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 i'm always close to you, sister. (kovalainens)

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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2015 - 22:41

I am always close to you, Sister
Moira & Artur



Ca devait cinq ans qu’il ne l’avait pas vue mais Artur avait l’impression de ne l’avoir jamais quitté une seule seconde de vue. Elle était de toute manière bien trop dangereuse pour être laissée sans surveillante et même s’il ne voulait en général pas vraiment l’admettre devant des tiers, Artur détestait l’idée que quelqu’un puisse s’occuper de sa sœur avant lui. Ca faisait donc cinq ans qu’elle ne l’avait pas vu, il ne savait d’ailleurs pas si elle était au courant de sa présence en ville, et il allait rompre ce silence et cette distance imposée de la manière la plus brutale chez elle : en sonnant à sept heures du matin à sa porte avec un grand sourire aux lèvres et une idée derrière la tête : tâter le terrain pour savoir à quel point le cas de Moira était irrécupérable. Il n’était pas particulièrement stupide, Artur avait bien trop vu à quel point sa sœur adorait exposer son anormalité aux yeux de tous comme si ce n’était qu’un jouet et un gadget qu’elle pouvait se permettre d’étaler et d’abuser sans restriction, mais il conservait un petit, un infime, un minuscule espoir qu’elle ait enfin commencé à grandir. Qu’elle ait enfin ouvert les yeux sur sa propre nature. Savait elle que son si cher fiancé n’était plus qu’un numéro dans une cellule à cause de son anormalité ?

Il n’allait pas tarder à le savoir. En dégringolant les marches de son immeuble, Artur savourant la neige qui tombait aux fenêtres et sur le trottoir. Il aimait la neige, presque autant que l’eau. Il aimait la manière qu’elle avait d’assourdir les sons, de tout aplanir, de tout effacer pour mieux rendre au silence son droit le plus pur et le plus ancien. Pendant un instant, il savoura ce silence presque complet. Le crissement que ses chaussures creusait dans la pellicule de neige ne le crispait même pas, aucune voiture ne ronronnait dans le lointain, la ville était paisible, encore assommée par ce couvre feu qui procurait à l’ingénieur des heures et des nuits de tranquillité absolue, sans voiture, sans passants, sans bruit. Il souffla sur ses mains glacées en trottinant sur place le temps que son téléphone charge un itinéraire le conduisant à l’appartement de sa grande sœur. Il avait beau connaître son adresse depuis qu’il avait posé un pied en ville, il s’était efforcé d’attendre le bon moment pour aller la voir. Et aujourd’hui était le bon moment, il le sentait. Pourquoi donc ? Parce que le vent tournait nettement en faveur des Hunter, parce qu’il avait appris qu’elle avait été rudement malmenée quelques semaines plus tôt, parce que si elle pouvait être plus compréhensive un jour et bien ce serait aujourd’hui.

Une vingtaine de minutes plus tard, il était à l'entrée de la résidence. A avancer lentement entre les maisons à la recherche du numéro indiqué sur son téléphone. Un nuage de buée s’échappa de ses lèvres, ses doigts gourds s’évertuèrent à conserver dans son poing le paquet de viennoiseries qu’il avait pris la peine d’acheter au passage chez un boulanger qui venait tout juste d’ouvrir son large rideau métallique. Une langue passée sur ses lèvres gercées par l’hiver bien avancé, Artur s'arrêta finalement devant un portail. Appuya fermement sur l’interphone, à se demander s’il était en train de la sortir du sommeil ou si elle commençait tout juste à envisager d’aller se coucher. Son regard glissa sur sa montre, il n’était que sept heures moins le quart. Une heure tout à fait raisonnable. Et s’il la cueillait dès le réveil, peut être serait elle davantage réceptive à ses arguments et à son sourire. Peut être, d’ailleurs, oublierait-elle le fiasco d’il y avait déjà cinq ans lorsqu’il avait tenté pour la première fois de la faire revenir à la raison. Peut être fin… l’interphone émit un grésillement. « Moira, c’est Artur, ton petit frère, j’espère que tu te souviens de moi » Il se permettait même une petite plaisanterie. Si elle pouvait culpabiliser et être dans de bonnes dispositions, c’était déjà ça de pris. « Est-ce que tu peux m’ouvrir s’il te plait, il fait un peu froid. » Artur n’avait certes pas l’anormalité de sa sœur, il savait donner à sa voix le bon ton pour rappeler à sa sœur le petit frère qu’il était lorsqu’il lui demandait du chocolat. D’abord la caresser dans le sens du poil. Puis chercher des puces. Tenter de lui injecter un vaccin efficace et en dernier recours, la piquer sans aucun remord. C’était son plan d’action. Simple, efficace. Mais il fallait y aller doucement pour le moment : il se savait impulsif et ne voulait surtout rien précipiter.

Portail ouvert, il n’attendit pas plus de temps pour se précipiter à l’intérieur, chasser d’une main nerveuse les flocons pris au piège dans ses cheveux, franchir les quelques mètres qui le séparaient du perron jusqu’à cette nouvelle porte ouverte qui lui faisait face. Ainsi que sa sœur. Un petit sourire, étrangement sincère, se dessina sur les lèvres du brun. Lorsqu’elle ne parlait pas et se contentait de le regarder, il en oubliait presque à quel point la sirène pouvait devenir mortelle. Presque. « Moira… Ca fait un bail, n’est ce pas ? » Petite voix mélodieuse qui se perdit dans l'air glacé. Il franchit sans attendre la distance qui les séparait. S'invita chez elle comme si de rien n'était.


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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeVen 28 Aoû 2015 - 23:19

I'm always close to you, sister... [Ft. Artur Kovalainen]

" I will be waving
Everytime you leave
Oh ! I am you
The care, the love, the memories
You are forever in me... "
Je courrais... A perdre haleine. Je sentais le vent siffler à mes oreilles, mes longs cheveux roux cinglant mon visage. Chaque bouffée d'air était une torture, comme si l'oxygène tentait de carboniser purement et simplement mes poumons. Et malgré la douleur je courrais, me retournant parfois pour voir mon assaillant. J'étais poursuivie, et j'ignorais par quoi. Je fuyais, j'avais peur, je pouvais sentir l'angoisse pousser mes jambes à accélérer un peu plus la cadence... Et puis plus rien. Il n'y avait plus personne, rien que moi, dans le noir complet. Un silence assourdissant m'entourait et me donnait mal au crâne. Et alors je tombais, sans pouvoir m'arrêter, jusqu'à...

Jusqu'à ce qu'une cuisante douleur à l'épaule ne me réveille. Je me redressais sur mon séant, en nage, et grimaçais en me massant l'épaule. Cela faisait bien dix joues qu'Anika me l'avait remise en place, et j'avais depuis fait le trajet, certes un peu à reculons, jusqu'à l'hôpital, pour faire des radios, recevoir des soins plus poussés... Verdict ? Epaule luxée, immobilisation pendant trois semaines et interdiction de toucher à mon violon. J'avais du annuler un concert et trois répétitions, et je ne me souvenais pas avoir passé autant de temps sans caresser amoureusement les cordes de mon  archet depuis... Bientôt vingt cinq ans. Alors c'était trop me demander, je tentais de jouer tant bien que mal quelques minutes par jour, et je commençais à presque pouvoir le faire sans grimacer de douleur. Foutus hunters... La première fois que j'avais eu affaire à eux ici, à Radcliff, j'avais eu si peur que j'en avais lamentablement pleuré dans les bras de Martial et avais pour la première fois eu une véritable conversation sérieuse avec Seth. Dans les deux cas, c'était assez exceptionnel pour qu'on le relève. Pourquoi ? Parce que je ne pleurais pas souvent et que... Sérieux, les mecs, suivez un peu ! Seth et moi ? Avoir une conversation sérieuse ? Ca arrivait. Rarement. Mais quand ça arrivait, ça ne durait pas seulement cinq minutes.

Cette fois, j'avais de nouveau été attaquée, mais ça avait été moins violent et... Je ne sais pas. Je crois que rage et la colère avait pris le pas sur la terreur. J'avais rejoins Uprising, j'étais déterminée à me battre et à apprendre à rendre mon don suffisamment létal pour aider les gens comme moi... En gros, et on m'aurait sûrement tapé sur les doigts pour ça, j'étais prête à faire la peau au premier hunter que je croiserais. Vraiment, j'étais sérieuse ! Si j'en croisais un, j'en faisais une descente de lit. Et en parlant de descente de lit, je me laissais retomber sur le mien, tandis que Kissa, l'un de mes deux adorables chats, venait ronronner à côté de moi, peut-être pour me réconforter, surtout pour avoir des câlins. Il fallait vraiment manquer d'originalité pour appeler son chat... Chat, mais dans une autre langue, et je me détestais passablement pour ça.

Je tournais la tête vers le réveil. 6h40. Bien trop tôt pour moi, et pourtant j'étais parfaitement réveillée. Aussi, je me levais difficilement, m'harnachais à cette horreur qu'était l’attelle pour mon épaule et me traînais jusqu'à la salle de bain. J'avais une mine affreuse. Je me passais de l'eau sur le visage, tentais de donner une forme à peu près convenable à ma coiffure, et enfilais rapidement un vieux jogging et un t-shirt bien trop grand pour moi. Pas besoin de plus pour passer la journée enfermée. Et c'est à cet instant que la sonnette de l'entrée retentit. Quel con pouvait bien venir me voir à cette heure ?
Je m'approchais de l'interphone et marmonnais un « bonjours, c'est qui ? » très peu convaincant.

« Moira, c’est Artur, ton petit frère, j’espère que tu te souviens de moi  »

Je restais un instant silencieuse et lançais sèchement :

«Écoutez, si c'est une blague, elle n'est vraiment pas drôle...»

Et puis l'intrus à l'interphone repris, et mon sang ne fit qu'un tour. Cette façon si adorable de me demander les choses, ce ton qui me rappelait tant de souvenirs... Il n'y avait qu'Artur pour me faire baisser ma garde avec quelques mots. Alors, sans réfléchir, j'appuyais sur le bouton commandant l'ouverture du portail, et ouvrais la porte d'entrée, regardant mon frère avec des yeux ronds. D'une main, je tenais le collier de Biscuit, mon adorable chien déterminé à souhaiter la bienvenue à ce nouvel arrivant, tandis que je tenais la porte comme je pouvais avec mon pieds. Se débrouiller avec une seule main, ce n'était vraiment pas pratique. J'ordonnais sèchement à Biscuit de s'asseoir, tandis que je continuais de fixer Artur comme si j'avais affaire à un fantôme. Je n'étais pas réveillée, ce n'était pas possible ! Pincez-moi, quoi !

«A... Artur ? Mais que... Tu vas bien ? Qu'est ce que tu fais ici ? Ce... Ca fait longtemps que tu es à Radcliff ? Comment tu as su que j'habitais ici et... ? Minute... Il faut que je m’assois.»

Je n'en revenais pas. J'étais partagée entre trop de sentiments. L'incompréhension, la joie de le retrouver, la colère aussi parce que je lui en voulais de ne m'avoir donné aucune nouvelle depuis sa dernière visite qui avait donné lieu à une dispute, et je ne savais définitivement pas quoi répondre.

«Mais avant ça, j'ai besoin d'un café... Vas t'asseoir... Tu veux quelque chose ?»

Je me dirigeais alors vers la cuisine pour me préparer un café et ce qu'Artur voudrait boire, et m'arrêtais un instant devant le congélateur. C'était idiot car je n'en mangeais moi-même qu'en été, mais j'avais toujours quelque esquimaux au citron, au cas où mon frère passerait, justement. Je le savais très friand de ces petites choses là. Alors je posais le tout sur un plateau, avec une boîte de bonbons, mon péché mignon, et tentais de ramener le tout au salon avec une main et demi. Je me laissais ensuite tomber dans le fauteuil le plus proche et tentais d'avoir l'air le plus sévère possible... Ne pas montrer mon enthousiasme alors que j'étais censée lui en vouloir.

«Aucune nouvelle pendant cinq ans... Pourquoi maintenant ?»

Il fallait que je contienne mon enthousiasme mais aussi mon soulagement de le savoir en bonne santé... Et déjà, les questions restées sans réponses au sujet de mon fiancé refaisaient surface. J'avais l'impression que deux attitudes radicalement opposées bataillaient dans ma tête et c'était le meilleur moyen pour me donner la migraine.
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeDim 6 Sep 2015 - 23:12

I am always close to you, Sister
Moira & Artur



Son doigt appuya sur la sonnette dans un geste décidé. L’heure importait peu, qu’il la réveille encore moins : l’important c’était qu’elle soit là et qu’elle finisse par lui ouvrir. Un grésillement et… « bonjour, c'est qui ? » Très aimable, grande sœur, voilà une classe et une franche éducation qui se matérialisent dans ces syllabes inarticulées. Il ne put pas s’empêcher de sourire malgré tout, rasséréné par la voix de sa sœur, une voix endormie, une voix tout ce qu’il y avait de plus… normal. Quelques mots, il dévoila son identité et se surprit même à faire une petite plaisanterie pour achever de la réveiller et… un silence. Une phrase sèche. «Écoutez, si c'est une blague, elle n'est vraiment pas drôle...» Artur leva les yeux au ciel dans un claquement de langue agacé. Si ça avait une plaisanterie, serait il réellement resté planté là dans le froid et la neige ? Son impatience transparut dans sa voix lorsqu’il la pria dans un s’il te plaît rappelant le petit frère qui réclamait des sucreries d’ouvrir le portail et de le laisser entrer dans ce domaine visiblement… hostile. Un nouveau grésillement, et le portail s’ouvrit, laissant le regard d’Artur étinceler de satisfaction. Il ne devait surtout pas faire la même erreur, une erreur grossière d’ailleurs, qu’il y a cinq ans. Ne pas la brusquer, tâter délicatement le terrain pour mieux savoir par où commencer et mesurer l’ampleur des dégâts causés par son anormalité et sa désinvolture. Artur était certes le plus jeune des deux, et de plusieurs années, il se sentait parfois la responsabilité d’un aîné lorsqu’il considérait la bêtise et l’immaturité de Moira – ce qu’il faisait de plus en plus souvent ces derniers temps.

