Sleeping beauty missed a hundred years of history

« Allo papa, il faut que tu viennes me chercher au salon de thé qu’il y a en ville, le patron veut pas me laisser rentrer seul, parce que je me suis battu... » Et voilà, c’est ce qui arrive quand on fait des enfants, ils vous font honte en se battant en pleine rue et après vous passez pour un père indigne qui ne sais pas éduquer ses enfants. Alors me voilà à retourner au dit Salon de thé après avoir ramené mon fils à la maison pour aller m’excuser. J’avais dû le soigner cet abrutit ! Il se bat et c’est moi qui dois jouer les infirmières, comme si je n’avais que ça à faire en plus, j’ai des cours à revoir et des copies à corriger moi ! Je peux comprendre que depuis la mort de sa mère il ne soit pas bien, et je peux le comprendre parce que je suis comme lui, mais de là à déclencher des bagarres de rues….c’est pas parce que moi je me bat dans les bars quand je suis ivre qu’il doit faire de même, il a dix-sept ans putain, il est suffisamment grand pour comprendre que ce que je fais n’est pas à faire, il n’en ai plus à l’âge où il absorbe tout ce qu’il voit ! Et qu’est-ce que je vais lui dire moi à ce pauvre homme ? Que je suis désolé que mon fils ce soit battu devant sa devanture ?  Et puis un Salon de thé ! Il existe encore des gens en ce bas monde qui boivent de cette chose infâme ? Je pensais que ma femme était la dernière ! Enfin il y a sa mère mais elle est bizarre et malade on l’excuse. On peut boire toute sorte de plantes tout plus immondes les unes que les autres mais par contre le cannabis qu’on met dans un spacecake ou de l’absinthe ça non ? Pourtant c’est tout aussi dégueulasse, bon certes les effets sur le corps humains sont pas les même mais quand même ça n’excuse pas qu’on serve ces choses immondes.

J’entre dans la bâtisse où j’ai il y’a quelques dizaines de minutes récupérer mon fils en sang. Heureusement il n’y a pas énormément de monde, tu m’étonnes, vu ce qu’on sert ici, « Monsieur veuillez remplir ma tasse de thé au jasmin et petites fleurs de pétaouchnok » pffff je ne comprendrais jamais pourquoi Lydia aimait ce genre de truc. Tu mets de l’herbe dan de l’eau chaude ça donne la même chose. Enfin bref installé à une table j’attends gentiment de voir réapparaître le patron des lieux pour enfin pouvoir m’excuser pour l’incivilité causée par mon fils, j’ai même commandé un café à la grande surprise du serveur, ben oui, je ne suis pas venu là pour l’eau chaude à l’herbe qu’ils servent par ici. Je commençais presque à m’endormir quand il arriva enfin à la table où j’étais, en même temps c’est super calme par ici, c’est soporifique, moi qui est du mal à dormir depuis que je suis vacciné je vais venir passer plus de temps ici. Je sais ça fait mauvais genre de piquer du nez lorsqu’on doit s’excuser, mais bon. Je me lève en hâte en renversant presque mon café, seule boisson buvable des lieux j’en suis sûr. Je tends la main à l’homme qui se tient devant moi « Je suis vraiment désolé pour les ennuis que mon fils vous a causé, j’espère au moins qu’il ne vous à pas blessé ou quoi que ce soit ? » Il en a pas l’air du moins, mais il faut dire qu’il ressemble à quelqu’un qu’il serait facile de mettre au tapis, il semble…fragile. Enfin bon, il ne faut pas juger un livre à sa couverture non ?

