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 once upon a different life (pietra)

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Noeh Callahan
Noeh Callahan

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SUR TH DEPUIS : 15/03/2015
MessageSujet: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeMar 2 Fév 2016 - 0:47

Assis tout au fond de la bibliothèque, Noeh grimace. Il cherche à se concentrer sur le cours d'histoire qui se trouve sous ses yeux, il jette quelques coups d'oeil aux manuels ouverts de chaque côté des pages manuscrites, mais rien n'y fait. Sa main lui fait un mal de chien. Il a coincé au cœur de cette dernière un petit objet moelleux, sous les conseils des infirmiers qui l'encadrent à l'hôpital, pour commencer à se réentraîner à ravoir au quotidien une prise sur les choses. De fait, la petite balle bleue repousse d'un millimètre ou deux ses doigts recroquevillés et il perçoit cet exercice comme une torture sans nom. Sa concentration n'en est que plus faible. Il est installé à cette table depuis bien une, voire deux heures, mais le sentiment de ne pas avoir avancé du tout l'apprentissage de cette leçon le frustre au plus haut point. De toute façon, ces derniers temps, rien ne va. Sam lui manque dans le même temps qu'elle le mortifie. Il est paumé avec Aspen et sait qu'il a encore fait le con, même s'il ne se souvient même plus très bien de ce qu'il a fait la nuit où il a débarqué chez elle. Sa rééducation s'en retrouve catastrophique. Et son putain d'anniversaire approche, on est en juin, et ça le ramène toujours au visage désolé de sa jumelle au coeur de son appartement la dernière fois qu'ils se sont vus ou adressés la parole. Depuis, le cadet Callahan a tout fait pour l'éviter. D'un, il n'a pas envie de la voir ; de deux, il est plus paumé qu'autre chose ; de trois, il a pas besoin d'être celui qui devra expliquer à leurs parents que Sam... La chaise devant lui crisse soudain sur le sol. Noeh relève un visage étonné sur le ou la nouvelle venu(e), avant que son regard ne se dépose sur ces traits qu'il ne connaît que trop sur le bout des doigts. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Il n'y a rien d'agressif dans sa voix. Il veut l'être, il essaye de faire sortir les mots comme des lames de rasoir prêtes à la blesser pour l'éloigner et lui éviter des maux bien pires, il cherche à se montrer exécrable, puisqu'aux dernières nouvelles, c'est encore inscrit dans son code génétique. Sauf qu'il a ce truc au coeur qui l'empêche de faire le con. Ça le prive d'une quelconque envie de l'éloigner, et ça s'intensifie alors que sa mémoire se met en route et que ses souvenirs prennent le dessus. Noeh se revoie dans cet endroit, aux côtés de Pietra, tous deux assis côte à côte sur le banc, et il peut pas empêcher son regard de dériver un instant au niveau de ses lèvres. C'est le dernier contact qu'ils ont établi tous les deux ; le plus fort, le plus marquant, l'inoubliable. Un instant capable de lui arracher un frisson alors qu'il devrait juste lui inspirer le pire des dégoûts. Mais non. Malgré toute la "bonne" volonté qu'il pourrait y mettre, l'étudiant sent que s'il continue sur cette route, la jeune femme va comprendre que tout ce qu'il va pouvoir répondre de négatif à sa présence face à lui ne sera pas crédible, ou sincère. Faut que ça s'arrête. Les battements de ce coeur qui s'affolent au fil des secondes. Ces pensées qu'il ne doit pas avoir. Ni avant, ni maintenant, ni plus tard. Il a pas le droit. S'il était autre, ou bien né dans une autre famille, peut-être que les choses seraient différentes. Noeh se prétend même le seul membre des Callahan qui se fiche des mutants... Enfin, se fichait. Les derniers mois ont quelque peu remis en question son point de vue : entre Adriel, son accident, Sam, l'ancien pianiste se retrouve entremêlé dans un noeud d'angoisses, questions et peurs sans fin qui le déstabilise toujours plus. Pietra, c'est un peu la cerise sur le gâteau, celle qui se place entre le problème et le questionnement quotidien, sans compter le fait qu'elle incarne le problème délicieusement prise de tête par excellence. D'où la disparation de Noeh des écrans radars. Ne plus initier le moindre contact ou ériger le plus petit lien avec elle est apparu à ses yeux comme l'unique solution capable de les protéger tous les deux. Noeh savait que s'il la recroisait, tout s'écroulerait. Les maigres certitudes dont il s'était lui-même persuadé en son absence s'effacent déjà, et il doit se débrouiller pour les sauver avant qu'il ne soit trop tard. Poussant un soupir, l'étudiant ose replonger son regard émeraude dans celui de la jeune femme. Bordel, c'est pire. « On pourrait nous voir, vaut mieux pas que tu restes là... », qu'il murmure sans la quitter des yeux. Il secoue son poignet sans y faire attention, y jette un bref coup d'oeil, et se dit que lui sortir l'excuse du bracelet confectionné par les hunters pour leur propre protection, pour le coup, ça aurait pu servir mais il aurait perdu toute crédibilité. Comme si ça n'était pas évident, en plus, que son bracelet n'est pas en très bon état depuis l'acharnement de Salomé ou le refus de son père de l'en débarrasser. Et on repousse pas Pietra au loin aussi facilement. Il sait qu'il court à sa perte. L'évidence lui saute aux yeux lorsqu'il se rend compte qu'en à peine une ou deux minutes auprès d'elle vient d'effacer ses deux heures de travail dans cette bibliothèque maudite. Noeh oublie ce qu'il faisait, la notion du temps, tout ce qui peut se passer autour, parce que comme la dernière fois, Pietra a réussi, par il ne sait quel miracle, à occulter le reste du monde pour ne plus le contraindre qu'à ne voir qu'elle.
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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeSam 6 Fév 2016 - 21:05

once upon a different life

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Parfois, elle sentait encore le fantôme de ses lèvres contre les siennes, un souvenir si vague et pourtant si persistant qu’elle n’arrivait à s’en débarrasser. Même les matins où elle se réveillait dans le lit de Jekyll ou d’un autre homme rencontré dans un bar, Pietra avait l’impression de sentir la main de Noeh dans ses cheveux plutôt que le bras pourtant bien existant enroulé autour de sa taille. Elle était hantée par le souvenir de cette soirée-là, dans le bar, du regard brun de Noeh cherchant à décrypter les intentions derrière ses propres yeux. Le baiser qu’ils avaient échangés l’avait brûlée bien plus profondément qu’avaient jamais pu le faire d’autres étreintes moins sages, plus ardentes. Pourtant, Pietra n’avait rien d’une ingénue ; on n’aurait certainement jamais pu dire d’elle qu’elle attendait son prince charmant avec la vertu d’une nonne, une belle au bois dormant attendant qu’un charmant jeune homme vienne la tirer de sa tour d’ivoire. Bien trop souvent, d’ailleurs, son esprit s’attardait sur ce qui aurait pu se passer si Noeh n’avait pas mis fin au baiser, s’il n’avait pas fui sa compagnie de nouveau, sans même un regard en arrière. Seulement voilà, fuie il l’avait. Et il avait continué à le faire pendant les semaines qui s’ensuivirent, ne remettant pas les pieds une seule fois dans le bar où ils s’étaient croisés. Au début, Pietra avait opté pour la patience, et la compréhension : elle-même était déboussolée par ce qui s’était passé entre eux, alors elle n’imaginait même pas ce que ressentait l’étudiant. S’il lui était facile de dissocier Noeh de son père et de la famille Callahan en général, elle pouvait entièrement comprendre qu’il ne puisse pas aussi facilement la séparer du souvenir d’Adrian. Une balle à l’épaule faisait mal, certes, mais ce n’était rien comparé au traumatisme mental qu’un contrôle comme celui du mutant infligeait.

Alors elle s’était tenue à l’écart, tentant tant bien que mal de continuer sa vie comme si de rien était. De ce côté-là, d’ailleurs, elle était tout aussi servie : Elijah mort des mains de Faith, l’interrogatoire puis la disparition d’Alec Lynch qui laissait supposer un traître chez Insurgency, la quarantaine toujours en vigueur qui compliquait son commerce, et maintenant Seth vacciné qui courait la ville en tuant les Hunters de droite à gauche… La brune n’avait pas vraiment eu le temps de souffler non plus. Seulement, elle avait fini par ne plus pouvoir attendre sagement que Noeh se décide à la contacter. Le rôle de la princesse à secourir ne lui convenait absolument pas, et sa frustration commençait à la rendre agaçante pour le reste de son entourage – et même son don ne pouvait qu’amadouer un peu leur énervement. Aussi avait-elle décidé de le confronter, quitte à se faire envoyer bouler ; au moins, elle serait fixée. Cet objectif en tête, Pietra s’était donc rendue à la bibliothèque de la ville, là où l’étudiant devait au moins passer de temps en temps. Comme d’habitude, une simple demande charmeuse et la bibliothécaire la laissa entrer sans son passe. Cachant son visage des regards impertinents sous sa masse de cheveux, la mutante s’enfonçant dans la forêt d’étagères, évitant soigneusement le maximum de visiteurs. Elle doutait qu’un Hunter ait décidé de faire le guet par ici, mais elle ne comptait pas prendre de risques. Ce serait trop stupide de se faire prendre par les sbires de Thaddeus dans une telle situation. Sans parler de ce qui pourrait arriver à Noeh, si on le surprenait avec elle… Finalement elle aperçut le pianiste en question, entouré de livres et manuscrits divers comme s’il avait cherché à s’en construire une muraille contre le monde. Dans sa main droite, un objet bleu indéfinissable.  S’avançant à pas doux jusqu’au fond de la bibliothèque, Pietra tira la chaise en face de Noeh et s’y installa avec un crissement qui lui fit relever la tête.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » lui demanda-t-il presque immédiatement, une question plus surprise qu’accusatrice. C’était déjà un bon point. « Salut, Noeh. » répondit-elle, parlant bas pour ne pas se faire mal voir des autres étudiants et lecteurs présents. Instinctivement ses yeux glissèrent sur les lèvres de l’homme en face d’elle, puis sur la main qu’il cache encore et toujours dans sa poche, celle-là même autour de laquelle ses doigts s’étaient brièvement refermés. Elle sentit le bout de ses doigts picoter, de même que l’arrière de son crâne – comme si Noeh y avait laissé une trace indélébile, que sa présence seule suffisait à activer. Machinalement, Pietra passa une main dans ses cheveux, tentant de chasser la sensation pour le moins déconcertante. Lorsqu’elle releva le visage, deux orbes brunes la fixaient intensément. « On pourrait nous voir, vaut mieux pas que tu restes là... » murmura-t-il encore, les yeux toujours rivés sur elle. Pietra sourit, autant pour le rassurer que parce qu’il avait dit ‘nous’. Pas ‘on pourrait te voir’, mais ‘nous voir’. Une phrase qui signifiait une certaine complicité entre eux deux, les rassemblant contre un danger commun. Elle n’aurait pas pu recevoir plus clair message qu’il n’avait aucunement envie de la voir tomber aux mains des Hunters. C’était peut-être injuste de sa part, mais la paranoïa qui s’était installée dans sa vie depuis près de trois ans – et qui n’avait fait que grandir en ces derniers mois – n’avait cessée de lui souffler qu’il aurait très bien pu changer d’avis, revenir à ses menaces originelles. Noeh aurait pu, mais il ne l’avait clairement pas fait, sûrement n’y pensait même plus. La mutante ne répondit pas aux inquiétudes de son ami, n’ayant pas envie de lui mentir en lui promettant une vague sécurité. On risquerait tout à fait de la voir, mais on risquait de la voir partout. Elle était une fugitive, même regarder par la fenêtre lui était devenue une tâche dangereuse. Alors, si elle ne riait pas du danger, toutefois avait-elle appris à apprivoiser sa présence dans sa vie.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle à la place, indiquant la balle bleue dans la main de Noeh. Puis, s’emparant délicatement de l’objet : « Je peux ? »  Le contact de leurs mains ne dura pas plus d’une seconde, et pourtant ce fut suffisant pour colorer légèrement les joues de la mutante. Elle avait l’impression de faire un retour à ses années de lycée, ou le simple fait que son amoureux lui demande un stylo était suffisant pour la faire fondre.




