction immédiate et inattendue de sa mémoire le terrifiait. Salomé ne ralentit pas, ni ne fit demi-tour. Noeh aurait dû s'en douter. Arrivés au niveau de la lisière de la forêt, à une vingtaine de mètres de leur ancienne cabane d'enfance, l'étudiant lança un dernier regard noir à sa sœur avant de lui répéter une nouvelle fois qu'il ne s'en sentait pas capable, pas maintenant, pas tout de suite. Mais cette dernière fit la sourde oreille et sortit de la voiture avant même d'entendre la fin de ce qu'il avait à dire. Patientant quelques secondes seul dans l'habitacle métallisé, Noeh comprit qu'il commençait à mettre la patience de sa jumelle à rude épreuve. « Très bien. » Et il sortit de la voiture, le cœur lourd.
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Salomé Callahan
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SUR TH DEPUIS : 29/04/2014
MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 18:57


we used to say that we were brother and sister.
" Noeh & Salomé "
Entre ses doigts fins tournait une cigarette, qu'elle ne porta que deux fois à ses lèvres avant de l'observer se consumer durant une longue minute. Tapotant du bout des doigts le bois de son bureau, son regard tomba sur une des nombreuses photos parsemant chaque recoin de son petit appartement. Tendant le bras pour se saisir du cadre qui reposait au milieu de la multitude de paperasse répandue aux alentours, la brune contempla les visages souriants s'y trouvant, insouciants.  Glissant doucement le papier glacé hors de sa prison de verre, ses yeux furent incapables de s'en détacher, cette photo pourtant aperçue tous les jours et qui avait fini par ne même plus attirer son attention. Ils étaient tous là, les Callahans. Son père, le côté gauche du corps à demi flouté par sa course effrénée pour rejoindre sa famille après avoir enclenché le retardateur. Sa mère, une main protectrice posée sur une épaule de chacun de ses jumeaux, postés de part et d'autre de leur génitrice. Matthias, le visage fermé, inexpressif, maudissant sans doute cette réunion forcée, et qui trônait dans ses vêtements d'adolescent, légèrement en retrait.  Les autres souriaient, de bon coeur. Noeh avait dans ses yeux de gosse cet éclat rieur qui annonçait une bêtise à venir, et la fillette à ses côtés  arborait un sourire rendu ridicule par la chute des deux dents de laits du milieu. Une véritable photo de magazine. Un rire narquois échappa à la télépathe, qui d'un geste doux vint éteindre son mégot sur cet elle d'une autre époque. Observant son visage de gamine rougir sous l'incandescence, avant de disparaître au milieu des cendres. Parce qu'elle n'existait plus, cette Salomé là. Elle avait disparu depuis des mois. La môme aux grands principes, au dessein prestigieux, brillant sous le regard de son paternel. La future tueuse de dégénérés, qui contribuerait à rendre ce monde meilleur. Quelle blague. Quelle mauvaise blague. Et Noeh, aux dents blanches entre ses lèvres retroussées, aux traits détendus et à l'attitude nonchalante. Celui qui malgré son manque d'entraînement demeurait intouchable aux yeux de sa soeur, invincible. Il se battait si bien avec ses mots, que rien ne pourrait lui arriver. D'un geste machinal, voilà que la brune sortait une nouvelle clope de son paquet, l'allumant avant de l'écraser aussi sec sur les traits de son jumeau. Ne souffrant plus ce sourire qu'elle ne semblait plus destinée à revoir, qu'elle n'avait plus eu le loisir de contempler depuis  près d'une année. Et puis, elle brûla celui de Matthias, ce frère qui la traquait comme un animal, jouant avec ses nerfs dans l'espoir de la voir s'effondrer en lui avouant les raisons véritables de son éloignement. Elle s'acharna sur lui une bonne poignée de secondes, avant de s'attaquer à celui de sa mère, cette mère à laquelle elle ne parlait presque plus depuis l'accident de Noeh. Et finalement, ce fut son père qu'elle incendia, parce que ce regard tendre, elle ne le méritait pas, elle ne le méritait plus.

Lorsque la brune sortit de sa transe, à demi-emportée par  son coeur agité, elle resta une seconde interdite. Sous ses yeux, la photo. Ces cinq personnes sans visage se tenant au milieu du jardin du Manoir, ça ne ressemblait plus à rien. C'était sans doute plus approprié à la situation actuelle de cette famille disloquée. Ses mains se crispèrent alors qu'elle se relevait, passant ses mains dans ses cheveux emmêlés et se dirigeant machinalement vers la cuisine.  Un verre vide était déjà près à côté de la flasque, encore présent de la veille. tout ce qui lui restait en tête n'était que ces trous noirs remplaçant les visages des membres de sa famille. Le visage de Noeh. Son Noeh. Son jumeau. La course de sa main vers la bouteille s'interrompit, et elle la reposa sur le plan de travail, fermant fortement les yeux à en voir quelques étoiles danser lorsqu'elle les rouvrit. Toujours cette même nausée, cette même appréhension viscérale dès lors que ses pensées allaient à son frère, ce frère qu'elle reconnaissait à peine depuis son retour parmi eux. Elle avait naïvement cru que cela s'arrangerait à sa sortie de l'hôpital, que son humeur était essentiellement dirigée contre le lieu, et non contre elle, ou toute autre personne envers laquelle le jeune homme se montrait désagréable. Elle avait rapidement déchanté. Et sombrait un peu plus encore dans les ténèbres de son esprit, à mesure que les jours défilaient. Elle n'en avait rien à foutre de disparaître. Son mode de vie ne serait de toute évidence pas viable éternellement, et sans doute tentait-elle le diable en se comportant de la sorte. Massant son front sous la pulpe de ses doigts, elle finit par emprunter la direction de sa salle de bain. Non, elle n'était définitivement pas prête à voir Noeh disparaître. Elle ne l'abandonnerait pas. Jamais. Et elle ne pouvait pas se montrer faible face à lui, plus maintenant. Ainsi partit-elle se préparer. Décrasser ces cheveux laissés tomber en friche depuis quelques jours, estomper l'odeur de tabac de sa peau rendue pâle par son enfermement quasi-constant. Maquiller ses traits tirés, ses yeux cernés. Enfiler des vêtements qui ne la feraient pas paraître trop amaigrie. Se recréant des allures artificielles d'une Salomé d'antan. De la Salomé qu'il connaissait. Pas de cette version fantomatique née de son absence.

« Si tu sors pas dans trente secondes, j'te traîne dehors par la peau du cul. T'as pas envie de voir ça, Noeh. On sait tous les deux que j'gagnerai, comme toujours. Donc c'est toi qui vois. Manière douce, ou forte, tu vas sortir de cette maison. Grouille, j'ai pas toute la journée. »  Ses pas martelaient le sol du manoir, tandis qu'elle déambulait à l'étage, calmant ses nerfs dans ces paroles lancées d'un ton assuré. Ne dissimulant que trop bien son propre malaise. Mettre un pied dans la chambre de son frère lui semblait presque impossible, désormais. Elle était incapable d'y rester plus de quelques secondes sans avoir l'impression de se prendre toute la douleur qui y était enfermée dans la gueule. Elle était trop stressée, trop sur la défensive. Elle ne voulait pas perdre les pédales, perdre ce contrôle d'elle même qu'elle jugeait trop fragile pour risquer de le compromettre en lisant tous les non-dits se dessiner sur le visage de son jumeau. Ou pire, en les lisant dans sa tête. Un frisson mordit sa colonne à cette idée, et elle repartit de plus belle, allant jusqu'à taper du pied quelques minutes en haut des escaliers pour le presser davantage. Sans se résigner, la brunette dévala les escaliers, loin de l'air tendu de l'étage, partant l'attendre dans le salon. Il n'y avait personne, mais qui savait si l'un des trois autres n'allait pas débarquer dans les minutes qui suivraient ? C'était déjà assez pénible comme ça de remettre les pieds en ces lieux, et la Callahan ne tenait guère à tomber sur un autre membre de sa famille. Elle n'avait qu'une seule envie : filer le plus rapidement hors de cette maison, hors de la ville, en embarquant son frère avec elle. Et c'est alors qu'elle commençait à penser qu'elles allaient devoir mettre ses menaces à exécution qu'elle entendit ses pas résonner, s'approchant du salon. Ces claquements incertains qui martelaient le plancher, augmentant le malaise de la mutante. Elle haussa les épaules en lui répondant le plus rapidement possible, comme pour dissimuler son angoisse, et ne pas avoir l'air gênée. « Franchement, mon cher, c'est le cadet de mes soucis. » Et la première phrase lui passant par la tête pour détendre l'atmosphère - et ses nerfs par la même occasion - était visiblement une réplique de Rhett Butler,  fruit des lectures occupant ces nuits depuis cette dernière semaine. Elle espérait secrètement être dotée du même charisme que Clark Gable - la moustache en moins - en cet instant précis, il lui faudrait au moins ça et sa répartie pour affronter la froideur de son frère toute l'après-midi. « Où on va ? Tu verras. C'est pas drôle si j'te dis tout tout de suite. » Tout en s'efforçant de conserver un ton enjoué qui ne tarderait pas à sonner de plus en plus faux si Noeh continuait à s'adresser à elle comme à la première inopportune de passage. Effort considérable si l'on considérait le fait que la brune n'était pas vraiment de meilleure humeur que lui. Mais si elle n'était pas capable de le détendre, qui le serait ? Si ce n'était elle qui attisait quelques uns de ses sourires, qui le ferait ? Ainsi s'évertuait elle à arborer son plus bel air nonchalant, comme si l'indifférence de son jumeau ne l'atteignait pas le moins du monde, comme si elle ne voyait pas son regard froid et qu'elle n'entendait pas ses mots renfrognés.

