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| unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Lun 5 Oct 2015 - 1:05 | |
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– supremacy – Un mauvais pressentiment. Le genre qui vous prend aux tripes et qui ne vous lâche plus. Celui qui vous fait jeter fréquemment un coup d’œil par-dessus votre épaule, jusqu’à ce que vous preniez conscience du caractère suspect de ce simple petit geste ; jusqu’à ce que vous vous forciez à arrêter. La gorge nouée, espérant que personne n’aura l’idée d’en profiter pour vous filer. Ce genre de mauvais sentiment, celui qui vous fait presser le pas et qui fait grimper la panique au cœur de vos artères, sans que vous ne compreniez trop pourquoi. Précisément ce mauvais pressentiment-là. Celui qui étreignait l’homme depuis maintenant une petite vingtaine de minute, le forçant à presser un peu plus le pas à chaque seconde.
Et il se force à ne pas se retourner, à garder ses mains au fond de ses poches, à continuer d’avancer. Il est hors de question qu’il se fasse remarquer, hors de question que la soirée se termine aussi mal qu’elle a commencé. Pas de boulot ce soir, la boîte est fermée. Paraît que les Hunters ont fait une descente chez le patron, paraît que ça s’est mal passé. Les gens ont entendu la rumeur et ne se sont pas risqués ; sait-on jamais. On l’a informé au dernier moment, alors qu’il arrivait. Et maintenant, fallait rentrer. Maintenant, fallait éviter de se faire repérer. Trop près du couvre-feu, trop susceptible de se faire alpaguer dans la rue, et mettre en joue pour un oui ou un non. Pas envie de prendre de risques, pas envie de se faire percer le cuir sans véritable raison. Alors il avait filé, comme une ombre. Comme d'ordinaire, il avait eu la bonne idée de venir à pied, pour profiter de l’air frais du lendemain matin, lorsque les derniers fêtards allaient se coucher, et qu’il fermait la boîte avec les autres employés. Mais le vent qui lui frappe les tempes sur le chemin du retour n’était pas celui du lever de soleil, cette fois. C’était celui de la nuit. De l’angoisse, et de la menace.
Ce n’est pas la première fois qu’il marche alors que le soleil a disparu derrière les toits. Et d’ordinaire, ça ne le stresse pas plus que cela. Il a tendance à savourer la froideur nocturne, le calme des rues désertes. Le silence et l’obscurité avaient été ses mots d’ordre pendant plusieurs longues semaines ; bien trop longues. Et une fois qu’elles avaient eu fini de s’écouler, il s’était retrouvé captivé par un nouveau mode de vie. Dormir le jour, vivre la nuit. Quelle drôle d’idée, dans une ville où on ne peut mettre un pied dehors sans se faire tirer, une fois les étoiles levées.
Pour d’autres, ce mauvais pressentiment n’aurait rien eu de si alertant. C’était dans la nature humaine de se laisser guider par son instinct, mais beaucoup avaient la clairvoyance de savoir lorsque leurs peurs sans nom étaient ou non justifiées. Ils se forçaient alors à se calmer, à s’apaiser. Des frayeurs pour rien. Mais lui n’avait que rarement de ces terreurs sans source, de ces pulsions de survie sans origines. Il était de ceux chez qui l’instinct était à la limite de l’animal. La survie, la conservation, et l’étonnant sixième sens qui les muait à toujours se méfier lorsqu’il le fallait, à déduire plus vite que la moyenne, et à anticiper. Et ce soir, c’était un soir qu’il ne sentait pas. Il avait beau avoir tenté de se dire que ce mauvais pressentiment pouvait lui jouer un tour, au fond de lui, il le savait : son instinct ne lui mentait pas. Son instinct ne lui avait jamais menti. Ne l’avait jamais trahi.
Alors, lorsque le pas résonne derrière lui, il sait. Il s’efforce de ne pas accélérer davantage, de ne pas paraître plus suspect qu’il ne peut déjà l’être. Mais il parierait sur quelqu’un qui l’a vu venir à la boîte de nuit, quelqu’un qui a des soupçons. Il parierait qu’on le suit déjà discrètement depuis quelque temps, mais de trop loin pour qu’il ne puisse réellement s'en rendre compte. Ou qu’à tout le moins, on connaissait son chemin, et on s’attendait à ce qu’il emprunte précisément cette rue, ce soir. Son sang ne fait qu’un tour dans ses veines. Son oreille fine anormalement tendue, ses sens amplifiés par l’adrénaline et la peur. Il entend un froissement de tissu et un objet qu’on sort d’une poche, au moment où il prend la rue à sa gauche. Il n’y a personne. Les passants inexistants ne le sauveront pas. Alors il s’enfonce dans l’ombre d’une venelle plus étroite, et il ralentit. Si l’homme tourne, c’est qu’il le suit : il n’y a rien, ici. Rien qu’une impasse, une porte condamnée à sa droite, et des bennes à ordure à sa gauche. Si l’homme tourne, c’est que c’est lui qu’il chasse. Sinon, c’est que pour la première fois de sa vie, son instinct lui a menti. Alors, tapi dans le noir, à l’ombre d’un toit, il guette. Le cœur tambourinant si fort qu’il jurerait qu’un passant tendant l’oreille l’aurait perçu. Il guette, et ses yeux habitués à l’obscurité voient l’homme s’engouffrer à son tour dans l’impasse. L’arme levée.
Un temps. Les mains du mutant se lèvent, quand l’autre ne l’a pas encore aperçu ; ses yeux balayaient l’endroit de droite à gauche, avant de fouiller l'obscurité. Et puis, le voilà. Ce moment où il voit sa proie, ce moment où son doigt se pose sur la gâchette. Et il veut l’enfoncer. Il essaie, mais son doigt est figé. Il insiste, ordonne à sa main de reprendre ses droits, de bouger. Mais il n’y peut plus rien. Il déplace sa deuxième paume pour tenter d'aider son doigt à appuyer sur la détente, mais son mouvement se fige à mi-chemin. Et il regarde ses mains enserrées autour de l’arme, sans comprendre. Un nouveau coup d’œil vers sa cible, qui garde les siennes levées et qui le fixe, la peur au ventre. Situation close. Le mutant sait qu'il lui faut s’en aller. Mais dès qu’il partira, dès qu’il sera suffisamment loin, l'influence de son don se rompra ; et il ne court pas plus vite qu’une balle. Il a immobilisé les mains, les poignets, les jambes. Et les lèvres s’entrouvrent pour parler, pour crier. Peut-être pour alerter quelqu’un. Il compte voir ce qu’elles veulent faire, compte attendre avant d’agir. Mais elles se figent dans leur élan, elles aussi. Il n’a rien fait. Il n’a pas pris le contrôle sur elles, trop occupé à forcer les doigts à se dérouler doucement d’autour de l’arme. Mais il a vu la pointe transpercer le crâne par derrière, jaillir au milieu du front. Et il sent rapidement son don glisser, lui échapper en même temps que la vie s’envole du corps de son assaillant. Un haut-le-cœur léger, qu'il réussit à dissimuler ; c’est la peur qui parle, la peur qui le fait agir. Le corps sans vie s’effondre et l’arme à feu glisse sur le sol gelé, à ses côtés. Le mutant relève les yeux vers la tireuse, que l’agresseur dissimulait. Mué par un réflexe de survie, il laisse son don se raccrocher à elle, l’immobiliser temporairement. Mieux vaut prévenir que guérir. Et puis il reconnaît son visage. Un léger soupir de soulagement, les lèvres toujours scellées. Il abaisse quelque peu ses mains, son don se suspend ; mais la méfiance est de mise et il met quelques secondes encore avant de réellement s’autoriser à se détendre. Quelques secondes, pour bien implanter dans son esprit l’idée qu’elle venait de tuer l’homme qui allait lui ôter la vie. Et qu’à moins qu’il ne s’agisse d’une folle furieuse, elle n’avait donc aucune raison de maintenant se retourner contre lui. Si elle avait vraiment voulu le supprimer, elle l’aurait déjà fait.
« Fuck. » Il finit par fermer les yeux et détourner le regard. Il se penche un instant vers l’avant, le bas du dos toujours appuyé contre le mur, et ses mains se calent sur ses jambes. Si elle n’était pas sûre de sa nature, maintenant elle doit l’être. Ça n’a peut-être duré qu’une seconde ou deux, mais elle a été entravée à son tour. Il espère qu’elle ne l’aura pas remarqué, comme cela peut parfois arriver. Mais au fond de lui, il le sait ; vu la posture de cette fille, et vu la précision avec laquelle elle a visé, elle l’aura senti. Les tueurs expérimentés ressentent chacun des mouvements de leur corps. Et lorsque ceux-ci leurs échappent, ils s’en rendent en général rapidement compte. Plus question de se cacher, alors. Plus question de détourner les yeux, ou de fuir. Plus la peine de rester à distance. Il sait que cette fois, elle sait. Qu'il n'a plus d'excuses. Que les barrières sont tombées.
Un temps. Les yeux qui se lèvent, et qui croisent à nouveau le regard de la jeune femme. Il se redresse un peu. Et les mots se bloquent dans sa gorge, alors qu’il la détaille. Il devrait la remercier, lui dire qu’elle est arrivée pile à temps, ou encore lui demander pourquoi elle a fait ça. Mais rien de tout ça ne vient. Le choc et la peur ne sont pas encore assez loin. Alors les questions s’accrochent à ses yeux, tandis qu’il laisse l’adrénaline retomber.
