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Invité

Invité
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeLun 25 Jan 2016 - 3:51

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeLun 25 Jan 2016 - 13:36

Citation :
Oui, c’n’était pas toujours facile d’être une fille – franchement, aurait-elle pu se pointer à cette cérémonie pompeuse sans porter une robe et des chaussures à talons ? Combien d’gens se seraient retournés sur son passage sous prétexte qu’elle était différente de la masse bourgeoise qui trainait là ? C’avait plus été un effort pour ne pas se faire remarquer, une bonne volonté de sa part, que d’essayer d’un tant soit peu être en accord avec la troupe d’imbéciles qui s’amassait dans le nouveau bâtiment de la mairie, prompts à réceptionner avec du champagne et des petits canapés fourrés, pour oublier que dehors, la guerre battait son plein. M’enfin, la Merlyn ne faisait pas partie de ces pessimistes qui mettaient déjà des mots aussi extrêmes à ce qu’il se passait au-dehors ; mais qui pouvait s’dire surpris, franchement, du fait qu’un incendie se soit déclenché dans le bâtiment ? Au moins pouvaient-ils s’estimer heureux, ç’aurait pu être une bombe, ou une attaque biologique, ou une onde de choc amenant la mort et juste la mort sur son passage – après tout, les hunters ne menaient-ils pas une vendetta contre les vilains transmutants tous plus dangereux les uns que les autres ?! Ces mêmes dégénérés qui, au fond, n’faisaient que déclencher des incendies et des explosions, on ne peut plus faciles à gérer pour des gens lambdas ? Il suffirait simplement que le temps de réponse des pompiers soit inférieur à une demi-heure pour faire une différence. Oui, une demi-heure, c’était ce qu’elle avait retenu, de son supplice insupportable en compagnie de la mutante et du chasseur timbré, subi au beau milieu de la fête foraine la plus désastreuse de l’histoire des fêtes foraines. Définitivement, à bien des égards insoupçonnés, c’n’était vraiment pas facile d’être une fille – devoir se coltiner les paroles misogynes et sexistes, simplement rouler des yeux sous prétexte qu’ils avaient un flingue, et qu’elle, elle n’pouvait clairement pas se balader armée d’un Beretta dernière génération sans passer pour une criminelle de première, sous prétexte qu’elle n’était pas estampillée ‘Approuvée par Monsieur le maire, Thaddeus Lancaster, maître de l’égalité et du respect des lois’. Oh oui, peut-être aurait-elle dû opter, cette fois-ci et la précédente, pour l’option de se jeter dans les bras de son connard de héros en chouinant – mais fallait croire qu’elle avait plus d’assurance que ça, l’orgueil battant dans ses veines. La hargne, si intacte qu’elle se découvrait ; six ans plus tard, à toujours voir le visage ensanglanté de sa mère à chaque fois qu’un hunter ouvrait la bouche. Qu’ils parlent donc de nécessité, de sens commun, de la justice et la sécurité qu’ils amenaient aux pauvres petits humains sans défense.

C’était qu’ils étaient tous toujours affreusement marrants, synonymes de la putain d’ironie de la vie, à chaque fois qu’ils ouvraient leur gueule – franchement, allaient-ils devoir s’orienter sur la discussion politique qui consistait à dire ‘hey c’est la démocratie, ma p’tite’ ? – elle en lâcha un ricanement, ouvertement moqueur, certainement pas sardonique ou provocateur. Juste moqueur, comme toutes les circonstances qui les entouraient. « Y paraît que je viens d’un état un peu plus progressiste que celui-ci. Et même si on pouvait admettre que le Kentucky était le pire état de c’pays, je doute qu’y’ait quelqu’un dans cette ville – hormis les imbéciles au-dessus – qui puisse gober l’idée que Lancaster ait été élu à la loyale. » c’n’était pas un débat dans lequel ils allaient se lancer – à vrai dire, s’il pouvait fermer sa bouche et n’alimenter aucune des discussions qu’elle avait pu lancer, ce serait parfait. Elle ne demandait que ça, elle, balancer des poings verbaux dans la tronche de ceux qui le méritaient, et surtout n’avoir aucune réponse – surtout une réponse aussi débile que celle-ci. Il la prenait pour qui, franchement ?! C’n’était pas parce qu’elle avait l’air d’avoir vingt ans tout au plus, qu’elle était rousse et qu’elle était une femme qu’elle n’y comprenait rien à la politique. A vrai dire, y’avait de bonnes statistiques qui devraient lui dire, à c’type, de n’pas se fier aux apparences : c’était un peu comme leur différence de taille, là - surprenant, la façon dont elle pourrait se révéler plus intelligente que lui. « Oh, n’t’en fais pas. Pour vouloir éveiller le minuscule éclat d’humanité qui pourrait y avoir en toi, faudrait que j’en ai quelque chose à faire. » elle arqua un sourcil, feignant une moue désolée – oui il était un connard, et ça sautait tellement aux yeux qu’elle n’avait même pas besoin d’un diplôme en psychologie pour s’en rendre compte. Et puis, le haïr lui, le blâmer lui, ça éloignait quelques-uns des songes qu’elle ne pouvait s’empêcher d’avoir, déjà – quel avait été son nom, à cette fille ? Avait-elle de la famille qui l’attendrait, se demanderait ce qui lui était arrivé ? Et ses parents ? Comment pouvait-on vivre avec l’incapacité de savoir ce qui était arrivé à un de nos proches ? Heureusement pour elle, le chasseur ne remarqua pas la vivacité avec laquelle les doutes et les questionnements affaissèrent son visage et plongèrent ses nerfs dans un océan glacé. Quand le cliquetis de la porte qu’il ouvrit se fit entendre, Jeane se recomposa, avant même qu’il n’ait eu le temps de remarquer quoique ce soit – m’enfin, c’n’était pas comme s’il serait capable d’y saisir quelque chose faisant écho à son âme pourrie. Il avait déjà repris sa lampe torche, et elle le fusilla du regard sous le faisceau de celle-ci lorsqu’il lui fit signe de s’engager dans le couloir empli de ténèbres qui se présentait devant eux. Le fait était là, immuable, dormant dans ses entrailles – elle avait peur du noir ; à cause des gens comme lui, de ceux qui l’avaient laissée, abandonnée, à côté du corps mort de sa mère – pendant des jours et des jours, des nuits entières à sentir la vitesse à laquelle un cadavre pouvait se décomposer. Déjà, une enclume venait de se poser sur sa poitrine, rendant sa respiration erratique ; mais elle ne dit rien, ses mâchoires s’enserrant dans l’ultime expression de son arrogance, de sa haine. Une réplique cinglante aurait été de mise, mais Jeane ne s’en encombra pas, avançant dans l’ombre la plus opaque qui soit. Peut-être devrait-elle ouvrir la bouche, au contraire, pour se distraire – l’idée lui vint presque comme un éclair de génie, et elle ne put se retenir plus longtemps ; « J’sais pas, c’est peut-être moi qui ai une vision bizarre des choses – mais ce serait pas au type armé de trois flingues, dix couteaux et sans aucune peur de la mort de passer devant ? » non, parce que c’n’était pas c’qu’il pensait être, à vrai dire ? Un héros transcendant les lois de la nature ?! Impossible, sûrement, de déverser plus de mépris dans cette phrase que ce qu’elle venait de lâcher, là, comme si ça pouvait lui permettre de respirer plus facilement. « Peut-être qu’on devrait commencer par-là : t’as tué quelqu’un récemment ? J’veux dire, autre que la fille là-bas enterrée sous les gravats. Pourquoi pas… un genre de transmutant pyromane à qui tu aurais tué la mère ? Ou le frère ? Ou la p’tite copine ? » c’était c’qu’ils faisaient de mieux, non ? Détruire des vies ? « C’est c’que tu fais, non ? Tuer des gens et peu importe le reste. Au moins tu pourrais bien finir le boulot, histoire que quand t’attaques des gens dans les couloirs sans crier gare, ils n’finissent pas enfumés avec toi. » et donc au fond, les transmutants non plus n’en avaient rien à foutre des dommages collatéraux : que ce soit Jeane ou les gens comme elle, ou tous les péquenauds qui se trouvaient au-dessus. Franchement, quel beau tableau, Radcliff ; élire Thaddeus Lancaster avait vraiment révélé le meilleur de ses habitants.
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Ailionora Townshend
Ailionora Townshend