Elle conduisit un quart d'heure, dans un silence pesant. Il ne voulait pas lui parler, soit. Il ne voulait pas la regarder, soit. Elle gardait l'espoir de susciter quelques réactions de sa part, en le conduisant dans ce lieu précis. Ce sanctuaire d'une autre époque, vibrant de souvenirs, de ce passé qu'ils avaient aimé. Parce qu'elle même s'y était réfugiée, à plusieurs reprises, tout au long de cette année. La première fois qu'elle y était retournée avait été étrange, presque douloureuse. Trop de résurgences, subitement. Elle y avait versé des larmes, avant d'y retrouver un soupçon de paix. C'était cette paix là, qu'elle voulait offrir à Noeh. Et si elle ne durait que quelques minutes, ce serait toujours quelques minutes de gagnées. Elle sentit l'appréhension de son frère vibrer dans sa voix, ça lui tordit l'estomac sans qu'elle ne daigne s'arrêter avant d'être arrivée à la lisière de la forêt. Parce que sinon, elle ferait demi-tour, elle aussi. Et elle ne voulait pas. Pas cette fois. Les mots de Noeh revinrent chatouiller ses tympans, tandis qu'elle évitait ces prunelles soudainement bien sombres, qu'elle s'employait à ne pas écouter. Coupant le contact en sautant littéralement hors de la voiture, elle laissa la porte claquer dans son dos et resta quelques secondes immobile, le regard perdu vers le sentier qui les conduirait sur ce lieu qu'ils avaient tant aimé. Tremblante, la brune refoula de toutes ses menues forces l'émotion manquant de la saisir brutalement. L'arroseur arrosée. Elle se voyait soudain aussi décontenancée que son jumeau, et les secondes qu'il passa seul dans la voiture offrirent un répit salvateur à la jeune femme. Lorsqu'il sortit enfin, Sam avait légèrement apaisé son rythme cardiaque. « Allez, viens. » Doucement, elle le rejoignit, glissant ses doigts entre ceux de cette main droite à moitié invalide. Elle ne garda pas longtemps son regard dans le sien, ne tenant pas à supporter sa désapprobation. Et elle l'entraîna à sa suite, comme pour être certaine qu'il ne fuirait pas dès qu'elle aurait le dos tourné. La brune ne chercha plus à rompre le silence, jusqu'à ce qu'ils n'arrivent près de leur cabane d'enfance. Le silence n'avait jamais été un problème entre eux, avant. Ils n'avaient pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre. Désormais, pouvaient-ils retrouver ça ? Le coeur de la brune se serra légèrement. Un regard balayant les alentours, ses narines emplies de cette odeur familière. Rien de plus que les senteurs régnant à l'identique dans les kilomètres de forêt qui s'étendaient à la ronde. C'était juste psychologique, finalement, l'association de cette odeur là aux souvenirs de cet endroit précis. Elle laissa quelques minutes s'écouler, ne tenant pas à le brusquer. « C'est à nous, tout ça. Ça l'était et ça le sera toujours. » Salomé se tourna enfin face à son jumeau, plantant son regard droit dans le sien, prête à le soutenir de toutes les manières possibles. Subitement plus aussi agile avec les mots, incapable de se livrer de manière non détournée, elle se tut un instant. Ces paroles, elle les prononçait tant pour lui que pour elle même. Et si elle ne parvenait pas à s'en convaincre elle même, comment convaincrait-elle son frère ? S'humectant les lèvres avant de reprendre la parole, elle glissa ses mains dans les poches de son jean. « Ce n'est pas parce que les choses changent que tout doit changer. » Elle avait envie d'en dire tellement plus, mais déjà sa gorge se serrait. « On n'est pas obligé de changer. Nous. Tous les deux. »


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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeVen 5 Juin 2015 - 1:59

Le regard de Noeh se veut noir. Il claque la portière d'un geste rageur une fois descendu de la voiture. Sur la défensive, il observe à peine les alentours. Il n'a pas envie de les regarder. Ça lui rappelle tant de bons souvenirs que ça lui fait un mal de chien. Il se remémore toutes ces journées passées dans cette cabane non loin, les rires, les cris, les sourires et cette complicité qu'il pouvait avoir avec Salomé auparavant. Et il prend une nouvelle fois conscience que plus rien ne sera comme avant. Son regard se baisse instinctivement sur cette main qu'il a juste envie d'envoyer balader au loin. Il aimerait sincèrement n'avoir jamais rien vécu avec cette dernière, être né sans, ou ne pas avoir goûté au contact salvateur des touches de piano sous le bout de ses doigts plutôt que de se retrouver dans cette situation de manque. Ses mâchoires se serrent. Tout son esprit se contracte jusqu'à ce que la main de sa jumelle ne se joigne à la sienne, ne s'y lie. Le visage de Noeh se relève en direction de celui de Salomé. Il secoue la tête légèrement, perdu, agacé par son geste. Pourquoi fait-elle ça ? Pourquoi... Il n'a pas le temps de prononcer le moindre mot ou encore de tenter de retirer la main de la sienne que déjà sa sœur s'avance et l'entraîne à sa suite. Résigné, l'étudiant foule de ses pas lents la terre et les feuilles mortes qui recouvrent l'orée de la forêt. Il la sent approcher, la cabane, et il les ressent, toutes ces ondes du passé qui commencent à s'infiltrer dans ses poumons et qui lui donnent juste envie de crier, pour essayer de s'évader de ce corps qui l'empêche de vivre. Les mots de Salomé lui parviennent, alors qu'ils sont enfin arrêtés, l'un à côté de l'autre. Et ce que Noeh aimerait pouvoir serrer sa main dans la sienne. Il en meurt d'envie. Il se concentre un instant de toutes ses forces, mais rien ne bouge. Il reste impuissant face à cette partie de lui qui le contredit sans cesse et qui le prive de liberté. Il retourne bien vite à son rang de condamné et détourne le regard sur le côté. Pourtant, lorsque Salomé fait un nouveau pas vers lui, son instinct lui ordonne de réagir. La mine peinée, l'ancien pianiste affronte ce regard. Le seul qu'il a vraiment peur de décevoir et qu'il a pour dessein de rendre fier lorsqu'il parviendra enfin à faire correctement un pas devant l'autre après de coup du destin qu'a été son accident. Spectateur, Noeh observe du coin de l'oeil la main de sa jumelle quitter la sienne. Son cœur se serre. Il aurait aimé que cela dure bien plus longtemps, mais il ne dit rien. Tant pis. Il ne veut pas l'embêter, il ne veut pas déranger Noeh, jamais, même s'il sait que c'est tout ce qu'il représente pour sa famille depuis qu'il est passé par cette fenêtre : l'élément perturbateur, le boulet que chacun traîne à son pied. Un sourire triste se glisse sur les lèvres de l'étudiant. L'optimisme de sa sœur le dépasse, soudain. Il ne comprend pas comment elle peut elle-même croire ce qu'elle est en train de lui dire. « Mais c'est trop tard », qu'il souffle d'un ton défait. Noeh tente de se rehausser en s'appuyant sur sa béquille. « Regarde-moi. » Une supplique masquée en presque ordre. Regarde bien, Salomé, tu crois que tu peux dire que je n'ai pas changé ? Impossible. Tout a changé, chez lui. Depuis qu'il s'est retrouvé dans la même chambre que ce mutant, il n'a plus jamais été le même. Parfois, il éprouve même du mal à se souvenir vraiment du gars qu'il était avant. C'est sans doute ce qui est le plus dur, ce sentiment d'avoir perdu tous ses souvenirs et tout ce qui confectionnait l'être que nous étions. Noeh lutte comme il peut contre tout ça, mais ça fait beaucoup d'un coup. Trop pour lui. « J'ai changé et j'arrive pas à revenir en arrière, rien ne marche », qu'il poursuit d'une voix calme, douce, attentionnée pour ne pas faire trop mal à Salomé. Il sait qu'elle sera toujours là pour lui, même dans les pires situations, mais il se connaît. Il devine ses réactions et tente de les maîtriser au mieux, sauf que quelques fois ça ne fonctionne pas. Son agressivité gronde bien souvent à la place de sa raison. Alors on le voit souvent provoquer pour se défendre, pour éviter à tout prix de trop en dire sur ce qui se cache au fond. Ce n'est pas ce que sa famille lui a appris. Chez les Callahan, il faut être fort. Il faut se débrouiller dans toutes les situations et faire les bons choix. Et Noeh a juste failli aux deux en ne parvenant pas à se débarrasser d'Adriel et en décidant d'être le premier de la famille à ne pas suivre le destin qui lui était imposé. Jamais il ne pensait regretter un jour, pourtant c'est le cas, même si ce n'est pas constant. C'est plus fort que lui. Et l'ancien pianiste sait qu'il va s'en mordre les doigts pour un long moment encore. Sa main gauche se réajuste sur la poigne de cette béquille qui le soutient depuis plusieurs semaines à présent. En ce qui la concerne, il peut être sûr qu'elle ne le laissera pas tomber. Quoique. « Tu ne peux même plus compter sur moi. », qu'il finit par dire d'un ton tranchant, qui ne souhaite laisser aucune possibilité à Salomé de lui rétorquer le contraire. Elle ne peut tout simplement pas. Elle ne peut pas lui dire que c'est faux, qu'il peut encore la protéger de la déjà piètre façon dont il le faisait auparavant grâce à ses « talents » de chasseur, qu'il est capable de se montrer tel qu'il était car inapte à savoir exactement ce que cela signifie aujourd'hui. Et tout ça l'empêche de pouvoir se montrer présent pour elle comme il le voudrait.
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 16:06