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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeJeu 11 Fév 2016 - 23:14

Elle a pas le droit de sourire. Elle a pas le droit de faire ça. C'est... C'est pas juste. Il est supposé trouver la volonté de la faire déguerpir d'ici , Noeh, exactement, si elle lui adresse une mimique aussi adorable ? Son regard se perd encore dans la contemplation de ces traits qui lui ont tant manqué. Ça fait un moment qu'ils ne se sont pas vus. L'étudiant a eu beau se poser mille questions à son sujet, il est celui qui a mis de la distance entre eux. Après leur baiser échangé, il a préféré couper les ponts plutôt que de se confronter à toute une situation qu'il n'est pas certain de pouvoir maîtriser. D'abord parce que Pietra est une mutante qui possède la même mutation qu'Adriel, et que malgré ses plus grands efforts, il garde encore une certaine méfiance envers cette partie d'elle qu'il ne peut deviner ; ensuite parce qu'il n'a pas le droit d'éprouver le moindre sentiment pour elle pour la même raison, vu la famille qu'il se traîne ; troisièmement parce qu'il est aussi paumé auprès d'elle qu'il ne l'est auprès d'Aspen et qu'au final l'ancien pianiste se retrouve avec un bordel monstre dans le crâne. Alors il a choisi l'éloignement. Il a décidé de mettre un terme à l'invasion de Pietra Nelson-Byrd dans son esprit... Sauf qu'elle vient de tout réduire à néant rien qu'en prenant place face à lui sur cette chaise. Il pensait pas que les souvenirs lui paraîtraient aussi récents, ni vivants. Pourtant, il a le sentiment que leur rapprochement s'est déroulé tout juste la veille, qu'en vérité ils ne se sont jamais quittés. Cette impression de familiarité avec la jeune femme, c'est une chose que Noeh a toujours éprouvé et qui ne semble pas près de le quitter. Tournant sa main droite en direction de la gauche sur la table, il entreprend de libérer la petite balle bleue de l'emprise de ses doigts blessés pour cacher ces derniers sous la table. Il laisse courir un sourire amusé sur ses traits lorsqu'elle reprend la parole. « Oui... » Noeh n'a plus aucune volonté. Il aimerait essayer de lui faire comprendre qu'elle ne doit pas rester ici, que s'il n'a pas répondu à ses messages, c'est pour une bonne raison. Sauf qu'il est juste capable de répondre par la positive à sa question toute douce, et que même lui comprend qu'il est plus docile qu'autre chose en sa présence. Il cherche à faire disparaître le picotement qui traverse sa peau au contact de la sienne. C'est rien. Rien du tout. C'est un simple toucher innocent entre deux... Deux... « C'est pour mon autre main, pour recommencer à travailler la sensation de tenir quelque chose », qu'il explique en quelques mots et d'une petite voix. Il se doute que c'est pas très intéressant. Mais il préfère se concentrer sur ça plutôt que de trouver ce qu'ils sont réellement tous les deux. Preuve supplémentaire, encore une fois, que Noeh sait plus très bien où il en est. Malheureusement, la présence presque enchanteresse de Pietra n'arrange pas les choses, au contraire. Il la détaille du regard, en train d'être intriguée par la petite balle, et il arrive pas à faire dégager ce sourire d'idiot qui baigne ses traits dans une marre de stupidité enfantine. Ouais, pour le coup, il a vraiment oublié d'une seconde à l'autre qu'il est supposé continuer à bosser encore une heure ou deux, sans aucune distraction autorisée.« Pietra... », qu'il souffle après de longues minutes de silence qui ne sont pourtant pas si pesantes. Même si Noeh vient de la prévenir qu'il peut être dangereux pour elle, et pour eux, qu'elle se trouve dans cette bibliothèque, où tout le monde peut les voir, Pietra dégage une vague de bien-être autour d'elle qui ne peut que l'apaiser et l'empêcher de mettre un terme à sa présence de façon trop abrupte. Le problème est que le cadet Callahan a peur de ce qu'il peut dire, faire, ou penser lorsqu'elle est là. Il a pas réussi à gérer le flot d'émotions qui l'a envahi lorsque ses lèvres se sont déposées sur les siennes la dernière fois, il voit pas ce qui a véritablement changé depuis pour qu'il réussisse à le faire aujourd'hui. Pour un gars qui déteste perdre ses repères et s'avouer troublé, Noeh est plus que mal barré avec Pietra. Il croise mentalement les doigts pour qu'elle réponde quelque chose de bref, qui va à l'encontre de tout ce qu'il peut être en train de penser lui, pour le contredire une bonne fois pour toutes sur ce qu'il ressent, pour en finir maintenant et aujourd'hui. C'est pas bon pour eux d'être dans le flou ainsi, bien que cette situation ait été privilégiée par Noeh lui-même à la base. Le retour de Pietra lui fait juste prendre conscience que sa certitude que ce qu'il s'est passé entre eux n'était qu'une erreur n'est en fait qu'une bêtise qu'il n'est pas parvenu à se faire avaler lui-même. C'est même l'opposé qui s'est produit, en fin de compte : son rapprochement avec Pietra n'entre que dans la case souvenir précieux dans son esprit tordu, et il est en fait impossible pour lui de l'en déloger. « Qu'est-ce que tu veux ? »
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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeDim 14 Fév 2016 - 22:40

once upon a different life

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Noeh eut à peine le temps de murmurer « Oui... » que Pietra s’était déjà emparée de la balle bleue, avec laquelle elle s’amusa adroitement à jongler, aidée d’une pomme tirée de son sac. Parce que Pietra savait jongler ; ce n’était pas le talent qu’on lui attribuerait immédiatement, mais elle et Gee avaient à une époque décidé de devenir des acrobates-clowns, alors elles avaient appris. Bleue et verte, ses balles montaient et descendaient de plus en plus haut, l’obligeant à se mordre la lèvre dans sa concentration. Elle ne jonglait pas que pour se distraire, ou pour amuser Noeh – elle cherchait par-dessus tout à détendre l’atmosphère, à créer l’illusion d’une interaction sociale presque normale. Entamer la conversation de façon calme, choisissant un sujet anodin, facile ; c’est pourquoi elle avait choisi de se focaliser sur la petite balle bleue, n’étant pas particulièrement prête à faire semblant de s’intéresser aux vieux livres poussiéreux qui encadraient Noeh. « C'est pour mon autre main, pour recommencer à travailler la sensation de tenir quelque chose. » lui expliqua son dernier, au même moment où Pietra rattrapait ses deux balles, rangeant la pomme dans son sac et reposant la balle sur la table. Une aide à la thérapie physique ; la mutante sourit de nouveau, ravie de savoir que l’étudiant continuait sa réhabilitation, plutôt que de s’enfoncer encore davantage dans sa dépression et ses malaises. Elle avait envie de lui dire, d’exprimer combien elle était fière de lui ; mais Noeh était si susceptible, elle ne voulait pas lui donner l’occasion de s’énerver contre elle dans l’espoir de la faire fuir. Elle le connaissait trop bien pour tomber aussi facilement dans le piège.

Pour l’instant cependant, Noeh souriait. Le genre de sourire qu’elle ne lui voyait que rarement, dans les moments où il semblait oublier Adrian et tous ses malheurs, pour redevenir le jeune homme qu’elle n’avait jamais connu. Son cœur fit un petit bond à la vision de ce sourire, et ses lèvres ne purent s’empêcher de s’écarter à leur tour, mimant l’expression en face d’elle. Qu’est-ce qu’ils devaient avoir l’air niais. Et le pire c’était que cela lui était complètement égal ce que pouvaient penser les autres étudiants dans la bibliothèque : elle était tout simplement heureuse d’être assise là, face à Noeh, à se sourire comme deux imbéciles finis. Ils restèrent comme ça quelques minutes, sans que l’un ou l’autre ose briser le silence. Ce fut Noeh qui perdit son sourire en premier, même si celui de Pietra ne tarda pas à s’effacer devant ce changement. « Pietra... » souffla-t-il finalement. « Qu'est-ce que tu veux ? » L’interpellée sourit, et se pencha davantage en avant. « Ce que je veux, Noeh ? » répondit-elle, plantant son regard directement dans les orbes brunes qui lui faisaient face. « Toi. » Elle n’avait jamais été de celles qui tournaient autour du pot, jouant les difficiles ou cachant leurs émotions pour tester leur futur. « Je pensais avoir été assez claire la dernière fois, mais si tu as besoin de nouvelles preuves… » ne pu-t-elle s’empêcher d’ajouter, taquine. Si elle s’était montrée délicate jusqu’alors c’était parce qu’elle avait eu peur d’imposer sa volonté au jeune homme, peur de l’influencer sans le vouloir. Seulement il l’avait embrassée, avait répondu à son contact d’une ardeur égale, et ce sans qu’elle laisse une once de son don irradier en sa direction. Ce simple souvenir fit accélérer son pouls – à moins que ce ne soit ce qu’elle venait de lui avouer. Car malgré son attitude charmante, Pietra ne pouvait prétendre être calme en cet instant. Elle venait de prendre un sacré risque, non seulement en venant ici, mais en s’exprimant aussi directement.

Seulement, c’était facile pour elle de prendre des risques. Elle avait déjà tout perdu – sa famille, son emploi, sa couverture d’humaine lambda, sa sœur. Elle n’avait plus grand-chose à parier que sa vie, et elle était plutôt confiante en sa capacité à se sortir de la majorité des situations dans lesquelles elle pouvait se retrouver. Pour Noeh, les choses étaient nettement plus compliquées. Il y avait Salomé, son demi-frère, ses parents – le paternel Callahan avait beau être l’homme qui avait tiré sur Pietra, c’était également celui qui avait vu Noeh faire ses premiers pas, dire ses premiers mots. Il avait beau faire le fier et se fritter avec son géniteur dès que l’occasion s’en présentait, elle n’allait pas croire que leur relation soit une simple question de haine réciproque, sans aucune affection père-fils épargnée par leurs rixes. Les liens familiaux étaient toujours difficiles à briser, elle ne le savait que trop bien. Alors que le brun ait peur, qu’il soit hésitant à se montrer aussi franc et direct qu’elle, elle l’acceptait entièrement. C’était pour cela qu’elle s’était montrée aussi patiente qu’elle avait pu, aussi longtemps qu’elle avait pu. Jusqu’à ce qu’elle craque finalement, et qu’elle le traque jusque dans la bibliothèque universitaire, sans doute le lieu le moins approprié pour cette conversation. « Tu n’as pas répondu à un seul de mes messages. » dit-elle, plus sérieusement cette fois-ci. Elle n’avait voulu qu’un signe de vie, un petit SMS lui disant qu’il ne la haïssait pas, qu’il ne regrettait pas ce qui s’était passé entre eux. Etait-ce trop demander ?




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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeMar 16 Fév 2016 - 22:08

