Voilà quelques jours qu’Andreas s’était infiltré dans les laboratoires Holgersen et qu’il avait recroisé douloureusement le patriarche Caesar. Son épaule le faisait souffrir et n’étant pas du genre à apprécier les antidouleurs ou autres médicaments non nécessaires à sa guérison, il subissait en silence, grimaçant de temps à autre quand personne ne pouvait le voir. Il avait ainsi découvert qu’on ne soupçonnait pas un seul instant des mouvements additionnels que l’on faisait en une journée sans forcément utiliser ses muscles d’épaules ou ses bras. Il avait au moins eu la chance que la balle soit ressortie et qu’il n’ait, ainsi, pas été obligé de se charcuter dans l’espoir de la récupérer. Les soins avaient cependant été compliqué et la couture d’autant plus. Il n’avait finalement eu d’autres choix que de se faire soigner chez Insurgency et ce, de mauvaise grâce.

Si le chercheur n’était pas du genre à provoquer les ennuis et que le couvre-feu était dépassé, c’était pour une très bonne raison, à ses yeux du moins. Il connaissait la ville de jour mais, pas assez de nuit. Cette connaissance lui était pourtant nécessaire, voire vitale. Il mémorisait son plan, ses lieux, ses opportunités. Il se devait de connaître le lieu où il vivait désormais et la douleur, bien qu’énervante le ramenait étonnamment parmi les vivants. Ou alors était-ce la colère ? Quoi qu’il en soit, il arpentait les rues mal éclairées et peu fréquentées ne pouvant le faire sans que l’on se pose des questions quand elles étaient encore occupées, fourmillant de l’activité de fin de journée. De plus, il était ainsi en condition, capable d’assimiler l’ambiance qui régnait. Elle était lourde et les rues, véritablement désertes à l’exception de quelques uns qui rentraient au pas de courses. La peur était un moteur puissant. Il n’y avait que ça ici, partout. Les non-mutants avaient peur des mutants et des hunters, les mutants avaient peur de leurs voisins et de se faire abattre ou vacciner n’importe quand. Un tel climat n’était certainement pas sain et il ne comprenait décidément pas pourquoi ses enfants n’étaient pas partis ailleurs.
C’est en parcourant une des ruelles qu’il avait repéré qu’il entendit beaucoup de mouvements. Plus que ce qu’il avait pu entendre jusqu’à maintenant puisque même les voitures semblaient s’être tues depuis un moment. Le bruit qu’il entendit, même de loin, il le connaissait, c’était celui d’un corps tombant au sol. Mort ou pas, il n’en savait rien. Il aurait préféré ne jamais pouvoir distinguer ce son d’un autre mais, les choses étaient ce qu’elles étaient et il avait lui-même été responsable d’un tel son, plus d’une fois. Dissimulé par les ombres dans une ruelle voisine, il ne put que voir passer un groupe de trois personnes, armées... des hunters. Lentement, il sortit de la ruelle où il s’était trouvé et s’était avancé en silence, leur laissant un peu d’avance tout de même. Quand il entra finalement dans l’allée, il faisait face à un homme en présence d’un autre, au sol et d’un groupe de trois hunters. Qui était l’homme debout ? Il n’en savait rien, il pouvait être une victime ou un tueur, un mutant ou un hunter mais, il ne pouvait en tout cas pas laisser le temps à ceux qu’il suivait de réagir. L’air autour de lui devint progressivement très lourd, électrique alors que l’un d’eux se retournait. Un mouvement qu’il fut incapable de finir alors qu’un coup de tonnerre retentissait, son et lumière s’accompagnant intensément d’une odeur âcre de brûlé. Le ciel presque dégagé jusqu’à il y a peu, laissait présager qu’un orage pouvait éclaté et la surprise étant sa meilleure alliée, il s’empressa de saisir un des deux hunters par l’arrière pour le placer devant lui, s’en servir comme bouclier, son corps dégageant une chaleur qui n’avait rien de naturelle. Un bras lui ceinturant la poitrine et l’autre la gorge, il prenait garde à ne pas se prendre un coup de tête mal placé. Il fixa finalement son regard sur l’homme se trouvant bien plus loin, homme qui semblait avoir réagi. Aucun doute, celui d’en face était un mutant, tout comme lui. À l’oreille de son assurance vie actuelle, il murmura une menace très claire.

