Sujet: le bon, la brute et le truand (pv Malachi & Seth) Mar 24 Mai 2016 - 12:24
le bon, la brute et le truand
Malachi & Seth & Alejandro
Pendant quelques semaines, j’étais été en équilibre sur un fil. Je suis un soldat, je suis un sniper, je ne suis pas une majorette : mon équilibre était aussi précaire que stupide. Et pourtant, pendant quelques semaines, avec Cait’, on a été dans un équilibre qui me convenait, qui semblait même lui convenir. Entre animosité maîtrisée, attirance manifeste, sentiments difficilement acceptables et complètement dépendants l’un de l’autre. Pendant quelques semaines, on a été en équilibre entre ce qu’on était avant, ce qu’on a été ensuite, ce qu’on était maintenant. Un mois. Un mois qu’elle est dans le coma, un mois que cet équilibre a volé en éclat, un mois que ma colère ne cesse de croître, ne cesse d’enfler, un mois que je ne sais plus où j’en suis, que je ne sais plus où je vais, un mois que je cherche une solution, juste une solution pour savoir quoi faire. Parce que je ne supporte plus de la regarder reposer dans un lit sans qu’un réveil ne soit envisageable. Et ce médecin que j’ai renvoyé à ses propres occupations d’un coup de coude dans le nez n’a pas intérêt à me répéter qu’il sera peut être temps de songer à une cessation des soins. Un mois que je suis obligé de l’embrasser sans qu’elle ne me réponde, un mois que je passe tous les matins à son chevet pour remettre ses mèches blondes correctement, pour lui serrer la main, pour lui promettre le plus calmement possible de retrouver les petits fils de pute qui lui ont fait ça. Un mois. Déjà.
Un mois, à peine, que je n’ai aucune idée de ce que je suis supposé faire. Je les hais, je les hais tous, mutants ou humains, je les ai plus que jamais parce que je ne sais pas quoi faire d’autres. Haïr, je sais faire. Détester, je sais encore mieux faire. Mépriser avec indifférence, rejeter, repousser, oublier, je sais faire. C’est ce que j’ai fait avec la mort de Rosa, c’est ce que j’ai tenté de faire avec Cait’. J’attrape sa main, je pose ma tête sur son côté. « Allez… putain, Cait’, réveille toi. Je te jure que si tu te réveilles pas, je te massacre. Je t’ai mieux formée que ça… Cait’, je t’ai pas formée pour que tu te fasses démolir par les premiers clampins venus… Allez, Cait’… » Je me lève. Comme tous les matins. C’est toujours le même rituel : j’entre pour la regarder en prenant sur moi. Puis je lui lance un regard méprisant pour lui faire comprendre qu’elle ne s’est toujours pas réveillée et que c’est pitoyable. Puis je la supplie. Et enfin… « Mierda! Despertar, maldita sea! No se puede hacer esto a mí, que eres mejor que eso, Caitlin! Encontraré, te lo aseguro! Voy a encontrarlos y voy a matarlos uno por uno, voy a torturarlos, voy a ... » Je n’en ai rien à faire qu’elle ne comprenne pas l’espagnol, je m’évertue à l’insulter et à lui faire des promesses dans ma langue maternelle pour mieux crier tout ce que je veux sans que l’on puisse me comprendre. Je ne cherche même pas à articuler, je ne cherche même pas à sortir de l’argot des rues qui est, plus que le colombien, ma langue maternelle. Je reviens auprès du lit pour l’embrasser sur le front sans aucune douceur, pour le serrer la main et m’enfuir de la chambre en claquant la porte. Et je m’adosse à la porte en fermant les yeux. Comme tous les matins. Comme depuis bientôt un mois. Sauf qu’aujourd’hui…
En sortant de l’hôpital, je m’aperçois qu’aujourd’hui, j’ai oublié de lui dire que ça allait être différent. J’ai réussi à entrer en contact avec ces petits cons de Uprising. J’ai réussi à en convaincre un. J’ai réussi à en convaincre deux. J’ai réussi à mettre un orteil dans ce groupe de mutants qui va être mon premier point d’accès. Ma première piste tangible pour trouver les petits bâtards qui ont foutu Caitlin, qui ont foutu ma Caitlin dans le coma. Je descends en trottinant les escaliers, je marche d’un pas rapide, je grimpe en courant jusqu’à mon appartement pour mieux aller me préparer. Un coup d’œil à ma montre : ils vont venir me chercher à notre point de rendez-vous d’ici une vingtaine de minutes, je me suis attardé plus que prévu dans la chambre de Cait’. Ma veste en cuir habituelle, je glisse mon parabellum dans son holster, même si je sais qu’on me l’enlèvera. Sortir sans arme n’est même pas concevable. La seule autre chose que je prends, ce sont mes papiers d’identité et mon portable. Inutile de s’embarrasser de davantage d’armes et babioles, de toute manière, c’est juste une prise de contact. Et j’imagine qu’ils vont vouloir aussi me faire passer un entretien ou une connerie dans le genre. Des mutants… je me dégoûte, à faire affaire avec des adorateurs de ces dégénérés mais c’est la seule solution pour trouver ceux qui ont fait ça. Et ce n’est pas comme si j’avais encore quelque chose à carrer des Hunters, vu cette douleur qui me lance toujours dans ma jambe, vu cette cicatrice que je me traîne et ce léger boitillement.