we used to say that we were brother and sister.
" Noeh & Salomé "
Les mots de son frère la heurtèrent de plein fouet, et elle le regarda Sam, bien droit dans les yeux tout d'abord, puis de la tête au pied. Si c'était ce qu'il voulait, elle le détaillerait sous toutes les coutures. Elle n'en perdait pas une miette. Il avait dans le ton la force des certitudes, et celles-ci brisaient bien rapidement ce qui restait d'entier dans le coeur de sa jumelle. A lui rappeler sans cesse à quel point tout cela l'avait changé, lui le premier. Ramenant en furie les craintes les plus profondes de Salomé, celles qu'elle avait nourri durant les semaines précédant son réveil et qu'elle ne parvenait toujours pas à regarder en face. Elle avait cru que le savoir en vie éluderait toute autre interrogation. Que le fait qu'il y ait perdu en mobilité ne serait qu'un obstacle à surmonter, bien insignifiant en comparaison aux séquelles auxquelles les médecins les avaient préparé. Elle avait pensé que de l'entendre parler, s'exprimer sans peine serait le principal, tant qu'il n'aurait pas laissé quelques morceaux de son esprit entre les griffes d'Adriel. Pourtant, son pessimisme et son manque de vigueur la consumait à petit feu. C'était lui, en apparence. Un peu cassé, un peu bancal. Ses paroles pourtant avaient tout de celles d'un étranger. Elle forçait son regard à ne pas se montrer fuyant, rassemblant son courage pour observer cette version fantomatique de son sang et de sa chair. Elle avait eut du mal à ne pas se détourner, en lisant la souffrance se découper au couteau sur ses traits fatigués lorsque sa main lui jouait des tours ou qu'un faux pas venait l'entraver. Non, ce n'était pas rien de le voir ainsi handicapé par son propre corps. Mais elle ne pouvait pas le lui dire. Comme si cela s'apprêtait à devenir trop réel dès qu'elle y penserait un peu trop fort. Alors, elle se tut un instant. Son regard piqueté de larmes valait tous les mots du monde. Elle sentait bien qu'il ne cherchait pas à la blesser, qu'il tentait simplement de lui exposer sa vérité à lui, celle qu'elle ne voulait pas accepter. Parce qu'il était plus facile d'y voir un mensonge qui s'effacerait avec le temps. Peut-être se trompait-elle, mais elle était incapable de l'envisager.

La dernière affirmation de Noeh la tira subitement de ses ruminations, et elle demeura bouche bée quelques secondes. Elle pouvait accepter qu'il lui explique qu'il avait changé. Sa dernière phrase en revanche lui resta bloquée en travers de la gorge. « Arrête tes conneries. Bien sûr que j'peux compter sur toi. » Ses sourcils s'étaient froncés au dessus de son regard quant à lui incapable de s'assombrir. Il y avait une telle nuée de tendresse au sein de ses iris lorsqu'elle posait les yeux sur lui. Bien plus encore qu'avant l'accident. Et si son jumeau semblait trop souvent s'y méprendre en y lisant de la pitié, il n'en était rien. Jamais elle n'aurait pitié de lui. C'était son Noeh, sa moitié, son tout. Et s'il s'était retrouvé affaibli, elle se montrerait forte pour lui, équilibrant la balance de leurs deux âmes complémentaires. « J'te demande pas d'aller te battre en duel avec le premier venu, j'te l'ai jamais demandé. C'est pas parce que t'as ça... » Elle pointa du doigt la béquille permettant à son frère de se tenir debout face à elle sans vaciller. « ... Que tu n'es plus bon à rien. Va falloir que tu commences à t'ancrer ça dans le crâne. » Elle perdait rapidement patience ces derniers temps, Salomé. Si elle avait toujours su conserver  ses allures de calme et de froideur auparavant, elle n'avait jamais porté de masque devant son jumeau. Se montrant telle qu'elle l'était réellement, n'en déplaise à leur mère. Trop têtue. Trop impulsive. Les événements récents n'avaient semblait-il pas arrangé ces facettes de son tempérament. La brune en avait assez de prendre des pincettes avec lui, le ménageant sans cesse de peur de le voir s'effondrer.  Ainsi reprit-elle la parole, d'un ton qui se voulait sans équivoque, mais dont la douceur tranchait dans chaque mot. « Et arrête de tout mélanger. Désolé de te l'dire, mais c'est toujours moi qui t'aurais sauvé les miches. J'ai toujours eu plus de muscles que toi, c'est pas l'accident qui change quelque chose à ce niveau-là. » Croisant ses bras en levant le menton dans la provocation, la brune ne put retenir le sourire narquois qui pointait à ses lèvres. C'était vache, mais c'était vrai, non ? C'était en tout cas ce qu'elle s'était amusée à lui répéter lorsqu'ils étaient gosses, songeant naïvement qu'une pique sur sa force insignifiante face à la sienne conduirait Noeh à participer aux entraînements avec elle pour lui prouver tout le contraire. En vain. La nostalgie déjà férocement ancrée en ce lieu bondé de souvenirs raffermit un peu plus sa poigne sur les épaules de Salomé, les affaissant en lui arrachant ses airs assurés. « J'ai juste besoin que tu sois là. J'vis pas ce que tu vis, mais je peux essayer de comprendre. Tu peux pas m'empêcher de vouloir t'aider. Et si tu veux être là pour moi, c'est sûrement pas en faisant la gueule. J'la fais déjà suffisamment toute seule. » Ses lèvres s'étaient mises à trembler légèrement tandis que sa gorge se nouait subitement, à deux doigts de lui balancer tout ce qu'elle avait sur le coeur. L'évidence la frappa de plein fouet tandis que tout tourbillonnait dans son esprit. Elle ne pouvait pas. Ses nuits d'insomnie, l'alcool qui ne quittait plus son sang, ses migraines qui lui donnaient parfois envie de tout arrêter d'un coup de couteau dans les veines, et ces voix qui martelaient son esprit. Ces mois à chialer en imaginant le pire le concernant. Rien ne semblait destiné à passer le seuil de ses lèvres. Parce qu'alors, si elle lui exposait tous les travers merdiques d'une vie qui ne trouvait de sens que dans les yeux de son frère, ce serait lui qui ne pourrait plus compter sur elle. Se frottant machinalement les bras comme pour se réchauffer, sa mauvaise foi résonnait dans son esprit au rythme de sa pulsation cardiaque. Elle était venue ici pour qu'ils puissent se parler librement, et pour apaiser les tensions qui menaçaient d'éclater dès qu'ils se croisaient au sein du manoir. Pourtant, lorsqu'il était question de se livrer, plus aucun courage, plus un mot. Les non-dits flottaient dans l'air, ravivés par ses dernières paroles qu'elle avait instantanément regretté. Elle s'était collé un sourire aux lèvres et des mots mielleux dans la bouche depuis qu'il était sorti de l'hôpital, persuadée qu'il irait mieux si elle allait bien de son côté - ou tout du moins, s'il pensait qu'elle allait bien. Cela semblait avoir eu l'effet inverse. Lui avait-elle donné l'impression de n'en avoir rien à foutre ? D'être conne au point de penser que tout irait bien ? Elle même n'y croyait pas. En donner l'image ne fonctionnait pas non plus, et semblait agacer son frère un peu plus encore. S'immobilisant en cessant de se dérober, la brune osa enfin se replonger dans les prunelles de son jumeau, maintenant la distance sans s'approcher davantage. « T'es pas le seul à avoir changé, tu sais. » Sa voix était neutre, vidée d'émotions tant l'effort lui coûtait de prononcer ces mots là. « Rien n'a plus été pareil depuis ta chute. J'ai changé aussi. C'est sûrement lâche et dégueulasse de ma part de faire comme si de rien n'était et de vouloir que tu me parles, à moi qui ne te dit rien. J'suis pas mieux que toi. A nous regarder, j'me demande si c'est pas moi la pire des deux. »


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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeLun 7 Sep 2015 - 14:14

