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 The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]

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MessageSujet: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeVen 13 Nov 2015 - 16:17


The broken hearts make you beautiful
THEODORA & LYSANDER


Assise seule à une petite table tranquille d’un bar cosy et peu fréquenté, Theo regardait danser le vin dans le verre qu’elle faisait doucement tourner entre ses doigts. Elle avait eu envie de sortir, de prendre un peu l’air plutôt que de rester enfermée dans son appartement, aussi s’était-elle apprêtée sobrement, préparée dans le calme et à son rythme avant de prendre le chemin qui l’avait mené ici. Elle connaissait l’endroit, elle appréciait ses tons feutrés et son cachet un peu vieillot, comme d’un autre temps. Pas de rixes entre soiffards ici, pas de mains baladeuses ou de regards pleins de mille sous-entendus. Si elle avait voulu ça, elle serait allée ailleurs, et puisqu’elle n’avait pas envie de partager sa nuit avec qui que ce soit, elle était venue se réfugier dans ce bâtiment où elle savait qu’elle serait en paix.
Ca ne lui ferait pas de mal de pouvoir se vider la tête. Les hallucinations avaient été particulièrement insistantes ces derniers jours, et pourtant ça n’était pas faute d’avoir essayé de les faire taire. Revoir James encore et encore, l’entendre lui parler, presque pouvoir le toucher et le voir s’évaporer dès qu’elle avait le malheur de l’effleurer allait finir par la rendre folle pour de bon. Or, il était hors de question que ça arrive. Pas tant qu’elle n’avait pas exécuté son meurtrier en tout cas.
Elle savait qui il était maintenant. Elle connaissait son nom, son visage, et savait qu’il résidait quelque part en ville. Comme quoi, le hasard faisait parfois bien les choses. Quel était le pourcentage de chance que ces deux vies se retrouvent dans cette petite ville du Kentucky ? Faible, presque nul même. Et pourtant, l’ancienne escort était tombée sur lui au détour d’une mésaventure inattendue. Elle qui pensait que la routine serait ennuyeuse à Radcliff, elle s’était trompée, lourdement. Il ne passait pas un jour sans que quelque chose ne se produise, que ce soit un coup d’éclat des mutants ou une arrestation théâtrale des hunters. Il n’était pas rare d’entendre des coups de feu retentir désormais, et l’Anglaise était à peu près sûre que les dommages collatéraux allaient finir par être plus importants que les véritables cibles de cette petite guerre intestine. Elle espérait ne pas en faire partie. En tout cas, elle faisait tout pour. Vu de l’extérieur, elle avait tout de la citoyenne modèle et calme. Il n’aurait plus manqué qu’on la pense de mèche avec les mutants alors qu’elle essayait d’atteindre un chasseur. Il y avait certaines vérités qu’il était bon de tenir cachées du reste du monde, et celle-ci en faisait partie.

Réfléchissant à son plan, Theo sentit son téléphone vibrer dans son sac. Sortant l’appareil, elle y jeta un bref coup d’œil, se demandant qui pouvait bien la contacter à cette heure, et soupira en voyant qu’il s’agissait du numéro de l’un de ses anciens clients. Elle se contenta d’effacer le message avant de ranger son portable à sa place. Certains n’avaient toujours pas compris qu’elle ne travaillait plus, et certainement plus à Londres. Elle avait reçu quelques appels en colère, d’autres incompréhensifs, et d’autres encore auxquels elle avait bien daigné répondre. Généralement, elle avait réussi à faire passer le mot, mais visiblement, certains étaient très insistants. Elle avait même reçu, il y avait quelques jours de ça, un appel d’un homme qu’elle ne connaissait absolument pas ; en revanche, lui avait eu l’air de savoir qui elle était et surtout ce qu’elle faisait, avant de déménager aux Etats-Unis du moins. Elle avait été relativement sèche et concise, expliquant clairement qu’il ne fallait pas chercher à la contacter pour ses services, puis avait raccroché au visage de l’importun. Elle n’en avait plus entendu parler depuis, et tant mieux. Elle n’avait plus spécialement la patience pour ce genre de choses.
Finissant par prendre une gorgée de ce vin qu’elle se contentait d’observer depuis une bonne vingtaine de minutes, elle remit ses longs cheveux bruns en place sur son épaule, dégageant la moitié de son visage, lorsqu’elle vit une silhouette se diriger vers sa table. Elle crut pendant un moment que l’homme aux cheveux blonds qui venait dans sa direction allait passer son chemin sans s’arrêter, mais non : il s’assit sur la banquette à côté d’elle, naturellement, comme s’ils se connaissaient, comme s’il avait une véritable raison d’être là. La jeune femme haussa un sourcil et planta ses yeux bleus dans les siens.

- Eh bien, bonsoir je suppose. A qui ai-je l’honneur ?

Elle avait reposé son verre et attendait une réponse, préparant déjà ses répliques, prête à chasser l’inconnu sans autre forme de procès, poliment certes, mais avec assez d’aplomb pour lui laisser entendre que non, définitivement, elle n’avait pas envie d’être dérangée ce soir.


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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 20:49

the broken hearts make you beautiful.


CRACKLE BONES


Depuis son arrivée, il avait écumé les bars, c'était bien l'une des premières choses qu'il avait fait, d'ailleurs. D'abord pour se retourner la tête, l'emplir de non sens alcoolisés à défaut de trouver un sens à sa présence ici. Pour noyer l'ennui, par la suite. Pour oublier qu'il n'y aurait plus de retour possible. Des tas de bonnes raisons qui l'avaient conduit à arpenter les rues en titubant, s'accrochant à ces murs étrangers de cette ville qui ne serait jamais sienne. Et puis, il y avait les gens qui avaient commencé à défiler. Loeven. Roos. Seth. Rhaena. Des noms sur ces visages qui le maintenaient éveillés, chacun à leur manière. La perspective de retrouver ici ce qu'il avait pu avoir là-bas, de regagner de sa superbe pas à pas. Et les bars étaient devenus le lieu de rencontre adéquat pour déterrer les âmes en peine, celles qu'il pourrait utiliser à sa manière. Cet endroit, pourtant, ne faisait pas partie du terrain de chasse de l'ancien mafieux. Il ne s'y était jamais rendu, pour ainsi dire. Deux ou trois fois, tout au plus. C'était calme, trop à son goût, sans animation dans les parages. Loin de ses habitudes tape-à-l'oeil, des lieux d'exhubérance qu'il avait pu fouler par le passé. Tout était si différent des autres bars, ici. Typiquement ce qui lui laissait le temps de penser, de réfléchir aux choses qu'il voulait continuer à maintenir le plus loin de lui possible, parce qu'il y avait dans le décor certains échos du passé, l'agencement des lieux, les couleurs choisies, l'allure des gens. Et ça ramenait à son esprit les visages connus, et le sort de ceux qui comptaient, à l'époque. Ce qu'il avait pu advenir de ses frères, de Camille. De Sage. De ses hommes. Et le visage d'Elisa qui s'immisçait le long de ses os, ravivant la douleur avec brutalité. Mais ce soir, l'enjeu était différent. Le quartier était paisible, laissant ses pas résonner dans les allées désertes. Sourire greffé aux coins des lèvres des projets de sa soirée.

