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 Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty

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Diana Peterson
Diana Peterson

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SUR TH DEPUIS : 13/05/2014
MessageSujet: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeVen 19 Fév 2016 - 14:23




"Are you really a doctor ?"

Diana Peterson & Ciaran O'Doherty




La vie de Diana devenait de plus en plus vide de sens. La jeune mutante ne savait plus où se mettre, ce qu’elle devait faire et comment agir pour le bien des personnes qu’elle aimait. Le seul souci, c’est qu’à mesure du temps, il y avait de moins en moins de personnes auxquelles elle tenait. Soit ils mourraient, soit ils disparaissaient, soit ils montraient de façon convaincante qu’ils se portaient mieux sans elle. Cela était peut-être dû à son côté maternel… Elle avait peut-être un petit côté étouffant. Il lui arrivait parfois d'observer des clients au restaurant. Elle se rendait compte régulièrement que les réguliers évoluaient, ils avaient quelque chose en plus ou en moins. Ils changeaient avec le temps, avec la guerre sourde. Diana était comme immuable, elle n’évoluait pas. Comme chacun, une part d’elle craignait d’évoluer en quelque chose qu’elle ne voulait pas. Sortir plus, c’était craindre qu’un jour on la vaccine à son tour… Elle s’imaginait que cela devait être aussi brutal que de perdre un membre. Pourtant… Pourtant, son don était une vraie malédiction en soit avec tous les hématomes qu’elle pouvait avoir sur le corps à cause de lui. Elle le maitrisait maintenant, cela n’empêchait pas sa chaire de ne pas apprécier une trop grosse condensation d’électricité. Seuls de rares excès d’un sentiment pouvaient lui faire échapper de nouveau sa maitrise. Finalement la jeune femme se trouvait bien banal et bien inutile. Et pour conserver quoi au juste ? Une vie qui ne sert qu’à aller travailler, faire du sport, s’entraîner au combat sans pourtant y participer ? Diana était sur la touche depuis plusieurs mois maintenant… Elle ne cherchait pas à contacter le peu de personnes qui comptaient. Ils le feraient eux-mêmes s’ils voulaient la voir et sinon tant pis.

Un accident malheureux vint la faire –enfin- sortir de son quotidien. Il lui arrivait très rarement de se changer avant de rentrer chez elle. Il ne lui arrivait jamais de se changer en présence d’une collègue. Machinalement, elle l’a fait et elle l’a regretté amèrement. Pensant bien faire, l’autre serveuse a prévenu ses supérieurs que Diana avait des marques sur plusieurs endroits du corps, craignant qu’elle soit une femme battue. Face à la propriétaire du restaurant, Diana ne put que plier et accepter d’aller voir un psychologue ou un psychanalyste pour étudier son cas, au moins une séance. Si ce dernier la jugeait apte à ne pas le revoir, il n’aurait qu’à lui signer un mot pour son employeuse. Autant dire que la jeune mutante était ravie… Comblée, même. Bien qu’elle serrait les dents, elle se rendit à l’hôpital, les mains dans les poches. Debout dans la salle d’attente alors qu’il y avait de la place pour s’asseoir, elle méditait. Elle pourrait très bien trouver un autre job plutôt que de devoir faire semblant de se confier à un parfait étranger. Une personne dont on ne sait rien, ni ce qu’il pense et c’était d’autant plus dangereux. Dans une tentative d’échappatoire maladroite, Diana bouscula une secrétaire qui laissa échapper ses dossiers sur le sol. La jolie brune s’excusa immédiatement et commença à ramasser avec l’employée les papiers répandus sur le carrelage.

« Mademoiselle Peterson ? »

Elle s’excusa une nouvelle fois à la pauvre jeune femme bousculée et en pilote automatique, elle entra dans la pièce qu’on lui désignait, sans même un regard envers celui qui devait la recevoir. Prenant place comme une personne bien élevée, elle s’apprêtait à faire un petit monologue expliquant qu’elle ne souhaitait pas être psychanalysé et qu’elle simplement changer de travail quand elle croisa le regard de celui qui devait jouer le rôle de thérapeute.

« Oh… D’accord, c’est encore plus étrange… »

Elle le reconnaissait, comment ne pas le reconnaitre ? Ses yeux ne pouvaient laisser personne indifférent. Ils faisaient parti même des personnes que Diana avait tendance à observer de loin, parce qu’il l’intriguait. Malheureusement, elle n’était pas assise sur le bon côté du bureau pour poser des questions.

« Je pense que décidément mon employeuse fait quelques dérapages malheureux ces derniers temps. Non pas que je remette en cause vos compétences dans votre métier… Je trouve cela inconvenant dans la mesure où, on peut se croiser dans ce que j’appellerai la vie courante. Même si c’est amusant de vous croiser dans un autre contexte et je n’aurai pas deviné que c’était votre métier. » Se pinçant les lèvres, sans vraiment l’avouer, elle le disait tout de même. Il était tellement indiscernable qu’il était l’homme parfait à décrypter. L’homme que sans doute beaucoup de collègues auraient aimés avoir dans son bureau. Du moins, c’est comme cela qu’elle voyait les choses.



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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeSam 27 Fév 2016 - 22:18

Are you really a doctor ?

"Ft. Diana Peterson"

Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois vous soupiriez dans la journée ? Probablement pas, puisque cela dépend de votre degré d'ennui et de fatigue. De même, saviez-vous qu'un homme adulte pouvait bailler plus d'une centaine de fois par jour ? Probablement pas, puisque ce n'est pas le vraiment le genre de question que l'on se pose. On se demandera plus facilement pourquoi la Terre tourne et pourquoi la gravité nous attire vers le sol... Mais pas lui ! Lui se demandait présentement s'il n'allait pas battre un record en terme de bâillements. Il s'ennuyait comme un rat mort et écoutait d'une oreille distraite le discours monocorde et déprimant de sa jeune patiente. Et blablabla maman ne fait pas attention à moi, et gnagnagna mon petit copain m'a trompée, et ohlala je ne trouverai jamais la robe idéale pour aller au bal du lycée ! Bon sang, il était psy ou sa confidente et meilleure amie ? Il avait une tronche à se préoccuper de la couleur de son vernis ?

Finalement, il répondait du tac au tac, ponctuant le discours de « hum » et de « je vois » mécaniques, sans vraiment chercher à comprendre le sens caché du malaise que pouvait ressentir la jeune fille. Son boulot le barbait, c'était un fait. Il avait étudié le fonctionnement de la psyché humaine pour la manipuler et la détruire, pas pour aider une bande d'ingrats ! Et c'était à croire que les américains avaient une propension à se plaindre de leurs problèmes exponentielle ! Ou alors les irlandais étaient-ils trop souvent perfusés à la Guinness pour trouver de réelles occasions de se plaindre. Depuis qu'il exerçait à l'hôpital de Radcliff, il avait l'impression de voir son talent bafoué, et ne se plaisait ici que pour deux choses : La présence d'Artur, son petit protégé et pantin favori, et le nombre incroyable de meurtre. Quelque part, il avait été heureux de retrouver le jeune homme, avait à nouveau semé les graines de la discorde dans son esprit déjà bien malmené, et l'avait remis dans le droit chemin. Enfin le droit chemin... Selon Ciaran, bien sûr ! En réalité, il n'avait fait qu'accentuer plus encore les doutes d'Artur, attiser sa rancœur vis à vis de son père, et l'avait convaincu que le prétendu décès de sa sœur n'était pas de son fait. Dieu merci elle était en vie ! Ciaran aurait probablement perdu tout contrôle sur son poulain si sa précieuse frangine avait passé l'arme à gauche !