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 14:32

#01C8AE
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Alec Lynch
Alec Lynch

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 16:01

Citation :
Distant, c’était comme ça qu’on pouvait dire que Cesare avait vécu les vingt-cinq premières années de sa vie. Toujours à des kilomètres de l’existence humaine, l’âme des autres, la sienne à lui, profondément enfouie sous une couche de divers traumatismes, de préceptes sempiternels qui avaient résonné et raisonné à ses oreilles d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Il s’était toujours su en dehors du monde, et c’n’était pas comme s’il avait passé beaucoup d’temps jour après jour, à essayer de rendre les choses différentes. Distant, c’était infiniment plus facile que tout c’qu’il traversait aujourd’hui. L’option facile, qui aurait certainement fait d’lui le digne successeur d’un homme comme son père, un DeMaggio si obnubilé par la chasse qu’il n’s’encombrerait d’aucune retenue, au moment d’pointer une arme à feu en direction de son fils à lui, pour une raison ou une autre. Le prétexte de l’entrainement, pour aiguiser les réflexes d’un gamin bien trop jeune pour avoir à affronter de telles choses – et un coup d’crosse dans la mâchoire parce qu’il ne réagissait pas assez vite. Il n’l’avait pas vue venir, la vie si brutale qui se profilait à l’horizon pour lui, sous prétexte qu’il portait ce patronyme plutôt qu’un autre ; ç’avait été le résultat d’une habitude, s’incrustant dans ses chairs pour rendre le cercle vicieux acceptable. Survivre, c’était après tout c’que les gens comme lui faisaient si bien : peu importaient les estafilades, les blessures sanguinolentes, les plaies à l’âme. Et maintenant qu’il n’était plus ça, même plus un DeMaggio, le fils d’un hunter qui en deviendrait un à sa suite – difficile de dire c’qu’il était. Il avait été le grand-frère, déterminé à sauvegarder l’humanité de sa sœur tout autant que sa vie, quoiqu’il lui en coûte, il aurait fait… tout, tout c’qu’il aurait pu faire, pour qu’Aria ait une seconde chance. Un nouveau départ, qu’lui-même ne méritait pas. La vie avait une certaine ironie, un putain d’sarcasme cruel qui faisait que malgré ses efforts, malgré ses volontés – elle s’foutait royalement de sa gueule, et le laissait là, lui. Lui, avec plus aucun passé, plus aucun visage d’autrefois à même d’enserrer son cœur dans le réveil de son devoir de toujours. Plus d’parents à rendre fiers. Plus d’Aria à protéger. Et l’avenir qui s’ouvrait, vaste et imprévisible, juste devant ses pieds. Le punissait-on pour avoir espéré connaître ça ? A une époque, d’ces temps qu’il avait toujours balayés d’un revers de la main, se ramenant toujours lui-même, plus brutalement à la réalité. Il n’avait pas été fait pour ça ; les belles vies posées, les secondes chances. Redémarrer à zéro, chasser ses démons d’autrefois. C’avait été cruel, alors, d’tomber amoureux d’Isolde, d’la laisser en faire de même. C’avait été cruel, tout autant que délicieux, une main apposée sur son âme, profondément enfouie sous tout ce qui en avait repoussées tant d’autres avant elle. Ellie, pour commencer – inlassablement, à chaque fois qu’il pensait à ses relations passées, elle était le premier nom qui lui venait à l’esprit. Ellie et la façon dont elle n’avait jamais fait partie d’sa vie ; du point d’vue de n’importe qui, ils n’avaient jamais vraiment été un couple, Cesare bien peu enclin à rendre des comptes à la jeune fille. Et elle, le cœur occupé par l’existence d’un autre type. Ils avaient été quelque chose – l’éphémère à l’état pur, une petite porte ouverte dans la conscience du fils chasseur. Et finalement, le caractère immuable et glacé dont il avait toujours fait preuve, avait fini par la faire fuir elle aussi. Elle aussi, d’autres – tous. Y’avait-il eu un code dans la nature, dans les étapes d’la création des espèces pour faire en sorte qu’Isolde soit celle différente parmi l’armée d’humains dont il n’avait eu cure pendant si longtemps ? Etait-ce une question de chimie, d’alchimie, de physique ? C’était ça, l’fin mot de l’histoire, le bilan de l’humanité toute entière ; y’avait des questions élémentaires, comme ça, des sentiments qu’on ressentait du bout des doigts, et qu’on n’pouvait pas expliquer.

