get the fuck out of the way

— HEATHCLIFF & LILO —

Ça faisait pratiquement six mois maintenant et la jeune femme voyait les jours s'écouler sans Will avec douloureuse nostalgie. La moitié d'une année... allait-elle se rendre jusqu'à un an ? L'anniversaire de son coma ? Elle ignorait si elle tiendrait encore six autres mois sans lui... et c'était loin d'être une célébration. Que faisait-on d'ailleurs dans des moments comme ceux-là ? Souffler les bougies ? Offrir des cadeaux dans l'espoir qu'il se réveillerait un jour pour les utiliser, s'en servir ? Ou encore, manger du gâteau seule, à côté de son lit d'hôpital ? Elle avait peur de cet anniversaire-là et espérait de tout coeur qu'il se réveillerait dans les six prochains mois. Tout de même, elle ne manquait jamais une occasion pour lui rendre visite furtivement. Dont le dîner qu'elle avait pris l'habitude de manger dans sa chambre, avec lui, tout en lui racontant un peu de tout et de rien. C'était uniquement dans ces moments-là que son âme de petite fille refaisait surface, le reste du temps, les gens ayant plutôt affaire à la petite voleuse provoquante qu'elle se plaisait à être. Elle s'était acheté un sandwich - oui, acheté... avec de l'argent cambriolé à la banque quand même - et avait quitté le confort de son refuge chez Sam pour aller rendre sa visite habituelle au vieux comateux.

Elle se demandait bien de ce qu'elle pourrait lui parler. Car s'il pouvait réellement l'entendre, elle savait que ce qu'elle avait à raconter ne lui plairait pas et il ne manquerait pas de la gronder s'il se réveillait un jour. En effet, tout ce qu'elle trouvait à parler maintenant c'était de tous ses hunters qu'elle se mettait à dos, ou encore sa rencontre avec Pumpkin, petit délinquant comme elle... mais tellement plus sadique. Oh non ! ça ne lui plairait pas tout cela - à William. Lilo allait devoir trouver autre chose ; d'autres sujets anodins. Et elle se demandait bien par où elle pourrait commencer - la tête dans les nuages - lorsqu'elle fut rapidement ramenée sur terre par une insupportable douleur dans les genoux. Elle était sur le point d'arriver à l'hôpital, presque à destination... Quelques pas seulement mais sans comprendre ce qui se passait, ses jambes cédèrent d'un coup... Avant de s'éclater les genoux sur l'alsphalte gelée, des bras l'attrapèrent par derrière et elle se retrouva coincée dans une voiture. Confuse, préoccupée par l'élancement dans ses genoux, ce fut la voix de l'homme qui venait de l'attaquer qui éveilla aussitôt son instinct de survie. « Je t'ai enfin à moi seul, Valentine. » Elle reconnut tout de suite cette voix... c'était ce psychiatre, doublé d'un chasseur, qui la suivait partout. Elle lui avait toujours glissé entre les doigts - comme tous les autres d'ailleurs - mais il venait pourtant de la prendre par surprise. C'était impossible... comment il se retrouvait là ? Comment avait-il pu mettre la main sur elle ?

Affolée et surtout dégoûtée par son ton beaucoup trop victorieux et glacial, elle ne se débattit même pas, préférant tout de suite passer à travers le corps de l'assaillant et elle bondit le plus loin possible de la voiture. Cependant, elle n'avait pas fait deux pas qu'elle s'écroula par terre, une douleur insoutenable qui se rappelait à elle dans son genou gauche. Agenouillée, la respiration coupée, elle se retourna vers Heathcliff. Merde, merde, merde... C'était pas la peine de crier à l'aide, elle n'avait pas envie d'attirer l'attention de possibles hunters présents dans l'coin et puis, elle était bien trop sous le choc pour être capable d'hurler. Et trop orgueilleuse aussi. De toute façon, le parking étant isolé, elle se doutait que quiconque pourrait vraiment l'entendre. « Fuck ! » se contenta-t-elle de laisser tomber dans un gémissement de douleur avant de reprendre. « Écoute, j'sais que tu m'aimes bien, mais on t'as pas appris qu'faut inviter une fille à souper avant d'lui éclater les jambes ? » Évidemment, même accroupie - traversée de douleureux spasmes - elle trouvait encore le moyen d'adopter cette attitude si provoquante et moqueuse qui lui collait à la peau. Mains plaquées à l'arrière du genou, elle ne le quittait pas des yeux et pour la première fois de sa vie, elle craignait la suite. L'avenir ne l'avait jamais effrayée, mais là... elle n'avait nulle part où aller et son pouvoir - bien qu'utile - ne pourrait la sauver éternellement. Putain, elle était à sa merci et elle trouvait tout de même le moyen de jouer la carte de la condescendance ; c'est qu'elle avait un voeu de mort la jeune Valentine ? Pas vraiment, mais elle se doutait déjà qu'il n'était pas là pour partager le thé juste à voir la lueur sombre qui étincellait dans les prunelles du chasseur alors à quoi bon essayer d'être diplomate. Ce pour quoi elle était nulle de toute façon...