Mais songer à Artur et à la façon dont il comptait bien le cuisiner ne le ferait pas avancer pour le moment. C'était un lundi, une journée de consultations complète et ennuyeuse, et rien de positif ne se profilait à l'horizon. Finalement, lorsque l'heure sonna et que la jeune se redressa, Ciaran fut tenté de louer le Seigneur ou une autre divinité quelconque pour l'avoir enfin débarrassé de ça ! Il jeta un coup d'oeil à son calepin et remarqua avec amusement qu'il avait fait une ravissante caricature de sa patiente. Il aurait peut-être eu de l'avenir dans l'art contemporain, finalement ?! Il la raccompagna jusqu'à la porte de son bureau, la priant de ne pas oublier de passer régler sa consultation auprès de sa secrétaire.

N'ayant pas jeté un seul regard à son agenda, il ne savait pas qui était son prochain patient. Aussi fut-il plus que surpris de voir qu'il connaissait cette jeune personne, tout en ne l'ayant jamais vue dans son bureau. Il haussa un sourcil étonné et lui servit son plus ravissant sourire avenant. Celle-ci, il allait se faire un plaisir de la cuisiner ! Il attrapa le dossier que sa secrétaire lui tendait, et invita la jeune femme à entrer.

- Docteur Ciaran O'Doherty, ravi de vous rencontrer, mademoiselle...

Oh bien sûr qu'il la connaissait... Mais c'était toujours bien de se présenter en bonne et due forme lors d'un premier rendez-vous. Tout en la faisant entrer, il ouvrit le dossier et commença à le parcourir du regard.

- C'est étrange, en effet... Le monde est petit, que voulez-vous ? Peterson... Vous avez de la famille en Europe du Nord ? Demanda-t-il avec une curiosité presque polie.

Il s'installa dans son fauteuil, ne s'attarda pas plus longtemps sur le dossier et croisa les doigts sous son menton. Elle était plutôt futée, de la demoiselle, et le regard du psychiatre pétilla de malice alors qu'il l'écoutait.

- Et bien... Oui et non. Nous nous sommes déjà croisés, mais je ne connaissais jusque là que votre nom, mademoiselle Peterson. Et vous ne saviez pas que j'étais psychiatre... Au final, vous connaissez mes goûts en matière de café et je connais votre métier, mais notre connaissance l'un de l'autre s'arrête là. Pourquoi ne pas faire plus ample connaissance ?

Ciaran se cala dans son fauteuil et croisa les jambes, regardant la demoiselle avec l'air d'un requin prêt à fondre sur sa proie.

- Commençons par le commencement... Qu'est ce qui vous amène ici ? Je n'aime pas lire les dossiers, je trouve ça ennuyeux et impersonnel... Je préfère que vous me racontier votre histoire et la raison de votre présence ici...

C'était amusant, en effet, de se croiser dans un tel contexte... Charmant et avenant, Ciaran n'avait même pas besoin d'user de son don pour le moment. Empoisonner son esprit, ce serait pour plus tard...
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MessageSujet: Re: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 23:01




"Are you really a doctor ?"

Diana Peterson & Ciaran O'Doherty




Dina n’était pas Skylar, en théorie. Pourtant, dans cette pièce, dans ce bureau, elle avait typiquement envie de montrer une bonne fois pour toute que leur lien familial ne s’arrêtait pas qu’à un regard ou à un code génétique. Il y a une leçon qu’on lui avait apprise depuis l’enfance, à cause de son don; être dans le cabinet d’un psy, c’était comme être en garde à vue. Les murs ont l’air d’être ceux d’une pièce normale, mais ce sont des barreaux dissimulés. Cette personne derrière ce bureau, ce n’est pas ton ami, mais ton geôlier. Le problème dans ce genre de bureau, c’est que la personne en face de toi à un avantage, il connait l’esprit humain. Par plusieurs aspects, il est sans doute un redoutable adversaire sur le plan de l’intelligence. Diana était maîtresse dans le domaine de l’écoute et de la compréhension, mais elle, elle n’avait pas de diplôme. Alors à quel genre de docteur avait-elle à faire ? Celui qui ne fait pas que semblant d’être gentil ? Ou l’autre genre qui fera tout pour te donner des médicaments, te manipuler et te contrôler ? Encore une chance que sa spécialité ne soit pas comportementaliste…  Allez Diana, tu t’en moques, tu as su annoncer dès le départ ce que tu pensais de ce rendez-vous. Alors affiche ton plus beau sourire hypocrite et séducteur tout en rembarrant gentiment la personne qui veut t’analyser. Le plus gênant dans cette situation, c’est que la jolie serveuse aurait bien espérer obtenir un rencard avec ces yeux fascinants. Tant pis, elle jetterait son dévolu sur un autre client.

Par réflexe et par habitude d’être trop franche, elle eut un léger rictus en voyant qu’elle était condamnée à s’asseoir et à jouer le jeu avec un médecin. Sachant très bien que son geste n’était pas très poli, elle allait se mettre au clair avec lui dès le départ. Mais juste avant, elle tenta de l’ironie pour arrondir les angles. Avec un petit sourire en coin, elle avança les dires suivants :

« Et moi qui pensais que je vous servais assez bien le café pour obtenir un service de votre part en échange, tant pis… » Conclu-t-elle en haussant les épaules avant de croiser les jambes. « Vous connaissez plusieurs origines de nom de famille ? J’avoue être impressionnée, d’où vient le vôtre ? » Elle n’arrivait pas à enlever ce petit sourire du bout des lèvres, étant amusée d’entendre un client l’appeler par son nom directement.

« Faisons connaissances dans un autre contexte dans ce cas-là. » Bien sûr, Diana aimait les sous-entendus, mais elle brisa ce dernier pour lui expliquer plus explicitement ce qu’elle n’aimait pas dans cette… position. « Dans ma position actuelle, c’est comme si je m’étais un miroir en face de moi et que j’exposais à mon reflet tout ce qui ne va pas dans ma vie. Malheureusement, mon miroir est bien ennuyant, n’a pas un aussi joli reflet et… Je n’aime pas me plaindre, c’est vraiment pas mon truc. Je suis partisane du fait de régler ses problèmes seul. Vous comprenez pourquoi je n’ai aucunement envie de parler de moi dans ces circonstances ? Pour vous, soit c’est d’un ennui profond, soit vous allez vouloir appeler les secours selon le patient… Enfin, j’imagine. Je préfère écouter et donner des conseils, dans un cadre amical, pas dans un cadre professionnel. C’est froid, austère, pas du tout mon truc. » En plus on ne peut pas sortir avec l’un de ses patients, alors… Bien sûr, elle garda cette pensée pour elle.

Prenant une profonde inspiration, elle lui accorda au moins le résumé du dossier. De toute façon, même en claquant la porte en disant qu’elle ne reviendrait jamais, il pourrait le lire, alors qu’importe ?

