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 and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha)

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MessageSujet: and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha)   and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha) Icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 20:01


seven devils around me
seven devils in my house


L’insomnie lui avait appris la contemplation. Obligé de trouver un moyen de passer le temps en observant ce qu’il y avait autour de lui. Car ne pas être capable de dormir ne voulait pas nécessairement dire être frais et dispo’ pour faire toute autre activité. Il avait dû apprendre à laisser le temps s’écouler, les yeux posés sur les murs et les fissures du plafond, à scruter les imperfections du papier peint. À écouter le moindre des bruits ambiants, sans en être affecté. Tout accueillir, réussir à se détendre et à reposer son corps, à défaut de pouvoir laisser du répit à son esprit. Les premiers temps, adopter cette attitude s’était avéré compliqué, pénible. Puis, au fur et à mesure que les semaines et les mois avaient passé, il avait appris à se projeter ailleurs, à rester immobile et à laisser filer secondes, minutes, heures. Désormais, il était rompu à l’exercice, et se prenait même parfois à se laisser envahir par cette sensation en pleine journée. La fatigue ne faisait plus obéir ses pensées comme il l’aurait souhaité, et après un certain temps à ne plus avoir passé de nuit reposante, il se retrouvait à ne plus tout contrôler. La plaie.

Il avait quitté les bureaux de la police de Radcliff à l’heure indiquée par son emploi du temps. Pas réellement d’affaires en cours — ou, du moins, pas dont il était spécifiquement chargé. Il avait tenté, deux jours auparavant, de proposer son aide sur un dossier, et l’accueil qu’il avait reçu l’avait forcé à réviser ses positions. Il tentait de garder la tête hors de l’eau, depuis cette foutue révélation de l’existence des mutants. Il essayait de faire comme si de rien n’était, comme si le monde n’était pas en train de perdre les pédales et de s’emballer sous le coup de la peur. Mais même chez les forces de l’ordre, tout se retrouvait à partir à vau-l’eau. Il n’y en avait plus que pour ces histoires, pour cette guerre qui secouait à tout va le monde. Radcliff était devenu une incarnation miniaturisée de la planète Terre et de sa folie, et la plupart des affaires classiques requérant les interventions policières étaient classées au second plan. On n’en avait plus que pour les meurtres qui survenaient toujours plus régulièrement, toujours plus cruellement. On ne pensait qu’à la sécurité des honnêtes citoyens — s’entend, humains — et à la criminalité qui grimpait. Il semblait que mutants et chasseurs ne puissent plus être écartés de la moindre affaire. Que tout se recoupait toujours, et qu’il n’y avait plus de place pour les crimes ordinaires, perpétrés par des humains ou, à tout le moins, en simple conséquence d’une humanité connue depuis la nuit des temps pour sa cruauté. Et il virait fou, le Fitzgerald, avec son besoin exacerbé de rendre l'impartiale justice. Il ne comprenait pas cette foutue tendance à tout faire retomber sur le dos de ceux qui, dans le fond, n’avait rien demandé à personne. Et il ne pouvait s’empêcher de penser que le monde était en train de commettre les mêmes erreurs que par le passé : généraliser, imputer à ceux qui étaient différents des tares absurdes et injustifiées. Les mutants étaient des monstres, comme les Noirs avaient pu l’être à une époque — et comme ils l'étaient toujours, parfois. Cette sensation de voir les schémas répugnants de haine se reproduire lui restait en travers de la gorge. Pourtant, il ne pouvait rien y faire. Pas pour l’instant.

Alors, il était rentré. Fuir la mauvaise ambiance du commissariat, abandonner la quête de justice au sein de la corruption, l’espace d’une soirée. Rentrer chez soi pour travailler, et se retrouver à contempler l’extérieur, assis dans la cuisine. Les dossiers étaient étalés sous ses yeux, le crayon posé à leur côté. Ses rapports n’allaient pas se faire seuls. Le FBI les attendait pour dans trois jour ; il lui venait parfois à l’esprit que sans les nuits blanches que son corps l’obligeait à passer, il lui aurait parfois été impossible de finir dans les temps. Mais il y parvenait. Il tenait le rythme, tenait la distance. Condamné à la course infinie et sans répit de la vie, obligé à courir sans s’arrêter, à prendre un rythme effréné pour ne pas avoir à repenser à ce qui le hantait. Oublier qu’il y avait une semaine, à peine, ç’avait fait deux ans que le cauchemar avait pris racine dans sa vie, et l'avait laissé pour agonisant. Pourtant, malgré les occupations qu'il se forçait à avoir, cette pensée n’était jamais loin. Toujours présente, en filigrane, comme l’étreignant dans ses moindres moments de faiblesse.

