14yo. Radcliff

Dans ces moments, j'ai l'impression de n'être qu'un gorille en cage. Autour de moi, tout s'agite, les autres collégiens sont surexcités. La cause ? Moi. Enfin, lorsqu'une bagarre se déclenche devant l'établissement les participants deviennent tout à coup des stars. On se croirait dans Fight Club, cette ambiance, ils en demandent toujours plus, ils veulent du sang, puis des sanctions. Un cercle s'était créé autour de Flinch Donald et Bailey Manning, on se croirait au combat du siècle. Il est vrai que ma réputation ne me décrivait pas comme étant un enfant de chœur, mais les profs expliquaient ce comportement par le décès de ma mère, et la maladie de mon père. Même si je ne le disais pas à Costia, à mes yeux, mon père était tout aussi mort que notre mère. C'était devenu un zombi depuis son décès, mais comment pouvait-on lui en vouloir ? Je ne suis qu'un gamin, je ne peux pas m'imaginer ce que c'est de perdre la femme de sa vie, bien que pour ma part, c'était ma mère que j'avais vu disparaître, fichu maladie du cœur. Si ma sœur avait découvert son don deux ans plus tôt, peut-être aurait-elle pu la sauver... Peut-être. Mais pour l'instant, je ne pensais à rien d'autre qu'à foutre mon poing dans la gueule de ce sale con de Flinch, Il avait osé dire que je trouvais ma sœur, ma propre jumelle, vachement attirante. Il me prend pour quoi, un pauvre consanguin ? D'un autre côté, j'avais fait la promesse à ma sœur de ne pas me battre cette semaine, j'avais assez fait de remue ménage la précédente. Ma main lui tenait le col, j'avais ma main fermée, prête à heurter son visage.

"Frappe Manning !" étaient les seuls mots que je retenais du brouhaha ambiant. On s'était donné rendez-vous à l'extérieur, loin du risque de se faire chopper pour s'être foutu sur la gueule, mais je ne pouvais pas, je ne pouvais pas briser ma promesse. J'avais juste à attendre quelques jours, et là, je lui éclaterais son nez à ce pauvre con. Ma pression se faisait maintenant moindre sur son col, lui jetant juste un léger "Tu n'en vaux pas la peine." Ce n'était pas mon genre, pas du tout, en temps normal, un échange de coups plus violents les uns que les autres se serait produit. Je tournais le talon, lisant la déception sur le visage de la plupart des gens autour de nous, mais allez vous faire foutre, si vous voulez de la baston, allumez la télé, et allez sur la chaîne de diffusion de la MMA, bande de cons.

"T'es qu'un lâche, allez, va t'occuper de ton petit papa pendant que ta sœur te .." Il simulait dans mon dos un geste qu'on connaît tous, pas besoin de le décrire. Et là, dans ma tête, tout ce qui se produisit, c'est une sorte d'explosion. Sans réfléchir, je me remettais face à lui, la paume de ma main heurtant son torse pour le pousser au sol, et lui envoyer mes poings dans sa face alors qu'il tenterait de se lever. Je suis quelqu'un de vachement colérique à la base, mais là ce n'était plus seulement de la colère, c'était un mélange de sentiments, et dommage pour ce petit con de Flinch, aucun n'est bon. Mais il se produisit quelque chose d'incompréhensible, mon coup heurta son sternum, oui, mais pas plus violemment qu'une autre fois où l'on s'était déjà foutu sur la gueule. Mais le fils Donald tomba au sol, se pliant en deux, souffrant, pleurant, criant "Putain, ça fait mal, j'ai mal." Il chialait comme une fillette à qui on avait arraché sa poupée. Pas besoin d'en rajouter, il avait eu inexplicablement son compte. Je mis quelques minutes avant de me rendre compte que ce qui avait causé cette douleur ne pouvait être expliquée que d'une seule manière : J'étais comme ma sœur, j'avais, moi aussi, un don, je pouvais provoquer la douleur. Je devais lui montrer ça. "Coco ! Tu devineras jamais ce qui est arrivé tout à l'heure."


