Sujet: someday soon, our worlds collide. (warning) Sam 14 Nov 2015 - 15:58
Le liquide transparent coule dans sa gorge. Il s'infiltre dans son organisme, encore, encore, encore. Il s'évade même de ses lèvres lorsqu'il y en a trop d'un coup, il empêche l'ancien pianiste de voir le monde bien droit dans ses bottes. C'est peut-être parce que tout s'écroule autour de lui. Ou bien parce qu'il a senti son cœur perdre sa moitié, de façon trop brusque, de façon trop rapide. A cause de quelques mots, de minuscules enchaînements de sons qui ont pourtant résonné aux oreilles du jumeau Callahan comme la pire des trahisons, la plus grande des frayeurs. Noeh revoit le visage de Sam. Il tourne et retourne dans ses pensées qui sont bloquées depuis qu'il est parti de chez elle. Seul la carcasse épuisée de l'étudiant marche dans les rues, boit aux bars, hurle des insultes aux passants qu'il croise, tandis que tout le reste déraille. La déchirure est permanente. Noeh la sent s'étirer au fil des minutes, toujours plus immense au cœur des heures. Il ère dans la ville à la recherche d'une épaule réconfortante, d'une aide qui lui garantira que le monde tourne encore et qu'il ne vient pas de s'arrêter ce soir. Est-ce qu'il peut trouver ça ? Le cadet Callahan n'en est plus certain. Il prend brièvement conscience qu'il se dirige vers l'extérieur de la ville, peut-être vers le manoir, mais surtout ailleurs. Plus loin, trop loin pour son corps qui commence à se fatiguer de tous ces efforts, qu'ils aient été faits ce soir ou auparavant, mais plus tellement. Noeh aperçoit l'habitacle qui s'élève, à quelques mètres. La dernière fois qu'il est venu là, il se souvient être reparti après une dispute trop forte, trop violente, et avec beaucoup trop de conséquences. Ses souvenirs lui remémorent les cris, le regard déçu sur sa personne, les remords aussi, puis la fierté. Cette connerie de fierté mal placée qui a eu raison du reste. Seulement, ce soir, au beau milieu de la nuit, Noeh se fiche du passé. Il s'acharne à atteindre ce petit appartement où sa mémoire s'éveille au rythme des bons comme des mauvais moments, sans qu'aucune idée de faire demi-tour ne vienne gâcher son élan. Une fois devant les marches qui mènent à l'entrée, le jumeau Callahan est obligé de faire une pause. Sa vision est trouble, les escaliers à ses pieds dansent sur une mélodie titubante, tandis que l'environnement autour donne l'impression d'être au beau milieu d'un océan déchaîné. Ça tangue chez Noeh, au niveau des émotions et de l'être tout entier, et il n'est plus sûr de pouvoir se maintenir à la surface bien longtemps seul. Dans un dernier effort, l'ancien pianiste réussit à se hisser jusqu'à la porte d'entrée. Il s'appuie sans relâche sur sa pauvre béquille. Heureusement que celle-ci est encore là, pour le guider dans toutes les foutues situations périlleuses dans lesquelles il se retrouve, sinon Noeh ne préfère même pas imaginer où il serait. Rejetant la tête en arrière, le cadet Callahan prend une grande bouffée d'air frais. « ASPEN ! » Sa main droite se met à trembler dans la poche de sa veste. Pourquoi est-ce qu'elle ne répond pas ? Où est-ce qu'elle est encore passée ? « ASPEN OUVRE ! » Il faut toujours qu'elle sorte, de toute façon, elle n'a jamais été capable de rester tranquille, elle doit toujours aller voir un tel ou un tel, et se préoccupe plus du reste que de lui. Ça a toujours été comme ça, parce qu'Aspen privilégie souvent les autres et les autres la privilégie elle. Et c'est normal, même Noeh l'a fait et le fait encore, parce que ce n'est pas n'importe qui : c'est Aspen. Ça s'explique aussi simplement que ça. La main droite de Noeh commence à venir s'écraser sur la porte devant lui, pile au moment où cette dernière s'ouvre enfin. Son geste s'évade dans le vide, revient s'échouer le long de son corps. Il lui donne un air las, un air encore plus dépité qu'il ne l'est déjà, mais il s'en préoccupe peu. Son regard émeraude, encore plus brillant que d'habitude à cause de l'alcool, dévisage les traits d'Aspen plus bas. Même quand elle a l'air énervée, elle est jolie. C'est pas humain. Si ? C'est humain d'être aussi belle alors vos yeux hurlent quelque chose de pire que la colère, qui se rapproche même de sa cousine la fureur ? Noeh en doute. Sa bouche sèche s'ouvre dans une lenteur exagérée par l'alcool. « J-je v-voulais juste m'a-assurer que toi t'es pas comme eux... Je t'interdis de devenir comme eux, j'te l'interdis, t'es la seule qui me reste et tu peux pas me faire ça. » Le jumeau Callahan donne l'impression qu'il va perdre l'équilibre. Et peut-être qu'il le perd un peu, mais il veut s'empêcher de s'écrouler sur Aspen de la sorte. Il a à peine conscience de la scène surréaliste qu'il donne à voir présentement, mais il comprend qu'il ne peut pas lui infliger trop de choses à la fois. Déjà qu'il débarque en plein milieu de la nuit pour afficher cette mine paumée et déblatérer des mots à la suite des uns des autres qui n'ont sans doute plus trop de sens, Noeh devine qu'il doit faire attention. De plus, ce n'est pas le sol qui frissonne comme ça, juste son cœur meurtri, pas vrai ? « Pardon mais- mais c'est Sam, e-elle... » Un sanglot le secoue. Un putain de sanglot le secoue et l'épaule gauche de Noeh vient s'écraser contre l'encadrement de la porte, avant que sa tête ne rejoigne le mouvement. Si seulement il pouvait s’assommer et ne plus se réveiller, pour que toute la peine, toute la douleur et toute la déception disparaissent toutes trois d'un coup, ce serait merveilleux. Malheureusement, l'ancien pianiste sent encore le monde tourner autour de lui, et entend que la nuit ne fait que commencer.
Dernière édition par Noeh Callahan le Mar 16 Fév 2016 - 23:15, édité 1 fois
Le liquide rosâtre coule au fond de sa gorge. Il s’infiltre dans son organisme encore et encore, et elle soupire de contentement. Elle remonte le plaid à carreaux sur ses épaules, et recale son pied sous son autre jambe en tailleur : ainsi installée dans son canapé, armée de sa petite cuillère et d’un bol de fraises à la chantilly, elle n’était là pour personne. Elle avait passé sa journée dans son cabinet à refaire encore et encore des plans pour un client insatiable, avant de partir à la nuit tombée en chasse. Pas de chance, elle était tombée sur Kingsley Moren, traquant la même proie qu’elle, et il lui avait fait rebrousser chemin. Découragée, elle s’était accordée une soirée de break : Rhaena était partie dieu savait où faire la fête avec Dieu savait qui, alors elle allait s’accorder une petite session de Love Actualy emmitouflée dans une couverture bien chaude en engloutissant une demi tonne de dessert. Elle avait pris un bain avant, s’était lavée les cheveux, avant d’enfiler un jean confortable et un simple tee shirt. Au diable le soutien gorge, elle ne croiserait personne ce soir a priori.
Elle s’était installée dans son cocon de laine duveteuse depuis une bonne demi heure et attaquait son deuxième bol de fraises à la chantilly quand on toqua à la porte. Enfin, toqua, cela ressemblait plus à quelqu’un qui s’écrase contre votre porte à répétition. Enfin, « on », elle ne mit pas bien longtemps à reconnaitre la voix roque et mal assurée d’une personne à qui elle n’avait pas parlé depuis des semaines. Peut être même des mois. Aspen se renfrogna : elle n’avait pas envie de le voir, qu’il aille se faire foutre. Elle était très bien avec Hugh Grant et Alan Rickman, et eux, ils la faisaient pleurer pour de bonnes raison. Alors elle ignora son premier appel, montant un peu plus le son de la télévision pour ne plus entendre sa voix insupportable. Elle tiendra cette fois ci, elle ne céderait pas.
Elle tint exactement 57 secondes, et se maudit pour ça.
Quand elle ouvrit la porte, c’était pire que ce qu’elle s’était imaginé : il était à moitié effondré contre l’encadrement de sa porte, et elle songea, mortifiée, que ses voisins pouvaient le voir à tout moment. Il avait les yeux rouges, l’air hagard, presque stupide, et l’odeur de son haleine lui fit plisser le nez dans une moue désapprobatrice : il puait l’alcool. Aspen détestait cette odeur, et ça la conforta dans son envie de lui refermer la porte au nez. Pourtant, elle ne le fit pas. Elle n’avait jamais claqué la porte au nez de Noeh , elle lui avait claqué bien des choses, mais pas la porte. Pas que l’envie lui manquait pourtant. Elle n’eut même pas le temps de lui demander ce qu’il venait foutre chez elle à cette heure ci qu’il se mit à bafouiller quelque chose d’incompréhensible. Comment ça comme eux ? qui ça eux ? Et en quoi elle était la seule qu’il lui restait ? Ils n’étaient même pas … Elle n’acheva pas sa pensée, avançant d’un pas vers un Noeh tanguant comme un bateau ivre. Elle était comme ça Aspen, elle avait son sale caractère pour elle, son air rogue et revêche parfois, mais elle avait du mal à rester de glace devant le spectacle du désespoir du jeune homme. Elle glissa son épaule sous le bras de Noeh et le fit avancer jusqu’à l’intérieur, refermant la porte d’un coup de pied avant de le caler contre cette dernière, croisant les bras, soucieuse. Enfin elle ouvrit la bouche, non sans passer sa langue sur ses dents pour y ôter un éventuel bout de fraise d’abord :
- Quoi Sam, Qu’est ce qu’elle a ? Elle est blessée ? Elle s’est retrouvée en face de l’un de ses tarées d’uprising ? Réponds moi un peu Noeh au lieu de chougner comme un gosse !
Non mais parce qu’il n’espérait pas en plus qu’elle le prendrait dans ses bras pour le réconforter comme elle l’avait fait des tas de fois ? Non, pas celle-ci. Il avait fait le mort, littéralement, depuis des semaines, et voilà qu’il venait jusqu’à chez elle un samedi soir, il beuglait dans son hall, déblatérait des phrases sans queue ni tête et maintenant quoi ? Alors la jeune femme resta fermement plantée devant lui, lui jetant des regards noirs. A la rigueur, si Salomé avait un souci, alors elle réagirait peut être, mais pour l’instant, elle ne voyait qu’un Noeh pathétique et alcoolisé, et ça , ça l’insupportait, vraiment.
- Je te préviens, si tu as l’audace de vomir sur mon lino, je te le fais lécher jusqu’à ce que ça brille. Qu’est ce qu’elle a, Sam ?