L’image de Lydia revint s’imposer à son esprit, immédiatement suivie des premières séquences de peur et de panique qui avaient succédé à sa disparition. Il battit brièvement des paupières, tentant de s’arracher au cauchemar. C’était comme se réveiller d’un mauvais rêve. Peiner à retrouver ses sensations, à faire bouger ses doigts, ses jambes. Il y parvint enfin, repoussant la chaise, se levant. Trop vite, peut-être ; son équilibre s’envola, le laissant une seconde vacillant. Il récupéra au bout de quelques secondes, se traîna jusqu’au réfrigérateur. Il l’ouvrit, en sortit une bière qu’il décapsula. La fraîcheur de la boisson le fit frissonner, les bulles lui montèrent au nez. Il ne grimaça pas. Il tentait de balayer les pensées sombres, de se concentrer sur ce dénommé Charles Bradly, sur qui on lui avait demandé de faire un rapport. Ce type était pourri jusqu’à la moelle depuis l’avènement des idéaux hunters et l’élection de Thaddeus Lancaster. Et même avant ça, il avait déjà donné à l’ex-agent infiltré toutes les raisons du monde de ne pas l’apprécier.

Quelques coups toqués à la porte lui firent tourner le menton. Crescentia n’était pas censée rentrer tout de suite, et n’attendait personne. Lui non plus, à dire vrai — et c’était bien là ce qui l’étonnait. Ses pas l’amenèrent dans l'entrée. Son arme était dans le tiroir du guéridon, avec son badge — il ne la sortit pas, résistant à l’écrasante paranoïa qui semblait régir la ville ces derniers temps, rompu à laisser ses vieux réflexes d'infiltré au placard pour ne pas virer fou. Un coup d’œil par le judas lui apprit qu’il ne risquait en effet rien, et la porte s’ouvrit. « Letha. » Salutation polie, il se décala pour lui laisser le passage si elle désirait entrer, sans pour autant l’obliger à le faire pour lui parler. « En quoi est-ce que je peux t’aider ? » Il doutait que la courtoisie seule ne poussât la rouquine à venir cogner ainsi, directement chez lui, en ce début de soirée. Néanmoins, le doute était permis. Si leur relation avait commencé en étant strictement professionnelle, l’amitié qui s’était développée entre eux n’était plus à prouver. Et derrière cette simple question, polie et passe-partout, une inquiétude légère perçait. Il espérait que tout allait bien, espérait que rien de grave ne lui était arrivé. Après tout, par les temps qui couraient, savait-on jamais.
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MessageSujet: Re: and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha)   and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha) Icon_minitimeMar 22 Mar 2016 - 18:01

Radcliff, c’était cette ville dans laquelle rien n’avait de sens. Y avait des moments où Letha se demandait pourquoi elle ne se contentait pas de lâcher la police pour se trouver un autre job ailleurs ? Elle se prenait la tête à effectuer un boulot qui ne mènerait jamais à rien. C’était une perte de temps de bosser dans ce commissariat. Mais bon, fallait croire qu’elle était du genre à toujours s’accrocher aux causes perdues. Un boulot qui n’en était même plus un, un mariage qui avait sombré sans même qu’elle ne s’en rende compte. Elle ferait peut-être bien de lâcher ce job, de la même façon qu’elle laissait tomber son mariage. Elle abandonnait complètement de ce côté-là. Absalon était partie en la laissant tomber. Il avait ruiné sa vie en partant sans rien lui dire et en emportant sa fille avec lui. Pendant huit longues années, elle s’était retrouvée toute seule avec ses doutes et ses questions, à rechercher un mari et une fille disparus, alors qu’en vérité, il l’avait juste laissée tomber, sans se donner la peine de lui dire quoi que ce soit. S’il n’avait pas voulu d’elle, il aurait très bien pu se contenter de lui demander le divorce si jamais il ne voulait plus d’elle, mais non, évidemment, ça aurait été trop simple, il avait préféré partir comme un voleur. Elle lui en voulait et elle lui en voudrait toujours pour lui avoir pris sa fille pendant huit ans, elle n’avait pas l’intention de lui pardonner ça, tout au plus, elle pouvait accepter de lui parler de façon professionnelle, parce qu’il était le shérif de la ville et que du coup, elle n’avait pas franchement le choix, mais au-delà de ça, elle se contentait de le détester et c’était bien mérité. Elle pouvait bien passer du temps avec sa fille dans le but de rattraper le temps perdu, les huit années qu’Absalon leur avait prises à toutes les deux, elles ne reviendraient pas. Elle avait manqué plein d’étape dans la vie de sa fille et y avait rien à faire pour qu’elle puisse assister à ça. Tout ça, parce qu’un jour Absalon avait jugé qu’il fallait qu’il parte et ce, sans rien lui dire, parce que, d’après ce que Veera lui avait dit, il cherchait à la protéger. La bonne blague. C’était quand même le truc le plus ironique du monde ça, se casser comme un voleur pour la protéger ; foutre huit années de sa vie en l’air pour la protéger.