Noeh pose sa question sans avoir la moindre idée d'à quoi s'attendre. Ça fait longtemps qu'ils ne se sont pas vus. A cause de lui. Il a préféré faire le mort, comme il le fait si bien avec toutes les personnes qui comptent un peu trop pour lui, Aspen, Sam, Lorcan, ça leur évite de souffrir ou d'être déçu. Comme Pietra l'est. C'est pas faute de prévenir toutes les personnes qui s'approchent de trop, c'est pas faute de leur balancer les pires horreurs à la figure pour leur faire ouvrir les yeux sur le connard qu'il est. Pourquoi avoir envie de creuser comme ça ? Pourquoi essayer de voir plus loin ? Pourquoi ne pas rester sur les acquis, ceux qui définissent le cadet Callahan comme le rejeton de la famille et le plus agressif toutes générations confondues ? Pourquoi est-ce qu'elle est si jolie ? L'étudiant détaille avec attention le visage de Pietra, espère en apprendre plus avant qu'elle ne daigne ouvrir la bouche, et il ne peut que remarquer ses lèvres qui se courbent d'un sourire enjôleur. Impossible de le manquer. Et la tronche qu'il se met à tirer une fois que la première partie de la réponse lui parvient doit être tout aussi mémorable. Toi. Son cœur rate un battement. Des connexions au niveau de ses neurones manquent à l'appel. Son souffle l'abandonne. Il doit rêver. C'est qu'un rêve, un putain de rêve, une connerie de son imagination, une mascarade de son ras-le-bol à travailler dans cette bibliothèque depuis trop longtemps peut-être... Mais non. Elle continue. Elle enchaîne avec ce même petit regard espiègle, cette humeur taquine qu'il arrive pas à partager encore. Pietra enfonce le couteau dans la- la plaie ? Dans la surprise ? Ça existe même pas cette expression, pourtant c'est exactement ce que Noeh ressent sur le coup. Son esprit balance entre l'incompréhension et le choc, un mélange assez détonnant qui le prive d'abord de la moindre réaction verbale, et lui permet à peine un contrecoup physique. Il donne sans doute le sentiment de ne plus rien percevoir, que ce soit au niveau de l'ouïe ou de la vue, parce qu'il a lui-même l'impression de se transformer devant les yeux de la jeune femme en un fantôme cadavérique. Elle déconne ? Si elle débloque. Y'a pas le choix. Elle est obligée de- Non... Non, elle a pas l'air. Elle a ce petit sourire à se damner mais c'est pas un de ces sourires malins qui pourrait faire songer à une blague ou une moquerie. Non, ses traits transpirent d'une sincérité qui cloue Noeh sur sa chaise. Encore un peu plus qu'après le moment où il a remarqué sa présence face à lui, dans cette bibliothèque. Et maintenant ça ?! L'étudiant se met à secouer la tête en se rapprochant à son tour. S'il ne le fait pas, il va se mettre à hurler. Il va gueuler tous les bugs qui jouent les perturbateurs à l'intérieur de son crâne et il sait que plus rien ne sera cohérent. Parce que cette conversation n'est pas normale, elle est juste surréaliste. Merde, Pietra, surréaliste, d'accord ? Pas logique, pas autorisée, pas conseillée. Rien de tout ça. Rien. « Putain Pietra mais t'es malade ?! Dis- dis pas ça... », qu'il bafouille dans un murmure gêné. Son regard se perd sur le côté, à travers la bibliothèque, comme si quelqu'un avait pu l'entendre, mais surtout car il se dit que ne plus accorder d'attention à la brune pour au moins une seconde ou deux l'aidera à masquer l'embarras qui vient de le gagner. Il croise mentalement les doigts pour qu'elle n'ait rien remarqué... mais il devine sans mal que c'est foutu d'avance. Il a réagi de façon beaucoup trop rapide et directe pour pouvoir prétendre que ce qu'elle a dit ne l'a pas touché en plein cœur. Ou comment perdre toute crédibilité en une minute top chrono. Par appréhension, il a presque envie de lui barrer la bouche de sa main valide pour l'empêcher de balancer quoi que ce soit d'autre. « C'est n'importe quoi. » Son murmure passe presque inaperçu, tout comme le suivant, qui témoigne de l'étrange sensation qui l'étreint. Il est... Il est paumé. Il sait pas comment réagir à ça, il sait pas non plus s'il a droit de réagir à un tel aveu, ni quelle est la réponse adéquate. Elle peut pas le placer dans une telle situation, elle aurait dû le comprendre, elle aurait dû deviner que- « Je... », que l'ancien pianiste tente de répondre avant que l'accusation ne lui tombe sur le coin de la figure. Se mordant l'intérieur de la joue, Noeh la fixe un instant, détourne la tête la suivante, avant de la secouer à nouveau et de venir fixer le bureau où sont appuyés ses deux bras. Heureusement qu'il est assis. Il se serait écroulé pour sûr sinon. « J'ai pas répondu parce que c'était ce qu'il y avait à faire. » Il replonge son regard tacheté d'émeraude dans le sien. Il ose la fixer comme elle le fait elle en retour. Il a pas idée si ça la déstabilise autant que ça le perturbe lui, mais il peut essayer. Pourquoi est-ce qu'il serait le seul à être esclave des battements démesurés de son palpitant ? Il pouvait pas répondre. Ni aux appels, ni aux messages. Impossible. Pas quand il a compris, dès lors que les lèvres de Pietra se sont posées sur les siennes, que leur relation était pas banale. Qu'il la voyait pas comme les autres, qu'il était plus troublé par sa présence qu'il n'ose encore l'admettre. Pire, qu'il se comporte pas comme avec les autres en sa présence, qu'il développe une capacité à se montrer plus doux, une faculté à ne pas la repousser alors qu'il sait. Il a peur de ce qu'elle peut être capable de faire de lui – avec ou sans mutation. Ce baiser qu'ils ont échangé reste ancré dans sa mémoire au fer rouge, un souvenir qui peine à être remplacé par d'autres tant il est teinté de mystères et de questions par millions, et Noeh a préféré essayer de l'effacer par la force des choses en ne rappelant pas la présence réconfortante de Pietra à ses côtés. « On peut pas faire ça. Je- Je suis- J'aurais pas dû la dernière fois, d'accord ? C'est pas- » Noeh arrive pas à dire qu'il est désolé. Ni que ce qui s'est passé été une erreur. Il le pense le temps d'une seconde mais ça ne sort pas. C'est pas logique, normal, y'a rien de rationnel là-dedans. Juste le sentiment de perdre un peu pied parce que ce qu'elle vient de dire ce n'est pas anodin, ça se dit pas à la légère, ni à n'importe qui. Enfin il croit. L'étudiant n'en a foutrement aucune idée. Et cette fausse incompréhension qui le gagne, mélangée à une certaine gêne plus qu'inhabituelle chez lui, doit se lire à même ses traits. Fausse parce qu'une impression maligne au creux de ses pensées lui laisse entendre qu'elle est peut-être pas la seule à voir les choses comme ça, qu'une infime partie de son être est dans le même état, mais Noeh refuse d'y accorder plus d'attention. « Me regarde pas comme ça tu m'empêches de penser correctement. » Ses yeux s'écarquillent légèrement. Pourquoi est-ce qu'il a lâché ça à voix haute ? Sa main gauche vient s'échouer sur ses traits dans un geste libérateur, alors que son dos vient se planter contre le dossier de sa chaise. Il hésite un instant. Il cherche la bonne réaction, les bons mots, au milieu de l'immense sac de nœuds qui vient de se former à l'annonce stupéfiante faite par Pietra. Il s'en veut de ne pas avoir répondu. Il comprend pas très bien pourquoi il est parti si soudainement la dernière fois. Ils peuvent pas se dire des choses comme ça. « Bordel. » Noeh se ravance brusquement pour venir confronter une nouvelle fois la jeune femme. Très bien. Très bien. Il sait qu'elle attend un minimum d'explications, quelque chose de plus développé que ce qu'il vient de lui servir, mais toutes les choses qui les éloignent et les séparent sont si évidentes aux yeux de l'étudiant qu'il ne saisit pas comment Pietra peut venir jusqu'ici et se mettre en danger pour ces foutus papillons dans le ventre. Elle est dingue. Complètement barrée. Y'a pas d'autre explication. « Je veux pas te faire du mal, d'accord ? Ou que ma famille le fasse à ma place. Mon père a déjà débuté, il hésitera pas à recommencer. Tu le sais. Alors pourquoi ? Pourquoi tu me dis ça ? » Noeh se laisse guider par ses mauvaises habitudes, ses vieux instincts, et la dévisage pour tenter de comprendre avant les mots et les prétendues explications qui vont venir de sa part à elle. Enfin il l'espère. Dans tous les cas c'est pas lui qui joue les extravertis à la bibliothèque, là, alors il a le droit de savoir. Il le mérite même. Ouais, exactement, il le mérite plus que quiconque. Il peut pas ne pas savoir ce qui peut bien lui être passé par la tête pour lui larguer une telle bombe à la figure et pour réussir à le troubler autant en même pas cinq minutes à ses côtés. Pour la seconde interrogation, c'est une chose qu'il ne peut saisir qu'en se questionnant lui, sans doute, mais l'idée de trouver toutes les réponses chez Pietra paraît si simple et à sa portée que l'ancien pianiste se fait manipuler par son propre faux espoir. « Et qui me dit que c'est vrai ? » Son audace à lui se réveille enfin. Comme s'il se souvenait pas de cette sensation de bien-être qui l'a traversé lorsqu'elle l'a embrassé. Mais après tout, Noeh teste constamment les limites des autres. C'est dans son ADN. Et Pietra échappe malheureusement pas à la règle. L'étudiant croise juste les doigts. Si ça peut la protéger d'une erreur de sa part et la faire fuir maintenant, alors il pourra être pour une fois content de lui.

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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeMar 23 Fév 2016 - 20:58

once upon a different life

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Pietra avait toujours été plutôt honnête, dans ses relations. A moins que ce soit contre ses intérêts, elle était franche dans ses affections comme dans ses inimités, et elle n’hésitait pas à faire connaitre ses sentiments de quelque côté soient-ils. Avec Noeh, elle s’était tenue coïte aussi longtemps qu’elle le pouvait, entre ses propres doutes et la peur de ce dernier. Elle avait été sage, discrète, pudique même ; autant de mots qui ne la décrivaient pas réellement, et qui auraient sans doute fait rire d’incrédulité ceux qui la connaissaient le mieux. Mais à force de ronger son frein elle avait fini par le casser, et le baiser qu’ils avaient échangés n’avaient fait qu’accélérer les choses. Comment résister à l’envie de poursuivre Noeh quand celui-ci avait révélé qu’il était déjà séduit ? Comment résister à la personne qui, pour la première fois depuis ses quinze ans, avait réussi à attiser suffisamment les flammes de ses désirs pour rallumer un brasier qu’elle avait cru éteint ? Elle les connaissait, les raisons : sa mutation, Adriel, son passé, la famille Callahan, la situation à Radcliff, son rôle chez Insurgency, les Hunters qui patrouillaient continuellement les rues à sa recherche… Mais aucune de ces justifications n’avait été assez forte pour l’empêcher de chercher à contacter l’étudiant, d’aller jusqu’à la bibliothèque pour le voir encore une fois, au moins. Pire encore, rien n’avait pu l’empêche d’être directe avec Noeh, de le regarder droit dans les yeux et de lui dire ce qu’elle avait sur le cœur. Elle aurait pu être plus délicate, plus évasive, le faire deviner ce qu’elle voulait par des sous-entendus et des regards en biais. Mais le plaisir de voir Noeh abasourdi, pris de court par sa révélation était trop tentant. Il était beaucoup trop mignon quand il ne savait pas quoi dire, et que le froncement de sourcil qui semblait inscrit sur son visage s’échappait brièvement, rajeunissant son visage d’au moins cinq ans. Elle avait envie de passer son doigt sur cette ride en devenir, l’effacer de son pouce et de ses lèvres faute de pouvoir effacer ce qui l’avait causée.

« Putain Pietra mais t'es malade ?! Dis- dis pas ça... » bafouilla Noeh, et une ombre passa brièvement sur le visage de l’interpellée. Le rejet, elle n’en avait pas peur – enfin si, mais pas autant que sa peur de perdre à jamais l’occasion de dire ce qu’elle ressentait en face, et d’entendre ce qu’en pensait le brun. Qu’il se récrie, nie tout, la traite de dégénérée de nouveau, ou pire encore, elle le supporterait. Ce serait douloureux, et elle ne doutait pas qu’elle porterait elle aussi quelques coups violents à son égo avant de s’enfuir, mais au moins elle aurait essayé. Cela vaudrait toujours mieux que de continuer à soupirer auprès d’Ivory devant son dilemme, ou la petite déception lorsqu’elle se réveillait à côté d’un brun qui n’était pas lui. Mais c’était le pire des cas, et elle avait sincèrement espéré qu’ils avaient dépassé le cap des cris et des injures. Pietra mordilla une mèche de sa queue de cheval, observant le visage du Callahan pour décrypter la cause de sa réaction. Il avait l’air plus perdu qu’autre chose, au point qu’elle veuille presque le prendre dans ses bras et le consoler. « C'est n'importe quoi. Je… » dit-il, avant que sa voix ne l’abandonne à nouveau. « N’importe quoi ? » souffla-t-elle, la douleur filtrant dans sa voix malgré elle. Elle s’exprimait sincèrement et il disait qu’elle racontait n’importe quoi ? Les mots étaient maladroits, mal choisis, mais le fait qu’il se débatte visiblement dans son for intérieur ne changeait en rien la blessure qu’il venait de lui infliger. La seule chose qui empêcha la mutante de commencer à lui expliquer exactement pourquoi ce qu’il venait de lui dire était inacceptable, c’était l’expression sur le visage de Noeh. Son regard allait et venait sur elle, sur la pièce, sur les étagères de la bibliothèque, dans l’espoir qu’une réponse y soit inscrite pour lui.

« J'ai pas répondu parce que c'était ce qu'il y avait à faire. » L’explication qui n’expliquait rien. Pensait-il réellement que l’ignorer avait été la bonne chose à faire ? Il devait la connaitre mieux que cela ; elle ne se laissait pas dissuader par si peu. Pietra sentit ses traits s’adoucirent de nouveau, perdant la colère qui menaçait de s’y marquer. Pauvre Noeh, il avait l’air tellement… vulnérable. Il le cachait tellement, entre son parler acerbe et ses regards noirs, mais le choc de ce qu’elle lui avait dit avait fait voler en éclats sa maigre carapace. « On peut pas faire ça. Je… Je suis… J'aurais pas dû la dernière fois, d'accord ? C'est pas… » Pietra pencha légèrement la tête sur le côté, lui jetant un regard qui le défiait de compléter sa phrase. C’est pas quoi, Noeh ? Possible ? Convenable ? Décent ? Elle savait aussi bien que lui, quel que soit l’adjectif qu’il choisisse, elle trouverait moyen d’argumenter contre. « Me regarde pas comme ça tu m'empêches de penser correctement. » lâcha-t-il, avant de se rendre compte qu’il avait parlé à voix haute. Le sourire de Pietra s’agrandit en même temps que les yeux de Noeh, et elle continua de le regarder exactement comme ça, s’appuyant un peu sur la table pour se rapprocher de quelques millimètres. « Je veux pas te faire du mal, d'accord ? Ou que ma famille le fasse à ma place. Mon père a déjà débuté, il hésitera pas à recommencer. Tu le sais. Alors pourquoi ? Pourquoi tu me dis ça ? » La brune ouvrit la bouche et la referma aussi sec, comme un poisson subitement jeté hors de sa rivière. Pourquoi ? Elle le voulait, voilà pourquoi. N’était-ce pas une raison suffisante ? Visiblement pas. Se mordant la lèvre, Pietra baissa un instant le regard, cherchant les mots pour lui expliquer ce qu’il ne comprenait apparemment pas.

« Noeh… » commença-t-elle, doucement. « Ton père voulait me buter bien avant qu’on ne s’embrasse. Le reste de ta famille aussi. » Elle hésita un instant, avant de rajouter « Aspen aussi. » Elle n’avait pas eu besoin de beaucoup chercher pour savoir qui était la femme dont Noeh avait parlé la dernière fois, et dont il avait peur qu’elle subisse la colère. Le quatuor Wolstenholme-Callahan était bien connu dans une petite ville comme Radcliff, et ayant déjà fait la connaissance de Lorcan et Salomé, il n’avait pas fallu être un génie pour deviner qui était la mystérieuse personne devant qui Noeh avait lâchée l’affaire. « Au moins un tiers de la population de la ville veut ma mort. Ou ma vaccination, ça dépend des partisans. » Elle ne disait pas cela à la légère, et elle ne comptait pas faire mine de rire du danger juste pour tenter de le rassurer. Le danger était là, réel, et elle en était parfaitement consciente. « Même si je ne leur tenais pas tête, il a suffi d’un tout petit gène dans mon ADN pour qu’il s’arroge le droit de m’exécuter. » Les Hunters se croyaient les défenseurs de l’humanité, un groupe d’élus ayant pris la loi entre leurs mains pour le bien commun. Ils n’avaient de respect pour la société que lorsqu’ils la contrôlaient et en dictaient les mœurs.  « Alors si tu penses que je vais vivre ma vie en m’inquiétant de ce qu’ils pensent, tu te trompes largement. » Le danger était réel, mais cela ne voulait pas dire qu’elle n’était pas prête à prendre le risque. Noeh en valait la peine, elle le pensait sincèrement. Mais s’il ne partageait pas ses sentiments sur la question, alors il ne lui resterait plus qu’à battre en retraite.