Vingt minutes plus tard, je suis dans le parc. Vingt minutes plus tard, je vois s’approcher le même mec que la dernière fois. Pas de sourire, pas de bonjour : je ne suis pas là pour le draguer, bordel. Et je n’en ai rien à faire de lui être complètement antipathique, je suis une telle boule de nerfs que ma haine n’est dirigée contre personne en particulier mais m’enveloppe pour mieux concerner l’ensemble du genre humain. Et l’ensemble du genre mutant. « Bryan, alors ? » Alors… alors qu’est ce qu’on fait, alors qu’est ce que je dois faire, alors qu’est ce qu’on attend ? « Dans la voiture, Velasquez. Et mets ça. » Je considère le bandeau avec un sursaut d’écoeurement. « Vous voulez vous la jouer intégration à la mafieuse ? » Je ricane, la moquerie comme défense, en me pliant à leur exigence pendant qu’ils me fouillent et retirent mon parabellum. « Le premier qui l’abime, je le massacre » Qu’ils s’habituent à la violence qui émane de moi, ça fait partie de ce que je suis, il est hors de question que je la cache. De toute manière, je ne suis pas un espion. Je ne suis pas un flic infiltré, pas un Hunter infiltré. Je suis juste un connard à la recherche d’autres connards. On me balance dans la voiture, on arrête la voiture, on me pousse et on me guide dans une baraque. Et on m’abandonne dans une pièce. Il ne me faut pas deux minutes pour me débarrasser du bandeau et pour regarder mon environnement à la recherche de sortie. Là, ce n’est pas mon entraînement de militaire qui parle, mais le gosse qui a grandi dans la rue et qui a toujours détesté les sensations d’enfermement, le principe même de finir au poste même le temps d’une nuit. Je suis incapable de rester immobile, j’observe, je cherche des indices, je cherche une occupation, je cherche mon flingue. C’est dingue comme je me sens nu sans. Pas vulnérable, quand même, mais totalement nu. Et c’est désagréable. Un bruit dans mon dos, je me tourne illico, levant les bras pour me mettre en garde. Avant de me détendre légèrement. Très légèrement. « Koraha ? Qu’est ce que tu fous là ? Et… j’vous connais, vous… » Okay. Donc, en fait, l’autre crétin mafieux et le civil de l’hôpital font partie d’Uprising ou une connerie dans le genre. « Bon, où est ce que je suis ? Qu’est ce que vous voulez savoir, au juste ? » Je suis nerveux. Forcément. Qui ne le serait pas dans cette situation. Nerveux mais pas anxieux. Je suis trop en colère pour avoir peur de quoique ce soit.
De quoique ce soit autre que l’absence de réveil de Cait, bien sûr.
Sujet: Re: le bon, la brute et le truand (pv Malachi & Seth) Mer 13 Juil 2016 - 14:11
le bon, la brute et le truand
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Seth n’était pas réputé pour sa prise de position flagrante dans le conflit opposant mutants et chasseurs. Neutre pendant très longtemps, il avait commercé aussi bien avec les uns qu’avec les autres, les balles qu’il avait vendues ayant probablement fauché autant de transmutants que de hunters convaincus. Il avait surtout pensé au côté très lucratif de cette guerre intestine, et s’il était attentif à chacune de ses transactions, il savait aussi parfaitement que s’il cessait de faire commerce aux chasseurs, une grosse source de leur approvisionnement en armes disparaitrait avec lui. Jusqu’à il y a peu, il s’en fichait bien, chaque vie se valant à ses yeux. Oui mais voilà, les choses avaient changé. Quelques morts et quelques vaccins plus tard, le trafiquant ne pouvait plus fermer les yeux comme il avait coutume de le faire. Il avait perdu trop de gens et avait failli se perdre lui, hors de question qu’il continue comme il l’avait toujours fait. Et s’il n’avait jamais déclaré une quelconque allégeance officielle, il avait repris le trafic du UP pour Uprising et avait fourni d’excellentes armes à Isolde et Insurgency. Il avait peu à peu cessé son commerce avec les hunters, ordonnant à ses hommes de ne plus fournir ceux de Radcliff et des villes alentours. Certains n’avaient pas vraiment compris cette réaction, d’autres se souvenaient de l’état dans lequel il s’était trouvé lorsqu’il avait été sous l’emprise du NH24 et ne voulaient pas prendre le risque de voir se reproduire une telle catastrophe, aussi avaient-il obéi sans broncher ou presque. C’était un bon début de remise en question, et sûrement le premier pas vers ce qui serait une réelle prise de position pour l’un ou l’autre des mouvements de résistance au cœur de la cité. Cependant, il ne s’attendait pas à ce que Sheldon lui-même l’appelle pour rendre service. Au départ perplexe, le Calédonien avait été fort tenté de décliner l’invitation lorsque le chef de file d’Uprising lui avait annoncé qu’il ferait équipe avec Malachi. Curieux et inquiet qu’on lui demande d’épauler le motiopathe, il avait demandé de plus amples informations. Apparemment, quelqu’un voulait rejoindre le groupe, et ce quelqu’un s’avérait être un ancien hunter. A eux de déterminer si son changement de camp était sincère ou si ça n’était qu’un prétexte pour venir mettre la zizanie au sein de l’organisation. Se demandant pourquoi c’était à lui qu’on demandait de l’aide et pas à quelqu’un de mieux qualifié, il avait fini par accepter malgré tout, se disant que comme ça, il pourrait s’assurer que le professeur ne serait pas blessé – après tout, on n’était jamais trop prudent, et il savait que le pouvoir incroyable de monsieur Porter avait ses limites. Alors il s’était habillé, avait prévenu Pietra qu’il ne rentrerait pas tout de suite, puis avait fait route jusqu’au manoir du quartier nord qu’il commençait à bien connaître. Ca lui faisait tout drôle de revenir après y avoir été confiné lors de sa période de folie, alors que le vaccin finissait de lui embrumer le cerveau et de lui faire faire n’importe quoi. Grimpant les marches jusqu’à l’entrée, il sonna et attendit qu’on vienne lui ouvrir, regardant par-dessus son épaule ; depuis sa mésaventure avec le patriarche Caesar, il était devenu méfiant, comme s’il craignait de le voir surgir pour réitérer l’expérience ou finir le travail. Lorsque la porte s’ouvrit, son regard croisa celui d’un bleu hypnotique de Malachi.