Jamais il n’aurait pu s’accrocher à qui que ce soit avec autant d’volonté, de hargne à combattre les statistiques et chacun des réflexes qu’on avait construits en lui, avec les années. La haine des transmutants, le désintérêt pour les autres, ce besoin de toujours se distancier des imbéciles qui jetaient leur dévolu sur lui. La chasse, l’empreinte de la mort, incrustée à la surface de son épiderme, tel un tatouage duquel il n’aurait jamais pu se débarrasser. Un tatouage, une plaie grande ouverte, affichée aux yeux de tous, sans pour autant qu’ils n’la comprennent pleinement. Isolde comme tous les autres, quand bien même il n’avait que trop souvent le réflexe de l’imaginer lui être plus intime que n’importe qui dans toute sa vie. C’n’était pas pour autant qu’elle comprenait les allers-retours, les détours et les hésitations de ses pensées ; la façon dont celles-ci s’enchainaient, les unes et les autres, dans ses synapses. Son fonctionnement, rouillé et brisé en mille parts qui n’avaient plus rien d’une mécanique bien rodée. Eux deux non plus. Et pourtant, ils étaient là les souvenirs, ces bouts d’existence partagée ; en quantité industrielle, s’pressant contre les parois de leurs esprits pour remuer tout ce qui était désormais empoisonné entre eux. Les relents de nausée au creux de leurs entrailles, à chaque fois qu’ils se dévisageaient droit dans les yeux – y’avait des mots, qu’il était tenté de dire, de but en blanc comme ça, une brutale réalité à laquelle il n’avait que dû s’acclimater avec les années. Mais avait-il seulement le droit de les dire ? La tentation était grande, poussée par la pensée idéale que ça pouvait peut-être changer quelque chose – que ça pourrait soigner quelques-unes de leurs plaies. Les siennes à elles ; que pouvait-il faire, pour recoller ensemble une infime partie des fragments d’son cœur, qu’il voyait, brisé, juste au fond de ses prunelles ? C’était perdre son temps, ouais, sûrement, d’espérer tout ça et d’attendre tout ça – de s’dire que les mots n’pouvaient pas passer la barrière de ses lèvres, mais qu’ils trouveraient peut-être un jour d’eux-mêmes, le chemin vers l’esprit de la transmutante. Qu’elle s’rende compte, s’rendre compte de tout ce qui se cachait derrière le voile illusoire du réel où ils se haïssaient, se hurlaient dessus, se déchiquetaient et s’cramaient à petit feu. Tout ça parce qu’ils avaient partagé des bribes de passé ensemble. De ces bouts de vie qu’ils finiraient par détester, maudire du plus profond de leurs êtres s’ils continuaient comme ça – ils en étaient à s’dire qu’ils auraient peut-être mieux fait de n’jamais se rencontrer. Il n’aurait jamais cru éveiller ça en elle. Ou s’sentir vouloir ça. Quelle merde. « Okay. C’est pas grave. » signifia-t-il simplement, face à l’énième sentence qu’elle lui balança en pleine tronche, en ces répliques dont elle était la seule à avoir le secret. Tranchantes comme une lame de rasoir, destructrices sûrement plus qu’elle n’daignait l’imaginer. Qu’elle croit qu’il perdait son temps. Il était prêt à l’faire, à perdre son temps au moins pour ça, pour elle. Pour quelque chose ; la seule chose bien qui avait pu s’pointer dans sa vie, comme ça, sans crier gare. Ouais, y’avait eu Aria – mais Aria, ç’avait été différent, bien souvent il n’pouvait s’empêcher de s’dire que l’amour de sa sœur avait été un devoir biologique plus qu’autre chose. Isolde… Isolde c’était c’qu’il n’avait jamais connu, c’qu’il ne connaîtrait plus jamais. Et tant pis. Probablement. Sur qui passerait-elle ses nerfs, s’il n’était plus là, hein ? Etait-ce donc ça, leur truc ? S’retrouver, s’passer les nerfs l’un sur l’autre, à défaut d’trouver mieux. C’n’était pas comme s’ils pouvaient faire les choses différemment, d’toute manière… quoi, étaient-ils censés s’embrasser, s’retrouver, alors même que leur histoire était désormais construite sur un amoncèlement de cadavres ? Voilà, ils y étaient… le point de non-retour, sûrement, et l’incapacité dont ils souffraient, d’se laisser partir l’un l’autre. C’était peut-être bien égoïste, désespéré. Ou juste triste. Définitivement rien d’bon pour ce qui allait arriver, qu’ils le veuillent ou non – les mystères d’la nature, d’cette biologie qui les avait faits si bien fonctionner l’un l’autre. Paraissait que ça pouvait arriver, quand un homme et une femme se trouvaient, s’retrouvaient à c’point-là. Encore une fois, c’était à croire qu’ils n’avaient pas voulu. Pas réfléchi, réfléchi à l’ampleur des dégâts.