Et pour une rare fois de sa courte vie, elle pensa... Je suis mal barrée...

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— HEATHCLIFF & LILO —

La Valentine savait bien qu'elle s'était fait de nombreux ennemis en ville. Qu'elle ferait probablement mieux de foutre le camp. Après tout, ce couvre-feu ne pourrait pas l'en empêcher. Mais elle restait pour ne pas laisser William derrière. Et maintenant, ça venait la mordre au cou... ou dans les genoux dans ce cas-ci. William. Sa force de continuer mais aussi sa faiblesse. Puis sa moquerie était partie toute seule... c'était la seule chose qu'elle savait faire pour ne pas redevenir cette gamine totalement perdue et apeurée. Et apparemment, ça le fit sourire le chasseur alors que la jeune mutante reprenait son sérieux pour endurer la douleur qui l'élançait. « Très drôle, vraiment, alors que tu vas crever, tu joues l'humoriste c'est magique, Valentine. » Crever ? Qui avait parlé de crever ? S'il pensait qu'il allait l'envoyer six pieds sous terre aussi facilement, fallait qu'il revoit ses cours de chasseurs. Elle ne le laisserait pas la vacciner et encore moins lui foutre une balle en travers du corps. Mais pour le reste, c'était bien vrai qu'elle devait trouver un moyen de filer sans l'usage de ses jambes.

Le coup vint lui fracasser l'épaule dans un nouvel élancement de douleur. Ouais, ça allait laisser un bleu tout ça. Mais elle ne pouvait pas abuser de son pouvoir à l'infini. Elle allait devoir attendre que quelqu'un passe par là, préférablement un citoyen honnête - pas un hunter - et qu'elle profite de la diversion pour filer. Alors, elle préférait garder son intangibilité pour les réelles menaces comme une éventuelle balle dans la tête. Pour le moment, elle pouvait les prendre ses coups de matraque... mais pour combien de temps ? Puis, s'il s'attendait à ce qu'elle hurle, pleure, supplie plutôt que de faire de l'humour, c'est qu'il la connaissait bien mal. Il ne devait pas être un si bon psy finalement. Elle gémit sous la douleur mais ne lui donna pas la satisfaction d'hurler. Plaquant sa main sur son épaule, elle ne le quittait pas des yeux, analysant chacun de ses gestes, totalement dégoûtée aussi par le sourire sadique qui étirait ses lèvres. Quoi ? C'était si amusant de faire mal aux autres ? « Non... Personne ne viendra pour toi, vermine, le reste du monde veut te voir morte... Personne ne viendra t'aider, parce qu'il me semble que tu n'as plus personne. Non ? Il est tendrement entrain de crever ton William, n'est-ce pas... ? Et ce n'est que de ta faute... Uniquement ta faute. » Comment était-il au courant pour Will ?! La panique s'emparait encore plus d'elle que les simples coups physiques. Ses paroles, c'était des vrais poignards car en effet, la jeune Lilo se sentait atrocement coupable pour ce qui était arrivé à son père de coeur. Le seul qui l'avait prise sous son aile sans la juger. Sa seule famille, même s'ils ne portaient aucune ADN semblable. Il pouvait la traiter de vermine tant qu'il le désirait, elle était habituée d'être rejetée. Traitée comme de la merde par tous ses gens de l'orphelinat ou du système de familles d’accueil. Puis par les autorités. Et les chasseurs. La liste s'allongeait.

Mais qu'il ne vienne pas lui parler de Will, ça lui donnait des envies de lui arracher les cheveux à ce traqueur un peu trop confiant. Trop confiant et qui s'approchait dangereusement près. Beaucoup trop, la proximité carrément indécente... qu'elle soutenait malgré tout parce que l'indécence, elle en était la reine ne général. « Il va s'en sortir, tout comme moi. J'te laisserai pas me tuer, t'en es conscient, j'espère. » Un souffle presque aguicheur parce qu'elle était joueuse jusqu'au bout, la gamine. Et maintenant qu'il était à portée de main, si près, elle glissa rapidement sa main sur sa joue lui transmettant sans créer garde son intangibilité. Maintenant, c'était lui qui ne pouvait plus rien toucher, la matraque qu'il tenait en main également, qui tomba sur le sol en lui traversant les doigts. De l'autre main, elle fit disparaître le bâton dans le sol pour s'assurer de ne plus prendre de coups. Une solution de réglée mais il lui fallait encore trouver un moyen de déguerpir sans qu'il la prenne en chasse... ce qui était une toute autre histoire. En attendant, elle gardait ses doigts contre la peau de sa joue, sa barbe piquante sous son épiderme avant de lui redonner son aspect tangible. « Un conseil. Abandonne tout de suite et laisse-moi tranquille, ce sera moins humiliant. » Ajouta-t-elle presque doucereuse.