- Yo. J’suis pas en retard j’espère. Sheldon a dû tout te dire, par contre j’voudrai bien des détails parce que j’en ai pas eu des masses.
Il entra dans le vestibule et gratta un peu la tête de Jumbo lorsque le chien vint les accueillir, le reniflant avec curiosité. Laissant l’animal s’en aller, il écouta ce que le professeur avait à lui dire, essayant de retenir le plus d’informations possible. Il tiqua en entendant le nom du chasseur qu’ils allaient interroger. Alejandro Velasquez. Il ne manquait plus que ça. Que son ancien associé de fight club soit l’homme à cuisiner ne lui plaisait pas spécialement. Cela dit, il avait dit oui, et maintenant il ne pouvait plus reculer ; et puis, connaissant le caractère explosif du colombien, il n’était pas mécontent d’être là pour faire tampon au cas où, finalement. Suivant Malachi jusqu’à la salle du sous-sol où il avait passé du temps enfermé, il sentit une sourde angoisse lui étreindre brièvement le cœur avant de passer la porte du petit bunker. Aussitôt, Alejandro se retourne vivement vers lui, bras levés comme pour se préparer à parer un coup et le rendre, mais il le vit se détendre un peu en le reconnaissant.
- Ca f’sait un bail, Velasquez, j’ai presque cru que t’étais mort, dis donc.
Son regard passa du chasseur à Malachi avant de revenir se poser sur l’homme qui était plus petit que lui – détail qui lui avait toujours semblé absurde.
- Ben oui, on va t’donner l’adresse exacte. En vrai, on veut savoir jusqu’à quel point tu peux nous mitonner ou pas. Histoire d’être sûr qu’on file pas des infos à un gros traître. M’enfin, pour le moment, c’est pas moi qui ai des trucs à te demander.
L’homme de sable s’écarta et se mit en retrait, laissant Malachi avancer. Ses yeux bruns détaillaient la scène, attentifs au moindre mouvement suspect. Après tout, le motiopathe n’aurait pas forcément le temps d’agir face à la lame d’un couteau, alors autant se préparer au pire.
Sujet: Re: le bon, la brute et le truand (pv Malachi & Seth) Dim 17 Juil 2016 - 19:15
le bon, la brute et le truand
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Malachi était sur les dents depuis un moment déjà, faisant les cents pas dans la cuisine, se mordillant le pouce avec le regard rivé sur le sol, l’air absorbé : dans son panier, Jumbo n’osait même pas bouger une oreille, conscient de l’état de son maitre qui irradiait littéralement de nervosité. C’était la première fois que Sheldon lui confiait une telle mission, à savoir interroger une future recrue à la fois potentiellement extrêmement intéressante, mais aussi au profil inquiétant : le motiopathe avant reconnu Alejandro Velasquez, hunter de son état, qui avait déjà croisé son chemin lors d’une précédente mission où, étonnement, il n’avait pas eu l’air si intéressé par la protection des mutants et de leurs bien être. Le responsable de la protection des mutants ne se sentait pas particulièrement à l’aise d’imaginer que ce dernier était actuellement dans son sous sol, dans le bunker. L’esprit rendu paranoïaque par le UP du professeur ne pouvait s’empêcher de se demander si tout cela n’était pas un subtil traquenard de la part d’un groupe de chasseurs particulièrement retors. La voiture avait elle été suivie ? Velasquez portait il un micro sur lui ? Les autres avaient beau lui avoir assuré que ce n’était pas le cas, il n’osait imaginer ce qui risquait de se passer si l’homme ne répondait pas favorablement à leurs interrogations. Il disait « leur », parce qu’il avait demandé le renfort de Seth pour cet entretien un peu particulier. Cette demande n’était pas tout à fait innocente : d’abord, il était à peu près persuadé que Seth avait l’habitude de mener ce genre d’interrogatoire dans le cadre de ses … Activités, et ensuite, mais ça il ne l’avouerait certainement pas tout de suite, il savait que son stock de pilules diminuait dangereusement depuis la disparition de Pietra des radars de Radcliff.