Noeh Callahan
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Ven 20 Nov 2015 - 17:28
Noeh peut rester là. Il veut bien rester des heures, juste en sachant qu'elle est à l'intérieur. Il est sûr que, rien que ça, ça l'aiderait. Ça lui donnerait du baume au cœur, ça le réconforterait un peu. Il sait qu'il aurait moins mal ou que l'impression d'être dans une autre dimension, après ce qu'il vient d'entendre de la bouche de Sam, cesserait de le tourmenter. Aspen a ce pouvoir. Elle a cette présence qui peut l'épauler même quand elle n'est pas présente physiquement. Et l'ancien pianiste en a besoin, de cette proximité, immense ou non, pour surmonter ce nouveau coup dur. C'est pour ça qu'il est venu ici, devant chez elle, alors qu'il est presque minuit, ou peut-être même un peu plus. L'idée de rentrer chez lui a traversé son esprit, alors que son pas lourd foulait le chemin jusqu'à l'appartement de son ex-petite-amie, mais l'étudiant l'a repoussée en bloc au bout de la première tentative d'envahir son esprit. Il n'avait pas envie de retourner dans ce manoir, au cœur de cet endroit où lui et Sam ont vécu ensemble durant tout ce temps, parce que rien que l'idée lui colle des frissons. Lorsque le bras de la jeune femme vient se caller sous ses épaules, l'étudiant se laisse faire, tel un pantin inanimé. Il s'appuie sans toute sa conviction habituelle sur sa béquille, avant que son dos ne rencontre la porte contre laquelle Aspen le laisse s'échouer. Son regard meurtri plonge dans le sien, plus loin. Elle lui en veut. Même complètement à côté de la plaque, il le perçoit. Elle a ce petit air supérieur, celui capable de déstabiliser un régiment, mais qui l'a toujours atteint lui de la même façon : à peine. L'étudiant comprend bien qu'elle est toujours furieuse contre lui, ce qu'il a fait, tout ce qu'il continue à faire, mais il ne peut pas s'empêcher de toujours revenir vers elle. Noeh ne peut pas vraiment la laisser derrière, faire croire aux autres qu'il la considère comme son passé. Le cadet Callahan a toujours eu une façon particulière de s'attacher aux gens : aussi emmerdante et déstabilisante au début, que démesurée et permanente par la suite. Il a beau laisser entendre que leur histoire n'est plus rien pour lui, principalement à elle vu qu'ils n'en ont jamais parlé à personne (enfin, sans compter l'annonce à leurs jumeaux respectifs lors de la fête des fondateurs), il y reste accroché. C'est plus fort que lui, incompréhensible depuis toujours, mais tellement au-dessus de sa volonté que Noeh a abandonné depuis longtemps l'idée de contrer cette façon d'être et de penser si singulière qui le caractérise. Alors, pour oublier ce regard qu'elle dépose sur lui, impérial, et pour contrer toutes les questions qu'elle lui pose, l'étudiant se met à secouer la tête. « Non, mais non, non, n-non... », qu'il répond sans attendre, dans l'espoir que les interrogations cesseront à l'entente de son ton agacé. Pourquoi est-ce qu'elle ne lit pas dans les pensées, elle ? Ce serait tellement plus simple ! Cette blague pour lui-même n'arrache même pas un sourire à Noeh. Ça le repousse encore plus dans ses retranchements, dans cette situation toujours plus difficile à comprendre et qui ne cesse de se refermer sur lui. La menace de la rousse parvient pourtant à le faire rire quelques secondes. « J'm'en fous. » Son regard dérive enfin sur le lino dont parle Aspen. Elle veut qu'il protège ce truc ? Sérieusement ? Noeh n'est pas là pour lui donner des conseils déco, loin de là, mais il est certain que la jeune femme a besoin de lunettes. La prise de conscience de ses goûts pourris en matière de décoration, ou bien de choix d'habitacle si elle n'est que locataire, fera sans doute très mal. Arquant un sourcil, ses prunelles amusées, brillantes à cause d'une dose d'alcool ingurgitée bien trop importante, font plusieurs fois le chemin entre elle et son pauvre sol insignifiant. « T-ton lino est dé-déjà assez dégueulasse, pas-pas besoin que je l'améliore... », qu'il balance finalement, tel un adolescent en mal de ne pas avoir été insolent depuis trop de temps. En ce qui concerne Noeh, ça lui fait tellement de bien de se retrouver face à Aspen et de lui lancer la première chose stupide qui lui passe par l'esprit, que son cœur pleure un peu moins. Le sentiment d'oublier un peu ce qui vient de se passer le gagne durant plusieurs secondes, le temps pour lui d'offrir un sourire un peu moins ravagé par la détresse à la maîtresse des lieux. Avant que Sam ne reviennent sur le tapis. Sa sœur, sa jumelle, sa moitié. Celle qui est née en même temps que lui et qui pourra bien après, il l'espère de tout son cœur. Mais là, tout de suite, Noeh croise aussi les doigts pour avoir rêvé tout ce qui s'est passé. Il n'a plus envie d'en parler, il a juste besoin de s'assurer qu'Aspen est bien là, devant lui, mais qu'elle n'est pas comme Sam... « Elle ressemble pl-plus à la Sam que je connais... », qu'il souffle doucement, tandis que son regard se perd sur les meubles de la jeune femme. C'est plus facile de résumer les choses ainsi, moi risqué. Une petite voix hurle à Noeh de ne pas trop en dire à Aspen, que ses capacités ont toujours été plus probantes que les siennes en ce qui concerne les... mutants, et qu'il doit faire attention, même s'il ressent le besoin de sortir tout ça de son crâne... « J-je crois que je l'ai perdue. » Son regard se replonge dans celui d'Aspen. Il a envie de se rapprocher d'elle, de sentir ses bras autour de son cou, mais il se rappelle qu'il est trop tôt. Et qu'il n'est pas le meilleur prétendant à ce genre de traitement de faveur. Mais peut-être que quand la jumelle Wostenholme aura compris qu'il a vraiment besoin d'elle, elle acceptera qu'il gâche pour de bon sa soirée. En attendant, Noeh est toujours aussi paumé. « Je sais pas si c'est d-de ma faute... »
Spoiler:
Je me rattrape au prochain
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Ven 20 Nov 2015 - 20:14
Midnight reunion
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Noeh puait l’alcool, et elle détestait ça. En général, Aspen n’avait aucune tolérance pour les personnes ivres : pour elle l’alcool était l’échappatoire de ceux qui fuyaient leur problème plutôt que de les affronter. L’alcool rendait les gens faussement courageux, mais réellement patauds, lourdingues et stupides. Or niveau stupidité et lourdeur, Noeh sortait déjà du lot en était totalement sobre, alors avec quelques grammes dans le sang, il devenait redoutable, et Aspen en avait déjà fait les frais la dernière fois. Aussi, elle ne comptait pas se laisser faire cette fois-ci. Il avait beau être terriblement touchant et attendrissant avec son air d’oisillon tombé du nid, elle n’était plus aussi dupe qu’avant : quand Noeh se déciderait à être un parfait connard, il se ressaisirait aussitôt. Elle captura son regard dans le sien alors qu’il la fixait avec un air bizarre, comme si il s’attendait à ce que .. Quoi ? Qu’elle devine toute seule ? Elle était pas magicienne, alors si il verbalisait pas, elle allait le laisser décuver dans les toilettes et retournerait à ses fraises chantilly. Elle leva un peu plus le menton, les bras toujours croisés, alors qu’enfin il se décidait à lui répondre, afin à marmonner quelque chose qui ressemblait à une réponse, elle n’en était pas tout à fait sure. A priori, il semblait dire que Salomé allait bien, ce qui était un soulagement pour la chasseuse au cœur tendre : déjà parce qu’elle ne serait pas obligée de se rhabiller pour aller sortir la grande brune de l’embarras, et ensuite parce qu’elle était surement en train de vivre tranquillement sa vie alors que son jumeau foutait en l’air la sienne, ça ressemblait bien à la dynamique des Callahan.
Elle roula les yeux au ciel quand le biturin boiteux se mit à marmotter sur la qualité de son sol. Critiquer son lino quand on est fagoter comme ça, vraiment ? Elle avait loué son appartement tel quel, elle n’avait pas eu le choix, alors que lui avait acheté ses fringues tout seul comme un grand, non ? A moins que ce soit maman qui lui ait acheté parce que monsieur était trop terrorisé pour mettre le nez dehors, ça expliquerait la veste des gouts les plus … Désuets. Elle applaudit lentement des deux mains, ponctuant chaque « clap » sonore d’une moue méprisante :
- Ouh, bravo, quelle répartie exceptionnelle, s’attaquer au sol, c’est vrai que c’est dur pour toi d’élever le niveau plus haut que le plancher n’est ce pas ? Si t’es venu juste pour m’emmerder, fais moi le plaisir de trouver une rousse lambda dans la rue et de la confondre avec moi, pitié.
Le ton était acide, mais détonnait étrangement avec le regard moins dur que l’on pouvait l’envisager de la jeune femme. Pourtant les gros yeux, elle savait faire, mais avec Noeh, elle avait toujours eu un peu de mal, malgré tout l’agacement qu’il lui inspirait. Elle s’apprêtait à lui indiquer le chemin des toilettes – ou mieux, de la sortie- quand il reprit à voix basse, soudain bien moins bravache qu’auparavant. Son regard se fit vague, se perdit derrière elle comme si elle n’existait plus, le temps d’un moment. Elle claqua des doigts devant l’air perdu du pochtron, le faisait relever les yeux vers elle alors qu’il continuait de marmonner, et Aspen avait plus l’impression qu’il se parlait à lui-même qu’autre chose. Mais le regard humide du garçon dans le sien ne pouvait que la toucher, faisant écho douloureusement à ses propres souvenirs : Sallie, elle l’avait perdu elle-même il y a quelques mois, sans trop savoir pourquoi. La Callahan faisait le ménage autour d’elle, mais pourquoi ? Elle avait commencé par elle, maintenant son frère ? Avait elle quelqu’un dans sa vie, quelqu’un qui prenait toute la place maintenant ? Elle n’en savait rien, alors elle ne pouvait pas répondre grand-chose pour rassurer Noeh. Elle se contenta d’hausser les épaules, son air pincé si caractéristique plaqué sur les lèvres :
- Je suis pas dans sa tête hein, je sais même pas si elle a encore mon numéro de téléphone. A priori ça fait 25 ans qu’elle supporte tes conneries, j’vois pas pourquoi elle aurait décidé d’en avoir marre maintenant d’un seul coup. Elle a un mec ? Tu l’as insulté ? non parce qu’apparemment ça m’a l’air d’être devenu une habitude chez toi d’insulter les gens qui tiennent à toi, alors c’est une option …
Elle avait la désagréable impression que le Callahan ne lui racontait pas la totalité de l’histoire : Noeh et Salomé étaient comme elle et Lorcan, inséparables, soudés l’un à l’autre. Enfin … Comme Lorcan et elle, avant. Vivaient ils le même drame qu’eux ? Non, impossible, les enfants Callahan venaient d’une lignée de chasseurs anciennes, il n’y avait pas de dégénérés dans leur pédigrée, et donc les chances qu’un d’entre eux soit l’un des leurs était infime, contrairement à Lorcan qui était frappé du même mal que leur mère. Elle secoua la tête, et quelques mèches s’échappèrent de son chignon rapide. Elle n’allait pas faire le pied de grue dans le couloir, et il n’avait pas l’air bien chaud pour déguerpir. Love Actually semblait clairement compromis :
- Bon … tu vas réussir à te trainer jusqu’à la cuisine ou faut que je te porte sur mon dos en plus ? T’as besoin d’un verre d’eau froide pour te rincer la bouche, tu empestes et c’est infect.