Les affaires, c'était tout ce qui comptait désormais. Difficile pourtant pour l'entêté Hyde de prendre son temps, lorsqu'il venait de perdre tout un empire construit durant des décennies dans la sueur et le sang. Repartir de zéro était pénible, mais il n'y avait pas que ça. Les règles avaient changé, depuis. Les années mille-neuf-cent s'étaient éloignées et plus rien ne s'effectuait de la même manière. C'était ce que Seth lui répétait souvent, et sûrement qu'il avait raison, même si le Hyde ne tenait pas à l'admettre. Il n'y avait qu'à voir les bordels, ou plutôt, leur non existence, pour comprendre qu'ici, plus personne ne savait s'amuser. C'était l'un des trucs qui l'avait le plus emmerdé. Il s'était tout d'abord dit qu'il avait offusqué Merry, lorsque cette dernière avait sèchement répondu qu'il n'y avait pas de maison close à Radcliff. Les femmes étaient parfois particulières, il suffisait qu'elle soit un peu coincée pour que cette question simple de sa part l'ait froissée. C'était ça, ou bien elle était vexée qu'il ne cherche pas à la mettre elle dans son lit, avant de chercher ailleurs. Étant donné la suite des événements, cette hypothèse était rapidement devenue bien moins plausible cependant. Et puis, il y avait eu la réponse de Seth. Et là, ç'avait véritablement été un coup dur pour le Hyde. Bien rapidement, le mot d'escort s'était pointé dans la discussion. Ces femmes travaillant pour leur propre compte, vendant leurs charmes en sélectionnant leurs clients. Une aberration. Comment avait-on pu en arriver là ? Ce travail nécessitait d'être encadré d'une figure masculine, d'une main ferme. Le concept était incompréhensible, inexplicable pour celui qui n'avait jamais connu que les bordels où les filles ne décidaient certainement pas par elles-mêmes. Il avait lui-même fait de ce boulot un véritable business, fier tenancier de l'un des bordel les plus réputés du Kentucky. Il peinait à s'imaginer l'une de ses employées faire bande à part, lui filer entre les doigts pour partir jouer les indépendantes en reprenant sa vie en main. Parce que ces filles là ne savaient tout bonnement pas s'occuper d'elles-mêmes, c'était bien comme ça qu'elles terminaient chez lui, pour qu'il s'en occupe à leur place et qu'elles n'aient qu'à s'exécuter.

C'était le barman qui lui avait indiqué la position de celle qui avait tant éveillé sa curiosité depuis ces derniers jours. Il avait trouvé son nom de contacts en contacts, difficilement, au hasard. Il recherchait une escort, et c'était ce nom qui était tombé. Après quelques essais infructueux, l'appel avait finalement fonctionné, d'une rapiditié sans nom et déjà la voix féminine s'était élevée à l'intérieur du combiné. Une belle voix d'ailleurs, c'était ce qu'il s'était dit. Un refus de le rencontrer, tout d'abord. Il ne s'était pourtant pas démonté, redoublant de ténacité après que la communication ait été coupée - volontairement, semblait-il. Il avait besoin d'obtenir des réponses à ses questions, de s'assurer que s'il s'agissait de la réalité, ce n'était qu'un cas isolé. Il avait tellement cru que Seth s'était foutu de sa gueule, riant à gorge déployée en l'entendant lui annoncer que ces femmes là ne se faisaient pas connaître et vendaient leurs services dans l'ombre, sans supervision. C'était digne d'un conte pour enfant, le genre d'histoire d'indépendance qui faisait rêver les gamines. Il s'était pourtant rapidement agacé, en essuyant un ultime refus avant de ne plus parvenir à la joindre. Il suffisait qu'il n'obtienne pas ce qu'il désirait pour que cela devienne l'objet de toutes ses obsessions. En cela, il n'avait pas changé. Et les recherches avaient porté leurs fruits. Pour Lysander tout du moins, mais certainement moins pour la dénommée Theodora.

Il s'était attendu à trouver une fille de peu, aux cernes poudrées et aux lèvres gercées soulignées de rouge. Il ne s'attendait à trouver dans ce bar qu'un modèle récent de ce qu'il avait pu vendre par le passé, le même profil, le même regard perdu. Il ne s'était sûrement pas attendu à elle. Si bien qu'il avait d'abord pensé qu'il y avait erreur sur la personne, redemandant à un serveur s'il s'agissait bien d'elle, lui redonnant son nom deux fois avant de daigner reporter ses prunelles d'acier sur la belle. Ouvrant d'un geste machinal le premier bouton de sa chemise blanche, pour dégager cette trachée soudainement à l'étroit face à ce portrait somptueux. C'était donc à cela que ressemblaient les putes d'aujourd'hui. Clairement pas ce à quoi il s'imaginait. Parce que de pute, celle-ci n'avait que le métier, finalement. Rien d'autre chez elle ne laissait présager quelles activités elle pouvait mener à la nuit tombée. Ces cheveux soignés, le port altier de la tête, les épaules gracieuses et l'échine fière. Tout chez l'inconnue respirait la classe, une classe  naturelle que Lysander n'avait que rarement connue par le passé, pas même dans les hautes sphères dans lesquelles il avait pu déambuler. Sa posture, les lignes de son visage, il ne semblait lui falloir aucun effort pour que le charme opère. L'homme en resta un instant interdit. Et il en fallait beaucoup, par ces temps-ci, pour surprendre le Hyde. Quelques secondes de contemplation, d'analyse, laissant son bourbon tournoyer au fond de son verre. Une hésitation, avant de reprendre son chemin d'un pas sûr, tout droit vers la table qu'elle occupait. Il n'était pas homme à reculer, et la jeune femme l'intriguait un peu plus encore désormais. Prenant place à ses côtés sans prendre la peine de s'annoncer, un sourire s'installa au coin de ses lèvres en la laissant prendre la parole. « Lysander Hyde. » Savourant une gorgée de son verre, laissant le temps se suspendre tout en détaillant une fois de plus son interlocutrice, l'homme ne tarda pas à reprendre la parole. « On ne peut plus ravi d'enfin vous rencontrer. Je m'attendais à toute autre chose. Je ne suis pas déçu. »  Un pétillement vrilla les prunelles azurées. Et sans ajouter quoique ce soit de plus, l'homme se détournait déjà, parcourant les lieux du regard. Détaillant les alentours pour s'assurer d'y rester ancré, de ne pas perdre pied ici, maintenant. Elle ne ressemblait à aucune autre, mais surtout, à personne qu'il n'ait connu auparavant. L'éloignant légèrement du risque de se voir prise pour quelqu'un d'autre. Une fois bien certain de se tenir loin de toute hallucination, le Hyde reporta toute son attention sur celle qu'il avait si furieusement cherchée. « Vous détonnez dans le décor. Dans la ville, aussi. Mais le plus intriguant, je dois l'avouer, c'est que vous n'avez rien de celles qui vivent de ce métier-là.  » Il en parlait le plus naturellement du monde, abordant ce sujet d'un ton presque impassible, quoique trahissant légèrement la curiosité portée par ces paroles. « N'ayez crainte, je ne suis pas venu prendre rendez-vous.  » Un sourcil arqué, une narine plissée à ce simple mot, le concept d'escort lui revenant subitement ainsi que tous les questionnements qui y étaient liés. « C'est bien de cela qu'il s'agit ? Je ne suis pas très au fait des nouveaux us en la matière. Cela fait.. longtemps que je ne me suis plus intéressé à la question, et vos manières de procéder m'échappent totalement, et me dépassent. Soit, je ne suis de toute manière pas ici pour cela, et j'ai bien cru comprendre que l'idée ne vous enchantait pas, au téléphone. » Il s'était exprimé calmement, de toute son assurance habituelle sans détacher son regard du sien. « Si je suis ici, c'est que vous m'intéressez, Theodora. Un luxe, à cette époque, de rencontrer une femme comme vous. »

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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeVen 12 Fév 2016 - 17:03