« Comme je l’ai sous-entendu tout à l’heure, c’est à cause de la personne qui m’emploie que je me retrouve dans ce bureau. A cause d’une collègue qui se mêle beaucoup trop des affaires des autres et qui aurait besoin, elle, de consulter pour sa paranoïa compulsive. Avec les événements de ces derniers mois, j’ai décidé de faire des cours divers : sport de salle, self défense, cours de tirs… Avec ce genre de sports, avoir des bleus n’a rien de surprenant. J’ai fait l’erreur de me changer en même temps qu’une collègue. Cette dernière a seulement aperçu des marques sur mon corps… Elle a supposé que je me faisais frapper par mon compagnon. J’ai été convoquée et voilà… Je pense qu’elles sont persuadées que je me fais frapper par quelqu’un que je souhaite protéger. » Avec un grand sourire qui montrait de par son regard qu’elle était irritée par les femmes qui inventaient sa vie, elle ajouta : « Inutile de préciser que je ne suis pas une femme battue, je suppose ? Après… Sans doute qu’elle a marqué aussi dans mon dossier le fait que j’avais un tatouage dans le dos. Elle n’est pas fan. Ou encore que je me suis fait poignarder sur mon ancien lieu de travail… J’adore toujours autant cette société qui ne fait pas la différence entre victime et agresseur. Mais voilà, un taré me poignarde et on me force à aller voir un psy. » Pinçant ses lèvres, elle se força à ajouter. « Je n’ai rien contre vous, ni contre votre métier… Je n’aime pas le fait que l’on m’impose d’être là. Je comprends la nécessité de certaines personnes à avoir besoin de vos conseils avisés, mais savoir que l’on me juge ou que l’on cherche à savoir ce qui se trouve dans ma tête, ce n’est définitivement pas mon truc. Soyons sérieux cinq minutes. » Diana se pencha légèrement sur le bureau comme pour mieux capter l’attention de son interlocuteur. « Entre vous et moi, savoir ce que j’ai acheté pour mon petit déjeuner serait d’un ennui mortel pour vous, autant arriver à la fin de ce rendez-vous plus tôt. Je payerai même votre prochain café si vous voulez et on pourra faire connaissance dans un autre lieu où vous n’aurez pas une position de dominant sur dominé avec un calepin et un crayon. »

Contrairement à ce qu’elle pensait, même si Ciaran lui plaisait, le fait d’avoir l’impression d’être un lion en cage ne la rendait pas si aimable que ça… Même si elle s’en rendait compte et qu’elle était désolée pour lui, c’était plus fort qu’elle.




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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeDim 13 Mar 2016 - 19:32

Are you really a doctor ?

"Ft. Diana Peterson"

Elle n'avait pas envie de coopérer. Ce n'était pas un exercice de psychiatrie, seulement de l'observation et un peu de bon sens. Clairement, la jeune femme ne s'était pas rendu chez le psy de gaieté de cœur, ce qui expliquait certainement pourquoi elle était sur le qui-vive... Au moins Ciaran n'aurait-il pas l'impression d'être un mur des lamentations, pour une fois !

- Un service ? Et quel genre de service voudriez-vous que je vous rende ? Je suis justement pour vous aider, il me semble..., dit-il en s'installant à son bureau avant de reprendre. A vrai dire, j'aime assez m'intéresser à l'étymologie des noms, on peut en apprendre beaucoup sur les gens par leurs origines... Le nom est typiquement irlandais, si vous mettiez les pieds à Dublin, nul doute que vous rencontreriez une foule de O'Doherty ou de O'Sullivan... Seulement vous n'avez pas répondu à ma question...

A son tour, il esquissa un sourire malicieux. Savoir si elle avait ou non des ancêtres suédois lui importait peu, mais ce genre de petit test était assez révélateur : Quiconque refusait parler de soi esquivait ce genre de question en apparence bien banale. Elle lui apporta finalement la confirmation de ce qu'il pensait en appuyant le fait qu'elle n'avait aucune envie de parler à un mur ou à un automate. Ce qu'elle ignorait, c'était que Ciaran n'était pas le genre de psy à écouter ce qu'on lui disait, à donner deux ou trois conseils et à laisser les informations ressortir par l'autre oreille. Si son patient n'avait aucun intérêt, il n'écoutait ni ne conseillaient sur quoi que ce soit. En revanche si c'était un cas intéressant... Il pouvait aller creuser bien plus loin qu'on ne l'imaginait.

- J'ose espérer que je ne suis pas le reflet dont vous parlez, je serais bien peiné que mon physique vous importune à ce point, dit-il avec une lueur de malice teintée d'agacement dans le regard. Permettez-moi de clarifier certains points de suite. Comme tout être humain, je suis sujet à l'ennui, c'est un fait. Seulement, je ne peux vous dire si votre cas sera ou non ennuyant. Il se pourrait même qu'il me fascine... En revanche, ce n'est pas dans mes habitudes d'appeler un subalterne pour faire enfermer une jeune femme en apparence saine d'esprit. Si vous me considériez comme une ami, une oreille attentive, peut-être pourrions-nous nous entendre et discuter, qu'en dites-vous ?

Il avait presque l'impression qu'elle l'invitait à se confier à elle... Quelle naïveté... Ciaran avait de multiples masques à présenter au monde, mais son véritable visage, celui teinté de noirceur et embourbé dans la fange de son ressentiment, il le gardait pour lui. C'était son jardin secret, ses affaires, et personne n'avait le droit d'en savoir quoi que ce soit. Mais finalement, Diana consentit à se confier à lui, et Ciaran se réinstalla confortablement dans son fauteuil pour l'écouter. Son regard allait et venait de son visage à sa gestuelle, étudiant chaque mimique et chaque mouvement pour déceler le vrai du faux. Seulement... Soit il avait affaire à une excellente menteuse, soit la demoiselle lui disait la vérité. Ou bien cachait-elle la véritable raison de ses ecchymoses ? Difficile à dire pour le moment.

- Non, en effet... Vous n'avez rien d'une femme battue. Si c'était le cas, vous regarderiez fébrilement autour de vous en vous demandant si l'objet de vos cauchemars ne vous surveille pas, et vous ne me raconteriez probablement pas cela aussi facilement... Et vous parle d'un éventuel compagnon avec tant de désinvolture que j'en déduis que vous êtes célibataire. Ce n'est en rien un reproche, juste une constatation qui m'amène à dire que vos collègues et votre employée doivent bien mal vous connaître, pour paniquer si vite.

Attrapant son stylo, Ciaran se mit à jouer avec mais ne nota rien pour autant. Il n'avait pas besoin de gribouiller des caricatures pour le moment, le sujet était bien trop intéressant pour cela.

- Seulement... Avouez que l'on ressort difficilement indemne d'une tentative de meurtre. Êtes-vous réellement sûre d'aller bien depuis cet incident ? Ne pensez-vous pas que vos... Blessures peuvent être une réaction de rejet, que vous ne supportiez pas l'idée d'avoir été attaquée et mettiez aujourd'hui votre corps en danger pour combattre votre... Faiblesse à ce moment-là ? Vous savez, des théories je peux en trouver des dizaines, je peux même vous sortir le baratin habituels des psy, à base de « vous avez été traumatisées dans votre enfance,blablabla... » seulement, ce n'est pas dans mes habitudes. Et nous gagnerions beaucoup plus de temps si vous me disiez vraiment ce que vous ressentez...