En quelques pas il franchit les graviers qui menaient à la porte d’entrée où, déjà, elle l’attendait avec une main posée sur le collier d’un… gros toutou. Artur fronça les sourcils en le considérant, avant de se reconcentrer sur son sourire et sur sa sœur qui le fixait avec des yeux grands ouverts. Moira, ça faisait longtemps, ça faisait cinq ans. Et elle n’avait que peu changé si on oubliait l’animal et ces marques qui marbraient son corps avec délicatesse, comme une brume qui déjà s’évaporait. Artur la dévisagea sans un mot, se faufilant à l’intérieur pour mieux se réfugier hors d’atteinte du froid qui s’enroulait dans sa gorge. «A... Artur ? Mais que... Tu vas bien ? Qu'est ce que tu fais ici ? Ce... Ca fait longtemps que tu es à Radcliff ? Comment tu as su que j'habitais ici et... ? Minute... Il faut que je m’assois.» Il prit une profonde inspiration, pour finir par se contenter d’un sourire dans un premier temps. Il fallait lui laisser le temps d’accuser le choc, de toute évidence, et… il avait du mal à se l’avouer mais il était trop content de se retrouver face et avec sa sœur pour s’impatienter à l’idée d’aller sur un terrain sensible, dans des sables mouvants où il risquait de s’enfoncer au moindre faux pas. Une inspiration, il se glissa dans le salon. Sans attendre son «Mais avant ça, j'ai besoin d'un café... Vas t'asseoir... Tu veux quelque chose ?», il s’installa comme s’il était chez lui ou plutôt comme s’il avait ses petites habitudes, sur le canapé, prenant le temps de bien choisir ses mots comme à son habitude. « Et bien… un thé serait le bienvenu, merci. Avec  deux sucres, comme toujours. » Avec lenteur, il ôta ses mitaines pour souffler sur ses doigts et se les réchauffer, comme pour bien faire comprendre à Moira qu’il avait froid et qu’il fallait qu’elle se hâte. Si Artur n’avait aucun scrupule à jouer avec ses retrouvailles et les sentiments de sa sœur ? Il attendait ce moment depuis bien trop de mois pour se retenir. Elle disparut dans la cuisine, il se releva pour ôter sa veste et la poser sur une chaise, faire un tour, mains dans les poches, du salon et en observer la décoration. Le chien le regardait avec suspicion, Artur lâcha un petit rire. « J’suis pas dangereux, moi, p’tit bouchon. » Son chuchotement s’affirme lorsqu’il lance un « Comment s’appelle ton gros chien ? » plus pour faire semblant de s’intéresser à la vie de sa sœur que par réel intérêt pour la chose. Artur n’aimait pas vraiment se disperser lorsqu’il avait une idée derrière la tête et pour le moment, tout ce qu’il voulait savoir, c’étaient la succession des derniers événements à avoir marqué sa sœur. Physiquement. Il savait que des Hunter lui étaient tombés dessus, il savait reconnaître les marques de ses frères ou collaborateurs (Artur n’était pas encore fixé sur son appellation favorite) et plus encore connaissait la prudence de sa sœur.

Elle revint finalement avec un plateau. Un thé. Un café. Une boîte de bonbons et… Un sourire naquit, sincèrement cette fois, sur les lèvres du petit frère. « Tu en as toujours dans ton congélateur ? C'est adorable de ta part, même si... j'ignore si je la mérite. » Il balaya son air sévère d’une main impatiente en ouvrant l’esquimau sans attendre une seconde supplémentaire pour se laisser aller à suçoter la sucrerie glacée à laquelle il était strictement incapable de résister. S’il se plaisait à se croire capable de la manipuler avec suffisamment d’habileté pour obtenir d’elle ce qu’il voulait, il n’était de toute évidence pas le seul à savoir sur quel levier appuyer chez l’autre… «Aucune nouvelle pendant cinq ans... Pourquoi maintenant ?» Il releva la tête de son esquimau, comme s’il était surpris par une telle… agression ? Non. Elle voulait jouer à la plus en colère des deux, mais il avait suffisamment de grincements de violon dans les oreilles, de modulation de la voix, de crispation et de rancœur dans ses bagages pour que, s’ils commençaient à jouer sur les reproches, il gagne la partie haut la main, sans aucun doute. Une inspiration. Un sourire qu’elle pouvait interpréter comme un souffle d’excuse… « J’ai réussi à négocier un peu de congés pour venir te voir, ça faisait tellement longtemps que je voulais te voir… pour… je n’ai pas eu le temps de… » Un soupçon d’hésitation, pour qu’elle termine d’elle-même la phrase, qu’elle voit ses espoirs se cristalliser, peut être même une pointe de culpabilité naître à son tour ? « … m’excuser pour la dernière fois… » Il n’avait surtout pas eu le temps d’aller au bout des choses et de lui faire comprendre par la force puisque la persuasion ne fonctionnait pas, qu’elle devait changer d’attitude. « Mais si je te dérange, je peux partir, je ne voudrais surtout pas m’imposer… » Artur se releva lentement, hésitant même à aller jusqu’à poser son esquimau.

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeDim 13 Sep 2015 - 11:20

I'm always close to you, sister... [Ft. Artur Kovalainen]

" I will be waving
Everytime you leave
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You are forever in me... "
Alors que je le laissais entrer, Artur eu la bonne idée de ne pas répondre tout de suite à mes questions. Au fond, je n'étais pas tout à fait sûre d'avoir envie de connaître sa version des faits, le pourquoi du comment il était resté aussi silencieux... Je m'étais depuis longtemps fait ma propre idée, et je n'étais pas certaine d'être capable de me faire à la sienne.
Artur... Mon frère adoré, l'une des seules personnes pour qui j'aurais donné ma vie et celle de la planète entière. Comprenez-moi : Si on me laissait le choix entre sauver Artur et l'humanité toute entière, j'aurais fais le choix le plus égoïste qui soit. De toute manière j'avais perdu foi en l'Homme depuis bien longtemps... Pas en mon frère. J'étais incapable de véritablement lui en vouloir, et je m'en sentais bête. Cinq ans que nous ne nous étions pas vu, et bientôt douze que j'avais quitté la maison de mes parents. A l'époque, il était silencieux, il avait vu mon départ comme une trahison et un soulagement à la fois, je lui avais juré de lui donner des nouvelles... Je l'avais fais au début, avec des lettres, des mails... Restés sans réponses. Et puis j'avais espacé les nouvelles, jusqu'à ne plus lui en donner du tout. La faute nous incombait tous les deux, nous avions délibérément mis une distance déchirante entre nous.

Au début, j'avais pensé que c'était mieux comme ça. Quand nous étions enfants, Artur voyait encore en moi la magicienne qui savait le rassurer lorsqu'il faisait un cauchemar, la gamine timide qui fuyait les conversations avec des inconnus pour ne pas risquer de les blesser... Et puis, à force d'acharnement et d'entraînement, j'avais fini par maîtriser suffisamment mon don pour l'utiliser à ma guise et ne plus craindre grand chose. Bridée pendant des années, j'avais décidé de faire de cette malédiction un jouet, et je continuais encore aujourd'hui à m'en amuser. Et c'était ce qui m'avait à ce point éloignée d'Artur. De la fascination, il était passé à l'agacement, puis au mépris, et enfin à la haine de ce côté moi si différent. Seulement il ignorait deux choses : J'étais partie non seulement pour ma carrière, mais aussi pour ne plus lui faire subir ce qu'il appelait ma monstruosité. Quant à l'autre chose... Jamais il ne devait apprendre que j'étais entièrement responsable de son hyperacousie. Le jour où ma mutation s'était réveillée, j'avais marqué mon propre frère à vie. Rien que pour cela j'aurais du haïr ma mutation.

Alors que j'étais dans la cuisine, Artur me demanda un thé au citron, m'arrachant un sourire. J'aurais du m'en douter... Le thé et le citron, une grande histoire d'amour chez mon frère ! Le remplissais une tasse d'eau chaude, y plongeais un filtre à thé que j'avais préalablement rempli, et posais deux sucres dans la soucoupe. Alors que je revenais vers le salon, je constatais que mon chien regardais Artur avec un air peu disposé. Comme d'habitude, cette énorme boule de poils se méfiait de tous les inconnus... Enfin inconnus... Il continuait à bouder Seth et à planquer ses caleçons à chaque fois qu'il passait la nuit ici.

«Il s'appelle Biscuit... Mais ne t'en fais pas, il est méfiant avec tous les gens qu'il ne connaît pas. Ca va lui passer...»

Est ce que je sous entendais par là que j'espérais bien que mon frère passerait régulièrement du temps avec moi maintenant que nous vivions au même endroit ? Totalement. Je m'asseyais dans un fauteuil, et la réaction d'Artur face à l'esquimau au citron manqua bien de faire totalement fondre le masque de mécontentement que je tentais de montrer. Je l'avais trouvé bien froid et distant ces cinq premières minutes, et enfin j'avais l'impression d'avoir mon frère en face de moi. Ce sourire innocent et chaleureux m'avait manqué, j'aurais voulu le prendre dans mes bras pour lui dire à quel point il m'avait manqué, à quel point j'aurais voulu pouvoir lui parler, cinq ans plus tôt... Mais déjà le mot hunter planait au dessus de sa tête et je me renfermais à nouveau, me contentant d'un sourire.

«Toujours, oui... Je me dis qu'on ne sait jamais, les visites surprise ça arrive... Ne t'occupe pas du mérite et mange...»

Je ne voulais pas m'éterniser là dessus... Ca me faisait déjà assez mal de ne pas lui sauter dessus en piaillant comme une gamine de huit ans. J'avais besoin de savoir... Pourquoi es-tu devenu cet homme aussi froid et calculateur, Artur ? Qu'est ce qui s'est passé pendant mon absence ? Pas eu le temps de quoi ? De me donner de nouvelles ? De m'expliquer ce qui t'étais arrivé ? Et t'excuser d'avoir sous entendu que mon fiancé et moi étions des monstres ? Ou de n'avoir rien fait pour m'aider ? Je détestais ces phrases en suspend, mon esprit tentait de les combler par tous les scénarios possibles et imaginables, sans que l'un ne me paraisse plus crédible que l'autre... Je restais silencieuse, jusqu'à ce qu'il se lève pour partir. Et je n'y vis que du feu ? A aucun moment je n'envisageais l'idée qu'il puisse faire cela pour me manipuler, j'étais prête à croire tout ce qu'il me disais, comme si le fait d'avoir une confiance aveugle en mon frère me permettait de m'excuser un peu pour tout ce que j'avais fais... Aussitôt je me levais et attrapais la manche d'Artur de ma main valide. Le masque tomba aussi sec, tandis qu'une expression inquiète se peignait sur mon visage.

«Non ! Je t'en prie, reste... Je... Je suis désolée. C'est juste que... Artur, cinq ans sans nouvelles, j'ai pensé au pire ! Depuis que tu as... Rejoins ce groupe, j'ai la peur au ventre, tu n'imagines pas... Il pourrait t'arriver malheur, certains sont... Sont... Dangereux...»

Je balbutiais, je cherchais mes mots... Et j'en venais même à avouer que je pensais certains mutants suffisamment dangereux pour craindre pour la vie de mon frère. Il aurait probablement été la seule personne susceptible de me faire changer d'avis sur qui étaient les gentils et les méchants de l'histoire. Même si ça, c'était moins sûr. Je resserrais ma prise sur la manche de sa veste en me mordant la lèvre.

«Ca va faire douze ans qu'on ne s'est pas vraiment parlé, Artur. Alors je t'en prie, ne me tourne pas le dos maintenant... Je ne te le pardonnerai pas si tu le fais...»

Je l'incitais à se rasseoir et me reposais à mon tour dans mon fauteuil, grimaçant en sentant les points de suture que j'avais à la jambe se tendre. J'avais tellement hâte d'être à nouveau maîtresse de mes mouvements...

«Puisque tu es toujours au courant de tout, j'imagine que tu sais que... William n'a toujours pas été retrouvé...»

Tout cela sonnait comme un reproche, car au fond je me doutais qu'Artur savait déjà ça. Il avait toujours eu un don pour tout savoir avant tout le monde, c'était l'une de ses qualités les plus impressionnante... Et exaspérante, surtout quand vous voulez lui faire une surprise et qu'il a déjà tout deviné !

Soupirant à nouveau, je me passais une main dans les cheveux et saisissais ma tasse de café fumante pour en boire une gorgée.

«Dis-moi plutôt dans quoi tu travailles ? Qu'est ce que tu deviens ?»

A mesure que les mots sortaient de ma bouche, je retrouvais ce ton enjoué et affectueux que j'avais à chaque fois que je parlais à mon frère, par le passé. Je n'avait peut-être pas tellement envie de lui faire la tête, au fond... Tant que je gardais ma mutation éloignée de cette conversation, peut-être que ces retrouvailles ne seraient pas aussi terribles que je l'imaginais.
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeSam 19 Sep 2015 - 17:27

I am always close to you, Sister
Moira & Artur



«Toujours, oui... Je me dis qu'on ne sait jamais, les visites surprise ça arrive... Ne t'occupe pas du mérite et mange...» L’acidité du citron agressa ses papilles dans un petit pétillement glacé. Et s’il eut naturellement un petit frisson rappelant le froid qui sévissait à l’extérieur de la maison, Artur l’ignora pour mieux se passer la langue sur les lèvres et récupérer ce qui risquait d’être perdu de sa glace. Un petit sourire qu’il voulut complice, Artur se morigéna violemment : il ne devait pas, surtout pas perdre le nord. Ce n’était pas sa sœur qui se tenait devant lui, ce n’était pas la sœur qu’il voulait avoir du moins. C’était une inconnue qui embrassait complètement son anormalité. C’était une inconnue qui refusait d’ouvrir les yeux. Mais c’était sa sœur. Et tout commençait déjà à devenir bien plus compliqué qu’escompté, surtout si… Artur balaya d’un geste de la main cet air sévère qu’elle tentait de se donner. Il ne devait pas perdre le nord et surtout, il devait continuer à être calme, avenant avant que ne vienne le temps des questions qui risquaient de légèrement refroidir l’atmosphère. Il s’agissait de préparer le terrain. Lentement. De laisser couler les sous-entendus comme s’il ne le faisait pas exprès. Laisser traîner ses phrases, créer un mal-être et un malaise dans ses attitudes, dans cette question de mérite, dans une justification de sa présence ici. Dans la colère, aussi, qu’il pressentait dans les yeux de sa grande sœur. Artur exigeait réparation, justice, rancœur et rancune et ça ne lui posait alors aucun problème de la manipuler et de jouer avec ses émotions et, plus encore, sa joie de le retrouver. Une inspiration, un sourire, il contint son impatience et modula sa voix. Vois tu, grande sœur, tu n’es pas la seule à savoir jouer avec ta voix susurra-t-il en pensée à sa sœur aînée alors qu’un suspens dans la voix invitait aux suppositions. Il poussa même le vice à s’excuser pour leur précédente dispute alors qu’il n’en éprouvait aucun remord et asséna un dernier coup en se levant pour prendre congé. Allez, retiens moi, tomber dans le piège et supplie moi ricanaient les yeux chocolat du petit frère. Il devait lutter pour conserver une moue désolée et attristée et pour ne rien laisser de son sourire paraître sur ses lèvres. Et lorsqu’elle ferma sa main sur la manche d’Artur, il comprit qu’elle était définitivement ferrée, emmêlée dans un filet, une sirène redevenue simple sardine et vouée en pâture à un pêcheur – ou plutôt chasseur s’amusa-t-il à se faire la remarque – bien peu scrupuleux. Et les mots qu’elle articula, teintée de cette savoureuse inquiétude, caressèrent les oreilles trop sensibles d’Artur comme un aveu et une reddition, avec une douceur et un aspect sucré qu’il sentait dans toutes ses victoires. «Non ! Je t'en prie, reste... Je... Je suis désolée. C'est juste que... Artur, cinq ans sans nouvelles, j'ai pensé au pire ! Depuis que tu as... Rejoins ce groupe, j'ai la peur au ventre, tu n'imagines pas... Il pourrait t'arriver malheur, certains sont... Sont... Dangereux...»