C’est le bruit de la porte d’entrée qui sortit le motiopathe de ses réflexions, alors que Jumbo partait se ruer vers le nouvel arrivant à grands renforts de jappements et de remuages de queue excités. Malachi suivait de près le chiot, qui grandissait à vue d’œil d’ailleurs, serrant la main du mafioso avec un pâle sourire : en effet, il en avait des choses à lui dire apparemment :
- Et bien autant te mettre tout de suite dans le bain … Nous avons une potentielle future recrue dans le bunker, qui est arrivée il y a une petite dizaine de minutes. Je dis potentielle parce que Sheldon aimerait notre avis sur la question, moi parce que si il ment, je le saurais, toi parce que tu connais probablement un bon nombre de gens dans le coin, et aussi leur inclinations et les raisons qui pourraient leur fait virer de bord … Le type en bas est un hunter, et pas du genre pacifiste qui veut nous soulager du fardeau de notre condition insupportable, plutôt à tirer sur les points vitaux et à causer ensuite … Autant te dire que je ne le sens pas vraiment …
Au moins, ça avait le mérite d’être clair, n’est ce pas ? Il ne savait pas à quoi s’attendre avec Velasquez, et il ne lui faisait absolument pas confiance. Rajoutez à cela qu’il n’avait pas pris sa dose de Up de la semaine faute de temps, qu’il avait du veiller toute la nuit entre un Peter malade et l’organisation de cette opération, et il était visible que le professeur était à cran. Palpable aussi, puisqu’il suffisait de s’approcher un peu trop de lui pour sentir une tension dans le creux de votre estomac et le stress vous entraver la poitrine. Pas étonnant que même son chien le fuit comme la peste. Il soupira en se passant la main dans les cheveux, avant d’ouvrir la porte menant à l’escalier à Seth :
- Allons y et finissons en vite, je n’aime pas l’idée même qu’il soit ici …
Il laissa Seth descendre et pénétrer dans le bunker en premier, faisant un signe discret au mutant chargé de garder la porte : Sheldon avait été formel, ils ne devraient prendre aucun risque si le « candidat » se révélait plus dangereux que prévu. En entrant, Malachi repéra instantanément la confusion dans l’aura d’Alej, à la fois en le découvrant et en découvrant Seth. De toutes évidences, ces deux là se connaissaient. Dans quelles circonstances ? Il ne pouvait de toute façon interroger Seth maintenant. Plus tard, peut être. Ce dernier fit son petit discours habituel –enfin, il le supposait-, avant de lui laisser la place. Bon, si il devait se jeter à l’eau … Il s’assit en face d’Alej, un peu raide, se raclant la gorge avant de commencer :
- Hum … Bonjour monsieur Velasquez… je vois que vous connaissez mon camarade, je ne suis pas sur que cela soit une bonne nouvelle pour vous, mais enfin … En effet nous nous sommes déjà vus. A l’hopital, si mes souvenirs sont bons. Je tenais simplement à vous prévenir, avant que nous commencions, que je ne serais malheureusement pas aussi patient et bienveillant que j’ai pu l’être par le passer… Mais vous comprendrez j’espère que ces mesures sont uniquement liées à notre souci de sécurité, n’est ce pas ?
En même temps, il n’avait pas franchement le choix… ça devait lui faire bizarre, au chasseur, de voir le professeur bien loin de son rôle de pleutre de l’hopital : il dégageait quelque chose d’oppressant, de dangereux, et ce sans même s’en rendre compte, effet secondaire des drogues qu’il prenait. Il laissa Alej digérer ces informations, jeta un coup d’œil à Seth, puis reprit d’une voix calme, mais légèrement métallique :
- Pourquoi nous avoir contacté en premier lieu ? Vous êtes un chasseur, une menace pour les gens comme nous, alors pourquoi un tel revirement ?
Oui, c’était direct comme questions, mais Malachi se voyait mal lui demander de raconter son enfance avant de poser les vraies questions …
Sujet: Re: le bon, la brute et le truand (pv Malachi & Seth) Sam 23 Juil 2016 - 18:24
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J’ai toujours détesté toutes les formes d’enfermement, que ce soit de l’enfermement physique ou psychologique. Je ne me sens pas bien dans cette pièce sans sortie visible autre que la porte le plus évidente. Nerveux, je tourne comme un lion en cage, comme un chat famélique auquel on m’a souvent comparé, comme un dogue auquel on aurait foutu une muselière. Je suis nerveux, tendu, rendu anxieux plus par l’environnement que ce qui m’attend. Parce que ma colère qui me consume annihile tout, absolument tout le reste. Et m’anesthésie plus qu’efficacement. Un mouvement, mes réflexes prennent le dessus, je me mets en garde. Un peu plus et je feulerais, tiens… sauf que ce n’est que Koraha, que l’autre crétin de civil qui m’a démoli le genou l’autre jour. Avant les élections. Avant les explosions. Avant que des connards m’enlèvent ma Caitlin. Un peu plus et je montrerais les crocs. Je crache, d’ailleurs, animal acculé. Je crache mon étonnement, sans la moindre douceur. - Ca f’sait un bail, Velasquez, j’ai presque cru que t’étais mort, dis donc. Je hausse les épaules avant de grogner un « y en a qui ont bien essayé mais j’ai la peau dure » qui veut tout et rien dire dans un même temps. Y’en a qui ont essayé, ouais, du genre de son petit copain, là. Ma colère est aussi dense que diffuse, l’angoisse et la tension qui s’abattent sur moi l’effleurent, l’écorchent mais n’en enlèvent que d’infimes copeaux, de la poussière seulement. Et la laissent presque intacte. Mes yeux délaissent le boiteux pour revenir sur Koraha. Et je crache, je crache encore, toujours sur la défensive. Je crache mes questions comme je pourrais cracher mon dégoût et ma salive, vrai, direct, honnête et brut de décoffrage dans ma manière d’être comme je le suis presque toujours. Menteur, opportuniste oui, mais seulement quand ça m’arrange. Le reste du temps je suis le Alejandro d’origine et je ne tente même pas de la cacher.