Ils n’faisaient que les amasser, les conséquences de la tempête dévastatrice qui s’était abattue sur leurs vies respectives ; Cesare, le tsunami qui avait ruiné chaque petite espérance qu’Isolde avait pu construire, après le chaos qu’elle avait traversé pendant tant de temps. Isolde, la tornade qui avait arraché des arbres aux racines si profondément ancrées dans son sol à lui. Trop pour Radcliff, trop pour eux deux, simples humains malgré les anormalités génétiques couvant sous leur peau. Et que pouvaient-ils y faire ? Que pouvaient-ils y changer ? Là, maintenant, son esprit se vidant toujours plus vite à mesure que les secondes défilaient, Cesare n’avait aucune réponse à ces questions. Il savait qu’il n’pouvait pas – n’voulait pas – lui lâcher la main. Il savait qu’il n’avait pas voulu être là, qu’il n’avait pas daigné l’faire, et que ç’avait sûrement été une erreur, une énième trahison à la mémoire de la Saddler. Pas là pour elle, pas là pour le bébé. Le bébé qui exigeait, d’la part d’une biologie immuable et inchangeable, qu’ils étaient été eux deux pour le concevoir. Eux deux… c’était presque obsolète aux yeux du monde et d’la logique de leurs raisons – ils n’pouvaient plus être c’qu’ils avaient été. Mais ça faisait surtout mal aux tripes, mal au cœur : comme si eux tous s’mettaient à protester à cette simple idée. Eux deux, là, le temps de la trêve que la jeune femme avait demandée presque sans même s’en rendre compte. Eux deux, et les saveurs d’antan qui revenaient si vite, si vite pour inverser la tendance. Et rendre la prescience de leur fin, plus insoutenable encore. Appartenir, appartenir à autre chose qu’aux DeMaggio, aux ambitions d’son père – ça n’avait pas été pour lui. A défaut, il n’trouvait pas les mots, n’savait pas quoi dire, quoi faire. Que devenir, quelle facette de lui adopter ; la nostalgie du passé, le Cesare du présent qu’Isolde n’connaissait qu’à peine. Le Cesare qui l’aimait ou celui qui n’avait pas le droit de le faire. Alors ouais, il était allé sur wikipédia, faute d’avoir fait mieux, faute d’avoir osé. C’était comme si tout courage l’avait abandonné – affronter la haine de son père, affronter la hargne de sa mère, la rancœur d’Aria, tout ça, ç’avait été infiniment plus facile que d’envisager le jour où Isolde le repousserait, une bonne fois pour toutes. Comme il le mériterait, à croire que c’était un droit qu’il s’efforçait d’lui arracher à chaque fois. Parce qu’il ne l’supporterait pas, pas après tout ça. Wikipédia, ou la pire tentative qui soit, d’s’accrocher à un devoir auquel il n’avait jamais pleinement connecté : après tout, d’après ce même article qu’il avait lu, il avait loupé d’nombreuses étapes, lors des neuf mois qui avaient couru. Des rendez-vous chez le gynécologue, les échographies ; celle du premier trimestre, où on pouvait apparemment entendre les premiers battements du cœur du bébé. Celle du début du second trimestre, où on pouvait connaître le sexe du bébé. Et toutes les autres, les obligations médicales, l’inquiétude qui accompagnait n’importe quelle étape si importante de la vie – la vie, cette chose qui n’avait été qu’un automatisme dicté par son appartenance au sang de ses parents, pendant si longtemps. Vivre, vivre c’n’était qu’avec Isolde. « J-j-j’en sais rien. » répondit-il simplement en haussant les épaules, alors qu’il n’remarquait qu’à peine que sa phrase, à défaut d’vouloir dire quelque chose de concret et responsable, avait calmé Isolde dans sa panique. « J’veux dire-. » qu’est-ce qu’elle aurait fait s’il était soudainement devenu le père responsable de l’année, prompt à aller suivre les cours donnés gratuitement par l’hôpital pour tous les futurs parents, hein ? « Normalement, l’accouchement commence par une phase de latence, hein, avec des contractions… plus ou moins écartées. Et la phase active commence quand les contractions s’rapprochent, et que- » qu’elle perdait les eaux, le liquide amniotique si nécessaire à la survie du fœtus… leur fille. Et la Saddler n’avait sûrement jamais assisté à c’que ça faisait, d’avoir un Cesare scolaire jusqu’au bout des doigts en face d’elle – c’était comme ça qu’on lui avait appris tout c’qu’il savait, des informations entrées de force dans sa tête, des préceptes qu’il déblatérait comme s’ils étaient les siens. Et le débat n’était pas là, le point clé d’leur histoire désastreuse ne s’passait pas là, dans les pages et les pages internet qu’il avait décortiquées, presque sans même s’en rendre compte, comme ça, au gré de ces longues nuits d’insomnie.

