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| Sujet: (felix) – l'étranger. Mer 28 Oct 2015 - 2:38 | |
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– ghost – C’était pire que ce à quoi il s’attendait. Un bon rangement et un grand ménage n’auraient pas été du luxe, mais ne semblaient pas être à l’ordre du jour de l’aîné Lecter. Dire que l’état des lieux laissait son géniteur indifférent aurait été une affabulation. Il n’avait néanmoins pas l’intention de faire une scène ; l’endroit n’était pas invivable, et le bazar qui y régnait avait au moins le mérite de le rendre vivant. Plus coloré et plus agité que le rangement presque trop froid et ordonné qui pouvait parfois régner dans la maison où Felix avait grandi. Un ordre orchestré par une mère de famille stricte et froide ; parfaitement à son image.
La visite n’était pas prévue. Peut-être que si elle l’avait été, Felix aurait eu le temps de ranger. Peut-être qu’il aurait tout remis à sa place, et qu’il aurait fait en sorte d’accueillir son patriarche dans des mesures plus acceptables. Mais Carlisle n’avait pas pris la peine de le prévenir. Il avait simplement retrouvé cet appartement, et était entré sans même qu’on ne l’y invite. Les lieux étaient déserts. Son fils n’était pas encore rentré. Il ne s’en formalisait pas, et l’attendait patiemment. Crocheter la serrure n’avait pas été si difficile : les vieux réflexes revenaient vite. Et après ça, il n’y avait plus eu qu’à patienter.
Assis à la table de la cuisine, une bière dans la main, ses yeux se promenaient autour de lui, les pensées suivant leur fil. Depuis qu’il était sorti, pas le moindre signe de vie de son Felix. Pas beaucoup plus de la part de Beatrix, ou de Doreen. Il avait eu des nouvelles de Desmond, mais ne l’avait pas vu. La vie semblait totalement indifférente à son retour parmi la civilisation ; mais pouvait-il seulement l’en blâmer ? Il avait été absent pendant trop longtemps pour que rien n’ait pu changer. Chacun avait avancé, et fait sa vie. Peut-être pas dans le sens qu’il l’avait espéré en se faisant arracher à son foyer, mais il lui avait fallu accepter l’idée qu’il ne pourrait pas toujours tout contrôler. Et aujourd’hui, il était sorti. Une libération précoce ; on s’attendait à ce qu’il passe encore de longues années entre quatre murs, et son retour n’était ni prévu ni attendu. Pas de « welcome back », ou de bras ouverts pour l’attendre à la sortie. La solitude annonciatrice d’une vie complètement changée, et l’impression que le monde s’était enfui à son approche. Alors, puisque personne ne venait le trouver, il s’était décidé à se déplacer. Et Felix avait bien entendu atterri dans le haut de sa liste.
Un instant, il se lève. Sa bière est terminée ; il va la poser dans la cuisine, à côté des autres vidées avant sa venue. De son pas traînant, appuyé sur sa canne, il retourne vers le salon. Plus les secondes passaient, plus il se sentait comme un étranger. Pas de marques, pas de repères. Il ne connaissait pas l’endroit, et ne reconnaissait pas l’homme qui y vivait. Il ne l’avait même pas encore sous les yeux que déjà il aurait pu l’annoncer : Felix avait changé. Il n’était pas sûr de savoir ce que cela impliquait. Et plus ses pensées cherchaient à prévoir et à décrypter, plus il sentait une certaine appréhension monter. Et lorsqu’il entendit finalement la clé tourner vainement dans la serrure déjà débarrée, il ne s’attendait plus à rien. Debout auprès de la fenêtre, appuyé sur son habituel support de bois, il se tourna lentement vers la silhouette qui se tenait dans la porte d’entrée. Un temps, durant lequel le père détaille le fils ; foutu fantôme qu’il est, censé être derrière des barreaux, et debout dans un salon qui ne lui appartenait pas. Il pouvait à peine imaginer la confusion et la surprise si son propre père lui avait fait le coup, des années auparavant. Mais il n’y songeait pas. Il se contentait de scruter ce regard changé, ce visage quelque peu vieilli. Cet homme qui avait avancé, et pris plus de distance avec le passé que son père n’aurait pu l’avoir imaginé.