Elle n’y voyait que du feu, aveuglée par son arrogance, sa suffisance et surtout par sa faiblesse et sa mièvrerie. Artur était même presque certain que s’il lui dévoilait, là, maintenant, son vrai visage de satisfaction, elle se contenterait d’avoir l’impression d’halluciner, au mieux, de se tromper : au pire. Mais il ne comptait pas laisser tomber le masque pour le moment : il avait un esquimau à finir. Sans se précipiter, il lui offrit un petit haussement d’épaules accompagné d’un petit sourire timide, voire complice. « Ne t’excuses pas, tu n’as rien fait de mal, c’est moi… j’aurais du te prévenir mais… tu n’es pas la seule à avoir pensé au pire… » Artur aimerait presque attraper le violon de sa sœur pour en tirer une mélodie dramatique tant ses propos lui semblaient vide de sens et au comble du ridicule. Pour mieux couper au sécateur chaque corde de ce foutu instrument en regardant sa sœur droit dans les yeux. Artur inspira lentement, sans s’asseoir pour autant. Elle raffermit sa prise sur sa manche, il la laissa faire, désormais indifférent aux efforts qu’elle pourrait faire pour le pousser à rester : il ne comptait pas partir. Pas encore. Il avait toute la journée devant lui s’il le fallait. Et il devait maintenant orienter la discussion vers les Hunters puisqu’elle avait commencé, elle, à aborder le sujet. C’était pour le mieux d’ailleurs : elle n’aurait qu’elle à blâmer si leur discussion se soldait à nouveau par une dispute quelconque. «Ca va faire douze ans qu'on ne s'est pas vraiment parlé, Artur. Alors je t'en prie, ne me tourne pas le dos maintenant... Je ne te le pardonnerai pas si tu le fais...» Et à nouveau le violon de sorti… Artur se retint dans un sourire de mimer ses doigts s’agitant sur les cordes et sur un archet invisible. C’était pitoyable. Un nouvel haussement d’épaules, Artur signa l’armistice en se rasseyant. « Douze ans ? Cela fait autant d’années  que tu es partie de la maison ? » La surprise d’Artur, pour une fois, ne fut pas feinte. Douze ans ? Il avait parfois l’impression que cela ne faisait qu’une poignée de mois qu’elle l’avait enfin libéré de sa présence détestable et que cela faisait une éternité qu’elle l’avait abandonné à une solitude à laquelle il ne s’attendait pas vraiment. Mais si sa surprise était bien sincère, le choix de ses mots lui… Artur voulait voir s’écrire sur le front de sa sœur le mot culpabilité et la voir saigner de douleur. Qu’elle comprenne que ce n’était pas lui qui avait mis un gouffre entre eux deux, mais bien elle et sa mutation, elle et son incompréhension, elle et sa monstruosité qu’elle refusait d’éliminer pour conserver son petit frère.

Mais il fallait qu’il se calme, il devait juste se contenter de tâter le terrain aujourd’hui, c'était ce qui était prévu. Alors pourquoi cela semblait-il bien plus différent que ce qu'il avait imaginé ? Parce qu’elle lui manquait, parce que cette glace au citron qu’il suçotait du bout des lèvres presque sans y penser, c’était la preuve qu’il était et restait son frère malgré tout. Parce que, peut être, avait-il peur de se laisser distraire comme elle, il parvenait à la distraire avec ce qu’elle voulait entendre. En sortant de son appartement ce matin, il comptait prendre la température : il revoyait maintenant ses plans, dérouté plus par la tournure de la conversation que ses manipulations qui, en le menant là où il voulait, l’éloignaient aussi de ce qu’il visait vraiment : que Moira change d’avis. Et de toute évidence, il lui avait manqué, tellement manqué qu’elle était prête à parler d’elle-même des sujets qui… «Puisque tu es toujours au courant de tout, j'imagine que tu sais que... William n'a toujours pas été retrouvé...» fâchaient. Des sujets qui fâchaient mais qui réjouissaient dans un même temps. Son sourire perça un peu, il ne tenta même pas de faire apparaître la moindre empathie sur son visage : ça risquait de décrédibiliser toute son attitude jusque-là. Non, pas de faux-semblants cette fois : la dureté prit brutalement le pas sur ses traits. « Qu’est ce que tu essayes de dire, là, Moira ? Tu te plains que nous n’ayons pas eu de contact depuis cinq, douze ans, je viens pour te voir toi et tu remets un sujet sensible sur le tapis. Qu’est ce que tu crois ? » Elle l’agaçait et il avait du mal à le cacher, d’autant plus qu’il n’y avait rien à retrouver puisque son si cher William n’était déjà plus qu’un tas de débris jetés dans la benne à ordures. Ce qui convenait parfaitement : ses gênes et son abus d’utilisation de son pouvoir avait fait de lui une véritable ordure à dégager, sans se soucier outre mesure du tri sélectif. Son sourire, sa dureté, son visage torturé par un trop plein d’émotions, Artur espérait que Moira allait vite changer de sujet sinon il n’allait pas réussir à se retenir de lui cracher, acide, la vérité pure et dure.

Un soupir. Un armistice ? Artur termina sa glace en croquant dans la fin, le froid crissant sur son émail et hurlant contre ses dents, le bâtonnet s’échoua sur le plateau. «Dis-moi plutôt dans quoi tu travailles ? Qu'est ce que tu deviens ?» Il haussa un sourcil. Un ton enjoué ? Affectueux malgré tout ? Une conversation changée, lancée, un intérêt pour sa vie malgré son…, comment avait elle dit ça un peu plus tôt ?, appartenance à ce groupe constitué de personnes dangereuses, quelque chose dans cet ordre d’idée. Artur se passa le pouce sur les lèvres pour les nettoyer et s’octroyer quelques secondes supplémentaires pour répondre. « Je… travaille dans avec les services de police. Je me suis découvert une certaine passion pour tout ce qui est police scientifique, recherche d’indices sur les scènes de crime. C’est un travail très exigeant, assez prenant mais gratifiant : ça me permet d’apporter une petite pierre à l’édifice de la justice, d’aider à mettre en prison des criminels, ceux qui se pensent… » Je fais semblant de réfléchir en approchant la tasse de thé, brûlante, de mes lèvres sans pourtant les y tremper. « … au dessus des lois. Au dessus de leur condition d’être humain qui se doit de vivre en parfaite harmonie avec ses semblables. » Ceux qui, comme elle, s’octroyaient le droit de se croire autoriser à exploiter leur aberration génétique pour leur propre bénéfice. Ceux qui ne méritaient en rien leurs pouvoirs et devaient mourir. Artur était peut être au service de la justice, il était aussi au service de la sienne, et la sienne incluait au mieux la vaccination des abominations, au pire – et le pire constituait la plupart des cas – la peine capitale. Un demi-sourire, il lança un coup d’œil à sa sœur. « Une juste cause, tu ne trouves pas ? Le petit frère a grandi… » Il trempa ses lèvres dans le thé pour en boire une gorgée, grimaçant sous la transition brutale du froid vers le chaud. « Et toi ? Puisque je sais tout, je ne vais pas te demander dans quel escalier tu es tombée pour récolter de si jolis bleus mais… essaye de faire attention, sisko. Tu n’es pas la seule à t’inquiéter, tu sais ? Je suis très concerné par ta santé, surtout vu les gens très… dangereux dont tu as tendance à t’entourer. »

Et voilà. Il avait cessé de feindre et commençait dès à présent à entrer, le plus doucement possible à ses yeux, dans le vif du sujet.

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeMar 22 Sep 2015 - 0:28

I'm always close to you, sister... [Ft. Artur Kovalainen]

" I will be waving
Everytime you leave
Oh ! I am you
The care, the love, the memories
You are forever in me... "
Que devais-je penser... ? J'étais partagée entre la joie, l'allégresse, même, la stupeur, la colère, la rancoeur... Trop d'émotions contradictoires dont je n'aurais pas du avoir peur en présence de mon frère. Pourquoi, Artur ? Pourquoi avais-je le désagréable sentiment d'avoir un étranger face à moi ? Parfois, j'aurais aimé que mon frère soit aussi un mutant, qu'il ait un don et qu'il ne jalouse pas le mien autant qu'il le haïssait... Je me serais même sentie prête à lui offrir le mien et n'être qu'une simple humaine, si ça avait pu nous permettre de repartir à zéro. Et pourtant, je ne lui souhaitais pas ce que j'avais enduré. Il était trop jeune pour s'en souvenir, mais lorsque j'étais enfant, je ne pouvais parler à personne, on me demandait d'être silencieuse en présence de mon petit frère et de toute personne inconnue, et j'avais plus d'une fois blessé mes parents rien qu'en leur parlant. J'étais soulagée de savoir qu'Artur avait pu avoir une enfance normale, lui. Seulement, j'avais eu beau tenté de lui expliquer les choses, il n'avait jamais compris mon point de vue. Il ne tolérait pas le fait que je me serve de ma mutation à ma guise, maintenant que je la maîtrisais... Et encore, j'étais loin de me douter à quel point il voyait mon attitude d'un très mauvais œil.

Je fronçais alors les sourcils. Tu n'es pas la seule à avoir pensé au pire ? Mais que craignait-il ? Avant mon arrivée à Radcliff, je n'avais jamais eu le moindre problème. Je m'étais tenue loin de tous les chasseurs, avais mené ma petite vie, et n'avais jamais eu à craindre quoi que ce soit... Du moins avant l'enlèvement de William.

«Le pire ? Que voulais-tu qu'il m'arrive ? Contrairement à ce que tu pensais quand je suis partie, je sais être discrète... Et si tu avais répondu à mes lettres et mails, tu aurais su que tout allait bien...»

Je ne pouvais retenir tous ces reproches que je contenais depuis si longtemps. J'avais même envie de lui hurler de me regarder dans les yeux pour ne plus voir le monstre qu'il s'évertuait à imaginer en moi. A quoi pensait-il ? Qu'est ce qui se cachait réellement derrière ce silence et ce sourire avenant ? Pourquoi étais-je à ce point incapable de lire en lui ? La réponse était toute simple. Au fond je n'en avais pas envie. Je préférais voir en lui un petit frère à protéger plutôt qu'un chasseur à craindre. Et je hochais la tête avec un faible sourire lorsqu'il se rendit compte que cela faisait si longtemps que j'étais partie.

«C'est ça... J'avais à peine dix huit ans et tu en avais tout juste quinze. Je venais de signer mon premier contrat avec un orchestre de New York, et toi tu entrais au lycée à Londres, il me semble ! Et puis le temps file, je crois que ni toi ni moi ne l'avons vu passer.»

Je haussais alors les épaules. Le passé appartenait au passé, et je n'avais aucun intérêt à le ressasser. Après tout, l'essentiel c'était qu'Artur soit là à présent... Mais je venais de commettre une erreur en lui précisant que mon fiancé n'avait toujours pas été retrouvé. A sujet sensible, réaction acide.

«Ce que je crois ? Mais je rêve, Artur ! Il y a cinq ans, tu as débarqué de nulle part, et la seule chose qui t'intéressait, c'était de savoir de quel don disposait William... Tu ne m'as pas demandé comment il était, si j'avais été heureuse avec lui... Bon sang, j'allais me marier, Artur ! Tu as peut-être oublié le faire part que je t'avais envoyé ? Alors pardonne-moi d'être méfiante, mais tu as été le premier à venir me voir en ayant de potentielles informations à son sujet... Pour au final me cracher au visage que je l'avais bien cherché. Et avant que tu ne renchérisses, le débat est clôt.»

Mon éternelle façon à moi de lui dire que je lui en avais voulu... Quelques heures, quelques jours peut-être... Et après j'avais regretté qu'il ne soit pas près de moi pour m'écouter. Quelle idiote je faisais... J'avais relancé le sujet sans même m'en rendre compte, et à présent Artur se levait pour prendre congé. Non non non tu restes là, mon petit ! Et finalement, il eut le dernier mot, une fois de plus. Je laissais couler, trop heureuse de l'avoir un peu pour moi seule. C'était égoïste de ma part, mais j'avais eu du mal à supporter toutes ces années loin de mon frère. Il y avait plus que des liens de sang entre nous, c'était un ami, un confident, la personne en qui j'avais le plus confiance sur Terre... Plus qu'à Malachi, plus qu'à Marius, plus qu'à Martial, plus qu'à Seth... Et pourtant, j'aurais tué pour eux aussi. Mais je n'aurais peut-être pas été aussi loin que pour Artur. Même lorsqu'il avait tort, je ne supportais pas que qui que ce soit me fasse remarquer que mon frère n'était pas dans le droit chemin. Quelques semaines plus tôt, j'avais même pris sur moi en entendant Marius dire d'Artur que c'était un petit con. Je balayais cette idée d'un revers de main mental et reportait mon attention sur la conversation, m'animant en apprenant que mon frère, ce petit génie, était entré dans la police scientifique. Ca ne m'étonnait qu'à moitié ! Je penchais néanmoins la tête sur le côté, une expression sévère sur le visage. Quel discours... Extrême...

«Wouaw... Je suis impressionnée et très fière de toi, petit frère ! Ca ne m'étonne même pas que tu travailles là dedans, tu as toujours été le cerveau de la fratrie !»

Je riais un instant, le regard pétillant de malice et de fierté. Je n'avais jamais eu de mauvais résultats à l'école, mais jamais rien d'extraordinaire non plus. J'étais une élève correcte, dans le lot, dirait-on. Et toute cette théorie m'avait très vite ennuyée, contrairement à Artur qui avait brillé par ses résultats dès l'école primaire. Contrairement à moi qui abandonnais vite quand un sujet me gonflait, il allait au bout des choses, jusqu'à les maîtriser à cent pour cent.

«J'imagine que ces gens dont tu parles... Ce sont des criminels, des meurtriers, même ? Brr... Tu as du te retrouver sur des scènes de crimes, c'est glauque... Ce n'est pas trop éprouvant ?»

Comment aurais-je pu deviner qu'il parlait de mutants, de gens comme moi ? J'avais mis de côté ma condition de personne au soit disant gêne défaillant, et tout mon discours se rattachait à un monde très rationnel où les étrangetés n'avaient pas leur place.
Et puis le sujet que je voulais éviter vint inévitablement. Je me renfrognais, me mordant la lèvre en gardant un moment le silence, avant de tenter un mensonge.

«Ahah... Tu vas trouver ça bête mais... En fait j'ai glissé sur une plaque de verglas, l'autre jour, et je me suis déboîtée l'épaule ! J'ai dévalé une pente, du coup j'ai hérité de jolis bleus... Ahah...»

J'ignorais s'il croirait ce mensonge, mais il valait mieux que je rebondisse tout de suite pour laisser ce sujet derrière nous... Si du moins Artur ne décidait pas de renchérir.

«Oh ! Au fait ! Quand je me suis retrouvée à l'hôpital pour... Bah pour ma chute, devine qui j'ai croisé ? Enfin non tu ne trouveras jamais... Les jumeaux Caesar ! Tu sais, les deux petits français, je crois même que tu étais dans leur classe, à un moment. Tu t'entendais bien avec Martial, il me semble...»

Aller hop ! Evoquons l'une des rares personnes qu'Artur estimait, ou du moins j'en étais presque sûre. En revanche je ne mentionnais pas Marius, c'était un coup à relancer un débat que j'avais déjà essayé de tuer dans l'oeuf quelques semaines auparavant.

«Cette ville est dingue... On y croise des gens perdus de vue depuis des années...»