Noeh ne peut s'empêcher de détourner le regard. A la différence de Salomé qui se met à le fixer sans retenue, lui n'a pas la force d'affronter ce qu'elle peut penser de lui. C'est la seule chose à laquelle il ne veut être confronté. Sa jumelle est celle qu'il devine le plus décevoir, même si elle soutiendra le contraire. Elle ne prononcera jamais les fameux mots, ceux que ses parents pensent souvent à voix haute. Qu'il n'est que honte pour la famille Callahan, que sa faiblesse les mènera à leur perte. L'étudiant préfère porter ce poids seul sur ses épaules plutôt que d'embêter quiconque avec ça. Il supporte, endure, prétend que les choses vont s'arranger en de rares occasions et ça lui convient très bien de cette façon. Les mâchoires serrées, il obéit un instant à un conseil soufflé plus tôt par sa sœur. Il observe les alentours. Il détaille ces bois au cœur desquels il a couru durant des heures entières. Il a presque le sentiment d'entendre encore son rire ainsi que celui de Sam, cristallin, doux et communicatif. Noeh donnerait beaucoup pour pouvoir redevenir gosse. A cet âge-là, tous deux n'avaient pas encore toute cette pression familiale sur les épaules. Lui n'avait pas encore fait le choix de partir à la fac, de s'éloigner de tout le monde, de tomber sur le pire colocataire de tout le pays. Lorsque Noeh dépose à nouveau son regard sur sa jumelle, il constate que ses paroles ont fait mouche. Il n'a pourtant fait qu'exprimer l'évidence à voix haute. Est-ce que tu peux compter sur moi, Sam ? Est-ce que tu peux vraiment venir te reposer sur mon épaule alors que je m'effondre ? Tant de questions qui ne tolèrent qu'une seule réponse : non. Non, elle ne peut pas. Elle ne peut plus faire une telle chose. Le regard de l'étudiant suit le chemin indiqué par sa sœur. Sa béquille, sa jambe, sa main. Puis, il arque un sourcil face à la remarque de Salomé. Ouais, sans doute qu'elle a toujours eu plus de muscles que lui. Après tout, il n'était pas le premier à se jeter dans l’arène lors des entraînements en famille ou autre (ni même le dernier car il parvenait la plupart du temps à se faire la malle avant le début des hostilités). Il avait toujours détesté cet esprit qui régnait lors de ces fameux moments, incapable de se mettre dans la tête, qu'un jour, il aurait à faire régner le nom Callahan par la douleur ou le sang. Non, définitivement, ce ne sera jamais son truc. De toute manière, Noeh n'a plus à s'inquiéter de ce problème maintenant qu'il incarne le vilain petit canard de la bande. Ce qui revient à être le seul point positif de tout cette histoire, en somme. L'étudiant constate la peine dans le regard de sa jumelle. Son cœur tambourine dans sa cage thoracique. Il comprend que les aveux sont difficiles à faire, devine son manque d'assurance dans cet exercice alors que ses prunelles ont de plus en plus de mal à croiser les siennes. Et les mots sont trop durs à supporter. Sans réfléchir, Noeh se met à secouer la tête. Il ne veut pas l'entendre dire de telles bêtises. Jamais. Il n'a pas envie de la voir se rabaisser de la sorte. Pas Sam. Pas sa jumelle. Celle dont personne ne pourra en aucun cas, même lui avec tous les efforts du monde pour ne pas la tirer vers le fond. Sans prévenir, l'ancien pianiste réduit l'espace entre eux et attire Salomé contre lui d'un bras puissant. Il laisse ce dernier resserrer son étreinte autour de ses épaules, presse son corps contre le sien pour essayer d'arranger un peu les choses. Noeh ne sait plus vraiment s'il existe une méthode miracle pour ce genre de problème, de mal, alors il fait de son mieux pour recouvrer la mémoire. En attendant, il improvise. Il profite de cet instant où ils ne sont que tous les deux, dans cet endroit symbolique, pour lui prouver qu'il est là, pas aussi loin qu'il le laisse prétendre. Sam doit sentir qu'il est fébrile, que sa carapace se fissure un peu au creux de ses bras, qu'il n'a pas encore trouvé les mots pour la rassurer. Sa main courbée se trouve pourtant sur son épaule. Noeh l'a oubliée. Son besoin d'épauler sa jumelle a été plus fort que tout le reste : la honte, le dégoût de soi. Et ça lui fait un bien fou, à Noeh, de pouvoir serrer celle qui compte plus que quiconque dans ses bras. Il n'a pas eu l'occasion de le faire depuis un long moment : avant son départ pour la faculté, loin de chez eux, loin d'elle, ils se sont dits au revoir de façon brève et presque pudique, sans penser qu'un tel accident que celui dont il a été victime pourrait arriver et tout remettre en question. L'ancien pianiste se souvient avoir adressé un dernier sourire à sa brune avant de s'éloigner, heureux de quitter le manoir et loin de se douter qu'un mutant se mettrait à jouer avec sa vie une fois arrivé sur place. Son bras resserre encore sa prise. Ce geste hurle tellement de choses. Le fait qu'elle lui manque mais qu'il n'arrive même pas à lui dire, le fait qu'il ne pourra jamais prononcer assez d'excuse pour faire pardonner ce comportement de connard fini qu'il peut avoir, le fait aussi qu'il aimerait tout faire pour qu'elle ne souffre plus ou encore le fait qu'il ne veut plus la voir dans un tel état. Comme Noeh n'a pas les mots, il laisse son pauvre bras prendre un peu de liberté et gérer un peu la situation. Déposant son menton contre le crâne de sa jumelle, l'étudiant plisse les yeux avec force mais ne parvient pas à retenir une larme. Cette dernière s'évade en silence, roule le long de sa peau, et vient atterrir dans les cheveux de Sam. Une façon de plus de faire comprendre à cette dernière que, finalement, peut-être qu'il peut encore être présent pour elle, même si son esprit préfère soutenir le contraire pour ne décevoir personne. Il compatit encore, Noeh, il peut faire ça, il sait qu'il en est capable, il peut encore ressentir certaines choses malgré les barrières qu'il place entre lui et les autres. «  Je veux pas que tu dises ça, Sam... », qu'il murmure d'une voix calme, mais éprouvée par ce qu'il vient d'entendre et de voir. « Je peux essayer d'être là, je te promets que je vais essayer, mais s'il-te-plaît dis pas ça. » Jamais elle ne sera la pire des deux. Salomé est son pilier. Elle est celle qui le soutient depuis toujours et qui ne faiblit en aucun cas, même lorsque les vents de la vie deviennent plus forts comme ces derniers temps. Elle sait ce qui est le mieux pour lui, le connaît par cœur et Noeh ne peut pas envisager une seule seconde se reconstruire si sa moitié ne peut pas se tenir à ses côtés. Impossible.

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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeVen 6 Nov 2015 - 23:22


we used to say that we were brother and sister.
" Noeh & Salomé "
Les bras de Noeh la réceptionnèrent avant que ses jambes ne commencent à trembler. Elle ne l'avait pas vu venir, demeurant strictement immobile tandis qu'il l'étreignait. Son souffle s'était coupé, parce qu'elle ne s'y était pas attendue. Plus du tout. Elle sentait l'angle de son menton prendre appui sur son crâne, la surplombant tandis que la chaleur qui se dégageait de ses vêtements la réchauffait peu à peu. Elle se rappelait soudain du jour où, au beau milieu d'une visite médicale de routine, Noeh était passé sous la toise, celle-ci annonçant deux centimètres supplémentaires par rapport à sa taille à elle. Elle avait râlé, grommelé qu'on la mesure à nouveau pour s'assurer qu'il s'agissait bien d'une erreur. Noeh ne pouvait pas être plus grand qu'elle, c'était impossible. Et puis, ils étaient jumeaux, ça ne pouvait qu'être une maladresse, ils grandissaient ensemble et non, elle ne pouvait pas être plus petite, certainement pas. Un mince sourire étira ses lèvres soigneusement camouflées à l'ombre de son visage. Serrant à son tour ses bras autour de lui, lui qui la dépassait clairement de bien trop de centimètres désormais pour qu'elle puisse crier au scandale de l'erreur médicale. Et ça la rassurait, subitement. De se retrouver cachée dans son étreinte, de se sentir protégée, à l'abris contre l'immensité de ce frère qu'elle avait cru perdu à jamais. C'était réconfortant, de retrouver ces bras providentiels, et peu lui importait ses séquelles, peu lui importait la force perdue et les muscles atrophiés. En cet instant précis, elle redevenait la petite fille qui se savait  en sécurité, cette partie d'un tout indissociable contre lequel le monde ne pourrait rien. Elle se savait forte, grâce à Noeh, capable de combattre jusqu'à l'épuisement à la simple évocation du garçon, capable de sortir de ses gonds autant que de se calmer en un claquement de doigt en retrouvant sa proximité. Capable de laisser la peur et le doute la rendre folle à la simple idée de se retrouver seule, la poitrine fissurée et la pièce manquante de son coeur l'animant de travers. Elle n'était peut-être pas meilleure que d'autre, peut-être pire que tous désormais. Mais les pulsations de leurs myocardes résonnaient entre ses côtes, galvanisaient sa chair tétanisée par ces mois à dépérir. Noeh était une raison suffisante de se battre. Contre la crainte. La douleur. Les autres. Elle-même. Les pensées sombres. Ses mains s'accrochaient à la veste tandis que son visage se levait légèrement, l'éclat d'une larme qui s'évaporait déjà captant son attention, sur la joue de son frère. Parfait miroir de celle qui avait dévalé sa joue à elle, avant de mourir dans ses bras. Ses lèvres entrouvertes ne laissèrent tout d'abord filtrer aucun son, ses iris refusant de se détacher des siens en l'écoutant parler. Resserrant fortement ses dents les unes contre les autres, mordant au passage la joue dans un effort de contenance, l'intérieur se disloquait tandis qu'elle tentait de conserver une apparence de fortune. « Peu importe ce qui pourra arriver ? » Pinçant ses lèvres avant de reposer sa tempe contre son buste, pour qu'il ne puisse plus d'un seul regard cerner tout ce qui traversait les prunelles de la télépathe. Cela ne pouvait sembler être que quelques mots anodins, la demande d'une soeur dont la confiance en la vie avait été mise à mal, dont la crainte de se retrouver perdue dans un monde trop grand et subitement trop hostile s'exprimait maladroitement. Comme si elle ne pensait à rien de particulier, comme si elle n'envisageait aucun scénario susceptible de les séparer à nouveau. D'autres se seraient laissés duper. Sûrement pas lui. Peut-être bien qu'il avait déjà eu le temps de capter cet air qu'elle avait lorsqu'elle s'apprêtait à n'en dire pas assez, à n'extérioriser que le plus infime fragment d'un tout qui troublait ses idées. Respirant son odeur tout en tentant de refréner les élans d'un palpitant qui la trahissait, l'angoisse s'insinuait doucement dans sa poitrine en malmenant sa respiration. « Je sais que ça doit sonner con, complètement con. J'ai juste besoin d'en être sûre. D'être sûre d'au moins une chose, même si le reste ne suit pas forcément. » Elle avait marmonné les dernières paroles en se rendant lentement compte qu'elle n'arrangeait guère la situation et s'enfonçait dans ses explications cachant bien trop de non-dits. Ceux qu'elle avait commencé à ruminer deux nuits auparavant. Dans l'obscurité à peine rompue de quelques raies de lumière en provenance de la rue. Se débattant dans des draps devenus inaptes à accueillir son sommeil, et transformant le moindre songe en cauchemar. Ses pensées s'étaient emballées, exténuées, si bien qu'en se redressant subitement tandis que son pouls battait ses tympans d'un rythme terrifiant, Salomé n'avait plus bien su s'il s'agissait d'un rêve ou d'un souvenir. Si, quelques jours plus tôt, tandis que la cuillère de Noeh tournait inlassablement dans sa tasse à café en laissant les crissements suraigus résigner un à un les membres de sa famille, les maux de tête ainsi provoqués ne s'étaient pas mués en toute autre chose. Si en quelques secondes, elle ne s'était pas immiscée dans sa tête, quelques mots tournoyant dans son cortex en écho au tintement acéré de la céramique. Ses paumes devenaient moites, dans le dos de Noeh. Il fallait qu'elle dise quelque chose. Un truc différent, qui couperait court à toute interrogation naissante. « Tu pourras te vanter d'avoir fait peur à Matthias. 'Paraît qu'il est venu te voir à l'hôpital. C'est une infirmière qui me l'a dit, la petite brune, qu'est-ce-qu'elle était emmerdante celle-là, elle voulait jamais que j'reste dormir avec toi. » Mais elle était restée quand même, évidemment. Sortant les crocs dès que l'on s'approchait un peu trop du fauteuil inconfortable dans lequel elle avait pu élire domicile durant tous ces mois. C'était fou, à quel point elle n'avait plus eu aucune retenue, dès le premier jour entre ces murs aseptisés. Avait-il pu entendre, les mots prononcés à voix basse tel un milliard de secrets chuchotés sous la lumière blafarde, ces paroles qui se voulaient tantôt rassurantes, tantôt plus vindicatives. Ces supplications muettes de le voir ouvrir les yeux, de le sentir serrer sa main de ses doigts immobiles. Elle le serrait de plus en plus fort, alors que le chagrin accumulé s'égouttait lentement sur sa peau qui pâlissait sous le poids des réminiscences. « Et tu m'as fait peur, à moi aussi. Surtout. » Raclant sa gorge pour chasser les tonalités enrouées qui s'y greffaient. C'était un sujet qu'elle n'avait jamais abordé avec lui, qu'ils n'avaient jamais abordé. Elle avait tenté d'oublier parce qu'après tout, il était rentré, il était sauf. Nulle raison de se lamenter. Feindre l'ignorance n'avait pourtant rien de sain. Pas lorsqu'elle se retrouvait finalement assaillie par chaque souvenir au moment le plus inopportun. Mais il y avait des choses qui devaient être dîtes. Certaines qui viendraient aujourd'hui. D'autres un jour prochain. Peut-être ne seraient-elles pas agréables, peut-être ne seraient-elles pas acceptables. Mais en cet instant précis de sincérité, sans doute furtif et inespéré, elle avait besoin de parler, Salomé. D'alléger un peu ce poids qui comprimait sa poitrine à chaque battement de cils laissant apparaître son jumeau dans son champ de vision. A chaque battement de cil plongeant son regard dans les ténèbres nocturnes. Elle n'avait pu en parler à personne. Pas sans éveiller davantage de soupçon, ou d'inquiétude. Alors, elle avait prétendu ne jamais avoir été affectée par cette nuit-là. Par ce qu'elle avait pu y faire. Et de quelle manière. Et avec quelle satisfaction griffée sur le bord des lèvres. « Tellement peur que j'ai... J'ai pas pu les laisser faire. Fallait que ce soit moi. Alors je... je l'ai fait. » Aucune satisfaction sur le bord des lèvres. Juste un tremblement incontrôlable tandis que le masque de solidité achevait de s'effriter.