Délicatement, Pietra avança sa main vers celle de l’étudiant. Lorsqu’il ne se rétracta pas immédiatement, elle osa enlacer ses doigts dans les siens, et serrer légèrement. « Je sais que c’est différent pour toi, Noeh. Ça reste ta famille, tes amis. » Ton ex. « Je ne vais pas te forcer, promis. Mais je ne vais pas me taire sur ce que… ce que je ressens pour toi, juste pour t’éviter devoir faire des choix. » Elle était sa… Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle était pour lui, mais elle savait très bien ce qu’elle n’était pas : sa nourrice, là pour le dorloter et le protéger du monde réel, où il ne pouvait pas toujours avoir ce qu’il voulait. Elle adorait Noeh, mais elle n’allait pas prétendre qu’il avait une mauvaise tendance à faire l’autruche, dans le vague espoir que s’il ne faisait pas face à ses problèmes, ceux-ci disparaîtraient d’eux-mêmes.




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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeVen 4 Mar 2016 - 0:41

Noeh arrive même pas à sourire. Il a juste un sourcil qui s'arque lorsqu'il voit Pietra continuer de le fixer de ce petit air adorable, presque enfantin, terriblement provocateur, l'étudiant ne peut le nier. Même lorsqu'il essaye de se montrer prévenant, elle ne réalise pas. C'est pas faute d'essayer. C'est pas faute de tenter de se montrer le plus raisonnable possible, de chercher à lui faire ouvrir les yeux sur la situation. Il n'y a que lui qui a le cœur qui bat comme un dingue ? Ça devrait pas être comme ça. Il devrait pas avoir envie de lui sourire, ou être aussi nerveux à l'idée qu'on puisse découvrir qu'ils se parlent à nouveau. Il devrait pas essayer de la faire fuir avec ses mots blessants, rien de tout ça ne devrait arriver. Pourtant c'est le cas. Noeh sait qu'il n'a pas droit d'être auprès de Pietra comme Pietra n'a pas droit d'être auprès de lui. Seulement, il a beau afficher un éternel visage détaché, se balader d'une allure assurée, presque trop pour être véritable, il reste Noeh Callahan. Ce même type dont le palpitant s'emballe à la moindre marque d'attention, au moindre effort pour voir plus que ce qu'il impose à la face du monde au quotidien, celui qui semble incapable de résister à un regard comme le sien. L'ancien pianiste sait qu'il va s'en mordre les doigts. Ces minutes aux côtés de la jeune femme vont se payer d'une manière ou d'une autre, parce qu'ils ne sont pas faits pour être ensemble. C'est pas quelque chose qu'il a inventé lui, c'est pas sorti de sa tête comme par magie, c'est écrit dans le marbre. Il y a sa famille, à lui, il y a sa mutation, à elle. Il y a son indécision à lui aussi, qui est retourné voir Aspen il n'y a pas si longtemps. Pour lui, ces instants vécus auprès de son premier amour sont encore aussi vivants dans son esprit que s'ils venaient de se dérouler. Mais Pietra possède cette aisance à lui faire oublier beaucoup, en peu de temps, dont les choses qui lui tiennent à cœur comme celles-ci, car Noeh s'y raccroche avec précaution et dévotion. Pietra a cette approche, ces mots, ce sourire, cette tendresse et cette présence qui le font douter de tout à la fois et qui rend ses échanges avec elle déstabilisant. Bien trop déstabilisant. Avant qu'on s'embrasse. L'étudiant manque frissonner. L'entendre à voix haute, évoqué comme si de rien n'était, rend les choses soudainement si réelles que toutes ses tentatives pour se convaincre que ce qu'ils ont vécu n'était qu'un mirage, un rêve idiot, s'envolent. Une nouvelle preuve que Pietra est plus forte que lui, quand il arrive à peine à y songer sans en avoir le souffle coupé. Le regard tacheté d'émeraude du cadet Callahan se relève brusquement dans le sien lorsqu'elle évoque Aspen. S'il y a bien une chose que Noeh ne veut jamais voir se produire, c'est une rencontre entre les deux. Il n'a aucune idée de quelle en serait l'issue et ça le pétrifie. Il peut juste se douter des réactions de chacune, et du fait qu'il a merdé des deux côtés, de façon équivalente, et que c'est un problème qu'il ne sait pas comment gérer ni même régler... Mais c'est pas sa faute si elles occupent l'une comme l'autre ses pensées ! Il essaye, vraiment, de les oublier, de les éloigner au maximum pour qu'elles réalisent qu'elle mérite mieux, sauf qu'il lutte lui-même pour les laisser faire. Un paradoxe constant dans sa manière d'agir avec Aspen comme Pietra qui le trouble autant qu'elles. Noeh n'arrive pas à décrocher le moindre mot. Il se contente de regarder le visage de la mutante, de scruter ce qui pourrait lui indiquer chez elle qu'elle n'est pas sincère, le moindre indice, la plus petite preuve, mais rien. Il trouve rien, si ce n'est une touchante vérité qui transparaît par ses mots et par son regard. Fais chier. Quand il dit qu'elle l'aide pas, on peut peut-être parler d'euphémisme en fait. Son regard se met alors à suivre son geste : sa main qui s'approche doucement de la sienne pour venir s'en saisir, avant que ses doigts ne se lient aux siens. Il l'observe un moment, interloqué, troublé, sans pouvoir quitter cette vision présente des yeux ou réagir, verbalement ou physiquement. Ce que je ressens pour toi. L'étudiant commence à secouer la tête, avant de se freiner. Ses mâchoires se contractent un peu plus, sous ce mélange de douleur de l'instant et d'appréhension du futur proche qu'il présage avec nervosité, tandis que son cœur s'emballe encore. Si Pietra l'aide pas à se montrer plus tranchant, ce dernier n'est pas d'une grande aide non plus. Les secondes passent, s'écoulent à une vitesse folle désormais, ce qui laisse du temps à Noeh pour donner l'impression d'être perdu dans ses pensées. Sauf que c'est pas le cas. Il continue à fixer leurs mains liées et il arrive pas à se décider. Il cherche à mettre la main sur ce qu'il y a de mieux à faire, pour elle, pour la préserver de toute la folie qui pour régir sa vie lorsqu'il se retrouve confronté à... à toutes ces histoires de mutants et de famille de chasseurs, dont il fait partie malgré lui, toutefois il ne trouve rien. Plus il est en contact avec elle, plus il sent une chaleur inexplicable se loger au cœur de sa main, aux endroits exacts où la peau de Pietra frôle la sienne avec douceur. Lâche cette main, Noeh. Recule. Lâche cette main. « Alors quoi ? », qu'il souffle d'un ton enroué, comme s'il n'avait pas parlé depuis des jours. Ses prunelles viennent s'accrocher sans brusquerie aux siennes alors qu'il démontre une capacité à se montrer encore plus sérieux qu'avant. Et lui seul sait à quel point ne pas lui rendre le moindre sourire est une torture. « Qu'est-ce que tu veux que je te réponde, Pietra ? Que moi aussi je ressens un truc et qu'on peut sortir tous les deux en se tenant la main et vivre ce- je- je sais même pas ce que c'est, au grand jour ? » Plus il parle, plus les mots viennent écorcher son palais de leur corrosion naturelle et maladive. L'étudiant se fait autant de mal qu'il ne cherche et ne cherche pas à lui en faire à elle. Perdu dans cet entre-deux contre lequel il lutte pour choisir la bonne marche à suivre, celle qui l'empêchera d'espérer une chose qu'il ne peut se résoudre à lui donner, on sent tout de même dans le fond de sa voix que l'ancien pianiste refuse de mettre en avant cette douceur qui, pourtant, réussit à se frayer un chemin à travers tout le reste pour atteindre l'échange. Peut-être est-ce parce qu'elle est la seule réaction évidente et sincère que Noeh a présentement, en dépit du visage fermé et de l'attitude détachée qu'il veut s'imposer. Sans grand succès. « Tu entends comme ça semble impossible ? » Sa question redevient murmure. « C'est parce que ça l'est. » Pourquoi est-ce que ses doigts viennent de se resserrer autour des siens ? Aucune idée. Ça n'aurait même pas dû arriver.  Il le réalise à peine, ou peut-être justement trop, puisqu'il décroche un instant son regard du sien, pour éviter de craquer. Noeh aimerait lui faire comprendre, d'un geste tout simple, devenu commun entre eux depuis la dernière fois, que ce qu'il dit n'a pas véritablement traversé son esprit, mais plutôt qu'il doit en être ainsi et qu'il se plie aux règles. Pour elle. « Crois pas que je dis ça parce que je tiens pas à toi... c'est même tout le contraire. » Se mordant l'intérieur de la joue, histoire de faire passer cette envie de l'embrasser pour lui faire oublier tout ce qu'il vient de dire qui le démange, Noeh inspire un grand coup avant de se concentrer. Il replonge un regard franc (au possible) dans son regard perçant, et reprend : « J'ai une partie de moi qui me hurle d'avoir peur, une autre qui me dit de te retenir, une autre qui veut juste que je t'épargne de souffrir et c'est la seule que je veux écouter. Alors laisse-moi faire. » Ça sonne presque comme un ordre, c'en est peut-être un. Si cela peut inciter Pietra à ouvrir grand les oreilles pour imprimer tout ce qui va suivre, alors tant mieux. Il n'aura pas la force, le courage mais surtout l'envie de redire tout ça une seconde fois. « Faut que tu m'oublies, Pietra. Faut que tu sortes de cette bibliothèque, que tu supprimes mon numéro et que tu passes à autre chose. Je suis cassé, j'ai une famille de merde, je sais plus où j'en suis et t'as pas besoin d'un mec comme moi, tu peux pas ressentir quoi que ce soit pour moi, c'est- » Quoi ? Pas normal ? Pas logique ? Pas juste ? Pietra a cette faculté à lui faire perdre ses mots qui le trouble toujours autant depuis le premier jour. Il est certain d'une chose : même si à la base elle connaissait Sam d'abord, il a jamais eu vent d'une telle réaction de la part de sa jumelle face à Pietra. Et ça, Noeh en a bien conscience. Il sait que c'est lui qui déconne quand elle est pas loin, et pas qu'un pas, et il faut que ça cesse avant qu'il ne recommence. « Tu veux que je fasse un choix ? », qu'il quémande soudain plus sèchement. Il hausse faiblement les épaules, comme si ce qu'il s'apprête à dire ou faire ne représente rien à ses yeux. « Va-t'en. » Noeh a encore sa main agrippée à la sienne. Enfin il croit. Peut-être qu'à présent la sensation de bien-être qui l'a envahi s'est tatouée à même sa peau sans qu'il ne s'en rende compte, l'empêchant d'oublier.

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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeDim 13 Mar 2016 - 22:55

once upon a different life

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Pietra avait beau adorer Noeh, en cet instant, elle le trouvait incroyablement frustrant. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui tombe dans les bras à la première confession, mais elle ne pouvait prétendre que le voir arquer son sourcil pour toute réponse n’était pas des plus plaisants. « Alors quoi ? Qu'est-ce que tu veux que je te réponde, Pietra ? Que moi aussi je ressens un truc et qu'on peut sortir tous les deux en se tenant la main et vivre ce- je- je sais même pas ce que c'est, au grand jour ? » Au grand jour, certainement pas. Pas dans ce climat, pas dans cette ville. Elle n’était pas naïve, et Noeh le savait très bien – s’il raillait ce rêve, c’était probablement parce que lui l’aurait souhaité, au fond de lui. Plus que tout autre chose, c’était la conscience de cette impossibilité qui la faisait souffrir. Elle aurait voulu lui offrir ce genre de relation, avec des balades dans le parc à se disputer sur le meilleur parfum de glace, et les soirées tranquillement enroulés sous une couette devant une série Netflix. C’était le genre d’image qu’elle s’était plus ou moins habituée à considérer comme impensable, dès le moment où elle avait fait une croix sur une vie d’humaine normale. Seulement le brun en face d’elle n’était pas encore prêt à abandonner ces espoirs, à envisager que cela ne lui serait jamais accessible. « Tu entends comme ça semble impossible ? C'est parce que ça l'est. » souffla-t-il encore, et Pietra sentit son cœur se tordre. Il y avait tellement de regret dans sa voix, un tranchant d’amertume qui révélait combien il aurait voulu que cela soit possible, ce qu’il venait de décrire. Elle aurait voulu lui dire que ce n’était pas la fin du monde, que les gens dans sa situation s’aimaient, vraiment et passionnément, sans vivre le genre de relation qu’il venait de lui décrire. Qu’il y avait d’autres façons d’être ensemble, des manières qu’ils pourraient découvrir et inventer à eux deux, si seulement il le voulait.