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— HEATHCLIFF & LILO —

Il rigolait, un rire franc qui s'échappa des tréfonds de sa gorge. Visiblement, il ne la prenait pas au sérieux quand elle disait qu'elle ne le laisserait pas la buter. Elle avait beau être en mauvaise posture, elle était rusée la gamine et elle réussissait toujours à s'en sortir. Celui qui tombait toujours derrière elle, c'était William. Il n'était pas fait du même pouvoir qu'elle. Il ne pouvait pas éviter les balles, les coups et les vaccins comme elle le pouvait. Menacer dans s'en prendre à lui, c'était la seule chose dont elle restait impuissante. La jeune femme avait toujours su se débrouiller seule mais depuis que le vieux Will était entré dans sa vie, elle s'était attaché à lui. Elle avait quelqu'un à perdre. Une faiblesse qu'elle répugnait mais dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Toute les fois où elle avait envisager de faire son chemin toute seule, laisser William derrière, elle avait rebroussé chemin. Ce n'était pas pour rien qu'elle était coincée dans c'trou pourri au lieu d'explorer le monde. « Ca aurait été si simple… Mais, je t'apprends quelque chose sur moi. Oui, parce que je suis généreux, vois-tu. J'adore les défis, surtout ce que je peux gagner aisément. » Ça tombait bien, elle comptait bien lui en poser tout un, un défi. Aucun chasseur, aucun policier n'avait jamais mis la main sur elle, il ne serait certainement pas l'exception. Non, elle ne lui donnerait jamais ce plaisir. Plutôt mourir... ce qu'il s'entêtait visiblement à faire. Pour toute réponse, elle imita son sourire remplit de provocation alors qu'elle se débarrassait de la matraque, sa main plantée sur sa joue rugueuse. Si certains étaient dégoûtés par la proximité, Lilo s'en fichait. Les conventions, elle les jetait par la fenêtre et qu'il soit son ennemi ne changeait rien à rien. Elle viendrait même poser un baiser sur ses lèvres seulement pour l'enrager davantage, le souiller. En réalité, elle n'allait pas le faire mais le hunter sentit le besoin de la provoquer davantage. « En.. quoi… tu pourrais… m'humilier… vermine... » Un sourire moqueur, un sourire de peste s'étira sur les lèvres de la mutante. « Oh... j'peux être très créative, Ephistone. Par exemple. » Elle vint poser ses lippes sucrées sur celles du chasseur. Un contact de quelques secondes, une provocation à un tel défi. Comment l'humilier... voilà c'était fait.

Il la dégoûtait littéralement ce type, mais l'expression noire qui déformait les traits de son visage fit en sorte qu'elle ne regrettait en rien de l'avoir embrassé. Elle s'en délectait, heureuse de voir l'effet qu'elle pouvait provoquer. Cependant, elle perdit vite son sourire quand le brun ajouta : « Puis… ton William… qui te dit que… j'le tuerais… pas si… tu pars en courant ? » Menacer de tuer Will, c'était lâche. La preuve qu'il n'avait aucun moyen de s'en prendre à elle si c'n'est de s'en prendre à ceux qu'elle aime pour l'atteindre. Ouais, c'était lâche. Très bas. Pathétique. Le sourire provocateur qui dessinait ses lèvres jusqu'alors disparut de nouveau, chassé par un regard glacial qu'elle planta dans le sien. « Et qu'est-ce qui me dit qu'il aura la vie sauve si je te laisse me buter ? Rien. Pis j'te fais pas confiance alors voilà, on est dans une impasse. » Tout de même, elle ne pouvait pas se permettre de la manipuler ainsi. Elle devait lui montrer qu'il ne pouvait pas se servir du comateux pour l'atteindre, elle. Ouais, elle tenait à lui, mourrait pour lui, mais voyant à quel point il prenait un plaisir à la faire souffrir, elle doutait fort qu'il laisse Will tranquille. Qu'il lui promette de tenir sa parole, elle en échange du vieux mutant dans son lit d'hôpital, elle le ferait si seulement elle pouvait être assurée qu'il serait sain et sauf grâce à son sacrifice... ce qui n'était pas le cas avec un chasseur sans honneur comme Ephistone. Tout de même, elle pouvait essayer de le détourner de Will en attirant toute son attention sur elle. Alors, elle le lâcha. S'il voulait la frapper, lui faire mal, lui faire regrette son audace, elle allait encaisser le temps que William disparaisse de ses pensées pour ne se concentrer que sur elle. Mais elle guettait tout de même chacun de ses gestes, n'ayant aucunement l'intention de le laisser la tuer et encore moins la vacciner. « Ce serait assez lâche de s'en prendre à un comateux, tu trouves pas ? Oh ! j'oubliais, c'est parce que tu peux rien contre moi. » Elle se raidit, prête à prendre les coups, les conséquences de ses innombrables piques et provocations. Tant que cela protégeait Will...