Aucun fait scientifique lâché sur Wikipédia n’pouvait donner une idée de ce qu’elle traversait – les douleurs, l’inquiétude, ou la nervosité qui le prit aux tripes alors qu’il sentait la jeune femme, tout contre lui, crispée par la peine et les maux. Elle n’avait pas cherché sur Wikipédia, elle, et quand bien même elle avait fait sauter une bombe à côté de son bébé à l’époque où ses tympans se développaient tout juste, ça faisait quand même d’elle un meilleur parent que lui. Wikipédia, comme disaient les autres, ça n’avait pas réponse à tout. Pas à leurs problèmes à eux. Pas aux souffrances, hantises qu’Isolde mettait à haute voix, comme ça, confiées comme tout c’qu’ils s’étaient confiés pendant des mois. Des mois rien qu’à eux. Et que pouvait-il faire ? Hein ?! Caresser sa main sans savoir si c’était lui ou elle qu’il consolait le plus, glisser ses doigts dans ses cheveux comme si le temps, les épreuves, les estafilades n’avaient jamais existé. Ô combien il finirait damné, puni encore et encore pour tous les pas indécents qu’il s’permettait de faire entre eux, comme autrefois, alors même qu’il n’en avait pas le droit. Allait-elle mourir ? Y’avait un fait génétique encore une fois, qui la poussait au bord du gouffre, les poussait tous les deux, mains liées, corps entrelacés, au bord du gouffre. Mais il n’voulait pas y croire, il n’pouvait pas y croire – pas après tout c’qu’ils avaient enduré, traversé, asséchés par les épreuves et le temps. Non, ils avaient encore des disputes à aligner dans tous les sens, les mêmes paroles à s’dire et redire encore. Ils devaient s’déchirer jusqu’à la mort – il devait faire les choses bien, faire les choses mieux. Ouais, Cesare avait encore toute une quantité de Pénitence à accomplir avant qu’elle puisse mourir, comme ça, si bêtement. « Okay. » se contenta-t-il pourtant de répondre à travers l’étau qui serrait sa gorge. Okay, il s’occuperait d’elle s’il le fallait. Okay il ferait tout c’qu’elle pouvait demander. Okay il pactiserait avec une part de son existence qui n’pouvait pas être, si elle n’était pas là avec lui. Il le ferait, peut-être que ce serait ça, sa façon d’se racheter. Il n’voulait pas y croire, n’pourrait jamais l’accepter pleinement – mais c’était c’qu’Isolde avait besoin d’entendre plus que c’qu’il avait la force ou l’incapacité de dire. Okay. Il le ferait. Sans promesse en l’air, sans mensonge. DeMaggio. Chasseur. Transmutant. Aussi désemparé qu’il était. Et c’était comme s’il était de retour, des semaines en arrière ; à serrer sa sœur dans ses bras alors qu’elle venait tout juste de se réveiller d’un énième cauchemar. Aria, Isolde ; y’avait personne d’assez cruel où que ce soit pour daigner les lui prendre toutes les deux. « Mais d’toute façon… t’as pas intérêt à mourir comme ça. » lâcha-t-il finalement, incapable de se retenir, un éclair de hargne dans la voix – non pas adressée à elle. Mais à tous les autres, tous ceux qui pourraient s’dire que c’n’était que justice, ou la façon dont la vie pouvait tourner. L’ordre naturel, Dieu, le Destin, ou peu importe quoi ; qu’il leur foute la paix au moins pour cette fois. « J’ai aussi des nerfs, tu sais. » ajouta-t-il, un vague sourire sans réelle impression glissant à la surface de ses lèvres. Isolde ne le vit même pas, sûrement. « Ça devrait passer… » il n’avait pas inspecté sa montre plus qu’il n’avait compté les secondes qui s’étaient écoulées dans sa tête – il n’avait jamais eu d’contraction, à vrai dire, mais Wikipédia disait qu’elles duraient quelques poignées de seconde tout au plus, chacune espacée de la suivante par dix, voire vingt minutes. Dix, voire vingt, quand c’n’était pas alarmant, une fausse alerte – le début du début, et non pas la fin d’la fin.
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 18:43

☆ le ctrl+v. - Page 10 3167136188 ☆ le ctrl+v. - Page 10 1734149047 ☆ le ctrl+v. - Page 10 3167136188 ☆ le ctrl+v. - Page 10 1734149047 ☆ le ctrl+v. - Page 10 3167136188 ☆ le ctrl+v. - Page 10 1734149047
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Alec Lynch
Alec Lynch

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 19:04

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La misère, un certain degré d’celle-ci, il pouvait au moins dire qu’il connaissait. Qu’il partageait la lourdeur d’ce sentiment, qu’il pouvait lire au fond des prunelles de quelqu’un : particulièrement au fond de celles de quelqu’un comme Calista. A la voir comme ça, brindille humaine, avec sa chevelure blonde, ses obsessions et passions dignes d’une gamine, son caractère totalement spontané, on pouvait s’imaginer qu’il n’fallait pas grand-chose pour la briser. La misère, pourtant, elle connaissait aussi. Sans vraiment l’dire, sans même le crier sur tous les toits comme il avait été si prompt à le faire pendant longtemps. Treize, presque quatorze interminables années ; un long tunnel droit dont il n’était même pas sûr d’avoir enfin vu la sortie. C’était ça l’truc, avec la misère, la torpeur, un cercle vicieux qui avait pris l’pas sur la vie humaine pendant trop longtemps : à trente-quatre ans aujourd’hui, Alec Lynch pouvait-il clamer haut et fort qu’il avait mis au clair chacune de ses idées ? Peut-être qu’c’était impossible à faire, même en cinquante ans de vie – même dans cette éternité qui se profilait devant lui ; y’avait des choses, sur lesquelles il pouvait dire qu’il était sûr. Probablement. Dès qu’il creusait un petit peu - grattait la surface et dépassait ce qu’Alec Lynch avait toujours été. Imprudent. Ambitieux, certes, mais impétueux. Si incapable de tenir en place qu’il avait eu le besoin vital de quitter sa ville natale dès que ses parents étaient morts – comme si ç’avait été trop dur à porter, tout simplement. Et tout ça pour ça. Tout ça pour se retrouver à Radcliff, le pire bled que l’humanité ait un jour engendré, une ville au bord de l’explosion, où il se retrouvait à être un soldat sans aucun camp. Ni pleinement transmutant. Ni hunter. Car les circonstances, les semaines et les mois qui avaient couru n’changeaient rien – Alec n’envisageait pas d’vivre avec cette chose battant dans son sang. Peu importait ce que la génétique pouvait avoir à dire là-dedans, la vie éternelle, la mutation, c’n’était pas fait pour lui. Et rien qu’pour ça, malgré ses propres envies et la hargne destructrice qui s’était éveillée en lui, ses anciens alliés voulaient sa mort. Ils la réclameraient, sûrement, aussitôt poseraient-ils le regard sur lui. Ouais, dans l’océan d’indécision qui venait de s’déverser sur lui après la libération qu’il avait tant espérée, le Lynch n’avait trouvé qu’une seule chose qu’il savait sans faillir, sans douter. Calista serait là. Calista n’le balancerait pas au reste des hunters s’il venait frapper à sa porte. Calista était celle dont il avait besoin. Celle qu’il avait espéré retrouver maintes et maintes fois, lorsqu’il laissait ses songes s’envoler en des rêveries parasites, là où il avait été. Encore et encore, il s’était mis en danger, l’avait mise elle en danger, presque sans même s’en rendre compte. Aujourd’hui encore… y avait-il eu quelqu’un fiché dans le sillage d’un Alec trop imprudent pour s’en rendre compte ? Combien de temps avaient-ils, avant qu’une armée de dégénérés ou une armée de hunters n’se pointe à leur porte ? Et… et n’les embarque tous les deux, n’les tue tous les deux, comme des animaux. Tous les deux – comme le prouvait le bracelet qui bipa dès que Calista le prit entre ses mains : pour beaucoup, ç’aurait été une preuve irréfutable (les membres du Gunpowder Squad n’avaient sûrement besoin que de ça), pour lui, c’était autre chose. Peut-être bien parce qu’il n’avait été que victime de ce mécanisme-là, que ce bracelet l’avait détecté lui et avait fait de lui une cible pour tous ceux qui voudraient réclamer sa tête, comme un trophée de chasse. Mais maintenant plus que jamais, c’était comme si détecter les transmutants n’voulait plus rien dire… ça n’voulait pas dire que la mort devait s’ensuivre comme ultime jugement. Ca n’voulait pas dire qu’ils étaient tous, juste bons à être condamnés. Ouais… c’qu’il avait su, c’qu’il savait désormais, un perpétuel changement, que lui-même était prêt à trouver dégueulasse et ironique.