Disant cela, je ne pouvais m'empêcher de regarder Artur avec une pointe de reproche dans le regard. Oui je lui en voulais. Et je m'en voulais aussi. Et je ne savais pas comment le lui dire sans le froisser.
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeLun 28 Sep 2015 - 17:18

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« Le pire ? Que voulais-tu qu'il m'arrive ? Contrairement à ce que tu pensais quand je suis partie, je sais être discrète... Et si tu avais répondu à mes lettres et mails, tu aurais su que tout allait bien...» Pardon ? Artur plia ses traits, s’offusqua, lâcha un petit rire blessé, comme s’il venait du fond du cœur et qu’il souffrait de voir sa sœur l’attaquer de la sorte. Ce qui n’était malheureusement pas tout à fait faux, même s’il refusait de se l’avouer totalement. Il tenait à sa sœur. Réellement. Elle était de son sang, elle était sa complice, elle était sa meilleure amie, elle était sa grande sœur. Mais c’était son devoir à lui et à pas un autre de gérer son anormalité, sa monstruosité et Artur refusait de se dérober à son devoir, quel qu’il fût, surtout quand, comme dans le cas présent, il avait un compte à régler avec la personne. Oui, si quelqu’un devait un jour la blesser voire aller plus loin, alors ce devrait être lui. S’il avait craint le pire ? Plus d’une fois. Certes, à ses yeux le pire n’était plus la mort de sa sœur mais sa mort par le biais d’un autre, mais c’était de ce genre de petits détails dont elle n’était obligée d’avoir connaissance. « Je viens te voir, je prends sur mes congés pour venir et voir, et tu me reproches mon silence ? Je… je ne te pensais pas capable d’être aussi… » Artur n’eut pas à se forcer pour laisser la peine paraître sur ses traits. Il n’était certes pas nécessairement attristé parce qu’elle pouvait penser ou dire, mais plus parce qu’il pressentait qu’elle n’avait pas changé pendant toutes ses années. Et que leur relation, fraternelle, déjà lourdement fissurée, avait été encore plus mise à mal à cause de ce mutant dont elle s’était entiché. Et de ce qu’il avait lui mettre en tête vis-à-vis des Hunters et de leurs actions. Bientôt, il allait devoir cesser de feindre. Mais pas encore : il pouvait continuer à jouer avec elle, il pouvait encore contrôler leur discussion, l’amener tout doucement sur le sujet qui l’intéresser, titiller sa susceptibilité, asticoter sa culpabilité, la laisser parler, s’enfoncer, s’excuser. Il ne comptait pas partir, il s’amusait trop. Ou plutôt, il appréciait trop la tournure de leur conversation et surtout l’entendre le supplier de rester. Et… tenter de faire du chantage ? Je ne te le pardonnerai pas… Foutaise, elle lui pardonnait tout. Mais soit, il se rassit, haussa les épaules, s’exclama sur le temps qui passait, l’abandon de sa sœur – puisqu’elle lui reprochait de ne pas avoir donné de nouvelles, il n’allait pas se priver de lui faire remarquer que c’était elle qui, la première, avait mis de la distance entre eux. Pas lui. «C'est ça... J'avais à peine dix huit ans et tu en avais tout juste quinze. Je venais de signer mon premier contrat avec un orchestre de New York, et toi tu entrais au lycée à Londres, il me semble ! Et puis le temps file, je crois que ni toi ni moi ne l'avons vu passer.» Il lâcha un soupir, désintéressé, exaspéré de la voir l’infantiliser de la sorte en lui rappelant son âge et surtout ses années de lycée, peu joyeuse sur le plan de sa scolarité. Un orchestre à New-York, oui. Il avait enfin été débarrassé de son crincrin, de ses bruits stridents, de ses grincements de corde à répétition à longueur de journée. Il avait enfin été débarrassé des fluctuations de sa voix, de ces ondes qui le prenaient aux tripes, de ce dégoût et de cette jalouse qui lui brûlaient la gorge lorsqu’il l’avait constamment sous les yeux. Et il avait été seul, brutalement seul. Douloureusement seul. Le temps filait, oui, plus vite qu’on pouvait le croire, plus doucement qu’on pouvait le supporter. Et douze ans, déjà, que le monde avait définitivement gagné en éclats et qu’Artur n’était plus réellement seul à voir sa sœur comme ce qu’elle était vraiment : un monstre, tout simplement. Mais il n’était pas encore temps de songer à tout cela, il devait encore la rassurer, lui montrer le petit frère avant de lui montrer l’adulte qu’il était devenu en cinq ans. Il devait l’apaiser, éteindre sa méfiance, enlacer la grande sœur avant de devenir plus incisif et de laisser tomber un à un ses faux-semblants pour entrer dans le vif du sujet et le plus… le moins sympathique de ce qu’il devait lui dire.


Elle le devança : l’atmosphère se tendit brutalement. C’était amusant comme un nom, un seul, avait le pouvoir d’étouffer la légèreté et de mettre du plomb dans l’aile de cette discussion qui avait, pourtant, bien commencé aux yeux d’Artur. Un nom, un seul, le sourire du petit frère se figea, se fana pour mieux disparaitre. Et réapparaître bien malgré lui. L’avait-elle fait exprès ? S’était-elle amusée à articuler ce prénom maudit juste pour voir sa réaction ? Non, bien sûr que non. Elle ne planifiait pas, ne manipulait pas, s’exprimait au gré de ses envies et de ses sentiments comme une enfant. Contrairement à lui. Artur s’était même demandé à une époque si cette naïveté qu’exposait sa sœur n’était pas simplement feinte pour lui faire baisser sa garde mais il avait si vite rejeté cette hypothèse qu’il n’en planait désormais dans son esprit que l’ombre d’un soupir. Un soupir amusé, bien évidemment. Qui fut chassé par mon agacement, première émotion bien réelle et sincère à s’exprimer aussi largement dans ma voix et dans mon ton. Acide. Que pensait-elle en lançant ce prénom et son inquiétude avec autant de légèreté ? Qu’il n’allait pas réagir ? N’était-ce justement pas parce qu’il s’intéressait, à sa manière, à ce dégénéré qu’ils s’étaient disputés et avaient perdu contact ? «Ce que je crois ? Mais je rêve, Artur ! Il y a cinq ans, tu as débarqué de nulle part, et la seule chose qui t'intéressait, c'était de savoir de quel don disposait William... Tu ne m'as pas demandé comment il était, si j'avais été heureuse avec lui... Bon sang, j'allais me marier, Artur ! Tu as peut-être oublié le faire part que je t'avais envoyé ? Alors pardonne-moi d'être méfiante, mais tu as été le premier à venir me voir en ayant de potentielles informations à son sujet... Pour au final me cracher au visage que je l'avais bien cherché. Et avant que tu ne renchérisses, le débat est clôt.» Il se prit, avec une certaine justice, chaque question et accusation dans l’estomac. Mâchoire crispée, comme sa main sur sa glace, comme ses yeux sur sa sœur. Sa jalousie, sa rancœur, sa colère se cristallisèrent dans une satisfaction toujours plus grandissant à l’idée que l’autre imbécile n’était plus désormais qu’un tas de décombres qu’il aimerait lui offrir sous la forme d’un service de mariage, tiens, pour qu’elle comprenne l’ironie. Il ne lui avait pas demandé si elle était heureuse ? Mais comment aurait-il pu seulement s’intéresser de cette manière à sa vie à elle alors qu’elle s’acoquinait pour le blesser, lui, avec un autre dégénéré ? « Le débat est clôt ? Il n’a même pas commencé ! Mais soit, comme tu veux. » Il ne cachait pas son mécontentement. Elle ne l’avait pas blessé, certes, mais c’était tout comme. De quoi devait-il s’excuser ? De s’intéresser d’abord à l’anormalité de sa sœur et aux bêtises qu’elle pouvait faire plutôt qu’à son simulacre de fiancé qui avait une bien plus jolie allure en verre à pied qu’en bellâtre de violoncelliste ? De se renseigner sur ce qui pouvait lui porter préjudice plutôt qu’à un mariage qui, de toute manière, n’avait pas à avoir lieu ? Et s’ils allaient se marier, pourquoi n’avait-il pas reçu de faire-part ? Bon, oui, d’accord, il en avait reçu un. Qui l’avait poussé à se renseigner sur l’importun, ce qui l’avait mené à découvrir la véritable nature de l’autre monstre et, de fil en aiguille, à vouloir l’éliminer de la vie de sa sœur. Mais le débat était clôt. La rancœur, elle, planait désormais entre eux deux.

Tentative d’armistice qu’il saisit à deux mains pour calmer le jeu. Trop tard, peut être, puisqu’il brûlait d’envie de laisser tomber le masque et de secouer sa sœur pour lui faire enfin ouvrir les yeux. Ce qu’il devenait ? Un homme intègre, un homme droit, un homme juste, un homme qui détenait la vérité et qui voyait là où d’autres étaient abusés par de misérables illusions. Un scientifique, jusqu’au bout des ongles, comme leurs parents. Quelqu’un qui apportait sa petite pierre à l’édifice de la justice, comme il se plaisait à se présenter. Il les traquait, ces mutants qui se pensaient au-dessus des lois. Il traquait même ceux qui se pensaient intouchables, ce qui se targuaient d’être bons alors qu’ils n’étaient que des aberrations qui ne méritaient rien de leurs gènes difformes. Les pouvoirs, les mutations, la puissance, ce n’étaient que pour des hommes qui savaient quoi en fait, par pour des gamins jouant avec comme si ce n’était qu’un yoyo ou un sac de billes. Voilà ce qu’il devait. Voilà, aussi, ce qu’elle avait indirectement fait de lui. «Wouaw... Je suis impressionnée et très fière de toi, petit frère ! Ca ne m'étonne même pas que tu travailles là dedans, tu as toujours été le cerveau de la fratrie !» Un petit sourire, Artur rangea sa rancœur de côté pour mieux simuler un réel pardon. Comme s’il pouvait oublier ses mots, comme s’il pouvait oublier ses accusations, comme s’il pouvait être assez stupide pour sourire sincèrement et être tout content de voir sa sœur le féliciter ainsi. S’il était satisfait de l’entendre dire combien elle était fière de lui ? Oui, bien sûr, mais ce n’était pas la même chose. « Je sais, il fallait bien que je mette ce que la nature m’a confié au service de la société et de l’Humanité. » Discours grandiloquent ? Non. Enfin peut-être, mais il visait surtout à lui faire comprendre à elle qu’elle ne servait à rien. Qu’elle gaspillait ce qu’elle était. Qu’elle n’était qu’un rebut de la société, de l’humanité, aux gènes défaillants qu’elle exploitait si mal qu’elle ne représentait aucun… profit pour le reste du monde. Comme tous ses semblables. Des égoïstes. Des profiteurs. Des gaspilleurs. Des criminels. Elle riait, d’un regard de malice et de fierté, et lui il souriait pleinement, comme partageant les éloges avec une humilité heureuse. Si loin de la réalité qu’Artur commençait même à se demander où démarraient les faux-semblants et où s’achevaient simulation et hypocrisie. «J'imagine que ces gens dont tu parles... Ce sont des criminels, des meurtriers, même ? Brr... Tu as du te retrouver sur des scènes de crimes, c'est glauque... Ce n'est pas trop éprouvant ?»

Si ce n’était pas trop éprouvant de la savoir libre de ses mouvements alors que tant d’êtres humains étaient les victimes de la folie de ses pairs ? Si ce n’était pas trop éprouvant de contempler les dégâts que pouvaient faire des dégénérés par leur inconséquence et leurs complexes de demi-dieux ? « Ce qui est le plus douloureux, c’est de savoir qu’ils sont en liberté. Chaque indice que je peux recueillir est un petit pas dans leur direction, sur leur piste, pour qu’ils puissent être traduits en justice et qu’ils payent pour ce qu’ils ont fait. Au prix fort. C’est éprouvant, oui. Ca fait mal, aussi, lorsque la police ne parvient pas à retrouver leur trace. Mais c’est mon travail, et j’espère le faire du mieux que je peux. » Un petit haussement d’épaules, une petite moue de celui qui essaye de faire le bien autour de lui et de s’investir dans son travail du mieux qu’il peut pour donner l’exemple au reste du monde. Puis une conclusion. Simple. Satisfaisante. « Après, lorsque je travaille sur un dossier, la plupart du temps ce ne sont que des numéros qui, avec les images assez violentes de la scène, déshumanise complètement le dégénéré, c’est le terme le plus adéquat qui puisse me venir, qui a pu faire ça. Ca ne rend que plus fort aussi le soulagement lorsque nous l’attrapons enfin et que ses hurlements résonnent face aux avocats. C’est éprouvant, mais fortement récompensé, aussi. » Des hurlements de douleur, des hurlements de panique, des hurlements de tout type qui lui vrillaient les tympans mais lui donnait aussi un sentiment de puissance et d’invulnérabilité qui se diffusait dans ses veines, comme une drogue dont il devenait l’esclave. Chaque dégénéré qu’ils attrapaient, que ce soit avec la police ou de manière moins… légale, c’était une petite joie pour sa jalousie, pour sa rancune.

Il trempa ses lèvres dans le thé brûlant, comme pour mieux se calmer et éviter de déraper davantage. Etait-elle capable d’entendre voire d’écouter le double dialogue qu’il lui servait sur ce ton doux et naïf ou persistait-elle à se comporter comme une aveugle, fidèle à elle-même, crédule, naïve ? Il fallait l’avouer, Artur était curieux de savoir ce qu’elle pouvait comprendre et retenir de ce qu’il lui disait, de ce qu’il lui mentait, de ce qu’il lui confiait à mi-mots. Mais avant tout, il était curieux de savoir ce qu’elle allait pouvoir lui dire quant à ses blessures. Et puis, ne s’était-elle pas vexée un peu plus tôt qu’il n’ait pas pris la peine de prendre de ses nouvelles en cinq, douze ans ? Elle se renfrogna, il eut un demi-sourire. De si jolis bleus. Il était presque angoissé. Presque. Elle semblait encore entière et toujours aussi désinvolte, il n’allait pas non plus la plaindre. «Ahah... Tu vas trouver ça bête mais... En fait j'ai glissé sur une plaque de verglas, l'autre jour, et je me suis déboîtée l'épaule ! J'ai dévalé une pente, du coup j'ai hérité de jolis bleus... Ahah...» Ahaha… Il secoua la tête, à mi-chemin entre l’amusement et le soupir. « Ahah comme tu dis… il faut que tu sois plus prudente ! Je n’ai qu’une sœur, tu sais ? » Un froncement de sourcils concernés, un petit pli soucieux. «Oh ! Au fait ! Quand je me suis retrouvée à l'hôpital pour... Bah pour ma chute, devine qui j'ai croisé ? Enfin non tu ne trouveras jamais... Les jumeaux Caesar ! Tu sais, les deux petits français, je crois même que tu étais dans leur classe, à un moment. Tu t'entendais bien avec Martial, il me semble... Cette ville est dingue... On y croise des gens perdus de vue depuis des années... »

Artur fronça les sourcils. Réellement décontenancé. Il ignora le regard lourd de reproches de sa sœur pour se replonger dans des souvenirs vieux de… trop d’années. Martial. Comme Martial Caesar ? Il chercha dans sa mémoire, finit par se remémorer les jumeaux. De son âge, oui, presque. Ils avaient tout de même un certain nombre de mois d’écart, et même une année scolaire ce que n’avait pas manqué de lui faire remarquer l’imbécile de blondinet qui achevait la paire. Ma… Marcus, Marius, un nom de ce genre. Artur fronça les narines, pas réellement convaincu par cette bonne nouvelle. « Oui, je m’en souviens. On avait le même âge ou presque, ils étaient de février, le vingt-neuf si mes souvenirs sont exacts. Pas la même année scolaire, mais on avait été dans le même établissement. Dont Mar…ius avait réussi à se faire virer, si mes souvenirs sont toujours aussi exacts. J’imagine qu’il doit toujours être aussi stupide. » Simuler l’étonnement ? Non. L’amusement ? Artur ne parvenait pas trop à savoir ce que sa sœur attendait de lui, là. Et cela le dérangeait. Beaucoup. Il n’avait pas l’habitude de ce genre de situation et il laissa sa spontanéité parler pour lui. « Et… il y a une raison particulière derrière le fait de me raconter ça ? Martial va bien ? Qu’est-il devenu depuis le temps ? Et toi, d’ailleurs… ? Comment tu t’en sors pour le violon avec ton épaule ? Tu vois que je m’intéresse à toi et à ta vie. » Etait-ce réellement une tentative d’humour ? Non, même pas. Il y avait ce soupçon de reproche derrière qu’il n’essayait même pas de cacher. Si Artur avait fini sa phrase sans nul doute qu’il aurait articulé un je m’y intéresse même bien plus que ce que tu peux penser qui aurait pu mal passer. Elle n’apprécierait pas d’apprendre qu’il avait une petite fiche sur chacune de ses fréquentations, sur ce qu’il avait pu trouver. « Tu te trompais, tout à l’heure. Tu refuses de voir que cinq ans se sont écoulés et que je veux peut être m’excuser. Retrouver ma sœur. » Surveiller ses fréquentations et agir en conséquence.