- Ben oui, on va t’donner l’adresse exacte. En vrai, on veut savoir jusqu’à quel point tu peux nous mitonner ou pas. Histoire d’être sûr qu’on file pas des infos à un gros traître. M’enfin, pour le moment, c’est pas moi qui ai des trucs à te demander. Qu’on ne file pas des Infos à un gros traître… il en a des bonnes, je ne suis pas stupide, je sais comment ça fonctionne. J’aurais pas d’infos avant un bail, même en montrant patte blanche. Et il n’y a pas de traître. Juste des enfoirés qui cachent bien leur jeu. Alors non, je ne me fais pas d’inquiétude sur ce qu’ils pourront penser de moi. Les embrouilles, l’illégalité et la débrouillardise coulent dans les veines des Velasquez et des enfants des rues : manque de bol pour eux, je suis les deux. « Alors quoi, vous allez jouer au bon flic méchant flic ? Sérieusement ? » C’est stupide comme stratégie, je sais ce que je vaux niveau intimidation, et Koraha le sait aussi. L’intimidation physique ne marche pas sur moi, ou du moins ça ne marche plus de puis plus de trente ans. Mes yeux se reportent sur Porter, si je me souviens bien de son nom. Je fais un pas en arrière pour gagner du champ, refusant de m’asseoir, croisant les bras sur ma poitrine. - Hum … Bonjour monsieur Velasquez… je vois que vous connaissez mon camarade, je ne suis pas sur que cela soit une bonne nouvelle pour vous, mais enfin … En effet nous nous sommes déjà vus. A l’hôpital, si mes souvenirs sont bons. Je tenais simplement à vous prévenir, avant que nous commencions, que je ne serais malheureusement pas aussi patient et bienveillant que j’ai pu l’être par le passé… Mais vous comprendrez j’espère que ces mesures sont uniquement liées à notre souci de sécurité, n’est ce pas ? J’hausse un sourcil. Pour leur sécurité ? Patient et bienveillant ? Mais quelle blague, putain. J’arrache la chaise à son support, je la retourne pour m’y asseoir à l’envers, offrant en rempart entre eux et moi le dossier en bois du machin. Rageusement, je m’y laisse tomber. « Ouais, j’comprends » Autrement dit, j’en ai rien à foutre et toute cette mascarade me fait suer, même si je suis résolu à passer par là. Un nouveau regard, je considère le boiteux de l’hôpital qui se révèle au mieux un membre influent de ce groupuscule de mutants, au pire, un membre tout simplement. Mutant ? M’étonnerait. S’il me semble dangereux, c’est juste parce qu’il m’a déboité le genou et qu’il est dans une cave d’un putain de truc et que je suis clairement en position de faiblesse. Et que je déteste ça.
Je croise les bras en les regardant d’un œil noir, tous les deux. - Pourquoi nous avoir contactés en premier lieu ? Vous êtes un chasseur, une menace pour les gens comme nous, alors pourquoi un tel revirement ? Comme nous. Et merde. « Parce que vous en êtes un ? » Comme nous. « Oh putain, Koraha, t’en es un aussi ? » Putain, si Cait’ était là pour me voir, soit elle m’engueulerait pour m’être jeté dans la gueule des loups, soit elle éclaterait de rire devant ma réaction. Sauf que Cait’ n’est pas là. Putain. Pourquoi je les ai contactés ? Je me lève d’un bond, avant de me réfugier dans le coin opposé de la pièce. Je crache. Une vérité si peu déformée que le mensonge se noie dans ma colère brûlante. « Des putains de chasseurs m’ont foutu une seringue dans le cul, voilà pourquoi. » Bon, c’était il y a bien trop de mois maintenant, mais ce n’est qu’un détail. Et je ne suis pas un mutant non plus, heureusement, mais ça aussi, ils ne sont pas obligés de le savoir. « Parce que des putains de chasseurs ont tué ma sœur dans une putain d’explosion alors que j’étais supposé faire la sécurité, en juillet, voilà pourquoi. » Ma colère enfle, je commence à me perdre, à me perdre à nouveau dans cette violence que j’exsude par tous mes pores. « Parce que des putains de chasseurs ont attaqué… » Je ferme les yeux avant d’inspirer à fond. Il faut que je me calme. Il ne faut pas que je m’emporte. Il ne faut pas que je me perdre totalement. « J’suis un putain de mafieux, votre copain pourra vous le confirmer. Ma loyauté a ses putains de limite et là, Lancaster et toute sa merde, il les a atteintes. » Comme si j’avais été un jour loyal à Lancaster.
Sujet: Re: le bon, la brute et le truand (pv Malachi & Seth) Ven 12 Aoû 2016 - 20:28
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Seth n’était pas vraiment le genre d’homme à faire passer des interrogatoires en bonne et due forme. Il était plus du genre à tester la loyauté de ses sbires sur le terrain, à surveiller leurs actes plutôt que leurs paroles, sachant très bien qu’on pouvait dire tout et son contraire, mais qu’il n’y avait pas grand’ chose qu’on puisse véritablement cacher au cœur de l’action. Alors, se retrouver au fin fond du manoir Porter, en compagnie du propriétaire des lieux, pour cuisiner son ancien partenaire de business, ça avait quelque chose d’absurde à ses yeux, une ironie mordante rendant la situation encore plus étrange. Il n’était pas diplomate, et même s’il n’était pas tellement prompt à démarrer au quart de tour, il manquait de cette patience qui faisait les bons négociateurs. Malachi, lui, en était autrement mieux pourvu, d’autant que son don pouvait l’aider à maîtriser les autres avant qu’on ne le pousse dans ses derniers retranchements. Des deux, c’était lui qui aurait dû l’aider à se contrôler, alors qu’on l’appelle en renfort plutôt que quelqu’un d’autre il trouvait vraiment ça louche. Il avait l’impression qu’on ne lui avait pas tout dit et ça l’énervait beaucoup : si on voulait qu’il fasse son travail et que tout le monde reste en sécurité, il allait lui manquer quelques cartes pour comprendre tout ce qui était en jeu. Pour le moment, il avait d’autres choses à faire, et il devrait agir avec ce qu’on lui avait donné et ce qu’il apprendrait du professeur Porter et de Velasquez. Pour le reste, il aurait tout le temps d’engueuler copieusement les têtes couronnées d’Uprising plus tard.