Noeh Callahan
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Dim 22 Nov 2015 - 19:49
Au fond de lui, le jumeau Callahan sait qu'il s'y prend mal. Dans son cas, même si la blague est douteuse, on peut même dire qu'il s'y prend comme un pied. Il semble détenir les ficelles de la connerie comme jamais, alors qu'il se sent comme dans un monde parallèle à cause de cette dose d'alcool bien trop importante ingurgitée avant de débarquer ici. Il prouve une nouvelle fois qu'il est le roi des relations détruites et des plans foireux. Et il affiche devant Aspen ce don sans doute inné qu'il a pour mettre à mal la déjà minuscule estime qu'on peut avoir de lui en temps normal depuis son réveil. Noeh est le dernier de la famille Callahan, peut-être que c'est pour cette raison qu'il ne semble être doué que pour ruiner ses relations avec les autres. Même accompagné d'une béquille, claudiquant physiquement et mentalement, il ne peut laisser tomber les barrières. Il devrait, pourtant. Ou du moins juste essayer de le faire, mais il a trop peur. Il flippe de tout ce qui pourrait se passer si, vraiment, il laissait ces deux épaules déjà basses s’affaisser pour de bon, et que tout ce qui oppresse son cœur ce soir venait à sortir pour apaiser un peu ses tourments. La remarque d'Aspen le tire de ses pensées, alors qu'il vient à peine de critiquer son pauvre sol. Noeh a presque dans l'idée de lui faire une petite révérence, mais il se retient : il soupçonne que si basculement quelconque vers l'avant il y a, ce qu'il a dans l'estomac ne se gênera plus pour sortir. Et c'est la finalité à laquelle aucune d'eux ne veut assister. Inutile aussi qu'il réagisse sur le « trouver une rousse lambda dans la rue et la confondre avec elle » : d'un, la réflexion est stupide, de deux, il ne peut pas faire ça, de trois, il n'en a pas envie. Sans doute aussi parce que ce qu'elle sous-entend en balançant des conneries pareilles n'est pas entièrement compris pas Noeh, mais qu'importe, il a saisi l'essentiel à la volée et ça ne lui plaît pas. Comment peut-elle croire qu'il peut vouloir la confondre avec une autre ? Elle est unique, Aspen. Dans sa connerie aussi grande que la sienne, dans son caractère aussi détonant que celui qu'il peut avoir parfois ou dans toutes ces petites choses à part qui font d'elle ce qu'elle est aux yeux de Noeh. Aucune fille ne peut prétendre lui ressembler, impossible. Alors, en guise de réponse, seul un sourire mesquin gagne les traits de l'ancien pianiste, ce qui lui permet de ne pas exprimer un « merci » à voix haute, et de poursuivre sur sa première lancée : montrer que, malgré l'alcool et sa mine pitoyable, le petit con qu'il est n'est pas bien loin. Et que sa proposition pour le mettre à la porte, il n'est pas décidé à l'accepter. Cette minuscule parenthèse est bien vite rattrapée par le souvenir désagréable de sa jumelle. Le regard de Noeh se ternit un peu, encore plus lorsqu'Aspen ose lui rappeler que Sam supporte sa présence depuis 25 ans et qu'elle doit en avoir marre, mais il l'écoute. Oui, il enregistre comme il le peut chacun des mots, toutes les remarques et les reproches qui se cachent derrière, et tente pour une fois d'en tirer des leçons : le truc, c'est qu'avec l'alcool, le mélange donne un résultat plus que raté à ce premier essai sur le chemin de la rédemption. De toute façon, Noeh choisit toujours d'esquisser ce genre de coup de poker dans les moments les plus inadaptés. Il se met à secouer la tête de droite à gauche, refusant d'entendre les questions de la jeune femme non loin plus longtemps. « Un-un mec ? » Comment est-ce qu'elle peut lui parler de ça maintenant ? Elle comprend pas qu'il en a rien à faire Noeh que Sam puisse avoir un copain ? Bon, peut-être pas vraiment, parce que rien que l'idée qu'un autre que lui puisse prétendre l'aimer et lui apporter tout l'amour qu'elle mérite le répugne. Alors il peut ne pas s'en moquer totalement. Juste un peu. Ce soir par exemple. Le reste du temps, ça ne traverse même pas l'esprit de Noeh parce qu'il ne veut pas y songer. Il ne veut pas se dire que Sam peut être amenée à partir loin de lui à cause d'un mec qui lui promettra monts et merveilles parce que personne n'a droit de faire ça. Personne. Et, si ça arrive un jour, il se promet à l'avance qu'il fera vivre un enfer à ce crétin ; qu'il ait fait du mal à Sam ou non. Il n'y a qu'avec sa sœur que le cadet Callahan démontre une certaine jalousie, et il n'en a aucunement honte. Toutefois, plus l'étudiant se dit ça là, tout de suite, plus il se dit que ce rôle protecteur, il ne pourra plus jamais l'avoir après ce que Sam lui a dit plus tôt. « Tu crois que je suis fait pour écouter ma sœur parler de ses peines de cœur ? Je m'appelle pas Lorcan. » Son ancien meilleur ami n'est pas là, il peut bien se permettre de glisser un petit mot à son attention. Dans tous les cas, même si Lorcan venait à débarquer soudainement de la pièce suivante, Noeh ne retirerait pas ses paroles. C'est vrai, et c'est drôle, pourquoi s'en priver ? Un nouveau sourire amusé par sa propre bêtise glisse sur les lèvres de Noeh, alors que son dos se décide enfin à se décoller de la porte d'entrée contre laquelle il est appuyé. A mi-chemin entre cette dernière et Aspen, il fait mine d'hausser les épaules. « Trop habitué à l'odeur, je sens rien, j'peux pas te dire. » Un dernier pas aidé de sa béquille et il se retrouve à présent à côté d'elle. « Et tu tiendrais pas deux secondes debout si tu devais me porter, promets pas des choses que tu ne peux pas faire. » Est-ce que Noeh sous-entend qu'il n'y a pas que ce soir qu'elle a promis sans rien faire ensuite ? Possible. Cependant, il ne s'attarde pas, ne cherche pas à justifier, détourne ce regard provocateur qu'il vient d'ancrer dans le sien, et la dépasse de son pas bien moins claudiquant qu'avant, mais toujours un peu traînant. Les séances de rééducation commencent à payer, mais il n'a personne à part lui-même à qui le faire remarquer. Ses prunelles émeraudes s'attardent sur des petits détails aux murs, des photos, des objets, des meubles. Il prend son temps tout en poursuivant. « Je peux me traîner, mais va falloir me guider ! », qu'il s'exclame soudain, en levant sa main droite en l'air. Il sent une vague d'enthousiasme le submerger. C'est vrai qu'il n'est jamais venu ici ! Autant en profiter. « Si tu m'avais invité avant, t'aurais pu retourner à ton film (il n'est ni idiot, ni Alzheimer, il sait qu'elle adore en regarder, et si elle est toute seule ce soir, c'est sans doute ce qu'elle a fait) et me laisser seul... », que Noeh termine sur un petit ton plus calme, qui continue dans la provocation tout en faisant mine qu'il en est tout autre chose. « Mais tu l'as pas fait, alors... », qu'il reprend, alors qu'il arrive au niveau d'une première porte. « Gauche ? Droite ? Tout droit ? » L'ancien pianiste s'empresse de demander son chemin avant qu'Aspen puisse répondre, quitte à lui couper la parole pour ce faire.
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Mar 24 Nov 2015 - 9:26
Disguting drunk snail
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Des fois, elle se demandait comme elle avait pu sortir aussi longtemps avec un crétin pareil, lui consacrer autant de temps, d’attention et d’énergie, au détriment de garçons beaucoup, beaucoup plus simples à vivre avec lui. Vous lui direz, le Noeh d’il y a 5 ou 6 ans n’était pas celui qui se tenait plus ou moins droit face à elle actuellement. Son Noeh avait toujours été sarcastique, voire caustique, mais c’était avant tout un artistique plein de charme, et d’attention pour lui et pour eux. Il avait beau faire le type détaché, à l’époque, il était capable d’attentions fabuleuses quand ils n’étaient que tous les deux, comme cette fois où ils avaient fait le mur uniquement pour pouvoir jouer de la musique ensemble pendant toute l’après midi, le pianiste prodige et la violoniste perfectionniste, jusqu’à ce que cette dernière, n’y tenant plus, l’attire jusqu’à la chambre pour s’accorder sur une toute autre musique … Sauf que voilà, ce Noeh là, cela faisait un bail qu’elle ne l’avait pas ne serait ce qu’entraperçu. Depuis son accident en fait, ou plutôt son agression par un taré de mutant. Elle ne savait pas si Noeh savait qu’elle était au courant pour le dégénéré, mais elle était à présent suffisamment intégrée à la communauté des chasseurs pour avoir eu accès à ce genre d’informations. Elle avait essayé plusieurs fois d’aller le voir à l’hopital, bien qu’ils ne fussent plus ensemble, en amie. Au mieux, il y avait eu ce silence pesant et gênant, ou ni l’un ni l’autre ne se décidait à entamer la conversation, alors qu’elle était assise à coté du lit d’hopital, les mains agrippées à ses genoux, les lèvres serrées. Au pire, il y avait eu les mots blessants, les noms d’oiseaux, Noeh qui refusait de la regarder dans les yeux et qui lui répétait qu’il ne voulait plus qu’elle vienne, qu’elle perdait son temps. Sauf qu’elle s’était entêtée la rouquine, s’il voulait jouer au plus obtus, elle allait lui une adversaire à sa hauteur. Et puis il y avait eu la fête des fondateurs. Le clash. La rupture. Depuis quelque chose s’était définitivement cassé entre eux, et elle avait refusé de le revoir. Fallait dire qu’il n’avait pas franchement insisté pour la recontacter non plus depuis, et elle s’était presque faite une raison.
Et maintenant il était là avec sa gueule de con totalement gris, à la fixer avec son air condescendant en bavant encore une saloperie sur Lorcan. Sauf que si elle avait pu être tolérante un jour, et encore, sur ce genre de réflexions, aujourd’hui la moindre mention de son jumeau était devenue totalement tabou pour la jeune femme. Preuve en était, le visage déjà renfrogné de la jeune femme se ferma encore un peu plus, masque de cire sur ses traits fins et délicats.
- … Je n’aurais pas du t’ouvrir.
Rien de plus, il ne méritait pas qu’elle gaspille une seule goutte de salive supplémentaire pour lui. Et voilà qu’il retrouve sa langue, finalement c’était peut être plus reposant quand il se contentait de balbutier. Elle le précéda pour le guider jusqu’à la cuisine, les mâchoires serrées. Qu’il parle va, qu’il continue avec ses réflexions déplacées et totalement hors de sujet : en quel honneur l’aurait elle invité ici, alors qu’il avait refusé mordicus qu’elle vienne le voir en rééducation, qu’il ne répondait pas à ses messages depuis des mois. C’était l’hôpital qui se foutait de la charité, et le milieu hospitalier, il le connaissait bien Noeh. Aspen savait qu’il n’attendait que ça, qu’elle réagisse, qu’elle riposte en montrant les crocs, qu’elle se justifie de son silence radio. Qu’il aille au diable, elle ne lui donnerait pas cette satisfaction. Elle ne lui décrocherait plus un mot. Pas avant qu’il ait perdu ses grands airs de Napoléon claudiquant en terrain conquis. Non mais. Et puis il était bien placé pour parler de Lorcan qui écoutait les malheurs de sa sœur, quand lui-même venait l’emmerdait en fin de soirée, un week end, pour lui parler de la sienne ! Enfin parler, elle aurait du dire ânonner en laissant une trainée de morve derrière lui comme un escargot imbriaque. Bref. En lui passant devant, elle remarqua que son pas hésitant tenait plus de son alcoolisation que de la faiblesse de ses membres inférieurs. Elle aurait surement salué ses progrès si elle était de meilleures humeurs, mais pour ce soir, il pouvait s’asseoir sur sa canne. En visant bien, de préférence.