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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeVen 20 Nov 2015 - 17:24

Noeh est capable de surprendre pour beaucoup de choses. Il a étonné par son tempérament métamorphosé (ou aggravé) à la suite de sa rencontre avec Adriel. Il a surpris ses parents en refusant ouvertement de suivre leurs codes, leur mode de vie. Il a bouleversé en mettant de la distance entre lui et Sam. Il secoue les autres par ses attitudes contraires, toujours aussi déstabilisantes, mais il remue en même temps ses propres pensées. Comme maintenant. Dans cette forêt, avec son bras autour des épaules de Sam, parce qu'incapable d'imposer une limite entre eux aujourd'hui. Peut-être que ça ne se lit pas dans son regard noir, ses mots détachés par moment, mais toute cette situation fait souffrir l'étudiant. Oui, il est responsable de tout ce qui lui arrive, de la fissure toujours plus grande entre lui et sa famille, en passant par celle avec Aspen ou Lorcan, ainsi que la nouvelle qui s'impose d'avance auprès de toute personne susceptible de croiser sa route. Il repousse les autres pour éviter qu'ils ne souffrent à leur tour. Il leur évite de subir ce passé trop lourd sur ses épaules, ou encore cette mélancolie qui l'étreint lorsqu'il dépose un regard sur ce piano, au milieu de l'immense salon du manoir Callahan. Il n'a pas besoin de partager tout ça, Noeh, il s'empêche de l'imposer à quiconque dit en avoir envie, encore plus à sa jumelle. Enfin, il refusait. Jusqu'à ce qu'il ne tienne plus cette promesse faite à lui-même à la vue d'une Sam déboussolée sans lui, autant qu'il l'est lui sans elle. Et qui, en plus, commençait à balancer n'importe quoi. L'ancien pianiste est heureux de pouvoir la serrer dans ses bras, un peu comme avant, comme au bon vieux temps. Et il est soulagé qu'elle ne se soit pas dérobée à son initiative. Elle aurait pu. Elle peut même encore le faire, même si le cœur de Noeh s'en retrouvera comprimé dans sa cage thoracique. Ce serait légitime, normal, voire évident. Après tout, il la rejette depuis des semaines, pourquoi aurait-il droit à un tel retour en arrière ? La voix de sa sœur parvient jusqu'à lui. Il entend ses mots, et les ressent tout près de son cœur. D'une part, parce que sa tête repose contre ce dernier, d'une autre parce qu'il y a cette connexion inexplicable entre eux depuis toujours. Paraît-il que c'est parce qu'ils sont jumeaux ; Noeh, lui, y croit dans tous les cas. Et il sait aussi qu'il met à mal tout ce qu'ils sont construit ensemble en ne cessant de la repousser après toutes ces épreuves traversées loin l'un de l'autre. L'étudiant entrouvre les lèvres, un instant, avant de rebrousser chemin. Il sent que quelque chose va bloquer sa voix, la troubler, encore plus que tout son être en cet instant, mais il se pousse tout de même à répondre deux mots très simples, qui laisseront à peine deviner que l'éloignement qu'il vient de mettre à mal en attirant Sam à lui l'affecte vraiment. A peine, ou totalement. « Peu importe. » Son ton enroué, sa réponse murmurée, est accompagné d'un bref sourire doux sur le visage du cadet Callahan. Il a réussi. Il est parvenu à prononcer des paroles un minimum rassurantes, et surtout à les penser. C'est complètement dingue, d'en être arrivé au point où les doutes sont omniprésents, où on ose plus faire de promesse par peur de ne plus arriver à rien, et Noeh fait tout pour lutter contre cet état d'esprit défaitiste qui lui bouffe l'existence. Malheureusement, tout est plus facile à dire, envisager, qu'à faire. Ce n'est pas con. L'étudiant veut rassurer la jeune femme par des mots apaisés, rassurants, confortants, mais il a prouvé il a  à peine deux secondes qu'il n'en est pas encore capable. Alors, il privilégie un geste tendre. Celui qui, passant après cette étreinte inattendue venant de lui, prouve que l'ancien Noeh est peut-être encore là, quelque part, à l'abri des regards, mais toujours prêt à venir épauler sa jumelle. Ses épaules sont secouées par le minuscule rire qui réchauffe son cœur, aux paroles de sa jumelle. L'ancien pianiste a le plus grand mal à imaginer Matthias s'inquiéter à son sujet, c'est même carrément comique. Ce qu'il aurait donné pour voir ça ! Ou même pour s'évader de son corps en pause pour constater la scène, les bras croisés, appuyé contre la porte de sa chambre d'hôpital, en train de se moquer sans gêne de son « grand frère » chouinant (à la Matthias, bien sûr) sur son sort. Vu la relation quasi-inexistante entre eux, rythmée par des attaques verbales puériles et violentes à l'extrême (Noeh n'a jamais caché, devant ses parents ou quiconque, que la mort ne son « demi-frère » ne lui ferait ni chaud, ni froid), la révélation est plus que surprenante. La brève parenthèse amusante prend fin lorsque que Salomé poursuit. Qu'elle rembarque Noeh dans le tourment qu'a été son coma, qu'elle souffle entre ses bras l'idée qu'il a fait peur à beaucoup de monde, beaucoup trop de monde, elle avant tout. Dans ces moments-là, l'étudiant s'imagine ce qu'il aurait ressenti si ce qui lui est arrivé était arrivé à Sam. Et c'est insupportable. Ça martyrise son cœur de tous les maux, l'accélère comme jamais et remet trop de choses en question. Il se demande ce que serait une vie sans elle, s'il pourrait même continuer sans sa présence à ses côtés. Ce sont des idées que Noeh nie de toutes ses forces. Un monde sans Sam n'est pas possible, ni envisageable. C'est une peur qui tapote avec nonchalance à son épaule pour venir imprégner son esprit dévasté depuis l'accident. Jamais. Jamais il ne laissera une telle chose arriver. Même s'il donne l'impression de pouvoir s'en sortir loin d'elle depuis sa sortie de l'hôpital, Noeh sait très bien qu'elle n'est pas loin. Il se débrouille pour avoir des nouvelles, il questionne l'air de rien et demande quand ça semble l'enchanter. Mais ce n'est pas le cas. Loin de Sam, Noeh panique avec trop de facilité. Il angoisse du jour où il lui arrivera à nouveau quelque chose, tout autant qu'il appréhende le jour où Sam se fera à son tour avoir. Toutes ces pensées pétrifiantes se mêlent alors aux paroles de Sam. Qui sonnent d'ailleurs comme un début d'aveu, quelque chose qui oblige Noeh à arquer un sourcil interrogateur et à chercher son regard en s'éloignant soudain. Il observe sa jumelle, détaille ses traits pour voir s'il peut deviner par lui-même de quoi elle parle, mais rien. L'ancien pianiste ne devine rien et ça le perturbe. « Quoi ? Comment ça ? Les laisser faire quoi ? Et qui ? » Son ton invite une réponse rapide. Sam doit répondre. Là, maintenant, tout de suite. Hors de question qu'elle noie le tout dans un flot de paroles continu, il faut qu'elle crache les explications de ce « je l'ai fait » sans jouer plus avec les battements de son cœur. Noeh déteste la voir dans cet état. Il en oublie même sa propre position bancale dans tout ce qui est arrivé, l'espace d'un instant, pour ne plus se concentrer que sur elle. Il a le sentiment que le temps s'étire, la contraint à perdurer dans un silence destructeur, aussi bien pour lui, que pour elle. L'étudiant en est persuadé. Il le lit dans ses yeux. Rompant le contact, Noeh l'oblige à garder son regard dans le sien. Il se penche sur sa béquille, la souffle court, et une petite voix lui coupe d'arrêter de flipper comme ça parce qu'il va faire une syncope dans pas longtemps. « Sam, qu'est-ce que t'as fait ? »
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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeDim 3 Jan 2016 - 17:13