The broken hearts make you beautiful
THEODORA & LYSANDER


Lorsque Theo était encore en Angleterre, elle avait réussi à se faire une petite réputation à Londres dans le milieu dans lequel elle avait choisi d’officier. Bien entendu, jouer les indépendantes lui avait attiré quelques ennuis çà et là au cours de sa carrière, mais dans sa globalité, elle avait réussi à s’en tirer honorablement. Partir de rien et arriver là où elle avait été avait demandé du travail, du dévouement et une discipline certaine qu’elle s’était imposée et à laquelle elle s’était tenu. Au final, elle l’avait bien aimée, cette vie qu’elle s’était choisie. Elle avait pu flirter et rencontrer du monde, se construire un train de vie plus qu’agréable et elle avait laissé entrer dans sa vie une ou deux personnes qui en avaient valu la peine. Elle avait partagé ses nuits avec de riches hommes d’affaires ou des magnats étrangers, des professeurs curieux et de jeunes premiers qui se croyaient tout permis à cause de leur porte-monnaie trop rempli. Elle avait particulièrement apprécié le moment où elle avait pu se permettre de refuser des clients. Elle n’avait jamais voulu se vendre à n’importe qui mais elle avait toujours eu un certain standing malgré tout. Son carnet d’adresse en aurait impressionné plus d’un et elle gardait jalousement numéros et autres coordonnées – dans ce métier, on ne pouvait pas s’en sortir en étant trop gentil. La seule personne avec laquelle elle partageait ces informations, c’était Edward, et Edward lui donnait les siennes en retour.
Et puis il y avait eu James, qui avait été un client avant tout, qui lui avait fait peur, qui lui avait fait mal aussi, et pour lequel elle avait fini par s’offrir corps et âme. Les choses avaient commencé à changer peu avant sa mort. Il était malade, elle l’avait appris à la dure, et quelque chose s’était éveillé en elle, une sorte de désinvolture, un détachement pour le danger ambulant qu’il était pourtant. Et elle n’avait jamais été aussi à l’aise en sa présence qu’à partir du moment où elle avait arrêté de le craindre. Mais James Brook était mort, abattu d’une balle. Elle n’avait pas été là pour le voir ; on s’était contenté de lui rapporter la nouvelle. Elle n’arrivait plus à se souvenir de sa réaction : peut-être qu’elle avait pleuré, peut-être qu’elle était resté silencieuse, tout était très flou dans son esprit. Et ça n’avait pas d’importance : ça ne le ramènerait pas. Alors, lorsqu’elle avait pu penser à un plan de secours, lorsqu’elle avait réussi à mettre ses idées et ses affaires en ordre, elle avait pris un aller simple pour les Etats-Unis et avait laissé son ancienne existence derrière elle. Son appartement, ses contacts, une partie de ses affaires, elle avait laissé beaucoup derrière elle. Et avant d’en arriver là, il avait fallu qu’elle laisse à ses clients un petit message pour leur dire qu’elle ne serait plus disponible, ni maintenant, ni jamais. Certains l’avaient bien pris, d’autres beaucoup moins, et elle avait mis du temps avant d’être vraiment sûre que plus aucun d’entre eux ne l’appellerait – un homme obstiné retrouvera toujours la personne qu’il cherche, malgré un changement d’adresse ou de numéro de téléphone. Mais elle était libre de ces gens-là, libre de continuer sa vie ailleurs, seule.

Du moins, elle en avait été persuadée jusqu’à ce qu’un numéro inconnu commence à l’appeler. Elle avait poliment mais fermement envoyé paître la personne à l’autre bout du fil, sûre et certaine de ne jamais plus entendre parler de lui. Sauf qu’elle avait fini par oublier que les problèmes ne disparaissaient pas aussi facilement. Et alors qu’elle était assise tranquillement à profiter de sa soirée, en tête à tête avec ses pensées, il avait fallu qu’un homme s’invite à sa table. Elle ne l’avait absolument jamais vu et ne manqua pas de lui demander ce qu’il lui voulait. Il ne tarda pas à se présenter et la jeune femme plissa ses yeux bleus. Lysander Hyde. Elle avait déjà entendu ce nom, et elle n’était absolument pas ravie de le voir en chair et en os. Ce n’était pas faute d’avoir insisté pour qu’il la laisse en paix pourtant. Décidément, « non » était un mot bien difficile à comprendre pour certains.
Elle arqua un sourcil à sa remarque suivante. Visiblement, il s’était fait d’elle une certaine image à laquelle elle ne se conformait pas. Etait-ce un bien ou un mal, ça, elle ne le savait pas encore, et elle n’était pas certaine de le vouloir.

- Ah vraiment ? Et puis-je savoir ce que vous vous attendiez à trouver pour être si surpris ?

Son verre tournait et retournait dans sa main, ses doigts fins enroulés autour de la tige tandis qu’elle ne lâchait pas Lysander du regard. Ce fameux Hyde qui l’avait appelée une paire de fois avant qu’elle ne craque et ne finisse par bloquer ses appels, espérant qu’il finirait par être découragé par le mur de silence contre lequel il se heurterait. Apparemment, elle avait largement sous-estimé son acharnement et sa volonté de lui parler. Et maintenant qu’il était là, devant elle, elle allait avoir bien du mal à s’esquiver sans encombre. De toute façon, la fuite n’était pas vraiment son genre. Elle avait un problème, et elle l’affronterait la tête haute, peu importe l’issue de cette conversation. Elle le laissa parler sans broncher, ses compliments glissant sur elle comme de l’eau. La flatterie ne le mènerait nulle part, surtout lorsqu’il citait son métier à la fin de sa phrase. L’Anglaise pencha légèrement la tête sur le côté lorsqu’il s’empressa de préciser qu’il ne venait pas pour la bagatelle habituelle. Tiens donc. Voilà qui était fort curieux à ses yeux : s’il ne l’avait pas pourchassée pour ça, alors pourquoi diable avait-il tant cherché à lui parler ?

- Vous m’en direz tant.

Sans qu’il ne sorte jamais de son champ de vision, elle fouilla dans son sac pour en sortir son fumoir et la petite blague de tabac haché très fin à l’intérieur de laquelle elle se servit pour remplir la fine pipe de bois laqué qu’elle alluma une fois le tout préparé et l’herbe sèche soigneusement rangée. Theo ne fumait pas énormément ; il n’y avait pas de paquets de cigarettes chez elle – exception faite de ceux appartenant à son colocataire – et elle aurait très bien pu s’en passer, mais elle aimait bien trop ce petit plaisir qu’elle s’octroyait de temps à autres pour en avoir envie. Ca ne lui ruinait pas la santé, ça ne lui rendait pas les dents jaunes, ça ne viciait pas son haleine et elle se fichait royalement du regard torve que certains et certaines pouvaient lui lancer. Aussi tira-t-elle sur l’embout du tuyau jusqu’à ce que le tabac s’allume. Un nuage de fumée blanche s’échappa d’entre ses lèvres tandis que ses yeux bleus replongeaient dans ceux de son vis-à-vis. Elle l’intéressait. Très bien. Mais il ne semblait pas avoir compris une chose : elle ne l’était certainement pas, intéressée.

- Rien que ça. Eh bien monsieur Hyde, puis-je savoir ce qui vous intéresse tant ?

Elle le détailla rapidement. Il était loin d’être désagréable à regarder, avec ses cheveux blonds, ses traits taillés au couteau et son regard pétillant. Il portait bien le costume et avait l’air d’avoir une conversation agréable – en temps normal. Pour le moment, Theodora n’avait pas spécialement un avis positif sur lui. Elle se méfiait et attendait d’en savoir plus sur ses intentions avant de savoir si elle pourrait se détendre un peu ou bien au contraire garder sa garde levée.

- Je me demande bien ce que vous avez en tête pour ne pas accepter un « non » - et même plusieurs.


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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeDim 24 Avr 2016 - 21:52

the broken hearts make you beautiful.


CRACKLE BONES


Les iris glacés glissèrent le long de ses épaules gracieuses, se posant sur ses mains qui s'affairaient en gestes délicats. La détaillant en silence en attendant qu'elle ne porte la pipe à ses lèvres, l'éclat n'avait pas quitté le regard de Lysander après ces quelques secondes de mutisme. C'était même l'exact contraire. Bien conscient de la regarder avec une insistance qui lui était propre, ses yeux ne daignèrent se détacher une seule seconde, l'étudiant comme une étrange créature qu'il ne demandait qu'à comprendre. Peu soucieux de ce qu'elle pourrait penser à l'idée de se faire ainsi dévisager. L'homme n'avait jamais été repris sur sa manière de scruter ses interlocuteurs, encore moins par les femmes qui ne tardaient jamais à rougir de se savoir l'attention du Hyde. Par pudeur, par crainte, par plaisir. Nul doute que le mafieux ne laissait pas indifférent, en règle générale. Mais il n'évoluait plus dans sa ville, les lieux lui étaient inconnus. Difficile de se défaire de ses acquis et d'affronter l'impassibilité de l'inconnue sans broncher. Tranquillement, après avoir porté son verre à ses lèvres et laissé l'alcool lui incendier le palais, le roi déchu reposa une main sur la table en martelant le bois du bout des doigts, comme s'il prenait le temps d'analyser la situation, de réfléchir aux prochaines paroles qu'il lui adresserait. Encore bien loin de se sentir agacé par le manque d'intérêt de la dame, effort de patience considérable pour celui qui n'avait pas pour habitude d'attendre. Jamais. Mais la situation prenait des allures de jeu, pour lui qui n'était rien d'autre à ses yeux qu'un individu lambda aux motifs inconnus. Une curiosité à assouvir, exacerbée par cette manière de remettre ses nombreux refus sur le tapis. « Certainement que je ne m'attendais pas à une femme de votre acabit. De toute celles que j'ai pu employer, celles-ci n'étaient certainement pas en si grande toilette, devrais-je même dire qu'aucune ne respirait une telle santé. Surprenant, comme les temps peuvent changer. » La réflexion n'était pas seulement là pour piquer la curiosité de la jeune femme, car rapidement la langue du Hyde s'était déliée sans qu'il ne cherche plus qu'à entamer la discussion, sans manipuler chaque mot à l'avance.