« Crois pas que je dis ça parce que je tiens pas à toi... c'est même tout le contraire. » Pietra n’avait jamais vraiment cru aux films à l’eau de rose, avec les grands discours et les amants qui parlaient de leurs cœurs qui s’emballaient à la moindre parole. Elle vivait dans le monde réel, avec sa dureté et son pragmatisme qui érodait rapidement tout romantisme. Peu difficile de comprendre qu’elle n’était pas préparée à ce que la phrase de Noeh lui coupe littéralement le souffle. Il n’avait même pas été capable d’articuler directement qu’il tenait à elle, et pourtant, cela avait suffi pour lui faire temporairement oublier le rythme d’inspiration-expiration qui devait pourtant accompagner chaque instant de son existence. La mutante ne sut pas quoi répondre, trop occupée à rappeler à ses poumons comment fonctionner avant que le manque d’oxygène n’affole trop son cœur et son cerveau, qui n’en menaient déjà pas bien large. De toute façon, Noeh continuait déjà : « J'ai une partie de moi qui me hurle d'avoir peur, une autre qui me dit de te retenir, une autre qui veut juste que je t'épargne de souffrir et c'est la seule que je veux écouter. Alors laisse-moi faire. » L’épargne de souffrir ? Pietra haussa un sourcil, peu sûre d’avoir suivi comment Noeh pensait la faire souffrir. Sur sa liste de dangers potentiels, la famille Callahan et les Hunters de façon plus générale étaient nettement plus hauts placés que l’étudiant pour ce qui était de pouvoir la faire souffrir. La seule chose qui lui venait à l’esprit, c’était qu’il se pensait responsable de la bigoterie de son entourage, portant le poids de leur haine et de leur violence comme si le sang avait tâché ses propres mains. Mais aant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche pour argumenter contre cette culpabilité insensée, l’autre avait déjà repris la parole, déversant un flot de paroles plus dures les unes que les autres.

« Faut que tu m'oublies, Pietra. Faut que tu sortes de cette bibliothèque, que tu supprimes mon numéro et que tu passes à autre chose. Je suis cassé, j'ai une famille de merde, je sais plus où j'en suis et t'as pas besoin d'un mec comme moi, tu peux pas ressentir quoi que ce soit pour moi, c'est – » « Inimaginable ? » demanda-t-elle, le ton plus léger qu’elle ne se sentait. Cela la désolait, de découvrir à quel point Noeh se visualisait comme une rature. Cassé, c’était le mot qu’il avait utilisé. Pas besoin d’un mec comme lui. Les mots lui brûlaient les oreilles, bien plus que les tentatives de rejet qu’il venait de formuler. C’était une chose de deviner l’écœurement de soi et la douleur que cachait son comportement d’éternel bougon, mais c’en était largement une autre de les entendre éclater aussi violemment. Instinctivement, sa main se resserra encore sur celle de Noeh, comme si son simple contact pourrait contredire tout ce qu’il venait de dire. « Tu veux que je fasse un choix ? » dit-il soudain, avec une acerbité dans la voix qu’elle n’avait pas entendue depuis leur dispute chez elle, il y avait si longtemps. « Va-t'en. » ordonna-t-il, haussant les épaules comme il lui aurait dit qu’il ne savait pas quoi manger ce soir. L’ordre aurait pu lui faire l’effet d’une claque, et dans d’autres circonstances, Pietra serait sans doute partie sans plus insister. Elle n’oserait jamais s’imposer quand Noeh lui demandait de le laisser, la confiance régnant entre eux étant si fragile. Il suffirait qu’elle pousse un peu trop loin, fasse un seul faux pas pour qu’il ne voit en elle qu’une nouvelle Adriel, une dégénérée qui considérait sa volonté plus importante que celle de qui que ce soit d’autres. Elle préférait largement le perdre à jamais que de le laisser croire ça d’elle.

Seulement, pendant tout ce temps, l’étudiant n’avait pas même cherché à dégager sa main de la sienne. La chaleur de leurs doigts entrelacés à elle seule sapait toute crédibilité dans ses propos. « Le problème, Noeh, c’est que je ne te crois pas. » dit-elle donc, lentement, le regard fixé sur leurs mains jointes. Son emprise ne se fit que plus forte sur celle de l’interpellé, par peur qu’il tente de briser le contact pour ‘prouver’ sa sincérité. Mais Pietra ne comptait pas lui en laisser l’occasion – elle l’avait écouté, et il allait maintenant devoir faire de même. La mutante se releva doucement, repoussant sa chaise avant de faire le tour de la table et se retrouver debout devant lui. Elle ne lâcha pas son emprise sur la main du jeune homme, convaincue que leur contact était une ancre, la seule chose qui l’empêchait encore de prendre ses jambes – et sa béquille – à son cou. Doucement, comme elle l’aurait fait devant une bête sauvage coincée entre deux murs, elle s’accroupit jusqu’à ce que leurs visages se retrouvent au même niveau. « Arrête, Noeh. Arrête de te miner d’inquiétudes, de t’imaginer les pires choses et de t’inventer des défaites avant même d’avoir livrées les batailles. Arrête de penser qu’en ne faisant rien, qu’en t’enfuyant et en te cachant encore et encore, tu nous protèges de quoi que ce soit. » Elle parlait doucement, mais il n’était pas difficile de deviner l’intensité qui se cachait sous ses syllabes mesurées, intentionnellement et faussement calmes. Pietra ne lâchait pas Noeh des yeux, guettant la moindre émotion qui traverserait son regard, ses traits. Elle ne savait pas comment il prendrait ce qu’elle avait à dire, mais elle n’accepterait pas de se taire sous le prétexte de l’épargner. Il y avait beaucoup de choses desquelles elle n’hésiterait pas un instant à le protéger, mais ses propres émotions n’en faisaient pas partie.

Inconsciemment, Pietra se mordit la lèvre, laissant ses traits s’adoucirent, devenir plus affectueux qu’autre chose. Si elle relâcha enfin la main de Noeh, ce ne fut que pour pouvoir poser ses paumes contre les joues de ce dernier, encadrant son visage et le forçant à la regarder dans les yeux. « Et arrête de penser que tu es cassé, que tu ne vaux rien, comme si Adriel avait laissée une coquille vide avec un nom de famille à ta place, parce que c’est n’importe quoi. Et je sais de quoi je parle parce que moi, qui ne t’ait jamais connu avant, je m’en fiche de ce Noeh Callahan là. C’est pas lui qui m’intéresse, c’est toi, comme tu es maintenant. Juste… » La fin de sa phrase fondit sur ses lèvres sans qu’elle n’ait le temps d’en goûter les mots ; à la place, elle déposa ce qu’elle avait à dire sur la bouche de Noeh, délicatement d’abord plus avec plus d’insistance, un baiser bien moins chaste que celui qu’ils avaient échangé dans son bar. Elle se souvenait vaguement d’un mythe selon lequel, lorsque deux personnes s’embrassaient, leurs âmes se mélangeaient avec la même aise que leurs souffles. Dans cet instant elle aurait tout donné pour que cela soit vrai, et qu’elle puisse ainsi transmettre au jeune homme la rage de vivre qui l’habitait, lui offrir un peu de sa nature irrémédiablement indomptable pour qu’il puisse s’y appuyer pour se reconstruire. Un peu de ciment pour combler les fêlures qui témoignaient du passage d’Adriel, si seulement ç’avait été aussi simple de lui en donner.




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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeDim 20 Mar 2016 - 18:56

Pourquoi faut-il sans cesse qu'il tombe sur des personnes... aussi bornées que lui ? Noeh pense souvent être le seul à être doté de cette capacité à tout refuser, nier en bloc, rechigner la plus petite proposition. Mais c'est pas le cas. Il est pas seul, ni à faire ça, ni dans ce monde, et Pietra lui démontre une fois de plus. Elle part pas, elle reste là. Elle est devant, elle prend pas la fuite. Elle continue à le regarder, et il sait plus quoi faire. Comment est-il supposé agir alors qu'elle n'écoute pas ? Elle est pas en mesure de comprendre qu'il essaye de faire ce qu'il fait – la repousser, s'agacer, mal répondre – pour elle, pour la protéger. Ce doit être le terme qu'elle arrive pas à saisir. Il le rabâche à chaque fois qu'ils se parlent, ou presque, mais ça rentre pas. Elle a raison, le problème, c'est qu'elle le croit pas. Pourtant il y fout tout son cœur à la tenir loin de lui – sauf qu'aujourd'hui il échoue. Il a pas retiré ses mains des siennes, il est encore devant elle, il a sans doute plus de responsabilité dans le fait de rester qu'elle. Sans doute parce qu'au fond il le désire. Même si ça le fout dans une situation complètement surréaliste rien que de penser un tel truc, Noeh est là et il ne bouge pas. Il repose juste son regard sur ses mains  coupables quand Pietra les serre une fois de plus dans les siennes. Voilà. Maintenant il est foutu. Elle le croira plus jamais, quand il dit qu'il préfère la voir partir, ailleurs, auprès de n'importe qui qui n'est pas lui. Généralement, Noeh tient les mensonges moins longtemps. Il peut au moins se féliciter d'avoir essayé. Dans son esprit, il imagine si un jour ce qu'il a dans la tête s'apprend. Pas au niveau de Sam qui peut lire tout ce qu'il a dans la tête quand elle veut, non, mais plus si son père ou sa mère apprennent la nouvelle et le confrontent. Il a aucune idée de ce qu'il pourrait répondre. Rien, sûrement. Un silence peut-être, comme celui que Noeh s'obstine à garder alors que Pietra fait le tour de la table. Il a pas envie de lui prouver une nouvelle fois qu'elle a raison. Il est pas crédible, il ment mal, il a plus de force. Il en a marre de vouloir faire ouvrir les yeux aux autres alors qu'ils refusent de le faire. Il peut pas le faire pour eux – c'est dur à accepter, mais c'est comme ça. Noeh sait pas s'il s'y fera un jour. Le visage de la jeune femme s'impose à nouveau dans son champ de vision. Il est proche du sien, et ça le rend inapte à décrocher son attention de son regard. Il écoute chacun de ses mots, ces derniers venant percuter ses tympans pour enfin s'ancrer dans sa mémoire. Ce sont des mots qui resteront. Il ne les oubliera pas, parce qu'il ne les entend pas souvent. Il les a déjà perçus, de la part de plusieurs personnes, sauf qu'ils n'ont pas été répétés ensuite, pour la plupart. Pietra est encore là. Elle continue à tenter l'impossible alors que Noeh n'en aurait lui-même pas le courage. Et puis il y a ce truc dans le fond de son regard qu'il n'arrive pas à déterminer – de la sincérité ? Un truc trop vrai, trop puissant pour lui, qui le ravage de l'intérieur et qui enraille son cœur sur un rythme encore différent de celui qu'il avait alors qu'elle se trouvait de l'autre côté de la table de la bibliothèque. Le mécanisme recommence quand elle relâche sa main pour venir déposer ses paumes contre ses joues. Dans sa tête, Noeh secoue la tête pour la contraindre à arrêter sur-le-champ. En vérité, il ne bouge pas. Il est plus capable de faire le moindre mouvement. Une véritable statue de pierre qui cherche à ignorer le bourdonnement à ses oreilles, le sang qui bat à ses tempes et ces satanées pensées qui parent dans tous les sens et qui l'empêchent d'avoir une réflexion cohérente. On perd toute connexion quand ses lèvres touchent les siennes. Ça renvoie Noeh dans le bar de la dernière fois, où il la pensait morte ou partie, loin de lui, ça lui rappelle tous ces sentiments contradictoires qu'il peut avoir pour elle, ceux qu'il a le droit d'éprouver et ceux qu'il se doit normalement d'abhorrer, ça lui fait prendre conscience qu'il se souvent. De ce baiser qu'ils ont échangé comme de son aveu, de son presque pardon avant qu'il ne s'en aille, de son envie de tout oublier pour essayer de passer à autre chose. Il regrette. Il s'en veut d'avoir voulu faire ça, d'avoir essayé de la sortir de sa tête et de sa vie, parce que Pietra a réussi à se faire une place sans qu'il ne le veuille et ça le rassure. Elle a tenu bon. Dans son existence et dans son esprit, dans son cœur aussi, elle est là. Elle est juste là, et lui aussi. Le Noeh de maintenant – celui qui peut être aussi désagréable que paumé mais qui s'avère si divergent de cette image quand la jeune femme n'est pas loin. L'étudiant a soudain besoin de reprendre son soufle, trop de choses le dépassent. Il se recule, rive son regard dans le sien, et il laisse ses poumons chercher à reprendre contenance tandis que ses pensées veulent en faire de même. Elles le veulent vraiment. « Je... » Mais y'a trois mots. Y'a juste trois mots qui s'imposent à lui, et qui le freinent dans sa nouvelle tentative de fuite. Ils sortent pas de sa tête, ils sont pas prononcés à voix haute, ils sont juste là pour le secouer lui et lui seul. Et puis merde. Ses lèvres se plaquent contre les siennes, dans un tourment d'émotions que Noeh ne veut plus perdre de temps à saisir. Pour la première fois, il est à l'initiative d'un échange physique irréfléchi, simplement dicter par son envie de laisser libre-court à ce qu'il a dans le coeur plutôt que d'écouter ce qu'il a dans la tête. Bien sûr, le souvenir de Pietra lui annonçant qu'elle est une mutant s'impose malgré tout. Ça s'affole, là-haut, quand ça refait le lien avec Adriel, quand il se crie à lui-même qu'il est complètement fou, de se rapprocher de Pietra alors qu'elle a la même mutation que celui qui l'a fait passer par une fenêtre. Celui qui a manqué le faire crever. Sauf que Noeh sent cette vision du passée s'évanouir, impuissante, au profit de l'instant présent. Cet instant où il approfondie son baiser en faisant asseoir la brune sur ses genoux et où il passe son bras autour de sa taille. Celui où ses doigts se perdent dans ses cheveux comme la première fois. Celui où il n'hésite pas à mêler son souffle au sien. Noeh sait pas ce qu'il cherche à faire passer dans cette étreinte, il sait pas s'il s'excuse, s'il refuse la suite, s'il veut pas voir la vérité en face, s'il fait une connerie ou au contraire si c'est un truc bien qui est en train de se passer, un mélange de tout à la fois. Tout ce qu'il comprend, c'est que sentir ses lèvres contre ses lèvres l'électrisent, le repoussent hors du temps, hors de cette bibliothèque, et que c'est d'une saveur à couper le souffle. Encore et encore. Lorsqu'enfin l'étudiant libère Pietra de son emprise, son regard échoue à nouveau dans le sien. Il s'y perdrait. Secouant la tête, il la fixe de cet air indescriptible durant de longues secondes, avant que son front ne vienne se planter sur son épaule. Il sent ses longs cheveux qui caressent son front, il respire son odeur apaisante. Si ça peut l'aider à calmer les battements de son cœur maintenant, il prend. « J'aurais préféré être plus crédible. » Noeh aurait aimé lâcher sa main plus tôt, il aurait aimé pouvoir détacher son regard du sien. Sauf qu'il a pas pu. Il a pas réussi à s'y résoudre et à présent elle le croira plus. Il aura beau dire ce qu'il voudra, elle aura toujours cette excuse, ce moment, cette bibliothèque dans la tête. Et lui aussi. Se redressant pour appuyer son dos contre le dossier de la chaise, il se met à observer Pietra avec un prémisse de sourire. Un prémisse parce qu'il préfère rester sérieux, pour une fois, et pas s'évader à sa grande manière, les attaques et les cicatrices répandues à même l'épiderme des personnes qui osent croire en lui. « Tu m'enlèveras pas de la tête que t'es en danger avec moi. » Histoire que les choses soient claires. Il l'oublie pas ça, c'est un fait, c'est vrai, réel, limite tangible, elle est pas en sécurité à ses côtés. Il a dans le fond du regard cet air de défi. Doucement, sa main gauche s'approche d'une mèche de ses cheveux et ses doigts s'enroulent autour. C'est un geste plus simple qu'un baiser, pourtant il le fait avec une précaution nouvelle, différente.  « Je peux savoir ce qu'il a laissé ? », qu'il demande soudain sans confronter son regard du sien. « Adriel. » Peut-être qu'avec ce qu'ils viennent de faire dans cet bibliothèque et qui était tout sauf étudier l'Histoire, elle a les pensées aussi à l'envers que lui. Mais Noeh a cette question qui lui trotte soudain dans la tête et il pense que c'est l'occasion. Pietra est l'une des seules qui parle du mutant qui s'en est pris à lui. Enfin, elle est la seule à en parler de cette façon, avec calme. Peut-être parce qu'elle en est une ? Non, c'est pas possible. Sam... Sam est une mutante aussi pourtant elle a continué à avoir le même discours que celui qu'ils ont entendu tous les deux depuis qu'ils sont gamins. Alors Noeh, face à toutes ces façons différentes de voir les choses, il cherche à dégager celle qui est la sienne, même si sans cesse remise en question. « Tu dis que j'suis pas qu'une coquille vide, ça veut dire que tu dois voir un truc chez moi que je vois pas, ou que je vois plus, je sais pas... » Il hausse les épaules, histoire d'accompagner cette mise sur le tapis d'un sujet encore bien trop difficile pour lui. Il parvient toujours pas à la regarder. Il préfère pas. « Qu'est-ce que c'est ? » Noeh sait pas si la question est légitime ou pas. Il sait pas non plus ce que lui répondrait si on lui demandait un truc pareil. Il a juste besoin d'une réponse. Parce que ce qu'il pensait égocentriquement voir dans le regard de la jeune femme depuis le début, cette étincelle si différente de toutes les autres, elle vient de le mettre en avant sans qu'il s'y attende.
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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeVen 1 Avr 2016 - 8:47