- « La foudre peut tomber deux fois au même endroit mais, je n’en ai pas besoin pour vous faire frire de l’intérieur, restez donc tranquille voulez-vous. »

La mutation d’Andreas était certes liée aux orages mais, il était capable de manipuler plusieurs facteurs pour y parvenir et, les utiliser à des échelles plus petites. Il aurait certainement pu se passer des effets... pyrotechniques naturels mais, ils avaient toujours un effet de dissuasion spectaculaire et la surprise engendrée était bien souvent profitable. De telles mutations devaient sans doute être reléguées au rang des improbabilités ou parfois confondue avec une manipulation de l’électricité, ce qu’il ne pouvait certainement pas faire bien qu’il soit capable de tolérer un voltage qui en aurait assommé plus d’un. La nature faisait bien les choses en évitant bien souvent à un propriétaire de mutation qu’elle ne se retourne contre lui.

Oh ça, Andreas aurait largement préféré se faire une sortie tranquille, tomber sur des hunters n’était que facultatif. Au mieux divertissant quoi que dangereux puisqu’il passait encore aisément à travers les mailles du filet. Cela dit, il était un peu tard pour regretter cette rencontre hasardeuse avec des hunters, ce qui était fait ne pouvait pas être défait et il agirait en conséquence. Un mort, plusieurs autres mais pas de sa main et finalement un autre. Il laissait derrière lui deux cadavres frappé par la foudre par temps clair mais, un mutant doté d’une mutation en rapport avec l’électricité aurait fait tout aussi bien. Il était donc tranquille. Pourvu que les hunters ne soient pas dotés d’une intelligence suffisante pour repérer les anomalies météorologiques. C’était, à sa connaissance, la seule façon de le repérer quand il usait de sa mutation. Une autre raison pour laquelle il n’en abusait pas trop.
L’arme que l’homme face à lui pointa dans sa direction le fit grincer des dents. Il avait déjà donné en matière de blessure par balle et il ne lèverait pas les mains, son épaule et son bras le faisant encore souffrir. Impassible, le visage fermé, Andreas observa son vis-à-vis un moment. Une question légitime, certes mais stupide. Il aurait tout aussi bien pu répondre à côté de la plaque. Pourtant, il se plia de mauvaise grâce à l’exercice.

- « Avec moi-même. » Insurgency n’était qu’un moyen d’arriver à ses fins, soyons honnêtes, il n’avait pas réellement d’intérêt pour leur cause. « Vous êtes peut-être celui qui tient l’arme mais je pourrais aussi bien vous retourner la question. Mais je vais vous répondre. » Il serait toujours temps de le tuer après cela. « Andreas Kovalainen et un hunter ayant exécuté ma femme et un autre vacciné ma fille, je préfère les voir morts et rapidement de préférence. Épluchez donc la rubrique nécrologique du mois de novembre de Dublin et les faire-part de Rovaniemi. Vous devez bien pouvoir faire ça avec votre smartphone. Vous aurez cependant quelques difficultés à lire le finnois, je le crains. »

Dans sa voix, aucun agacement mais le même ton polaire qu’il avait employé pour s’adresser aux hunters un peu plus tôt. Il avait pourtant presque plaisanté, presque. Il détestait tout particulièrement être menacé, pire, être traité de sympathisant. Il n’allait donc certainement pas se mettre à faire de l’humour au beau milieu d’une ruelle.