Encore assise en face de son bureau au commissariat elle laissa échapper un soupire. Fallait qu’elle arrête de penser à Absalon, c’était lui laisser trop de crédit. Et puis un jour, quand elle aurait du temps à consacrer à ça, faudrait qu’elle fasse en sorte de demander le divorce, parce qu’elle ne voulait plus être son épouse. Et puis ça devrait l’arranger, lui qui s’était trouvé une autre compagne. Peut-être qu’il avait envie de l’épouser, maintenant qu’il avait un deuxième enfant avec elle. Letha, elle ne pouvait pas s’empêcher d’être jalouse de cette fille, presque de la détester sans même la connaitre, sans même qu’elle n’ait rien fait. Parce que cette nana, elle lui avait pris son mari, sa fille et elle rendait Absalon heureux, là où elle, elle avait passé huit années dans la misère. Elle s’était refusé à être heureuse. Elle s’était interdit de passer à autre chose.  Pourtant y avait eu Mason et si jamais elle s’était donné la peine de lui laisser sa chance, peut-être qu’ils auraient pu aller plus loin dans leur histoire, peut-être qu’ils auraient pu avoir une vraie histoire et peut-être qu’elle aurait pu être heureuse avec lui, si seulement elle n’avait pas fini par le repousser, avec comme excuse celle de son mariage qu’elle voulait sauver envers et contre tout. Quelle idée stupide, alors qu’Absalon il avait tout jeté en l’air depuis longtemps maintenant. Lui, il ne s’était pas interdit d’être heureux, quand bien même il l’avait rendue elle complètement malheureuse, mais bon, ça passait sans doute dans son esprit complètement tordu, puisqu’il avait décidé qu’il avait fait ça pour la protéger. Elle en avait marre de cette histoire, il allait vraiment falloir qu’elle prenne le temps de s’occuper de ce divorce, parce que ça lui bouffait la vie et de toute façon, elle n’avait pas l’intention d’essayer de le récupérer ou quoi. Qu’il en profite de sa vie heureuse, elle n’avait pas l’intention de venir l’emmerder, quand bien même elle en avait tous les droits. Le nez plongé dans les dossiers elle soupira encore, elle avait envie de quitter ce fichu commissariat et pourtant y avait enfin quelque chose dans le dossier qu’elle était en train de lire qui marqua son attention. Un rapport signé d’un nom qu’elle connaissait bien. Russell Fitzgerald. C’était pas logique pourtant ce qu’y avait dans ce dossier et y avait tellement de choses pas logique dans les dossiers de police qu’elle n’y faisait presque  plus attention. Mais là dans un dossier de Russell, c’était bizarre, parce qu’il ne faisait pas partie – à ses yeux – de ceux qui avaient des raisons de dissimuler des trucs.