Mais maintenant, elle sait. (c) elephant song. |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Lun 5 Oct 2015 - 6:42 | |
| unsung and lost, invisible to history — loeven & rhaena — C'est l'histoire du chasseur chassé. Celle qui souligne l'ironie de la grande chaîne alimentaire. La survie du plus fort. Du plus endurant. Cette ville de Radcliff lui a apprit cela au moins. Jamais elle n'a été dans un endroit où la guerre entre mutants et hunters fait autant rage. Jamais elle n'a vu à quel point les conflits se gonflent, se gorgent et explosent à la moindre étincelle. Et elle se doit d'être l'actrice secondaire, celle qui se cache dans le décor pour terminer avec éclats sur les parvis de la scène. Elle ne comprendra jamais cette haine des mutants, cette peur. Mais la haine des hunters ça, elle la comprend. Elle la consume, lui broie les entrailles depuis six ans. C'est pour elle seule qu'elle vit. Elle n'a de cesse de retrouver le meurtrier de son père et le voilà, vivant une vie des plus banales alors que personne ne se doute du mal qu'il lui a fait. Lui-même l'ignore... et ça enrage la brune. Elle voudrait lui mettre ses faits, le sang sur ses mains en plus visage. Il a créé un monstre et il ne le sait même pas. Cependant, avant de s'en prendre à son ticket d'or, elle compte bien faire tomber les corps sur son chemin. Presque comme un amusement, un avant goût de cette agréable sensation qu'est la vengeance assouvie. À chaque chasseur qu'elle élimine, elle imagine le visage trop parfait du meurtrier. Comment un tueur sans coeur peut-il afficher des traits si finement taillés ? La nature a décidément choisi de doter les âmes les plus sombres des plus jolis visages. Encore une absurde ironie. Dans la pénombre de la nuit qui se lève, elle a trouvé sa prochaine proie. Elle épie ses mouvements, chacun de ses gestes. Elle le suit dans ses déplacements et réussit à passer inaperçue, comme à son habitude. Un homme de taille moyenne. Un chasseur qu'elle a vu en compagnie d'Alec à plusieurs reprises. Elle ne sait même pas son nom. Tout ce qu'elle veut, c'est que le Lynch sente sans vraiment comprendre pourquoi, que l'étau se resserre autour de lui. Elle étudie la situation en cherchant la meilleure façon de frapper. Elle attend qu'il se sépare d'un groupe de chasseurs pour le suivre dans les ténèbres. En le regardant, il a l'air expérimenté mais pas de ceux qui semblent ne vivre que pour la chasse. De ce qu'elle a cru comprendre, il a été envoyé à la boîte de nuit pour piéger un mutant en lien avec une histoire de descente. À vrai dire, elle s'en fiche. Tout ce qui lui importe c'est de le coincer au pied du mur. De le voir se débattre pour bientôt comprendre qu'il n'y a pas d'échappatoire. Ce soir, la mort a décidé de le réclamer. Alors qu'elle est sur le point de fondre sur lui, elle doit se raviser aussitôt, apercevant une silhouette marchant, mains dans les poches dans la rue. Visiblement, elle n'est pas la seule qui chasse ce soir. Le chasseur chassé suit à distance la silhouette masculine qui déambule dans la rue. Loin d'être une sauveuse, de descendre du ciel telle un ange gardien, elle ne peut cependant accepter que ce chasseur fasse une autre victime alors qu'elle s'est mise en tête de mettre fin à sa carrière de meurtrier en le libérant de toute obligation de respirer. Alors comme ce dernier fait avec sa propre proie, elle garde ses distances. Quand elle voit le piéton tourner soudain dans une impasse, elle ne peut s'empêcher de rouler les yeux. Depuis son arrivée à Radcliff, elle s'est fait un devoir de mémoriser les cartes de la ville et elle sait très bien que le jeune homme vient de marcher dans un piège sans aucune issue. Alors, la brune presse le pas. Elle se fiche alors pas mal si son chasseur chassé l'aperçoit, elle doit l'empêcher de tuer. De toute façon, elle remarque rapidement que le hunter est tellement concentré par sa filiature qu'il ne regarde pas en arrière, le regard fixé vers la ruelle en cul-de-sac. Elle se permet donc de courir silencieusement même si ses pas percutent l'écho ambiant dans un son étouffé. Déjà, elle porte la main à son arbalète dissimulée sur sa hanche. Elle sent son coeur s'affoler dans sa poitrine. Non, elle ne doit pas le laisser commettre ce pour quoi il est venu. Ce n'est pas l'âme d'une héro mais un simple caprice d'égoïsme. Ou peut-être, un sentiment de déjà vu... Il est hors de question que ce hunter mette la main sur sa proie et l'arrache à la vie. Qui sait, c'est peut-être un père de famille ? Au fond, elle aurait tant voulu qu'une personne comme elle ait pu être là pour empêcher le meurtrier de son père de pénétrer chez eux six ans plus tôt et le cribler de flèches. Aujourd'hui, elle a ce pouvoir entre les mains, si elle peut empêcher quelqu'un de ressentir la douleur de voir un proche tué simplement parce qu'il est différent, elle se doit de réussir. Elle court donc plus vite, en essayant le plus possible de couvrir les bruits de sa course. Quand elle arrive à la hauteur où le chasseur vient de disparaître dans l'impasse, elle s'arrête . Elle n'entend rien. Pas un bruit de lutte, pas une détonation si particulière d'une arme à feu. Ce n'est que le silence. Elle passe donc furtivement la tête près du mur pour voir ce qui se passe dans l'allée. Le dos du chasseur chassé s'offre à elle comme une cible et elle ne peut que deviner la présence de l'homme qui était pourchassé seulement par sa respiration forte et hérétique. On dirait que le temps s'est arrêté. Sur le coup, elle ne comprend pas pourquoi le hunter ne décharge pas son magasine sur le mutant qu'il a piégé. Car, ce doit être un mutant, il n'y a aucune autre explication. Les secondes lui semblent une éternité et elle s'avance, de façon féline vers sa cible. Elle discerne facilement le hunter qui cherche alors à tirer sur la gâchette en vain, incapable de bouger. Immobilisé par une force invisible presque comme un cadeau du ciel. La belle étant opportuniste, elle lève son arme aiguisée vers l'arrière du crâne de l'homme et dans un bruit sourd, elle laisse voler la flèche qui le transperce d'une part et d'autre, la laissant logée clairement dans son front. Le corps sans vie du chasseur s'effondre mollement par terre alors qu'elle baisse le bras. Sans le quitter des yeux, elle sent soudain une désagréable sensation qui s'empare de ses muscles et lève les yeux pour croiser le regard de Loeven. C'est donc lui qui avait été pris en chasse. Lui, le mutant. Paralysée dans une inconfortable prison invisible qui l’empêche de commander son propre corps, la sensation disparaît aussitôt que le jeune homme aperçoit Rhaena alors qu'il baisse la main, visiblement secoué. Ça vient confirmer les doutes de la vipère. Depuis qu'elle l'a vu utiliser son don pour la première fois, elle savait. Même si c'était subtile, à peine perceptible, elle avait deviné une étrange intervention inexplicable venue du barman. Depuis, le destin n'avait cessé de les ramener à se rencontrer. Son père est le seul mutant qu'elle n'a jamais connu... ou du moins, le seul dont elle connaissait la nature de son don. Loeven est donc le second. « Fuck. » Elle aperçoit le choc sur le visage du jeune homme alors qu'il s’affaisse contre le mur pour assimiler tout cela. Il n'ajoute rien, son silence pourtant remplis de questions mais elle-même, elle ne sait pas quoi dire. Elle s'est dévoilée plus qu'elle n'aurait voulu. C'était bien quand ils se contentaient de s'observer, s'analyser de loin comme des bêtes sauvages sans savoir à quoi s'attendre de l'autre mais maintenant, elle lui doit peut-être des explications. Oh, comme elle déteste cela. Elle a toujours été mieux toute seule, ne laissant que peu de personnes connaître son double-visage. Belle de jour et monstre de nuit. Elle ignore franchement si elle peut faire confiance à Loeven et comme elle n'arrive pas à supporter son regard plein de questions pour le moment, elle baisse les yeux et se penche sur le corps de sa victime duquel s'échappe une marre de sang. Cette vision la rend totalement indifférente. Si au début elle tremblait devant le sang, aujourd'hui s'en est devenu banal. Et puis, elle n'a pas de pitié pour des gens comme lui. Pour les hunters et ceux qui détruisent des vies simplement par peur de mutations que les gens n'ont pas choisi. Elle enfile des gants noirs et se met à fouiller dans ses poches, dans son veston pour en sortir n'importe quoi qui pourrait lui être utile. C'est surtout une excuse pour ne pas avoir à dire un mot. Après avoir poussé le cadavre vers une benne à ordures pour le dissimuler, elle se redresse et reporte enfin son regard dans celui de Loeven. Pourquoi il la regarde comme ça ? C'est lui le dégénéré, pas elle. C'est elle qui devrait être surprise. Non, au fond, elle se doutait déjà qu'il était un mutant mais lui rien ne le préparait à assister à tout cela. Surtout venant d'elle. Elle, fière membre du cabinet du maire... en apparence. D'habitude le silence l'apaise, mais là, elle donnerait n'importe quoi pour que Loeven réagisse, pète un câble, n'importe quoi. « Ça va ? Tu n'as rien ? » Une vraie banalité car elle se sent totalement nulle dans ce genre de situation. Étrange de voir à quel point elle est à l'aise de tuer mais pas de jouer à la salvatrice. Jetant un regard derrière son épaule, elle est presque certaine d'avoir entendu quelque chose. « Ne reste pas planté là, on ne devrait pas s'attarder, il y en a probablement d'autres dans les parages. » N'étant pas du genre à dépendre des autres, elle s'avance tout de suite vers le fond de la ruelle où elle aperçoit une échelle qu'elle attrape en sautant et tire vers le bas. Elle se tourne de nouveau vers le jeune homme et lui fait signe de la suivre. S'assurant que l'échelle est stable, elle l'invite à passer avant elle d'un signe de tête. En général, on dirait que c'est les femmes d'abord mais elle sait très bien se débrouiller seule, ce cliché est bien dépassé dans son cas, il faut bien l'avouer. Au moins, sur le toit, ils seront plus en sécurité et ce, même si elle doit y passer la nuit. Elle n'aurait jamais cru par contre, que ce serait avec de la compagnie...