- « Si vous pouviez baisser votre arme, ce serait fort agréable. Je dois dire que je n’apprécie par ressentir la morsure du métal et de la poudre. J’ai déjà donné. » Et récemment avec ça. « J’aimerai, moi aussi, avoir la garantie de ne pas me retrouver devant un larbin du maire ou d’un autre fou furieux du même acabit. »

Il fallait l’avouer, Andreas ne se détendrait certainement pas tant qu’il n’aurait pas certaines garanties lui aussi. Loin d’être paranoïaque, il était cependant excessivement prudent. Il ne laissait à personne le loisir de franchir ses barrières. Même ses propres enfants peinaient à voir et ressentir les expressions adéquates, ce qui lui avait d’ailleurs été reproché par Artur. À vouloir contrôler son environnement, il avait également menti par omission plus d’une fois, un autre reproche qui lui avait été fait mais, pas Moira cette fois. Il faudrait sans doute pas mal de temps pour qu’il se mette à agir autrement. Aisling décédée, il retournait dans ses anciens travers et avait bien du mal à s’en défaire. Il était plus facile d’être un homme désagréable et aigri qu’un homme ouvert au monde et prompt à aider son prochain le sourire aux lèvres. Il essayait réellement, surtout à l’université mais, ça n’était pas gagné du tout.

Une arme pointée sur lui n’allait pas le dérider, c’était une certitude. Andreas n’appréciait pas ce genre de méthode. En réalité, il haïssait les armes à feu bien qu’il savait s’en servir, forcé et contraint qu’il avait été d’en faire usage il y a longtemps. Il ne pouvait déployer sa mutation à tout va et il ne pouvait pas le moins du monde faire passer sa mutation pour un coup de taser. Les blessures ne concordaient. En bon scientifique, il en était parfaitement conscient. Depuis qu’il avait pris une balle sortie tout droit du canon d’une des personnes qu’il haïssait le plus sur cette planète, il les appréciait encore moins.
Toujours sur ses gardes, il fronça les sourcils en le voyant finalement fouiller ses poches à la recherche d’il ne savait quoi. Allait-il réellement faire ce qu’il lui avait suggérer ? Décidément, ce monde marchait sur la tête. Cependant, pendant ce temps, il n’était plus visé par l’arme et il n’allait pas s’en plaindre, loin de là.

Visiblement, l’homme en face de lui semblait connaître son nom de famille. Dans quel contexte, il n’en savait rien et il apprécierait de le savoir au plus vite. Effectivement, Andreas n’avait pas entendu parler du dénommé Seth. Moira et lui avaient à parler de bien d’autres choses. Quand le smartphone fut devant ses yeux, affichant une photo ridicule pour preuve mais, représentative de ce dont sa fille était capable devant un objectif, il se détendit imperceptiblement et l’atmosphère s’allégea pour revenir à la normale. Le fait qu’il parle de William également fut une autre preuve pour lui. Si son visage resta neutre, il n’était cependant plus le reflet de ce qu’il avait été juste avant. Ses yeux et sa posture étaient moins dures, moins agressifs.

- « Merci d’avoir été là pour elle alors que je ne le pouvais pas. »

Ce qui était sincère. Il aurait voulu être là et il était tout à fait conscient qu’il n’était pas le père de l’année, loin s’en faut. Il avait commis un nombre d’erreurs magistrales dont certaines ne pourraient jamais être réparées. Il en était conscient et il devait à présent les assumer.
Curieux et pas gêné d’en apprendre un peu plus sur la relation de sa fille avec Seth, il saisit le téléphone sans aucune hésitation, parcourant les clichés avec un certain plaisir. Sa fille avait au moins vécu de bons moments et il en était reconnaissant à l’homme en face de lui bien qu’il ne l’énoncerait pas à voix haute.

- « Je vous crois, tenez. » Il lui rendit le portable, préférant ne pas connaître la teneur des dits sms. « Si elle apprenait que j’ai mis mon nez dans quelque chose de personnel, elle risque fort de me le faire payer dès qu’elle en aura l’occasion. »

Toujours, Andreas avait respecté la vie privée de sa fille bien qu’au début, il y avait été contraint et forcé par Aisling. Il avait ensuite saisi l’importance de ne pas s’en mêler, de la laisser vivre et assumer et surtout, respecter qui elle était. Père ovni s’il en était mais, il ne regrettait pas d’avoir agi ainsi quand il voyait le résultat. Sa fille était épanouie et vivait très bien sa vie... en dehors de sa vaccination et des drames qu’elle avait dû encaisser. Il aurait largement préféré lui épargner l’annonce de la mort de sa mère, préféré pouvoir continuer à la laisser dans l’ignorance de sa mutation, préféré ne pas l’exposer à ses propres drames. En réalité, Andreas aurait effectivement préféré que ce soit à sa vie que l’on mette fin et pas à celle de sa femme. Elle avait été une bénédiction pour le monde, pas lui.