Arrivée dans la cuisine, elle se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre le placard contenant les verres, et le remplit d’eau fraiche avant de le poser sans délicatesse et sans un mot sur la table. Ses lèvres pulpeuses étaient figées dans leur moue pincée, alors que son regard le frappait comme un ordre : « assis ». Ou peut-être « bois ». Probablement un peu de « barre toi » aussi, mais rien ne passait le seuil de sa bouche, le tout restant coincé dans sa gorge jusqu’à nouvel ordre. Elle savait que l’ignorance et le silence faisait partie des choses qui insupportaient le plus Noeh, puisqu’il les avait subi pendant des années de la part de la majorité des membres de sa famille. Elle s’installa sur la chaise en face de lui, suffisamment éloignée cependant pour ne pas être à portée de main, et s’enfonça contre le dossier, les bras croisés, le regard perçant. Elle aurait pu tomber les armes assez facilement, s’il s’était montré un peu plus malin, peut-être un peu plus doux et gentil aussi, mais ces concepts semblaient lui être totalement étrangers à présent. Alors elle attendait, les lèvres scellées, le regard froid, qu’il vide son verre d’eau et qu’il se lasse. Surtout qu’il se lasse, en fait.
Noeh Callahan
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Jeu 26 Nov 2015 - 17:50
Un sourire amusé aux lèvres, qui lui donne un air de crétin mal-fini, Noeh entend les petits pas d'Aspen derrière lui, avant qu'elle ne lui passe devant sans lui adresser un mot. D'abord frustré qu'elle ne daigne même pas lui répondre, ses pensées s'évadent un instant sur la vue qui s'offre à lui, avant qu'elle ne s'évade dans sa cuisine. L'ancien pianiste sent que dans le sillage de la rousse l'amertume s'est faite une place de choix, mais il ne dit rien et poursuit son chemin. Lorsqu'il arrive au niveau la porte, le bruit du verre d'eau claquant contre la petite table au centre de la pièce annonce la suite. Dans l'esprit de l'étudiant, un seul mot : 'oups'. Il est peut-être allé trop loin... Mais cette simple petite pensée lui fait hausser les épaules dans un nouveau sourire malin. Aspen a déjà supporté bien pire alors il n'a pas encore à s'en faire. Croisant le regard de la jeune femme, Noeh obtempère à l'ordre silencieux qu'il y perçoit. Il recule la chaise d'un geste habile de sa béquille, prend place et tend sa main gauche, libre de toute aide à la marche, en direction du verre d'eau qui trône dans son champ de vision. L'élevant dans les airs, il fait mine de trinquer avant de le pencher en direction d'Aspen. « Merci », qu'il souffle d'une voix rauque, avant de le porter à ses lèvres, d'avaler le tout bien vite. Une fois fini, il manque l'échapper de sa main tremblante et le repose sans attendre sur la table pour ne pas que ça arrive. Noeh n'a aucune idée de comment pourrait réagir son ex-petite-amie s'il venait à briser ce pauvre verre. Vu son regard sur sa personne, ce petit nez renfrogné et ces lèvres pincées, ce serait moche. Très moche. Enfin, Noeh laisse son dos reposer contre le dossier de la chaise et attend. Il attend les reproches, les insultes et des remarques qui se veulent toutes plus blessantes les unes que les autres. Il patiente pour une revanche qu'il suppose à la hauteur, comme toujours, de cette entrée misérable qu'il a faite ce soir dans le quotidien de la rousse. Il espère, s'attarde sur des détails de son visage qu'il apprécie retrouver, et finit par s'impatienter. Rien. Aspen ne dit rien. Elle le fixe de son air farouche mais ne prononce aucun mot vif, corrosif, rien qui pourrait le pousser à réagir et à le sortir encore un peu plus de cet état pitoyable dans lequel il s'est mis. Et Noeh comprend. Il saisit qu'elle s'est mise en tête de ne plus lui adresser le moindre mot. Du coup, son sourire narquois disparaît pour laisser place à un visage plus sombre, mêlé aux traits de l'enfant capricieux qu'il ne peut s'empêcher d'incarner à cet instant précis. La jeune femme le pousse à se comporter de la sorte, car elle bouscule tous ses plans. Elle fout tout en l'air avec ses grands airs et ça le fait chier. « Putain fais pas ça, Aspen... », qu'il s'agace, en se passant sa main gauche sur ses traits pour rompre le contact visuel. Naïvement, il se dit qu'elle aura changé d'avis une fois que sa vue sera redevenue stable. C'est comme ça que les choses marchent, non ? Il va sortir sa main et elle lui fera son plus beau sourire. Dans cette optique enchanteresse, Noeh se jette à l'eau. Il ose de nouveau confronter le mur vivant qui s'est érigé de l'autre côté de cette table... et qui ne s'est pas effondré. « Arrête », qu'il souffle, frustré, avant de laisser échapper un nouveau juron à la vue d'une Aspen qui ne bronche pas. Il n'y a rien à dire, elle sait y faire. Sauf que Noeh, quand il veut quelque chose, qu'on ne lui donne pas, et qu'il est dans un tel état, dans un tel moment de sa vie qu'il n'envisageait en aucun cas de vivre un jour, il ne trouve qu'une solution pour essayer de parvenir à ses fins : provoquer. Encore et toujours. Du coup, il opère un mouvement brusque en avant, pour pouvoir poser un bras sur la table et pour sentir un peu plus ce délicat parfum vanille qui émane d'elle, et dont il ne peut nier l'effet dévastateur qu'il peut avoir sur lui. « Je te trouble à ce point que t'en donnes ta langue au chat, mon ange ? », qu'il questionne, d'un ton trop suave pour être crédible, mais qui manque arracher un frisson à son propre cœur. D'où se permet-il de la surnommer ainsi, après tout ce temps passé loin d'elle ? Il ne sait pas. C'est naturel, ça vient comme ça. Et il sait qu'il franchit peut-être une limite qu'elle n'appréciera guère. Du coup, Noeh continue, préférant une réponse explosive de sa part plutôt que pas de réponse du tout. « Le temps va être long si on s'adresse pas un mot... », qu'il soupçonne d'un ton guilleret, assuré, tout en se reculant à nouveau sur le dossier de sa chaise. Pas le moment de se prendre une claque, Noeh a déjà assez donné avec la nouvelle de Sam, il a besoin de penser à autre chose. Son regard tacheté d'émeraude coule sur le visage d'Aspen, avant de dériver plus bas, vers sa poitrine, son ventre, puis ses jambes qu'il ne peut apercevoir à cause de la table mais qu'il peut imaginer sans problème. Il sait parfaitement qu'elle est en train de le regarder, qu'elle ne manque pas une seconde de ce qu'il est en train de faire, et que si elle pouvait, elle repousserait ce qui se trouve entre eux pour venir jusqu'à lui. Non pas pour l'embrasser ou l'encourager, ça non, mais sans aucun doute pour lui arracher l'un après l'autre ses adorables globes oculaires qui se veulent vicieux pour la bonne cause. « Je sais pas pourquoi, je sens que si j'énumère toutes les idées qui me passe par la tête pour le combler, tu ne vas pas apprécier... », qu'il annonce, tout en rebroussant chemin de son regard, jusqu'à croiser celui d'Aspen, toujours ce petit air satisfait coincé sur le visage. Noeh a besoin de penser à autre chose, à n'importe quoi, à tout, sauf à Sam. Et il sait qu'Aspen a toujours été sa plus belle distraction. C'est plus fort que lui, ça crève les yeux quand on y réfléchit bien, et l'ancien pianiste n'a pas envie de lutter contre cette addiction vitale ce soir, il en a besoin. Même s'il se fait envoyer bouler, même s'il est confronté au pire des murs de prison, il préfère cette confrontation qui lui réchauffe étrangement le cœur plutôt que celle qui a brisé quelque chose en lui il y a à peine quelques heures. Balançant la tête en arrière, Noeh savoure ses dernières secondes de tranquillité avant de poser une dernière question, cette fois-ci en prenant soin de rompre tout contact avec la jeune femme pour observer la charmante cuisine qui les entoure. « Est-ce que si je dis ressentir une légère... tension, dans cette pièce, je me trompe ? »
La jeune femme ne savait dire ce qui la satisfaisait le plus : se sentir capable de résister aux tentatives pitoyables de Noeh sans lui éclater le nez d’un coup de front, ou de voir les traits de ce dernier s’assombrir à mesure qu’elle s’enfermait dans un mutisme punitif. Noeh ne supportait pas le silence, parfois, et Aspen comprenait aisément pourquoi : dans l’absence de bruit, la seule chose que l’on entendait, c’était les pensées qui tournaient et se retournaient dans son propre crâne, et elle savait plus que quiconque à quel point les pensées de Noeh pouvaient être dérangeantes, même pour lui, depuis son accident. Même avant, d’ailleurs, mais il gérait ça un peu mieux, autrefois. Aussi, elle se délecta sans rien faire paraitre du malaise qui s’installait entre eux, des ombres qui passaient sur le visage de son ancien amant, et du se retenir de sourire quand il se mit à jurer : faire jurer Noeh, ça avait été son petit jeu préféré pendant tellement de temps … Et c’était facile en plus, avec ses comportements d’enfant gâté, elle n’avait qu’à lui refuser quelque chose de manière totalement arbitraire pour qu’il prenne un air de puceau effarouché. Alors non, ooooh non elle n’arrêterait pas, ni de se taire, ni de le fixer. Il pouvait lui faire toutes les mimiques de la Terre, la traiter de tous les noms, elle ne lui ferait pas grâce de la moindre parole. Pas tout de suite. Elle se laisserait d’abord distraire par le théâtre du Callahan s’agitant sous son nez en trompette pour un mot, un son sortant de sa jolie bouche.
Elle ne battit même pas des cils quand Noeh s’avança sur la table, se rapprochant ostensiblement d’elle. Ça va, il ne la dégoutait pas encore au point qu’elle ne supporte plus de l’avoir à moins d’un mètre, sinon elle aurait rendu ses fraises depuis déjà bien longtemps. Elle baissa les yeux vers son bras avancé sur la table pour remarquer les poils qui se hérissaient sur ce dernier, et ne put s’empêcher de rouler des yeux, toujours sans mots dire : s’il était tellement gris pour croire réellement à ses propres bêtises, en effet, la soirée s’annonçait interminable. « Mon ange »… A bien y penser, c’était à la fois risible et tellement cynique comme mot doux. Elle n’avait rien d’un ange, ni la douceur, ni la patience, en général. Et avec lui, elle n’avait surement rien fait pour mériter sa place au paradis, loin s’en fallait. Alors elle se contenta d’hausser un sourcil, alors qu’il continuait de meubler l’espace et le silence de références toutes plus absurdes les unes que les autres. Il avait un talent certains pour la discipline, il fallait l’avouer. Elle lui laissa même le luxe de la détailler de haut en bas tout en le défiant du regard : c’est ça, vas y, tu peux même baver si tu veux, regarde tout ce dont tu te prives depuis des années juste parce que t’es trop con. C’est ballot, hein ? Parce que c’est presque uniquement de ta faute, pauvre grosse tâche.