Dernière édition par Rhaena Dryden le Sam 17 Oct 2015 - 5:42, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Lun 5 Oct 2015 - 15:50 | |
| – electric worry – Le souffle lui revenait progressivement, dans le même temps que se dissipait la peur. L’absence de frayeur sur son visage, dans ce genre de situation, n’avait jamais empêché la terreur de lui scier les entrailles. Et c’était bien généralement le soulagement qui le trahissait, une fois que tout était terminé. Il se prenait alors à redécouvrir le plaisir de l’air remplissant ses poumons, et le bruit du sang battant aux tempes. Une fois encore, il l’avait échappée belle. Il aurait pu maîtriser la situation encore longtemps avant que son don ne l’épuise, et qu’il ne doive lâcher prise. Mais sans l’intervention macabre, il n’avait aucune idée de ce qu’il aurait fait. Sûrement aurait-il forcé le chasseur à se tirer une balle dans le pied, ou dans la jambe, pour le forcer à se concentrer sur la douleur plutôt que sur lui. Puis il lui aurait fait décharger son arme, jeter l’armature dans une benne à ordure. Et il aurait récupéré le chargeur, avant de s’en aller. Les bains de sang inutiles auraient été évités, et il aurait pu rentrer chez lui sans encombres. Mais certains préféraient l’exécution. Plus radicale, plus simple. Pas de problème de vengeance par la suite, pas de risques qu’on se souvienne de votre visage. Rheana semblait être de cette deuxième trempe ; de ceux qui abattent de sang-froid, plutôt que de laisser une chance à la vie. Mais lui, tuer, ça n’avait jamais été son truc. Il l’aurait fait pour défendre ses intérêts, défendre sa famille. Il l’aurait fait pour s’en sortir, dans une situation où il n’y avait aucune autre alternative. Mais pas alors qu’il aurait pu l’éviter. Pas comme ça. Et malgré la peur, il avait conscience que le meurtre de ce soir aurait pu être évité. Il aurait pu, oui ; mais la mort de cet homme allait-elle vraiment l’empêcher de dormir ?
Elle détourna les yeux avant lui, la belle, échappant au silence qui meublait la distance entre eux. Il appuya son dos contre le mur et ferma un instant les paupières, avant de fixer le ciel. Rempli de nuages, mais quelques étoiles se distinguaient dans de légères éclaircies. Il l’entendit se déplacer, la vit mettre le corps dans l’ombre d’une benne, à l’abri des regards. Les autorités le trouveraient le lendemain, et on se demanderait ce qui avait bien pu se passer. On accuserait sans aucun doute les mutants, puisque c’était l’alibi numéro 1 dans cette foutue ville. Et on n’aurait qu’à moitié raison. Il ne lui semblait pas qu’elle fasse partie de ces gens différents, mais lui, si. Et c’était peut-être ce qui faisait qu’il ne la comprenait tout simplement pas. Elle, se faufilant toujours dans l’ombre du maire, chargée de communication de Lancaster. Elle, qui venait d’abattre un homme de sang-froid, et de secourir un mutant. Elle, qui avait complètement baissé la garde face au Dickens, malgré la conscience de son don. Elle, qui ne semblait tout simplement avoir aucune rancœur envers les gens comme lui. Un mystère. Cette fille était un putain de mystère qu’il n’arrivait pas à cerner, et qui l’intriguait autant qu’il s’en méfiait. Tant qu’il ne comprendrait pas, sa garde à lui ne se relâcherait jamais vraiment. Et sans doute était-ce de même pour elle.
Il était revenu la fixer, sans même s’en rendre compte. Il n’en prit conscience que lorsque les yeux se plantèrent à nouveau dans les siens, d’un air interrogateur, et presque gêné. La présence du silence ne s’imposa à lui que lorsqu’elle prit la parole. Les petites questions, simples, le tirèrent d’une étrange torpeur. Il secoua la tête, se décollant du mur. Un pas, hésitant. Ses jambes le maintinrent debout, ses genoux ne tremblèrent pas ; c’était un bon début. « Non. J’ai rien, ça va. » Lui, par contre, c’était autre chose. Son regard retournait s’accrocher au cadavre un peu trop fréquemment à son goût. Il en avait déjà vu, des morts. Ils jonchaient trop fréquemment le sol depuis quelque temps, traçant un sillage rouge derrière ceux qui prenaient fermement part à cette guerre. Et invariablement, la vision du sang le ramenait plusieurs années en arrière, auprès de ces petits corps sans vie qu’il s’était senti incapable de protéger. Il se força à détourner les yeux, à les braquer sur elle. La détailler, simplement, sans trop d’insistance. « Merci. »
Et elle jette un regard derrière son épaule, la tueuse. Il tend l’oreille, le cœur battant, mais rien ne vient. Même si son instinct lui murmure calmement le contraire, il sait qu’elle a raison ; il se peut qu’il y en ait d’autres dans les parages. Et même si la scène fut plus silencieuse que tant d’autres de ses semblables, il n’était pas impossible qu’un autre chasseur ait perçu l’étrangeté du calme, et ne pointe le bout de son nez par ici. Il la suivit par réflexe, sans réfléchir davantage. Elle descendit une échelle de secours et commença à grimper ; il attendit qu’elle soit suffisamment hissée et monta à sa suite. Arrivé au niveau qui le lui permettait, il releva l’échelle de secours, dissimulant les traces de leur itinéraire. Le toit était un bon refuge, mais si quelqu’un venait à se rendre compte qu’ils avaient pris cette direction, il ne le resterait pas longtemps. Il termina son ascension, prenant garde à ne pas glisser, à assurer chacune de ses prises. Elle était infiniment plus agile que lui, il n’y avait aucun doute là-dessus. Mais presque naturellement, il avait laissé son don affluer, à fleur de peau. Prêt à intervenir si jamais elle glissait, prêt à contrôler ses mains pour qu’elle s’accroche à nouveau, et qu’elle ne les entraîne pas tous les deux dans une chute douloureuse. Bien entendu, rien de tout ceci ne se produisit. Mais il faisait partie de ceux qui préféraient prévenir ; et si on lui avait souvent dit que son manque de confiance était vexant, il avait tout aussi souvent entendu que c’était tout à son honneur.
Arrivé sur le toit, il jeta un rapide coup d’œil en bas. Pas particulièrement sensible au vertige, certes, mais la ruelle lui semblait quand même bien loin. Une chute à cette hauteur serait fatale. Détournant les yeux, chassant ces pensées de son esprit, il fit quelques pas vers la jeune femme, regardant autour d’eux. L’adrénaline était en grande partie retombée. Il fourra ses mains dans ses poches inspectant sa sauveuse du coin de l’œil. « C’était plutôt radical comme entrée en matière, j’dois dire. » Il ne savait sur quel pied danser. Il ne savait quel comportement adopter, quelle question poser pour avoir des réponses. Il sentait qu’une barrière s’est écroulée, il voyait la faille, savait qu’il pouvait s’y glisser. Il ignorait simplement à quelle vitesse le faire, et quelles précautions prendre ; incapable de prédire ce qu’il trouverait derrière ce mur, malgré la curiosité dévorante qui l’animait chaque fois qu’il croisait ce petit bout de femme. « Est-ce que ton patron sait que tu te débarrasses de ses hommes dans son dos ? » La question avait été posée avec une légère ironie. Il se doutait que le maire n’était pas au courant de ce genre d’agissement, mais c’en était presque encore plus intéressant. La voix était basse, presque sur le ton de la confidence. La distance entre eux n’était pas grande, et il voulait éviter au maximum la possibilité qu’on puisse les entendre. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher ; il avait besoin de savoir. Il la sondait, sans se rendre compte de l’insistance de ses prunelles. De la fascination douce qui en émanait, comme une vague de chaleur. Il l’enveloppait de son regard, semblant bien incapable de la lâcher. Le besoin de comprendre ne faisait qu’empirer les choses, aggraver ce magnétisme étrange. Il avait passé une partie de son corps dans la faille que ce meurtre avait créée. La glace était en partie brisée, et il avait fini par oser s’approcher de l’autre côté, avec une envie lancinante de découvrir ce qui s’y cachait.
Il détourna les yeux, juste le temps d’un regard alentour. Puis il revint la scruter, la détailler avec plus d’insistance que jamais. « Ça fait combien de temps que tu joues à ça ? » À tout ça. Ne pas massacrer les gens que son boss détestait, alors qu’il lui aurait été si aisé de le faire. Jouer ce double-jeu si intriguant et si dangereux, entourée par ceux qui l’aurait volontiers tuée dans d’atroces souffrances s’ils avaient vu ce qu’elle avait fait ce soir.