Plus détendu bien qu’il restait sur ses gardes en raison de l’heure, il fronça les sourcils, ne voyant pas où Seth voulait en venir. Pris par la conversation qu’il avait eue avec elle ce soir-là, il n’avait pas vraiment remarqué les signes, n’avait pas pu se douter qu’elle lui manquait. Il avait mis énormément de choses sur les nouvelles qu’il lui avait apportée et les choses qui lui étaient arrivées. Sa curiosité à nouveau piquée, il riva son regard dans celui de l’homme face à lui. Peut-être pourrait-il se charger du hunter en question s’il en apprenait le nom. Cela éliminerait un danger de plus au sein de cette ville.

- « Elle m’a dit ce qui lui était arrivé mais, elle ne m’a pas donné le nom du responsable et je dois dire que je n’ai pas pensé à demander sur le moment. Vous semblez en savoir plus long que moi sur le sujet semble-t-il. Je suis tout ouïe. »

Cependant, avant, il devait s’assurer que ce qui avait eu lieue dans cette ruelle ne remonterait pas jusqu’à elle. Il était un tueur, il le savait et bien qu’il aurait préféré ne pas l’être, il l’était. Il pouvait en revanche le cacher à sa fille.

- « Juste avant, une petite chose. Pourriez-vous garder pour vous ce qui s’est passé ce soir. Moira n’est peut-être pas obligée de savoir ce que je fais des hunters que je croise. »

Et de fait, de ne pas savoir que son père était un meurtrier.

Ce soir, Andreas venait d’apprendre que sa fille avait un ami sur qui compter, quelqu’un en tout cas qui était capable de la dérider et de lui offrir quelque chose de bon. Quelque chose que nulle ne pourrait lui apporter désormais. Il le remerciait pour ça et pour ce qu’il ferait encore pour elle. S’il était conscient d’une chose c’est que malgré toute la prudence dont il faisait preuve, à pourchasser le mari de sa femme comme il le faisait, il n’en sortirait pas indemne. Une fois que sa tâche serait achevée, il ne lui resterait qu’à regarder ses enfants vivre leur vie et évoluer. Il s’en tiendrait probablement le plus loin possible pour qu’ils n’aient pas à subir le revers de la médaille, il les protégerait cependant, de lui compris si besoin.

Sans grande surprise, l’homme récupéra le téléphone en acquiesçant. Sans conteste, Moira n’aurait pas du tout apprécié que l’un lise les messages et que l’autre ait laissé cette possibilité. Quand bien même, en tant que père, mieux valait éviter de prendre conscience de certaines choses et s’il y a bien une chose que sa fille détestait, c’était qu’il mette son nez dans sa vie très privée. De fait, Andreas ne voulait vraiment pas savoir.

- « C’est nouveau ça. »

Ne lui avait-il pas appris à se débrouiller, à se défendre également ? Les cours qu’il avait dû s’infliger avec elle étaient-ils si loin ou les dangers si grands qu’il en vienne à la protéger en prétendant la chose régulière ? Il n’en savait rien mais, il se promit d’essayer dans savoir plus. Cela dit, dans une ville comme Radcliff, les problèmes devaient être fréquents et d’une ampleur autrement plus importante qu’ailleurs.

- « Je suppose que rien ne devrait me surprendre dans cette ville. »

D’apprendre que sa fille avait besoin d’aide et de protection ne devrait donc pas non plus. Tout ce qu’il avait besoin de savoir, c’était que le dénommé Seth n’allait pas aller annoncer à sa fille que son père était un meurtrier. Il n’avait pas besoin de ça pour le moment, il avait bien assez de choses à gérer et il était loin de se douter que les mauvaises nouvelles ne s’arrêteraient pas à l’annonce de la mort du fiancé de Moira.