Elle avait poussé ses recherches aussi loin que possible, faisant des liens avec le rapport fourni par son coéquipier et franchement y avait un truc pas net dans cette histoire. Elle resta un moment assise à son bureau à simplement fixer le dossier en face d’elle, à se demander ce qu’elle devait faire de ça. Il fallait qu’elle sache ce que c’était que cette histoire. Elle en avait marre de toutes ses affaires qui n’avaient pas de sens et pour lesquelles elle ne pouvait rien faire. Et puis là, si elle, elle avait vu les incohérences, d’autres le ferait et autant et puisque ça ne suffisait pas à faire tomber les connards, mais pour Russell, y avait fort à parier que ça pourrait le faire tomber lui, parce qu’il ne faisait pas partie des crapules de la ville. Elle en était certaine. Peut-être que les choses avaient mal commencées entre eux, à leur rencontre, elle y avait mis de la mauvaise volonté, considérant que la mission qu’on lui avait collée ne correspondait pas à ses compétences et du coup, c’était Russell qui avait tout pris. Mais maintenant elle le voyait volontiers comme un ami et des amis à Radcliff, elle n’en avait pas beaucoup, alors lui, elle ne voulait pas qu’on puisse le coincer, quoi qu’il ait pu faire. Ce serait pas juste qu’une erreur puisse lui couter cher, là où d’autres faisaient n’importe quoi sans rien qu’on leur dise. Alors elle avait emporté ses dossiers avant de quitter le commissariat, saluant rapidement les quelques collègues sur sa route, de façon totalement polie, avant de rejoindre sa voiture, puis, la baraque de Russell. Si elle voulait comprendre, autant aller demander au principal intéressé. Ses dossiers dans son sac, elle était allée cogner contre la porte, espérant qu’il soit rentré, histoire de na pas être là pour rien et parce qu’elle les voulait ses réponses. « Hey. » Qu’elle répondit simplement, en guise de salut avant d’entrer dans la maison. « Désolée de te déranger … » Si elle avait pu faire autrement, elle l’aurait fait. Mais elle ne pouvait pas s’y résoudre. Elle avait besoin de lui en parler. Y avait trop de questions sans réponse dans sa vie pour laisser aussi celle-là dans la liste. « Y a quelque chose qui va pas avec ça. » Elle tira  le dossier de son sac, le rapport que lui, il avait rédigé. « Y a des trucs qui ne sont pas cohérents et y en a dans à peu près tous les dossiers que j’lis. » A part peut-être pour le vol du sac de la mamie du coin. Mais quand y avait des cadavres dans l’affaires, y avait toujours des incohérences et le plus souvent, c’était pour dissimuler l’auteur du crime. « Mais je te connais assez pour dire que tu fais pas partie de ces mecs qui butent n’importe qui comme si ça n’avait pas d’importance. Alors qu’est-ce que tu ou ton coéquipier cherche à cacher ? » Elle savait qu’y avait un truc à dissimuler dans cette affaire, elle avait vraiment trop l’habitude avec les dossiers qu’elle lisait dans cette fichue ville, alors ça ne servait à rien de lui mentir, elle n’était pas débile et elle espérait qu’il en avait bien conscience.
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MessageSujet: Re: and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha)   and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha) Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 18:43

S’il y avait bien une femme pour forcer le respect à Russell, son ex-femme exceptée, c’était bien Letha. La belle rousse avait quelque chose ; une chose sur laquelle il n’avait jamais vraiment mis le doigt, et qu’il n’avait d’ailleurs jamais réellement tenté de comprendre ou de remettre en question. Une autorité et une prestance qui lui intimaient autant de sympathie à son égard que de considération, et qui avaient à l’époque fait grincer beaucoup de dents autour de lui. Certains appréciaient les fortes têtes, d’autant plus dans les bureaux du FBI. Mais bien généralement, s’ils étaient dotés de trop de formes au-dessus de la ceinture, et de trop peu en-dessous, les points de vue changeaient, et se faire respecter — ou même simplement traiter à sa juste valeur — devenant tout de suite plus compliqué. Et ça ne l’était que davantage encore lorsqu’on était une belle femme. Letha n’avait pas eu de mal à se faire une place, partout où elle allait. Cela s’expliquait par son charisme et son intelligence, que jamais le Fitzgerald n’avait remis en doute. À l’époque de ses infiltrations, peut-être était-il un peu plus fougueux, et quelquefois influencé par le machisme dans lequel il baignait à longueur de journée. Mais jamais il n’avait manqué de respect à la Castellanos — en tout cas, pas dans son souvenir. Les premiers temps, ç’aurait été tentant : elle avait eu un chic fou à lui faire payer une affectation à un poste qui ne le lui convenait pas, et qu’elle ne voulait pas occuper. Il avait pris pour toute sa frustration, mais avait encaissé sans ciller. Et il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il avait bien fait, au regard de la direction qu’avait à la suite pris leur relation. Le respect mutuel s’était installé, et elle était aujourd’hui une des rares personnes à qui il fasse pleinement et presque aveuglément confiance. Ce qui, considérant la précarité de Radcliff, n’était pas peu dire.

Néanmoins, leur relation n’allait pas jusqu’à d’impromptues visites au domicile de l’autre. Du moins, pas aux dernières nouvelles. Et à en voir la mine de l’agente, il pouvait supposer en tout bien tout honneur qu’elle n’avait pas de soucis personnels à évacuer ou à confesser. Une certaine appréhension se nichait donc légitimement au fond de son esprit, et commençait à faire remonter à la surface diverses accusations qu’elle aurait pu porter. Sûrement s’emballait-il pour rien. Sûrement n’y avait-il absolument rien pour l’inquiéter dans cette visite. Pourtant, la paranoïa avait pris une place trop considérable dans sa vie pour qu’il ne parvienne à l’occulter, cette fois encore. Et le regard concerné que lui offrait sa vis-à-vis n’était certainement pas pour l’aider.