Une fois qu’il eut enfin décidé de fermer son agaçant clapet dans un sourire très content de lui-même, Aspen leva un doigt, comme pour répondre à sa question, mais sans piper mot encore. Elle se leva, glissant sur le carrelage comme sur des patins avec ses chaussettes en pilou, et s’éloigna tranquillement jusqu’au frigo pour en sortir sa barquette de fraises et une bouteille de chantilly, puis se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre le placard contenant des bols. Elle posa le tout devant elle et Noeh, puis procéda au mélange des ingrédients, avant d’enfoncer un premier ongle manucuré dans un fruit qu’elle porta à sa bouche avec un demi sourire énigmatique :
- J’avais oublié à quel point ta voix pouvait être agaçante parfois, et l’alcool la rend un peu nasillarde. C’est pas vraiment sexy.
Elle trempa une autre fraise dans la chantilly, avec l’air perdu dans ses pensées. Au bout d’une bonne minute de réflexion, Elle sembla enfin se décider à répondre aux provocations de Noeh, levant ses prunelles vertes et perçantes dans celles de ce dernier :
- Peut être. En réalité j’étais en train de réfléchir que j’aurais tellement, tellllement voulu avoir accès aux derniers joujous de chasseur de Daddy. Tu savais que maintenant, ils ont des détecteurs de mutants, comme une sorte de radar à dégénérés ? Bip bip bip, et PAN, t’es mort. Jte l’aurais collé sous le nez, et avec un peu de chance, la pulsion que j’ai présentement de t’étrangler pourrait se transformer en légitime défense. Ce serait fichtrement libérateur comme dénouement, tu penses pas ?
Sa réponse était terriblement violente, peut être un peu trop, mais en même temps, elle savait pertinemment que Noeh n’était pas un mutant, et c’était pour ça qu’elle s’était permise une telle menace. Si elle passait à l’acte, elle tuerait un homme, pas un dégénéré, elle en était parfaitement consciente. Et puis, dans un recoin un peu sombre de son cerveau, l’envie de l’étrangler se disputait avec celle de s’asseoir sur les genoux du jeune homme et de lui rouler une bonne grosse pelle pour le faire taire une minute ou deux de plus. Malheureusement ou non pour lui, aucune de ses deux pulsions ne semblaient prendre le dessus sur l’autre, aussi elle se contentait de prendre un troisième fruit pour le porter à sa bouche, attrapant un peu de chantilly à la commissure de ses lèvres d’un coup de langue rapide sans le quitter des yeux.
Enfin, une réaction. Noeh espérait un peu plus, mais il peut s'en contenter. Aspen lève un doigt devant elle, qui semble tremblant dans le champ de vision d'un Noeh éméché, mais il fait tout pour se concentrer au maximum. Il ne veut rien manquer, il se raccroche à la moindre petite chose qu'elle daigne lui accorder. C'est un brin pitoyable, d'être pendu à ses lèvres en si peu de temps, mais le cadet Callahan aura beau tenter de faire autrement, il sait d'avance que tout effort sera vain. Alors, il l'observe. Ou, plutôt, il profite du spectacle. Est-ce qu'elle fait exprès de se dandiner de la sorte, ou c'est sa perception du moment à lui qui déconne ? Écarquillant les yeux, Noeh secoue un peu la tête, pour éviter qu'Aspen ne se retourne et découvre qu'il la reluque de haut en bas. Il est persuadé qu'elle se joue de l'instant. Ce n'est pas possible autrement ; la jeune femme a toujours su le perturber avec peu, et elle lui prouve juste encore ce soir. Du coup, lorsqu'elle dépose son bol rempli de fraises sur la table et qu'elle entreprend de mélanger le tout avec une dose de chantilly conséquente, Noeh fait mine de supporter cette sentence en silence, en arquant seulement un sourcil interrogateur. Tu fous quoi, là, exactement ? C'est quoi le plan, Aspen ? Lorsque son regard suit son ongle qui s'enfonce dans un premier fruit avec délicatesse et qu'elle ose le porter à sa bouche avec un petit sourire digne d'elle, Noeh oublie un instant tout le reste. Il zappe ce qui s'est passé plus tôt avec Salomé, il met de côté ce qu'ils étaient en train de se dire avec sa rousse préférée et il laisse son esprit alcoolisé lui donner l'espoir que ce qui se déroule en face de lui est bien réel... et que c'est d'une cruauté sans nom. De mettre ça sur sa route, de toujours placer Aspen comme ce passé qu'il a fichu en l'air et d'encore lui prouver que son cœur lui donne une place particulière. Elle n'a pas droit de lui faire ça. Elle ne peut pas se montrer aussi lascive dans ses gestes, ou même dans ses mots, elle ne doit pas démontrer une telle facilité à le déstabiliser. Plus personne n'est supposé être capable de lui faire ça, et pourtant... La preuve est là. Aspen est devant lui, à jouer avec ses fraises maudites et lui se remémore tous ces moments où ils inscrivaient dans leurs histoires respectives le fait qu'ils étaient devenus bien plus que des amis. Par chance, la jeune femme reprend enfin la parole et Noeh relève son regard dans le sien, au lieu de continuer à fixer (de façon peu discrète, pour le coup, vu qu'elle se trouve pile en face de lui) ses lèvres. Et, en fait, il aurait peut-être préféré qu'elle reste silencieuse, et qu'elle fasse son truc chelou et hypnotisant avec ses morceaux de fraises. Les mots qu'elle prononce à la suite d'une demi-seconde si bouleversante pour Noeh manquent de stopper les battements de son cœur. Peut-être ? Peut-être qu'elle sent une certaine tension ?! Mais c'est évident bon sang ! Ça l'était avant qu'elle fasse son petit manège et ça l'est maintenant plus qu'officiellement avec la violence des propos qu'elle lui balance à la figure. Si elle savait... Avalant avec difficulté sa salive, Noeh sait qu'il reste un temps indéfini (beaucoup, beauuuuuucoup trop long) les yeux rivés dans les siens à la recherche d'une quelconque... quoi ? Vérité ? Plaisanterie ? Les deux à la fois peut-être ? L'ancien pianiste n'en a aucune idée. Est-ce que ça se lit sur sa tronche ce qui s'est passé plus tôt ? Est-ce que ça s'est tatoué à même sa peau ? L'étudiant a soudain envie de vérifier avant de se souvenir que ces pensées chelous ne sont le fruit que d'une psychose certaine de sa part mélangée à la quantité d'alcool trop conséquente qu'il a avalée. Bouge, Noeh, bouge... que lui souffle une petite voix, ce qui le fait soudain ravancer vers la table, mais surtout vers Aspen. Il laisse un petit sourire amusé gagner ses lèvres, et il répond. Avant que toutes les émotions provoquées par l'annonce de sa sœur ne remontent à la surface, il noie le poisson. Au lieu de craquer, il remonte la pente comme il peut et revêtit encore et toujours le costume du petit con à la répartie moqueuse. Enfin, il essaye, vu l'état émotionnel dans lequel il se trouve. « J'en pense que, dans mes souvenirs, t'as déjà eu de meilleures idées. » Des tas, des tonnes, des centaines de meilleures idées que celle-ci. Noeh n'avait pas idée avant cette annonce qu'il provoquait autant d'envies contradictoires chez les autres. Avant, Aspen le désirait (impossible de prétendre le contraire, qu'elle ne s'y risque même pas), aujourd'hui, elle préférerait le descendre. Dans tous les cas, même si la deuxième envie fiche un peu la frousse, Noeh doit bien le reconnaître, elle prouve aussi qu'Aspen a déjà médité cette idée dans son esprit et que, par procuration, elle a pensé à lui. Plusieurs fois peut-être ? Le jumeau Callahan n'a pas envie de se montrer trop prétentieux pour le coup, mais il en est certain. « Tu veux parler de ça ? », qu'il balance alors, en posant sans ménagement son bras gauche sur la table. Il ne contrôle plus vraiment ses gestes avec l'alcool qui embrume sa réflexion, il faut l'excuser. Approchant son autre main recroquevillée de son poignet, il relève, à l'aide d'un effort un peu éprouvant mais qui incarne la preuve que la rééducation commence à porter ses fruits, la manche de son pull noir, ce qui laisse apparaître le bracelet, bien qu'un peu amoché par les gestes nerveux de Sam plus tôt, mais qui donne tout de même l'impression de fonctionner encore. Si Aspen n'en a pas encore vu, ça passe crème. « Enlève-le et il est à toi. » Noeh a l'impression d'être dans un échange illégal, il ne sait pas pourquoi, mais c'est un peu comme dans les films, où un personnage propose à l'autre quelque chose sans rien attendre en retour. C'est toujours louche, hyper anormal, et ça rend chaque spectateur plus que suspicieux. « Mon père m'a obligé à le porter. » Noeh évite de préciser la façon dont il a été affublé de ce bracelet. Pas la peine de se remémorer un souvenir si humiliant et détestable. « Du coup, ton dénouement, qui promettait d'être jouissif, j'en doute pas une seule seconde... bein il tombe à l'eau. » L'étudiant hausse les épaules avec un petit sourire en coin. « Tu me dois donc des excuses pour avoir voulu te servir de ceci comme preuve de légitime défense... » L'ancien pianiste se permet de secouer le poignet dans les airs, tout en le fixant du regard. En plus d'être désagréable à porter, c'est moche. Noeh félicite pas les créateurs de ce truc. « Et pour accessoirement avoir évoqué ma mort de tes propres mains, même si je dois reconnaître que c'est la plus belle qui puisse exister à mes yeux. » Son regard teinté d'une couleur émeraude, qui semble devenir encore plus évidente lorsqu'il se moque comme présentement, s'ancre dans celui de son interlocutrice. « Fais-moi une liste de tes pulsions et je choisis », qu'il balance, sans vraiment réfléchir. Il ne précise pas s'il veut entendre les meurtrières ou toutes les autres (Noeh n'a pas besoin qu'on lui confirme qu'il peut y en avoir d'autres, voyons, un peu de bon sens), il laisse le choix de l'interprétation à sa jolie Aspen. Puis, après tout, il reste quand même dans le sujet sans vraiment le faire perdurer, pas vrai ? « J'attends tes propositions. Et lésine par sur les détails, tu sais que j'adore ça. »
Spoiler:
désolée du retard, puis en plus pour ça, pardoooon
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Mar 5 Jan 2016 - 22:52
So you wanna play This Game ?