Et lorsqu'elle se pencha vers lui, il fit de même, soutenant son regard sans ciller avec ce même sourire amusé aux lèvres. Elle lui tenait tête tout en... Proposant de lui offrir un café ? Si ça ce n'était pas une invitation...

- Dites-moi... Suis-je en train de rêver, ou bien vous m'invitez à boire un café ? Je crois que vous n'avez pas bien compris... Je n'ai pas l'intention de me confier à vous d'une quelconque manière, car je n'en éprouve pas le besoin, et ce n'est pas vous, la psy. Alors si vous attendez de moi que je vous raconte les épisodes larmoyants de banalité de mon existence, vous allez être déçues.

Il se redressa, fixant toujours la demoiselle. Il n'y avait aucune agressivité dans ses mots, mais Ciaran était ferme et assez sec. Il ne s'était jamais confié à qui que ce soit et ne comptait pas commencer à le faire avec une quasi inconnue.

- En revanche, si vous tenez absolument à ce que nous allions boire un café ensemble, c'est une proposition que je peux revoir. Si c'est pour vous le cadre idéal pour me confier ce que vous cachez, alors oui. Et vous noterez que je suis plutôt coopératif : Pas de dictaphone, et pas la moindre note sur mon calepin. Tout ce qui a été dit pour le moment restera entre nous.

De toute manière, le bien-être de ses patients l'emmerdait à un point tel que son dictaphone prenait la poussière dans un tiroir, et que ses compte-rendus étaient souvent incroyablement succin. S'il préférait dresser des profils de tueurs à partir de cadavres tout aussi inertes que muets ? Et comment !
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MessageSujet: Re: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeMer 23 Mar 2016 - 22:05




"Are you really a doctor ?"

Diana Peterson & Ciaran O'Doherty




La seule pensée qui traversait la jeune femme à ce moment était qu’effectivement tous les irlandais avait un côté sexy. Donc ceci expliquait cela. Il valait mieux qu’elle pense à cela plutôt qu’au fait que l’homme en face d’elle semblait la prendre pour une idiote. C’était un homme brillant, elle avait au moins assez de jugeote pour s’en rendre compte, n’étant pas non plus la dernière des idiotes. Alors pourquoi les hommes intelligents essayaient à chaque fois de s’en sortir en faisant les idiots ? Pas une seule seconde il parviendrait à lui faire croire qu’il ne comprenait pas qu’elle demandait un simple bout de papier pour pouvoir partir. Cela la faisait presque sortir de ses gonds, mais elle se contenait. A sa contestation, elle ne put s’empêcher de répondre que ces simples mots :

« C’est vrai… » Mais Diana ne voulait pas se mettre en froid avec l’un de ses seuls clients sexy pour lequel elle prenait du plaisir à faire son service. Alors elle fit un petit effort social, même si ce n’était pas du tout l’endroit pour cela. « Vous savez exactement ce que je veux. Seulement un papier qui me permette de travailler sans que la personne qui m’emploie continue à me faire faire ce genre de choses sans sens. Je n’ai pas besoin de consultation. Mais ce n’est pas grave, tant pis, je me débrouillerai. » Arrêtant d’être plus que froide ou même avoir l’air d’une adolescente en pleine crise. Elle répondit tout simplement : « J’ai des membres de ma famille qui sont suédois du côté de ma mère. » Prenant le temps de la réflexion, elle mordit discrètement l’intérieur de sa joue, se rendant compte à quel point elle le renseignait avec ces simples mots. Les questions les plus anodines peuvent tellement révéler d’une personne en y répondant. De cette façon, sans le souhaiter, elle lui faisait remarquer qu’elle ne portait pas le nom de son père.

La belle ne put s’empêcher de s’esclaffer quand il fit allusion à son physique. Oh non ! C’est bien tout le contraire, il ne lui était pas du tout indifférent. Mais même là, sans même sortir un mot de sa bouche, elle en disait beaucoup par une simple réaction. Elle n’aimait pas avoir l’impression d’être étudiée à la loupe. Ou encore pire, paraitre prévisible pour autrui. Penchant la tête sur le côté, amusée, elle répondit du tac au tac. « Seulement, si je vous prends pour un ami, je pourrai très bien vous parler de ce que j’ai mangé au petit déjeuner ou si j’ai raté mon bus ce matin… Ce serait d’une banalité affligeante et j’ai peur que vous vous ennuyiez pour de bon. J’apprécie le fait que vous pensiez qu’il y ait une chance que je sois un cas fascinant… Mais je suis une personne dans la foule prise au hasard. Je ne fais que me lever, aller au travail et dormir, j’ai bien peur de faire des partis des types de patients qui n’ont pas grand-chose à dire pour vous distraire. »

Sur le constat qu’il pouvait avoir vis-à-vis de sa vie privée, Diana sentait le pourpre lui monter aux joues. Oui, elle ne se considérait plus, depuis longtemps, comme étant une femme en couple. Seulement cette non-séparation avec Will lui pesait sur le cœur. Bien que le fait qu’elle ne se gêne pas pour faire des sous-entendus au thérapeute montrait bien qu’elle était passée à autre chose. Ses yeux étaient d’un bleu, comment résistez à l’envie de tenter des remarques déplacées ? Ce n’était pas très fin de sa part, mais dans le cas présent, elle s’en fichait. « Pour tout avouer, je n’aime pas tisser des liens avec les collègues de travail, ce n’est pas une bonne idée d’en avoir. Mais ce n’est que mon avis personnel. » Surtout en ces temps où tout un chacun pense à la même chose en son for intérieur : la guerre. Bien que les lèvres semblent peiner à le dire de façon intelligible. Le voisin d’à côté peut être un ennemi ou bien un allié, personne ne peut lire dans les pensées d’autrui. Tout du moins, Diana n’avait pas reçu ce don, le sien était bien plus destructeur.

Les muscles de Diana se tendaient au fur et à mesure que les hypothèses fusaient quant à son agression. Bien qu'elle se détende un peu plus lorsqu’il avança effectivement, que cela ne pouvait en rien la concerner. Sa mâchoire se desserra un peu alors qu’elle prenait la peine de répondre pour cette fois : « ça m’est égal. » Elle prit une profonde inspiration avant de poursuivre « De répondre à la question ou l’agression. Elle n’était pas dirigée contre moi, je ne reverrai sans doute jamais cet homme et la vie continue, est-ce que cela sert vraiment à quelque chose de se prendre la tête avec ça ? Cela est devenu normal, bien que ça ne doive pas devenir une norme, ça l’est aujourd’hui. Je suis loin d’être la première à avoir subi une attaque de ce genre dans cette ville et je serai loin d’être la dernière. Il faut vivre avec. » Elle ne fit que conclure d’un simple haussement d’épaules.