Il n’voulait presque pas songer, pas penser, pas s’pencher sur tout ce que ça remettait en question. Les longues, longues quatorze années qu’il laissait derrière lui. Les paroles de Maiken Holst. Les paroles de Felix. Les paroles de Calista. Les siennes à lui. La misère, l’irrémédiable sentiment qui restait dans ceux qui étaient incapables de s’faire aux changements, quels qu’ils soient. C’était donc ça, les réponses à tout ce qui se passait dans la vie ? Tous les lourds sentiments qu’il avait gardés enfouis en lui ? A dévisager la Wolstenholme, miroir de ses propres réponses à lui face à une mutation qui avait débarqué comme ça, sans crier gare, Alec n’pouvait s’imaginer les choses différemment. Car elle n’pouvait pas le voir, le père de la jeune femme n’pouvait pas le voir. Personne n’pouvait le voir, le percevoir comme il l’avait déjà fait – mais Calista avait ce quelque chose qui la rendait brave. Plus brave que lui, plus brave que toutes les personnes qu’il avait un jour croisées dans son sillage. Etait-ce cette bravoure, qui accrochait l’attention, attirait le regard ? Cette bravoure qui la rendait si… si Calista ? Et quand il pensait courage, la blonde, elle, s’était construit tout un monde dans lequel elle n’était pas grand-chose ; rien d’autre que la fille décevante d’un homme qui n’l’avait jamais comprise. Merde, même Alec lui-même, n’serait jamais capable de la comprendre totalement, de A à Z, sans faille aucune et sans surprise aucune. Mais Calista… Calista c’était celle qui avait porté le poids d’être la fille ainée de deux gamins qui avaient perdu leur mère comme ça, sans crier gare, trop jeunes qu’ils avaient été à l’époque. Calista ç’avait été l’orpheline qui avait bien mieux vécu la mort de sa mère que le Lynch lui-même. Prendre les armes, ç’avait été la partie facile, le réflexe de survie ; la haine, la hargne, la vengeance. Et ça l’avait dévoré de l’intérieur, ç’avait manqué de le tuer à tellement de reprises. Et tout ça, tout ça… ça semblait presque être des ressentis qu’elle n’avait jamais eus, elle, d’ces tares d’humanité qui n’l’avaient jamais entachée. Jamais pleinement. Jamais comme ç’avait bouffé son âme à lui, jusqu’à c’qu’il risque d’y perdre son humanité à chaque fois un peu plus. Quinze ans, quinze ans d’massacre dont il commençait tout juste à ressasser l’impact, la prescience que ç’avait eu sur le jeune homme qu’il avait été. C’n’était pas pour rien qu’il n’était plus le fils que ses parents avaient connu, à l’époque de leur vivant. C’n’était pas pour rien, qu’il n’avait pas envie, et n’aurait jamais la force sûrement, d’refaire le trajet en sens inverse, direction l’Elizabethtown où il était né. Plus une hantise, qu’un progrès quelconque : Alec n’avait pas tourné la page, il n’l’avait jamais fait. Au fond, comment pouvait-on faire pire que ça ? Pire que lui, sa façon d’avoir géré le deuil et d’avoir encaissé les putains d’imprévus d’cette tortionnaire de vie ?! Et l’voyage ne faisait que commencer, hein, elle n’avait pas fini de jouer avec eux, celle-ci ; ils auraient pu, simplement se retrouver après des semaines de séparation. Et advienne que pourra. Ils auraient pu, avoir une vie bien plus facile à encaisser que c’qu’ils connaissaient, traversaient jour après jour. Ici, à Radcliff ou ailleurs. Mais ils en étaient là, suite à une succession de choix qu’ils avaient faits – pourquoi ? Comment ? Qu’importait. « Tu m’feras pas de mal… » lâcha-t-il, avant de pouvoir retenir ses mots : ce n’était certainement pas ça, cette simple phrase pour répondre à ses inquiétudes, qui allait pleinement soulager la jeune femme. C’était juste c’qu’il pensait, c’qu’il pensait au plus profond de ses tripes – une assurance aussi froide que l’acier, et indestructible que celui-ci. Mais ça n’changeait rien au problème, ce problème qu’il avait lui-même affronté. Qu’il continuait d’affronter, à chaque fois qu’une de ses plaies se refermait, à chaque fois que ses propres cellules guérissaient d’une blessure qui aurait dû être mortelle. « Et si tu veux blesser personne, Calista… apprends à l’maîtriser. » sûrement c’que tout chasseur pouvait haïr dans le fait d’avoir un pouvoir : l’accepter, faire avec, et le maîtriser. Trois étapes qu’il n’avait pas franchies lui-même, et un devoir qu’il n’avait même pas à accomplir. Ses touchers n’tuaient pas. « Tu peux l’faire… Parce qu’au fond, c’est c’qu’y importe. » comme elle l’avait dit ; y’avait que ceux qui choisissaient d’être dangereux qui l’étaient. Ils s’retrouvaient vraiment là, les rôles inversés et Alec, goûtant au doux-amer sentiment qu’avait dû connaître la chasseuse, il n’y avait pas si longtemps que ça. Le besoin incontrôlable de dire ces mots, d’les mettre à haute voix – pour elle, pour lui, pour eux. Et à la fois, quelque chose dans ses tripes qui protestait contre ça – l’instinct du chasseur.