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Pourquoi avait-il fallu qu’Harvey se batte ? J’en perdais un temps fou moi maintenant ! Non mais sérieusement, je n’ai pas que ça à foutre de traîner dans des salons de thé ! En plus il n’y a même pas d’alcool, ce truc est vraiment du foutage de gueule ! Enfin, je suis là pour m’excuser par pour m’énerver. «Ah, je croyais que vous étiez revenu pour goûter au meilleur café de Radcliff. » un léger sourire se dessina sur mon visage, au moins il n’est pas fou il sait que son café est mauvais, mais c’est toujours mieux que celui que je dois boire au lycée. «Mais ne vous inquiétez pas, j’en ai vu d’autres. » Oh oui j’en suis sûr, des combats de petits vieux en déambulateur ça doit arriver souvent par ici ! «Votre fils va bien ? Il avait l’air … particulièrement impliqué dans cette bagarre. » Il est impliqué dans toute les bagarres auxquelles il participe, je n’ai même pas demandé pourquoi il se battait, mon morveux ne voulait probablement qu’une chose, se défouler. « Quelques égratignure rien de plus, il en a essuyé d’autres… malheureusement. » et oui ça aussi c’est de ma faute, avant que tout ne dérape il ne se battait pas, au contraire il était plutôt pacifiste. Maintenant une remarque mal placée sur les mutants, sur lui ou un de ses proches et il part au quart de tour. «Vous êtes sûr que vous ne préférez pas un thé ? Ma cafetière est une antiquité qui fonctionne à peine, je ne sais même pas pourquoi je l’ai encore … Le café doit être immonde. Je peux vous faire essayer autre chose d’un peu plus savoureux. » Plus savoureux ? Il a du scotch ici ? Ou au moins une bière bas de gamme ? Parce que son thé moi j’en veux pas, je ne suis pas un lapin, je ne me nourris pas d’herbe alors en boire encore moins ! « Je ne vais pas vous mentir, le thé et moi on n’est pas très copains. Pour moi les leurs c’est sur les arbres, pas dans une tasse. »

Non mais sérieusement, il me prend pour qui ? Si Lydia était là elle serait déjà en train d’examiner les saveurs une à une, demandant conseil et hésitant tandis que moi je la regarderais faire en souriant bêtement et en râlant lui priant de sortir d’ici. Mais, malheureusement ce n’est pas le cas, elle n’est pas là, je vais m’en tenir à ma tasse de café bien peu goûteuse. « Je suis plus du côté Irish-coffee vous savez, et même si je dois avouer que votre café n’est pas génial –et pourtant pas le plus mauvais de la ville- c’est toujours mieux qu’un thé. » Je ne veux pas le vexer le bon monsieur, mais vraiment, à la limite qu’il me serve de l’eau chaude, c’est exactement la même chose. Et s’il n’y a pas d’alcool quel est le but ? Enfin, pour une fois que je passe une bonne journée en somme et que je n’ai pas touché à une seule goutte d’alcool on va essayer de continuer ainsi. « Tout ce qui m’importait en venant ici, c’était d’être sûr que mon fils n’avait fait aucun dégât et m’excuser le reste vous savez, ce n’est pas ma préoccupation du moment ! » Excepté peut-être faire interner tous les clients de cet endroit, qui est assez fou pour boire ça ? Lydia, je ne te comprendrais jamais sur ce point-là ! Enfin, si ça pouvait me la ramener, je boirais bien tous les thés du monde cul sec sans aucune hésitation quitte à détruire mes papilles.

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Il n’a pas tort, les enfants sont une belle source d’ennuis, ils nous prennent énormément de temps, et d’énergie. Pourtant tout ça n’est pas suffisant, il faut toujours faire plus, et si mon fils un jour me disait que je n’en fait pas assez –comme s’il ne me l’avait jamais dit- je ne pourrais être que d’accord avec lui. Ce n’est pas pour autant que je l’avouerais, pas devant lui, je préfère lui tenir tête bien entendu, et deux têtes de mule comme ça, ça ne s’entend jamais bien. Pourtant je suis toujours là pour lui,  comme aujourd’hui, quand il se bat, c’est moi qui viens m’excuser pour lui. Il ne le sait pas et ne le comprend pas, mais je l’aime et je détruirais quiconque voudrait essayer de me le prendre, et s’il n’était pas là, si je ne devais pas le protéger, je remuerais ciel et terre pour trouver celui qui a tué ma femme. Cet homme qui prétend que le thé est meilleur qu’un café, mais oui bien sûr, et mon cul c’est du poulet ? « Je vous avais prévenu qu’il devait être immonde. Je suis curieux de savoir où est-ce qu’on en vend un pire que ça. »  Dans tellement d’endroits, comme au  lycée par exemple, ou chez ma belle-mère. Jamais cette vielle bique ne saura faire du café, pas étonnant que Lydia préférait le thé vu ce que sa mère lui servait. Maintenant que je me suis gentiment excusé je n’ai plus qu’à rentrer chez moi, je pourrais ainsi, boire quelque chose de meilleur et bien plus fort que ça, avant d’affronter mon fils pour une énième engueulade. Le gérant se dirigea vers l’arrière-boutique avant que je ne puisse dire quoique ce soit et revint avec deux bouteille une de whisky et une autre de Bailey’s, je ne pus m’empêcher de sourire, mon héros ! « Je vous laisse faire votre Irish Coffee, je préfère encore vous voir boire ça que mon café seul. »