Avec un sourire des plus amusés ancré sur son visage, la serveuse ne put s’empêcher de lui glisser une remarque. « Je résiste à l’envie de vous dire la même chose à mon sujet. Vous allez vous ennuyer, alors qu’une part de mystère c’est toujours plus intéressant, non ? » Penchant légèrement la tête sur le côté, elle poursuivi. « Vous êtes quelqu’un d’intelligent ou même brillant, je ne vous apprendrais pas qu’il n’y a rien d’innocent quand une femme invite un homme à boire un verre. Je pensais que vous n’aviez pas le droit, avec votre profession, d’accepter ce genre de rendez-vous avec un client ? » Lança-t-elle avec une pointe de malice. « Mais très bien, j’accepte de faire un effort pour vous parler un peu plus de moi… Seulement je vous aurais prévenu au sujet des problèmes de filles inintéressantes comme le vernis… Avoir raté son bus… Mais c’est vous qui prenez le risque, je n’ai pas à juger. » Tentant une dernière fois sa chance avec un visage d’ange elle osa. « Si au passage vous pouviez faire le mot dont j’ai besoin et me le donner maintenant. »




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MessageSujet: Re: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeJeu 14 Avr 2016 - 22:13

Are you really a doctor ?

"Ft. Diana Peterson"

Ciaran avait l'habitude que l'on se confie à lui, qu'il suscite la confiance et amène le plus réticent des patients à lui parler de ses plus noirs secrets, parfois... Seulement, en général, ces personnes-là avaient au fond d'elles le besoin évident et viscéral de se confier. Par que finalement, ils venaient tous pour alléger le poids qu'ils avaient sur la conscience et comprendre comment défaire les nœuds qui encombraient leur esprit. Seigneur, parfois Ciaran se demandait s'il n'aurait pas eu mieux fait de se faire prêtre... Nul doute que la tenue lui aurait sied à ravir, à ceci près que son penchant pour la chair en aurait certainement fait un bien mauvais élément pour l'Eglise.

« Je vais finir par croire que ma compagnie vous dérange... D'entrée de jeu, vous me dites que ce que je fais ne servira à rien et que vous ne voulez qu'un papier... Avouez que c'est un peu vexant... »

Le ton se voulait moqueur et le discours un peu trop dramatique, c'était évident. Ciaran était curieux de savoir pourquoi la jolie brune était aussi farouchement opposée à l'idée de consulter un psychiatre. Avait-elle peur qu'il ne la diagnostique folle à lier ? Qu'elle se rassure, des fous il en voyait tous les jours dans l'aile psychiatrique, et la plupart étaient loin d'avoir un discours aussi sensé que le sien. Il avait même une patiente quelque peu illuminée qui le prenait pour la réincarnation d'Elvis Presley... Sérieusement... Comme si la banane et les pantalons à paillettes étaient son délire ! Et puis finalement, Ciaran avait obtenu sa réponse : La jeune femme avait bel et bien des suédois dans sa famille. Intéressant. Inexploitable tel quel, mais intéressant. Oh il ne fallait pas croire ! Ciaran ne posait pas des questions que dans le but d'obtenir des données potentiellement utile, il était aussi extrêmement curieux.

« Je ne vous demande pas de me raconter les épisodes les plus trépidants de votre vie, si vous avez envie de me parler de ce que vous avez mangé ce matin, je vous écoute. Je n'ai pas à juger de la banalité ou non de ce qu'on me raconte, vous savez... »

Et pourtant, il l'aurait fait volontiers ! Entendre chaque jour des idiots lui raconter qu'ils n'avaient pas digéré un repas mexicain la veille ou qu'ils envisageaient d'aller faire le marché après leur consultation donnait simplement envie à Ciaran de leur tordre le cou. Finalement, il rouvrit le dossier de la jeune femme et en sortir le fameux formulaire qu'elle lui demandait avec autant d'insistance. Il n'avait aucun intérêt à le lui refuser, après tout... Et sûrement bien plus à se la mettre dans la poche. Relevant les yeux un instant, Ciaran vit que la demoiselle rosissait. Un éclat de rire à sa remarque sur son physique, le rouge aux joues tandis qu'il spéculait sur sa vie amoureuse... Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du psychiatre. Il commençait à cerner certaines choses sur la jeune femme, et se satisfaisait de toujours réussir à plaire sans avoir à user de sa mutation. Du moins pas encore... Quant à tisser des liens avec ses collègues de travail... Ciaran ne pouvait que comprendre Diana ! Lui-même se tenait à une distance respectable des siens, pour ne pas avoir à endurer leurs jérémiades ou donner l'impression de s'impliquer. C'était un peu le souci, en étant psy... Il avait tendance à tomber sur des gens qui pensaient pouvoir se confier à lui parce qu'il en avait fait son métier. Or, dès qu'on commençait à lui parler de problèmes insignifiants en dehors de son bureau, les choses rentraient pas une oreille et ressortait par l'autre ! Il était même parfois tenté de répliquer : « pardon, je pensais à la déforestation et à des pandas morts... Tu disais ? » quand on lui demandait s'il avait bien écouté. Alors non, il ne prenait pas la peine d'apprendre à connaître ses collègues. Pour tout dire, il commençait à bien connaître sa secrétaire, mais uniquement parce qu'elle lui apportait des beignets à la framboise le matin et prenait la peine de remplir ses dossiers à sa place, ce qui n'était pas une mince affaire, étant donné les pattes de mouche incompréhensibles qui couvraient le carnet de Ciaran, au milieu de quelques gribouillis sans intérêt.

Penchant la tête sur le côté, le mutant fixa Diana de ses yeux bleus, sans ciller un instant. C'était tout de même fascinant... Il avait croisé plus d'une hystérique gémissante qui était venu pleurer dans ses pattes en se plaignant du monde, de la sauvagerie et de la barbarie humaine... Il en avait croisé, des traumatisés qui n'osaient plus sortir de chez eux parce qu'un type leur avait volé leur portefeuille... Mais jamais encore il n'avait vu de victime d'agression à l'arme blanche aussi bien vivre sa condition. Soit elle cachait très bien son jeu, soit elle faisait preuve d'une force de caractère incroyable ! Et si Ciaran n'était pas capable de lire les émotions d'autrui, il ressentait parfaitement les sentiments. Point d'animosité ni de terreur à l'égard de celui qui l'avait attaquée, elle avait l'air totalement sereine.

« Vous vivez dans une ville ou le taux de criminalité crève le plafond... Et vous ne semblez même pas avoir peur... Non pas que je préférerais vous voir trembler de terreur, mais avouez tout de même que c'est surprenant ! C'est très hédoniste comme façon de penser... Vous vous focalisez davantage sur le positif et... Et finalement, je ne vois pas trop en quoi je pourrais vous aider, étant donné que c'est normalement à moi de vous amener à faire ce travail... »

Son ton s'était fait plus sec, malgré le sourire qui persistait. Ciaran n'aimait pas que l'on s'approprie son travail, d'autant qu'il adorait inverser les situations, tirer ses patients vers le bas plutôt que de tenter de les aider à remonter la pente... Celle-ci serait d'autant plus difficile à attirer dans les bas-fonds qu'elle avait déjà regagné la surface depuis longtemps. Finalement, il acheva de remplir le document si précieux aux yeux de la demoiselle et le tamponna. Il ne lui restait plus qu'à le signer, et tout serait en règle.

« Tout dépend de la part de mystère que vous souhaitez distiller dans votre discours... Je m'ennuie difficilement, vous savez, il y a tant à savoir et apprendre... »

Un mensonge, savamment prononcé par une sincérité totalement factice. Le fait était que Ciaran s'ennuyait quotidiennement, à chaque seconde de son existence, l'ennui venait frapper à sa porte, plus ou moins insistant. Il signa le document et le tendis à Diana avec un sourire malicieux.