once upon a different life

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Dès lors qu’elle s’était plantée devant lui, Noeh n’avait pas décroché son regard de son visage. Lui qui la fuyait continuellement, que ce soit physiquement ou juste des yeux, avait finalement trouvé la force de la regarder en face alors qu’elle s’exprimait probablement de la façon la plus émotionnelle qu’elle ne l’avait fait depuis longtemps. Pietra ne se souvenait pas de la dernière fois où elle s’était montrée aussi sincère avec quelqu’un, ne s’exprimant pas avec un but précis derrière la tête si ce n’était la détermination de secouer l’étudiant et le sortir du miasme d’auto-flagellation dans lequel il s’obstinait à patauger. Rien ne la rendait plus folle que de le voir se haïr, de continuer à laisser Adriel le contrôler depuis sa tombe en restant sa chose, un pantin désarticulé qui ne réagissait que lorsqu’on tirait sur ses fils – et encore, il s’agitait quelques instants puis retombait, refusant de se croire capable d’animation indépendante. Si la fée bleue avait ressenti la même chose devant Pinocchio dans l’atelier de son père, Pietra comprenait entièrement pourquoi elle n’avait pu résister à l’envie d’agiter sa baguette magique. Si sa mutation l’avait rendue capable de forcer Noeh à prendre confiance en lui, elle n’était pas sûre d’avoir pu résister à l’envie de l’utiliser sur lui. Si elle n’était pas sûre que l’idée le paniquerait plus qu’autre chose, elle aurait sérieusement pensé à demander à Salomé de révéler ses pensées au brun devant elle dans l’espoir de le convaincre qu’elle était sincère. Et pourtant… Pour une fois, elle eut réellement l’impression qu’il l’écoutait, qu’il enregistrait ce qu’elle avait à dire. Elle ne parlait pas dans la vide, condamnée à se heurter au même mur qu’elle tentait d’abattre, et qui se reconstruisait aussi vite qu’elle pouvait le démolir. Ce fut sans doute pour cela qu’elle céda à l’envie de l’embrasser qui la taraudait depuis l’instant où elle l’avait aperçu.

Quand leurs lèvres se rencontrèrent, Noeh se braqua. Pendant un instant la mutante cru qu’il allait la repousser, se récrier contre ce qu’elle venait de faire. Elle hésitait déjà à s’écarter lorsqu’il sembla finalement se réveiller, et répondre à son baiser avec la même ardeur. Elle se sentit fondre, ne sachant pas si c’était le soulagement de ne pas s’être pris un râteau magistral, ou la chaleur qui se propageait sur sa peau, et qui semblait venir à la fois de ses entrailles et des lèvres du brun. La bouche enflée par le baiser, elle le laissa se désengager à grand regret, les yeux fixés sur ce trésor qu’on venait de lui arracher. « Je... » commença-t-il, et Pietra le fixa, attendant avec trépidation ce qu’il allait lui dire. Seulement, rien ne sortit de la bouche de Noeh. Elle eut tout juste le temps de voir un éclair de détermination passer dans ses yeux qu’elle se retrouvait attirée contre lui, ses lèvres reliant avec les siennes presque instinctivement. La brune glissa sans difficultés sur les genoux du Callahan, sentant avec un frémissement le bras de ce dernier autour de sa taille. Ses propres bras passèrent autour des épaules de Noeh, laissant ses mains glisser dans sa chevelure et venir l’ébouriffer de ses doigts comme elle avait si souvent voulu le faire. Le corps pressé contre celui de Noeh, l’acculant toujours plus sur sa chaise, elle avait l’impression que le reste de la bibliothèque avait disparu, tant ses sens ne détectaient plus rien que le goût de l’homme sur sa langue, son odeur dans ses narines, la chaleur de son corps qui traversait ses vêtements. Elle n’avait aucune idée de combien de temps le baiser dura, ni de combien d’étudiants écœurés tombèrent sur eux en quête d’un livre sur la pédiatrie du dix-neuvième siècle. Lorsque finalement Noeh rompit de nouveau le baiser, elle se retrouva à cligner des yeux, comme quelqu’un qui se retrouvait à la lumière pour la première fois depuis des jours.

L’étudiant la dévisagea longuement tandis qu’elle retrouvait son souffle. « J'aurais préféré être plus crédible. » dit-il, et si habituellement, Pietra aurait ri à sa phrase avant de lui répondre du tac au tac, aucun son ne sortit de sa bouche entrouverte. Quelque part, la population de Radcliff se préparait sans doute à offrir une médaille à Noeh Callahan, qui venait de réussir à laisser la mutante sans voix. Elle ne trouvait rien à lui répondre, son cerveau ayant visiblement décidé d’aller prendre une pause-café le temps qu’elle arrête de mêler son souffle à celui du garçon. Tout au plus pu-t-elle secouer sa tête, mais impossible de savoir si elle le fit en réaction à ses propos ou seulement pour tenter de dégager un peu ses pensées de sa voix intérieure qui criait Noeh noeh noeh noeh en boucle. « Tu m'enlèveras pas de la tête que t'es en danger avec moi. » rajouta ce dernier, et cette fois-ci Pietra fut suffisamment revenue sur terre pour sourire et lui embrasser le front en guise de réponse. Elle sentit les doigts de Noeh attraper une de ses longues mèches de cheveux, et l’enrouler autour de ses doigts comme une bague. Le geste, plus innocent et pourtant presque plus intime qu’un baiser, lui fit mordre sa lèvre. Une partie d’elle se refusait à croire qu’elle avait vraiment – pas gagné, Noeh n’avait jamais été un jeu – réussi à le persuader de leur laisser une chance. Noeh ne fuyait plus, ne niait plus : il était là, tranquillement en train de jouer avec ses cheveux, l’air un peu débraillé après ce qui venait de se passer, mais il était entièrement présent.

« Je peux savoir ce qu'il a laissé ? Adriel. » demanda-t-il soudain, et le nom força Pietra à reprendre complètement son sérieux. Elle fronça les sourcils, n’étant pas sûre de ce que Noeh lui demandait. « Tu dis que j'suis pas qu'une coquille vide, ça veut dire que tu dois voir un truc chez moi que je vois pas, ou que je vois plus, je sais pas... » continua-t-il, et le brune en eut presque les larmes aux yeux. « Oh, Noeh… » souffla-t-elle, se pelotonnant contre lui. Comment pouvait-elle seulement commencer à lui expliquer ce qu’elle voyait, quand il n’était pas même capable de se reconnaitre comme un être humain à part entière plutôt qu’une poupée de chiffon abandonnée après avoir été utilisée trop sauvagement ? Une liste de qualités ne le convaincrait pas, même si elle appuyait chaque mot d’exemples irréfutables ; et pourtant, il semblait réellement vouloir savoir. « Qu'est-ce que c'est ? » insista-t-il une dernière fois. Elle entendit la question vibrer dans sa gorge, et se redressa finalement pour venir trouver le regard du Callahan. « Tu ne me croirais pas, si je te le disais. » répondit-elle tendrement, remettant un peu d’ordre dans les cheveux du jeune homme. « Tu es trop occupé à te rendre aussi détestable que possible pour prendre le temps de reconnaitre tes qualités. » Ce disant elle glissa deux doigts sous le menton de Noeh, le forçant à relever le visage suffisamment pour qu’elle puisse poser un nouveau, léger baiser sur ses lèvres. « Ou peut-être que tu essaies plutôt de les cacher des autres, je ne sais pas. » supposa-t-elle, traçant des arabesques dans sur le torse de l’étudiant de la main qui n’encadrait pas son visage. Elle était observatrice, pas devin.