Et puis, il y avait eu cette interrogation quant à ses véritables motivations, lui arrachant un rictus tandis qu'il hochait la tête. C'était de bonne guerre, après tout. Il ne pouvait pas s'attendre à ce qu'elle se contente de lui répondre sans qu'il ne lui précise ses intentions. « Je n'ai pas pour habitude de m'arrêter sur un refus. Ni deux. Ni trois. » La précision était sans nul doute inutile, mais Lysander n'avait aucun scrupule à appuyer sur son propre acharnement. C'était nouveau, de devoir ainsi réitérer ses demandes, sans que les efforts n'aboutissent. Une des raisons pour laquelle il se tenait sans doute ici avec d'autant plus de ferveur qu'il n'y avait pas été invité. « Très curieuse manière de recevoir de potentiels clients, vraiment. Cela vous arrive souvent de vous octroyer ce genre de congés ? » Peut-être était-ce trop direct. N'empêche qu'il ne cillait pas, l'ombre d'un sourire planant sur ses lèvres. C'était vraiment à n'y rien comprendre. Non seulement gérait-elle son propre business, s'il avait bien compris ce que Seth avait tenté de lui expliquer avec ce terme d'escort qu'il ne comprenait guère, mais elle triait les clients sur le volet. C'était avec cette idée dérangeante en tête que Lysander finit par soupirer, détournant le regard pour s'intéresser aux personnes qui évoluaient dans la salle. Il n'y comprenait rien, rien du tout. « De là où je viens, tout était bien plus simple, vous savez. Il y avait des hommes qui ne demandaient que ça, et des bordels pour le leur vendre. Un seul et unique fonctionnement qui marchait du tonnerre. Et où les filles ne travaillaient certainement pas de la même manière que la vôtre. Les rares exceptions ne faisaient pas long feu. » Il en disait certainement un peu trop, sans se répandre en explications. Comprendrait qui pourrait, l'homme n'avait pas eu pour intention de se dévoiler davantage. Mais sans doute fallait-il éclairer la belle, pour que celle-ci ne se lève pas en tournant les talons. Sûrement qu'il fallait lui donner l'envie de rester, pour qu'il puisse continuer à chercher réponses à ses questions. « Lorsque je suis arrivé en ville, que j'ai compris que plus rien ne tournait rond dans ce business là, je me suis interrogé vous voyez, Theodora. Comment les affaires avaient pu en arriver là. Comment les femmes s'étaient retrouvées... émancipées... » C'était difficile, très difficile de prononcer ce mot qu'il n'aurait jamais pu ne serait-ce que cauchemarder à peine quelques mois auparavant. « ... au point de préférer évoluer seule dans ce milieu, sans souteneur.  » C'était tellement inconcevable ! Les filles de rue n'avaient jamais guère tenu sur les trottoirs de Louisville, les quelques farouches demoiselles se retrouvant bien rapidement mises au pas par les maîtres de la ville. Quelques dizaines de nuit à entretenir leur petit jeu, jamais bien plus, tombant rapidement dans les pièges de quelques hommes s'improvisant maquereaux en leur forgeant une vie de sévices et de servitude. Lysander s'était toujours estimé bon dans ses démarches, altruiste tenancier prenant grand soin de ses filles. « Alors, j'ai cherché des réponses. Et c'est vous, que j'ai trouvé. » Peut-être était-ce plus explicite, désormais. Peut-être aussi qu'il eut été plus clair et percutant d'annoncer la couleur dès le départ en ne cachant pas pudiquement ses véritables origines. Justifiant par le fait ces questions étranges semblant tout droit venues d'un autre temps. C'est que ça lui aurait presque refoutu le bourdon, d'évoquer le passé comme ça, si tôt après sa vaccination. Il y avait bien le fait qu'il cherchait effectivement des réponses, que ça le travaillait depuis son arrivée. Mais il y avait aussi l'ennui, cet ennemi terrible qu'il devait désormais apprivoiser, qui ne semblait pas destiné à le quitter et qui s'accrochait à chacun de ses pas. Seules les conversations avec Seth l'en tirait quelques heures, parfois l'espoir de découvrir quelques descendants en discutant de son époque avec Roos, et puis les draps de Rhaena de temps à autre. Mais depuis son arrivée, rien n'avait tant éveillé son intérêt que Theodora. Le genre de femme presque trop belle pour le métier. Le genre de femme qui devait faire tomber la gent masculine d'un battement de cil. Le genre qu'on ne laissait pas filer, surtout pas lorsque l'intérêt ne se portait pas que sur le physique plus qu'avantageux de la dame. Les manières de goujat soigneusement mises au placard pour la peine. Avec juste ce crépitement qui ravivait les prunelles ternies, les extirpant des griffes d'une morosité bien trop présente depuis que le premier pas d'humain avait été posé à Radcliff. Et cette nostalgie qui les empoisonnait doucement, tout au long de ses explications, trahissant légèrement l'homme en insufflant une toute autre dimension à son discours. Nulle moquerie, nulle envie de se jouer de la belle. C'était peut-être ce qui finissait par réellement transparaître, lorsqu'il eut achevé de donner ses explications.

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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeJeu 19 Mai 2016 - 2:50


The broken hearts make you beautiful
THEODORA & LYSANDER


Lorsqu’on la regardait pour la première fois, un certain nombre de qualificatifs venaient à l’esprit pour décrire Theo. Elle était belle, c’était un fait, et plutôt bien faite de son état ; elle avait un petit côté élégant qui tendait à être snob, comme si ses origines anglaises lui conféraient une posture et une attitude plus pompeuses qu’elles n’auraient dû l’être. A la voir si apprêtée, si pomponnée et propre sur elle, avec ses tenues hors de prix et son maquillage soigné, on pouvait volontiers la penser superficielle et prompt à être séduite par quelques beaux bijoux ou une liasse de billets verts. Ils avaient été nombreux à essayer de la mettre dans leur lit sans rien payer en échange, et ils avaient été tout aussi nombreux à s’y casser les dents avec violence. La jeune femme avait été escort girl, certes, mais elle n’était pas non plus une simple fille désespérée qui ouvrait les cuisses en échange de quelques petites pièces. Elle avait des principes, des standards, et ceux qui ne les rencontraient pas étaient reboutés sans tendresse ni remord. Elle n’était pas du genre à baisser sa garde ou à faire des concessions ; elle avait dû apprendre à se montrer impitoyable et à ne pas se laisser faire pour survivre à ce monde dans lequel elle s’était jeté tête baissée. Fort heureusement pour elle, elle avait un caractère suffisamment fort et elle était assez bornée pour s’en être tirée sans trop de peine. Elle avait dû lutter, bien sûr, et il y avait eu de la casse en chemin, mais au final, elle était montée haut, très haut, et elle gérait sa clientèle d’une main de fer. Ceux qui s’offraient ses services le savait : lorsqu’elle mettait fin à un contrat, ce n’était plus la peine de tenter de la recontacter. Elle aussi savait utiliser ses contacts, et ceux qui avaient insisté de trop avaient vu certains de leurs secrets révélés aux mauvaises personnes. C’était une personne qu’il valait mieux avoir comme amie plutôt que comme ennemie, car lorsqu’elle se mettait en colère, elle faisait un enfer de la vie de ceux qui avaient eu le malheur de se la mettre à dos.
Et plus elle l’écoutait parler, plus elle se disait que ce Lysander Hyde ne tarderait pas à entrer dans cette catégorie. Il était beau parleur, sûr de lui au point d’en laisser transparaître un orgueil certain, et à l’entendre, la jeune femme se disait qu’il était le genre d’homme à avoir tout ce qu’il voulait lorsqu’il le voulait, et qu’il ne connaissait pas le refus ; sur ce dernier point, il ne tarderait pas à réaliser que lorsqu’elle disait « non », ça ne signifiait rien d’autre. Tirant sur son fumeur, elle soutint son regard aussi clair que le sien et le laissa continuer sa diatribe. Au fil des mots pourtant, elle dû bien admettre qu’il avait piqué sa curiosité plus d’une fois. Il semblait parler d’un temps révolu depuis longtemps, un temps où la prostitution avait un autre visage, une autre réputation – un temps qu’il donnait l’impression d’avoir parfaitement connu. Néanmoins, sa réflexion la fit plisser les yeux tandis qu’elle claquait la langue contre son palais, laissant échapper un léger sifflement agacé. Qu’il fasse une remarque sur sa profession – son ancienne profession – lui déplaisait tout particulièrement.