En retrait par rapport à Malachi, l’homme de sable regardait la scène se dérouler sous ses yeux, bras croisés, son regard brun filant d’un protagoniste à l’autre en fonction de qui prenait la parole. Alejandro avait raison : il ne leur manquait plus que les uniformes et ils faisaient la paire, un parfait cliché de policiers aux méthodes très différentes. Il doutait que le vénérable professeur en viennent aux mains, mais il savait aussi qu’un coup de sang signifiait une utilisation pas spécialement sympathique de sa formidable mutation, et à en juger par les cernes sous ses yeux et ses iris luminescents tant ils étaient bleus, c’était plus que probable que ça arrive. Et dans ce cas, ce serait à lui de retenir son partenaire plutôt que l’inverse. Ca lui aurait fait bien drôle, d’être le plus modéré des deux. Mais pour le moment, on n’en était pas encore là et le motiopathe se contentait de poser ses questions. Alejandro en eut l’air particulièrement surpris, au moins pour l’une d’entre elles.
- Oh putain, Koraha, t’en es un aussi ? - Surprise. A ton avis, pourquoi j’encaisse aussi bien les coups ?
Se changer en sable avait des avantages certains, dont celui de pouvoir se changer en sac de frappe taille humaine et de ne pas sentir la morsure d’une lame ou bien le contact délicat de phalanges lancées à pleine vitesse contre une mâchoire. Mais il ne comptait pas faire une petite démonstration de ses capacités au Colombien tout de suite – voire pas du tout. Seth n’était pas certain que lui donner la possibilité d’entrer à Uprising soit une bonne idée, mais les voies de Sheldon étaient impénétrables et quand il avait une idée en tête, il ne l’avait certainement pas ailleurs. En tout cas, le Calédonien se désolidarisait de toute dérive qui aurait pu en découler. Silencieux, il regarda Alejandro s’énerver et tourner en rond comme un lion furieux en cage.
- T’étais capable de quoi avant le vaccin ?
Que Velasquez soit potentiellement mutant ne l’étonnait pas spécialement. Il était curieux de connaître la raison pour laquelle il avait eu droit à une dose de sérum. Inconsciemment, Seth passa nerveusement la main sur la discrète cicatrice de seringue qu’il avait dans le cou, unique vestige de ce que Caesar lui avait infligé.
- C’est bien, t’as envie d’te venger et tout, mais ça nous donne toujours pas les réponses qu’on veut : pourquoi tu viens à Uprising exactement et pas Insurgency ? Vous êtes un peu plus sur la même longueur d’ondes déjà. Et deuxio, pourquoi on te ferait confiance ? Tu l’as dit, t’es un vieux mafieux, et on n’achète pas la loyauté d’un mafieux sauf avec beaucoup de fric, et c’est pas l’genre de truc que t’as en obsession.
Qu’Alejandro puisse aimer l’argent, ça, passe encore – après tout, une bonne partie de l’humanité était dans ce cas – mais l’homme de sable était à peu près sûr qu’il y avait quelque chose qui pourrait le motiver davantage encore, et cette chose-là serait leur plus grand atout ou bien leur pire handicap.
Sujet: Re: le bon, la brute et le truand (pv Malachi & Seth) Mar 23 Aoû 2016 - 19:53
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Malachi & Seth & Alejandro
Malachi observait la moindre des réactions d’Alej, qui tranchaient avec l’air plus ou moins détaché qu’il tâchait d’arborer en face d’eux. Il s’en sortait plutôt bien d’ailleurs, mais c’était sans compter sur le don du motiopathe, qui lisait en lui comme dans un livre ouvert tous les remous de son inconscient : il sentait bien que l’homme en face d’eux ne serait pas facilement impressionnable, mais il avait déjà repéré quelques leviers qu’il pourrait peut être actionner pour le rendre plus… Coopératif. Peut être. Pour l’instant, il perçoit surtout l’agacement chez leur interlocuteur, qui retourne sa chaise pour s’asseoir comme certains des ados rebelles qu’il croise tous les jours au lycée. C’est prometteur. Velasquez semble sur ses gardes, passablement énervé, malgré l’effet relativement positif de la présence de Seth sur sa psyché. Alors Malachi les laisse discuter un peu sans rien dire, se contentant d’observer l’homme d’un regard perçant, si perçant qu’il pouvait mettre mal à l’aise à peu près n’importe qui. Il retint un rictus agacé devant le langage fleuri du chasseur : lui qui ne supportait pas la vulgarité, il était servi. Ça lui donnait envie de lui faire passer le gout à un langage si fleuri, clairement. Si cela ne tenait qu’à lui … Non, il ne devait pas se mettre à réfléchir ainsi : ce n’était pas parce qu’il avait un a priori clairement négatif sur Velasquez qu’il devait le condamner sans lui donner sa chance, bien que cela soit la solution la plus … Séduisante, à ses yeux.