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeMer 30 Sep 2015 - 23:44

I'm always close to you, sister... [Ft. Artur Kovalainen]

" I will be waving
Everytime you leave
Oh ! I am you
The care, the love, the memories
You are forever in me... "
Tu ne me croyais pas capable d'être aussi quoi, petit frère... ? Rancunière ? Revancharde ? Je lui pardonnais tout... Absolument tout. Ses regards en coin, ses reproches, ses appellations insultantes au sujet des gens comme moi... Je lui avais même depuis longtemps pardonné cet incident cinq ans plus tôt. Mais je voulais être sûre qu'il s'en voulait réellement et ne jouais pas encore la comédie avec moi.
Car on ne m'y prendrait pas : Je n'étais certes pas aussi futée que mon frère, mais j'étais loin d'être bête. Je le connaissais mieux que quiconque, et je savais qu'il jouait souvent un double jeu. J'avais simplement et délibérément décidé de ne pas le voir. Je préférais tout ce qu'il me disait comme acquis et vrai plutôt que de devenir folle en me demandant à quel moment il était sincère, et à quel moment il ne l'était pas. Et même si cette fois il avait l'air réellement blessé par ma remarque, je secouais la tête en soupirant.

«Tu ne comprends pas... Ce que je te reproche c'est de ne venir que lorsque que TU as envie... Je n'ai pas eu mon mot à dire pendant des années, puisque tu ne me répondais pas, je ne savais même pas où tu étais... Et ne vas pas croire que je ne suis pas contente, je suis plus qu'heureuse de te voir mais... Moi aussi j'aimerais pouvoir te faire ce genre de surprise de temps en temps...»

Je lui en voulais sans pouvoir totalement lui en vouloir, c'était ridicule... Nous passions de sujets de conversation totalement badins à des histoires plus sérieuses qui risquaient de déboucher à nouveau sur une dispute. Dispute qu'il mènerait de toute manière, car je portais sur mes épaules vingt cinq ans de culpabilité. Et que j'ignorais si lui-même se sentant coupable de tant d'absence ou s'il me faisait simplement payer mon départ. J'avais beau connaître mon frère par cœur, j'étais loin de lire en lui comme dans un livre ouvert. Il était fini, le temps où il me confiait tout... Il s'était fermé comme une huître et je ne pouvais nier que je souffrais énormément de cet éloignement. C'était à lui que je voulais raconter ce qui m'arrivait depuis quelques temps, son soutien que je voulais... J'avais celui de mes amis, mais ça ne remplacerait jamais mon frère. C'était injuste vis à vis de ces gens qui avaient tant fait pour moi, à commencer par Seth, Marius, Martial... Mais c'était de la compassion d'Artur que j'avais besoin... Ou non... Pas sa compassion, juste son approbation. J'avais besoin de savoir que mon frère ne me voyait pas comme un monstre mais simplement comme sa grande sœur.

Je n'aurais pas du lui dire que le débat était clôt... Car sa réflexion claqua comme un fouet, me faisant grimacer. Je l'avais blessé, je l'avais vexé, mais je ne voulais pas relancer le sujet... C'était trop douloureux pour moi. J'étais encore dans une période où l'espoir rythmait mes journées, et je n'avais pas besoin du discours éculé d'un chasseur en herbe.
Pourtant, je trouvais presque qu'il avait... Trop mûri. Il avait un discours extrêmement sévère et solennel, qui n'allait pas du tout à son âge. Quelque chose clochait... Un élément qui sonnait faux, mais quoi ? Ça venait des mots qu'il employait. Payer au prix fort, déshumaniser... Dégénéré... Ce mot-là, je ne l'avais entendu que trop de fois pour désigner les mutants, et je ne supportais plus de voir qui que ce soit le prononcer. Surtout pas mon frère. Il avait un discours tellement dur, tellement... Froid... Et pourtant j'avais l'impression que ça lui plaisait, cette situation. Qu'il aimait faire partie de ceux qui traquaient les criminels, mais pas pour la satisfaction d'avoir rendu justice. Plus par complaisance sadique ou besoin narcissique de voir quelqu'un pris au piège par sa faute. Je n'aimais pas entendre ça de la bouche de mon frère, ça ne lui ressemblait pas... Ce n'était pas lui... Et pourtant, je devais essayer de garder la face, esquissant un sourire qui sonnait faux.

«Tu as vraiment l'air passionné par ton travail... Je suis contente ! Ça n'a pas l'air facile, ça doit être éprouvant et stressant, non ? Ça va, moralement parlant tu n'es pas trop... Affecté par ton travail ?»

Il n'existait pas de manière plus subtile d'aller chercher les informations qui me manquaient : Avait-il encore une conscience assez présente pour être humain ? Ou bien n'avait-il aucun remord, ce qui ferait de lui un sacré psychopathe ?

«J'espère que ce travail ne te met pas en danger, au moins ? Tu sais, les représailles ça va vite et... Je ne voudrais pas apprendre quoi que ce soit de fâcheux à ton sujet, tu comprends...»

On pouvait me reprocher bien des choses, d'être immature, agressive, de trop boire, de coucher à droite à gauche sans me poser de question... Mais certainement pas d'être inquiète. Je me faisais énormément de soucis pour mon frère, et qu'il le veuille ou non, il allait m'avoir sur le dos régulièrement, maintenant que je le savais à Radcliff. Je voulais m'assurer qu'il était vraiment en sécurité et ne jouait pas juste la comédie. Et en parlant de sécurité, le sujet s'orienta sur mon état. Bien sûr je mentais. J'aurais eu l'air de quoi, si je lui avais tout raconté ? Dire qu'à une époque je l'aurais fais sans même réfléchir... Je me mordis la lèvre lorsqu'il me demanda de faire attention. Voilà que je me sentais à nouveau coupable. Je me contentais alors de changer de sujet, passant du coq à l'âne avec une finesse digne de celle d'un hippopotame. Il fronça les sourcils, et je compris que j'avais peut-être manqué de tact, sur ce coup-là. Seulement, me raccrocher au passé et à des souvenirs communs, c'était le seul moyen que j'avais pour ne pas dériver sur des sujets plus graves, plus douloureux... Plus susceptibles de déboucher sur une dispute.

Et comme je m'y attendais, son avis sur les jumeaux n'avait pas changé. J'esquissais un sourire amusé. J'aurais été curieuse de voir Artur et Marius l'un en face de l'autre... Entre une andouille qui l'aurait traité de petit con en lui lançant un ballon à la figure et l'autre qui lui aurait tenu un discours très acide et pointu pour lui démontrer par a + b qu'il était idiot...  Le spectacle aurait sûrement valu le détour... Jusqu'à ce qu'ils me demandent de prendre parti. J'aurais pris celui d'Artur sans même réfléchir, qu'il ait raison ou tort. C'en était presque effrayant, même pour moi, mais je restais convaincue que j'aurais pu tuer s'il me l'avait demandé... Comme une poupée de chiffon entre les mains d'un marionnettiste, j'approuvais toujours sans broncher. Quand bien même je désapprouvais son attitude. Je haussais alors les épaules en un geste totalement banal qui m'arracha pourtant une grimace. Foutue luxation.

«Non comme ça, je pensais que tu serais content d'avoir des nouvelles d'eux, c'est tout... Et tes souvenirs sont exacts, c'est bien ça ! Tu es un peu dur, je trouve... Marius n'est pas stupide, il est juste... Enfin c'est Marius, quoi...»

A vrai dire, je n'avais pas vraiment de mot pour définir Marius, c'était juste un grand gamin qui essayait désespérément d'attirer l'attention de ses parents et puis... Contrairement à Artur, je l'avais toujours beaucoup apprécié. Mais je n'avais pas son caractère d'huître introvertie...

«Mais sinon oui, Martial va bien, enfin je ne l'ai vu qu'une seule fois depuis que je suis ici... Il est devenu avocat, j'ai vu qu'il bossait en tandem avec un autre... Moran... Moren, un truc du genre. Quel dommage qu'il n'ait pas pu continuer le violon, il était tellement doué...»

Et la question d'Artur me fit grimacer. Moi qui jouais quotidiennement plusieurs heures par jour depuis vingt cinq ans, je me retrouvais à grogner de douleur dès que je tentais de poser mon violon sur mon épaule. Je vivais très mal le fait de ne pas pouvoir entretenir ma passion, même si cela ne devait dure que quelques semaines.

«Je ne peux pas jouer... Enfin, techniquement, le médecin m'a interdit de toucher à un violon dans les semaines à venir, mais ça ne m'empêche pas d'essayer un peu tous les jours... Je m'ennuie à mourir sans ça... A la place j'harmonise des quatuors et prépare des notices de concerts, c'est d'un barbant...»

Puis je soupirais, véritablement résignée. Sur la table basse traînaient les partitions griffonnées de mes harmonisations, ainsi qu'un épais volume sur la psychoacoustique. Un sujet qui me fascinait et me préoccupait depuis des années, notamment à cause des problèmes d'audition d'Artur. Je n'avais jamais vraiment cessé de chercher un moyen pour que ce qui rythmait ma vie et mon métier ne soit plus torture pour lui mais un plaisir partagé. Quelle idiote... J'aurais du ranger le bouquin, mais comment aurais-je pu deviner qu'il viendrait ? Qu'est ce qu'il faisait là, d'ailleurs ? Pourquoi maintenant ? Raaaa ! Pourquoi je continuais à me poser la question ? Et sa dernière remarque acheva de me faire fondre. Les traits de mon visage se détendirent, mon front se plissa d'inquiétude et je mordais la lèvre sous l'effet de la culpabilité.

«On est deux... Moi aussi je voudrais retrouver mon frère... Je voudrais que tout soit comme avant, qu'on puisse se parler, tout se confier, sans que je craigne que tu ne joues un double jeu ou que tu aies peur que je me moque de toi... J'en ai marre de ça, Artur. Tu me prends pour une écervelée, une inconsciente, mais crois-moi je sais ce que je fais. Et surtout ce que je veux. Tes excuses je les écoute. Si tu es prêt à entendre les miennes. La seule chose que je veux, Artur, c'est retrouver mon frère, ma... Moitié, même. Je me fiche de ce que ça nous coûtera ou du temps que ça prendra...»

Probablement ma première véritable remarque sérieuse, construite et mature depuis le début de notre entrevue. Je ne cherchais pas à l'attendrir, je ne cherchais pas à le culpabiliser. Mais les choses avaient besoin d'être claires entre nous, et je voulais être certaine que celui à qui j'allais à nouveau accorder ma confiance était bien mon frère, et pas un étranger motivé par la jalousie et l'intolérance.
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 0:03

I am always close to you, Sister
Moira & Artur



Le masque tenait mais Artur devait y mettre toute son énergie. Un simple sourire… savait-elle combien lui coûtait un simple sourire, une hésitation, quelques secondes de soupir, un battement de cœur voire juste ce conflit constant entre sa sincérité et les faux-semblants qu’il maintenait envers et contre tout ? Savait-elle que chaque seconde était un défi pour lui, pour qu’il joue un rôle qu’il n’était pas prêt à abandonner tout cela parce qu’elle refusait de regarder la réalité en face, refusait d’être normale, refusait d’être guérie de cette monstruosité qu’il abhorrait, exécrait, cette anormalité qu’il jalousait au point de vouloir détruire ce qu’il ne pouvait pas avoir ? Savait-elle tout cela ? Non, bien sûr que non. Il était seul, seul à faire des efforts, seul à jouer, seul à comprendre, seul à souffrir de cette situation désastreuse dans laquelle elle les avait plongés, elle. Il ne l’écoutait que d’une oreille. Et c’était déjà amplement suffisant : d’une part parce qu’il ne faisait que mentir et que tout ce qu’elle pourrait rétorquer, justifier ne serait que du vent, d’autre part parce qu’il ne voulait pas d’explications et n’en avait que faire. Elle lui reprochait de ne venir que lorsqu’il le souhaitait ? Et bien, il n’allait pas non plus faire signe de vie tous les quatre matins pour qu’elle puisse siroter son café tranquille ou encore venir le déranger, lui pour un oui ou pour un non. Ce n’était pas qu’il ne l’aimait pas, c’était qu’il n’assumait pas avoir une dégénérée pareille pour sœur et encore moins supporter son existence au quotidien. Et il la connaissait : s’il lui avait permis de revenir dans sa vie d’une manière ou d’une autre – alors que c’était elle qui l’avait abandonné en premier lieu il ne fallait pas l’oublier – alors… et bien elle se serait installée dans sa vie sans aucune gêne et aurait recommencé à ignorer les migraines et les crispations que lui causaient son violon de pacotille, elle aurait recommencé à ignorer à quel point sa mutation le dérangeait, tout aurait recommencé comme avant. Jusqu’à ce qu’elle l’abandonne à nouveau. Non. Il n’en était pas question : qu’elle continue sa petite vie de son côté, lui continuait de la sienne et tout était pour le mieux, ou presque. Sans répondre à ce qu’il jugeait être une énième provocation, Artur laissa la conversation dériver, se laissant surprendre par un détour hasardeux sous la forme d’un nom qu’il aurait préféré voir apparaître plus tard. Mâchoire crispée, poings serrés, voix sèche… le ton monta. Sans qu’il n’y prenne gare.

Il voulait contrôler cette conversation, il voulait juste tâter le terrain, retrouver sa sœur, se rendre compte de l’ampleur des dégâts afin de pouvoir intervenir si jamais, afin de pouvoir… jauger la dangerosité de sa sœur et l’amplification de sa monstruosité. William n’était plus qu’un mauvais souvenir mais ce n’était au final qu’un de symptôme de l’infection : le virus, c’était ce gêne qu’elle possédait, l’inflammation c’était l’utilisation qu’elle en faisait. Et le débat se retrouva clôturé brutalement avant même d’être lancé. Les yeux d’Artur se vrillèrent dans ceux de sa sœur, légèrement froncés, mécontent. Il ne se gênait pas pour lui cacher ce genre d’émotions. Il ne se gênait jamais pour lui faire comprendre à quel point elle pouvait être une mauvaise sœur, à quel point elle pouvait se montrer blessante, à quel point elle pouvait heurter la sensibilité de son petit frère. Ce qu’il cachait en revanche… c’était l’ampleur de son ressentiment. Qu’elle le pense magnanime, qu’elle continue à croire qu’il était incapable de lui en vouloir sur du long terme, qu’elle baisse sa garde pour qu’il puisse frapper et se venger au bond moment. Il accepta l’armistice, saisit la tasse brûlante pour y tremper les lèvres dans un petit sourire. N’aie crainte, Moira, souffla-t-il sur sa tasse pour en refroidir la surface. Changeons de sujet de conversation, laissons William au dépotoir, savourons cette trêve que je te concède avant que notre relation se brise pour mieux se reconstruire. Regarde, ton petit frère t’a déjà pardonné ton écart.