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Parfois, il y avait quelque chose d’un peu dérangeant dans le regard de Noeh : Aspen ne savait pas si c’était à cause de ses deux iris profondément enfoncés dans leurs orbites, et dont la couleur d’absinthe s’accordait parfaitement avec son haleine du moment, ou si c’était plutôt le fait de sa capacité à vous fixer comme ça, en silence, sans ciller parfois pendant plus d’une minute. Et ça fait long, une minute sans battre des cils. Elle avait compté, une fois, où sans un mot, il l’avait contemplé pendant 74 secondes avant de fermer les yeux pour une fraction de la 75ème, comme si le moindre instant à ne pas la regarder était un moment perdu. Bon, ça il ne lui avait jamais dit explicitement, mais si il y avait quelque chose d’expressif chez le Callahan, c’était bien son regard, qu’il le veuille ou non. Même totalement bourré, d’ailleurs, c’était peut être même encore pire, dans ces moments-là. Alors Aspen ne s’en détourna pas, alors qu’elle restait silencieuse, un peu songeuse aussi. Peut-être que le regard embrumé de Noeh lui apprendrait plus de choses que les bétises qu’il pouvait lui débiter, et qu’elle n’écoutait qu’à moitié, alors qu’elle le laissait quitter ses iris une seconde pour fixer ses doigts plus de jus de fraise, puis sa bouche, ou le suc des fruit brillait comme un gloss naturel. Finalement, Il avança sa carcasse comme s’il avait un siècle, les mains devant lui, en face d’elle, si proches qu’elle aurait pu les prendre dans les siennes, si elle avait voulu. Si, Pff, quelle idée, hein, vraiment. Elle baissa les yeux vers les mains aux doigts longs et fins du jeune homme, se demandant si il avait rejoué récemment. Elle adorait l’écouter jouer du piano, il y avait même une fois où elle s’était couchée sur le banc, la tête sur ses genoux pour être au plus près des touches, faisant fi des risques de coudes dans la figure alors qu’il reprenait une ballade de Yiruma. Ban sang, pourquoi pensait elle à ça, cinq ans après ? Elle devait vraiment avoir un grain, des fois …
Elle roula des yeux avec toute l’exagération qu’elle pouvait insuffler dans le geste, ses cils touchant presque ses sourcils merveilleusement bien dessinés – merci l’esthéticienne - avant de les froncer devant le tour de manche pompeux du Callahan. Il avait soulevé sa manche pour laisser tomber sa main devant le nez retroussé de la jeune femme, dévoilant un bracelet peu élégant, mais reconnaissable entre mille pour la chasseur : un détecteur de mutant, exactement le même que celui qu’elle avait vu autour du poignet de son paternel. Et ça, c’était carrément cool. Spontanément, elle tira la chaise sous ses fesses pour la déplacer à coté de Noeh, ne manquant pas de la faire racler sur le sol, bien fait pour lui. Elle attrapa le poignet du jeune homme en faisant mine de ne pas remarquer que c’était leur premier contact physique spontané et consenti depuis qu’il avait tapé à sa porte. Non, lui agripper le col et le trainer comme un poid mort jusqu’à la cuisine, ça ne comptait pas.
- Merde, la chance, comment ça se fait que tu as le droit d’en porter un, toi ?
Le « Alors que je n’ai pas le droit, moi » était clairement sous entendu, tellement qu’elle ne se sentit pas obligée de le dire, levant le bras du jeune homme à hauteur de ses prunelles noisettes, comme pour en jauger le mécanisme. En réalité, elle n’y comprenait rien en robotique, mécanique et autres ingénierie de pointe, c’était l’affaire de son aînée ça. En revanche, elle trouvait l’accessoire assez seyant, et plutôt cool. La réponse de Noeh elle, en revanche, le fut beaucoup moins.
- Oh … Je vois.
Forcément, c’était tout de suite moins réjouissant. Elle avait eu l’espoir, un instant, que Noeh l’informe d’une soudaine promotion parmi les hunters, qu’il avait réussi un coup d’enfer, et qu’il avait en réalité picolé pour fêter ça. Ce qu’elle pouvait être naïvement optimiste parfois. Souvent, en fait. Elle laissa tomber mollement le bras du jeune homme, comme on repose un chocolat à la liqueur en découvrant qu’il n’est pas à la nougatine. La déception. Néanmoins, la remarque du Callahan lui tira un petit rictus moqueur, alors qu’il soulignait la caducité de son hypothèse précédente :
- Tu sais, un accident est Tellement vite arrivé, il suffit que tu tombes de l’escalier parce que tu tiens pas sur tes pieds, personne ne le saura à part moi …
Un handicapé et un escalier, c’était la mort con classique et inratable. Pas de témoin, il lui aurait suffi de mettre des gants et hop, pas d’ADN. Le crime parfait. Hypothétiquement bien sur.
- Bla, Bla, Bla. Parce que tu crois en plus que je me risquerais à me péter un ongle sur sa peau de crocodile albinos ? Au mieux tu mourras de mon coup de pieds dans ton postérieur délicat, mais laisse mes mains en dehors de cette sombre histoire.
Elle délirait ou ils étaient en train de se bâcher joyeusement comme dans le bon vieux temps ? Le bon, le vrai, même pas celui où ils étaient ensembles, celui où ils étaient juste de bons amis ? C’était à la fois un peu bizarre et agréable, même si ça, elle ne l’avouerait pas. Elle leva les yeux vers l’horloge de la cuisine qui indiquait que bientôt, Noeh serait coincé ici par le couvre feu, et qu’à moins qu’elle appelle un membre de la fratrie Callahan, elle l’aurait sur le dos tout la soirée. Elle considéra ensuite le regard aviné du jeune homme et évalua son temps de résistance à moins d’une heure : après ça, il se mettrait à comater sur la moindre surface plane qui se présenterait à lui. Elle l’allongerait dans un coin où Rhaena ne pourrait pas le trouver à son retour de soirée, et elle retournerait à son film, ou irait se coucher, selon la pénibilité de leur conversation. Elle plissa le nez, faisant mine de réfléchir sérieusement à la question du jeune homme.
- Je veux … Je veux … Manger plus de fraises.
Elle attrapa un nouveau fruit et le goba presque sans le mâcher. C’était presque un crime contre l’écologie ces fraises, alors qu’on était à peine au début du printemps, d’ailleurs.
- Pulsion assouvie. Je veux … que tu fermes la bouche, t’as l’air d’un imbécile béat comme ça. Enfin, plus encore que d’habitude.
De la paume de la main, elle remonta le menton de Noeh pour qu’il arrête de la fixer bouche bée comme ça. Ce n’était pas très élégant.
- Pulsion assouvie. Rien de bien sulfureux, faut dire que je suis sobre, Moi. A ton tour.
Elle croisa les jambes, alors que ses orteils frolèrent presque innocemment la cheville de Noeh. La faute à leurs chaises trop proches, surement. Il avait décidé de bouleverser sa soirée, elle n’allait pas lui faire de cadeau non plus, fichue pour fichue.
Aspen est intriguée. Aspen se rapproche en le bousculant. Aspen plisse le nez. Ça veut dire qu'elle réfléchit. Ou qu'il sent mauvais. Mais ça elle l'a déjà dit. Noeh s'en souvient encore, c'était il y a à peine 5 minutes. Elle l'a dit avec férocité, sans aucune culpabilité. Parce que les choses ont toujours été comme ça entre eux : ils se balancent tout à la figure et l'autre doit se débrouiller, encaisse, assumer ce qu'il vient de se manger comme réflexion. C'est un jeu. Un jeu étrange et cocasse, mais leur jeu à eux. Et ce soir, dans cette cuisine, en mangeant des fraises de façon langoureuse avec de la chantilly (enfin, ça c'est la partie Aspen du point de vue de Noeh, mais il est persuadé qu'elle en joue, il peut pas rêver tout ça en étant éveillé, c'est humainement pas possible ce genre de truc), ils se remémorent de façon direct un passé qui ne semble pas si éloigné. Juste de quelques années de l'instant, mais c'tout ; s'ils le voulaient, ils pourraient se permettre de reparler des bons moments en se faisant passer pour deux sérieux, mais ils ne savent juste pas faire de cette façon. Enfin, le cadet Callahan reçoit une première réponse à sa précieuse question. Bon, si ça continue, il va foutre un coup de poing dans ce bol de fraises, qui ira valser contre le mur, et il n'en entendra plus parler. Elle l'emmerde avec ses fraises ridicules là, il a besoin d'un truc vachement mieux que des fraises, à moins qu'Aspen n'ait pas le courage de lui prouver qu'elle est toujours la même (lorsque tout le monde prétend que c'est lui qui a changé depuis son accident), directe et pas peureuse pour un sou. Mais la deuxième réponse cloue le bec à Noeh : que ce soit au niveau mental ou physique. La peau de la jeune femme qui entre en contact avec la sienne l'électrise et il manque observer d'un œil intrigué si cette aura réchauffée qui vient de se créer autour de sa personne est visible par Aspen ou non. C'est pas normal qu'il ressente ce genre de trucs. Surtout qu'elle elle fait ça pour s'amuser, se moquer de sa pauvre carcasse... Seulement ses actes et réponses accaparent assez l'attention du jumeau Callahan pour lui éviter de trop penser à Sam, dont l'état doit être aussi pitoyable que le sien depuis qu'il est parti, alors il ne va pas se plaindre non plus. Le regard émeraude de l'ancien pianiste dévore littéralement le visage de la jeune femme. Même si ce dernier est embrouillé à un degré qu'il ne mesure même plus, l'obligeant parfois à plisser les paupières pour y voir clair, il savoure cette bouille si particulière qu'elle lui offre. Elle ne rigole pas pourtant, ni n'est vraiment agacée ; elle préserve un mystère que Noeh se met soudain en tête de percer à jour. Enfin, ça, c'est l'idée qui lui traverse l'esprit avant qu'il se sente le pied d'Aspen frôler sa cheville. Avec difficulté, les prunelles de l'étudiant se détachent de leur centre d'attraction pour dériver sur ce geste qu'elle pense sans doute innocent. Mais ça l'est pas. Qu'est-ce qu'elle fout exactement ? Noeh ne comprend plus grand chose ; ou alors il pense comprendre ce qui se passe mais se doute que sa façon de percevoir ce qui se passe présentement ne plaira pas à la maîtresse des lieux. Ou du moins en partie. Lorsque son ex-petite-amie lui retourne la question, de sa voix toujours aussi traînante, Noeh arque un sourcil avant de s'autoriser un sourire amusé. Vient-elle vraiment de lui demander ce que lui veut ? Si le cadet Callahan ne peut pas appeler ça une mauvaise stratégie, alors il va falloir l'aider à trouver de quoi il peut bien s'agir là. « Qu'est-ce que je veux ? », qu'il répète avec un petit sourire en coin. Bien différent du Noeh plus agressif qu'il était en arrivant ce soir, ou qu'il a pu être ces derniers temps. Il se prend au jeu. C'pas sa faute si Aspen reste l'une de ses principales motivations malgré tout ce qui se passe. Avant de se lancer, Noeh fait mine de plisser le nez un peu comme elle, pour qu'elle puisse se rendre compte de l'air adorable qu'elle peut avoir quand elle fait ça (même si ça rend sans doute moins bien sur sa tronche à lui), mais également qu'elle saisisse qu'il ne va certainement pas prendre la question à la légère comme elle. « Je veux... », qu'il souffle en jetant un nouveau regard aux fraises, puis en reposant ce dernier sur les traits d'Aspen... Avant de secouer la tête. Nah, mauvaise stratégie s'il veut pouvoir sortir vivant de cette cuisine. Alors, sans prévenir, Noeh se rapproche d'elle jusqu'à pouvoir brièvement respirer l'odeur délicieuse de sa peau au niveau de son cou, fait bouger ses lèvres contre cette dernière en quelques mots tout bas : « que tu me suives. » puis il se relève, tangue un peu le temps que son esprit embrumé par l'alcool comprenne qu'il vient de se mettre sur ses deux jambes, et il repousse la chaise sur laquelle il était assis. Au départ, il se dit qu'Aspen ne va pas être contente, qu'elle va menacer de le frapper, qu'elle vient peut-être de le faire mais qu'il n'y a pas fait attention ou qu'il n'y fait déjà plus attention, mais une petite voix intérieure le pousse à ne pas penser à tout ça. Fort de son effet, Noeh s'engage à nouveau dans le couloir de la petite bâtisse jusqu'à mettre la main sur le salon où était installée la jeune femme avant son arrivée. Il constate que le film a été mis en pause et il ne perd pas une seconde de plus avant de s'installer devant, prenant place sur le canapé confortable. Un sourire satisfait sur les traits, Noeh attend qu'Aspen fasse irruption dans la pièce pour poursuivre leur petite... discussion. « Pulsion assouvie. » Son petit commentaire le fait rire, alors qu'il prend un malin plaisir à éviter le regard de sa rousse préférée. « Je veux que tu t’assoies à côté de moi. » Et oui, la jumelle Wolstenholme n'a peut-être pas saisi sa chance en prenant trop à la légère sa requête, sa toute petite question qui semblait anodine, mais Noeh n'est pas fou : même en position de faiblesse, un peu (beaucoup) à côté de la plaque à cause de l'alcool ingurgité plus tôt, il y a des choses qu'il ne peut pas s'empêcher de maîtriser à la perfection, comme le fait d'agacer Aspen de son mieux. C'est un truc inné chez lui, même dans un état second ou blessé par la vie, impossible pour lui d'oublier comment on s'y prend. Amusé de voir son interlocutrice se faire désirer, l'ancien pianiste relève enfin son regard provocateur dans le sien, avant de laisser sa béquille tomber au sol et de laisser sa main gauche venir tapoter de façon presque innocente la place à ses côtés. Elle n'a pas le choix, elle est obligée de suivre ce qui vient de s'installer, elle a interdiction de briser cet espèce de jeu entre eux. Sinon elle signera sa perte et Noeh sera fort d'une nouvelle victoire (pour ne pas dire énième ?).