Il referma la porte derrière elle, tandis qu’elle reprenait la parole après une salutation tout aussi brève que celle qu’il lui avait présentée. Lorsqu’elle sortit un dossier de son sac pour le lui tendre, il sentit son cœur rater brièvement un battement : des affaires à lui qui avaient dérapé, il n’y en avait pas des tas. À dire vrai, si on omettait son arrestation et son séjour en prison — ce dont Letha était déjà informée —, il n’y en avait qu’une. Bien rapidement, les moindres détails de l’affaire lui étaient revenus en mémoire. Il ne feignit ni l’étonnement ni l’innocence, trop habitué à être d’une sincérité désarmante quelle que soit la situation. Letha était loin d’être stupide, et il n’avait, qui plus est, pas la moindre envie de lui cacher quoi que ce soit. Plus que cela, même : une petite part de lui se retrouvait presque soulagée d’avoir l’occasion de tirer au clair la seule part d’ombre qui s’étaient présentée dans son parcours professionnel cette dernière année. Le reste de sa personne, lui, s’inquiétait des conséquences que pourrait avoir une telle mise au clair. Il risquait son poste, et il le savait. Letha le savait aussi. Sûrement était-ce pour cette raison qu’elle avait choisi de le confronter, elle, plutôt que d’enterrer les incohérences et de retrouver quelqu’un d’autre prendre soin de brosser un portrait de cette faute.

Car c’était bien une faute. Une faute professionnelle, qui lui avait valu une amitié mais qui avait surtout coûté la vie d’un suspect. Un suspect qui, selon toute probabilité, n’aurait fait qu’un séjour très bref en prison. Un gamin qui aurait eu besoin d’être redressé, mais qui ne méritait sûrement pas la mort — du moins, pas d’après ce que l’agent avait entendu sur lui au travers des témoignages. L’urgence de la situation l’avait poussé à l’erreur. Et Felix avait eu beau maintenir sa version, celles des divers témoins du restaurant étaient plus floues. Letha avait mis le doigt sur les petites incohérences qui, minimes, étaient passées au travers des mailles du filet. On se préoccupait bien trop de la guerre entre chasseurs et mutants pour se soucier d’une petite affaire interne de la sorte : Russell Fitzgerald était un bon flic, ce gamin était sur le point d’égorger son coéquipier, et il avait fait ce qui s’imposait. Il n’y avait, d’après eux, rien d’autre à ajouter. D’après eux, oui. Mais heureusement, certains se souciaient de pousser la recherche de vérité et la réclamation de justice un peu plus loin. Certains, comme Letha.

L’officier passa sa main dans ses cheveux, brièvement. Fermant les yeux, les rouvrant quelques secondes plus tard. Il fit quelques pas dans le hall, en sortit. Le dossier atterrit sur la table de la salle à manger avec peu d’élan. « J’ai tiré trop vite. » Les yeux qui se braquent dans ceux de sa supérieure, tandis qu’il ne cherche pas un seul instant à lui cacher la vérité. Mentir, c’est pas son fort. Mentir, il l’a trop fait pendant toutes ces années où elle le supervisait au FBI. Protéger sa couverture, protéger sa mission. Aujourd’hui, c’est plus la peine. Et à elle, ça ne l’a jamais été. « La serveuse m’a appris sans le vouloir que notre suspect était entré en coup de vent quelques minutes avant notre arrivée pour se cacher dans les toilettes. Felix le savait pas, et il y était justement allé. J’ai réalisé qu’il était sûrement en danger, j’ai rappliqué. » Tout ça, c’était marqué dans le dossier. Les versions concordaient toutes. C’était néanmoins après que les doutes s’insinuaient. Après, que tout avait dérapé. « J’ai ouvert la porte, et j’ai vu le gamin qui s’apprêtait à le poignarder. J’avais pas vu ses mains, mais elles étaient portées vers Felix. J’avais pas vu le couteau, je m’étais pas annoncé. Mais quand j’ai ouvert la porte il allait vers lui, il était déjà en mouvement, alors j’ai tiré. » Autant dire la vérité. Toute la vérité. Un léger temps d’hésitation. « Je crois qu’il allait vers lui. Ça s’est passé tellement vite qu’avec le recul, j’en sais plus rien. Ce qui veut dire que j’aurais dû m’annoncer. Dans tous les cas, j’aurais dû le faire. » Mais j’l’ai pas fait. J’l’ai pas fait, Letha, et j’aurais pu être viré pour ça, au vu de mon passif. Tu l’sais, n’est-ce pas ? Ils ont certifié s’être annoncé, mais les témoins, eux, n’en avaient pas été certains. C’était là que tout clochait. Là que l’histoire pêchait. « J’ai pas demandé à Felix de me couvrir. Mais je suis responsable, c’est moi qui ai tiré. Il n’a pas à prendre pour ma responsabilité. » Une seconde de silence, les dents qui se serrent. Et puis, un ultime regard. Plus droit que jamais, déterminé. « C’était son choix, mais c’est ma faute. » Ce gamin, c’est moi qui l’ai tué.
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MessageSujet: Re: and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha)   and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha) Icon_minitimeDim 22 Mai 2016 - 21:48