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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeDim 3 Avr 2016 - 18:25

Dès que ses questions passent ses lèvres, Noeh se sent idiot. Au point où il ne réussit pas à reposer son regard sur Pietra, où il se contente juste de sa présence près de lui sans pouvoir admirer ses traits délicats et pour une fois si proches. Il a encore le cœur qui bat à tout rompre dans sa poitrine, après ce qui vient de se passer entre eux, et sans doute à cause de ce qu'il demande. Une définition, plus ou moins précise, de ce qu'elle voit chez lui pour ne pas prendre la fuite. C'est quoi le secret ? C'est quoi qui peut la faire rester aussi longtemps près de lui sans en avoir marre ? Noeh pensait plus que c'était possible. Il a tenté, d'ailleurs, de rendre ça impossible, au début : en lui intimant de partir avant qu'il ne le fasse lui. Et avant qu'elle ne lui démontre clairement qu'elle ne marcherait pas dans son jeu. Immobile, Noeh attend de savoir. Il sait pas pourquoi il lui demande ça à elle, maintenant, il ne comprend pas pourquoi il est encore obligé de tout foutre en l'air à cause de son passé. Peut-être parce qu'il a confiance ? Un peu ? Peut-être aussi parce que Pietra, elle peut et veut comprendre ? Parce qu'elle a persévéré malgré son refus – ses refus, même. Elle est encore là après tout ce temps, elle a refusé de se contenter de son silence radio et elle est venue jusqu'à lui. Ça ne peut pas ne rien signifier, pas vrai ? La proximité soudaine de la jeune femme lui coupe le souffle, et il est trop abasourdi pour oser faire le moindre mouvement. Noeh inspire juste l'odeur enivrante de ses cheveux, avant de lever les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il fout ? Qu'est-ce qu'il fait là, avec Pietra ? Qu'est-ce qu'il fait à s'attacher comme ça ? Qu'est-ce qu'il fait à laisser son cœur battre anormalement pour elle ? Il devait pas faire ça. Il se l'était promis. Dès qu'il avait passé la porte du bar la dernière fois, ce fameux jour où il pensait l'avoir perdue, il s'était juré de ne pas la revoir pour ne pas confirmer ce que son esprit lui martelait déjà depuis longtemps. Elle compte. Y'a pas beaucoup de personnes qui peuvent y prétendre dans l'esprit du cadet Callahan, il sait même pas comment elle s'est débrouillée, mais c'est un fait – il tient à elle. Et plus les secondes s'écoulent dans cette bibliothèque, plus Noeh est obligé de voir la vérité en face. Son regard capture à nouveau le sien, et l'étudiant arrive pas à s'en détourner. Il détaille ce visage si proche du sien, comme un gamin, ses propres traits à la fois détendus et badauds, angoissé à l'idée de faire un truc pas bien dans peu de temps. C'est un peu son domaine, de tout bazarder sans même le vouloir. Alors il fait attention. Il ne sait pas si la moitié de ses inspirations comblent ses poumons d'air tant la tension qui enserre son cœur l'empêche de réfléchir. Et c'est pire lorsqu'elle répond tout en bataillant avec ses cheveux pour les remettre en place. Pire encore lorsqu'elle dépose une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes, l'une de ses mains sur sa joue dans une douce caresse. Noeh fronce les sourcils à sa remarque. Enfin, une réaction. Pourtant, elle a des difficultés à traverser ses traits tant les dessins interminables que dessine Pietra près de son cœur accaparent toute son attention. Un instant, il tente de reprendre contenance en se rehaussant sur la chaise, sauf que ça n'a que le don de rapprocher encore un peu la jeune femme de lui et c'est tout ce qu'il ne faut pas. Se raclant la gorge, l'étudiant se concentre pour atténuer le bruit frénétique de son pouls à ses oreilles. C'en devient assourdissant, et il espère vraiment qu'elle ne sent pas la panique qui fait vibrer son palpitant sous sa main. Sinon il est foutu. « Non, je les cache pas... », qu'il répond d'un ton  (presque) détaché. « J'en ai pas. » C'est aussi simple que ça. Il se souvient pas avoir entendu beaucoup de choses à ce sujet de la part de ses parents. D'autres pensent déceler des qualités chez lui qui ne sont pas, ou plus – Sam la première. Enfin, avant. Désormais, Noeh peut plus vraiment savoir ce qu'elle pense de lui. Il sait pas s'il pourra le savoir un jour, vu comment les choses ont tourné entre eux. Peut-être que ça ira mieux. Peut-être que ça lui fera comme avec Pietra, qu'il aura moins peur – elle sera encore là, toujours, dans un coin de sa tête, l'appréhension, mais il essaiera de la gérer de son mieux. Il pourra peut-être faire ça, avec Sam, le jour où il ne la haïra plus. « Et si c'est le cas » S'il les masque vraiment, ou ne sait plus très bien où elles sont. « je vois plus l'intérêt de te les cacher, à toi, maintenant que... » Les mots se perdent entre eux, alors que Noeh fronce les sourcils. Ses prunelles passent le temps d'un instant sur les lèvres de Pietra, avant qu'un sourire n'ose se frayer un chemin sur son visage. « Que je sais même pas quoi », qu'il pouffe de sa voix grave. Ça le panique un peu moins, de ne pas savoir ce qui se passe entre eux ni pourquoi il s'acharne à s'attacher alors qu'une part de lui lui hurle de ne pas le faire. Il est plus capable de l'écouter depuis que Pietra est aussi proche, de toute façon. Elle empêche la moitié de ses connexions nerveuses de se faire, alors toutes celles qui s'apparentent à sa raison doivent être dans le lot. Bien vite, pourtant, le sourire de Noeh s'évanouit un peu. Il inspire doucement, avant de se pencher vers elle. Il laisse son souffle se mêler au sien, avant de s'autoriser cette question qui est plus pour le libérer lui que pour la décontenancer elle. « Tu me manipules pas ? », qu'il murmure. Il a dans le fond du regard une sincérité déstabilisante, même si sa question n'en est peut-être pas vraiment une. A la Noeh, ça sonne plus comme quelque chose de rhétorique, et l'interrogation est plus là pour faire joli. Pour faire comprendre qu'il appréhende encore un peu ce qui se passe, mais que ce n'est plus pareil. Entre eux, ce n'est plus comme avant. Il sait qu'il a l'air d'un gosse un peu perdu, sur le coup, alors il préfère chercher à tout effacer en l'embrassant une nouvelle fois. Et même si sa maigre raison lui hurle d'arrêter, y'a son coeur qui tambourine comme un dingue sous sa peau, qui fait pulser le sang à une vitesse folle à travers ses veines, et qui l'empêche surtout de l'écouter. Si Pietra lui répond par la positive, il pourra au moins dire qu'il aura réussi à voler un dernier baiser. Baiser qui peut aussi signifier qu'il sait que ce n'est pas le cas, qu'elle ne lui fait rien - ces battements de cœur effrénés qui le perturbent, ce n'est pas le fruit d'une imagination contrôlée par Pietra, c'est juste lui admet enfin ce qu'elle veut l'entendre penser, dire, ressentir, depuis longtemps. Et l'idée que la jeune femme puisse mal réagir à sa question rompt le contact qu'il a établi entre eux. A la place, Noeh laisse son autre bras encercler ses épaules pour la rapprocher pour de bon de lui. Il sait pas s'il l'étouffe, il mesure pas sa force, il veut juste se faire excuser cette question débile. Avec elle, il est d'une vulnérabilité qui dépasse l'entendement mais il est pas capable de remettre sa carapace maintenant. Il est trop tôt, et elle est encore là. « Tu vas partir ? » Cette dernière question n'est qu'une murmure. Il vient de perdre au niveau de l'oreille de la mutante, et elle prend tant de degrés et couleurs différentes à la fois que Noeh ne sait pas s'il pourrait lui-même y donner un semblant de réponse. Est-ce qu'il parle juste de maintenant ? Est-ce qu'il parle d'après cette... discussion à la bibliothèque ? Est-ce qu'il parle de plus tard encore ? En fait, il comprend qu'il ne veut savoir qu'une chose : s'il pourra la revoir.
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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeDim 3 Avr 2016 - 20:04

once upon a different life

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Noeh n’était pas le premier qu’elle rencontrait qui s’obstinait à camoufler un manque maladif de confiance en soi sous un caractère de cochon. Dans les milieux criminels, ce genre de personnalité était plutôt présent, et elle avait rapidement appris sur quels boutons appuyer pour faire danser ses marionnettes, mutation ou non. Mais avec Noeh c’était, comme toujours, différent. Pietra ne cherchait pas à tirer sur les ficelles du jeune homme pour obtenir un prix plus avantageux ou une faveur, bien loin de là : tout ce qu’elle lui demandait, c’était qu’il croit en lui-même, ne serait-ce qu’un peu. Une requête en apparence si simple, dont elle découvrait progressivement la difficulté. Le treizième travail d’Héraclès, et encore ; au point où elle en était, elle commençait à se demander si nettoyer les écuries d’Augias ne serait pas à la fois plus facile et plus agréable que de s’enfoncer encore davantage dans les méandres putréfiées de l’estime de soi de Noeh. Lorsqu’en réponse à ses suppositions il répondit, l’air faussement détaché, « Non, je les cache pas... J'en ai pas. », la mutante se sentit la larme à l’œil. L’étudiant ne se rendait sans doute pas compte combien cela lui faisait mal, de le voir se haïr et se peindre de couleurs toutes plus noires les unes que les autres. Dans l’instant elle aurait presque voulu avoir la motiopathie de Malachi, ou la manipulation d’Elijah, pour pouvoir éradiquer purement et simplement le malheur qui transpirait les pores du brun, et remplacer tout cela par une sérénité qu’il n’avait clairement pas ressentie depuis longtemps. Sauf que non, non seulement elle n’en était pas capable, mais elle était parfaitement consciente que ce ne serait pas la bonne solution : il devait faire ce trajet de lui-même, sans quoi ce ne serait jamais une réelle victoire. Tout au plus pouvait-elle être là pour l’encourager, le soutenir, et le rattraper dans ses chutes.

« Et si c'est le cas, je vois plus l'intérêt de te les cacher, à toi, maintenant que... » Il s’interrompit brièvement, laissant son regard tomber sur les lèvres de la mutante. « Que je sais même pas quoi. » conclut-il avec un léger rire, et le simple fait de le voir s’amuser de la situation lui fit chaud au cœur. Pietra lui rendit son sourire en triple, et se penchait déjà pour l’embrasser quand elle vit toute la joie s’effacer du visage du garçon. Figée dans son geste, elle attendit le souffle court qu’il lui révèle ce qui venait d’assombrir ses pensées à ce point. Au bout de quelques instants il se pencha légèrement vers elle, les yeux baissés pour ne pas avoir à la regarder droit dans les yeux tandis qu’il osait finalement aborder le sujet. « Tu me manipules pas ? » souffla-t-il, le regard d’une vulnérabilité absolue, et les larmes qui venaient tout juste de retomber menacèrent de déborder une nouvelle fois. Bordel, Noeh – comment faisait-il pour l’émouvoir plus en cinq minutes que la majorité des personnes ne le faisaient en cinq ans ? Elle n’avait jamais été un robot, et ses passions tenaient plus de l’ouragan que de la brise. Seulement, avec les autres, elle arrivait à se contrôler : à moins qu’elle ne se sente totalement en confiance, rares étaient ceux qui la verraient pleurer, ou montrer le moindre signe de faiblesse. Mais le brun avait une capacité incroyable à lui mettre les nerfs à vif sans qu’elle ne s’en aperçoive, si bien que chacune de ses paroles, chacun de ses gestes jouaient dessus comme il jouait autrefois sur le clavier d’un piano. Elle ne lui en voulait pas, de lui avoir posée cette question ; à sa place, elle en aurait sûrement fait de même. Ce qu’Adriel lui avait fait vivre le marquerait à vie, et la méfiance qu’il témoignait envers les mutants – surtout les mutants comme elle – était un instinct de survie qu’il avait surdéveloppé, faute de ne pas avoir perçu le danger à temps la première fois. Elle-même ne se ferait jamais entièrement confiance, à sa place. Même si, dans cette situation-ci, au moins, elle pouvait le rassurer sur ses craintes.

« Je contrôle les actions et les paroles, pas les pensées, et certainement pas les émotions. » dit-elle, un sourire fragile sur les lèvres. La main qui traçait ses symboles ésotériques sur le torse du jeune homme s’arrêta sur son cœur, appuyant la chaleur de ses paumes sur le léger tissu qui les séparaient du torse de ce dernier. Ce qu’il y avait en dessous, elle ne pourrait jamais y toucher – du moins pas avec sa mutation. Il lui faudrait emprunter les mêmes chemins que le reste du monde, pour s’y faire une place. Peut-être que Noeh la comprit, car l’instant d’après elle se retrouvait serrée contre lui, prise au piège entre ses deux bras encerclant à la fois sa taille et ses épaules. Le visage enfoui dans le cou de l’homme qui la retenait prisonnière, elle prit une longue inspiration, tentant de calmer son cœur qui battait au même rythme que celui qu’elle sentait contre sa poitrine. « Je te promets, Noeh, je n’ai jamais utilisée ma mutation sur toi. Mais il faut que tu me fasses un minimum confiance, aussi difficile que ça puisse paraître… » souffla-t-elle, la respiration compliquée par l’étreinte de Noeh. Elle glissait ses propres bras autour de ce dernier dans un mouvement au coin de son champ de vision attira son attention. Le visage camouflé par ses cheveux en désordre, elle put toutefois apercevoir une femme d’un certain âge, les bras croisés, qui les dévisageait d’un air désapprobateur. Oups. « Tu vas partir ? » entendit-elle Noeh murmurer lorsqu’il la sentit se désengager quelque peu. « Oui. » répondit-elle, non sans placer un léger baiser à la jointure de la mâchoire de son oreille. « Et toi aussi, parce que je pense que la bibliothécaire nous a remarqués. » Elle ne put s’empêcher de rire à voix basse ; se faire prendre par la responsable des lieux et jeter du lieu lui semblait le genre de frasque qui arrivait davantage aux lycéens qu’à deux – certes jeunes - adultes.

Elle finit de se relever, et empoigna rapidement son sac et sa veste. « Allez viens, Noeh, il va falloir trouver quelque part de plus… privé pour continuer la conversation. » dit-elle, lui attrapant la main pour l’entrainer vers la sortie. Comme si elle comptait le laisser parler très longtemps.