La conversation dérivait. Imperceptiblement. Inexorablement. Hors de son contrôle. Déjà, il avait perdu son calme et s’était découvert une sincérité malvenue dans ses propos, preuves désagréables que sa sœur était toujours sa sœur et ne s’était transformée en inconnue. Ensuite, et bien… ses lèvres trempèrent dans le thé et avalèrent une gorgée trop chaude. Qu’était-il devenu ? Il s’appliqua à lui expliquer ce qui occupait ses journées. Sa vie. Son esprit. La chasse, ce n’était pas simplement un loisir, c’était tout son être désormais. Rythmées par des entraînements douloureux, intenses, cette satisfaction d’être capable de rendre justice, par des journées au laboratoire, sur le terrain, les mains glissant sur des traînées acides ou des poils d’animaux qui ne devraient pas se trouver dans cette partie du pays, ses journées étaient remplies de mutations qu’il s’appliquait à faire disparaître dans le sang et les cris, se convainquant à chaque fois que c’était de sa sœur dont il s’agissait et qu’il parvenait enfin à faire ce qu’il fallait. Quelque part, il fallait bien l’avouer, Artur était fier de ce qu’il faisait. De ce pouvoir qu’il avait, de vie et de mort, sur des êtres qui étaient difformes et possédaient des pouvoirs aussi exaspérants, répugnants et agaçants que passionnants. Quelque part donc, Artur était fier de ce qu’il faisait. Et le sourire de sa sœur, aussi vrai que les siens, aussi sincère que les excuses du petit frère, le blessa plus que de raison. «Tu as vraiment l'air passionné par ton travail... Je suis contente ! Ça n'a pas l'air facile, ça doit être éprouvant et stressant, non ? Ça va, moralement parlant tu n'es pas trop... Affecté par ton travail ?» Moralement parlant ? Artur se retint d’éclater de rire. Sa grande sœur, sa si chère grande sœur… comment pouvait-elle avoir trois années de plus que lui et rester malgré tout la plus naïve et crédule des deux ? Eprouvant, stressant… n’avait-il pas été vacciné de ces deux sentiments lorsqu’il était contraint de subir ses concertos et autres sons stridents, lorsque réfugié dans sa chambre il luttait contre les migraines en se plongeant dans ses livres et en se calfeutrant derrière un casque antibruit défectueux ? Une petite moue, un petit mouvement de tête, une petite voix qui se voulut rassurante : « Ne t’inquiète pas pour moi, Moira, j’ai l’habitude à présent. Et puis, moralement parlant… je fais ce qui est juste, ce sont les tarés que nous arrêtons qui n’ont aucune morale. Ils me convainquent juste à chaque fois davantage de ma propre humanité. » Entendait-elle son double discours ? Certainement que non. Elle était bien trop dans son monde pour cela, bien trop stupide aussi. SI facile à berner, si facile à leurrer, si facile à manipuler… Artur était même presque déçu qu’elle se montre à ce point empressée pour le féliciter ou autre. Ne pouvait-elle pas cesser un instant d’être inquiète pour lui et comprendre qu’il était bien au contraire ce dont elle devrait avoir le plus peur ? «J'espère que ce travail ne te met pas en danger, au moins ? Tu sais, les représailles ça va vite et... Je ne voudrais pas apprendre quoi que ce soit de fâcheux à ton sujet, tu comprends...» Oui, il était en danger. Mais un danger bien plus sournois que tous les meurtriers humains qui pouvaient courir en ville et qu’il n’aidait même pas à attraper. Ce n’était pas son travail qui le mettait en danger, c’était elle, elle et tous ses congénères, elle et tout ceux qui l’entouraient, qui étaient comme elle, qui… Un claquement de langue agacé, Artur se retint de justesse de rétorquer, acide, qu’il n’était plus un enfant. Il devait être patient. Patient, toujours patient. Il masqua son agacement en reposant la tasse comme s’il s’était brûlé la langue à son contact. « Je fais attention, ne t’en fais pas, parvint il finalement à la rassurer. je ne suis pas inspecteur ou officier de police, je suis juste un scientifique : rarement sur le devant de la scène, protégé dans mon laboratoire. Je n’ai même pas de port d’arme si cela peut te rassurer. » Un petit rire, il s’hasarda à faire de l’humour. Après tout, à quoi lui servirait le droit de porter une arme alors qu’il n’était pas question qu’il en utilise ? Oh, bien sûr, il avait appris alors qu’il n’était encore qu’au lycée, il avait appris à armer un pistolet, à le charger, à viser, à tirer, mais ses oreilles lui refusaient ce droit élémentaire et il avait du composer avec. Alors oui, il s’hasardait à faire de l’humour et n’avait même pas besoin de mentir. Son sourire était sincère, moqueur.

Et cela le remit suffisamment en confiance pour reprendre les rênes de la conversation : tout cela avait bien trop dérivé sur sa vie à lui et pas assez sur sa vie à elle. Voilà, ne s’apercevait-elle pas qu’il s’intéressait à sa vie, finalement ? Il n’avait pas besoin de lui envoyer des cartes postales ou de jouer au petit frère modèle pour connaître ses faits et gestes non pas dans les moindres détails mais de manière assez fine tout de même. Et voilà qu’elle changeait à son tour de sujet, comme si lui mentir effrontément ne lui suffisait pas pour mettre de la distance et achever de le convaincre que c’était certainement certains de ses collègues qui étaient les fautifs. D’un haussement d’épaules, il laissa passer, marquant tout de même l’anecdote dans un coin de sa mémoire si elle se mettait à nouveau à chouiner qu’il ne donnait pas assez de nouvelles ou ne s’intéressait pas suffisamment à sa vie, et se laissa décontenancer par ce qu’elle venait de lui dire. Les jumeaux Caesar. De vieilles connaissances. Il ne pouvait même pas les appeler amis, tout juste peut être considérer Martial comme un vague souvenir plaisant d’une amitié éphémère. Des deux Kovalainen, Artur avait toujours été le moins social et si leurs années en France avaient transformé Moira en une pile électrique intenable et fatigante, ça n’avait pas été son cas. Fort heureusement. Pourquoi avait-elle jugé pertinent de lui parler de ces retrouvailles ? La question jaillit de ses lèvres avant qu’il ne la prémédite mais elle lui sembla après coup justifié. La réponse de Moira, en revanche, le laissa davantage circonspect. «Non comme ça, je pensais que tu serais content d'avoir des nouvelles d'eux, c'est tout... Et tes souvenirs sont exacts, c'est bien ça ! Tu es un peu dur, je trouve... Marius n'est pas stupide, il est juste... Enfin c'est Marius, quoi...» Il fronça les sourcils. Un peu dur ? Il se trouvait plutôt clément avec cet imbécile, bien au contraire. « Un peu dur ? D’accord, c’est vrai que ce n’est pas de sa faute si c’est un idiot congénital. » Au moins, voilà un sujet sur lequel il n’était pas obligé de mentir : le peu d’estime qu’il avait pour le plus stupide des Caesar – et l’appellation ne laissait aucun doute sur l’identité dudit Caesar – n’était un secret pour personne. «Mais sinon oui, Martial va bien, enfin je ne l'ai vu qu'une seule fois depuis que je suis ici... Il est devenu avocat, j'ai vu qu'il bossait en tandem avec un autre... Moran... Moren, un truc du genre. Quel dommage qu'il n'ait pas pu continuer le violon, il était tellement doué...» Artur, qui avait attrapé la tasse de thé, interrompit lentement son mouvement. Ce n’étaient pas vraiment les déboires de Martial qui l’interloquaient à ce point, plutôt l’autre nom prononcé. Moren. Kingsley. Le petit frère plissa les yeux, réfléchissant à toute vitesse. Etait-il judicieux de s’exclamer qu’il connaissait Moren ou, bien au contraire, devait-il plutôt rebondir sur la carrière réussie du seul Caesar qui avait une once d’intérêt ? La solution lui vint sans qu’il n’ait besoin de plus se torturer les méninges, Artur dérapa plutôt vers les blessures de sa sœur, faisant vibrer sa voix d’une inquiétude touchante, loin de ce petit plaisir sadique qu’il avait à la savoir handicapée et surtout incapable de manier le violon.

Ce violon. Il le préférait en morceaux, à brûler dans un feu de cheminée, plutôt qu’intègre et soutenu par l’épaule de sa sœur, caressé par un archet, hurlant de ces sons dont il ne pouvait souffrir l’existence. «Je ne peux pas jouer... Enfin, techniquement, le médecin m'a interdit de toucher à un violon dans les semaines à venir, mais ça ne m'empêche pas d'essayer un peu tous les jours... Je m'ennuie à mourir sans ça... A la place j'harmonise des quatuors et prépare des notices de concerts, c'est d'un barbant...» Il transforma son large sourire en moue attristée, sincèrement désolé. Il alla même jusqu’à poser une main pleine de soutien sur l’épaule de sa sœur avant de, oh, quel maladroit il était, qu’elle devait être un peu douloureuse. « Même si je ne t’ai pas toujours soutenue vis-à-vis de ta carrière musicale, je suis sincèrement désolé pour toi, Moira… je sais à quel point tu aimes jouer et à quel point ça doit t’être douloureux d’être ainsi privée de ta passion… » Ce n’était que justice, ce n’était qu’un juste coup du sort et Artur nota de remercier ceux qui avaient eux la brillante idée d’estropier les bras de sa sœur de la sorte, tout en notant aussi de leur faire comprendre que c’était l’unique et dernière fois que quelqu’un d’autre que lui s’octroierait le droit de la toucher sans lui demander l’autorisation. Sa satisfaction mêlée de jubilation se trouva néanmoins un peu malmenée par le regard de Moira, qu’il suivit, qui s’échouait sur des partitions, un livre, les marques d’une musique d’Artur ne pouvait supporter.

Il serra les dents, ravalant sa rancœur, prenant sur lui pour dire ce qu’elle souhaitait entendre, même inconsciemment. Elle n’avait pas à se méfier de lui, pas encore. Après tout, ne souhaitait-il pas juste retrouver sa sœur au final ? Gratter sous la surface, même s’il devait pour cela mettre sa peau à vif et extraire au scalpel et dans la douleur la moindre trace d’anormalité, gratter sous la surface pour mettre sa sœur, humaine, à nu et le retrouver pleinement comme elle aurait du être dès le départ ? Il ne l’avait toujours connue que difforme, mais n’était-ce pas humain que de vouloir lui souhaiter une normalité reposante, de pouvoir soigner ce qui faisait d’elle un monstre, de lui rendre service, tout simplement, en ôtant ce qui pouvait lui faire perdre humilité et mesure ? Oui, il voulait retrouver sa sœur, ou pour être exact, il souhaitait plus que tout la trouver comme elle aurait toujours du être : humaine. «On est deux... Moi aussi je voudrais retrouver mon frère... Je voudrais que tout soit comme avant, qu'on puisse se parler, tout se confier, sans que je craigne que tu ne joues un double jeu ou que tu aies peur que je me moque de toi... J'en ai marre de ça, Artur. Tu me prends pour une écervelée, une inconsciente, mais crois-moi je sais ce que je fais. Et surtout ce que je veux. Tes excuses je les écoute. Si tu es prêt à entendre les miennes. La seule chose que je veux, Artur, c'est retrouver mon frère, ma... Moitié, même. Je me fiche de ce que ça nous coûtera ou du temps que ça prendra...» Il la regarda dans les yeux.

Perdu. Non, pas perdu. Dérouté. Réellement. Il n’avait jamais réalisé jusque là que s’il voulait retrouver sa sœur, ce souhait était potentiellement aussi celui de Moira. Il se força à boire le thé, de plus en plus froid, de plus en plus amer, de plus en plus difficile à avaler, pour se laisser quelques secondes et faire le point. Il n’avait jamais réalisé vraiment qu’elle poursuivait la même chimère que lui. Et qu’elle comprendrait peut être, alors, que la vacciner serait l’unique solution. Artur cligna des yeux et se reprit. C’était bien mignon tout cela, mais pour le reste de ce qu’elle avait dit… inconsciente, écervelée ? Non, ce n’était pas tout à fait comme cela qu’il la voyait, elle s’égarait. Stupide, pathétique, dangereuse, désinvolte, agaçante, voilà les adjectifs qui lui venaient à l’esprit lorsqu’on évoquait devant Artur sa grande sœur. Monstrueuse, aussi, les jours où il était particulièrement de mauvaise humeur. Il avala une nouvelle gorgée d’eau tiède. Déjà, jouer l’étonné, le blessé, douloureusement blessé, celui qui ne voulait pas se mettre en colère malgré tout. Une petite voix.  « Mais… je ne joue pas double-jeu… d’où te vient cette idée saugrenue ? Je reconnais que… » Une hésitation, encore. Un soupir. Comme s’il lâchait prise, comme s’il renonçait à contrôler ses mots et ses pensées : comme s’il n’était justement pas en train de jouer avec sa voix comme un marionnettiste. « Je sais que je n’ai pas été assez présent ces dernières années… tout a été très compliqué à la maison, ton abandon… je t’en ai voulu, Moira. C’était dur de te voir partir, de te voir me laisser seul alors qu’au lycée, tout n’allait pas bien. Je n’osais pas en parler aux parents, ils auraient été si prompts à tenter de tout régler alors que tout ce que je voulais, c’était de t’avoir à mes côtés. » Un mélange subtil entre la réalité et le mensonge, voilà qui était un des meilleurs cocktails pour qu’Artur sente sa colère s’envenimer et sa rancœur grandir artificiellement. « J’imagine que c’est pour ça que je ne t’ai pas donné de nouvelles, que je me suis absenté, j’avais besoin de ne pas être un poids pour toi, de perdre ce réflexe de me réfugier dans tes bras à chaque cauchemar, j’avais besoin de grandir loin de toi pour m’émanciper. » Rien n’était vrai pourtant tout n’était pas faux non plus dans ce qu’il s’entendait raconter sur un ton larmoyant. Elle l’avait abandonné, contraint à la solitude. S’il avait acquis une réputation étrange au lycée, c’était à cause de ses recherches sur le surnaturel. S’il n’avait pas repris contact avec elle, c’était parce qu’il ne voulait pas être confronté à sa monstruosité, c’était parce qu’il n’avait pas besoin d’elle, c’était parce qu’il n’en voyait pas l’intérêt. « Du temps, ça risque d’en prendre pour effacer douze ans d’absence. Mais nous voilà dans la même ville, j’imagine que je peux réapprendre à vivre avec ma grande sœur à quelques pâtés de maison de chez moi pour venir m’aider la nuit, que je peux aussi connaître ton monde, tes amis,… » Ces dégénérés. Apprendre à les connaître pour mieux les tuer, les torturer, les éloigner d’elle, pour qu’elle finisse par associer à sa mutation souffrance et mutilation et qu’elle en vienne presque à le supplier de lui ôter définitivement cette malédiction.