Démêler le vrai du faux, c’était devenu son boulot, ici à Radcliff, alors que chacun des dossiers qu’on posait sur le bureau de Letha soulevait des tonnes de questions. Elle pouvait reprocher beaucoup de chose à Absalon, alias celui qui était encore aujourd’hui son mari, mais aussi le shérif de la ville ; mais d’un point de vue professionnel, elle pouvait quand même admettre qu’il faisait de son mieux en vue des circonstances. Ce n’était pas de la faute du shérif si c’était le bordel dans cette ville, c’était plutôt à cause de ceux qui trouvaient les moyens de manipuler tout et n’importe quoi pour s’en sortir qu’importait le sang qu’ils avaient sur les mains. Ça n’avait pas d’importance de toute façon, semblait-on dire un peu partout ; ce n’était que des transmutants qu’on retrouvait morts tous les quatre matins. Letha était bien incapable de voir les choses comme ça et pas seulement parce qu’elle avait épousé un transmutant et que sa fille en était une également, mais parce que ça n’avait tout simplement pas de sens de penser le monde de cette façon. Ça la dégoutait complètement. Elle avait toujours eu beaucoup de respect pour la justice, la vraie justice, celle qui ne jugeait pas les gens sur leurs gènes, sur le couleur de peau, leur religion ou encore leur sexualité. Mais cette justice-là, fallait croire qu’elle n’existait plus franchement ces derniers temps pas à Radcliff en tout cas. Ni dans un tas d’autres endroits, parce qu’y avait pas à dire, le monde se barrait complètement en couilles ces derniers temps. Peut-être bien que c’était dangereux à Radcliff d’essayer de faire mieux les choses, de s’opposer aux gros bonnets de la ville, mais elle s’en fichait complètement elle, c’était son job d’essayer de rétablir les choses à Radcliff, c’était en partie pour ça qu’elle était venue jusqu’ici – surtout pour retrouver sa fille mais bon – alors, elle n’allait pas laisser passer tout et n’importe quoi. Elle essayait du moins, d’agir de la sorte, quand bien même c’était compliqué. Dès qu’elle tentait quelque chose, elle se retrouvait contrer pour telle ou telle raison. C’était compliqué d’agir convenablement dans cette ville. Au moins, elle pouvait lui accorder ça à Absalon et le respecter pour ne pas avoir déjà tout laissé tomber pour partir en dépression nerveuse. Peut-être bien qu’un jour, les choses s’amélioreraient dans ce fichu trou à rats, mais elle avait l’impression que ce n’était pas demain la veille.

