Moi qui pensais qu'en arrivant à Radcliff, il y a trois ans, j'avais trouvé l'endroit parfait ou trouver repos et discrétion, depuis l'annonce du président Baxton, et le fait que les mutants soient désormais affichés en plein jour, c'était de plus en plus complexe de rester dans l'ombre. Rien que récemment, j'avais appris à mes dépends que Rylie, avec qui je travaillais, était également une mutante, dotée du don de télékinésie. Puis il y avait également ce type, Noah, qui me perturbait de plus en plus, et Elijah, ce type issu d'une famille de hunters atteint de dégénérescence - à croire que c'est une maladie dit ainsi - trop proche de Mika, que je voulais protéger coute que coute. Toutes ces histoires allaient finir par me rendre littéralement folle, alors depuis une semaine, j'essayais de m'éloigner de tout ça, de rester une photographe comme une autre, une jeune fille banale.. Je ne voulais pas vraiment attirer l'attention des hunters, après tout, si j'avais quitté Montgomery, c'était principalement dans le but de m'éloigner d'eux.. Bien que cela m'ait couté beaucoup.

Ce soir, un soir comme un autre, je décidais de me vider la tête, fatiguée par ces histoires de dépistage et autres affaires liées aux mutants, dont on entendait parler partout, même à la radio. A croire que nous étions les nouvelles bêtes de foire, les nouvelles distractions du bon peuple. Tard le soir, je reprenais le chemin pour aller chez moi, m'enfonçant dans les ruelles sombres du quartier sud pour me diriger vers le parking et y retrouver ma voiture. Allez savoir pourquoi cependant, plus j'avançais, plus j'avais la désagréable sensation d'être suivie... Un effet de la fatigue, ou de la simple paranoïa ? Je jetais un oeil derrière moi, surplombant un court instant du regard la ville, la forêt que je distinguais vaguement, aveuglée par l'éclairage fluorescent d'un néon d'une enseigne se trouvant près de moi. Je fronçais les sourcils, puis haussais les épaules avant de reprendre ma route, calmement. Après tout, chaque fois que j'étais en danger, j'avais toujours été "avertie", jusque maintenant. Au bout d'un moment à marcher, j'étais sur le point de m'engager près du parking lorsque je sentis mon poignet se faire emprisonner sous la poigne ferme d'une autre paume. Je me raidis, imaginant le pire: Voleur, agresseur, hunter, dégénéré en colère ? Tant d'opportunités... Mais avant que j'aie le temps de crier ou de me débattre, je sentis un corps se rapprocher de moi, et un souffle dans ma nuque.. Ainsi qu'une voix bien trop familière. « Ae', ne cri pas. C'est moi... » Serais-je en train de rêver ? Ou suis-je en réalité victime d'une autre de mes visions, un souvenir que j'aurais oublié, qui me reviendrait, me frappant de plein fouet ? Non.. La réalité de la situation, je la sentais, et par réflexe, je pivotais sans qu'il ne lâche mon poignet pour lui faire face. Mon regard bleu croisa celui, presque indigo, de Dylan. Mon Dylan. Je le dévisage un instant, puis lève une main hésitante, puis la deuxième de chaque côté de son visage, que j'encadre désormais de mes paumes tremblantes. Je ne comprends rien, et je suis tant perturbée par ce contact avec un fantôme - ne le croyais-je pas mort ? - que je ne sentais même pas les larmes qui avaient gagné mes yeux pour menacer de déborder sur mes joues. « Dylan...? » Je murmure son nom presque comme une supplique, comme si j'avais besoin qu'il me confirme que c'était bien lui face à moi, tout près de moi. Mon meilleur ami que j'avais cru avoir perdu il y a trois ans de cela déjà. Je secouais la tête, encore une fois, victime de mon incrédulité, demandant, sachant qu'il comprendrait : « Co.. Comment ? » Comment avait-il survécu ? Ou était-il tout ce temps? Les questions se bousculaient tant que je fondais en larmes sans attendre de réponse.