Instinct qu’il ravala, qu’il ravalerait toujours si c’était elle ; peut-être était-ce de l’hypocrisie à l’état pur. Ou d’la confiance aveugle. Il n’avait pas peur d’lui prendre la main, pas peur d’enserrer son visage entre ses deux paumes à lui. Moins peur que dans l’fait d’affronter le miracle qui se produisait à chaque fois que ses propres cellules le sauvaient d’une mort certaine. Quel paradoxe – mais c’était comme ça, hein… comme ça. Et les scènes se succédaient, infiniment similaires à ce qu’ils avaient déjà connu – si Calista n’avait pas encore dit ’peut-être que ce serait mieux que j’quitte la ville’, tout dans son attitude le repoussait. Elle avait écarté ses mains, encore et encore ; ça n’avait pas empêché Alec de revenir, par masochisme sans doute. Il était loin, l’chasseur d’y a sept ans, qui n’avait jamais hésité une seconde sur l’humanité ou l’inhumanité d’un dégénéré auquel il tirait une flèche droit dans le cœur. Mais il ne la toucha plus, n’fit plus aucun geste dans sa direction – il le voulait, le voulait tellement, insatiable de ce contact humain qu’elle était la seule à pouvoir lui offrir. Mais elle ne l’voulait pas, ne l’pouvait pas, ou le craignait pour une quelconque raison ; qu’il en soit ainsi. Il s'était alors contenté de s’accroupir devant le fauteuil sur lequel elle s’était assise, l’observant se recroqueviller sur elle-même. « Ouais… c’est différent quand c’est quelqu’un d’autre qui le dit. » lâcha-t-il dans un sourire. « Et c’est plus facile de le dire aussi, je l’sais Calista… » il pouvait l’savoir maintenant, du moins. « Mais y’a rien qu’tu pourras faire, ou qu’tu pourras être qui me fera… dire autre chose. » qu’elle fasse un faux-mouvement et manque de lui arracher toute son énergie. Qu’elle reste terrée dans son appartement avec la pire allure qui soit, dans le noir, comme ça, sans bouger. Quand bien même elle n’pouvait pas y croire, n’pouvait pas le voir – c’était toujours elle, toujours c’qu’elle faisait, piégée dans une tempête de misère qui n’semblait pas vouloir s’arrêter. C’était toujours mieux que c’que lui il avait fait, avait été prêt à faire à de si nombreuses reprises. « Je sais que tu l’as pas fait, moi. » elle n’pouvait pas. Elle n’était pas comme ça, à frôler le désespoir à ce point. C’était son genre à lui, ça, pas à elle. « Et on va creuser cette histoire, retourner c’dossier dans tous les sens – et même trouver toutes les preuves scientifiques possibles et imaginables pour que t’y crois. » parce que, parce que… « Parce que, ouais. On laisse pas tomber les gens qu’on aime, j’suppose. » j’suppose, plus un stupide réflexe de n’pas dire ce qu’il avait dit, de la même façon qu’elle, y’a des semaines déjà. Trop longtemps, trop de mois de silences qui avaient précédé ces paroles-là. ‘J’suppose’, il aurait sûrement pu trouver mieux que ça ; mais si elle pouvait y croire, si près qu’ils étaient l’un de l’autre malgré la pénombre, c’était en saisissant le sourire né à la commissure des lèvres du Lynch, discret, distrait. Il n’était clairement pas un expert dans l’domaine – mille fois, il préférerait aller foutre des flèches dans une armée de dégénérés enragés plutôt que de délivrer des longues tirades sur ce genre de sujets-là. Il était le bras armé et elle était… elle était… « Hey, c’est pas grave. » s’empressa-t-il d’ajouter pour répondre aux doutes qu’elle mettait à nouveau à haute-voix ; il était celui qui volait à son secours, ouais. Parfois. Souvent. Pas assez souvent. « On dirait bien que… qu’j’ai manqué à c’devoir aussi, ces derniers temps. » ne put-il s’empêcher d’ajouter, détaillant la jeune femme ; car même si elle vivait dans le noir quasi-complet, il avait déjà remarqué son bras en écharpe, les stigmates qu’elle portait à la vue de tous, les douleurs qui passaient sur son visage. Et lui, qui n’avait pas été là. Il avait envie, tellement envie d’savoir ce qui avait bien pu s’passer – car ouais, c’n’était pas franchement humainement possible de se casser le bras tout seul. Il se retint pourtant d’insister, le regard dans le vague, un sourire comme vague diversion. « J’veux dire… si t’as cherché au point de me googleiser ou va savoir quoi… j’devrais surtout m’estimer heureux qu’tu m’aies laissé passer la porte. » et il eut un souffle, ou plutôt un vague ricanement alors que dans sa tête, s’alignaient déjà toutes les informations que Calista avait dû trouver sur lui. Oh, on avait parlé de lui, dans les journaux locaux lorsqu’il avait été en Spring Break et qu’il avait foutu le feu à sa chambre d’hôtel… Le millionnaire qui était l’image même de la décadente jeunesse américaine. Ou cette fois-là où il avait planté un avion au beau milieu d’un champ. Ou toutes les informations sur son casier judiciaire, les rixes de jeune con, que son père avait faites effacer avant son entrée à l’Université, mais que quelqu’un comme la chasseuse ne pouvait que trouver. « Faut pas croire… j’suis une mauvaise fréquentation. » ajouta-t-il, trouvant de son regard, celui de la blonde à quelques pas de là. Mauvaise fréquentation, déjà à l’époque où il avait été un jeune normal. Maintenant, aux yeux des Wolstenholme, ça d’vait aller plus loin que ça – transmutant, en plus du reste.
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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 22:46