we used to say that we were brother and sister.
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Un clignement d'oeil la ramena soudain droit dans le regard de Noeh, éclaircissant son champ de vision comme si elle sortait brutalement de l'état de transe dans lequel les souvenirs la ramenaient inlassablement depuis des mois. La respiration courte au bord des lèvres, comme par crainte d'expirer trop fort en laissant les mots s'échapper sans qu'elle ne parvienne à les retenir, un frisson résonna le long de son épiderme, glaçant jusqu'à son petit doigt avant de s'évaporer aussi sec. Lui en serait-il reconnaissant ? Ou la regarderait-il comme Matthias ? Elle n'était après tout pas obligée de préciser le comment, elle pouvait se contenter de donner une réponse vague. De taire la cruauté, et pis encore, la satisfaction. Mais elle avait peur, peur que tout résonne derrière les syllabes, derrière ces mots qu'elle n'avait prononcé à voix haute qu'une seule fois. Trop tard pour se dérober. La brune laissa un instant de flottement s'établir entre eux, tentant de trouver la meilleure formulation possible pour ces mots qu'elle ne pourrait pas effacer. Une inspiration, entrecoupée dans sa gorge serrée. Un coup d'oeil aux alentours, suspicieux, scrutant les moindres fourrés. Et la voix basse, un chuchotement, comme si d'autres risquaient de l'entendre confesser ce meurtre. Celui qui avait été si important. Bien plus que tous les autres. Celui qu'elle avouerait à son frère, en le regardant droit dans les yeux. Elle qui n'avait jamais réellement abordé ce sujet auparavant, ne contant jamais à sa moitié ce qu'il pouvait se passer lorsqu'elle accompagnait Matthias ou Kingsley. Sûrement qu'il se l'imaginait assez bien, qu'il ne s'attardait pas sur ces pensées là. C'était ce qu'elle s'était imaginée avec le temps, que tout cela ne l'intéressait pas, que Noeh n'avait nullement conscience de ce qui pouvait réellement se passer lorsqu'elle prenait les armes à la nuit tombée. Elle ne voulait pas qu'il se dise qu'elle avait aimé ça, qu'elle aimait ça pour l'acte en lui même, celui d'ôter la vie sans merci. Elle ne voulait pas qu'il pose sur elle le même regard que sur Matthias, ce frère au goût pour le sang bien trop prononcé pour demeurer innocent, pour n'être que l'accomplissement d'un devoir. « C'est moi, Noeh. C'est moi qui l'ai tué. » Les jades s'assombrissant à l'écho des paroles, résonnance d'une tempête passée, du carmin imprégnant ses pensées. Et brusquement, elle ne tremblait plus. Ses lèvres pincées hésitaient à justifier l'acte, mais aucune forme de culpabilité ne les écorchait plus lorsqu'elle reprit la parole. « Le vingt-et-un. C'était le vingt-et-un avril. » Date aux émotions contraires. La nuit brutale. Les ténèbres. La pluie ruisselant sur sa peau. L'orage dans le ciel, dans sa tête. Le sang maculant sa chair et le cadavre massacré à ses pieds. C'était un état de choc, des minutes à s'arracher à la réalité tandis que son père passait sa veste autour de ses épaules, l'entraînant avec lui loin de son travail bâclé. Un regard au dessus de son épaule, le temps d'apercevoir Matthias déjà prêt à effacer ses traces, à réparer sa connerie. Loin de sa prudence, de sa méticulosité habituelles. Là ne serait pas le problème pour son jumeau, lui qui jamais ne s'était intéressé à ses méthodes. Parce qu'il n'avait pas vu, il n'avait pas à se rappeler cette image sordide qu'elle avait pu renvoyer à leurs aînés. Mais ce n'était pas tout ce qui avait pu secouer la famille, cette nuit-là. La voiture venait tout juste de franchir les grilles du Manoir lorsque le téléphone de leur père avait commencé à sonner. Que le numéro de l'hôpital s'était affiché. Et qu'on leur annonçait déjà l'inimaginable, le miraculeux réveil de Noeh. Il avait suffi d'un regard échangé avec son paternel pour comprendre à quel point le hasard n'existait pas. C'était ce à quoi elle s'était raccrochée de toutes ses forces, les jours suivants. L'idée d'avoir pu arracher son frère aux griffes du dégénéré, à défaut d'avoir su le faire plus tôt. Le sentiment que la perte de contrôle n'était pas si grave, finalement. Pourtant, la voix d'Adriel avait continué de résonner dans son crâne bien après sa mort. Toujours les mêmes mots, les mêmes images. Elle ne pouvait pas y penser, pas maintenant. Pas devant Noeh. Le simple souvenir de ces paroles la qualifiant de dégénérée la replongeait dans des états de terreur insoutenables. Qui s'achevaient souvent par une migraine. Une migraine abominable, infiltrant les pensées des autres. Cette simple idée la fit pâlir tandis qu'elle reprenait la parole sans réfléchir, prête à dire n'importe quoi tant qu'elle en oubliait la peur d'entrer dans la tête de son frère. « Tu les entendras jamais en parler. » Sa voix s'était réaffirmée, et pourtant, elle était loin d'en être fière. Il y avait cette détresse étouffée qui laissait vibrer ses cordes vocales, porte-parole d'un coeur qui avait besoin de s'ouvrir un peu avant de retourner végéter au fond de sa poitrine. « Pourtant, durant toutes ces semaines à le chercher, j'étais sûre que dès son dernier souffle rendu tout le monde le saurait. » Mais personne ne l'avait fait. La chasse avait été passée sous silence. Elle s'emportait trop, ne réfléchissait pas. Des mots qu'elle n'avait cessé d'entendre chaque jour, qui la révulsaient au plus haut point. Seul Carlisle l'avait comprise, l'aiguillant mieux que quiconque. Mais lui non plus n'avait pas su, pourtant, dans quel bain de sang s'était soldée la vie du mutant. « C'est vrai quoi, encore une preuve qu'on ne pouvait pas nous atteindre, hein ? Après ce qui t'était arrivé, ç'aurait été la moindre des choses, non ? Montrer à tous qu'il était inutile de songer à nous attaquer. Que justice avait été rendue. » Mais rien non, rien du tout. A cause de cette chasse gâchée par ses soins, par son coeur brisé. « S'ils ont rien dit et qu'ils diront rien, c'est à cause de moi. » La honte prenait doucement possession de son être, vibrant derrière les mots de plus en plus difficiles à prononcer. « J'ai merdé, Noeh. J'ai complètement merdé. J'sais pas ce qui m'est passé par la tête, c'est devenu une affaire personnelle, et j'arrêtais pas de penser à ce qu'il t'avait fait, et à toi qui te réveillait pas, et je l'avais devant moi et, .. et j'arrivais plus à m'arrêter. » Fermant les yeux avec force pour assembler son sang froid et cesser de bafouiller, la serveuse mit quelques secondes avant d'oser regarder à nouveau son double. « J'vois bien qu'ils me regardent plus vraiment de la même façon depuis. Ils doivent avoir peur que j'recommence. Que j'sache plus me contenir. » Haussant les épaules en secouant doucement la tête, ses mèches brunes caressant ses joues aux pommettes rougissantes. « J'ai arrêté les entraînements. J'ai arrêté de venir à la maison. J'ai été trop loin avec Adriel, je le sais, je préfère que ce soit moi qui te l'apprenne. Mais finalement... » La brune marqua une pause, le temps de peser une fois de plus les mots qu'elle s'apprêtait à prononcer. Avant d'effectuer un léger geste de la main, comme pour repousser une pensée parasite, pour replanter son regard dans celui de son frère. « Finalement si j'avais le choix, je referais exactement pareil. »