Il ne me fallut pas longtemps pour que mon Irish-coffee soit près, si je l’avais voulu j’aurais pu le faire il y a des lustre, je ne sors jamais sans ma flasque de whisky, mais je pensais que ça aurait été mal vu, maintenant que c’est si gentiment proposé, je ne peux pas refuser.  « Merci d’être venu vous excuser. » Il fallait bien que je le fasse non ? C’est comme ça que ça marche non, les gamins font des conneries, les parents nettoient, et après soient on leurs dit rien et ils deviennent des petits monstres, soient on leur fait un bon sermon. « De rien, c’est tout à fait normal, c’est mon fils, il faut bien que je sois un minimum responsable quant à ses actions. » ouais, si on veut, mais il ne devrait pas se battre, toute cette colère qu’il a en lui, je ne sais pas comment je peux bien l’aider pour l’extérioriser autrement qu’en se battant, et je ne suis pas un exemple à suivre. « Dites-moi, vous n’avez jamais pensé à acheter une machine à café, une vrai, pour les gens qui accompagnent les buveurs d’herbes ? Et croyez moi, ma belle-mère et le café du lycée détiennent la première place pour ce qui est du café le plus immonde de la ville ! » Le fait qu’ici il y est du whisky ça change beaucoup de chose en plus ! « J’avoue que je ne comprends pas votre passion pour le thé, le peu que j’ai bu dans ma vie s’apparentait plus à de l’herbes sans grand goût si ce n’est de l’amertume et de l’eau chaude. Il me faut au moins cinq sucres pour boire ça ! » Je souris avant de reprendre une gorgée de la vraie boisson que j’ai entre les mains. Enfin peu importe, il en faut pour tous les goûts non ? « Et plus important encore, pourquoi ouvrir un salon de thé ici, à Radcliff, Il y a probablement des villes plus intéressantes que cet asile de fou ! » c’est vrai, avec tout ce qu’il se passe ici, pourquoi ne pas dégager ! Si mon fils n’avait pas ici la seule famille du côté de sa mère qu’il lui reste, je peux vous dire que j’aurais fait nos valise il y a bien longtemps. Je pense même que je n’aurais jamais quitté New York.

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Il y’ avait surement plus de whiskey dans mon café, que de café, mais il faut au moins ça pour que ça ait réellement bon goût, et puis c’est la seule chose qui me faisait rester ici, en plus du fait que une fois sortit d’ici, il allait falloir que j’affronte Harvey sur son petit combat sortit de nulle part. « Vous devenez une denrée rare, les parents d’aujourd’hui sont plutôt enclins à prendre la défense de leurs enfants quoi qu’il arrive, quitte à rejeter la faute sur le monde entier. C’est assez incroyable. »Je ne vais pas faire semblant que mon fils n’est pas coupable, ce serait stupide, mais ouais, j’en affronte tous les jours des parents qui pensent que leurs mômes ont tous les droits, et ça me donne envie de frapper les parents encore plus que les enfants. « Je sais, des parents dans le genre, j’en croise probablement plus que vous ! » ouais, il en voit tous les jours sur le parking de l’école, et il les évite comme la peste, il a autre chose à faire que se prendre la tête avec ses gens-là, surtout depuis quelques mois, il donne ses cours, mais maintenant, son boulot s’arrête là, il n’a plus la force de se battre pour lui-même, alors il est loin de l’avoir pour se battre pour des élèves ingrats, contre leurs parents, sourds comme des pots. « C’est un salon de thé, ici. Il y a des tas de cafés à Radcliff, je n’ai pas la moindre envie de leur faire de la concurrence. » Oui, certes, mais une machine à café digne de ce nom, ça ne le tuerait pas, j’en suis sûr. Il faut penser aux accompagnants. Quand Lydia arrivait à le traîner dans un salon de thé, au moins en général, il pouvait prendre un simple café, mais un qui était pas trop mauvais, voir bon. « Vous êtes donc professeur ? Qu’est-ce que vous enseignez ? »  Je le fixe, c’est si évident que ça ? J’aurais pu être concierge ou un truc dans le genre ! « La littérature anglaise, en partant de Shakespeare jusqu’à Maya Angelou en passant par W.H Auden est Poe. » Poste d’enseignant que j’ai failli perdre à cause de mon addiction. Je relance la conversation sur le thé. «Les thés sont beaucoup plus subtil que le café, avec une myriade de variétés différentes déclinant les saveurs à l’infini. Vous n’avez jamais goûté aux miens, c’est pour ça que vous restez sur l’amertume et l’eau chaude. Mais c’est bien plus que ça ! Je vous en proposerai volontiers un ou deux si je ne craignais pas de le recevoir sur la tête. »  Je ne peux m’empêcher de rire, je ne suis pas si violent que ça, quand on ne m’énerve pas et que je suis sobre, en général, je me bats pas, sauf si vraiment on me pousse à bout. Et ce n’est pas avec trois gorgées d’Irish coffee que je vais être rond comme une queue de pelle. « Je sais que vous avez arrêté mon fils en pleine bagarre, mais qu’est-ce qui vous fait dire que je suis aussi violent ? » Je ne me bats pas sans une bonne raison, et clairement, un thé de mauvais goût – puisque de toute façon, il n’y a que ça- n’est pas une bonne raison pour se mettre à utiliser la violence.