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeMer 7 Oct 2015 - 23:23

I'm always close to you, sister... [Ft. Artur Kovalainen]

" I will be waving
Everytime you leave
Oh ! I am you
The care, the love, the memories
You are forever in me... "
Parfois, j'aurais voulu que nous redevenions des gosses... Que l'on retrouve cette complicité et cette dépendance l'un de l'autre, que nous soyons à nouveau ce seul rempart entre nous et le monde extérieur... Artur avait été si longtemps la seule personne sur laquelle je pouvais compter, que je souffrais encore maintenant de ne plus reconnaître en lui que les traits de son visage. C'était ce qui me manquait tant chez lui, l'innocence, la spontanéité la sincérité... Avant, il me parlait sans détour, il avait cette franchise si caractéristique des enfants et surtout, il ne voyait pas un monstre en moi. Il me pensait simplement différente, j'avais même cru à une époque qu'il compatissait avec ma difficulté à surmonter l'instabilité de ma mutation. Et puis j'avais compris qu'il était simplement jaloux et haineux vis à vis de tout ça.

A l'adolescence, j'avais gagné en contrôle et perdu la confiance de mon frère. Au fond, qu'est ce que je préférais ? Aurais-je préféré avoir toujours son soutien et paniquer à chaque fois que j'ouvrais la bouche ? Non... J'aurais simplement aimé qu'il ne m'appose pas l'étiquette « monstruosité » sur le front. Et je ne pouvais pas imaginer un seul instant me réconcilier avec lui si c'était pour sentir un regard dégoûté se poser sur moi. Artur jouait bien la comédie, c'est vrai, à tel point que je ne me rendais que rarement compte des doubles sens dans son discours, mais je connaissais chacune de ses expressions par cœur. Et j'étais peut-être devenue un peu paranoïaque, à force, mais je sentais peser sur moi un tout autre regard que celui d'un petit frère aimant sa sœur dès que je regardais ailleurs.
J'aurais aimé que cette conversation soit telle que je l'avais imaginée : Des retrouvailles heureuses, des rires, des anecdotes de nos vies loin l'un de l'autre... Même des larmes de joie si on voulait se la jouer niais, je m'en foutais... Tout ce que je voulais c'était qu'on me rende mon petit frère, qu'on ôte de ma vue cette créature hypocrite dont je n'arrivais ni à déceler le mensonge, ni la vérité. Il était là, le problème ! Non seulement je me savais faible et capable de tout lui pardonner, mais en plus je ne savais jamais démêler le vrai du faux. Je savais qu'il mentait, mais pas où ni à quel sujet. Moi qui ne lui mentais jamais, je prenais cela pour une trahison. Je savais bien jouer les hypocrites lorsqu'il fallait que je me protège, mais j'avais toujours mis un point d'honneur à être la plus honnête possible avec mon frère. Et voilà que je trahissais ma propre promesse en ne lui avouant pas que mes blessures étaient l’œuvre d'un chasseur... D'une personne comme lui, poursuivant le même but insensé contre l'évolution

« Ne t’inquiète pas pour moi, Moira, j’ai l’habitude à présent. Et puis, moralement parlant… je fais ce qui est juste, ce sont les tarés que nous arrêtons qui n’ont aucune morale. Ils me convainquent juste à chaque fois davantage de ma propre humanité. »

Et là je tiquais. Je ne savais plus quoi croire, quoi penser. Au fond je paniquais sûrement pour rien, il parlait simplement du manque d'humanité de la plupart des tueurs... Comment pouvais-je croire un seul instant que je me fourvoyais totalement ? Puis il ajouta qu'il n'avait pas de permis de port d'arme, et j'en soupirais légèrement de soulagement. Dans mon esprit, Artur était bien trop droit et respectueux des lois pour se procurer un flingue sans permis. Et quand même l'aurait-il fait, il n'aurait pas pu s'en servir. Songeant à cela, je tentais de garder mon sourire figé sur mon visage plutôt que d'afficher l'expression coupable que voulait prendre sa place. C'était de ma faute. Entièrement de ma faute si Artur ne pouvait pas, comme tous les jeunes de son âge, se rendre à un concert, s'il ne pouvait prendre le métro aux heures de pointe, se rendre à n'importe quel rassemblement ou encore apprécier la musique comme moi je la vivais. D'une phrase, j'avais réduit à néant sa vie qu'il voulait normale. Parce que ma mutation s'était réveillée ce jour-là, parce qu'il était dans la pièce d'à côté... Combien de fois avais-je tenté de me convaincre que ce n'était pas ma faute ? Que je ne pouvais pas savoir ? Plus d'une fois j'aurais préféré rester muette à jamais plutôt que ça. Il ne fallait pas qu'il sache, Artur ne devait jamais apprendre que c'était cette mutation qu'il haïssait tant qui l'avait handicapé pour le reste de ses jours. C'était mon erreur, ma culpabilité... Elle était déjà suffisamment lourde à porter. Ma seule consolation, c'était de savoir qu'Artur ne pourrait pas aller tirer une balle dans la tête d'un autre mutant. Oh certes il existait bien des manières de tuer ! Mais ça suffisait à me rassurer, en quelque sorte.

A nouveau la discussion dériva, sur un sujet aussi banal que nos souvenirs d'enfance, et ça me rassurait autant que ça le perturbait. C'était une façon pour moi d'ancrer nos souvenirs dans la réalité, et non un mensonge. Et trop lancée dans mon discours, je ne remarquais pas un seul instant le mouvement qui aurait pu trahir Artur. L'associé de Martial, il le connaissait, et je n'allais pas tarder à moi-même regretter de l'avoir rencontré. Tout ce que je retenais, c'était l'animosité évidente d'Artur envers Marius... Et ça me faisait sourire, puisque j'avais entendu le même discours, certes un brin plus vulgaire, dans la bouche du français quelques jours plus tôt. Finalement, on en revint à mon état, et je soupirais en expliquant à mon frère que jouer du violon avec une luxation de l'épaule, ce n'est pas franchement l'idéal. Je ne m'attendais pas à ce qu'il compatisse ou me prenne en pitié, après tout il avait haït le violon pendant bien des années... A mes débuts, je pouvais le comprendre. L'ingratitude de l'instrument alliée à ses problèmes d'hyperacousie faisait de mon choix d'instrument la première grosse connerie de mon existence. J'aurais pu choisir le piano ou la clarinette, plus doux... Mais mon choix s'était porté sur le violon. La musique, c'était une façon pour l'Homme d'imiter sa voix, et longtemps le violon avait été considéré comme l'instrument le plus noble car le plus proche de la voix humaine. Au fond c'était un peu étonnant à notre époque, mais j'avais commencé mon apprentissage à une période où je ne pouvais plus produire le moindre son avec mes cordes vocales. J'avais trouvé en ce petit instrument l'outil nécessaire à mon expression, la seule chose qui me permettait alors de faire exploser mon angoisse aux yeux du monde. Je ne pouvais imaginer pire torture que celle de se retrouver privé d'un sens. J'en avais fais l'expérience, et je priais pour que ce ne soit plus jamais le cas.

Et donc, je digressais beaucoup pour en venir au fait que je pensais jouer suffisamment bien actuellement pour ne pas trop vriller les tympans de mon frère. Après tout, je n'aurais pas eu une honorable carrière de soliste à mon âge si je n'avais pas été capable de faire autre que scier connement mon instrument avec la grâce et l'élégance d'un éléphant. Et surtout je ne jouais pas sur n'importe quel instrument... Un violon Vuillaume du milieu du XIXème siècle, un superbe instrument qui valait une petite fortune. Mais plus que sa valeur financière, il avait surtout pour moi une valeur sentimentale importante : C'était William qui, pour nos fiançailles me l'avait offert. Autant dire que c'était non seulement mon gagne pain mais surtout l'objet que je chérissais plus au monde. C'est fou l'importance que pouvait prendre un simple morceau de bois travaillé...

Je tressaillis alors, sentant la mains de mon frère se poser sur mon épaule. Je grimaçais, la douleur irradiant de mon épaule jusqu'au bout de mes doigts. Par réflexe je le fusillais du regard en remettant mon attelle en place, avant de comprendre qu'il ne l'avait pas fait exprès et cherchait simplement à me soutenir du mieux qu'il pouvait. Bien sûr que non, je ne saisissais pas toute l'ironie dans sa voix, pas plus que je n'imaginais un seul instant qu'il puisse jubiler en m'imaginant au plus mal. Tout ce que je voyais, c'était mon petit frère, peiné de me voir ainsi désœuvrée.

«Je... Merci... Je sais à quel point les gammes et les couac à répétition ont du être une torture pour toi quand on était gamins... Tu étais trop jeune pour t'en souvenir, mais... La raison pour laquelle j'ai commencé à jouer, tu la connais. J'aurais pu passer le reste de mes jours muette, sans ma mutation. Des fois je me dis que si on me la retirait, ça redeviendrait peut-être comme avant... L'angoisse... Alors oui, c'est difficile... Ce que je n'exprime pas par des mots, je le fais par des notes, comme les peintres ou les photographes, enfin tu vois c'que j'veux dire... Mais ta sollicitude me touche... Tu es le seul à savoir à quel point ça peut me mettre les nerfs en pelote...»

Ca, ce n'était pas peu de le dire. Artur avait vu bien plus de bons et mauvais côtés de personne que n'importe qui d'autre. Avec lui je ne portais jamais de masque, j'étais naturelle, j'étais... Moi. Je n'avais pas besoin d'aligner des conneries pour faire croire au monde que j'étais juste un genre de clown qui prenait la vie à la rigolade. Ca c'était bon pour les autres, ceux qui me prenaient juste pour une grande gueule qui aurait eu mieux fait de la fermer. Seth avait eu un aperçu de ce qu'il y avait sous ce masque quelques semaines plus tôt, mais ce n'était rien comparé à Artur qui me connaissait par cœur. Pouvais-je seulement en dire autant ?

Encore une fois, il me lançait que je me fourvoyais, qu'il ne jouait pas double-jeu... Alors j'étais vraiment parano à ce point-là ? Ou est ce qu'il me menait par le bout du nez, encore une fois ? Que devais-je croire réellement ? Mais je le laissais poursuivre, soucieuse de ne pas le couper dans son élan.

«Te... Mon abandon ? Mais... Non ! Non Artur, ça n'a rien à voir avec ça, je...», je marquais une pause, soupirant. «Je ne suis pas partie qu'à cause de ce contrat. Tout devenait tendu à la maison parce que... Je sortais tout juste de l'adolescence, je ne comprenais pas pourquoi tu m'en voulais à ce point de jouer du matin au soir, je minimisais tes problèmes... Et comme tu peux le voir, je me suis beaucoup documentée sur le sujet ces dernières années et... Et je me suis rendue compte que je m'étais trompée, tout ce temps. J'ai cru qu'en partant je t'épargnerais tout ça, que tu ne souffrirais plus de ma présence... Je n'ai pas pensé qu'au contraire, la distance nous ferait autant de mal l'un qu'à l'autre. Je suis désolée, Artur. Désolée d'avoir cru bien faire et de m'être trompée, désolée de t'avoir infligé ça... Désolée d'avoir été aussi égoïste à un moment où tu avais besoin de moi...»

J'aurais voulu m'énerver, me mettre en colère, lui dire que je lui en voulais... Seulement c'était fini. La rancoeur s'en était allé depuis quelques minutes, laissant place à cette culpabilité qui me rongeait les nerfs depuis que j'étais partie, douze ans plus tôt. Je passais alors mon bras valide autour des épaules de mon frère pour le prendre dans mes bras. Ce contact, je ne l'avais pas eu depuis combien... Plus de quinze ans, c'était certain. Et Dieu qu'il m'avait manqué. Mon petit frère m'avait manqué à un point inimaginable, j'étais comme une enfant, j'avais besoin de sa présence, quand bien même me reprochait-il des choses indépendantes de ma volonté... Et commencer par ma mutation.

«Tu n'as jamais été un poids pour moi, Artur... Nous avons commis des erreurs l'un comme l'autre, mais nous pouvons encore les réparer, avancer, réapprendre à nous connaître...»

Je retirais mon bras et le regardait avec une expression très sérieuse qui ne me ressemblait pas.

«Plus de faux semblant, plus de mensonges, plus de non dit. Je ne veux pas courir le risque de te perdre à nouveau, petit frère. On devrait pouvoir tout se dire, et tu l'as constaté toi aussi : Tout ce qui nous oppose aujourd'hui est parti d'un quiproquo idiot. D'accord ?»

Je n'oubliais pas pour autant que techniquement, nous n'étions pas dans le même camp. J'avais rejoins Uprising, et lui oeuvrait pour les hunters. Et ça aussi, ça devait faire partie des choses que nous devions nous dire... Seulement, pour la survie et le bien de tous les autres membres du groupe, il ne fallait pas que je mentionne ce nom, ni que j'y fasse allusion. Pour l'honnêteté, ça partait déjà mal...
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeLun 12 Oct 2015 - 15:27

I am always close to you, Sister
Moira & Artur



Sa main se posa sur l’épaule de Moira, compatissante. Mensongère. Il exécrait ce violon, il se réjouissait de la voir handicapée, il rêvait de briser de ses mains le manche de cet instrument répugnant. Il s’entendit la plaindre d’être ainsi privée de sa passion, ne se souvenant, oh quel idiot, qu’un peu tard que l’épaule de sa sœur devait être particulièrement sensible. Artur n’était capable d’aucune pitié lorsqu’on évoquait devant lui la question de la musique. Il s’amusait de la grimace de sa sœur, de son tressaillement douloureux, volontairement causé dans un sursaut de méchanceté guidée par la rancœur. Elle pouvait le fusiller du regard autant qu’elle le voudrait, il se contenterait d’un regard penaud et d’une réelle satisfaction et rien ne pourrait changer ça. Et comme attendu, une fois son regard noir usé, elle s’émut dans une mièvrerie pathétique de la compassion dont il pouvait faire preuve. Qu’elle était prévisible… «Je... Merci... Je sais à quel point les gammes et les couac à répétition ont du être une torture pour toi quand on était gamins... Tu étais trop jeune pour t'en souvenir, mais... La raison pour laquelle j'ai commencé à jouer, tu la connais. J'aurais pu passer le reste de mes jours muette, sans ma mutation. Des fois je me dis que si on me la retirait, ça redeviendrait peut-être comme avant... L'angoisse... Alors oui, c'est difficile... Ce que je n'exprime pas par des mots, je le fais par des notes, comme les peintres ou les photographes, enfin tu vois c'que j'veux dire... Mais ta sollicitude me touche... Tu es le seul à savoir à quel point ça peut me mettre les nerfs en pelote...» Il n’écouta que d’une oreille, peu enclin à s’apitoyer avec elle sur son malheur. S’il compatissait verbalement, ce n’était que pour la forme et pour la rassurer, pour tirer sur les cordes qui la feraient pleurer et se méprendre sur ses intentions. Son merci sonnait aux oreilles d’Artur comme une soumission, ses bafouillages sur la torture qu’elle avait pu lui faire subir… tentait-elle réellement de se justifier ou se contentait-elle de se trouver des excuses ? Artur aurait aimé, d’une certaine manière, être franc avec elle. Laisser le dégoût et la rancœur déformer ses traits, laisser la colère et le mépris teinter ses mots, lui faire comprendre à quel point il était incapable de s’affliger avec elle des coups du sort et surtout à quel point il se réjouissait, lui, de la voir privée de sa passion. Ta sollicitude me touche. Un petit haussement d’épaule, un petit sourire signifiant quelque chose comme C’est normal, je suis ton frère, je te connais mieux que personne et je ne veux que ton bonheur… il ne pouvait pas être franc avec elle parce qu’elle ne pourrait tout simplement pas comprendre à quel point il pouvait la détester parfois. Une haine pure, viscérale, pétrie de souvenirs et de rancœur, saupoudrée d’une amertume fermentée par l’âge et devenue acide.