- Vous seriez probablement surpris de savoir le nombre de vos voisins qui sont mutants sans même que vous vous en doutiez, monsieur Velasquez.
Il eut un petit sourire torve, presque inquiétant, très, très éloigné à celui doux et réconfortant qu’il offrait à ses invités habituels. Velasquez n’avait besoin ni de sa douceur ni de sa bienveillance. S’il pouvait plutôt s’inquiéter de son sort, cela serait probablement plus constructif. Laissant Seth reprendre la main, il ne put s’empêcher de rouler des yeux en entendant les justifications somme toute terriblement plates et dénués de chevalerie du hunter : la Vengeance, quel bel objectif de vie. Ou pas. toujours était il que Malachi terminait de se faire un avis sur l’homme assis en face de lui, et il ne pouvait en conclure qu’une chose : cet avis n’était pas bon, du tout. Alejandro lui semblait l’archétype de la grosse brute à la bêtise crasse et incapable de réagir à autre chose qu’aux stimuli émotionnelles de base : Colère, peur, vengeance. Pas vraiment le génie d’une génération.
Il était rare que Malachi se montre aussi dur dans ses jugements envers une personne : il avait l’impression de n’avoir aucun patience ni compréhension à offrir au Velasquez. Pire encore, il guettait le moindre faux pas de ce dernier pour pouvoir lui rentrer dedans allègrement, alors qu’il ne semblait toujours pas décidé à lui offrir le moindre sourire, et encore moins de répit.
- Et donc monsieur Velasquez, en quoi auriez vous besoin de nous, de cette organisation ? Nous sommes dans un pays libre, sortez en pleine rue avec un de ces jolis pistolets que l’on vend en libre service à chaque coin de rue, et allez faire justice vous-même, si cela est votre seule motivation. Nous ne cautionnons pas es vendetta personnelle, et il n’est pas question de vous fournir gracieusement les informations ou les moyens dont vous avez besoin uniquement parce que vous avez accepté de venir jusqu’ici. Je dirais même, en toute honnêteté, que je ne vois pas bien en quoi vous pourriez être un Atout pour la cause …
Le ton n’était pas froid. Il n’était pas glacial. Il était Polaire, autant que le regard qu’il posait sur l’homme en face de lui. Qu’il lui réponde d’une manière raisonnée, et peut être, seulement peut être, il le considèrerait un peu plus sérieusement. Sinon…
Sujet: Re: le bon, la brute et le truand (pv Malachi & Seth) Dim 4 Sep 2016 - 13:44
le bon, la brute et le truand
Malachi & Seth & Alejandro
- Surprise. A ton avis, pourquoi j’encaisse aussi bien les coups ? Des mutants. Pourquoi est ce que ça ne me surprend pas une seule seconde, au final, qu’ils en soient tous les deux ? J’ai envie de dégueuler, mais cette nausée est éclipsée par ma colère, bouillonnante, que je parviens tout juste à contrôler, que je ne te tente même plus de calmer. Mes pensées sont un maelstrom de violence, un maelstrom de colère, un maelstrom de désespoir. - Vous seriez probablement surpris de savoir le nombre de vos voisins qui sont mutants sans même que vous vous en doutiez, monsieur Velasquez. Il faut qu’ils m’acceptent, je suis allé trop loin maintenant pour échouer à ce stade. Et si pour ça, il faut que j’accepte de me trouver en présence de mutants, que j’accepte l’idée que la plupart des mecs et des meufs que je vais croiser ici seront capables de me réduire à un tas de cendres en un claquement de doigts et bien… et bien, bordel, je vais m’y faire. Je dois bien ça à Caitlin. J’hausse les épaules dans un grognement. « T’es pas l’seul à bien encaisser les coups, Koraha. Et surpris, pas vraiment, Porter, juste… blasé je crois » Il est pas le seul à bien savoir encaisser, non, et il a un exemple devant lui. Et il le sait. Il ne peut que le savoir. Même si je dois admettre que si moi je les encaisse, lui, les coups semblent lui passer au-dessus. Ce n’est plus encaisser: c’est tricher. Pas que ça me dérange non plus. J’aime juste pas des masses qu’on me prenne pour un con. Ce qui peut expliquer le regard noir que je lui lance. Je crois. Quant à la quantité de mutants dans mon entourage… il n’y a qu’à voir ce que Rosa était pour se dire que je ne me fais pas d’illusions. Plus d’illusions. Presque. Dans tous les cas, je suis debout, dans tous les cas, je n’arrive pas à m’immobiliser, dans tous les cas mes pas m’emportent au même titre que ma colère. Omniprésente.