- Mes clients ne recevaient pas mes services comme ils l’entendaient. C’était à moi de décider avec qui je faisais affaire, et ce genre de réflexion me convainquait plutôt deux fois qu’une de les renvoyer chez eux.

Si le grand blond à l’air malin pensait pouvoir obtenir ses faveurs de cette façon, il se trompait lourdement. Tirant sur son fumeur, la fumée blanche s’élevant au-dessus de sa tête, Theo fixait son vis-à-vis. Il avait l’air sincère. C’était ce qu’elle retint de ses mots alors qu’elle ne savait pas si elle était plus antipathique que curieuse, ou bien si elle avait envie d’en savoir plus quitte à devoir supporter d’autres de ses remarques malvenues. Il avait quelque chose de fascinant, elle ne pouvait le nier, et s’il n’avait pas été aussi brutalement honnête, peut-être aurait-elle consenti à être moins sur la défensive, à prêter une oreille plus attentive à ce qu’il pouvait raconter et à entamer plus ouvertement le dialogue. Mais il l’avait fait se braquer et elle serait plus acide, plus sarcastique qu’elle l’était en temps normal – et elle maniait déjà l’ironie plus efficacement qu’une personne ordinaire. Elle le ferait avec un plaisir d’autant plus grand que l’homme avait l’air très vieux jeu, coincé dans un passé depuis longtemps révolu. L’anglaise se demandait bien ce qui lui prenait, à se présenter comme s’il venait d’un autre siècle, d’une autre ère où les femmes étaient encore plus soumises aux hommes qu’elles ne l’étaient à l’époque contemporaine, une époque où les époux avaient encore droit de vie et de mort sur leur famille et les filles vivant sous leur toit. Une époque où elle serait morte jeune, à n’en pas douté, trop éprise d’indépendance et de sa liberté de choisir.
Elle resta silencieuse jusqu’à la fin de son discours, se contentant de fumer, droite sur sa banquette, à peine penchée vers lui pour mieux l’entendre. Il n’y avait pas énormément de bruit aux alentours, mais il parlait d’une voix assez basse pour l’obliger à s’approcher un peu, à son grand dam. Finalement, un fin sourire étira ses lèvres et elle vrilla ses yeux dans les siens.

- Vous parlez d’une époque qui n’existe plus depuis longtemps, monsieur Hyde. Je ne sais pas d’où vous venez ni ce qu’on vous y a appris, mais les femmes sont libres de faire ce qu’il leur plait lorsqu’il leur plait.

Elle pencha la tête sur le côté, ses longs cheveux d’un brun presque noir cascadant sur son épaule et le long de son dos en de grandes mèches doucement bouclées.

- Et elles sont libres d’offrir leurs charmes à qui elles souhaitent sans avoir besoin de la bénédiction d’un père, d’un frère, ou n’importe quel autre chaperon.

Vidant la cendre de son fumeur dans le petit cendrier de verre au centre de la table, elle l’y déposa soigneusement le temps que l’embout refroidisse et qu’elle puisse le nettoyer avant de le ranger dans son étui. Ensuite, peut-être partirait-elle en laissant là Lysander et ses questions visiblement pressantes ; suffisamment pressantes pour qu’il soit venu la trouver elle.

- Cela ne répond toujours pas à ma question : pourquoi moi ? Il y en a bien d’autres, des femmes de ma profession toujours en exercice. Pourquoi ne pas vous être intéressé à elle ?

C’était à son tour désormais de poser les questions. Elles étaient sûrement moins nombreuses que celle du grand homme, mais elles étaient là malgré tout et elle les poserait si elle le souhaitait. Œil pour œil, dent pour dent : s’il voulait des informations de sa part, il devrait lui en donner en retour.

- Que voulez-vous vraiment de moi ?



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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeSam 2 Juil 2016 - 15:08

the broken hearts make you beautiful.