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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeLun 4 Avr 2016 - 1:02

Même si c'est compliqué, à cause de la proximité écrasante qu’il a initiée entre eux, Noeh acquiesce la réponse de Pietra. Il sent son souffle contre sa peau lorsqu’elle ouvre la bouche, et il a le sentiment qu’elle ne peut pas être plus sincère. Est-ce qu’il se fait des idées ? Peut-être. Pour essayer de masquer l’angoisse qui continue à le tirailler, il est prêt à tout. Cette dernière n’est pourtant pas si étouffante qu’auparavant. Elle laisse respirer un peu Noeh, pour lui permettre de ne voir en Pietra que la jeune femme qu’elle est – rien d’autre. Puis elle vient de lui faire une promesse. Ça peut pas être brisé, une telle promesse. C’est pas envisageable – Noeh refuse de le faire. Il prend pour acquis ce qu’elle vient de lui donner, il mémorise ses mots pour pouvoir les réentendre lorsqu'elle sera loin de lui, et il se dit que c’est un premier pas vers ce « minimum de confiance » qu’il doit développer envers elle. Y’a du progrès. Ce fut long et difficile pour l’obtenir, mais, soudain, en sentant le coeur de Pietra battre au même rythme que le sien, Noeh croit sentir un soupçon d’espoir faire son petit bout de chemin jusqu'à son esprit. C’est furtif, discret, mais vrai. Les bras de la jeune femme viennent entourer son cou, faisant courir un frisson de long de son échine. L’étudiant a peur de la perdre pour de bon s’il resserre encore son étreinte, mais il n’a pas le temps de plus y songer que, déjà, Pietra s’éloigne et répond par la positive à sa question. « Non », qu’il bafouille brusquement. L’interjection est sortie toute seule, sans qu’il ne contrôle rien, et il se doute bien que la panique qui a pu se deviner au fond de sa voix a fustigé son regard émeraude de l’exacte même inquiétude. En fait, il retire sa question. Il veut pas savoir si elle va partir, il veut pas le savoir, il le devinera quand elle ne viendra plus, qu’il n’aura plus de nouvelle, qu’il commencera à oublier à quoi ressemble son visage. Noeh sait qu’il doit pas s’emporter comme ça, sauf qu’il est fait de ce bois : à l’image de son tempérament impulsif et avant tout pessimiste, l’étudiant semble vivre les choses à un degré différent des autres. D’où l’éloignement qui équivaut à ses yeux à la pire des choses qui puissent exister, la plus évidente des tortures. Surtout après un tel moment. Néanmoins tout comme sa tentative pour la retenir, sa réplique se perd quand les lèvres de Pietra se déposent au bord de sa mâchoire. Suivi de détails sur pourquoi il va en faire de même et partir aussi et la bulle dans laquelle Noeh serait bien resté enfermé encore longtemps explose. Il fronce les sourcils, agacé, avant de jeter un coup d’oeil en direction de la bibliothécaire stoïque à quelques pas d’eux. Bon, il ne fait pas que lui jeter un coup d’oeil sympa, il la fusille du regard. Noeh étant Noeh, un gamin grandeur nature, un adulte de pacotille, il est difficile pour lui d’assimiler ce qu’il peut ou ne pas faire comme il l’entend. Être aussi proche de Pietra dans une bibliothèque, par exemple, pas le droit – il a saisi à l’air féroce qui a traversé les traits de la bibliothécaire en guise de réponse à son propre regard sombre. Laissant Pietra se relever, Noeh s’affaire à fourrer ses livres d’Histoire et ses notes dans son sac, sans faire attention au fait de les froisser ou non. Il n’a plus du tout la tête à bosser, Pietra a raison, autant partir. Après avoir terminé, l’ancien pianiste fiche son sac sur ses épaules, lui donnant l’air du parfait petit étudiant, avant que sa béquille ne retrouve sa place naturelle dans sa main gauche. C’est ce moment que choisit Pietra pour se saisir de sa main libre, la droite, celle qu’elle seule semble être autorisée à approcher de la sorte, même s’il tressaille un peu, pour l’entrainer à sa suite... et balancer un truc qui stoppe de façon instantanée le plus petite réflexion du cadet Callahan. Dès qu’il réalise que ses lèvres se sont entrouvertes sous la surprise, il les referme aussi vite.. « Euh... ouais, ouais, bien sûr... » Il a la bouche sèche, tout d’un coup, et un étrange frisson qui lui court dans le dos, ou peut-être de trop sur le coeur, alors que la peau de Pietra au niveau de sa main et de son poignet le brûle comme jamais, autant son dernier baiser au niveau de sa mâchoire qui semble attiser le sang jusqu’à lui pour le faire pulser pile à cet endroit-là. Ok, du calme. D’habitude, ses visites à la bibliothèque se terminent pas aussi... bien. Enfin, bien, il en a aucune idée, s’il faut Pietra a glissé aucun sous-entendu dans son annonce et c’est à cause de ce moment à part qu’ils viennent de partager ici qu’il songe... à plus. Et qu’il a plus aucune force pour lutter contre cette idée. Là, il suit juste aveuglément la jeune femme parce qu’elle ne le lâche pas et, surtout, qu’il n’a aucune envie qu’elle le fasse. Ni lui de partir ou de se défiler. Impossible, à présent, d’essayer de prétendre qu’il ne ressent rien – il a grillé toutes ses cartes. Et il s’apprête sans doute à griller toutes les autres. Un nouveau frisson vient renverser ses pensées telle une vulgaire boule de bowling faisant un strike quand il se perd, l’enfant presque innocent, dans la contemplation de ses longs cheveux bruns qui tombent dans son dos. Ok, il a le souffle qui lui manque, tout d’un coup. Il respire plus très bien ; plus du tout ? Par chance, elle se retourne pas vers lui de tout le trajet jusqu’à la sortie de l’immense bibliothèque – et c'est tant mieux. Parce qu’elle aurait deviné qu’avec ce qu’elle a dit, Noeh a plus du tout les idées claires et détachées d’elle, et que l’air frais de l’extérieur doit venir lui donner un coup de main sous peine de... « Au revoir ! », qu’il ose s’écrier, en l’air, à la bibliothécaire qui ne doit pas être si loin car prête à tout pour les voir déguerpir sur-le-champ d’après ce que son air renfrogné laissait entendre. Dans le ton de sa voix, on comprend parfaitement qu’il se fout d’être courtois ou pas avec le personnel de l’établissement. Il ne se cache derrière cette forme de politesse étranglée une dernière tentative de se raccrocher à la « réalité », histoire que Noeh parvienne à savoir s’il s’agit juste d’un rêve ou si ce qu’il vit est bien réel.

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MessageSujet: Re: once upon a different life (pietra)   once upon a different life (pietra) Icon_minitimeLun 4 Avr 2016 - 16:07


I'm so sick of that same old love
— Pietra Nelson Byrd & Noeh Callahan —
I don't believe, I don't believe it
You left in peace, left me in pieces
Too hard to breathe, I'm on my knees
Right now, 'ow— Same Old love.


Quel dieu du hasard facétieux et sadique avait poussé la jeune architecte à venir à la bibliothèque ce jour là en particulier, à cette heure particulière, chercher les plans de la ville qu’elle ne retrouvait pas au bureau ? Surement une divinité un peu sadique, à moins que ce soit Cupidon qui, lassé de voir ses nouvelles flèches ricocher sur le cœur de la joli rousse, avait décidé à la place de lui briser une bonne fois pour toutes, histoire de recommencer sur des bases plus saines. Ou pas. Toujours était il que la plus jeune et rousse des Wolstenholme avait fait une petite virée jusqu’à la bibliothèque de Radcliff ce jour là, avait salué la bibliothécaire qui l’avait vu grandir depuis les culottes courtes, et s’était rendue dans la salle des archives pour chercher les dits rouleaux de plans poussiéreux au fond de ce qui ressemblait plus à une remise qu’à des archives étatiques. Il allait sérieusement falloir qu’ils songent à engager un stagiaire pour numériser tout ça. Ses précieux rouleaux sous le bras, Aspen avait fait claqué ses talons à travers les rayons, cherchant du regard quelques uns des nombreux romans et essais qu’elle avait pu lire pendant ses jeunes années. Oui, la Wolstenholme lisait, et pas qu’un peu, détail contrastant avec le cliché de la it girl superficielle qui lui collait à la peau depuis des années. Elle avait ôté un livre de l’étagère pour en lire la quatrième de couverture, quand une voix lui fit lever la tête. A travers le trou qu’elle venait de faire dans l’étagère, elle distinguait un profil familier, qui confirmait bien ce qu’elle avait entendu : Noeh Callahan était assis là, à quelques mètres de lui, en grande conversation avec une jeune femme qu’elle ne connaissait pas. Elle Fronça les sourcils, surprise de voir Noeh …. Hors de chez lui en fait. Avec de la compagnie en plus de ça. Le jeune homme semblait mal à l’aise, mais il y avait quelque chose de plus, une familiarité entre lui et l’inconnue qu’elle ne saisissait pas. Il n’était pas le Noeh bourru et agressif qu’elle avait eu l’occasion de voir ces derniers temps. D’ailleurs, il laissa « Pietra » lui prendre sa boule de rééducation des mains, sans même résister : où étaient les grognements, les sarcasmes, les vociférations ? C’était étrange, à tendance bizarre, et l’instinct d’Aspen lui hurlait de se barrer de là avant de voir ce qu’elle n’était pas prête à supporter. Son cœur lui, la faisait retenir son souffle derrière son étagère, alors que de là où elle était, elle pouvait capturer des bribes de leur conversation : pas assez pour être d’une précision sans faille, mais suffisamment pour comprendre ce dont il retournait. Il s’agissait d’Eux, de textos laissés comme lettre morte, de choses à faire et à ne pas faire, d’un fuis moi je te suis qui résonnait comme douloureusement familier aux oreilles d’Aspen. A quoi jouaient ils, ces deux là ? La brune semblait essayer de se rapprocher à chaque fois un peu plus d’un Noeh qui palissait puis rougissait comme un feu clignotant, jetant des coups d’œil nerveux autour de lui alors que dans un élan de courage, la jeune femme venait de se jeter à l’eau, posant sa bouche contre celle du grand brun.

Aspen plissa les yeux jusqu'à les fermer à moitié, alors que la brune reculait son visage de celui de Noeh. Il allait reculer, dire que non, il ne pouvait pas, vraiment, qu'il y avait quelqu'un d'autre, qu'il ne pouvait pas lui faire ça, à Elle. Alors que Noeh s'élançait contre les lèvres de Pietra, Aspen eut l'impression de sentir un kilo de plomb fondre dans ses entrailles. Ainsi donc, il y allait volontairement, salopard de Callahan. Il y mettait même de  l'entrain, cet enfoiré, alors que la Wolstenholme s'enfonçait les ongles dans les paumes jusqu'au sang pour ne pas hurler. Le connard, l'enfoiré, le traitre. Il n'avait pas le droit, il n'avait aucun droit de faire ça. Et pourtant il le faisait, fougueusement, et Aspen avait envie de vomir, témoin malgré elle et malheureuse d'une scène à laquelle elle ne se serait jamais imaginée assister, Naive Fleur de Lys face à un Phoebus et une Esméralda amourachés en plein milieu d'un lieu public. Vraiment, elle en avait la nausée, et elle savait à présent que ce n'était que le début ... Quand Noeh recula enfin, permettant à la Wol et à Pietra de reprendre leur souffle respectif, mais pas pour la même raison, Aspen sentit à nouveau son estomac se retourner, alors qu’il commence à jouer avec les cheveux de la brune au regard pétillant, lui murmurant une chose qu’elle ne comprend pas. La rousse sans les larmes lui monter aux yeux, sans savoir si elles sont faites de tristesse ou de rage : ce geste là, il l’avait fait des dizaines, des centaines de fois avec elle, et une ultime fois pas plus tard que quelques semaines auparavant, et maintenant, il rejouait le même couplet à une autre fille ? Et d’ailleurs, était il déjà avec cette dernière quand il était venu la voir, la dernière fois. Rien qu’à cette idée, Aspen avait envie de hurler, de renverser cette étagère sur le couple et de mettre le feu à la bibliothèque. Au lieu de ça elle ôta rageusement les larmes accrochés sur le haut de ses cils, et fit volte face après avoir vu un troisième et insupportable baiser. C’en était bien assez pour elle, le spectacle était fini, tout le monde dehors.

Dans un demi tour raide, Aspen s’éclipsa, les rouleaux sous le bras et le cœur au bord des lèvres. Ça faisait trop, trop d’informations d’un seul coup, qu’elle se sentait incapable de traiter d’un seul coup, et seule. Mais quoi faire, qui appeler ? Lorcan, qui lui donnerait surement du compatissant mais implacable « je te l’avais bien dit ? » ? Hors de question. Cali était à l’hopital, Marius aussi, sa complicité avec Sam était encore fragile. Elle n’allait pas embêter Priam, Sacha ou Els avec une histoire qu’ils ne connaissaient qu’à peine. Une fois sortie de l’atmosphère étouffante de la bibliothèque, la jeune femme s’adossa à un mur en extérieur, cherchant fébrilement son téléphone portable dans son sac : elle tremblait, et ce ne fut que lorsqu’elle porta le téléphone devant son visage qu’elle aperçut les larmes dans son reflet, et ses épaules qui tressaillaient pour retenir ses sanglots. Elle tapa le numéro d’Isobel, se mordant fort les lèvres pour retrouver son calme. Répondeur. Merde.

- Salut Isobel, c'est Aspen je ... Je voulais savoir si ça te disais une chasse ce soir. J'ai besoin de me changer les idées, de me rendre utile, de ... Je sais pas, m'occuper de quelqu'un de malfaisant et de dangereux... Je sais pas si t'as ça dans ton collimateur en ce moment, mais bon ... Voilà, ça me ferait du bien. Rappelle moi quand t'as le temps . Je t'embrasse.

Elle raccrocha dans un soupir, posant l’arrière de sa tête contre la brique de l’immeuble. Il fallait qu’elle retrouve son calme, maintenant… Mais elle avait l’impression de s’écrouler de l’interieur …
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