Les mots parlaient d’eux-mêmes, et il n’ajouta rien. Son regard seul suffisait à poser toutes les autres questions. Menton tourné vers elle, les mains au fond des poches. Ses prunelles tentant vainement de comprendre avec ce qu’elles pouvaient voir, avec ce qui leur était offert. Mais il n’avait pas hérité du don de compréhension instantané. Son truc à lui, c’était les gestes. Faire de tout homme un pantin physique, tandis que la société se chargeait d’en faire un psychologique.
Et il ne la lâchait pas des yeux, impassible ; curieux. Il ne savait pas pour combien de temps elle a prévu de rester là. Si l’idée de rentrer au plus vite l’animait encore, quelques minutes auparavant, elle s’était finalement envolée. Ce qu’il voulait, désormais, c’était profiter de la brèche dans la glace. L’empêcher de se colmater et s’y glisser. Étancher cette curiosité qui lui remuait les méninges, depuis trop longtemps déjà à son goût.
Tout ce qu’il voulait, c’était comprendre. La comprendre. Elle. (c) elephant song. |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Mar 6 Oct 2015 - 4:56 | |
| unsung and lost, invisible to history — loeven & rhaena — Le mutant semble encore occupé à assimiler ce qui vient de se passer alors qu'elle cache le corps. C'est devenu une habitude de couvrir ses traces, de se débrouiller seule et de frapper sans crier garde. Mais là c'est différent. Elle n'a jamais été la sauveuse de personne. Ce rôle ne lui ressemble pas. Elle n'aime pas cette idée surtout que ça implique d'ajouter quelqu'un d'autre au tableau. Elle préfère se débrouiller seule, ne pas avoir à dépendre d'un tiers partie. Maintenant qu'il a vu ce dont elle est capable, elle doit se remettre entre ses mains. C'est peut-être pour ça qu'elle se sent si précaire dans cette situation. Ce serait tellement plus facile de simplement se débarrasser du témoin mais elle a beau tuer de sang-froid, elle n'a fait que des chasseurs pour victimes. Elle ne compte pas commencer aujourd'hui à se tourner vers quelqu'un qui est là... au mauvais endroit au mauvais moment. Et elle a beau vouloir éviter le sujet, tourner autour du pot ou même espérer que Loeven oublie ce qu'il vient de voir, elle sait très bien que cela n'arrivera pas. Elle serait la première à avoir bombardé son vis-à-vis de questions si les rôles étaient échangés. Elle ne peut qu'imaginer à quel point Loeven doit être confus, une confusion qui se traduit dans son silence qui perdure. Elle sait qu'elle aussi avait plein de questions aussi. Depuis le premier jour en fait, où elle l'avait surpris d'user de son don. Jour où il avait fait naître le doute en elle sur la vraie nature du jeune homme derrière le bar de la boîte de nuit qui est devenue comme sa seconde demeure. Et maintenant qu'elle a elle-même goûté à ce don, les questions se sont multipliées comme des parasites. Si elle a compris la base de son pouvoir, il n'en reste pas moins qu'elle ne le cerne pas totalement. Simple paralysie ou bien peut-il amener quelqu'un à se faire du mal lui-même. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour avoir ce genre de don. Sa mission ou plutôt, sa vengeance n'en serait que plus exaltante encore. Tant de questions qui resteraient pour le moment sans réponse, ce silence entre eux la perturbant bien plus que l'envie de tout connaître. « Non. J’ai rien, ça va. Merci. » Entrecoupés d'instant où Loeven jette un coup d'oeil au cadavre, leurs regards se posent de nouveau l'un dans l'autre. Ce n'est pas qu'elle cherche à l'éviter, ce n'est d'ailleurs pas son genre en général, mais c'est à ce moment qu'elle tourne la tête par réflexe, comme si elle craint de voir apparaître d'autres chasseurs. Elle n'a pas vraiment entendu de bruits mais on ne sait jamais ce dont les hunters pouvaient être capable. L'un d'eux aurait pu se trouver juste dans son dos sans qu'elle ait décelé un son. Alors, c'est vers le toit qu'elle décide de se lancer, suivie de Loeven. Pendant l'ascension, elle pourrait jurer qu'elle ressent la même sensation inhabituelle d'une main invisible qui s'apprête à se poser sur elle. Elle en devine bien vite la nature mais ne dit rien. Même si c'est incroyablement subtile, l'impression est omniprésente à la manière de regards qu'on sent brûler sur soi, même en ayant les yeux tournés. Comme si une présence se trouve derrière elle, prête à la rattraper si elle tombe. Ça lui tire même un sourire que personne n'aura jamais vu. Un sourire cynique, voir même arrogant. Ce n'est pas l'escalade d'une échelle sombre qui risque de lui poser problème maintenant. Et surtout, elle n'a pas besoin qu'on surveille ses arrières. Ça ne fait que la déconcentrer pour dire vrai. Heureusement, ils se retrouvent sur le toit sans encombres sans rien pour mener quiconque jusqu'à eux. Elle inspecte rapidement les lieux d'un oeil furtif. Elle s'approche de la citerne d'eau, seule source de refuge sur le toit et vient s'y appuyer en attendant que la poussière des derniers instants retombent. Elle enlève ses gants couverts de sang avant de les fourrer dans une poche de son veston noir. Elle pose ses yeux sur son partenaire de crime qui s'attarde encore à observer la ruelle et c'est à cet instant qu'il se retourne vers elle. S'approchant silencieusement, mains dans les poches, elle reste silencieuse sans le quitter des yeux. Il vient se planter tout près d'elle. Trop près même. En général, cette proximité a toujours été son arme la plus fatale mais ce soir, elle ne peut pas jouer ce rôle de poupée angélique qu'elle joue si bien d'habitude. Il voit sa vraie nature. Il voit derrière le masque et une fois cette barrière tombée, elle se sent piégée avec une seule envie ; s'enfuir. « C’était plutôt radical comme entrée en matière, j’dois dire. Est-ce que ton patron sait que tu te débarrasses de ses hommes dans son dos ? » Ce n'est pas une accusation, presque un murmure ce qui la surprend. Oui, car elle avait imaginé cent fois le jour de la révélation, le jour qu'on la démasquerait, et s'était toujours dit qu'elle n'aurait droit qu'à l'indignation. Tout de suite, l'accusation de monstre tomberait et elle devrait courir pour sauver sa peau des piques et des fourches tendues par les villageois furieux. On s'empresserait de la juger et lui mettre les fers aux poings pour la jeter en pâture à la morale fantoche de leur société hypocrite d'aujourd'hui. Mais Loeven agit totalement de la façon contraire. Elle aperçoit son regard intense posé sur elle, comme s'il essaie de percer son âme. Un peu plus et elle pourrait jurer qu'elle s'est totalement trompée sur son don et qu'il peut à l'instant même scruter chacune de ses pensées. Mais si c'était le cas, il n'aurais pas besoin de poser toutes ses questions. Tout de même, la façon lancinante qu'il a de l'observer, l'analyser presque, lui donne l'impression d'être un animal acculée au pied du mur. Tout ce qu'elle veut, c'est grogner pour intimider sa voie hors de l'étau dans lequel elle se sent piégée. « Non et il ne doit jamais savoir. Je garde ton secret depuis un moment déjà, j'imagine que tu me dois de faire la même chose. » Ils sont quittes, c'est au moins ça. Elle aurait pu le dénoncer mais elle ne l'a pas fait. Pourtant, ça lui aurait valu bien des points auprès de ceux qu'elle cherche à détruire. Mener les chasseurs vers un mutant. La preuve de sa loyauté. Mais heureusement pour lui, elle n'a pas besoin de ça. Elle a déjà réussi à gagner leur confiance par quelques mensonges bien manœuvrés et de faux papiers attestant de sa fervente foi en la cause hunter. Ce n'est pas sans raison qu'elle a réussi à se faufiler au sien de l'entourage Lancaster alors que les barrières autour de lui n'ont jamais été autant élevées. « Ça fait combien de temps que tu joues à ça ? » Elle tressaillit presque à cette question. Ça la ramène à cette nuit fatidique. La nuit du meurtre de son père. Elle tressaillit sous le poids de son regard intense et insistant aussi. Pourquoi il lui pose tant de questions ? pourquoi il la regarde comme ça. Elle n'est pas habituée d'attirer autant l'attention sur elle à moins qu'elle l'en est souhaité ainsi. À moins que chacun de ses gestes soient calculés pour porter les regards fiévreux sur elle. Pas par un recours de circonstances dont elle n'a aucun contrôle dessus. « Depuis que je connais l'existence des hunters. » Une réponse vague dont elle se doute qui ne l'éclairera pas plus mais risque au contraire d'amener plus de questions. Pourtant, c'est le mieux qu'elle peut faire. Parler d'elle, c'est pas son fort. Si elle sait manier l'arc, tirer avec précision d'une arme à feu ou soumettre même un opposant plus imposant au corps à corps, les séances de psy n'ont jamais été dans ses cordes. Au contraire, c'est lui qui l'intrigue et c'est elle qui est envahie de questions. Un autre mutant... elle n'aurait jamais cru en croiser un autre... de si près en tout cas. Après son père, il va s'en dire. Elle repense à ce sentiment d'impuissance alors qu'il posait des fils invisibles sur ses membres, de peur qu'elle se retourne contre lui. Ça la révolte autant que ça la fascine. Ne pas pouvoir contrôler ses propres muscles, être soumise à la volonté d'un autre. Cette simple pensée la fait frissonner de rage, réveille l'animal sauvage en elle. Elle s'approche dangereusement de lui, à quelques centimètres de son visage et même s'il la surplombe - plus grand qu'elle - elle se permet quelques mots dans une posture provocatrice. « Et en passant, n'utilise plus jamais ton pouvoir sur moi. » Sur le ton d'ordre car ce n'est pas vraiment une suggestion en faisant allusion à ses deux interventions invisibles. Elle sait bien que rien ne pourrait l'empêcher de le faire, c'est justement ça qui la pousse vers lui, dans cette proximité envoûtante à jouer la dure à cuir. Oh, elle aurait pu demander gentiment mais les mots s'il te plaît ne semblent pas faire partie de son vocabulaire. À force d'obtenir tout ce qu'elle veut par la peur, c'est la seule chose qu'elle connaît aujourd'hui. C'est bien l'un des plus importants héritages de son père... Sans se détacher, elle baisse les yeux pour l'analyser de la tête au pied avant de replanter son regard dans le sien. « Ça consiste en quoi ton don, d'ailleurs ? Plus exactement. Tu pourrais me faire faire ce que tu veux, là ? Maintenant ? » Un sous-entendu qu'elle ne cache pas, appuyé d'un regard brillant de cette fascination qu'elle n'arrive pas à refréner et même d'un peu d'excitation. Oui, car elle sent son coeur accélérer dans sa poitrine à l'idée de frôler un mutant avec de telles capacités, danser avec le risque de perdre face à un homme que si l'envie lui prend, elle serait impuissante de résister. Elle ne veut plus jamais se sentir impuissante comme lorsqu'il a imposé ses gestes sur elle mais ça en devient tellement enivrant en même temps, elle ne sait plus trop quoi penser. Maintenant qu'elle sait hors de tous doutes que Loeven est l'un de ceux qu'on appelle dégénéré, elle ne peut s'empêcher de constater qu'il n'a rien d'un monstre comme les hunters s'acharnent à marteler haut et fort. Elle l'a toujours su, au fond. Les mutants peuvent être source de magnifiques choses comme de destruction autant que ceux qui se plaisent à se dire normaux alors qu'ils se baladent la nuit, arme au poing, prêts à abattre tout ce qui bouge au risque que ce soit un transmutant. Avec un pouvoir comme le sien, il pourrait diriger des empires, éliminer tout ceux qui se mettent sur son chemin. Alors pourquoi se contente-t-il de servir des verres derrière un bar ? De vivre une vie sans histoires. Elle-même dotée de pouvoirs comme les siens, elle serrait véritablement l'impératrice de son petit monde sans personne pour lever le petit doigt contre elle. Littéralement... Si les mutants sont si dangereux que les chasseurs le disent, pourquoi Loeven n'a tout simplement pas décidé de se débarrasser d'elle au premier regard et ainsi s'assurer que son secret serait bien gardé ? Pourquoi n'a-t-il pas achevé lui-même le chasseur qu'elle a assassiné à sa place ? Trop de questions qu'elle réussit à garder en laisse pour le moment, trop concentrée à épier les prochains gestes du jeune homme, ses prochaines paroles.
