Octavia Lovecraft MEMBER - join the evolution. MESSAGES : 1346
SUR TH DEPUIS : 11/10/2014
| Sujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson Jeu 18 Aoû 2016 - 18:34 | |
| I will find you in a burning sky where the ashes rain in your mind. « Toi, toi va te faire foutre. Si tu crois que j'ai envie de te casser la gueule, t'es vraiment... vraiment un connard de rien comprendre comme ça. Ou de faire semblant de rien comprendre. T'as peur de quoi ? Parce que moi j'ai peur, avec toutes ces conneries, j'ai l'impression, non, je sais que t'es capable de me faire un mal de chien, volontairement, et tu voudrais que j'réagisses comment ? Que j'te cours après ? Que j'te dise comme tu m'fous les jetons à être capable de m'bousiller comme tu l'avais encore jamais fait, et de te barrer en t'battant les reins des dégâts qu'tu laisses derrière toi ? T'essayes pas d'savoir, tu t'barres comme un enfoiré de première, en m'foutant tout dans les dents, pourquoi ? Pourquoi toi, tu m'fais ça ? Pourquoi t'es revenu, putain, si c'est pour nous faire ça ? Moi j'vais nulle part, putain, j'suis jamais allée nulle part, j't'ai jamais oublié en six ans, jamais et t'as encore besoin que j'te fasse une connerie de dessin pour comprendre ? Dis moi pourquoi toi, t'en auras jamais assez de t'barrer et de me laisser derrière ! T'as qu'à le dire, qu'tu veux plus de moi, qu't'en as marre de me traîner partout depuis... depuis toujours, j'm'en remettrai, ou j'm'en remettrai pas, sûrement pas d'ailleurs, mais tu seras plus obligé de gueuler. Tu pourras juste partir. Comme tu l'as déjà fait. » Sourcils froncés, gorge nouée, les mains tremblantes sur ces projectiles improvisés, ça s'était sacrément bousculé dans sa tête, en écho parfait à chacune de ses phrases qu'il lançait et qui faisaient bien plus mal encore qu'une chaussure dans la gueule, elle en était persuadée. Y'avait des mots en bataille qui s'éteignaient dans son regard à chaque fois qu'il s'emportait, qui lui hérissaient l'épiderme comme un millier d'aiguilles prêtes à la protéger, piétinées sans relâche par ce qu'il lui jetait à son tour. Forteresse de pacotille. Les coups étaient reçus en plein coeur, lui coupant le souffle et la laissant incapable de riposter, de cracher ce qu'elle avait encore à dire, à répondre à ce qu'il rétorquait sans relâche. Il n'y avait plus de barrière, plus de défense possible contre Priam et cette douleur qu'il disséminait dans ses cellules, et à y réfléchir un instant, c'était probablement parce qu'il n'y en avait jamais eu. Elle était née avec la hargne au coeur et la fureur au ventre, bâtie pour venir se jeter tête la première contre le monde en en ressortant presque indemne. Elle avait le courage plein les veines depuis les premiers pas dans les demeures dont elle bravait les interdits, filant comme une ombre sans qu'aucune main ne se referme jamais sur elle. La gueule assez grande pour s'époumoner après plus grand qu'elle, plus large qu'elle, sans reculer, jamais. Les côtes suffisamment aiguisées pour que les autres s'y empalent sans qu'elle ne s'y écorche au passage. Mais jamais, jamais Octavia n'avait songé à se protéger de lui. Déverrouillant les pièges qui minaient sa cage thoracique, la lui ouvrant sans prudence, avec la naïveté d'une gamine qui n'avait d'yeux que pour le môme d'en face, qui ne s'en était jamais méfié. Elle lui avait donné les clés de ces recoins protégés, se laissant apprivoiser, sans chercher à prendre du recul, jamais. C'était sans doute pour cette raison que tout avait été si violent, au crépuscule de son départ, mais là encore, elle ne l'avait pas regretté. Et encore une fois, elle ne s'était pas mise à l'abri, ne daignant tirer aucune leçon des signaux de détresse qui lui comprimaient la poitrine. Elle s'était tant et si bien évertuée à dresser des barricades contre le reste du monde, à le laisser les franchir pour s'y abriter lui aussi, qu'il n'y avait rien d'autre que son âme à vif, bien droite dans sa ligne de mire, sans qu'elle ne puisse esquisser le moindre geste, prononcer le moindre mot. Parce qu'elle ne savait pas comment faire, quand c'était lui qui se mettait à l'écharper sans merci. Démunie, même la colère ne parvenait à lui redonner suffisamment d'aplomb, et même à cet instant précis, elle n'était encore pas capable d'aller jusqu'au bout de ses menaces, de prendre le risque de le briser à son tour. Pas même lorsqu'il le lui ordonnait lui-même, la hélant de venir cogner, encore et encore. C'était ce qu'elle faisait de mieux, de frapper sans réfléchir, à laisser ses pensées s'exprimer sur la ligne de ses phalanges, mais ce n'était pas un langage qu'elle maîtrisait, lorsqu'il se tenait en face. En une fraction de seconde, le feu s'était animé le long de sa peau, la brune continuant à darder son regard droit dans le sien, malgré les reflets mordorés qui se promenaient dans ses prunelles, flammes familières, pourtant si loin désormais. Il lui semblait que c'était contre elle, cette fois, que celles-ci se dressaient. Pour la première fois. Le regard bercé par l'écume le scrutait, le menton levé et les mâchoires serrées, sans plus de prestance que l'enfant qu'elle avait pu être avant que la vie ne vienne l'abîmer, celle qui ne voulait pas se laisser impressionner, qui semblait pourtant prête à s'effondrer. Elle ne voulait pas se battre, pas avec lui. Elle ne voulait pas le blesser, pas même à cet instant plus violent que tous les autres qui lui arracha un frémissement alors que le ton s'élevait à nouveau, la secouait plus qu'elle ne l'aurait voulu. S'il continuait à la repousser loin de lui, à piétiner ce coeur qui n'avait jamais battu que pour lui, la brune ne rêverait plus qu'à une ultime étreinte. Prête à rompre la distance, à venir refermer ses bras autour de lui, poser sa joue sur son torse, se laisser consumer toute entière pour ne rien laisser d'autre derrière elle que son empreinte contre lui. Qu'elle disparaisse, qu'elle s'éteigne dans ses bras et non derrière cette porte qu'il refermerait derrière lui. Et la douleur n'en serait jamais si intense que celle qui l'étouffait de l'intérieur, quand les regards se croisaient, qu'il lui avait ôté tous ses mots alors qu'elle agonisait en silence, chancelante et entièrement vide. Je crois que t'es en train de me tuer, voilà tout ce qu'elle aurait pu dire. Il fallut qu'il esquisse un mouvement, pour que ses iris se détournent, s'arrachent à sa vue qui s'éloignait déjà, seul le bruit de la porte résonnant à ses oreilles durant quelques trop longues secondes. Quelques minutes encore, pour bouger légèrement, passer à côté de la fenêtre, jeter un regard sur la rue. Avec la cruelle impression d'un déjà-vu. Une autre ruelle, une autre ville, une autre année, une autre vie. A l'observer partir en laissant un morceau de son coeur s'en aller avec lui. Ce morceau qu'il laissait aujourd'hui derrière lui. Palpitant de travers, battant les côtes des spasmes douloureux, de ceux qui ne savaient plus s'accorder sans lui. THE END. |
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