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 15:56

La date vient bourdonner aux oreilles de Noeh. Le vingt-et-un avril. Ses lèvres s’entrouvrent un instant, alors que ses prunelles cherchent quelque chose d'indéfini sur le visage de Salomé. L'étudiant n'en croit pas ses oreilles. Expression dépassée, presque obsolète, mais qui correspond tant à l'instant. Elle exprime à merveille l'état dans lequel se trouve le cadet Callahan. Ce dernier fronce les sourcils. Il aimerait pouvoir réagir d'instinct à tout ce que vient de lui dire Sam, mais rien ne sort. Il imagine. Avec toutes les petits aveux qu'elle vient de faire, il se repasse la scène fictive de cet affrontement avec Adriel dans son esprit et ça le trouble. Au départ, il ne sait pas quoi en penser. Il se surprend à vouloir savoir pourquoi est-ce qu'elle a fait une telle chose, pourquoi... Et s'il lui était arrivé quelque chose à elle ? En voulant le venger ou l'aider, en se confrontant à ce mutant, elle aurait pu y laisser la vie, comme lui a manqué accorder la sienne à Adriel. Toutefois, la rancœur qui se dégage de cet immense melting-pot de ressentis et d'émotions n'est pas tournée vers Sam. Elle s'oriente sans crier gare vers son père, sa mère, son demi-frère. Vers ces trois personnes supposées savoir gérer ce genre de choses mais qui n'ont pas eu le temps de réagir, ou même qui n'ont pas su réagir, et qui ont laissé tout le travail à sa jumelle. Bande d'incapables. « Putain », qu'il laisse brusquement échapper, en détournant le regard de sa sœur. Noeh a besoin de réfléchir un instant. Il a besoin d'encaisser de façon correcte ce qu'il vient d'entendre, de prendre un peu de recul, et il le fait aussi bien mentalement que physiquement. Sans même en avoir conscience, Noeh tend son bras droit en direction de Sam, pour ne pas qu'elle l'approche, alors qu'il se déplace d'un ou deux petits pas sur le côté. Elle aura beau dire tout ce qu'elle voudra, que c'est de sa faute, que c'est parce que c'est elle qui a commis l'irréparable que les autres Callahan connus au bataillon n'ont rien dit, l'ancien pianiste a du mal à endurer le fait que Sam s'accuse à leur place. Ce sont eux qui leur ont enseigné tout ça. Se battre, se venger, maudire et tuer. Ce sont leurs parents, et aussi ce demi-frère qui, avant eux, a été élevé dans cette exacte même idée de vie. Les mutants sont nos ennemis. Ils doivent disparaître. Nous chassons pour le bien de tous. Et d'autres conneries dans le genre. Voilà où tout ça mène : à une Sam qui n'a plus réussi à gérer toute la pression qu'elle avait sur les épaules alors que Noeh ne pouvait même pas être là pour l'aider. Depuis un bout de temps, car trop absorbé à suivre les ordres silencieux d'Adriel. Secouant la tête, Noeh met quelques minutes encore avant de se retourner en direction de sa sœur. Il l'observe alors, la dévisage sans pour autant la juger du regard, et il pousse un soupir. Il se ravance vers elle de sa démarche difficile, mais téméraire, avant de venir déposer avec délicatesse, comme si cette dernière pouvait la brûler par sa laideur et son état minable, sa main droite tout contre sa joue. Elle doit juste oublier sa blessure pour ne pas être répugné comme lui peut l'être, il sait que c'est difficile mais pas impossible. A présent, quoi dire ? Que faire de plus ? L'étudiant devine que son regard peiné en dit déjà beaucoup. A l'issue d'une nouvelle seconde, qui part se perdre dans le silence qui les entoure, Noeh ne parvient finalement à souffler qu'une chose : « Merci. » Il espère que ce simple mot soulagera le cœur lourd de sa sœur. A présent, elle sait qu'il ne lui en veut pas, au contraire, ou qu'il n'est nullement en colère. « Mais ça change pas le fait que tu sois fêlée », qu'il poursuit dans un murmure, sans pour autant la quitter des yeux. Il veut qu'elle comprenne qu'elle ne recommencera pas. Il le sait. Il a pas besoin de l'entendre le dire pour la croire, il sait qu'elle n'est pas comme ça, et que désormais cette motivation et cette envie qu'elle avait de mettre un terme à son calvaire, ou en tout cas le venger d'Adriel, n'est plus. Ce dernier est parti, il ne reviendra, et il ne la hantera pas non plus. Noeh espère réussir à veiller sur ce dernier point. Il a du mal à revenir vers ceux à qui il tient, sa sœur la première, mais il veut bien faire un effort pour se sentir un peu utile. Sam a réussi à le sauver. Elle est parvenue à faire ce que personne n'arrivait à faire depuis des mois, d'où son coma prolongé, et Noeh ne sait même pas comment la remercier de façon convenable. Ses doigts recroquevillés caressent doucement sa joue, tandis qu'il ne rompt toujours pas le contact entre leurs deux regards. Il ne sait même pas comment expliquer cette connexion qu'il peut ressentir entre eux. Ça doit être ça de véritables jumeaux, ne plus avoir besoin de se dire les choses pour se comprendre, juste s'observer et apprendre. Toutefois, en plus de ce partage silencieux, Noeh veut tout de même appuyer ses pensées pour ne plus que le moindre doute subsiste chez Sam. « Faut plus- faut plus que tu penses à tout ça. A lui. Je sais que je suis mal placé pour dire ça, mais j'ai besoin que tu le fasses. Même si j'ai du mal à le faire, faut que t'y arrives pour moi aussi. T'es la seule que- Je veux pas que tu sois malheureuse et que- que tu restes sur ça. Passe à autre chose, d'accord ? S'te-plaît Sam passe à autre chose. Pour nous deux. Essaye d'oublier tout ce qui s'est passé et avance, regarde plus en arrière. Même ce que t'as fait à ce monstre, n'y pense plus. Ce qui est fait est fait, tu peux pas le changer. J'irais mieux que si je vois que pour toi aussi les choses s'arrangent. » Noeh s'abaisse encore un peu pour éviter à Sam de s'échapper ailleurs. Il sait qu'elle peut avoir les idées bornées quand elle le veut, hors de question de la laisser faire aujourd'hui. « Je te le promets. »
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeMar 19 Avr 2016 - 20:08


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Son regard, son geste, ces petits pas sur le côté creusant la distance, en un instant la brune se mit à regretter sa confession, comme si elle réalisait seulement ce qu'elle venait juste de balancer à sa moitié, ce qu'elle n'avait pas songé être capable de dire avant ce jour. Elle l'observait sans se détourner, bien que son regard ne se soit subitement fait plus pudique, comme dans l'attente d'une sentence qu'elle était persuadée de sentir venir. Et pourtant, il pourrait bien l'engueuler que ça ne changerait rien au fond de sa pensée. Elle n'avait jamais été aussi certaine de ses gestes que cette nuit-là, dès la première incision dans la chair du mutant, l'atteignant profondément à la cuisse jusqu'à ce qu'il ne finisse par trébucher de douleur et qu'elle ne parvienne à se jeter sur lui. Il y avait eu bon nombre de chasses, auparavant. De longues heures aux côtés de son paternel, de Matthias, de Kingsley, étudiant avec attention, déchirant les corps avec une férocité plus ou moins intense selon le mentor qui se tenait près d'elle. C'était toujours plutôt méthodique, calculé, atteignant les cibles là où il le fallait sans épuiser son temps en sadisme inutile, c'était ce que ses parents lui avaient enseigné depuis toujours, devenir vive et efficace, tuer sans massacrer, parce qu'il ne s'agissait que d'ôter des vies pour préserver celle des autres. Il n'y avait pas à rivaliser d'ingéniosité dans ce genre de chasse là, bien que ses aînés soient parfois portés sur la compétition à ce niveau, faisant de leur mission un jeu, ce que la brune n'avait jamais envisagé comme tel. Il s'agissait uniquement d'une nécessité, un devoir à accomplir parce que personne ne le ferait à leur place. Rien de personnel. Des actes uniquement voués au bien commun. C'était très altruiste, finalement, lorsque l'on y réfléchissait bien. Vouer sa vie à veiller sur autrui en s'assurant qu'aucune sournoise créature ne se retrouverait jamais sur son chemin. C'était ce qu'elle s'était toujours dit, jusqu'au printemps passé. Ne remettant jamais en principe ces précieux enseignements. Mais ce n'était pas ces principes qu'elle avait honoré ce soir-là. Rien de plus que le dessein d'un coeur égoïste, amputé de sa moitié par la seule faute d'un dégénéré, et elle n'avait su prendre le recul nécessaire, bien plus faible qu'elle ne le pensait jusqu'alors. Personne ne lui avait dit que c'était normal d'ainsi s'acharner, de perdre ce si précieux contrôle qu'on lui avait enseigné. Elle avait failli à sa mission, quelque part, oubliant à la première réelle difficulté tout ce qu'elle avait tant tenu à conserver pour ligne de conduite, tout ce dont elle avait pu être fière. Elle avait bien vu dans leurs yeux, que ce n'était pas normal, qu'il n'y avait aucune satisfaction à en tirer. Il n'y avait plus eu un seul mot à ce propos durant des mois, la contraignant à garder ça pour elle,  à ne jamais oser le remettre sur le tapis. Finalement, mauvaise foi mise de côté, tout cela avait fini par bien l'arranger. Le parfait alibi de ses multiples absences. L'incapacité à affronter sa famille après cet écart de conduite. Sans que personne ne cherche à comprendre, à creuser, parce que  c'était certainement trop gênant comme situation. Seule avec ses démons, voilà que tout s'évacuait au moment le plus inattendu, la délestant d'une part de culpabilité, bien loin de la délivrer de tous ces secrets qu'elle garderait soigneusement enfoui sans ne jamais les soumettre à ses proches. Et certainement pas à Noeh.

L'éloignement de son jumeau se solda par un nouveau rapprochement, la laissant reprendre son souffle tandis qu'il venait déposer ses doigts abîmés contre sa joue. Y appuyant doucement son visage, précautionneusement, avec tendresse, la brune ancra son regard dans le sien tandis que son remerciement envolait le poids qui reposait derrière ses côtes.  C'était tout ce qu'elle voulait entendre, savoir que lui ne lui en tiendrait pas rigueur, que cela ne changerait pas le regard qu'il pouvait poser sur elle. Elle ne s'était pas imaginée une farandole de congratulations, des tas de paroles émotives qui lui diraient qu'elle avait fait ce qu'il fallait. Elle n'avait jamais prétendu avoir bien agi, seulement l'avoir fait parce qu'il ne pouvait en être autrement. C'était tout ce dont elle avait été capable, et la maîtrise de soi n'en faisait définitivement pas partie. Alors, ce merci là était amplement suffisant. La phrase qui s'ensuivit aurait pu lui arracher un rictus, mais ses lèvres demeuraient scellées, comprenant ce qui se cachait derrière cette remarque, derrière ces grandes prunelles qui la dévisageaient. Hochant la tête après un léger instant de flottement, déglutissant avec difficulté tandis que sa gorge peinait à se dénouer. « Je sais. Ne t'inquiète pas pour ça.  Je chasse plus, de toute façon, pour le moment. » Non, elle ne recommencerait pas. Elle pourrait le lui promettre, même. Parce qu'elle ne risquait plus d'approcher les hunters ni de près ni de loin. Parce qu'elle était reléguée au rang de proie, d'horreur de la nature depuis des mois, et qu'elle n'avait nulle envie de leur vendre sa peau en risquant d'être démasquée. Mais ça, elle pouvait pas le dire, elle le pourrait sûrement jamais. Le secret serait gardé jusqu'à son dernier souffle et si Noeh pouvait ne jamais le savoir, ce serait parfait. Alors que ses doigts effleuraient maladroitement sa joue dans une caresse rassurante, que pour la première fois depuis son éveil la brune avait la réelle sensation de retrouver sa moitié, ça lui semblait d'autant plus clair. Elle le préserverait de l'atroce vérité, mais elle ne l'abandonnerait pas. Elle puiserait jusqu'au plus profond d'elle-même jusqu'à en épuiser ses moindres ressources, mais jamais, jamais elle ne prendrait le risque de le voir brisé à nouveau. Sûrement qu'il ne le supporterait pas. L'idée de le perdre manqua d'étrangler un sanglot dans sa gorge, réprimé in extremis. Sa propre main vint recouvrir celle de son frère, comme pour s'assurer qu'il ne partirait pas. Crainte insoutenable, que son esprit refusait d'envisager. Et elle l'écoutait, elle entendait ce qu'il disait même s'il était difficile de ne pas simplement hocher la tête dans un sourire rassurant en reculant mentalement de trois pas en arrière. Elle ne pouvait pas oublier, chaque détail de chaque journée parvenait à la renvoyer inéluctablement à ces minutes d'horreur qui semblaient capable d'évincer tout autre souvenir. Et puis il y avait ces voix, ces couteaux qui meurtrissaient son esprit, ce qu'elle était obligée de supporter chaque jour et qui finirait par la bouffer toute entière. C'était là le plus grand de ses tracas, sa panique la plus viscérale. Elle ne serait jamais plus sereine, pas avec cette saloperie dans les veines. Passer à autre chose n'était pas une option, et ses yeux se brouillaient malgré elle tandis qu'elle s'apprêtait à les abaisser. Mais Noeh anticipait, Noeh la connaissait. Son regard se retrouvait de nouveau happé par celui de son frère sans qu'elle ne puisse se détourner. Rien ne s'arrangera, Noeh. Rien ne s'arrangera jamais pour moi. J'suis perdue, Noeh. Depuis des mois, et ça changera pas. Et si tu savais, tu me regarderais même pas dans les yeux, tu t'éloignerais le plus possible. Et j'pourrai jamais te le dire, c'est sûrement ça le pire.  S'humectant les lèvres avant d'hocher la tête, improvisant un sourire sur ses lèvres tremblantes, Sam se fit violence pour ne pas laisser transparaître quoique ce soit dans son regard. « J'vais essay.. j'vais le faire. J'vais oublier, j'vais tout faire pour, mais il fallait que je te le dise. On avance à deux, toi et moi, ce sera toujours le cas. Et s'il t'arrive de traîner derrière, je t'attendrai. Et si c'est l'inverse, attends moi. Jamais je te laisserai, Noeh. » L'entourant de ses bras pour venir le serrer contre elle, fort, comme pour lui prouver toute sa bonne foi, surtout pour l'empêcher de lire l'esquisse d'une terreur naissante au fond de ses iris. « Je te le promets. » Parfait écho. Douce utopie.

