bad moon rising.

La journée avait été des plus longues, comme d'habitude mes patients étaient ges gens qui ne savaient pas faire le vide et se dire clairement « où est le problème ? Qu'ai-je fais de mal ? Et y a-t-il un truc qui cloche chez moi ? » La plupart du temps, ils n'avaient pas réellement besoin de moi. Ils ne savaient juste pas s'auto-analyser. Ils ne savaient pas se remettre en question, en utilisant les bonnes questions, au bon moment. Aussi, j'étais très silencieux lors des séances, ils trouvaient souvent les réponses à leurs questions dans leurs propres discours. Mes mots n'étaient que futiles et conciliants. Ils ne servaient qu'à relancer un peu la conversation ou plonger dans le problème subtilement. Mes consultations se ressemblaient toutes, je notais les évolutions tout de même des patients. J'étudiais surtout les mots ou les tournures de phrases qui les amener à voir plus loin. Une psychanalyse était bien, seulement si le patient parlait. S'il était muet et ne voulait développer ce qu'il y avait en lui, la meilleure solution était les cachets... Et même si je suis l'homme le plus méchant au monde, je leur refourguais peu régulièrement.

La séance de Mike venait de se terminer, je n'avais plus qu'à attendre ma prochaine patiente, qui n'était autre que la demoiselle Freak. C'était sa première séance et je devais faire en sorte qu'elle ne revienne pas, c'était pour son bien à elle. Si elle était obligée de revenir, ça serait pour moi que ce serait bien. C'est en toquant la porte qu'elle vit que cette dernière n'était pas ouverte, j'étais un médecin qui aimait peu fermer les portes en dehors de mes séances. Je l'accueillis avec l'esquisse d'un sourire. Avec un visage aussi rude que le mien c'était assez compliqué de paraître un minimum sympathique. « Miss Freak, c'est normal ne vous inquiéter pas. » continuais-je à ses paroles, tendant la main pour la lui serrer. Elle hésita, peut-être n'aimait-elle pas les contacts physiques, je me souviens bien de notre première entrevue, elle s'était montré distante. Cependant, dans le processus que j'aimais aborder, la confiance était de rigueur. J'aimais mettre mes clients les plus à l'aise possible, leur faire comprendre que j'étais de leurs côtés. Dès qu'elle accepta, je ne pus m'empêcher de regarder le nouveau gadget que j'avais reçu. Mon cœur se serra d'excitation, en était-elle donc ? La petite led rouge bipa une fois et ce fut assez pour rendre ma journée nettement meilleure. Avec un large sourire, qui je le pense déforma mon visage, je lui montrais le canapé et le fauteuil. Les patients avaient le droit à choisir quel était l'endroit qui leur était le plus favorable à la confession. Mais elle refusa cette perspective en allant droit au but. « En réalité, je ne viens pas vraiment pour une séance, j'vais être franche. Je venais pour parler de Samuel, vous vous rappelez. Mon ami. Il venait souvent vous voir avant de mourir. Je me demandais seulement s'il vous a dit quelque chose... Qui aurait pu vouloir s'en prendre à lui... peut-être que vous avez une idée. » Sachant que nous allions avoir une assez longue conversation, je me mis au niveau de mon bureau et me foutu dans mon siège. « oui, oui, je me souviens très bien de Samuel, miss Freak... J'peux vous appeler, Ellie ? » Je n'attendrais certainement pas la réponse à cette question et je continua. « La police m'a interrogé, Ellie, vous savez très bien que je ne peux rien dire à un civil du dossier d'un de mes patients... Malheureusement, le secret médical, m'empêche de vous dire quoi que ce soit... Samuel était venu vers moi pour des problèmes, certes, mais si c'est vers moi qu'il s'est tourné c'est pour mon silence et ma confiance... » Je pris mes mains, l'une dans l'autre et la regarda. Elle n'avait visiblement pas envie d'entendre ce genre de réponse. Mon visage s'était apaisé, parce qu'il ne fallait pas qu'elle détecte la moindre once de bonheur, de joie, d'envie. Je la regardais donc dans les yeux, preuve de franchise, mon cul. « Samuel ne m'a rien révélé de tel en tout cas, sinon, vous comprendrez que j'aurais fais mon maximum pour lui. Je ne laisserai jamais un de mes patients en présence d'un danger pour lui. » 

bad moon rising.

Ce que j'avais reçu été un jouet bien plus précieux que ceux que j'avais pu avoir avec le temps. Vraiment, je ne pouvais plus m'en passer et cette petite lumière rougeâtre sur ma peau était le but d'une vie, le but d'une quête. Il n'était plus possible pour moi d'être calme, l'être sadique à l'intérieur de moi se réjouissait et faisait comme une petite danse de l'enfer, un rite qui m'en donnait des frissons, je bouillonnais de joie. Merci d'avoir cru en moi. Je la regardais, elle petite fille si perdue dans ce monde bien trop rude, tu ne savais même pas où tu venais de mettre les pieds. Je contenais comme je le pouvais cette réjouissance. Mais mon sourire n'était plus faux, il était bien plus clair, comme il ne l'avait jamais été. J'essayais pourtant de cacher mes émotions afin de répondre clairement aux questions que l'on me posait, je ne devais pas lui faire peur. J'aimais les laisser dans le doute le plus total, parfois même, on avait pas besoin de lire dans leurs pensées, leurs yeux traduisaient si bien leurs pensées. Ma voix se voulait calme et je m'appuyais de mes mains, de geste pour tout lui faire comprendre. Et au fond, en plus de la découverte que je venais de faire, je savais pertinemment ce qui était arrivé à ce pauvre gosse.