Dernière édition par Rhaena Dryden le Sam 17 Oct 2015 - 5:42, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Mar 6 Oct 2015 - 15:28 | |
| – all the night, girl that's what you do – Il aurait dû détourner les yeux, cesser de la fixer ainsi. Pourtant, il lui était impossible de s’en empêcher. Comme si la perdre un instant du regard lui aurait laissé la chance de s’enfuir aussi vite qu’elle était arrivée, de disparaître dans la nuit pour ne plus jamais revenir. Et il en était hors de question. Il voulait des réponses ; il voulait comprendre. La curiosité était bien trop lancinante, et elle avait crû une nouvelle fois, en flèche, lorsqu’il s’était définitivement dénoncé. Il possédait un don, et elle suivait comme une ombre celui qui condamnait les mutants, tant dans ses discours que dans ses actes. Et pourtant, il était encore là. Encore en vie pour en discuter, alors qu’elle aurait pu à tout moment tendre la main et décocher une flèche qui lui aurait été fatale. Son pouvoir ne prenait que sur les êtres vivants, et il lui aurait été impossible d’arrêter le trait. Elle aurait eu maintes fois l’occasion de passer à l’acte, depuis qu’elle avait pris la vie de son assaillant ; et même avant. Alors, pourquoi ?
Il hoche la tête lentement à sa remarque. Il n’avait pas l’intention de la dénoncer. L’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit, à dire vrai ; elle gardait son secret aussi bien qu’il garderait le sien. Et les mots confirmèrent dans le même temps ce qu’il pensait : depuis le début, elle savait ce qu’il était. Elle avait observé attentivement, et elle avait compris aisément sa capacité. L’intervention de ce soir n’avait été qu’une confirmation, qu’un déclencheur de plus. Qu’une mise à nu définitive, puisqu’il lui était désormais impossible de nier : il l’avait utilisé sur elle. Bien involontairement, tout d’abord ; mais il l’avait fait. La peur avait pris le pas, et sa mutation les commandes. La survie pour la survie. Dans ce genre de situation, sa raison cessait de fonctionner, et son instinct particulièrement aiguisé prenait le relai. Elle n’en avait pas souffert, et il l’avait bien vite relâchée. Mais pour quelqu’un comme elle, c’était suffisant pour prendre conscience de bien des choses. Et de ce qu’il aurait pu lui faire, entre autres.
S’il se rend compte que la seconde question semble la perturber, il n’y fait pourtant pas allusion. Il l’observe et il attend ; son jeu favori, depuis bien longtemps. Les autres parlent bien plus dans leurs gestes qu’avec leurs mots, et il avait toujours naturellement prêté attention à leurs comportements. Elle ne faisait pas ça pour le plaisir, de toute évidence, ni pour couvrir sa peau et se mettre simplement les hunters dans la poche. La somme des éléments se faisait progressivement dans l’esprit du Dickens, et il commençait à entrevoir un but, dans tout ça. Au point de se demander si elle avait tué pour le sauver, ou si l’objet de son intérêt n’était pas le feu chasseur, tassé sous sa poubelle ici-bas. La réponse brève de la belle brune ne fit qu’appuyer un peu plus cet embryon d’idée, mais il n’avança pas encore de théories épineuses, bien que son esprit les échafaudait déjà.
Lorsqu’elle se rapproche, presque dangereusement, il ne cille pas. Il sent son cœur accélérer promptement sous le coup de la proximité, mais la peur reste nichée là où elle s’en est retournée, plusieurs minutes auparavant. Son regard ne flanche pas, ses prunelles s’enfoncent encore un peu plus dans celles de la jeune femme. Et il plisse imperceptiblement les yeux, l’ombre d’un sourire au coin des lèvres, sans trop en connaître l’origine. Il ne lui ferait pas l’affront d’un rictus franc et large, et la situation ne s’y prête d’ailleurs pas. Mais il comprend, alors qu’elle parle, à quel point la curiosité semble être respective, et la fascination partagée. Car si le ton est provocateur et intransigeant, il sait qu’elle sait qu’elle ne pourrait rien faire pour l’en empêcher. Qu’à n’importe quel moment, s’il le voulait, il pouvait recommencer. Elle le saurait mais n’y pourrait rien. Elle le sentirait, mais resterait totalement impuissante. Et elle ne semblait pas le genre de femme à apprécier cette posture ; bien au contraire.