CRACKLE BONES


Le ton doucement mordant ne contribuait qu'à attiser un peu plus encore l'intérêt du Hyde, en témoignaient ses iris expressifs là où ses traits restaient de marbre. « Une femme aussi libre que vous le dîtes en est pourtant venue à choisir ce milieu. Sans contrainte. C'est tout de même surprenant, bien que l'idée soit plaisante. » Et ça lui arrachait la langue de le dire, en toute honnêteté, appréciant la franchise de la brune et ces avis finement donnés. A ses dernières interrogations, l'homme ne put pourtant que regagner son sérieux, bien conscient de jouer ses dernières cartes, ne cherchant pourtant aucunement à la baratiner. « Parce que vous m'avez dit non. » Parce que cela lui semblait tellement évident, qu'il prononça ces mots le plus naturellement du monde. Cela sonnait sans doute capricieux, l'homme ne se cachant pas de son attrait pour la complexité, puisant plus de plaisir dans un refus à contourner que dans une réponse favorable règlant ses demandes dans la seconde. C'était à cette deuxième option que sa réputation l'avait habitué par le passé, le mafieux et ses hommes s'étant assurés d'éliminer toute personne susceptible de leur tenir tête. Il était évident que cela était bien plus convenable, en ce qui concernait ses affaires, ne tenant guère à s'embarrasser d'éventuels contre-temps. Pour ce qui était du domaine de sa vie personnelle, en revanche, l'ennui était une tare qu'il ne souffrait guère, trop exhubérant pour la lassitude, trop volage pour une vie de couple rangée, trop amoureux de la vie pour la laisser lui filer entre les doigts, pour ne pas en saisir chaque instant, le rendre plus intense que le précédent. Il provoquait le destin, encore et toujours, se complaisant dans les violentes incertitudes qu'il modelait à sa guise, toujours avec la sûreté de pouvoir changer les choses, maître du temps trichant avec les probabilités déplaisantes. Désormais que ce don lui avait été arraché, que sa fortune et  sa réputation s'étaient éteintes derrière lui, l'homme se retrouvait confronté à cette misérable morosité qu'il avait fui toute sa vie. Entendre cette voix féminine repousser ses requêtes sans se défiler, devoir effectuer suffisamment de recherches à son sujet pour la retrouver ce soir, dans ce bar, c'était sans doute ce qui l'avait le plus excité depuis son arrivée. Rien que pour ça, l'homme comptait bien mettre en oeuvre suffisamment d'efforts pour lui donner envie de rester, ses remarques piquantes n'exacerbant qu'un peu plus encore le plaisir qu'il tirait de cette rencontre. « Et comme je vous l'ai déjà dit, ce ne sont pas vos services que je suis venu chercher ce soir. Votre refus m'a intrigué, plus encore en vous découvrant ici. J'imagine sans peine la déception des clients, lorsque vous avez décidé de fermer boutique. » En d'autres circonstances, sans doute aurait-il laissé son regard de braise glisser le long de cette silhouette plus qu'avantageuse, donnant plus de poids à ses arguments. Pourtant, c'était bien son regard que soutenait le Hyde, un air amusé au coin des lèvres, ayant parfaitement conscience de joue un jeu dangereux, un jeu qui pourrait bien rapidement ramener de force cette ennui assassin dans son existence. « Ce que je veux ? » Reculant légèrement pour enfoncer son dos dans le dossier du divan, l'homme marqua une pause, le temps d'assembler les idées qu'évoquait en lui cette simple interrogation. Sans doute la brune n'avait-elle aucun doute du bordel si facilement ranimé derrière les tempes de son interlocuteur, l'homme qui voulait le monde et auquel le monde avait répondu de la pire ironie qui soit. « Votre compagnie. » Plus de sourire, plus d'airs moqueurs, le mafieux achevant de regagner la prestance des grands soirs en sondant les yeux clairs de la belle. « Non celle que vous aviez pour habitude d'offrir, j'ai bien compris votre position, même si je persiste à songer que tout cela est bien malheureux. » Faisant tourner l'alcool au fond de son verre d'un geste machinal, avant de reprendre. « Je ne suis arrivé en ville que récemment. Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé pour qu'un tel chaos s'en soit emparé. Tout ce que je sais, c'est qu'au-delà de l'incompréhension, du mépris que m'inspirent ces lieux, je ne me suis jamais tant senti chez moi que ce soir, avec vous. » Glissant un regard en biais aux autres tables, détaillant les hommes et les femmes qui s'y trouvaient, qui en un instant le replongeaient dans l'inconfort de cette époque, l'homme reporta son regard sur Theodora. « Il y a quelque chose chez vous. Quelque chose qui semble venir d'une autre époque, loin de la crasse et de l'insipidité de cette ville. » C'était la première impression qu'il avait eue, celle qui ne le trompait jamais, et qui en l'occurence ne l'avait pas déçu.  Si l'idée ne lui avait pas semblé si saugrenue, peut-être même qu'il lui aurait demandé de but en blanc si elle n'avait pas aussi effectué un bond dans le temps. « Quelque chose qui rend votre présence agréable, parce qu'il n'est pire fléau que l'ennui, depuis mon arrivée. Je ne pense pas me tromper en avouant que j'aime votre conversation, et que vous m'intriguez suffisamment pour m'avoir évité de songer à bien des sujets fâcheux, ce soir. Bien que votre position quant à la prostitution ne laisse encore à désirer. » Son regard scrutait la pièce, entretenant la discussion comme s'il s'agissait là des sujets les plus anodins du monde - pour lui en tout cas, c'était bel et bien le cas. L'air détaché, jusqu'à ce que ses iris ne s'attachent quelques secondes de trop à une silhouette en particulier. Parce que ces cheveux noirs difficilement disciplinés qui retombaient le long des mâchoires, ce regard clair, ces attitudes et ces expressions, tout cela menaçaient son équilibre, tiraient sur le fil fragile tissant les frontières de sa nouvelle réalité. A tel point que malgré la présence de Theodora à ses côtés, l'homme se perdit plus que de raison dans cette contemplation, attendant que l'inconnu si familier ne se retourne pour lui offrir davantage que son simple profil. « Camille. » Le prénom s'était échappé de ses lèvres comme une douce supplique, le mafieux se sachant dans le tort, ne parvenant pourtant à se détacher de cet espoir ramené encore et encore par ce vaccin qui lui avait été injecté des semaines plus tôt. C'était une malédiction, de sans cesse effleurer ce passé qui ne reviendrait pas, le laissant rêver les visages, halluciner les lieux, son visage pâlissant à vue d'oeil alors que ses prunelles vagabondaient d'homme en homme, de femme en femme. De fausses reconnaissances qui laissaient les prénoms s'échapper un à un, Harvey, Ambrose, Sage, Johnny, encore et encore, les murmures d'un homme fou qui en oubliait sa contenance, crispant ses mains sur la table en réalisant que s'il ne luttait pas, il allait finir par sombrer une fois de plus. Secouant vaguement la tête en reportant avec force son regard sur son verre, sans prendre le risque de regarder Theodora et d'y découvrir une nouvelle personne - une fausse personne - l'homme s'humecta les lèvres avant de s'adresser à elle. « En quelle année sommes-nous ? Où sommes-nous ? » Les mâchoires crispées dans les derniers restes de sa ténacité, sollicitant l'aide de cette inconnue qu'il voulait continuer à découvrir sans la voir se métamorphoser en l'un de ces fantômes, le laissant douter un instant de sa véritable présence, l'idée horrifiante de l'avoir imaginée de toute pièce s'introduisant doucement dans son esprit.
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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeMar 12 Juil 2016 - 23:56


The broken hearts make you beautiful
THEODORA & LYSANDER


Si Theo était méfiante ? Oh que oui, et plutôt deux fois qu’une. Elle détestait qu’on se mêle de ses affaires, d’autant plus lorsque ça voulait dire remonter sa vie privée au point de pouvoir la pister jusqu’au cœur de cette petite ville perdue. Surtout quand ça voulait dire mettre la main sur son numéro de téléphone et lui poser des questions sur son ancienne profession. Surtout quand ça voulait dire faire face à un homme particulièrement insistant et un peu trop inquisiteur à son goût. Ce Lysander Hyde était charmeur, beau parleur, charismatique à souhait, et à l’entendre parler, on décelait une intelligence certaine derrière ses mots maniés à la perfection. Et l’ancienne escort-girl était fâchée de voir qu’en plus de sa défiance, il parvenait malgré tout à susciter sa curiosité. Sa position sur la prostitution, la vision parfaitement désuète qu’il avait sur ce métier et sur la place des femmes, ses manières vieux jeu, son allure parfaitement soignée, tout le plaçait en décalage avec la foule que la jeune femme avait l’habitude de voir. Mais pour le moment, il ne lui était pas sympathique ; atypique, il l’était, mais elle n’était pas prête à avoir une conversation à cœur ouvert avec lui.
Ses mains fines croisées sur la table devant elle, elle l’écoutait, attentive, essayant de comprendre ce qu’il pouvait bien avoir derrière la tête. S’il n’était qu’un proxénète comme un autre ou s’il était vraiment aussi curieux qu’il en donnait l’impression – car s’il avait une certaine tendance à monologuer, il semblait aussi sincèrement désireux d’en savoir plus, et ça, Theo ne savait pas vraiment comment le prendre. Devait-elle l’envoyer paître pour de bon ou bien faire durer la conversation en continuant à l’écouter et à lui répondre. Elle hésitait à commander un autre verre ou à rallumer son fumeur – mais trop d’excès n’était jamais bon, et si elle n’avait pratiquement pas bu et fumé qu’une seule fois pour la soirée, elle n’avait pas envie de forcer la chose plus que nécessaire. Elle haussa légèrement un sourcil à l’évocation de la déception de ses anciens clients.

- Je suis sûre qu’ils ont pu trouver leur bonheur ailleurs.


Ça, ce n’était vraiment pas sûr ; l’Anglaise avait été très douée dans ce qu’elle faisait, et même maintenant elle avait gardé des habitudes et des réflexes qui faisaient d’elle une bien meilleure amante qu’on aurait pu le penser. Mais ça, bien sûr, elle le garda pour elle. Pas la peine de partager ces détails avec Lysander : ça ne le regardait pas et elle n’avait pas spécialement l’intention de lui faire une démonstration.
Soutenant son regard sans ciller, elle l’écouta parler et fut sincèrement étonnée de la description qu’il lui fit d’elle-même. Ça, c’était une chose qu’on ne lui avait jamais dit. Quelque chose venu d’une autre époque … l’idée ne lui déplaisait pas tant que ça. La modernité lui allait bien, mais plus le temps passait, plus les règles basiques de civilité se diluaient au profit de pulsions et d’envies qu’on cachait mal derrière une soi-disant bonne conscience et, surtout, derrière la quantité d’argent qu’on avait sur son compte en banque. Alors qu’on lui dise avec autant d’aplomb qu’elle semblait en décalage par rapport à cette dégénérescence sociétale, ce n’était pas pour la fâcher, bien au contraire. Il en faudrait un peu plus pour qu’elle commence à baisser sa garde, mais le grand blond venait de marquer un point, volontairement ou non. Ca ne l’empêcha pas cependant d’hausser un sourcil et de le regarder, son ironie naturelle revenant comme un cheval au galop.