Je crache ce que j’ai sur le coeur, je crache une partie de ce que j’ai sur le coeur, du moins. Toutes ces raisons qui me poussent à me présenter ici, à croire en mes chances alors que tout pourrait porter à croire que des chances, je n’en ai aucune. Hunter. Convaincu. Ancien membre du Gunpowder Squad. Convaincu. Mais vacciné, aussi. Endeuillé, aussi. - T’étais capable de quoi avant le vaccin ? Je m’arrête un instant de bouger. Pour cracher. Ce dont j’étais capable avant le vaccin ? L’évidence même: ce qu’on a supposé. « A ton avis ? C’est pas mes trois poils au menton qui a poussé l’armée à fermer les yeux sur mon âge pour m’intégrer à leurs troupes quand j’avais 17 ans. J’suis… j’étais un sniper. » Sauf que mon don est naturel. Et faillible. En réalité. « Je loupais pas mes cibles quoi qu’il arrive. » Petit mensonge. Invérifiable. Parce que j’ai presque toujours eu mes cibles. - C’est bien, t’as envie d’te venger et tout, mais ça nous donne toujours pas les réponses qu’on veut : pourquoi tu viens à Uprising exactement et pas Insurgency ? Vous êtes un peu plus sur la même longueur d’ondes déjà. Et deuxio, pourquoi on te ferait confiance ? Tu l’as dit, t’es un vieux mafieux, et on n’achète pas la loyauté d’un mafieux sauf avec beaucoup de fric, et c’est pas l’genre de truc que t’as en obsession. Je serre les dents, m’apprête à répondre, et pas forcément très calmement malgré tous mes efforts, quand l’autre renchérit. - Et donc monsieur Velasquez, en quoi auriez-vous besoin de nous, de cette organisation ? Nous sommes dans un pays libre, sortez en pleine rue avec un de ces jolis pistolets que l’on vend en libre service à chaque coin de rue, et allez faire justice vous-même, si cela est votre seule motivation. Nous ne cautionnons pas les vendetta personnelles, et il n’est pas question de vous fournir gracieusement les informations ou les moyens dont vous avez besoin uniquement parce que vous avez accepté de venir jusqu’ici. Je dirais même, en toute honnêteté, que je ne vois pas bien en quoi vous pourriez être un Atout pour la cause … C’est marrant mais entre Koraha et Porter, c’est avec le premier que je suis le plus à l’aise. Si on peut appeler ça être à l’aise, bien sûr. Au moins, avec Koraha, les choses sont claires, brutales, abruptes, brutes de décoffrage. L’autre, en revanche… il suinte quelque chose de malsain, comme un malaise. Ce qui me pousse à l’ignorer et à regarder Koraha dans les yeux. Chaque chose en son temps. De toute manière, je peux répondre aux deux en même temps, ça me poussera à ne pas trop avoir l’impression de me répéter. Pas trop. Dans tous les cas, j’opte pour une certaine franchise. Qu’ils m’acceptent comme je suis, avec mes travers, je suis un bon menteur, un excellent menteur mais je ne suis pas suffisamment hypocrite pour travestir totalement ma personnalité. Ce que je ne vais pas essayer de faire. « J’crois que j’me suis pas bien fait comprendre. Je suis un ancien Hunter. Personne ne me fait confiance, personne ne me fera suffisamment confiance. Normal. Le truc, c’est que ma soeur est morte, c’est que quoiqu’on m’ait foutu dans le crâne quand j’étais malléable, j’étais un mutant, comme vous. On m’a dit que vous étiez les bons samaritains dans l’affaire, alors si vous, vous m’acceptez, j’ai peut-être une chance de pouvoir convaincre les autres que je ne vais pas les tuer dans leur sommeil. » Il faut que je me calme. Sauf que… c’est impossible. A chaque fois que je croise leur regard, je pense à Cait’, à ceux de leur espèce qui l’ont agressée. Sans pitié. Sans lui laisser la moindre chance. « C’est pas la vengeance que je cherche. » Oh si… oh que si… « C’est autre chose. C’est de sortir du cercle vicieux, c’est comprendre l’envers du décor. Comprendre pourquoi ma soeur a été tuée. Comprendre ce que j’ai été aussi. J’suis un sniper, et un sniper qui ne sait plus viser, il sert à quoi, hein ? » Je suis sincère dans mon inquiétude. Tout ce que je ressors, là, c’est ma rancoeur vis à vis des Hunters. C’est un amas de colère qui est resté tous ces mois logés dans ma gueule. Cette inquiétude qui m’a torturé lorsque le vaccin se propageait dans mes veines pour graver au fer rouge mon organisme, lorsque je me suis surpris à me demander si j’en étais finalement pas vraiment un, de mutant.
« Depuis quand il faut avoir des qualités pour tenter de croire en une cause, hein ? Vous dites que j’suis pas un atout, mais je savais pas que vous faisiez des sélections sur les compétences plus que sur la motivation. Si vous faites ça alors vous êtes pires que les Hunters, croyez moi. C’est quoi le prérequis pour intégrer Uprising, hein ? Être un chaton ? Pouvoir faire pleuvoir des fleurs avec ses doigts ? Chier des arcs-en-ciel ? » Il faut que je me calme, je le sais, mais… mais niveau motivation, la mienne est indubitable. Et je n’ai pas le droit à l’erreur, je n’ai pas droit à un non. « Je suis pas une lumière, je l’sais bien. Mais si on m’a amené ici, c’pas parce qu’on veut pas de moi ou que je suis d’office recalé. Que j’sois un atout ou quoique ce soit, vous devriez n’en avoir rien à cirer. Mettez-moi à l’essai, j’en sais rien. Faites-moi bosser pour vous à l’aveugle, balancez-moi devant un de mes anciens collègues, je sais pas, choisissez, mais me parlez pas d’atout ou quoique ce soit d’autre parce que je suis sûr que vous valez mieux que ça. » Valoir mieux que ça… c’est tellement un concept qui m’est étranger. Moi, je ne vaux rien d’autre que l’adulte que j’ai forgé à la sueur de mon front et à coup de magouille. On est ce qu’on a réussi à faire de nous. Le mérite, c’est pas d’être un bisounours, c’est d’être capable d’obtenir ce qu’on veut sans pleurnicher dans son coin. Et ce que je veux, là, c’est ma vengeance.