J’enchaîne sur la raison qui le pousse à rester ici, avec tout ce qu’il se passe à Radcliff, il aurait dû quitter la ville. « J’ai passé une grande partie de ma vie ici, et je n’aime pas voyager. J’ai mes clients à Radcliff, ça me suffit. Ici ou ailleurs, l’asile est exactement le même de toute façon, non ? » C’est pas faux, m’enfin, à New York, je m’en sortait mieux qu’ici, je ne me suis jamais fait attaquer, alors qu’à Radcliff, c’est plus fréquent. « Qui sait, l’herbe est peut-être vraiment plus verte ailleurs ? » même si la merde, elle est partout, et puis si c’est pas à cause de votre ADN que vous vous faites insulter, c’est à cause de votre couleur de peaux, de ce que vous portez, de ce en quoi vous croyez, bref, les gens trouvent toujours une raison pour faire souffrir les autres. «La politique ne m’intéresse pas. Tant qu’il me restera des clients, je garderai ma boutique. Ca doit être plus compliqué d’enseigner par les temps qui courent, par contre. » Je levais sa tasse, si ça ce n’est pas un mec loyal pour ses clients ! J’en sais rien, j’ai jamais pensé qu’enseigner était facile, le seul problème maintenant, c’est qu’il faut éviter tous les débats en rapport avec les mutants, au risque de tomber sur un enfant de hunter. « Selon moi, ça a toujours été difficile d’enseigner, et de toute façon, tout ce que je fais, c’est étudier des vieux textes à des gamins qui ne m’écoutent, pas, je suis sûr qu’on a vu plus compliqué ! » Je dis ça en rigolant, mais ça reste quand même épuisant. Des fois j’avoue que je me demande pourquoi j’me lève encore le matin, si ce n’est que j’ai besoin d’argent pour vivre, et que les bouteilles d’alcool sont pas gratuites. « Ça doit être plus difficile pour ceux qui enseigne la politique, l’histoire ou bien même l’économie. Ne jamais donner son point de vue et rester basé sur des faits, je ne saurais pas faire. » Et j’en aurais pas envie, je sais que de nos jours il faut fermer sa gueule, mais je perdrais vite mon sang froid, y’a pas à dire, et de toute façon, je suis déjà vacciné, et jusqu’à preuve du contraire, mon fils n’est pas un mutant, alors les hunters, je m’en contre-fiche. « Je suppose que dans un salon de thé, à part les conversation entre vielles sur le dernier épisode en date des feux de l’amour, il n’y a pas trop de débats houleux ? Vous avez donc sûrement raison, pour vous changer de lieu ne changera pas grand-chose ! » Dans mon cas, se barrer, ça pourrait peut-être être utile quand même. Mais je dois rester pour mon fils, c’est un sacrifice que je peux au moins faire pour lui. Il y a trop de gens qu’il aime dans le coin pour que je lui demande de les quitter, et c’est la ville de sa mère.