- Eh bien, si mon avis vous trouble tellement, vous pouvez toujours retourner vous consoler dans l’ennui qui semble tant vous accabler.

Ce ne serait certainement pas les commentaires d’un homme à l’attitude désuète qui lui ferait revoir ses positions sur le métier qu’elle avait exercé des années durant ; et si ça devait lui déplaire, tant pis pour lui.
Attrapant son fumeur, elle s’apprêta à plonger la main dans son sac pour en ressortir sa blague de tabac lorsque l’expression de Lysander changea du tout au tout. Etonnée d’un tel revirement, la jeune femme suivit son regard mais ne vit rien de particulier qu’une silhouette somme toute lambda qui semblait pourtant éveiller chez son vis-à-vis bien des souvenirs. Reportant son attention sur lui, elle le regarda faire et l’écouta énumérer des noms dans une succession de murmures, comme si les prononcer à voix haute et claire était interdit. Cependant, ce ne fut rien en comparaison de la stupéfaction qui la saisit en l’entendant lui poser ces deux questions tellement étranges, tellement hors sujet par rapport à ce qu’ils se disaient depuis une poignée de minutes. Durant un instant, Theo se demanda si elle n’avait pas tout simplement affaire à un fou et s’il ne valait pas mieux qu’elle s’en aille tant qu’elle le pouvait encore sans trop de conséquences. Pourtant … pourtant, son comportement lui rappelait vaguement quelque chose sans qu’elle ne parvienne à mettre le doigt dessus. Plissant les yeux, elle réfléchit un instant à ce qu’elle devait faire avant de finalement prendre une décision.

- Nous sommes en 2015, dans un bar chic de la ville de Radcliff, dans le Kentucky, aux Etats-Unis.

Elle ne pouvait pas être plus précise que ça sur leur localisation, et elle doutait que connaître le jour et l’heure précis importait réellement à l’homme. Rangeant son fumeur dans son sac à main, elle en glissa la fine bretelle sur son épaule et posa la main dans le dos de Lysander.

- Monsieur Hyde, je propose que nous sortions. Un peu d’air frais ne semble pas de trop.

Elle fouilla dans son sac, laissa sur la table un billet suffisamment conséquent pour payer leurs deux consommations, puis se leva et l’enjoignit à le suivre, à la fois douce mais ferme et assurée dans ses gestes. Elle ne connaissait pas la nature de la crise qui le secouait, mais elle se disait que si elle avait été dans son cas, elle aurait préféré s’éloigner de la foule aussi vite que possible. Les guidant jusqu’à la sortie du bâtiment, sans un regard en arrière, elle se retrouva dehors avec ce parfait inconnu qu’elle aurait volontiers congédié quelques instants plus tôt à peine, et pour lequel elle se trouvait presque à s’inquiéter. Presque. Car elle n’était pas encore tout à fait sûre que ça n’était pas un numéro de plus pour la mettre dans sa poche.


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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeLun 25 Juil 2016 - 19:57

the broken hearts make you beautiful.


CRACKLE BONES


Concentrant toute son attention sur la voix de Theodora, l'homme acquiesçait à chaque nouvelle information, le regard baissé fixant la table sans s'en détacher alors que les épaules se voûtaient sous la tension des muscles. 2015. Radcliff. 2015. Radcliff. Répétées mentalement comme un mantra, les informations ne parvenaient à s'imprimer plus de quelques instants au sein de son esprit griffé par les hallucinations. Ce n'était pas tout à fait comme d'habitude, à se retrouver seul lors de ces épisodes, à perdre pied sans même prendre conscience de ce qui était en train de se produire. Pour la première fois, Lysander se débattait contre le spectre qui envahissait chaque repère, chaque certitude, ayant une parfaite conscience de ce qui était en train de se produire. C'était légèrement angoissant, soudainement, de réaliser que sa raison divaguait, à se demander quelle aliénation s'emparait de lui, s'il était possible de s'en extirper. 2015, Radcliff, incrustant les données sans parvenir à retenir leur sens alors que son crâne s'échauffait sous ses efforts. Les phalanges blanchirent en sentant une main se poser dans son dos, un regard en biais lui rappelant cette présence à laquelle il peinait à s'accrocher. « Bien. » Un mot, un seul, formulé avec difficulté d'entre les mâchoires fermement serrées. Incapable de se ressaisir suffisamment pour regagner une contenance, l'ancien mafieux se contenta de se laisser guider, se levant non sans percuter la table de ses grandes jambes, le cliquetis des verres semblant lui parvenir de loin, très loin. Comme le brouhaha des conversations, ces regards desquels il se détachait en tâchant de ne prêter attention qu'à ses pas incertains, ces mouvements désordonnés qui lui donnaient l'impression de n'être qu'à moitié maître de son corps.

L'air frais frappa son visage brûlant alors qu'ils gagnaient enfin la sortie, l'homme ne tardant guère à laisser son dos s'écraser contre la façade de la bâtisse. « Radcliff, 2015. » C'était un murmure presque inaudible qui n'avait pas quitté ses lèvres depuis qu'ils s'étaient décidés à sortir, finissant par imprégner un peu plus ses pensées décousues, à estomper son air perdu. Ses paupières s'abaissèrent quelques secondes, le temps d'oublier les pavés qui s'agitaient sous ses pieds instables. Dans la pénombre de ses yeux clos se bousculaient encore quelques images, à ses oreilles quelques voix familières, à ses narines les fumées entêtantes de ce bar de Louisville, l'un de ces nombreux fiefs emporté dans la tempête de son départ. Parce qu'il était parti, le Hyde, l'époque était révolue et il devait s'en détacher, se souvenir qu'aucun retour n'était envisageable, que son esprit lui jouait des tours. C'était pourtant tentant, de replonger tête la première dans ces souvenirs trop vivaces, mesquinerie du vaccin qui ne lui rappelait que trop ce qu'il ne ferait plus qu'effleurer du bout de ces rêves éveillés. « Pardonnez mon égarement. » Pinçant l'arête de son nez alors que les effets secondaires s'avéraient plus difficiles que prévu à contrer, l'homme n'osa tout d'abord pas ouvrir les yeux, incertain quant à ce qu'il y trouverait. Serrant ses doigts à en éveiller la douleur tandis qu'il plissait un peu plus encore ces yeux qui ne voulaient pas voir, pas se retrouver perdus et l'emporter dans les limbes d'une déraison certaine. « Je crois qu'il me faut encore quelques minutes. » Approximativement, puisqu'il n'avait aucune idée de la durée potentielle de cette crise, ni même s'il parviendrait à s'en sortir sans s'y être laissé engloutir. « Je ne suis pas dangereux. » Levant vaguement une main dans la direction supposée de la jeune femme, le mafieux ne put retenir le sourire carnassier qui montait au coin de ses lèvres à ses mots. C'était peut-être bien la première fois de sa vie qu'il prononçait ces mots, et nombre de ses anciennes connaissances n'auraient pas manqué de s'esclaffer en entendant le terrible Hyde marmonner une telle connerie. Il n'était pas mentalement défaillant, c'était ce qu'il voulait dire par là, seulement pour l'instant toute son attitude semblait hurler le contraire. « Enfin, je ne vous ferai pas de mal. Il faut juste que ça passe. » Si ça comptait passer. Pour le moment, l'homme n'en menait pas large, sa large silhouette perdant de sa superbe une fois accolée au mur en menaçant de vaciller. « Je ne sais pas si c'est partout pareil, maintenant. Ou s'il n'y a que cette ville qui soit complètement dingue. » Qui rend complètement dingue. Glissant une main maladroite dans l'une des poches intérieures de sa veste, l'homme ne tarda pas à en extirper son vieux briquet, l'un des seuls biens qu'il ait conservé en se débattant avec les mailles du temps. Allumant une cigarette, en se contentant de fixer le mur qui lui faisait face, le Hyde finit par jeter un regard en biais dans la direction de Theodora. « Dans le fond ce n'est sûrement pas si différent.. La loi du plus fort, un champ de bataille. Ceux qui chassent. Ceux qui sont chassés. » Murmure prononcé à haute-voix comme pour lui-même. Comme pour justifier qu'il soit si aisé de s'y perdre. Pour repousser la crainte de la folie, sans reconnaître qu'il devait avoir l'air un peu plus fou encore, à travers ces paroles insensées. Laissant un regard songeur se détacher alors que la fumée envahissait ses bronches, l'homme inclina sa tête contre les briques en ravalant un grognement douloureux. « Comment avez-vous atterri ici, Theodora ? » Un regard en biais reporta son attention sur la jeune femme, l'esprit tentant de se focaliser sur du concret, sur des sujets aux antipodes de ce qui pourrait le projeter ailleurs. « Vous n'êtes pas d'ici, pas vrai ? » La question était sincère, ponctuée d'un zeste de curiosité, sans doute un peu déplacée aussi alors qu'il ne s'attardait sur aucune explication quant à son comportement halluciné. « Vous n'avez jamais eu envie de quitter la ville ? Avant qu'ils n'en clôturent toutes les sorties, bien entendu. » Les enfermant dans ce piège de quarantaine sans qu'il n'ait pu gagner Louisville depuis son arrivée, avide d'en parcourir les rues, un peu effrayé aussi à l'idée de ce qu'il pourrait y trouver. Mais il ne pouvait aborder cette ville, resonger à ce qui s'y était passé. Il ne pouvait se présenter dans les règles de l'art, pas sans l'imaginer s'effrayer, devenir dangereuse, devoir la neutraliser. Parce qu'à y réfléchir, il n'avait pas la moindre idée le Hyde, de ce qui se cachait derrière ce joli minois et ces mots savamment aiguisés. S'il n'y avait pas l'une de celles qui l'avaient coincé ici, à jamais. Une ombre traversa son regard sans qu'il ne se détourne pour autant, renonçant à se dévoiler davantage, tâchant déjà de rester ancré dans le présent.
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MessageSujet: Re: The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]   The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander] Icon_minitimeVen 12 Aoû 2016 - 20:24