20yo. Une petite ville du Texas.


"Tu vois le gros motard là-bas ? Chauffe le, un bras de fer, un bon exercice pour voir si tu arrives à doser la douleur." Mon regard se détourne de mon verre de whisky, pour se poser sur ce fameux chauve antipathique, rapidement, je soupirais, faisant tourner le liquide de mon verre avant d'en boire une gorgée. "Bordel Mika, t'imagine si je lui fais trop mal ? Ou pas assez ? Mon crâne se retrouver enfoncer dans le mur, et je pense que si Julia apprend que c'est de ta faute... On te retrouvera au fond d'un lac, les pieds coulés dans le béton." Il souriait, il sourit tout le temps ce con, c'est peut-être ce que j'aime chez lui, sa bonne humeur quotidienne. "Bai', quand est-ce que tu te feras pousser des burnes ? Vas y, dans le pire des cas, s'il s'énerve, tu pourras le faire chialer comme le jour où il a découvert qu'il perdait ses cheveux." Il n'a pas vraiment tord, si ça dérape, je peux compter sur mon don pour régler le problème. Le sien, c'est une amplification de son odorat : Il est capable de pister un homme à travers le pays juste en sentant son bonnet, c'est vraiment cool.

"C'est combien pour participer ?" Je compris, plus ou moins, que la mise était à 20 dollars, Je ne sais pas si les mots étaient cachés par sa surconsommation d'alcool, ou son rire moqueur. Ris porcinet, dans peu de temps, tu me supplieras de te lâcher. Je sors de ma poche l'argent demandé, terminant d'une traite mon verre au contenu ambré. Un regard inquiet se dégagea de mes yeux pour se poser sur Mika. On pouvait le traduire par un "Tu fais chier." Mais si on prend l'histoire depuis le début, c'est moi qui lui ai demandé de m'aider à contrôler ma mutation. Je pose mon coude sur la table, glissant ma main dans celle du gros barbu. Il force, beaucoup, dès le début. Si je n'envoyais pas des piques régulières dans son poignet, je pense qu'il aurait déjà brisé le mien. Son regard dégage une incompréhension certaines, d'où lui vient cette douleur soudaine ? Il n'arrive pas à l'expliquer, mais continue à se battre, il les veut ses 20 dollars cet enfoiré. La douleur que je lui transmet se fait plus intense, suffisamment pour que je prenne le dessus. Comme je m'y attendais, ma victoire ne lui a pas fait franchement plaisir, et il s'est levé, rouge de colère, hurlant que je ne suis, d'après ses mots, qu'une petit salope de tricheuse. "Ecoute mon gros, quand on s'attaque à plus fort que soit, il ne faut pas se plaindre, repose ton cul sur la chaise, et file moi mes billets." Il retourna la table, et en moins de deux secondes, m'envoya son énorme poing à travers la gueule. Je souriais, un sourire nerveux, alors que du sang coulait de ma lèvre ouverte. Rapidement, je fonçais vers lui, choppant son poignet d'une main ferme. Mon regard, perçant, fixait le sien. Sa respiration se faisait de plus en plus douloureuse, et il ne fallut que quelques secondes avant qu'il me supplie de le lâcher.

Une fois hors du bar, mes billets en poche et une vilaine plaie à la lèvre, Mika me frappa au niveau de l'épaule droite. "Bordel Bai', c'est dingue ce dont t'es capable, t'as cloué le bec de ce gros con en une poignée de main, si l'on peut appeler ça comme ça." J'enfonçais mes mains dans mes poches, sortant un paquet de blondes et un briquet, tout en allumant ma clope, un sourire sincère s'afficha sur mes lèvres. "Il me faut bien ça pour vous protéger les gars, sinon, à chaque baston, on vous retrouve à l'hosto."