S’il avait été sincère avec sa sœur, Artur ne se serait pas privé de rétorquer avec mesquinerie qu’elle aurait peut être mieux fait de rester muette vu le peu d’intérêt que pouvait avoir sa discussion en règle générale et qu’à défaut de devenir intelligente, elle aurait au moins pu lui éviter des bavardages fatigants par leur manque de pertinence. S’il avait été sincère avec sa sœur, Artur n’aurait pas hésité une seconde à lui faire remarquer que dans un futur plus ou moins proche, elle allait devoir apprendre à gérer l’absence de sa monstruosité et qu’il serait là pour l’aider pendant ses crises d’angoisse, et que si en plus elle pouvait perdre la voix, il n’en serait que davantage ravi. Mais Artur n’était pas sincère, ne l’était plus depuis des années et devait même ne plus savoir comment l’être, trop habitué qu’il était à être celui qu’on attendait, dans une hypocrisie d’acteur dont il ne se lassait pas. Trop pris dans ses habitudes, trop enchevêtré dans ses faux-semblants, son hypocrisie, il ne s’attendait pas à entendre ça d’elle ou plutôt ne s’attendait pas à en être déstabilisé. Dérouté. Perdu

Pendant plusieurs secondes, Artur peina même à savoir ce qu’il voulait dire, à savoir ce qu’elle sous-entendait, il se surprit même à se permettre l’espoir de la voir s’excuser et le comprendre… D’une main agacée, il arracha cet espoir, l’étouffa, le piétina et cligna des yeux : il n’était pas question que le petit frère se laisse avoir à son tour par du sentimentalisme malvenu. Il avait une idée en tête, il avait un objectif, il avait des convictions et un certain nombre de mauvais souvenirs. Il fallait qu’il se reprenne et pour cela, une gorgée d’eau tiède lui permit de faire le point sur ce par quoi commencer. Non, il n’était pas en train de jouer un double-jeu, quelle idée saugrenue. D’une main de maître, Artur se plaisait à jongler entre la candeur, le mensonge éhonté, la douceur et la vérité. Il tissait sans s’arrêter, entremêlant illusion et sincérité dans une trame si complexe qu’il manquait lui-même de s’y perdre, de se convaincre du faux et d’oublier le vrai. Elle l’avait abandonné, voilà ce qu’il fallait retenir. Elle l’avait abandonné, elle était la monstruosité, elle était la seule à laquelle s’en prendre si son petit frère ne lui plaisait pas tel qu’il était devenu. Il chercha à expliquer ses silences, son absence, construisit une tour de souffrance et de solitude dans laquelle s’enfermer pour qu’elle vienne l’en délivrer, rongée par la culpabilité. Pour que ce soit elle qui fasse le premier pas, elle qui tende la main, elle qui saisisse la main qu’il était en train de lui tendre pour mieux lui planter un couteau dans le dos, une fois enlacée dans une étreinte fraternelle de réconciliation. En faisait il un peu trop ? Non, bien sûr que non. Artur se laissait guider principalement par son instinct et sa raison, il ne pouvait faire d’erreurs. Un peu trop arrogant, peut être, un peu trop sûr de lui le petit frère, sûrement. Mais ça marchait. Bien, très bien, peut être même trop bien.

«Te... Mon abandon ? Mais... Non ! Non Artur, ça n'a rien à voir avec ça, je...», Il ouvrit les yeux, releva la tête de sa tasse de thé qui perdait à chaque seconde un peu de sa saveur et de son intérêt. Il ouvrit les yeux, montrant sa curiosité et son attention. «Je ne suis pas partie qu'à cause de ce contrat. Tout devenait tendu à la maison parce que... Je sortais tout juste de l'adolescence, je ne comprenais pas pourquoi tu m'en voulais à ce point de jouer du matin au soir, je minimisais tes problèmes... Et comme tu peux le voir, je me suis beaucoup documentée sur le sujet ces dernières années et... Et je me suis rendue compte que je m'étais trompée, tout ce temps. J'ai cru qu'en partant je t'épargnerais tout ça, que tu ne souffrirais plus de ma présence... Je n'ai pas pensé qu'au contraire, la distance nous ferait autant de mal l'un qu'à l'autre. Je suis désolée, Artur. Désolée d'avoir cru bien faire et de m'être trompée, désolée de t'avoir infligé ça... Désolée d'avoir été aussi égoïste à un moment où tu avais besoin de moi...» Il n’était pas question qu’il se laisse atteindre par ses excuses pourtant bienvenues. Il n’était pas question qu’il lui offre la moindre rédemption, le moindre droit au pardon. Elle était partie pour le soulager de sa présence ? Et bien, elle avait bien fait même s’il lui en voulait pour cela. Qu’elle parte pour qu’elle reste, il était condamné à la regarder avec une jalousie maladive mêlée de rancœur. Le seul choix qu’elle aurait pu faire pour ne pas le perdre aurait été de se couper volontairement les cordes vocales et que sa mutation reste coincée dans sa gorge, monstruosité en cage, invisible, inutilisable. Et là, seulement là, il aurait accepté d’être son petit frère et l’aurait acceptée, elle, comme sœur fréquentable. Il n’était pas question qu’il accepte ses désolé autrement qu’en signe de soumission. Désolée d’avoir été aussi égoïste. C’était tout ce qu’il avait besoin d’entendre, il avait juste besoin de l’entendre le lui dire pour savoir qu’elle était toujours prête à faire ce qu’il voulait qu’elle fasse, qu’elle se sentait suffisamment coupable pour lui manger dans la main.

Et c’était le cas. Elle passa son bras valide autour de ses épaules, il se glissa dans les bras de sa sœur dans un contact qu’ils n’avaient pas eu depuis trop d’années pour qu’il ne puisse parvenir à les compter rapidement. Et cela perturba Artur qui n’avait jamais été très tactile hormis avec sa sœur lorsqu’il se réfugiait dans ses bras pour fuir ses terreurs nocturnes qui ne passaient pas. Jusqu’où allaient les faux-semblants, jusqu’où allait sa spontanéité dans son attitude, alors qu’il fermait les yeux et laissait un sourire s’échapper de ses lèvres ? Il perdait le contrôle. Il pensait tout maîtriser en arrivant ici, il pensait être capable d’aiguiller la conversation, il pensait avoir envisagé, prévu, anticipé tous les cas de figure possibles et toutes les attitudes possibles de sa sœur, il avait juste oublié qu’il était lui aussi une variable à prendre en compte et il n’avait pas pensé vouloir à ce point retrouver sa sœur, juste sa sœur, ignorer sa mutation, la laisser en dehors du champ d’action pour juste… la retrouver. Le petit frère jouait à un jeu dangereux à se croire aussi imperméable à la fraternité, il jouait un jeu plus que dangereux à faire l’équilibriste sur un fil, mélangeant vérité et mensonge en apprenti sorcier sans savoir qu’il risquait de ne plus pouvoir démêler le vrai du faux et de se perdre, être lui-même la victime de ses discours.

Il voulait retrouver sa sœur, c’était un fait. Il lui en voulait, c’en était un autre. Mais cet abandon vécu, être un poids pour elle, lui en vouloir pour ces heures consacrées au violon et non à lui, jusqu’où allait l’hypocrisie ? «Tu n'as jamais été un poids pour moi, Artur... Nous avons commis des erreurs l'un comme l'autre, mais nous pouvons encore les réparer, avancer, réapprendre à nous connaître...» Il fallait qu’il se concentre, il fallait qu’il savoure ce moment où la balle basculait entièrement dans son camp, il fallait qu’il se reprenne et que lui ne bascule pas dans l’abyme, trop fier pour se raccrocher, trop perdu pour se maintenir à flots et poursuivre cette conversation jusqu’à son terme. Réapprendre à se connaître, n’était-ce pas ce qu’il lui proposait, avec des arrières pensées bien plus sombres que ne le laissait supposer son sourire timide ? Le sérieux de sa sœur se retrouva sur son visage. «Plus de faux semblant, plus de mensonges, plus de non dit. Je ne veux pas courir le risque de te perdre à nouveau, petit frère. On devrait pouvoir tout se dire, et tu l'as constaté toi aussi : Tout ce qui nous oppose aujourd'hui est parti d'un quiproquo idiot. D'accord ?» Il reprenait pied. Parce qu’il avait presque atteint l’un de ses objectifs : retrouver sa sœur. S’il atteignait celui là, la vaccination ne serait que la signature posée en bas du contrat, scellant correctement un pardon et une rédemption qu’elle ne méritait pas. Pas de faux-semblants, pas de mensonges… Comment osait-elle penser cela de lui ? Un petit sourire moqueur s’étouffa dans ses lèvres, se transforma de justesse en sourire convaincu. « Tu ne vas pas me perdre, ne t’inquiète pas. Plus de faux-semblants, tu n’auras plus à te cacher, tu ne seras qu’une humaine, plus de mensonges, tes amis t’auront montré dans leurs agonies la vérité sur ta monstruosité, tu verras tout comme moi à quel point tu es une dégénérée jusque dans tes veines tant que ce vaccin n’est pas dans ton épiderme, plus de non-dit, je te le promets » Il n’aura plus à cacher ses pensées puisqu’elle partagera son avis sur le reste. Un quiproquo idiot… c’était donc ce qu’il avait réussi à lui faire croire ? Vraiment ? Artur n’en revenait pas d’être arrivé si facilement à régler la question de ses années de silence et de leurs dernières retrouvailles si explosives. Etait-il suffisamment confiant pour tenter davantage le sort et chercher à obtenir plus de sa sœur maintenant ou valait-il mieux laisser tout cela reposer ?
La tasse, vide, tourna entre ses doigts. « Tu as raison, c’est vraiment dommage qu’un quiproquo comme celui là nous ait volé autant d’années… ce que nous pouvons être bêtes, parfois… » Ce qu’elle pouvait être cruche à se faire si facilement avoir par un sourire et un petit regard… Il inspira dans un sourire, pour que rien ne laisse passer ce qu’il pouvait penser réellement. Détendre l’atmosphère, laisser la tension derrière eux. Il avait fait son travail, il avait fait ce qu’il était venu faire. Et il avait même pu manger une glace au citron. Artur remonta sa manche pour laisser apparaître sa montre à laquelle il jeta un petit coup d’œil comme s’il souhaitait être discret. Il dessina consciencieusement une grimace de dépit. « Ah, mince, l’heure tourne, je n’ai pu poser que ma matinée de congé et il va falloir que je te laisse… » Avec agacement, il s’aperçut qu’il n’avait pas eu besoin de saupoudrer ses mots et ses silences de déception. Il fallait qu’il parte, maintenant, avant de tomber dans ce piège de sentimentalisme qu’il avait dressé à l’intention de sa sœur et non de lui-même.

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitimeMer 14 Oct 2015 - 1:25

I'm always close to you, sister... [Ft. Artur Kovalainen]

" I will be waving
Everytime you leave
Oh ! I am you
The care, the love, the memories
You are forever in me... "
Si j'avais été télépathe, j'aurais pu lire les pensées de mon frère. J'aurais pu comprendre à quel point il était dangereux, haineux, jaloux, viscéralement mauvais et cruel... J'aurais pu chercher à l'arrêter, à le changer et à le ramener sur le droit chemin... Et surtout j'aurais pu m'épargner de faux espoirs et sauver ma peau. Mais je n'étais pas télépathe. Je n'étais qu'un genre de banshee qui se prenait h24 les pieds dans le tapis. De toute manière, même si j'avais été télépathe, j'aurais refusé de croire tout ça. Refusé de croire que mon petit frère en qui j'avais une confiance aveugle puisse me haïr à ce point. Ou du moins détester ma mutation, ce qui pour moi revenait au même.

De toute manière, je n'étais pas télépathe. Tout ce que je voyais, c'était le regard attendrit de mon petit frère, ses gestes compatissants et ses paroles, que je prenais pour ce qu'elles n'étaient pas : De la compréhension. Je ne voyais que ce que je voulais voir et ce qu'Artur voulait bien me montrer. Au final, chacun y trouvait son compte. Je me raccrochais simplement désespérément à cette idée selon laquelle Artur voulait que nous nous réconciliions, et ça me suffisait.
Et j'étais sérieuse quand je lui disais que je ne voulais plus de mensonges ou de non dits, que les quiproquos c'était terminé et que nous devions repartir sur de bonnes bases. Aussi, j'étais soulagée lorsqu'il acquiesça, ce sourire chaleureux aux lèvres. J'avais enfin le sentiment de retrouver mon frère, qu'il me soutiendrait, que j'en ferais de même avec lui... Encore quelques pas et j'avais le sentiment que je pourrais à nouveau tout lui dire sans avoir à craindre quoi que ce soit.

«Ahah, tu l'as dis... On a été idiots de croire que ne plus se parler résoudrait le problème... Mais mieux vaut tard que jamais, hin ? On peut tout rattraper maintenant !»

Je peinais à garder mon sérieux et mon stoïcisme. C'était l'enthousiasme qui perçait malgré tout dans ma voix, et j'aurais voulu que ces retrouvailles durent un peu plus longtemps... Malheureusement, c'était déjà l'heure pour Artur de s'en aller, et je retenais à grand peine une exclamation déçue. Contrairement à moi qui étais en repos forcé, lui devait aller travailler, et quand même bien mourais-je d'envie de lui dire de rester, je le savais bien trop sérieux pour inventer un quelconque bobard à son employeur pour justifier son absence. Seulement maintenant, je savais qu'il était dans le coin, et je ne comptais pas laisser notre relation stagner ainsi. J'avais tant de choses à lui dire, tant de gens à lui présenter, et je voulais que lui aussi m'ouvre son cœur et me dise ce qu'il avait traversé ses dernières années. Redevenir la confidente que j'étais lorsque nous étions enfant.

«Ne vas pas te mettre en retard, ça serait dommage... Mais donne-moi ton numéro de téléphone, avant de partir ! Qu'on puisse se contacter rapidement pour se revoir...»

Je griffonnais mon propre numéro sur un morceau de partition vierge qui traînait, le déchirait et le tendais à Artur en attendant qu'il fasse de même. Je ne savais pas trop quoi penser de cette matinée. J'étais mitigée. Heureuse, incroyablement heureuse d'avoir revue mon frère, et puis mélancolique... Perturbée, également. Car je ne savais pas quoi penser de ses excuses ou de ses reproches, tout se chamboulait dans mon esprit, et un après midi seule chez moi ne serait pas de trop pour tenter de démêler le vrai du faux dans cette histoire. Tout ce qui comptait au fond, c'était qu'Artur soit là.

Je le raccompagnais jusqu'à la porte et restais sur le palier à l'observer quitter l'allée, comme si j'avais peur de constater que j'avais eu affaire à une illusion... Et que j'étais par conséquent complètement folle. Mais je n'avais pas rêvé. Après 12 ans de séparation et 5 sans un mot, j'avais enfin eu une vraie conversation avec mon frère.
crackle bones
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MessageSujet: Re: i'm always close to you, sister. (kovalainens)   i'm always close to you, sister. (kovalainens) Icon_minitime

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