The broken hearts make you beautiful
THEODORA & LYSANDER


Le moins que l’on puisse dire, c’était que la conversation avait pris un tournant auquel Theo ne s’était pas attendu le moins du monde. En quelques minutes de discussion, Lysander lui avait donné l’image d’un homme sûr de lui et quelque peu arrogant, le genre de personnage à obtenir tout ce qu’il voulait d’un claquement de doigts ou bien à le prendre de force. Elle n’aurait absolument pas pu prévoir ce brusque revirement dans son comportement, cette peur et ce trouble qui s’étaient peints sur son visage, et cette question étrange qui sonnait le glas de tous les préjugés qu’elle avait sur lui : en quelle année sommes-nous. Quel que soit ce secret qui venait le hanter aussi brutalement, il était assez grave pour lui faire perdre des repères pourtant évidents – ou bien y avait-il autre chose encore, une chose que la jeune femme ne pouvait pas savoir ? Elle n’était pas sûre encore, et elle aurait le temps de le questionner plus tard – peut-être. En attendant, elle s’était contentée de payer pour eux deux, pas plus inquiète que ça de l’argent qu’elle pouvait dépenser, et avait aidé le grand homme à sortir du bar, loin de cette atmosphère cosy qui tout à coup devait avoir l’air bien oppressante.
Une fois dehors, elle le laissa s’appuyer contre le mur et le détailla de ses yeux clairs. Il y avait quelque chose dans son comportement qui était étonnamment familier, un je-ne-sais-quoi de déjà-vu qui lui donnait l’impression qu’elle aurait pu le comprendre s’il lui en avait parlé. Sans rien dire, elle le laissa reprendre ses esprits et une partie de la contenance qu’il avait affiché jusque là.

- Il n’y a pas de mal. Prenez votre temps.

Elle n’irait certainement pas le presser de revenir à lui, d’autant qu’elle était bien placée pour savoir que ces choses-là ne se commandaient pas. Lorsqu’elle était victime de ses hallucinations, elle ne pouvait rien faire d’autre que d’attendre que la tempête passe, en espérant qu’elle le ferait vite et qu’elle ne trainerait pas. La remarque suivante de Hyde lui tira un sourire en coin amusé.

- Je ne suis pas certaine de vous croire.

Des grands criminels, d’affreux personnages et de dangereuses personnes, elle en avait vu beaucoup, du temps où elle était encore escort-girl, et si elle ne se prétendait pas maîtresse en la matière, elle savait encore deviner de qui se méfier lorsqu’elle croisait des silhouettes inconnues dans la rue.
Imitant le colosse, elle sortit de son sac son fumeur et son briquet. Bourrant l’embout de sa petite pipe de ce tabac finement haché qu’elle faisait importer car introuvable dans un petit coin perdu comme Radcliff, elle haussa doucement les épaules.

- Le monde n’a jamais vraiment tourné rond. Cela dit, ces derniers temps, il semble être encore plus erratique que d’ordinaire.

Peut-être était-ce parce qu’elle avait vu les coulisses de ce qui pouvait se tramer chez les grands de ce monde, peut-être était-ce parce qu’elle avait pu se rendre compte qu’il suffisait d’un rien pour perdre l’œuvre de toute une vie, qu’il suffisait d’un rien pour devenir l’ennemi public numéro un, mais elle ne pouvait pas ne pas être d’accord avec Lysander. Si elle ne répondit rien à sa petite réplique au sujet de la loi du plus fort, c’est parce qu’elle était du même avis : si l’on n’avait pas la force morale nécessaire, si l’on n’était pas capable de bouger des montagnes et de faire tous les sacrifices du monde pour ne pas se laisser dévorer par le monde, alors on finissait invariablement par se faire engloutir par la masse qui aurait tôt fait de vous réduire à néant.
Tirant sur son fumeur, Theo regarda la fumée blanche s’envoler dans la nuit, dessinant un petit nuage clair autour de sa tête.

- Un fâcheux concours de circonstances – un ancien compagnon assassiné et un besoin pressant de voir du pays. Je viens de Londres, et si elle est viciée jusqu’au bout des ongles, elle peut au moins se targuer d’avoir une importance et une renommée que ne possèdent pas ce coin perdu des Etats-Unis.

Elle n’avait jamais regretté quitter Londres, mais le rythme de vie anglais, l’effervescence de la capitale de l’Angleterre, l’histoire prodigieuse qu’elle possédait, tout ça lui manquait. Pourtant, elle n’était pas encore sûre de pouvoir revenir à une vie dans une mégalopole quelconque. Il n’y avait pas grand’ chose à faire à Radcliff, certes, mais malgré les attaques, malgré la guerre entre mutants et chasseurs qui faisait de nouvelles victimes chaque jour, elle trouvait ici une petite retraite qui lui allait bien – pour le moment du moins.

- Quant à partir … disons que pour l’instant, j’ai encore quelques petites choses à régler avant de songer à mettre les voiles lorsque la quarantaine sera enfin levée.

Que ce soit dans un jour, un mois ou un an, elle ne pouvait pas encore faire ses valises pour filer – pas alors qu’il y avait Eddie et pas tant qu’un certain fantôme viendrait la hanter. D’ailleurs, elle était assez étonnée de ne pas l’avoir vu pointer le bout de son nez ce soir. Peut-être d’ici quelques minutes, ou bien plus tard dans la soirée. Pour l’instant, elle profitait de son absence.

- Et vous, monsieur Hyde ? Un homme de votre trempe, je me demande bien ce qui a pu vous pousser à venir vous perdre dans cette minuscule cité.

Il ne lui ferait pas croire une seule seconde qu’il était venu ici de son plein gré, pas alors qu’il semblait tenir l’endroit en si piètre estime.


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The broken hearts make you beautiful [ft. Lysander]

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