25yo. Louisville.

"Bébé ? J'ai entendu quelqu'un frapper, tu peux aller voir ?" Râlant un peu, je levais mon cul du canapé, vêtu d'un simple jogging gris, et d'une veste noire ouverte, sans rien en dessous. Cela faisait un an que nous avions emménagé ensemble Julia et moi. Tout les deux mutants, on avait décidé de garder ça pour nous. Nos amis, avec qui nous avions vécu ces dernières années, continuaient de voyager à travers les Etats-Unis. Cette vie me plaisait, tout comme elle plaisait à ma fiancée, mais nous avions décider de prendre un rythme plus mature, plus posé. Nos discussion tournaient autour du fait d'avoir un enfant, de se marier. Cela faisait plusieurs semaines que Julia tente de tomber enceinte, en espérant qu'elle y arrive. Son don, c'était de pouvoir voir à travers murs, portes, vêtements. C'est donc à mon habitude, presque arrivé au niveau de la porte, que je lui demande "C'est qui ?" Depuis le canapé, elle regarde en direction de la porte, tandis que mon regard, se pose sur elle. Elle pâlit, ouvre la bouche pour crier "Ils ont des armes !", et j'ai à peine le temps de courir derrière le mur que plusieurs balles fusent à travers la porte, qui ne tarde pas à être défoncée. L'une d'elle pénètre mon épaule, traversant ma clavicule. La douleur est horrible, c'est donc ça, la vraie douleur ? C'est donc ça, mon pouvoir ? Non, celle-ci est physique, il y a pire. Trois hommes rentrent, l'un pointe son flingue vers moi, tire. Tout devient sombre, froid, la balle a pénétré ma poitrine. Deux vont vers Julia, et tirent, quatre coups : Elle ne bouge plus. Je veux hurler, mais je ne peux pas, tout ce que je suis capable de faire, c'est de regarder le visage de ces hommes, entendre leurs voix. "Les mutants sont morts, on se barre." Bande de chiens. Je rampe, j'ai mal, je saigne, mais je rampe. Mon bras droit me permet de rejoindre ma fiancée. "Julia, Julia, répond moi, putain, répond moi." Ma voix est faible, tout comme mon corps. Elle est morte, c'est trop tard. La balle a touchée plusieurs de mes organes, je vais mourir aussi, je le sais, c'est fini. Son visage, son odeur, ses baisers, sa voix. Il m'ont arraché la femme que j'aime, parce que nous sommes mutants ? Ils nous ont tués, parce qu'ils ont peur ? Nous ne sommes que de vulgaires proies, et donc eux, les Chasseurs ?

25yo. Louisville, GENERAL HOSPITAL.

" Tu ne devrais pas être ici, Coco. " Ces appareils, cette odeur, ce regard. J'étais à l'hôpital, bordé dans un lit qui ne me plait pas. Ma sœur jumelle était ici, à mon chevet, inquiète, je la comprend après tout, je venais de toquer aux portes de la mort, mais celle-ci n'avait ouvert la porte que pour laisser passer Julia, ma fiancée. Une partie de moi, de loin la meilleure, m'avait été ôtée. " Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui t'as fait ça ? " Qui ? Je pourrais lui décrire leurs visages, leurs voix. Je pourrais lui décrire la scène, le bruit derrière la porte, la vision de Julia, les coups de feux. Mais non, elle n'a pas besoin de connaître les détails, je vais devoir lui dire quoi ? Que nous sommes tous menacés ? Qu'ils nous recherchent, pour nous tuer, car nous sommes différents ? Car, à leurs yeux, nous sommes des abominations, des monstres, des erreurs de la nature ? Je ne peux pas effrayer ma sœur, mais je ne peux pas non plus lui cacher la vérité. Je suis perdu, je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas quoi lui répondre. Fuis ? Reste près de moi ? Protège toi ?