Le message était reçu, mais il n’y répondit pas. Pas encore. Il sentait que les questions brûlaient les lèvres de sa vis-à-vis, et que ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne se laisse tenter par l’envie de satisfaire cette curiosité maladive qui les poussait l’un vers l’autre depuis le premier jour. Et il considérait de plus que ce qu’elle avait ordonné se passait de commentaires, jusqu’à un certain point. Il la laissa rompre leur contact visuel et le détailler brièvement, cherchant le retour de ses prunelles dans les siennes. D’aucuns détestaient soutenir les regards trop longtemps ; lui était bien à l’opposé de cette tendance, s’accordant à penser depuis de longues années que les yeux étaient le reflet de l’âme. Et que l’âme parlait souvent bien plus que les corps qui la portaient. Il sent qu’elle n’a pas peur d’être observée, et d’observer. Et lorsque les yeux se retrouvent, et qu’elle pose finalement la question qui semblait la tarauder depuis un certain temps, le sourire fait enfin une apparition assumée sur ses traits. Il étire doucement ses lèvres, anime son regard d’une petite flamme un peu moins réservée. Et les mots qui en réchappent n’en sont qu’un peu plus doux et un peu plus calmes. « Plus ou moins. Si tu veux savoir si je pourrais actionner tes jambes jusqu’à te faire sauter du toit, la réponse est oui. Et si tu te demandes si je pourrais te faire retourner ton arbalète contre toi, la réponse est oui aussi. Et si quelqu’un débarque sans que tu l’entendes, je peux aussi te faire pointer ton arme vers lui et tirer, avant que vous n’ayez réagi l’un et l’autre. Mais ça demanderait un mouvement trop brutal, et je risquerais de te faire mal. » Il répondait à un peu plus qu’elle ne le demandait. Mais n’était-ce pas ce qu’elle attendait de lui ? En savoir plus ? Comprendre à qui — à quoi — elle avait à faire ? Il déglutit doucement, bascula son poids sur un seul pied, une seconde, avant de reprendre son équilibre. Nullement perturbé par la proximité, qu’il maintenait entre eux. « Je l’utiliserai pas sur toi si c’est pas nécessaire. » Une pause légère. Le sourire est légèrement retombé, mais projette toujours son ombre sur ses traits. « Tout à l’heure c’était involontaire, mais je t’aurais pas fait de mal. Tout ce que je voulais c’était être certain que je n’étais pas le nom suivant sur la liste de l’assassin de mon assassin. J’ai pas vraiment chercher à t’immobiliser, c’était un réflexe. Mais j’ai pas le réflexe de forcer les gens à se tuer, si ça peut te rassurer. »
La conversation s’installait lentement mais sûrement. Sa langue se déliait à mesure que le stress retombait. Il sentait la chaleur du corps proche du sien, entre les claques froides du vent. Il ignorait combien de temps ils resteraient ici, mais s’ils ne s’abritaient pas, l’exposition allait leur faire du tort. À lui, tout du moins. Un coup d’œil alentour. « Et même si j’aurais pu forcer ce gars à se faire exploser la cervelle, je pense pas que je l’aurais fait. » Il se doutait que la question faisait partie de celles qu’elle aurait pu lui poser, et il préférait anticiper la réponse. Son sourire revint, presque un peu forcé, malgré son regard sincère, à nouveau logé dans les yeux de la brunette. Chacun ses méthodes ; il n’aimait pas l’idée de prendre une vie aussi facilement. C’était injuste, loin d’être un combat à la loyale. Son honnêteté et sa droiture en auraient pris un coup trop important, qu’il aurait été capable d’éviter. « Et puis, je me serais senti coupable de t’enlever ce plaisir. » Le rictus se métamorphose et s’élargit à nouveau. Malicieux, mais loin d’être insolent. Il se doutait qu’elle en avait après ce type, et pas après lui. Sûrement ignorait-elle même qui était la proie du chasseur. S’il se trompait, il avait conscience de l’extrémisme auquel il avait affaire en la côtoyant ; quelqu’un qui tuait avant de tenter d’engager la conversation, charmant. Mais l’idée lui paraissait trop saugrenue pour être admissible, et il la repoussait par cette pensée de n’avoir été, une fois de plus, qu’une coïncidence. Une rencontre fortuite, une présente qui semblait collée aux basques de cette fille, tout comme, elle, elle semblait accrochée aux siennes. Après un rapide silence, il reprit, d’un ton plus bas, presque sur le ton de la confidence. « T’en fais pas. Pas b’soin de me menacer, j’ai aucune intention de te dénoncer. Ça m’attirerait autant d’ennuis qu’à toi, et je préfèrerais éviter. T’as déjà bien du mérite de traîner avec des gens comme ça et de t’en tirer. C’est un jeu auquel j’ai pas particulièrement envie de jouer, pour rien te cacher. »
Et qui plus est, ce serait manquer de respect à ce que t’as fait pour moi ce soir. Parce que, volontairement ou pas, cette fille lui avait sauvé la peau. Qu’elle l’ait voulu ou non, que ç’ait fait partie de ses intentions ou pas, le résultat restait le même. Maintenant, il avait une dette de vie. (c) elephant song. |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Mer 7 Oct 2015 - 4:18 | |
| unsung and lost, invisible to history — loeven & rhaena — Jusqu'à maintenant, elle avait réussi à se dérober aux questions. Elle avait réussi à garder ses barrières bien hautes et infranchissables même si du coin de l'oeil, elle a toujours vu ses regards lancés vers elle à chaque fois qu'elle entrait dans la boîte de nuit où travaille Loeven. Est-ce qu'elle était au courant de sa nature de mutant ? Oui et pourtant, elle ne disait rien... et lui, ne venait jamais la confronter. Comme deux animaux qui se tournent autour, se reniflent et analysent. Elle a toujours ressenti le poids de ses regards et cette curiosité lancinante qui se dégageait des regards en coin provenant de derrière le bar. Elle avait su garder ses distances et pourtant, c'est comme si le destin avait décidé de toujours les refourrer ensemble pour finalement ne plus avoir la force de résister. Perdre le contrôle de son secret et ne rien pouvoir y faire. Maintenant, il est sous le fait accompli et elle de même. Les secrets qui se dévoilent à une vitesse incontrôlable. D'une part et d'autre, ils se découvrent une face cachée. Et cette fascination qui n'en est que plus exacerbée encore. Elle doit savoir si elle peut lui faire confiance. Elle voudrait trouver un moyen de le cerner sans que lui puisse percer sa coquille à elle. Une coquille qu'elle avait mis tant d'années à construire et renforcer. Personne n'avait jamais toucher son âme, vu ce côté d'elle où elle s'abandonne aux plaisirs coupables de la violence. Il est le premier et elle espère bien ; le dernier. Elle devine toutes les questions qui se percutent dans le regard du brun mais surtout, elle y décerne les milles scénarios qu'il doit être en train de se faire sur elle. Mais elle est complexe la belle. Elle ne se résume pas seulement en un mot. Certes, la vengeance est la seule chose qu'elle semble chérir mais plus que cela, elle est une femme aux milles facettes. Des facettes qu'elle aurait voulu profondément enfouis à jamais. Alors, elle préfère passer à l'offensive. Détourner l'attention sur elle et son passé, ses sombres désirs d'une vengeance cruelle pour se pencher vers Loeven. Et il ne bronche pas. Faut s'y attendre avec un pouvoir qui assure une plus grande sécurité, une défense incroyable. Ou bien, il croit l'avoir déjà cernée et même si elle a abattu de sang-froid le chasseur planqué dans la benne à ordures, il se dit qu'elle ne lui ferait pas de mal à lui. Il serait probablement déjà mort si l'idée avait tracé l'esprit de la vipère, c'est vrai. Pouvoir ou non. Car elle a ce don pour frapper quand on s'y en attend le moins. Pourtant, quelque chose lui dit qu'avec lui, ça n'aurait pas été aussi facile que cela. Pas à cause de sa mutation mais car il voit son vrai visage. Elle ne peut pas jouer de ses charmes pour mentir et se frayer un chemin vers les bras de sa proie pour y enfoncer ensuite la dague dans le dos. Et même si elle aurait tenté cette approche, elle voit bien qu'il se méfie. Son corps, sa posture, ses regards brûlants sur elle. Tout cela ne ment pas et elle s'en est bien aperçue la belle. Ça le fait sourire cette offensive qu'elle rejette sur lui. Ses lèvres s'étirent sur son visage et elle distingue une lueur amusée dans ses prunelles qu'elle distinguent vaguement grâce à la lueur de lumières lointaines. « Plus ou moins. Si tu veux savoir si je pourrais actionner tes jambes jusqu’à te faire sauter du toit, la réponse est oui. Et si tu te demandes si je pourrais te faire retourner ton arbalète contre toi, la réponse est oui aussi. Et si quelqu’un débarque sans que tu l’entendes, je peux aussi te faire pointer ton arme vers lui et tirer, avant que vous n’ayez réagi l’un et l’autre. Mais ça demanderait un mouvement trop brutal, et je risquerais de te faire mal. » Elle ne peut dissimuler la moue de jalousie qui vient s'installer sur ses traits délicats à mesure qu'il explique son incroyable don. Sa maîtrise sur ce dernier aussi. Arriver à jouer de la marionnette sur des êtres vivants avec leurs propres volontés qui cherchent activement à combattre des fils invisibles dans lesquels ils s'enmêlent pour n'en devenir que des esclaves. Avoir un tel pouvoir, ça doit tellement être excitant. Pourtant, il parle comme si c'est banal, se permettant même de s'appuyer nonchalamment sur un pied avant de se replanter droit, lui tenant pratiquement tête. Une nonchalance qui a le don d'hérisser la jeune femme mais qu'elle lui trouve tout à son honneur. « Je l’utiliserai pas sur toi si c’est pas nécessaire. » Il faut avoir du cran pour avoir une attitude si désinvolte alors même qu'il vient de la voir tuer sans remords. Ça lui plaît à la Dryden autant qu'elle voudrait lui rabattre le clapet. Si nécessaire. Ce n'est pas suffisant. Elle voudrait l'entendre dire que plus jamais il ne penserait même à imposer ses gestes sur elle. Même si son sourire presque narquois a disparu de son visage, elle le décèle toujours sur ses traits qu'elle analyse de si près. « Tout à l’heure c’était involontaire, mais je t’aurais pas fait de mal. Tout ce que je voulais c’était être certain que je n’étais pas le nom suivant sur la liste de l’assassin de mon assassin. J’ai pas vraiment chercher à t’immobiliser, c’était un réflexe. Mais j’ai pas le réflexe de forcer les gens à se tuer, si ça peut te rassurer. » Cette petite tirade protectrice tire un sourire des lèvres pulpeuses de la brune que se fait violence pour ne pas éclater de rire. Il essaie de la rassurer comme on rassure une gamine qui a peur de l'orage qui gronde. Du moins, c'est comme ça qu'elle ressent dès qu'on se met à essayer de la protéger, se faire un bouclier pour elle. Rhaena n'a besoin de personne, elle veut s'en convaincre. Après tout, c'est elle qui vient de le sortir du pétrin et pas le contraire. Il aurait utilisé son pouvoir sur elle, essayé de lui faire mal, elle aurait trouvé une manière de se défaire de son