« A partir du moment où ce papier est entre vos mains, vous n'êtes officiellement plus ma patiente... Je n'ai donc plus vraiment d'interdiction... Considérez donc que j'accepte votre invitation... »

Aller dans son sens, c'était probablement le meilleur moyen d'endormir sa vigilance et de la rendre plus loquace quant à sa personne, ses sentiments... Le pourquoi de son indifférence vis à vis de son agression. Reposant son stylo, Ciaran croisa les doigts sous son menton en prêtant attention à ce que lui disait Diana.

« Rien n'est inintéressant, mademoiselle Peterson... J'ai des patients qui me parlent de la vie de leur chien pour dissimuler un malaise social, d'autres qui me parlent de leurs voyages autour du monde pour ne pas avoir à évoquer leur solitude... Chaque mot à un sens caché... Je vous ai donné votre papier, à vous de m'en dire davantage à présent... »

Il se pencha légèrement en avant, son regard d'acier rencontrant celui de la jeune femme pour ne plus le quitter.

« Faisons un marché, vous voulez ? Racontez-moi quelques épisodes de votre vie, les premiers qui vous passeront par la tête... Si je les trouve ennuyeux, je vous paye ce café. Si au contraire je les trouve captivant... Et bien... Vous n'aurez qu'à choisir ce qui vous fait plaisir... »

Tant qu'elle ne lui demandait pas une licorne grandeur nature en peluche, il devait pouvoir lui accorder une faveur... A ceci près qu'il n'était absolument pas disposé à parler de sa vie. Jetant un coup d'oeil à l'horloge au fond du bureau, il nota qu'il leur restait une dizaine de minutes de discussion... Largement suffisant pour qu'elle l'ennuie totalement avec son récit ou captive au contraire tout son intérêt.
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MessageSujet: Re: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeMer 20 Avr 2016 - 12:26




"Are you really a doctor ?"

Diana Peterson & Ciaran O'Doherty




Un léger sourire se greffa sur son visage. Nul doute qu’à une certaine époque, elle aurait été bien moins fermée au monde qui l’entourait. Mais le mur de briques qu’elle construisait depuis quelques années entre elle et l’Autre était dû au meurtre de sa mère. Son pouvoir ne lui avait jamais permis d’être totalement proche de quelqu’un, à part de sa maigre famille : sa mère, son grand-père et William qui est maintenant son seul ex. Malgré ses aventures d’un soir qu’elle a tendance à taire quand elle n’est pas sous l’emprise de l’alcool. Est-ce que coucher était devenu sa drogue à elle ? C’était plus le manque d’affection, le manque d’une personne. Elle se l’était pourtant amputée elle-même en choisissant sa famille à l’amour, laissant Will seul à Détroit. Mais vu l’enfer qu’était cette ville, elle était persuadée avoir fait le bon choix.

« Ce n’est pas vous, mais votre profession qui me dérange. Vous êtes des plus charmants, mais dans un monde qui évolue dans la manipulation et les meurtres, je n’ai pas vraiment envie de raconter ma vie. Je n’en ai jamais ressenti le besoin. Même si je vous racontais tous dans les moindres détails, je pourrais vous mentir. Ou encore, vous ne seriez pas exactement ce que je ressens, parce que les livres ne nous apprennent jamais vraiment à se mettre à la place de l’Autre avec sa façon de penser. C’est cela qui fait que chacun de nous est unique et que, finalement, nous sommes seuls au monde. »

Diana n’était pas défaitiste, c’était un constat du fait que dans notre tête, personne, strictement personne ne pouvait y rentrer. C’est du moins ce dont elle était persuadée, n’ayant jamais eu affaire à une mutation qui puisse rentrer dans l’esprit de quelqu’un. La jeune femme était d’ordinaire la première à voir le verre à moitié plein, mais ce genre d’endroit la mettait en alerte. Être observée comme un animal au zoo était loin d’être agréable.
A l’évocation du possible petit déjeuner à raconter, elle se contenta de sourire en coin, inutile de rentrer dans ce jeu puéril ou elle essayerait de l’endormir. Finalement, malgré ce qu’elle prétendait, la jeune serveuse était finalement très honnête avec lui. Pour l’instant, elle n’avait aucun intérêt à lui mentir. Elle ne faisait que lui dire que sa vie privée la regardait. Alors finalement, elle eut une idée des plus rationnelles à lui soumettre.

« Vous-même… » Commença-t-elle, comme si cela venait de nulle part. « Vous n’avez aucun intérêt à parler de vous et de votre vie privée à vos patients. Vous ne trouvez pas cela irrationnel de confier ses pensées les plus intimes à une personne dont on ne connait rien ?  Si ce n’est que son nom de famille et parfois, avec de la chance, son prénom ? De mon point de vue, je suis plus rationnelle que tous ceux qui viennent volontairement ici. » Faisant mine de réfléchir à son propre raisonnement alors qu’elle fixait l’horloge, elle reposa son regard dans celui du psychiatre. « Si je vous posais une question personnelle, que ce soit ici ou en dehors de votre cabinet, la formule de politesse veut que chacun ajoute : sauf si c’est indiscret. C’est finalement mon droit le plus stricte de me fermer et de dire : oui, c’est indiscret. Alors que notre société est faite de façon à ce que l’on m’exige à voir un psychiatre pour avoir le droit de travailler. J’ai le choix, je pourrais très bien refuser, mais qui m’embaucherait ensuite en voyant que j’ai refusé ce rendez-vous médical ? Certains craindraient que je n’ai pas toute ma tête. La société est faite pour piéger certaines personnes et leur retirer leurs droits les plus strictes. Je n’ai rien contre vous, mais c’est le système qui devrait toujours être remis en cause. »

L’agression qu’elle avait subi comptait peu, parce qu’elle coïncidait avec la rencontre avec sa demi-sœur, cette personne si précieuse à ses yeux. Portant attention au document qu’il était en train de remplir, elle ne se rendait plus compte si les propos qu’elle allait tenir risquait un jour de lui porter préjudice ou non. D’autant plus qu’après tout, cet homme qui lui faisait face pouvait être un ange. Mais Diana avait tendance à ne voir que des démons pour ne pas faire d’erreur. La naïveté à un lourd prix à payer.

« Mon agression n’était pas portée contre moi. Dans mes souvenirs, la personne qui m’a agressée m’a donné le bonjour de Détroit… Mon grand-père est politicien dans cette ville. Je n’étais qu’un pion sans importance. Ou c’était peut-être juste un malade. Je ne suis pas dans sa tête… Mais il est logique de penser qu’il ne recroisera jamais ma route. Il est inutile d’avoir peur si la raison veut que cette personne ne réapparaisse jamais dans mon champ de vision. Il y a des monstres bien plus terrifiants qui ne se contentent pas d’un coup de couteau. J’ai été prise par surprise, mais ça n’arrivera plus. »

La jeune mutante aurait pu tuer tellement de personnes ce jour-là. Parce que dès qu’elle perdait connaissance, toute l’électricité condensée dans son corps s’échappait comme des rafales d’électricités. D’autant plus que Faith avait déclenché les alarmes incendies, l’eau et l’électricité font très mauvais ménage… La vérité, c’est que Diana était une bombe humaine. Qui se contrôlait maintenant, certes, mais c’était cette donnée qui l’inquiétait finalement. Avoir la tête sur les épaules, rester sereine, ne jamais laisser personne avoir le pouvoir sur elle. C’était ce qui était important. Entre de mauvaises mains, son pouvoir pourrait être dévastateur. Pourtant, elle ne voulait pas le moins du monde le perdre, il faisait partie intégrante d’elle. Pour rien au monde elle souhaiterait s’en séparer.