« Désolée de l’intrusion. J’ignorais à quelle heure tu allais rentrer, j’ai préféré t’attendre au chaud. » Il ne peut empêcher l’ombre d’un sourire de commencer à se dessiner sur ses traits. Et il se tourne un peu plus franchement vers Felix. « Tu as changé. » C’était une simple constatation, lancée franchement et sans détour. Il n’aurait osé s’avancer sur ce que cela impliquait, mais il ne pouvait s’empêcher de le faire remarquer. « Mais ça a l’air d’aller. » Les effusions de joie n’avaient jamais été de mise chez le patriarche Lecter. Et à cette seconde précise, il s’interrogeait davantage sur ses propres sentiments face à ces retrouvailles avec son fils. Il était soulagé de voir que Felix allait bien. Il appréciait sa présence ici, et savourait la liberté retrouvée de lui parler et de le côtoyer. Le fait était qu’il n’avait pas l’impression d’une sincère et totale réciprocité. (c) elephant song. |
| | | | Sujet: Re: (felix) – l'étranger. Mer 18 Nov 2015 - 23:05 | |
| l'étranger FELIX & CARLISLE Felix tapotait ses doigts contre son bureau. Ça faisait des heures qu’il était là, assis dans la petite pièce étouffante, à essayer de faire son boulot et échouant lamentablement. Il était tout simplement incapable de se concentrer sur quoi que ce soit ; son esprit ne cessait de s’évader vers autre chose, vers n’importe quoi d’autre que tous ces rapports à remplir. On avait cogné à sa porte quelques fois, mais il n’avait pas répondu. Il ne voulait voir personne. Il ne voulait parler à personne. Il ne savait même pas pourquoi il était venu au boulot. Ça paraissait tellement insignifiant, tous ces rapports de vol à l’étalage, de vandalisme, de batailles à la sortie des bars. Tellement insignifiant à côté de tout. La ville était dans un état lamentable, tout comme la vie de Felix. Des lambeaux, carrément. Des pièces de puzzle cassées et recouvertes de sang. Remplir des formulaires, ce n’était pas ce dont Felix avait besoin. Il avait besoin de réponses. Il avait besoin de savoir quoi faire. Il avait besoin de savoir que tout irait bien, que tout s’arrangerait… Felix releva les yeux des papiers étalés sur la surface de travail, laissant son regard s’égarer sur la chaise posée en face de son bureau. Il se revoyait la balancer au bout de ses bras quand Bea lui avait tout dit pour sa mutation, pour Lykke. Son esprit était surchargé de souvenirs. Sa confrontation avec Lykke. Ses retrouvailles avec Alec. Et cette nuit-là, dans la ruelle, avec Maiken… Tout ça provoquait un bourdonnement dans ses oreilles, à les faire saigner. Felix ferma les yeux pour se débarasser de l’image de tous ces visages, de tous ces regards, de toutes ces larmes, de tous ces cris… Il en devenait fou. Tout simplement. Le jeune Lecter frotta ses yeux brûlant de fatigue, et décida que ça ne servait à rien de rester là. Soupirant, il se leva, enfila son manteau et sortit de son bureau. Quelques têtes se retournèrent vers lui – après tout, il avait attiré l’attention dernièrement, avec l’incident de Cohen. Le pauvre type, qui avait été victime d’une embuscade. C’est du moins ce que tout le monde pensait. Et Felix l’avait sorti de là, en héros. Cohen était dans le coma, maintenant. Felix espérait sincèrement qu’il ne se réveille jamais. Quel genre de monstre était-il devenu ? L’aîné Lecter ignora les regards curieux et se dépêcha de sortir à l’extérieur. La journée était belle, malgré les circonstances. Le soleil brillant semblait narguer les habitants de Radcliff, jetant une lumière crue sur tout le chaos qui régnait dans la ville.
Felix arriva chez lui avec un profond désir de prendre une douche brûlante pour ensuite se vider l’esprit de quelque manière que ce soit – un match à la télévision, par exemple. La mâchoire serrée, il déverouilla la porte et entra dans son petit appartement, qui était davantage devenu sa cellule capitonnée personnelle. Il savait que cette solitude dans laquelle il s’était plongée n’était pas saine ; il devrait visiter Bea, ou Doreen. Mais il n’en trouvait pas la convinction. Il ouvrit la porte et la referma automatiquement, retirant son manteau. Puis, il se figea, la manche droite seulement à moitié retirée, ses yeux se posant sur la silhouette sombre près de la fenêtre. Il n’eut même pas à se demander qui était-ce, qui était cette personne qui était entrée par infraction dans son appartement. Sa main n’eut même pas le réflex de se diriger vers l’arme accrochée à sa ceinture. Il reconnaîterait cette silhouette entre milles. Son père.
Felix observa l’homme, abasourdi. Son père, qui devait être en prison. Son père, qu’il n’avait pas vu depuis des mois, son père, cette ombre menacante qui avait planée au-dessus de sa tête depuis des semaines. Et la voilà, cette ombre, face à lui, réelle et tangible, et Felix eut presque l’envie de rebrousser chemin. “Désolé de l’intrusion. J’ignorais à quelle heure tu allais rentrer, j’ai préféré t’attendre au chaud.” Elle sourie, cette ombre. Felix resta silencieux. La surprise était trop grande, elle lui bloquait la gorge. “Tu as changé” continua l’ombre. “Mais ça a l’air d’aller.” Puis, soudainement, Felix semblait reprendre contrôle de ses membres. Il termina de retirer son manteau, le posant sur le banc à ses côtés, puis fit quelques pas en direction de son père, observant son visage. Tellement familier, et pourtant si étrange. Il avait vieilli, bien sûr. Mais cette expression au-delà des traits, elle était la même. Le même visage qui l’avait éduqué, qui l’avait entraîné, qui l’avait regardé par le morceau de plastique à la prison. “T’es sorti, alors.” Ce n’était pas une question. Clairement, si son père était là, c’était qu’il était sorti de prison. Une simple constatation, comme pour se convaincre lui-même, comme pour tenter de le réaliser, de l’avaler. “Ça fait longtemps ?” C’était maladroit. La vérité, c’était que même après tant de temps à ne pas avoir parlé à son père, Felix n’avait rien à lui dire. Ou plutôt, il ne voulait rien lui dire. Cette discussion, cette rencontre, il l’avait tellement craint. Il se l’était imaginée des dizaines et des dizaines de fois, et aucune n’avait une fin heureuse. Mais il voulait savoir si ça faisait déjà quelques jours, s’il était déjà allé voir Bea, s’il était allé voir Doreen. S’il était allé voir Desmond… Felix s’éclaircit la gorge. “J’peux te servir queq’chose ?”
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