y a ceux qui comptent le moins, je préfère compter le trop, ça fait sourire
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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 22:54

#ff9900
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMer 27 Jan 2016 - 1:02

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Bob avait été étonnamment flatté par le compliment sur les goûts de sa mère. Il n’avait jamais connu la femme qui avait donné sa vie pour qu’il voit le jour mais toujours était-il qu’il s’en était dressé un portrait très élogieux, aidé par son frère qui lui avait souvent raconté des histoires où sa mère était toujours juste, gentille, tendre… De ce fait, Bob avait toujours considéré avec beaucoup d’honneur le fait d’être le fils d’une femme pareille. Bien entendu, l’image que l’homme grenouille se faisait de sa mère était assez loin de la vérité. Se marier avec l’un des pires partis de Montevideo relevait déjà d’un petit problème ou deux. Soit elle ne pouvait pas trouver mieux, soit elle avait désespérément besoin de quelqu’un dans sa vie. Dans un cas comme dans l’autre, la jeune femme n’avait ni été une sainte ni même particulièrement gentille. Bob n’en savait rien et malgré tout ce qu’il s’était passé, il était quasiment sur que jamais il n’entendrait la vérité de la bouche de Danny, celui-ci s’accrochant aussi beaucoup à cette image parfaite.
Bob leva les yeux vers Malachi. La quatrième de couverture… Son professeur lui en avait déjà parlé, il lui avait même montré. Il se sentait con d’avoir oublié ça. Il se creusa les méninges et finit par se souvenir que c’était là qu’on trouvait le résumé de ce qui se trouvait dans le livre. Il s’était également souvenu qu’il s’était fait la réflexion que ce nom était bête pour une raison très bête : on pouvait facilement le changer par…. Par… par le dos ! Ah ! Voilà ! La quatrième de couverture c’était le dos. Il hocha la tête aux instructions de Malachi et retourna le livre entre ses mains. Il se pencha vers les caractères. Oh, il y voyait très bien mais pour le moment, il lisait comme un petit garçon de 3ans et il n’arrivait pas à faire autrement. Le nez collé contre son livre. Il déchiffrait les caractères comme un cambrioleur novice force une serrure : avec difficulté et appréhension. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, il avait beaucoup de chose en tête. Tout ce qu’il se passait avec Seth, les mutants, la ville. Il se sentait de plus en plus concerné. Il fallait avouer que se terrer dans un appartement sans pouvoir sortir pendant des jours et des jours, ça aidait grandement à se sentir concerner. Il finit par redresser la tête vers Malachi et le regarda intensément. Il essayait de savoir si son professeur allait lui claquer le beignet si jamais il ne se mettait pas à lire cette satanée quatrième de couverture. Bob prit une inspiration, la bloqua puis finalement se lança.

« -J’comprend pas… Pourquoi ils seraient inculpé de crime raciale ? J’veux dire… Un connard haineux, ça reste un connard haineux quoiqu’il haïsse ? »

Il plissa les yeux et pencha la tête.

« -Parce que… S’tu prend mon père… Bon. C’est un connard haineux. Il a pas spécialement besoin des mutants pour être un connard haineux. C’est juste plus facile quoi. Et votre couvre feu, là. C’est quoi le délire ? Empecher les gens de sortir… Enfin chai pas. Ca m’dépasse tout ça. »

Il plissa les yeux, réalisant qu’il avait beaucoup parlé. Un très léger croassement sortit de sa gorge sous la gêne. Le pire dans l’histoire c’est qu’il avait encore plein de truc à dire à demander. Il essayait de comprendre. D’envisager ce que c’était la vie en société. C’était un truc qu’il n’avait jamais vraiment pratiqué. Pour pas dire qu’il l’avait complètement fui. Avec Seth, il en entendait parler comme si il savait exactement ce qu’il se passait mais ça n’était pas le cas. Absolument pas le cas. Il se contentait de comprendre que ça n’allait pas vraiment pour Seth et il lui offrait une bière et à manger quand ça allait pas du tout. Depuis quelques temps, il voulait comprendre plus. Il ne voulait pas forcément participer… Quoique… Est-ce qu’il ne voulait pas… ? Pour aider le Calédonien ? Il secoua la tête à cette pensée et fronça les sourcils. Bordel, c’était chiant toute cette histoire.
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeMer 27 Jan 2016 - 2:14

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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeJeu 28 Jan 2016 - 1:35

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeJeu 28 Jan 2016 - 1:38

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 10 Icon_minitimeJeu 28 Jan 2016 - 2:11

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