emprise, elle le sait. Par des yeux doux, des paroles cajoleuses. Petit à petit, elle aurait cherché à détruire sa méfiance. Elle est assez arrogante la jeune femme, se croit en dessus de tout et se plait à penser tout cela même si une petite voix qu'elle essaie de taire lui murmure qu'au fond, elle aurait été réellement impuissante, peu importe qu'elle se croit assez maline pour se sortir d'une telle étreinte invisible. « Oh comme je suis soulagée. » L'ironie mielleuse dans la voix et la moquerie dans le regard qu'elle s'amuse à lui projeter sous le nez. Elle ne compte plus les adversaires trop grands, les ennemis plus imposants et chaque fois, elle a réussit à s'en sortir. Finir dans le rang des vainqueurs avec sa vie sauve, si ce n'est qu'avec des blessures et cicatrices en plus, alors que son opposant repart toujours avec le repos éternel pour seule récompense. Alors même si le pouvoir de Loeven lui fait peur, l'intimide, elle n'en laisse rien paraître. Montrer ce qu'on ressent c'est aider l'autre à renforcer la source de ce qui l'inspire. Et même si elle se doute qu'elle n'a rien à craindre du jeune homme - qui, comme il dit, n'utilisera plus son pouvoir sur elle - elle a pris l'habitude de dissimuler ce qu'elle ressent vraiment. Alors, elle adopte le faux masque de confiance si intimement lié à son arrogance. « Et même si j’aurais pu forcer ce gars à se faire exploser la cervelle, je pense pas que je l’aurais fait. » Sur ce point, ils ne peuvent pas être plus différents. Rhaena affiche même une mine confuse suite à ses paroles. Pourquoi ? Il est né mutant, pourquoi ne pas embrasser totalement sa nature ? À sa place, elle voudrait s'assurer d'envoyer un message clair. Quiconque oserait s'approcher d'elle ou ses proches, verrait leur arme se retourner vers eux, ça elle n'en doute pas un instant. Plus les secondes passent et plus il lui parle pour l'éclairer, plus elle en devient confuse et fascinée. Ça crée l'effet contraire. Une réponse est censée éclairer mais avec lui, ça ne fait que donner naissance à milles autres interrogations. C'est peut-être aussi cette proximité de la confidence qui ne fait que la plonger un peu plus dans son regard pour essayer d'y déceler un indice de ce qui le pousse à se modérer autant. Si la mort de son père a déclenché chez elle cette envie de tuer de sa propre flèche l'assassin, elle se demande bien ce que lui a pu vivre pour être si... calme. « Et puis, je me serais senti coupable de t’enlever ce plaisir. » Elle répond à son sourire malicieux de la même manière. Que peut-elle dire à ça ? C'est vrai, elle a pris plaisir à tuer. À arracher un chasseur de plus à cette terre. Elle n'a pas envie de se défendre ni confirmer sa petite allusion. Et puis ce n'est pas une attaque, juste une tentative d'amadouer la belle. Elle ne dit rien se contenant de garder son regard planté dans le sien. Un regard qui dit tout à vrai dire. Entre amusement et provocation. Rapidement cependant, il vient briser le silence de la nuit. « T’en fais pas. Pas b’soin de me menacer, j’ai aucune intention de te dénoncer. Ça m’attirerait autant d’ennuis qu’à toi, et je préfèrerais éviter. T’as déjà bien du mérite de traîner avec des gens comme ça et de t’en tirer. C’est un jeu auquel j’ai pas particulièrement envie de jouer, pour rien te cacher. » Le vent frais qui balaie le toit vient faire frissonner légèrement Rhaena qui se déplace sur le côté, juste assez pour que la citerne d'eau puisse la protéger partiellement du vent. Elle s'y appuie brisant leur proximité jusque là intacte. Une proximité presque pour se jauger, se tenir tête au milieu d'un ton de secrets échangés. Avec du recul, elle peut mieux détailler son visage et sa posture dans la semi-obscurité. Ses boucles brunes qui tombent pratiquement devant ses yeux, ses traits marqués, sa barbe bien taillée et son léger manteau. Elle essaie d'y déceler des indices. N'importe quoi qui pourrait expliquer sa nature de mutant. Mais rien. Il a l'air comme tous les habitants de la ville. Comme elle. Comme le maire. Aucun trait particulier qui peut le trahir. Comme son père d'ailleurs. Entre mutants et humains, elle ne voit pas la différence. « Ce n'est pas un jeu. S'ils apprennent tout ce que j'ai fait, je ne donne pas cher de ma peau... mais j'aime prendre des risques et comme on dit, garde tes amis proches mais tes ennemis encore plus proches. » Répond-elle dans un murmure vague alors que son regard se perd à l'horizon un instant. Elle pense à ses chasseurs qui ne l'ont pas vue venir. Elle se rappelle leurs gémissements de douleur alors que la poison faisait son effet jusqu'à leurs cœurs. Ou les fois où elle a dû sortir l'arsenal fatal pour se débarrasser d'adversaires plus coriaces. Elle reporte son attention sur lui, ancrant son regard électrique dans le sien. « J'ai pas encore décidé lequel des deux je dois te considérer, d'ailleurs. » Elle voudrait lui faire confiance, ne pas avoir cette impression de trahison prochaine. C'est difficile par contre, pour elle qui a toujours été seule. Sans avoir à se soucier de personne, maintenant, il sait. Toujours, elle aura cette cette ombre menaçante au dessus de sa tête qui annonce sa perte prochaine dont Loeven serait le maître. Que l'ordre tombe et son petit jeu, comme il dit, risque de se terminer dans la douleur. Alors, elle épie une quelconque réaction du jeune homme. Il a l'air si droit, ça la rend folle d'encore se sentir en danger maintenant que son secret est entre d'autres mains que les siennes. Elle cherche dans ses yeux l'assurance profonde que ce qu'il dit est vrai. Qu'elle peut lui faire confiance, baisser sa garde un instant. Car c'est seulement maintenant qu'elle réalise à quel point s'est épuisant, voir même écrasant de maintenir une telle distance avec le monde.
Dernière édition par Rhaena Dryden le Sam 17 Oct 2015 - 5:41, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Jeu 8 Oct 2015 - 2:39 | |
| – we are titanium – Elle se cachait derrière son arrogance et ses manières provocatrices, la belle sauvage. Elle tentait de le forcer à détourner l’attention, essayait tant bien que mal de revenir à ce regard dont il l’avait si souvent couvée lorsqu’il n’avait pas encore vu ce qui semblait être son vrai visage. L’habituée de la boîte de nuit, avec ses coups d’œil en coin et ses rires parfois trop éclatants pour être sincères. À boire et à se laisser aller, à couler des œillades dont il n’avait jamais pu déterminer le véritable objectif ; le véritable fond. Elle s’était pavanée, inatteignable. Quelques mots échangés au bar, sans jamais aller plus loin, sans jamais prendre plus le temps de se connaître. À faire monter l’incompréhension, à en rendre fou le besoin de sécurité de l’écossais. À le priver de savoir sur quel pied danser. L’amie de l’ennemi, qui ne semblait pourtant rien avoir dit. Combien de journées était-il resté parfaitement éveillé, à guetter le moindre bruit dans le couloir de l’immeuble, sans parvenir à fermer l’œil ? Au bout d’un moment, il avait compris que personne ne viendrait ; qu’elle ne l’avait pas vendu, ou du moins, pas encore. Et il avait cherché à comprendre. Dans les silences, dans les regards ; en vain. Pourtant, maintenant, il la tenait. Il la tenait, et il n’avait nullement l’intention de la laisser filer. Oh elle pouvait bien tenter de s’esquiver d’un tour de passe-passe ou d’une habile petite phrase. Elle pouvait bien essayer de mettre le plus de distance entre eux par les mots et par les regards, la farouche. Ça ne changerait rien. L’étau était là, et elle le savait. Elle le savait, et elle n’avait pas reculé d’un pas. Elle aurait pu. Elle aurait aussi pu faire demi-tour, dans cette impasse, et repartir comme elle était arrivée. Elle aurait pu monter sur ce toit seule, en lui demandant de ne pas la suivre, et en lui disant de rentrer chez lui avant de se faire attraper pour de bon. Mais elle avait tiré cette échelle en lui faisant signe de s’engager, signe de la suivre. Elle l’avait invité, et il n’était plus question pour lui désormais de la laisser filer. Elle avait ouvert la porte, l’avait laissé entrer ; ce n’était pas pour qu’il en reparte sans réponses, au premier élan de fierté. Aussi laissa-t-il glisser la petite sentence railleuse, sans y accorder réellement d’importance.
Ils étaient quittes, selon elle. Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander à quoi tout cela tenait. Que lui ne la dénonce pas était une chose ; émettre de tels soupçons n’aurait fait qu’attirer les regards sur lui. On l’aurait probablement jugé pour avoir porté de telles accusations, avant de se rendre compte de la vérité. Et même si cette vérité était entendue, les regards se porteraient sur sa personne avec beaucoup plus d’insistance qu’il ne pouvait se le permettre. Il avait déjà réchappé de peu à quelques hunters, et il n’était pas revenu ici pour se livrer de son plein gré. Il naviguait sous les radars depuis plus d’un an, évitant au maximum d’être lié à d’éventuels appareils électroniques, pour ne pas qu’on le retrouve ; il évitait de donner son nom lorsqu’il le pouvait, travaillait la plupart du temps au noir, ou sous pseudonyme. Il avait pris des risques considérables en revenant ici, mais l’appel du sang avait hurlé avec tant d’insistance au fond de ses veines qu’il n’avait pas réussi à rester à distance. Ç’avait déjà failli lui coûter la vie ; et pire, même, son don. En avoir été privé, avoir écopé des effets secondaires tout bonnement insupportables ; tout ça pour quoi ? Tout ça pour revenir soutenir et protégeait la seule famille qu’il lui restait. Les plus beaux des combats entraînaient toujours des sacrifices, et il semblait avoir commencé à payer le prix avant même que les choses ne soient devenues sérieuses. Comme une offrande première, une avance à payer. Il n’était pas revenu en ville depuis trois jours qu’on lui était déjà tombé sur le dos ; alors quelle folie aurait-il pu le prendre, qui le pousse à rendre visite à l’un de ses ennemis jurés pour leur annoncer que l’une des leurs jouait double-jeu ? Il n’était pas naïf. Jamais il ne gagnerait leur clémence, pas même en leur livrant cette information. Et bien outre cela, par-delà cet instinct de survie qui lui soufflait que ce serait la pire des idées, il avait des principes. Toutes ces affaires ne le regardaient pas. Ça l’arrangeait, de voir le camp adverse infiltré jusqu’à la moelle, en train de périr sous les coups de l’un des leurs, dans l’ignorance. Et pour couronner le tout, elle gardait bien son secret à lui, alors qu’elle n’avait aucune raison de le faire. Aucune raison valable. Ça lui aurait apporté du crédit, ça aurait empêché tout soupçon de peser sur elle pour longtemps encore. Elle aurait tout eu à y gagner, si elle se souciait aussi peu des mutants qu’elle le laissait paraître. Et cela, il avait du mal à le comprendre, d’autant plus maintenant qu’elle avait confirmé jouer à ce petit jeu dangereux.