Elle continuait pourtant son travail, tant bien que mal. Elle avait l’habitude de certains noms, qui revenaient encore et encore dans les affaires les plus bizarres, des types à qui on ne pouvait rien dire, des type complètement intouchables, parce qu’ils avaient les bons avocats ou la fortune nécessaire pour que rien de mal ne puisse leur arriver. C’était beau la vie quand on était riche, on pouvait vraiment échapper à tout. Elle avait déjà essayé d’en coincer plus d’un à de nombreuses reprises sans que le résultat ne soit probant. Ces noms-là, elle les gardait dans un coin de sa tête, sachant très bien à quoi s’attendre avec eux. Mais, quand c’était celui de Fitzgerald qui était tombé, là, elle avait toutes les raisons du monde de se poser des questions. Pas lui, qu’elle s’était dit en lisant le dossier. Non, lui c’était le genre d’homme à qui on pouvait faire confiance, pas un enfoiré qui allait tuer du monde pendant la nuit et qui affichait un grand sourire innocent le lendemain matin. Elle savait qu’il valait mieux que ça. Elle ne pouvait pas croire qu’il faisait partie des trop nombreuses crapules de Radcliff. Ils avaient bossé ensemble à une époque. Suffisamment longtemps pour qu’elle sache que c’était un homme digne de confiance. Alors ce dossier qu’elle avait entre les mains, elle avait hésité à simplement le classer et ne plus jamais en parler, tant pis pour les doutes et aller directement confronter Russell, pour avoir des explications. Letha, elle avait du mal à laisser de côté et oublier. C’était un de ses grands défauts sans doute, ce qui lui avait valu huit ans de sa vie alors qu’elle avait couru après un mari qui, de toute évidence, n’en avait pas grand-chose à cirer de sa tronche, puisqu’il s’était barré sans un mot, leur fille sous le bras pour finalement refaire sa vie avec une autre nana. Ouais, laisser tomber, des fois, ça pouvait être une bonne idée. Mais elle en était absolument incapable dans le fond. Elle savait que si elle gardait ça pour elle, ça allait la travailler pendant des jours et des jours et qu’elle serait à peine capable de regarder Russell en face sans se faire assaillir par de trop nombreuses questions. Mais c’était un type bien, alors, elle pouvait très bien aller le voir, chercher à comprendre et accepter les explications, qu’elle savait logique qu’il lui fournirait.

C’était pour ça qu’elle était venu jusqu’à chez lui. Une visite surprenante sans doute, elle n’avait pas pour habitude de venir le rendre visite, quand bien même il faisait partie de ceux qu’elle pouvait considérer comme des amis, dans cette ville où, les trois quarts des personnes lui semblaient complètement hostiles. Lui, il ne l’était pas, alors elle entra rapidement dans le vif du sujet, elle avait besoin de comprendre, de s’ôter le plus rapide ce poids de son cœur et d’être vraiment certaine qu’elle pouvait lui faire complètement confiance. Elle l’avait suivi, le regardant délaisser le dossier sur la table de la salle à manger. Elle croisa les bras sur sa poitrine avant d’arquer légèrement un sourcil, écoutant attentivement ce qu’il avait à dire. Elle y croyait à son histoire et même s’il avait tiré sur ce type alors qu’il n’aurait peut-être pas dû, encore que, c’était discutable, si le type en question avait été à deux doigts de poignarder son collègue, elle ne put s’empêcher de lâcher un soupir de soulagement. Elle en était arrivée à un point où elle pouvait presque dire avec certitude que dans une ville comme Radcliff, y avait bien pire. « Okay. » Qu’elle se contenta de répliquer, cherchant déjà des solutions à cette histoire, parce qu’elle ne voulait certainement pas attirer de problème à Russell. « Ça va s’arranger, t’inquiète pas. » Bizarrement, elle savait d’avance que si ce dossier devait atterrir dans d’autres mains que les siennes, il aurait plus de problèmes alors que c’était de la légitime défense, que tous ces types qui tuaient de sang-froid des transmutants. « J’veux dire, vu le nombre de timbrés qui massacrent d’autres personnes dans le coin, c’est pas trop grave. » Ça aurait pu être pire en tout cas, c’était bien l’idée qu’elle avait en tête en cet instant. Elle était vraiment soulagée que ce ne soit que et non une histoire, d’un Russell qui aurait tirer sur ce type parce qu’il s’agissait d’un transmutant et que les tuer, ça semblait être le truc le plus logique à faire dans cette ville de cinglés.
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MessageSujet: Re: and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha)   and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha) Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 7:56

Il était impossible au Fitzgerald de cacher l’anxiété que lui causait la situation. Il était particulièrement bien placé pour savoir que Letha était extrêmement portée sur la notion de justice, et ce trait de sa personnalité était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il s’était toujours particulièrement bien entendu avec elle. Si cette entente n’avait pas toujours été complice et amicale, elle avait à tout le moins toujours pris sa source dans une compréhension et un accord mutuel, ainsi qu’une tendance à posséder les mêmes valeurs et le même honneur. Il avait évolué dans les petites sphères du FBI, tandis qu’elle provenait de plus élevées, mais la différence n’avait jamais vraiment creusé de fossé entre eux. Et quel n’avait pas été le soulagement de l’officier lorsqu’il avait constaté que la détachée du FBI qui avait été nommée pour Radcliff n’était autre que son ancienne superviseuse. Lui qui n’avait eu de cesse de commencer à se méfier de tout le monde, et de ne plus savoir à qui obéir, avait trouvé en la belle rousse un visage familier auquel il s’était raccroché sans faire de vagues. Quelqu’un qu’il savait droit, et dont son instinct ne tendait pas à se méfier. Ces deux petites certitudes étaient plutôt rares, ces derniers temps, et il était bien loin d’être de ceux qui désapprouvaient la présence de la Castellanos à Radcliff.