Je prend une grande et douloureuse inspiration, avant de lui répondre, "Un groupe de gens. Ils... chassaient. Des gens comme... nous." On pouvait lire une mélange de peur et de haine dans ma voix. Ces gens, ces chasseurs, prennent la vie de mutants, d'innocents, qui n'ont pas forcément fait le choix d'être différents, d'être dans un certain sens, supérieurs à l'humain lambda. On prend les erreurs du passé, et on recommence ? On traque les gens parce qu'ils ne sont pas comme nous ? Bande d'enfoirés. En regardant Costia, des larmes imbibés mes yeux, ma voix faible, triste, développa ces quelques mots : "Julia, ils.. Elle est morte, Elle était près de moi, et l'instant d'après, elle.." Disparue, la femme que j'aimais, disparue à jamais. Mon épaule gauche est elle aussi dans un salle état, mais d'après les médecins, d'ici quelques mois "ça ira mieux." Physiquement, oui, j'en suis certain. Mais la douleur n'est pas que physique. Ils veulent notre mort ? Bien, mais je ne compte pas leur rendre la tâche facile.

27yo. Radcliff

"Pitié... Pitié..." Il n'était même plus capable de crier, ce chien, ce sale con n'avait comme seule option de me supplier. Il est vrai qu'attacher à une chaise, il ne pouvait pas faire grand chose d'autre. Ma main, posée sur sa tête, surplombait un visage meurtri, fatigué, torturé. Aucun stigmate, aucune trace, rien. Toute la douleur qu'il ressent, j'en suis le seul et unique responsable et je n'ai pas besoin de la frapper, non, seulement le toucher. Les premières heures, il hurlait, comme si je lui coupais la main avec une scie à métaux, alors qu'il n'en était rien non, je faisais juste en sorte qu'il ressente cette douleur grâce à mon don. "Le couple que vous avez abattu, il y a deux ans, ils ont eu le droit à de la pitié eux ?" Pas besoin de répondre espèce d'enculé, non, te voir souffrir me suffit amplement, car la réponse je l'ai déjà. "Non, vous les avez butés comme on tuait les chiens atteint de la rage il y a plusieurs siècles." Il pleurait, de douleur ? Je ne sais pas, mais c'était bien des larmes qui coulaient le long de visage. Le premier des trois hommes est déjà mort, lui, c'est le second, que je compte bien autant faire souffrir que l'autre, voir plus. "On.. On pensait que tu... Tu étais.. Mort." Je souris, un sourire cruel, un sourire fou. "Ferme ta gueule, je ne t'ai pas autorisé à parler." J'amplifie la douleur, il perd connaissance quelque secondes avant de revenir à lui. "Tu parles seulement quand je te le dis, tu piges ?" Il acquiesce. "Tu vas crever, tu le sais ça ? Tout comme ton petit pote, mais avant ça je veux que tu souffres." Je m'accroupis, pour que mon regard fixe le sien. impossible de le regarder dans les yeux sinon, sa tête étant penchée en avant. Je lui tapotais le genoux, tandis qu'un autre style de sourire s'affiche son mon visage, cette fois-ci, il parait compatissant : à tort. " Tu as une famille ? Une femme ? Des enfants ? Réponds pas, au fond j'en ai rien à foutre. Combien des notre tu as tué hum ? Combien de famille as-tu détruit ? Combien d'enfant as-tu laissé orphelin ? Trop."

Une fois de plus, la douleur que je lui transmet est plus forte que la précédente. Et après plusieurs heures de tortures, ses mains se resserrent, avant de lâcher totalement la prise, son cœur s'est arrêté : Il est mort. Deux des trois Hunters sont morts, il m'en reste encore un à trouver. Mais je ne vais pas m'arrêter à ces trois fumiers, non, je veux quelque chose de plus grand encore, je veux que toutes ces pourritures crèvent : Les chasseurs, deviennent désormais des proies.