- « Et bien j’en suis seul juge. J’aime autant qu’elle m’en veuille pour d’autres choses en ce moment, que je puisse veiller sur elle sans devoir rester à distance. Elle pourra me considérer comme un tueur quand elle ne risquera plus rien. J’en assumerai la responsabilité. »

Oui, Andreas préférait qu’elle lui en veuille de ne pas lui avoir dit qu’il était mutant plutôt que de lui avoir caché qu’il était un meurtrier. Il préférait largement qu’elle l’idéalise encore un pue plutôt qu’elle ne veuille plus de lui dans sa vie dans l’immédiat. Pour le moment, elle avait besoin de lui. Il assumerait bel et bien ses actes en temps voulu, il le devrait de toute façon. Ça n’était pas le genre de choses que l’on pouvait dissimuler à son entourage indéfiniment. Seulement voilà, il n’était pas le seul à mentir semblait-il. Moira avait visiblement caché une information de première main concernant sa vaccination et lorsque qu’Andreas fut tenté de demander qui, il n’eut pas à poser la question. Le père qu’il était senti le monde s’écrouler à nouveau sous ses pieds et la colère l’étreignit à une vitesse fulgurante, presque aussi rapide que le jour om on lui avait appris la mort d’Aisling. L’atmosphère s’alourdit alors qu’il tentait de maîtriser les choses, de les assimiler, de les digérer. La même chose s’était produite ce jour-là. Il dut lutter un moment contre lui-même, contre sa nature et il enferma le monstre car c’était bien de ça qu’il était question. Il avait conscience d’être capable de ravager une partie de la ville s’il laissait libre court à sa colère, conscience aussi qu’il risquerait sa peau s’il le faisait. Le masque tomba donc un instant alors qu’il inspirait, les traits tirés pour reprendre contenance.

- « Mon fils... Mon fils est le hunter qui a vacciné ma fille ? »

Il se passa une main sur le visage, seul signe de sa nervosité et des sentiments qui tournoyaient, mettant son contrôle à rude épreuve. Il restait humain avant tout et la perfection de sa maîtrise ne pouvait en être que faillible, malheureusement. Heureusement, il restait maître dans l’art de se gérer depuis des années. Une autre raison pour laquelle il ne se mit pas directement en chemin pour aller réclamer des explications à son fils. Les choses devenaient soudain plus claires alors que ses deux visites se rejouaient dans son esprit. De leurs attitudes à leurs hésitations, il remit les pièces en place.

- « Je savais mon fils fin menteur voire même manipulateur mais je n’aurais jamais pu envisager qu’il soit capable d’une telle chose, de s’allier avec des monstres capables de tuer sa propre sœur. Et Moira... incapable de me mentir depuis sa plus tendre enfance me mener en bateau ? Protéger son frère, hunter de surcroît ? Je comprends mieux, beaucoup mieux. »

Dire qu’Andreas était furieux était un doux euphémisme. La seule chose qui l’empêchait d’agir comme il l’entendait à propos de son fils, c’était précisément parce qu’il était son enfant et qu’il l’aimait contrairement à ce qu’il pouvait croire. Il en était persuadé, Artur croyait sans aucun doute qu’il ne l’aimait pas et il savait que c’était de sa faute. Il avait mal agi envers son fils mais, les raisons n’étaient pas suffisantes pour qu’il en arrive à ça.

- « À quel point Moira protège-t-elle son frère ? »

Parce que c’était une constante, que ça avait toujours été ainsi et que ça n’avait certainement pas changé.