Néanmoins, sa présence ici et aujourd’hui lui avait durant quelques instants causé bien du souci. La peur d’être destitué de son poste ou d’avoir à faire l’objet d’une enquête interne l’avait pris aux tripes, et s’était fait pour le moins nettement ressentir dans sa manière de raconter l’histoire. Il n’avait pourtant pas pris la peine de temporiser, exposant les faits qui le condamnaient avec la franchise sans pareil qui l’avait toujours animé, se contentant d’atténuer la faute de Felix comme il le pouvait. Il n’avait pas la moindre envie que son ami ne paie les frais de son erreur alors qu’il avait simplement souhaité le couvrir et lui faire conserver son poste. Pourtant, alors qu’il attendait les représailles qui s’imposaient, le bref soupir de Letha lui fit plutôt l’effet de porter davantage de soulagement que de fatalité. Il s’en retrouva désarçonné, le temps d’une seconde, mais se décrispa instantanément, soudainement animé d’une lueur d’espoir. Ne le dénoncerait-elle pas ? Ferait-elle abstraction de ce qu’il avait fait pour encore quelque temps ? Ça ne lui ressemblait pas, ne pouvait-il s’empêcher de penser. Néanmoins, elle avait quelque part eu ce qu’elle voulait : la vérité. Elle était venue la chercher de manière officieuse, plutôt que d’informer le shérif et de le faire convoquer. Elle avait voulu régler les choses à l’amiable, avoir le cœur net sur un dossier des plus fumeux, et elle l’avait eu. Elle n’afficha pas le moindre désir d’aller lui causer plus d’ennuis, et le Fitzgerald sentit alors tous ses muscles se détendre. Visiblement, son renvoi n’était pas pour aujourd’hui encore.

Les mots qu’elle prononça eurent le don de le calmer. La reconnaissance teinta son regard, tandis qu’il hochait la tête pour l’appuyer. Il essaierait de ne pas s’en faire, et de faire confiance en son statut d’agent fédéral. Bien que cette affaire n’était pas de son ressort et ne concernait pas le FBI, il savait que son témoignage serait de poids si l’affaire venait à remonter aux oreilles du shérif. Si Letha se portait garante, les choses seraient peut-être différentes. Au pire des cas, il laisserait l’enquête interne se dérouler, et accepterait la suspension temporaire ; en revanche, il lui était impensable que Felix ne pâtisse de son erreur. Absolument hors de question, et il ferait tout pour y remédier. « Merci. » C’était la moindre des choses : elle prenait un léger risque en se mêlant de ce dossier. Le remettre entre les mains des supérieurs directs du Fitzgerald aurait été bien plus simple et bien plus sécuritaire pour elle, mais elle avait pris le temps et la peine de venir le voir pour s’expliquer. C’était jouer avec le feu, bien qu’il lui en soit reconnaissant.

Il ne put réprimer un petit soupir approbateur et un léger hochement de tête, lorsqu’elle mentionna le fait que la ville avait pour le moment d’autres problèmes plus grave à gérer. Et il était vrai que mettre à l’écart un flic intègre en des temps de telle corruption n’aurait pas été des plus malins ; cependant, il était bien placé pour savoir que la justice n’était pas connue pour frapper au bon endroit, et que sa sélection était souvent tout sauf juste. « M’en parle pas. » Il secoua la tête rapidement, faisant quelques pas vers la cuisine. « J’ai du mal à comprendre comment on a pu en arriver là. » Il ouvre un placard, machinalement, sortant un premier verre. « Prends un siège, fais comme chez toi. Je peux t’offrir quelque chose à boire ? » Autant faire dans les règles de civilité et de politesse ; la voir rester ne le gênait pas plus que ça, et parler de tout ce merdier lui ferait peut-être au contraire le plus grand bien. Par les temps qui courraient, trop en garder sur le cœur serait plus un poison qu’autre chose, et il savait qu’il pouvait se confier à Letha sans l’ombre d’une hésitation. Pourquoi ne pas en profiter ?
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and no rivers and no lakes can put the fire out. (letha)

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