Ce qui la surprenait vraiment de la part de monsieur O’Doherty, c’est qu’il marche dans son jeu. Jusqu’à lui donner son fichu bout de papier. Si Diana était une peste, elle lui ferait un clin d’œil, prendrait ses affaires et partirait sans un mot. Étudiant dans le silence son bout de papier tellement ridicule, elle soupira face à cette situation pathétique.

« Très bien, je vais être honnête avec vous. Même quelqu’un qui raconte comment il est allé chercher son pain le matin peut être passionnant. Mais je n’ai pas envie d’être passionnante. Vous m’avez donné mon papier, je vous dois bien ça. » Pour la première fois de sa vie, elle allait raconter à quelqu’un d’autre qu’à Will les événements qui s’étaient passé à partir du décès de sa mère. Tout simplement pour ne plus être dans le viseur du psychiatre. S’il n’y a plus de mystère, il n’y a plus rien à creuser. Elle se pencha sur le bureau à son tour, en croisant les bras dessus et se mit à raconter sa vie comme si elle parlait d’avoir descendu les poubelles.

« Vous aimeriez comprendre pourquoi un agresseur, ou deux, ou trois, n’a aucune importance pour moi ? Parce qu’ils ne sont que des petits cons qui se sentent puissant avec une arme dans les mains. Je suis le fruit d’un adultère. J’ai été élevée par ma mère et mon grand-père. Je regardais parfois mon père de loin avec sa famille légitime. Un soir, il est rentré chez nous, j’étais déjà majeur. Il a demandé à voir ma mère et l’a assassiné froidement sous mes yeux. Pourquoi ? Parce qu’elle était mutante. » Premier mensonge, son père s’était trompé en pensant que c’était sa mère, mais c’était bien Diana le mutant. « Mon petit ami de l’époque me força à fuir alors que mon père était en train de la tuer. Tout simplement parce que mon petit ami avait compris avant moi que l’on y passerait aussi. J’ai alors passé les mois suivants à décider que je tuerai mon géniteur. Alors que j’étais décidée à le faire, une annonce est passée aux informations. Lui et toute sa famille avait péri dans les flammes. Un attentat. Je l’aurai tué, mais même sans le secret professionnel, l’intention de tuer quelqu’un ne risque pas de me mettre derrière les barreaux, alors qu’importe. Je suis venue dans cette ville en laissant derrière moi mon petit ami à cause d’une rumeur folle comme quoi ma demi-sœur serait encore en vie. C’était un mensonge, elle était morte calcinée elle aussi. » Second mensonge sans ciller, protéger Faith était la chose la plus importante pour elle. « J’ai voulu apaiser les tensions en devenant serveuse, pensant naïvement que je pourrais peut-être éviter cette folie meurtrière qui semble si anodine à Détroit. J’ai perdu. J’ai fait la rencontre d’un mutant charmant dont la mutation se voyait sur la peau. Il décidait de vivre en retrait parce qu’il savait qu’il ne serait pas accepté. Il est mort lui aussi. » Troisième mensonge, Bob, heureusement, allait très bien. « Voilà le monde dans lequel on vit. On tue sous prétexte d’une différence, d’une peur irrationnelle. Je ne donnerai la satisfaction à personne de pouvoir m’effrayer. Je me battrai face à n’importe qui, humain, mutant. Si on s’en prend à ma vie, je saurai me battre. Voilà pourquoi j’ai des bleus sur le corps, parce que maintenant, plus personne ne me prendra en surprise. Voilà pourquoi je ne fais confiance à personne. Parce que mon père a tué ma mère sous mes yeux. La peur, la panique, la paranoïa… Tous ses sentiments ne font que gagner les monstres qui grattent à notre porte. Me battre contre un bout de papier est idiot, mais si ça me permet de continuer à faire ce même cheminement débile, je le fais : Transport en commun, travail, manger, dormir. C’est mon crédo comme chacun de vos patients. » Se réinstallant normalement dans le fauteuil, après avoir brisé tous les mystères intéressant aux yeux de l’homme qui lui faisait face, elle sourit en coin avant de demander : « On va prendre ce café ? »

La serveuse espérait tuer dans l’œuf les mystères qui auraient pu plaire au psychiatre, parce que lorsque l’on obtient trop rapidement l’objet de nos désirs, ils n’ont plus aucun intérêt. D’autant plus que d’avoir autant d’informations inutiles faisaient qu’on les oubliait bien plus rapidement. On ne retient que ce pour quoi on s’est battu. D’où le fait que la mutante ait préféré faire cesser ce petit jeu-là. Bien qu’elle avait conté son histoire avec beaucoup de mensonges et de non-dit.




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MessageSujet: Re: Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty   Are you really a doctor ? feat. Ciaran O'Doherty Icon_minitimeJeu 7 Juil 2016 - 12:32

Are you really a doctor ?

"Ft. Diana Peterson"

Un sourire fendit le visage de l'irlandais. Elle était futée, la jolie serveuse, quoiqu'un peu défaitiste à son goût. Mais elle avait mieux cerné le monde que bien des gens, et loin d'en être terrifiée, elle semblait plutôt... Blasée. Résignée par tout ça. C'était tout à son honneur de ne pas vouloir se confier à un type aussi répugnant que Ciaran, car après tout, il n'utilisait jamais ses talent de psychiatre que pour nuire à son prochain. Jamais il n'avait envisagé de faire le bien ou de recevoir les honneurs pour avoir véritablement voulu rendre service. A ses yeux, c'était bien plus amusant de jouer le rôle du gentil quand il endossait à la perfection celui du méchant. La manipuler, il pouvait le faire, d'autant qu'avec sa mutation ce serait un jeu d'enfant. Pourtant, elle pouvait lui mentir, et elle l'admettait sans le moindre détour. Elle pouvait lui mentir mais certainement pas sur ses sentiments. Elle avait beau se dire unique, ce qui en soi était juste, le mécanisme de ses sentiments restait le même que pour n'importe quel autre individu lambda dans cet hôpital. La contrariété qui l'animait, l'impatience, des blessures dont Ciaran ignorait l'origine mais qui semblaient peiner à se refermer... Le mutant percevait tout cela avec une clarté presque irréelle. Depuis qu'il était en mesure de « voir » les sentiments de son prochain, Ciaran s'en délectait, s'amusant avec un plaisir malsain à modeler chaque sentiment pour en faire ce qu'il voulait. L'amour ? Il le changeait en obsession. La rancœur ? Il la transformait en haine pure. Le dévouement ? En pulsion suicidaire. Tout ce qu'il pouvait y avoir de bon en chacun, il l'exacerbait pour ne plus en faire ressortir que le mauvais et le malsain. Mais le plus effrayant dans tout ça, c'est que l'irlandais ne poursuivait pas de but particulier. Si on lui avait demandé pourquoi il faisait ça, il aurait simplement répondu qu'il était capable de le faire, alors pourquoi s'en priver ? Il n'y a pas une once de conscience dans l'esprit perturbé du psychiatre.