La jeune femme semblait me croire et je restais assis, les coudes sur mon bureau afin de continuer de la regarder, elle et ses gestes. Chose que je faisais régulièrement à mes patients, je reconnaissais les menteurs à l'oeil et non à la parole, les gens ont tellement de manières de mentir et tellement de manières de se toucher, de se tripoter. Ils bougeaient les mains, les frottaient les unes contre les autres, les essuyaient sur leurs jeans parce qu'elle étaient moites. Mais Ellie, elle n'était pas de ce genre là, elle était là pour la vérité. Elle sortit alors un : « Je crois qu'il a été tué par des Hunters si vous voulez tout savoir. Pourtant, il n'était même pas un mutant. » J'haussais les sourcils et plongeait mon regard. « Vraiment ? Vous êtes sûr ? » Je prenais l'air le plus calme mais tout de même surpris, je n'étais pas sensé connaître chaque recoin de cet être. Mais lorsqu'elle finit sa phrase, je suis que j'avais tué un innocent. La question de remords ne se posait même pas chez moi. Il était tombé pour que d'autre se relève, c'était une mort de plus pour la liberté. « C'est vraiment révoltant de savoir que le ou les tueurs sont encore en liberté. Mais bon, si vous ne pouvez pas m'aider plus que cela, je crois que je ne vais pas vous déranger plus longtemps. » « Miss Freak, vraiment, si je pouvais je vous aiderais à les attraper, vous m'avez l'air si sûre. Mais votre ami ne m'a rien confié de tel... Il était légèrement à cran, mais ce n'était pas parce qu'il se sentait traqué... chassé. Je comprends votre haine envers ceux qui ont fait ça et j'espère que vous les coinceraient... » je me stoppais et je la regardais, elle et ses mimiques. Elle était stressée et perdue, mais pas assez lourde pour que je ne m'en inquiète. « Merci quand même. » souffla-t-elle résignait. « Ellie, si jamais, vous voulez parler de tout ce chagrin qui vous habite sachez que ma porte et mon office vous sera toujours ouvert... » Je serrais la main qu'elle me tendait et encore une fois le petit signal rouge retentit et je souris. « Je n'aime pas laisser des personnes qui ont besoin de moi repartir sans que j'ai pu changer ne serais-ce qu'une petite chose. Je peux vous raccompagner peut-être ? Si vous me dites que Samuel a été tué par des hunters, ce n'est pas prudent de rentrer seul chez soi le soir... » Je me relevais de ma chaise. « On ne sait jamais ce qui peut arriver... »

bad moon rising.

La puissance de savoir ce que l'autre recherche était un sentiment qui ne faisait que s'accroître dans les veines du barbu. Elles battaient, dansaient et si elles l'avaient pu, elles auraient chanter leur joie. Le pauvre Samuel avait fini comme tous les autres, battus par ses mains d'ours, et Heath ne pouvait pas contenir dans un petit endroit de son esprit, ces dernières secondes de vie dans les yeux du jeune homme. Ces mouvements dans les pupilles, dans les paupières qui tremblaient avant de s'éteindre, de joie et de lumière. Ses mots étaient simples, ne montrant que peu de compassion car il savait très bien ce qu'il ressentait. Cependant, les chiens ne font pas des chats et ses parents lui avaient appris bien des ruses pour mener le peuple en bateau. Après quelques secondes après lui avoir adresser ces phrases bateaux mais réconfortantes, il lui proposa son aide. Tant qu'à faire. Elle serra à nouveau la main d'Heath et le petit signal se refit. Le bracelet ne mentait pas, il était trop neuf et bien entretenu pour qu'il ne sente pas la faille.

« D'accord. Je n'habite pas très loin, je ne pense pas rencontrer d'ennuis en chemin mais pourquoi pas. » Le coeur du chasseur se souleva comme pour exprimer son apaisement, son soulagement. En route pour de nouvelles aventures, pensa l'homme. Peut-être devrait-il se calmait. Il avait déjà agressé deux jeunes femmes ces derniers temps, une troisième allait peut-être éveillé les soupçons des mutants. Le monde pensait que seul les chasseurs chassaient, mais la réalité était toute autre.

En route pour reconduire la jeune femme, Heath regardait autour de lui. Radcliff était bien calme ce soir. Ce n'était pas si normal, il aimait, lui, entendre le trafic, voir les gens se battre et le sang s'étalait sur l'asphalte. Les mains dans les poches de son manteau noir, il adressait des regards à la Freak, elle n'était pas dangereuse, mais quel était sa capacité ? Beaucoup de paramètres allait empêcher le jeune psychiatre à lui tendre un piège. Il devait lui poser des questions pour en savoir plus, pour qu'elle lui révèle sa véritable nature. « Ne vous en faites pas, je compte bien trouver qui a fait ça à Samuel. Puisqu'apparemment la police s'en fiche. » Heath s'arrêta alors, laissant la jeune femme comprendre par elle même son geste. Elle était à quelques pas de lui. « Ne faites pas ça, Miss Freak. Vous ne vous en sortirez pas de là indemne. Je ne vous dis pas combien de personne je peux voir venir dans mon bureau après une joute mal finie... » toujours les mains dans les poches, son regard au travers de la jeune femme. « La police a fait ce qu'elle a pu, elle est venue me voir, ce qui me laisse à penser qu'elle a bien fait son travail… Mais si je suis votre raisonnement ; il manquait peut-être des preuves pour conduire à un assassin... » Il s'approcha doucement. « Je comprends et partage votre peine, Ellie, mais excusez moi de dire ça… Mais vous n'êtes qu'un petit bout de femme... »