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MessageSujet: Re: we used to say that we were brother and sister.   we used to say that we were brother and sister. Icon_minitimeVen 22 Avr 2016 - 13:56

Si Sam ne tient pas le coup, il est censé faire comment, Noeh ? Depuis son réveil, il essaye de sortir la tête de l'eau. Mais il n'y arrive pas. Jour après jour, il a même l'impression que ça devient de plus en plus difficile. Il veut oublier. Tout, vraiment tout. Il ne veut plus penser à cet accident, il ne veut plus imaginer ce visage qui le hante. Il ne veut plus rêver au pire, il ne veut plus cauchemarder sa plus grande peur. Celle voir Adriel revenir d'entre les morts. Pourtant, il sait que ce n'est pas possible. Il sait très bien que le mutant est mort, bel et bien mort, enterré ou non, il n'en a aucune idée, mais il ne peut plus l'atteindre. Et il ne peut plus s'en prendre à sa famille. Sam s'en est occupée. Et même si Noeh n'en revient toujours pas, de cet aveu, il ne peut nier qu'un léger poids, tout petit poids, s'est évaporé de ses épaules pour le soulager. Il a une première réponse à tout ce qui s'est passé. Il en a une idée plus précise, bien que tout le reste soit encore flou. Peut-être préfère-t-il que cela reste ainsi. Il ne sait pas trop. Pour le moment, il regarde Sam. Il observe sa sœur avec une bienveillance dans le fond du regard, une dévotion qu'il n'arrivait pas à laisser reparaître ces derniers temps. Bien qu'elle ne soit jamais partie. Elle sera à jamais là, l'admiration qu'il porte à sa jumelle, cette partie de son être si fidèle à la sienne, qui le rend à la fois dépendant d'elle et elle dépendant de lui. C'est naturel, évident. Noeh se dit souvent qu'il aimerait l'appeler, la nuit, quand ses cauchemars deviennent trop douloureux, trop fréquents, trop éprouvants. Puis le cadet Callahan se souvient qu'il ne peut pas lui imposer ça. Sans compter qu'il n'y arrive même pas. Passer le pas de sa porte, venir cogner à celle de Sam, la supplier de pas se moquer, avouer qu'une énième terreur l'empêche de trouver le sommeil. Non, impossible. Noeh préfère se terrer dans le silence. Il choisit de tout garder pour lui, et à présent qu'il sait qu'elle s'est chargée d'Adriel, il continuera à ne pas vouloir trop s'appuyer sur son épaule pour la fatiguer. L'épuiser de ce mauvais souvenir ambulant qu'il représente. C'est tellement plus simple de repousser l'aide plutôt que de l'accepter. Le poids qu'il porte au quotidien sur les épaules, celui qui vient griffer son dos de marques invisibles mais inoubliables, Noeh ne veut pas le donner à qui que ce soit. Il ne veut embêter personne, retarder personne, il ne veut pas qu'on l'attende. Il veut que la vie reprenne son cours même s'il n'arrive plus à suivre. C'est pour ça que dès qu'il a aperçu leur cabane, depuis la voiture, dès qu'il a deviné qu'ils étaient au cœur des bois, il n'a d'abord pas voulu quitter la voiture. L'idée de s'enfoncer dans le passé pour échapper au présent s'est imposée à lui, et l'ancien pianiste ne sait plus si c'est ce qu'il veut. Coincé dans un entre-deux aussi incompréhensible pour les autres que pour lui, Noeh s'enfonce dans un quotidien qui l'empêche de renouer avec celui qu'il pouvait être avant. Peut-être est-ce du déni, de l'incompréhension, de la colère, mais l'étudiant a le sentiment de ne plus être capable de se souvenir de qui était ce Noeh-là. Ça remonte à trop loin. Et il ne sait plus à quel moment il a commencé à ne plus être lui-même. A quel moment Adriel a décidé qu'il ne serait plus maître de ses actes et de ses pensées, mais uniquement pantin désarticulé de ses seules volontés. Avec toutes ces données manquantes ou entachées par cette rencontre dans les mains, Noeh n'a pas d'autre choix que d'essayer de ne pas se laisser abattre. Mais plus il tente, plus il échoue. Si autrefois sa volonté était mémorable, aujourd'hui elle s'est rangée au profit d'une pessimisme capable de tout annihiler sur son passage. Le premier moment un peu hors du temps que l'étudiant a vécu, c'est celui-ci, avec Sam. Dans cet endroit si particulier pour eux deux, remplis de souvenirs, de leurs rires encore vivants dans le vent et de leurs courses à travers les bois interminables. L'étreinte de sa jumelle arrache Noeh à ses pensées troublées. Il inspire une grande bouffée d'air, pour ne pas se laisser avoir par ces dernières, avant de passer son bras autour de ses épaules. Il se raccroche un peu à elle, sur le moment, car son équilibre est précoce – qu'il soit physique ou moral. Et s'il t'arrive de traîner derrière, je t'attendrai. Et si c'est l'inverse, attends moi. Puis elle promet. Tout comme lui vient de promettre. Dans un mouvement doux, calme, le premier qui semble un tant soit peu apaisé depuis son réveil, la joue de Noeh vient se déposer tout contre la tête de sa sœur. Il s'y repose, un peu, avant d'acquiescer doucement. “Okay.” Et leur accord tacite vient d'être scellé. Bien sûr qu'il l'attendra. Toujours. Tout comme il a promis avant que peu importe ce qui peut se passer pour eux, il sera là. Pour Sam, il serait prêt à tout, beaucoup, trop. En général, le cadet Callahan n'est pas foncièrement méchant. Il est agressif, certes, encore plus depuis son réveil et son besoin de rejeter les autres, mais les choses sont raisonnables si on ne s'en prend pas à Sam. Dès lors que ce cas de figure se présente, les choses s'avèrent différentes. Même s'il considère que sa sœur est la plus forte de leur duo, Noeh est cet appui indéniable qui se dresse et se dressera toujours entre elle et le reste du monde. Elle est la seule qui puisse le guider, même dans la nuit, même dans les moments où tout va mal, elle est celle qui a toujours trouvé les mots pour le calmer, Sam, et elle a cette faculté de pouvoir le faire juste sourire alors que tout autour de lui semble s'écrouler. L'ancien pianiste ne sait pas comment elle se débrouille, mais elle est douée. Même si, ces derniers temps, il l'a traitée de l'exacte même manière que tous les autres, toujours dans l'idée de ne pas l'entraîner dans sa chute bien trop vertigineuse. Poussant un soupir, Noeh se recule finalement. Il ne regarde plus les arbres qui les entourent, il ne songe plus à la cabane qui mériterait une visite de leur part, un de ces jours. Il a besoin de partir. Il a besoin de prendre l'air loin de cet endroit trop chargé en souvenir, il a aussi besoin de prendre du recul sur ce que Sam vient de lui annoncer. Et, enfin, il doit reprendre de la distance avec elle, même si c'est cruel et compliqué. “On peut rentrer ? Je peux pas y aller aujourd'hui, mais on... on reviendra si tu veux.” Son regard tombe dans le sien, y reste ancré plusieurs longues secondes, avant de s'abaisser au sol, alors que Noeh reprend le chemin de la voiture. Il espère qu'elle comprendra. Ce n'est pas contre elle, ce n'est pas contre son initiative. Au fond de lui, peut-être que l'étudiant a apprécié revenir un peu ici, après tout ce qu'il y a vécu. Malheureusement, plus les minutes se sont écoulées, plus il a eu l'occasion de profiter de cet instant hors de sa chambre sombre, plus il a eu envie de s'y cacher à nouveau. Le cadet Callahan souffre déjà de ne pas savoir quand il sera capable de revenir dans ce genre d'endroits sans en partir aussi affecté, mais il sait que ce ne sera pas encore. Pas si tôt.
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