« Et si vous faisiez abstraction de ma profession pour simplement... Discuter avec moi ? Brisons donc cette détestable barrière entre nous, voulez-vous ? Je n'ai pas la prétention de pouvoir me mettre à votre place, mais je suis humain moi aussi, je dois pouvoir comprendre vos sentiment et vos motivations. »

Disons pour être plus précis qu'il pouvait comprendre les sentiments de la jeune femme comme il était en mesure de comprendre l'anglais ou les théories du XIXeme siècle sur la psychologie humaine. Il pouvait les comprendre comme des équations mathématiques, mais pas les partager. C'était bien là tout le paradoxe de Ciaran : il connaissait mille et un sentiments, mais ne savait que les synthétiser, pas les ressentir... Du moins c'est ce qu'il pensait depuis plus de trente ans. Habituellement, on ne lui posait pas ce genre de question. Les patients qui venaient le voir étaient trop mal dans leur peau, trop centrés sur eux-mêmes pour ne pas se méfier du type qu'ils avaient en face d'eux. L'irlandais avait pris l'habitude d'entamer chaque rendez-vous par un « comment allez-vous ? » et de se voir répondre « Ah docteur, si vous saviez... ». Jamais un « mal/bien et vous ? ». Jamais on ne lui avait parlé d'un échange équitable, d'une discussion plutôt que d'un monologue, jamais il n'avait eu à essuyer un tel refus de la part d'un patient. Et loin de le contrarier, cette situation l'amusait et excitait sa curiosité. Alors qu'il se fichait royalement de connaître la vie de ses patients la plupart du temps, il avait là véritablement envie de creuser pour connaître la demoiselle. Parce qu'elle lui résistait, peu lui importait que sa vie soit banale et ennuyeuse, en savoir plus restait un challenge en soi.

« Vous êtes vraiment fascinante... Et ne le prenez pas mal, c'est un compliment. Vous savez, la plupart des gens qui me consultent ne se posent pas ce genre de questions. Ils ont besoin de parler, je représente une autorité médicale habilitée à les écouter et les conseiller... La réflexion ne va pas plus loin. Je connais les plus noirs secrets de certains habitants de cette ville, mais ils me font confiance, parce que j'ai prêté serment, et parce que je fais partie du corps médical, il paraît que ça a quelque chose de rassurant. Alors non, je n'ai aucun intérêt à parler de ma vie privée à mes patients, parce qu'ils s'en fichent royalement et ne veulent pas connaître ma vie privée. Vous êtes la première personne a mettre le doigt sur l'absurdité du métier de psychiatre : un dialogue à sens unique. »

Tout sourire, Ciaran se redressa dans son fauteuil, joignant les doigts sous son menton en fixant la jolie serveuse de ses yeux d'acier.

« Je ne me prononcerai pas sur la logique inexistante de vos employeurs, ni sur les conclusions hâtives qu'ils ont faites à propos de votre état. L'ennui, c'est que ce n'est pas moi qui décide... »

Et tout le beau discours qu'elle lui tenait, il ne pouvait rien en faire, c'était à ses patrons qu'elle devait dire ça. Mais ça, il se garda bien de le lui dire. Il se contenta de l'écouter, notant que malgré tout ce qu'elle pouvait dire, ce n'était sûrement pas un hasard si elle avait prise pour cible par un dangereux fou furieux. Pour peu que la politique de son grand père soit sujette à débat, elle pouvait être de nouveau la cible d'un nouveau cinglé, et ce à n'importe quel moment. Et d'ailleurs, comment savait-elle que son agresseur ne pouvait pas reparaître ?

« Vous dites qu'il ne peut pas croiser à nouveau votre route, mais qu'en savez-vous ? A moins qu'il ne soit enfermé dans une prison de haute sécurité ou six pieds sous terre, le risque existe, minime ou non... »

Mais parce qu'elle semblait décidée à être honnête avec lui, Ciaran se tut et l'écouta sans un mot. Les yeux rivés dans ceux de la jeune femme et un sourire aux lèvres, il haussa légèrement les sourcils en l'entendant lui raconter un épisode si marquant de sa vie avant autant de détachement. Car ce détachement, il était visible non seulement sur le visage de la jeune femme, mais aussi dans ses sentiments. Ils étaient bien, entre la douleur du souvenir et l'injustice, mais diffus, comme écrasés sous le poids de sa volonté. A vivre à ce point entourée par la mort, elle aurait pu réagir de deux façons : en devenant complètement folle, terrassée par l'angoisse et le souvenir, ou au contraire s'endurcir, repousser la terreur pour devenir plus forte, mais par la même occasion se fermer au monde qui l'entourait. Elle avait choisi la seconde solution, qui semblait être de loin la moins contraignante.

Ce que pensait Ciaran de tout ça ? Il adorait. Il se sentait comme un gamin le matin de Noël, surexcité à l'idée d'avoir déballé un jouet révolutionnaire. Il était habitué à recevoir des patients traumatisés, à entendre toujours le même refrain, à tel point qu'il n'aurait pas été si étonné d'entendre un jour un malade lui dire « je vois des gens qui sont morts... ». Cette fois, il avait face à lui quelqu'un qui avait décidé de se battre coûte que coûte, et la question à laquelle Ciaran comptait bien répondre était-elle la suivante : où sont ses limites ? A quel moment était-elle susceptible de craquer ?

La dernière question de Diana arracha un sourire plus franc à Ciaran, qui se leva de son bureau pour mettre fin à leur rendez-vous.

« Quelle ponctualité, c'est justement l'heure pour nous de nous quitter. J'imagine que vous ne me laisserez pas le plaisir de vous cuisiner davantage sur l'histoire passionnante que vous venez de me conter et pourtant, j'en ai des dizaines, croyez-moi ! Peut-être me laisserez-vous vous poser quelques questions une fois que nous serons devant un café ? N'y voyez pas là un excès de zèle, simplement de l'intérêt pour ce que vous m'avez raconté. »

Ciaran referma le dossier de la jeune femme et le posa sur la pile des dossiers en attente, tout en sachant pertinemment qu'il n'y écrirait que deux ou trois lignes avant de le classer pour ne plus en reparler. Jetant à nouveau un œil à sa montre, il ajouta.

« Il me reste un patient à voir avant ma pause déjeuner, et sortir de mon bureau en compagnie de l'une de mes patientes ferait sûrement jaser. Choisissez le lieu et je vous y retrouve dans... Quarante cinq minutes ? »

Qu'elle se rassure, Ciaran n'était pas le genre d'homme à faillir à ses promesses. Du moins pas quand il s'agissait d'aller boire un café en compagnie d'une jolie jeune femme susceptible de le captiver avec ses histoires. Car il avait été attentif, le psychiatre. Il n'avait pas loupé une miette de son récit, et il en voulait davantage. Il voulait plus de détails, pour comprendre comment elle en était arrivé à cracher au monde son envie de survivre quand aurait pu la pousser à se recroqueviller dans un coin pour pleurer. La raccompagnant à la porte, il reprit un ton plus formel en lui tendant la main.

« Au plaisir de vous revoir, mademoiselle Peterson... », dit-il avec un sourire.
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