Spoiler:
cette réponse est à jeter au bûcher pour cause de nullité ça rendait grave mieux dans ma tête quoi Aspen peut le tuer, je l'y autorise
Jouer, toujours, tout le temps. Cela avait toujours été la base de leur relation depuis tout petit : ça commence par un Cap ou Pas Cap entre mômes, qui avait poussé Noeh à faire le poirier jusqu’à évanouissement à 7 ans et Aspen à manger un criquet vivant à 8. Ensuite, c’est un jeu de la bouteille à priori innocent à 12 ans, où ils sont contraints d’échanger un smack mouillé et dégouté sous les gloussements de leurs jumeaux et d’autres ados d’hunters. Et plus tard … Leurs jeux n’avaient plus grand-chose d’enfantin. La défiance était une sorte de rituel de séduction entre eux, depuis toujours. Chacun refusait de céder le moindre centimètre de terrain, jusqu’à épuisement, ou le cessez le feu. Leurs petites passes d’armes n’avaient pas totalement cessé lors de leur rupture, mais après l’accident de Noeh. Il ne répondait plus à ses boutades, à ses perches, à ses petits piques agaçants. Etonnement, ça lui avait fait bien plus de peine qu’elle ne l’aurait imaginé à l’époque : jamais elle n’avait retrouvé ça avec qui que ce soit. Pas de cette manière en tout cas.
Quand Noeh se pencha vers elle, la rouquine se raidit ostensiblement, comme prête à parer la moindre attaque. Personne n’avait attenté ainsi à son espace privé depuis un grand blond un peu torché en boite de nuit, qui s’était retrouvé recroquevillé sur le sol après un magistral coup de genou dans les parties. A croire qu’elle les attirait, les grands blonds un peu torchés. Elle serra ses petits poings pour contenir un frisson alors qu’il soufflait dans son cou, les lèvres si proches de sa peau. Flash. Peaux nues. Chaudes. Soupir. La ferme, Cerveau. Elle pinça les lèvres, levant son regard courroucé vers lui : là, il abusait, vraiment. Ça ne l’amusait presque plus. Pourtant, elle devait le suivre, puisque c’était « ce qu’il voulait ». Fait chier. Elle le laissa se lever, totalement incertaine de l’équilibre du jeune homme. Finalement, il parut se stabiliser, plus ou moins, pour avancer en tanguant comme un bateau en pleine tempête, tempête qui sévissait dans son crâne apparemment. Elle ne se redressa qu’une fois qu’il avait disparu de son champ de vision : la situation était juste trop bizarre. Etrange. Anormale. Improbable. Malsaine ? Non, c’était l’incertitude de ce qui était en train de se passer qui lui faisait un truc un peu space dans le bide. A moins que ce soit son orgie de fraises. Ou les deux. Elle se passa les mains dans les cheveux, labourant son cuir chevelu comme si ça aidait à tamiser ses pensées. L’effet fut plus que décevant.
Quand elle apparut enfin dans l’encadrement de la porte séparant le couloir du salon, Noeh s’était déjà installé sur le canapé aux coussins moelleux et encore tièdes au creux du cocon qu’elle s’y était fait. Cet enfoiré fixe l’écran statique de la télévision comme si c’était la chose la plus intéressante de la pièce (Bitch please). Gnagnagna Pulsion assouvie, c’était son idée, trouve autre chose l’Artiste. Elle leva exagérément les yeux au ciel, trainant des pieds comme si la seconde volonté du jeune homme consistait à l’amener sur la potence. En plus, il avait pris tous les coussins, et elle n’aimait pas ce coté là du canap’. Elle ne savait pas si ce jeu débile l’amusait ou l’agaçait le plus, mais c’était un fait : ils jouaient. Et aucun des deux ne comptaient perdre apparemment, comme avant. Elle s’assit à coté de lui, pile à l’endroit où sa main s’était posée quelques minutes auparavant, dans un excès de zèle vaguement provocateur. Elle replia ses jambes sous ses fesses, le corps tourné vers Noeh, le coude sur le dossier du canapé, le menton sur son poing. Elle ne baisserait pas les yeux, elle était maitresse en sa demeure, il n’allait pas faire le malin longtemps comme ça si il allait au-delà de sa patience. Elle applaudit de trois « Clap » lents, de la même manière qu’elle l’avait fait dans la cuisine, surtout parce qu’elle savait que d’ordinaire, ça courait sérieusement sur le haricot du jeune homme. Une fois, il lui avait même tordu les poignets pour qu’elle arrête, et ça s’était terminé en bataille de chatouilles, qui s’était elle-même terminée en … Bref. Fallait vraiment qu’elle arrête de penser à ça hein, elle devait avoir un problème en fait.
- Ça, c’était Intense, wouah, bravo, dix mètres de parcouru sans te casser la gueule pour s’échouer dans le canap’. A quand le marathon ?
Elle tendit le pouce de sa main libre en direction de l’écran lumineux, un sourcil haussé :
- Et maintenant c’est quoi le plan ? « Je veux qu’on finisse ce film alors que toi Aspen, tu m’as forcé à le voir déjà vingt quatre fois et que je le trouve toujours aussi débile » ? Ou tu as autre chose à proposer ?
Non parce qu’elle le connaissait, l’animal, et elle se méfiait presque un peu de certains « pulsions » … Stupides. Les siennes à lui, les siennes à elle. Quel binôme de manchots masochistes quand même.
Noeh Callahan
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Mar 12 Jan 2016 - 16:24
Noeh ne retient même pas le petit sourire satisfait qui se glisse sur ses traits lorsqu'Aspen accepte finalement de venir prendre place à ses côtés. Il ne cache pas non plus son amusement lorsqu'elle se permet de lui tourner un peu le dos et qu'elle ne cache pas son petit air renfrogné. Ouais, fallait y penser avant de répondre à sa provocation déguisée par une idée de jeu franchement plaisante. Preuve irréfutable qu'il est le plus malin, ou qu'il n'est pas capable de louper une occasion de renouer avec leur passé. Les trois petits applaudissements de la jeune femme font arquer un sourcil à Noeh. Qu'est-ce qui lui prend ? La réponse à cette question ne tarde pas à arriver et, même s'il ne peut pas s'empêcher de ricaner d'abord, comme un gamin, il vient placer sa main droite en plein sur son cœur pour ponctuer un : « Awh, touché en plein cœur. » Observant l'écran noir plus loin le temps d'une seconde, l'attention de Noeh redevient bien vite accaparée par l'impatience de la jeune femme à ses côtés. C'est qu'il n'a même plus le temps d'élaborer le moindre stratagème ou la moindre idée farfelue qui voudra bien se détacher du lot de toutes celles qui passent dans son esprit à cause de l'alcool, Aspen lui souffle elle-même la direction dans laquelle elle veut aller. Si c'est pas beau. « Tu veux que je propose autre chose ? », qu'il la nargue de son petit air agaçant, le regard direct et la bouche tordue de cette mimique qu'on ne lui voit plus trop depuis son réveil. En peu de temps, il est vrai que mademoiselle Wolstenholme a réussi à le faire sourire plus de fois qu'en quelques mois, si ce n'est plus si l'on compte tout le temps où Noeh a été à la merci d'Adriel et où il respirait tout, sauf la joie de vivre. « Fais pas genre, Aspen, j'lis en toi comme dans un livre ouvert. » Ses épaules se haussent au rythme du petit rire qui lui échappe, avant qu'il n'appuie de façon plus confortable l'arrière de sa tête contre le dossier moelleux du canapé. Il doit méditer. Même si des dizaines, des centaines, voire des milliers d'idées lui hurlent de réclamer quelque chose qui rapprocherait encore un peu Aspen de lui sur ce canapé, l'étudiant sait qu'il doit la jouer plus maligne s'il veut obtenir ce qu'il désire. Enfin, ça, ce sont ses quelques pensées encore un peu censées, malgré la fatigue et l'alcool, qui l'espèrent secrètement. Car le cerveau de Noeh ne tourne (heureusement) pas à plein régime, mais assez pour faire durer une petite tension bienvenue entre eux. Comme si elle ne se devinait déjà pas assez... « Un marathon par exemple ? C'est bien ce que tu viens de demander non ? », qu'il reprend, en se tournant vers elle. Son regard se balade sur les traits de son visage, avant de dériver le long de son corps recroquevillé sur lui-même. Ce qu'elle peut être rabat-joie quand elle s'y met. Alors, histoire de la voir fulminer pour de bon (du moins Noeh l'espère-t-il de tout son petit cœur noyé sous les verres alcoolisés), il ose confronter son regard au sien sans les fuir, histoire d'être le plus direct possible. « Bon, après, je crois qu'on a pas la même idée du marathon qu'on a envie de courir... Quoique, t'as toujours eu les idées plus mal-placées que les miennes. » Noeh se permet cette fois-ci de la reluquer sans même plus se cacher (après tout, elle n'a plus ses fraises à préparer ou il ne sait plus trop quoi, alors comment est-il supposé s'y prendre au juste ?), même s'il s'agace de voir qu'elle ne bouge pas de son bord de canapé. « Tourne-toi vers moi », qu'il chouine, fidèle au grand gamin capricieux qu'il est. Il ne supporte pas de ne pas apercevoir entièrement son visage, alors qu'elle est juste à côté. Sa main droite vient s'échouer non loin de la jambe d'Aspen. L'ancien pianiste oublie l'état dans lequel est cette dernière, ce qu'il veut c'est juste que cette tête de mule qui lui sert d'ex-petite-amie se plie à sa volonté. Rien de plus. C'est pas bien méchant. « Non, vas-y, je veux que tu remettes ton film », qu'il balance soudain. Il n'a pas envie qu'elle continue à faire la tête comme ça, même si elle reste toujours aussi jolie quand elle la fait. Noeh n'a pas l'intention de se préoccuper du film du tout, juste de la regarder regarder son film. Il a bien le droit de se permettre ça, non ? Et si elle n'est pas contente, elle n'aura qu'à le dire, et l'étudiant sans que ça ne va pas louper. Calant sa joue droite contre le dossier, Noeh affiche un visage d'ange. « Je serai muet comme une carpe. Aucun commentaire », qu'il précise, alors qu'il n'a même pas idée de ce qu'elle était en train de regarder avant d'arriver et donc ne peut vraiment prévoir la réaction qu'il aura par rapport à ce qu'il entendra. « Fais comme si j'étais pas là. »
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Jeu 14 Jan 2016 - 15:44
Midnight reunion
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Il rit. Ce petit con était en train de rire, vraiment ? Il arrive totalement rond, en train de chougner sur le pas de sa porte en hululant come un chiot abandonné, et maintenant, il se marrait ? Non mais il se foutait de sa gueule c’est ça ? ça ne pouvait être que ça, il se moquait d’elle, c’était une stratégie, dès le début, pour la faire tourner en bourrique. Pourquoi ? Parce que c’était Noeh, et que c’était un connard. Elle avait du l’oublier tiens, pendant le temps d’une petite demi-heure. Ça lui revenait très vite d’ailleurs, en voyant sa petite tête de sale gosse satisfait sous entendant qu’il lisait en elle comme un livre ouvert. Il voulait jouer au con ? elle était très fort à ce jeu. Elle s’installa plus confortablement sur le canapé, attrapant la lime à ongles sur sa table basse pour redessiner celui de son index :
- Si c’était le cas, tu ferais beaucoup, beaucoup moins le malin. A moins que tu ais abandonné définitivement tout instinct de survie. Ce qui expliquerait pourquoi ton padre t’a attaché un bracelet comme on met un collier à un chien.