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— HEATHCLIFF & LILO —

Ce qu'elle adorait provoquer. Ce qu'elle adorait voir ce regard enflammé de dégoût que lui suscitait le baiser qu'elle était venue souiller sur ses lèvres. Lui plus qu'un autre. Certains chassaient pour le plaisir, d'autres pour protéger les simples humains et les gens comme lui, complètement tarés à se croire investit d'une mission supérieure. Supprimer la vermine mutante. Des raclures à leurs yeux. Pas plus brillants qu'un animal. Des rats à écraser pour ne pas se sentir impuissants. C'était pas sa faute à Lilo s'il n'avait pas d'estime de lui, ce psy. Il était censé aider les gens, pas buter une pauvre gamine comme elle, aussi insupportable et agaçante qu'elle pouvait l'être. Si ça n'avait été des hunters, Lilo se serait contentée de voler quelques banques sans faire de mal à personne pour le reste de ses jours en compagnie de Will. Mais non... il avait fallu qu'on la chasse, lui tire dessus vainement. Qu'on lui fasse peur. Mais la Valentine en avait assez d'avoir peur, elle préférait plonger dans la gueule du loup pis advienne que pourra. Mais l'psy n'avait pas totalement tort. Elle n'allait manquer à personne si elle venait à mourir... pas mieux qu'une ordure comme il se faisait un devoir de lui répéter que c'était ce qu'elle était. Ça ne voulait pas dire qu'elle ne tenait pas à sa vie et qu'elle lui laisserait le plaisir d'la buter. « Tu sais, tous les moyens sont bons pour vous anéantir… Lâche ou pas… Tant que le mutant est mort à la fin… C'est une victoire pour nous tous. » Elle tremblait de rage, la mutante. Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter autant de mépris à part le fait d'être née. De s'laisser porter par une vie d'voleuse parce que personne n'avait voulu d'une étrangeté comme elle. Ouais, elle pouvait traverser les gens en plein milieu d'un câlin et alors ? Qui pouvait lui en vouloir de devenir intangible pour éviter les coups ?

Elle garda le silence, elle n'avait pas envie de partir dans un débat inutile. Elle n'allait pas gagner sa pitié aujourd'hui, elle était pas conne et son temps - bien qu'ça se voyait pas comme ça - lui était précieux. Elle avait seulement hâte de se glisser dans un bain inconnu et soulager ses jambes généreuses, prêtes à subir la colère du chasseur sans pour autant le laisser la tuer. De nouveau tangible, s'attendant au pire... rien ne vint. Pas un seul coup. Rien. « Tu as raison, tu ne mourras pas aujourd'hui… Non que je n'en ai pas l'envie… Mais je n'aurais plus de petit joujou sinon… » Petit joujou... il la dégoutait. C'était bien la première fois qu'elle n'avait pas envie de jouer. Lilo, elle ne serait le joujou de personne... certainement pas le sien. « T'es un grand malade, tu l'sais ça ? Je ne suis pas ta petite poupée, je ne l'serai jamais. Je ne mourrai pas aujourd'hui parce que tu peux pas me tuer, fin d'l'histoire. » Elle essaya de se redresser maladroitement, ses jambes lui faisaient encore atrocement mal mais elle se préparait tout de même à courir s'il le fallait. Endurer la douleur si c'était son dernier recours. « Va jouer avec toi-même si c'est c'que tu veux, mais ne m'approche pas. » Elle fit un pas en arrière, testant si elle pouvait courir mais ça lui faisait encore un peu trop mal, obligée de supporter encore le hunter qui la prendrait probablement en chasse de toute façon. Elle était coincée et elle détestait ça.