Moira ne serait certainement pas ravie d’apprendre que l’un de ses amis l’avait poignardé dans le dos mais il ne pouvait et ne voulait pas s’en préoccupé. Tout ce qu’Andreas savait, c’était qu’elle ne lui avait pas dit la vérité et qu’elle l’avait mis, lui aussi en danger en toute connaissance de cause. De savoir qu’Artur était non seulement hunter mais, capable de vacciner sa sœur tout en étant parfaitement conscient de ce que le produit pouvait produire comme effet l’obligeait à s’interroger sur son fils. Il ne doutait pas un instant qu’il savait, il n’était pas un imbécile et de fait, il savait ce que risquait sa sœur. S’il avait été capable de faire ça à sa propre sœur contre qui il ne devait avoir que peu de griefs, que serait-il donc capable de faire contre un homme à qui il en voulait pour de nombreuses raisons dont certaines parfaitement valable ? La question devait se poser. Jusqu’où Artur était-il capable d’aller concrètement ? Fort heureusement, il ignorait qu’il était mutant et il valait mieux que les choses demeurent telles quelles pour le moment. Pourtant, sa colère ne décroissait pas, loin de là.
Seth pouvait ne pas avoir de preuve, Andreas n’en avait pas besoin car il savait qu’il disait la vérité. Le malheur de connaître ses enfants et de ne pas être né idiot l’obligeait à ne pas se voiler la face, leurs attitudes respectives à certains moments de leurs conversations ne laissaient aucune place au doute.

- « Je n’ai pas besoin de preuves. Je sais qu’Artur en est parfaitement capable et je sais également pourquoi il en est capable. »

Il était en partie responsable de cela mais il n’endosserait jamais les choix et les erreurs de son fils. Les actes étaient du fait des personnes qui les commettaient, les circonstances étaient toutes autres. Si dans certains cas, elles atténuaient l’acte, dans d’autres, elles n’étaient tout simplement pas valide. Aussi, ce qu’Artur avait fait à sa sœur ne méritait aucune forme d’atténuation quelle qu’elle soit et lui-même ne s’en tiendrait pas rigueur. Artur avait agi, point.

- « Et je suppose bien entendu que vous n’être pas le seul au courant. »

D’autres de ses amis proches comme Malachi devaient probablement être au courant bien entendu. Rien n’échappait jamais à ce garçon, cet homme. Lire et influer sur les sentiments n’étaient pas toujours aisé et quelque chose comme ça ne lui aurait certainement pas échappé.
Pour l’heure, l’important était d’en apprendre un maximum sur le besoin néfaste qu’avait Moira de visiblement couvrir son frère et ce qui l’entendit ne le surprit même pas un instant. Bon sang.

- « Même ça, ça ne m’étonne pas. Artur... Sa mère m’avait prévenu. Artur est exclusif, jaloux, extrêmement rancunier. Moira a probablement dû le blesser d’une manière ou d’une autre, ne pas lui porter l’attention qu’il pensait mériter à un moment donner et il lui fait probablement payer ça aujourd’hui de je ne sais quelle manière. Trop gentille qu’elle est, elle ne marche pas, elle court. Paradoxal que Moira ait hérité de la trop grande bonté de sa mère et Artur des mes pires défauts alors qu’elle était plus proche de moi et lui de sa mère. »

Quelle ironie oui. Aisling serait mortifiée, ça, c’est certain. Lui l’était alors elle... L’espace d’un instant, il se demanda quelle soit disant faute Artur utilisait pour ainsi faire culpabiliser Moira. Il finirait bien par l’apprendre mais, pour le moment, il ne pouvait pas aller parler ni à l’un, ni à l’autre, sous peine de s’emporter et il ne démordait pas de l’optique de rester maître de lui-même face à ses enfants. Il leur avait toujours donné cette image du moins, quand il n’était pas en compagnie de leur mère. Et s’il devait se montrer tel qu’il se sentait, le résultat ne serait certainement pas brillant à voir, pour personne.

- « C’est vous qui avez pris soin d’elle je suppose et de ce pot de colle de Biscuit. »

Parce que c’était ce qu’était ce chien, un pot de colle. Adorable mais tout de même. Cette bête avait au moins le mérite de la détourner de ses problèmes de temps en temps. Ce qu’il voulait savoir maintenant, c’était si ce Seth était quelqu’un de confiance. Quelqu’un sur qui pouvait réellement compter Moira.