Elle haussa un sourcil en entendant la suite, roulant des yeux à nouveau avant d’attaquer son annulaire droit : elle avait prévu de se faire les ongles à la base ce soir, alors si il était aussi pénible, elle allait l’ignorer complétement et se mettre du vernis. Quoi que, ce n’était pas une bonne idée : si il lui venait l’idée de lui crever les yeux, le vernis incrusté dans ses orbites risquerait de la trahir. Ce serait dommage.
- C’est ça, cause toujours, c’est pas comme si tu avais eu un jour du souffle … Ou une endurance pour autre chose que de t’admirer dans la glace.
« Tourne toi vers moi ». Sérieusement ? Sérieusement ? Pas un s’il te plait, rien ? Oh, il pouvait la regarder avec son air de chiot, elle ne cèderait rien. Rien, qu’elle vous dit. Ou alors juste un centimètre ou deux. Oh, seigneur, comment se faisait il qu’elle se laisse faire par un abruti pareil alors qu’elle tenait tête à des hommes de deux ou trois fois son âge au boulot ? Elle s’exaspérait elle-même, je vous jure… Elle soupira, encore, à croire qu’il y avait beaucoup trop d’air dans ses poumons depuis que Noeh était arrivé, et se décala un peu pour se trouver au centre du canapé, encore hors de portée des mains du garçon. Il pourrait toujours essayé de l’embêter avec ses pieds puants, mais si il était aussi con, parole d’Aspen, elle lui pétait une cheville. Elle calait ses propres pieds sur la table basse, attrapant la télécommande au passage. S’il n’avait pas reconnu le film, il lui faudrait surement moins de 30 secondes pour reconnaitre la bible d’Aspen. Elle avait du lui faire voir ce film une douzaine de fois, au bas mot.
- Comme si tu n’étais pas là. Mon quotidien quoi.
Bim, retour à la réalité. Fut un temps, sa réponse aurait été bien, bien différente. La faute à qui, hein ? Alors que David lisait enfin la carte de Natalie, et découvrait ses sentiments pour lui, Aspen s’enfonça un peu plus dans le canapé, les sourcils froncés. Au final, elle ne savait même pas pourquoi il était là. Il s’était passé un truc avec Sam, ok, et après ? Pourquoi était il venu ici, chez elle, pile ce soir ? Il devait en avoir vécu des tonnes, des engueulades avec sa jumelle, et en plus de six mois, il n’était jamais venu toquer à sa porte pour ça. Il ne l’avait même pas appelé, ne lui avait pas envoyé le moindre texto. Alors qu’est ce qui avait bien pu se passer pour que cette fois, il picole suffisamment pour confondre son paillasson avec le mur des lamentations ? Elle serra les dents, attrapant un coussin pour le caler contre sa poitrine, sous son menton. Fut un temps, sa position aurait surement été bien, bien différente aussi : à l’époque, il n’aurait pas fallu trois minutes à Noeh pour repérer le coussin, se vautrer la tête dessus, laissant à Aspen le bon soin de jouer avec ses cheveux, de lui gratter la nuque de ses ongles impeccables et de l’embrasser sur le front de temps en temps. Aujourd’hui, elle se tenait à bonne distance de son ex en serrant ses petits poings, lui jetant des regards noirs dès qu’il respirait ne serait ce qu’un peu trop fort. Ce petit jeu du silence dura bien … 10 minutes, avant qu’elle ne lache sans le moindre signe avant coureur, le regard toujours fixé sur les personnages s’agitant dans la télévision :
- Pourquoi est ce que tu es venu chez moi, Noeh ? Tu ne me parles plus depuis des mois. Presque un an. Pourquoi t’es venu frapper à Ma porte ?
Là, elle ne jouait plus. Plus du tout.
Noeh Callahan
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Sujet: Re: someday soon, our worlds collide. (warning) Ven 15 Jan 2016 - 15:55
Noeh sourit de toutes ses dents. Lorsqu'Aspen consent à se décaler un peu vers lui, même si encore hors de sa portée (s'il veut l'atteindre, il faut qu'il parte en vol plané ou presque au-dessus du canapé, mauvaise idée pour sa sécurité), il prend cette réponse physique à sa demande comme une petite victoire et il ne peut que se congratuler intérieurement. Pour une fois, il n'a pas pris de remarque ou quoi que ce soit d'autre dans la figure, sa jolie Aspen a juste accepté d’obtempérer sans le dire et ce n'est pas lui qui va s'en plaindre. Il ne bouge pas d'un cil lorsqu'elle entreprend de récupérer la télécommande, de remettre le film en route et de ne pas lui adresser le moindre regard. C'est particulièrement frustrant, mais Noeh tient le coup. Il ne se permet de baisser le regard vers le siège du canapé que pour éviter d'éclater d'un grand rire face à la réponse de la propriétaire des lieux. « Mon quotidien quoi... », qu'il répète à voix basse, bien évidemment pour se moquer un peu d'elle. Si elle n'est pas contente, elle n'avait qu'à pas lui tendre une perche aussi évidente. Même après toutes ces années, Aspen ne songe pas que tout ce qu'elle peut dire ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Noeh analyse en permanence tout ce qu'elle peut dire, souffler, râler, exulter, avec pour seule ambition de la pousser à craquer. Que ce soit un rire, une moue, ou quoi que ce soit d'autre, l'étudiant a toujours savouré la moindre réaction de la jeune femme à ses propres réponses à lui, et il se dit que, si les choses fonctionnaient très bien de cette manière avant, elles n'ont pas d'autre choix que de marcher aussi maintenant. Cependant, après cette petite pique, plus rien. Aspen reste muette. Elle garde le regard rivé sur l'écran de télévision plus loin, tandis que l'ancien pianiste l'observe du coin de l'oeil. Il n'ose pas rompre ce silence qui devient pourtant assourdissant. Il est venu ici pour entendre sa voix. Il a besoin d'entendre sa voix. Si elle ne parle pas, il va songer à Sam et il refuse que les choses se passent comme ça. Il doit penser à autre chose. A tout sauf à sa jumelle. Aspen est sa plus belle alternative, la seule qui puisse parvenir à lui faire oublier tout le reste rien que par sa présence. Du coup, la question qu'elle lui pose l'étonne d'abord, avant de lui sembler un peu logique. C'est vrai, quoi, pourquoi est-ce qu'il s'est pas barré ailleurs ? Pourquoi est-ce qu'il a pas filé dans sa pauvre petite chambre et qu'il a pas chouiné dans son oreiller ? Le semi-aveu de sa rousse lui vrille le cœur. Il a pas appelé depuis longtemps, ni même parlé autrement. Il donne plus signe de vie. Noeh ne veut pas. Il veut pas qu'elle pense qu'elle peut à nouveau compter sur lui parce que c'est pas vrai. Il a peur de faiblir un jour, de replonger dans la tourmente des premiers jours post-coma, d'être terrifié par tout ce qui l'entoure, de s'en prendre de trop à elle (encore), et il sait que les choses ne marchent pas de cette façon dans la vie. L'étudiant préfère garder à distance les personnes auxquelles il tient plutôt que de les voir souffrir par sa faute. Enfin, ça, c'est ce qu'il prétendait jusqu'à débarquer ce soir chez elle. Ça ruine tous ses plans en un seul coup. Noeh s'est forcé lui-même la main. Peut-être que cette espèce de discussion (si on peut appeler ça une discussion) avec Sam a tellement remué de choses d'un coup qu'il n'a pas eu la force de rester seul ensuite ? L'étudiant se redresse un peu dans le canapé. Son regard quitte un instant le visage d'Aspen, pour venir se perdre sans vraiment le voir dans l'écran de la télévision, et laisse un sourire ponctué cet enchaînement de gestes de moins en moins assurés. « Parce que ta porte est jolie. » Impossible pour lui de se montrer de suite sérieux. Elle sait qu'il est comme ça ; incapable de se poser deux secondes pour réfléchir aux conneries qu'il peut dire, même si ces dernières le hantent ensuite. Et qu'en plus ce soir, il a eu le besoin d'avaler quelque chose de fort pour essayer d'oublier ce mélange de peur, d'incompréhension et de paranoïa qui l'a envahi. Noeh est désolé d'être venu ici ce soir, mais il n'y a pas cinq mille explications différentes. Il y en a une. Une seule et minuscule petite explication qui a eu raison de lui et qui l'a guidé jusqu'ici. Sur le coup, même son esprit un peu ailleurs, moqueur et charmeur, ne peut rien contre la sincérité de sa réponse. Libre à elle de le croire ensuite ou non, mais l'ancien pianiste sait qu'il ne peut pas donner plus de détails non plus. Alors si vraiment elle veut le voir partir, elle n'aura qu'à le dire. Ou le crier. Pas certain qu'il écoute mais c'est toujours à tenter. Son sourire ne quitte même pas ses traits lorsqu'il se replonge dans la contemplation de son visage où viennent s'échouer les images du film qui continue de tourner plus loin. « Et parce que t'es la seule que je voulais voir. » Au final, ça sort comme un murmure. C'est beaucoup moins assuré que ne le présageait son petit air satisfait d'entendre un telle question, bien moins Noeh l'emmerdeur qu'auparavant. A son tour, il se décale un peu vers elle (par la force des choses pour lui, le tout est bien moins gracieux qu'Aspen, bien qu'il n'ait jamais cherché à lui faire concurrence sur ce terrain-là), sans la lâcher des yeux. Il penche sa tête sur le côté jusqu'à pouvoir sentir le coussin du dossier lui faire barrage. « J'ai pas le droit de vouloir te voir ? », qu'il demande dans un murmure, faisant mine de perdre peu à peu le sourire alors qu'il sent que la réponse peut être aussi bien positive que négative.