Ce n’était pas un jeu. Le ton catégorique ne lui fit ni chaud ni froid, et il ne releva pas. Elle était consciente des risques qu’elle encourait à prendre cette délicate position dans une guerre aussi impitoyable, et cela ne faisait qu’accentuer un peu plus l’incompréhension déjà bien nichée dans l’esprit du Dickens. Il la regardait toujours, tandis qu’elle détournait les yeux, songeant sans doute aux menaces qui pesaient sur elle. Finalement, ses iris à lui s’éloignèrent aussi, balayant un instant le toit sur lequel ils se trouvaient, la fumée qui s’échappait de la sortie d’air de la chaufferie. Il tourna un peu la tête, sans pourtant se reculer. Scruta l’horizon qu’elle observait encore, quelques instants auparavant. « J’sais pas si ça changera grand-chose de te dire que t’as aucune raison de me classer dans tes ennemis. Mais j’te le dis. T’as aucune raison de me classer dans tes ennemis. » Il s’est tourné un peu, s’éloignant de quelques dizaines de centimètres, pour se mettre davantage à ses côtés que face à elle. « J’te veux aucun mal, et j’te souhaite pas de te faire pincer. Tes vrais ennemis ils m’ont dans leur ligne de mire, alors j’les fuis comme la peste. » Et pourtant, il était là. Ici, à Radcliff. Au plus proche du danger qu’il ne l’avait peut-être jamais été. C’était du pur suicide, et il le savait. Mais il ne pouvait pas laisser Eremon là. C’était viscéral. Dusse-t-il crever pour ça. « T’as pas de raisons de me considérer comme un danger. J’aurais plus de raisons de me méfier de toi que l’inverse. »
Un temps. Il secoue légèrement la tête. Cherche à comprendre. Et admet finalement qu’il n’y a aucune logique, en un souffle. « C’est ça que je comprends pas. » Il prend le temps d’une inspiration, suivie d’une longue expiration. Ses yeux ne sont pas retournés sur la jeune femme, et fouillent les toits à la recherche d’il ne savait trop quoi. « Je donne pas cher de ta peau non plus, si tu t’fais prendre. Et je sais que tu sais que me vendre te permettrait d’être encore un peu plus dans leurs petits papiers. » Il tourne la tête vers elle, et se reprend à la fixer. De ce regard perçant mais perdu, de ces yeux au besoin de réponses. « Tu me connais pas. On s’connaît pas. Visiblement, t’es plus préoccupée par tuer des chasseurs que protéger des mutants — no offense, j’te juge pas, et t’as sans doute d’excellentes raisons pour ça. Alors pourquoi tu leur as rien dit ? » Pourquoi t’as pas planté ma putain de tête sur une pique ? Pourquoi tu leur as pas servi mon nom sur un plateau d’argent, alors que rien n’aurait été plus simple ? « J’dis pas que je veux que t’ailles me balancer. Y en a qui savent c’que je suis, c’est pas un secret. J’essaie juste de comprendre pourquoi tu le fais pas alors que t’as tout à y gagner, et que tu ne me dois rien. » Parce qu’à cause de ça, moi, j’ai une dette envers toi. Mes dettes, j’les honore. Mais voilà ; t’as aucune raison de me protéger, et t’as pas l’air de beaucoup te soucier des autres. Alors pourquoi tu l’fais ?
Et il continue de la sonder. La gratitude dans l’âme, l’incompréhension dans les yeux. Le mystère qui enveloppe cette fille le fascine autant qu’il le perd. Les frontières de la logique tombent là où elles devraient exister, et il sait qu’elle ne peut pas le nier. Dans le fond, il ne lui demande rien d’autre que de comprendre. Comprendre, pour s’assurer qu’il est en sécurité. Ou du moins, autant en sécurité que l’on peut l’être dans une ville de fou comme celle-là. (c) elephant song. |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Jeu 8 Oct 2015 - 20:36 | |
| unsung and lost, invisible to history — loeven & rhaena — Elle a été si longtemps seule avec le poids du secret. Les mensonges qui écrasent et l'angoisse d'en tenir le fils qu'étrangement, elle se sent respirer pour la première fois depuis... depuis que son père était encore vivant. Depuis qu'elle suivait encore ses cours de droit, prête à rendre ce monde, un endroit plus juste. Protéger l'innocent et enchaîner la violence. Maintenant, regardez-là, à s'amuser à jouer à l'avocate, la juge et l'exécutrice. Et ce, sans diplôme, sur le terrain même d'une ville déchirée entre deux clans voués à l'entre-tuer. Elle reste indifférente aux plaintes de l'un et condamne les gestes de l'autre. Elle n'a pas besoin de plaidoyer ; les chasseurs, à la seconde où ils portent ce titre, ne méritent que la guillotine. Elle est une tyrannie qui ne rencontre que peu de résistance mais elle reste sourde à cette dernière de peur que le raisonnement ne vienne corrompre sa conscience. Alors, elle se ferme de tous et ne voit que des ennemis partout. Peut-on alors vraiment lui en vouloir de garder ses distances de peur de perdre sa seule raison de vivre ? Car sans sa vengeance, qu'est-ce qu'elle a ? La fortune peut-être, mais pour quoi ? À dépenser sur des jouets inutiles qui ne lui procurerait aucun plaisir au final. Outre cela, elle n'a rien. On lui a arraché sa seule raison de vivre ; son père. Maintenant, elle ne vit que pour le venger, c'est la suite logique des choses... Elle s'y accroche désespérément et rejette tout le reste de peur d'en être détournée de son objectif final. L'amitié, l'amour, un travail stable sont des étrangères dangereuses qui menaçent la seule chose qui la pousse encore à avancer. Et c'est ce qu'elle a peur que quiconque voit. C'est ce que Loeven voit en ce moment alors qu'elle cherche une raison de s'ouvrir ou pas. Elle espère presque qu'il la juge, la dénonce, la traite de monstre et lui prouve qu'elle a raison ; que c'est toujours mieux d'être seule sans l'inquiétude d'un regard posé sur son âme. Mais non, il s'invite plutôt comme un ami, venant s'installer à ses côtés plutôt que de continuer à lui faire face dans une position qui rappelle tant la provocation. « J’sais pas si ça changera grand-chose de te dire que t’as aucune raison de me classer dans tes ennemis. Mais j’te le dis. T’as aucune raison de me classer dans tes ennemis. J’te veux aucun mal, et j’te souhaite pas de te faire pincer. Tes vrais ennemis ils m’ont dans leur ligne de mire, alors j’les fuis comme la peste. » Elle tourne la tête pour suivre la suite de ses pensées qu'il ne tarde pas à faire connaître dans un nouveau murmure qui restera à jamais prisonnier de ce toit. « T’as pas de raisons de me considérer comme un danger. J’aurais plus de raisons de me méfier de toi que l’inverse. » Il a probablement raison mais elle ne dit rien, cherchant dans ses paroles d'alliance un quelconque signe de trahison. Elle est devenue si douée à mentir qu'elle ose espérer qu'elle peut repérer un manipulateur quand elle en voit un. Il a l'air sincère et ça la trouble. Elle n'est pas habituée à ce genre de choses mais surtout, les regards qu'ils lui lancent. Elle est habituée que les gens la regardent comme une fille banale sans se douter de la vraie bête en elle. Mais lui... Lui, il aperçoit une parcelle de son vrai visage et elle n'a jamais vu un regard aussi ardent se poser sur elle. Heureusement, elle a un moment de répits alors qu'il regarde droit devant lui à l'horizon, cherchant visiblement à mettre de l'ordre dans ses pensées. Dans toutes les questions que lui aussi se pose probablement sur elle. « C’est ça que je comprends pas. » Elle hausse un sourcil, intriguée par la suite de sa réflexion qui tarde à venir alors que le grand brun lâche un souffle qu'elle peut voir glisser de ses lèvres dans une buée argentée créée par la fraîcheur de la nuit. « Je donne pas cher de ta peau non plus, si tu t’fais prendre. Et je sais que tu sais que me vendre te permettrait d’être encore un peu plus dans leurs petits papiers. » Et de nouveau ce brûlant regard qu'il tourne vers elle. Elle aurait pu l'éviter mais elle se prend à le planter dans le sien, n'y voyant qu'incompréhension et désir évident de la percer à jour. De nouveau, les feux des projecteurs lancés sur elle et elle voudrait se fondre dans le décor comme elle l'a toujours fait. Mais elle sait que c'est impossible. Que le rideau est ouvert, le spectateur prêt pour le spectacle qu'il s'impatiente de voir. Et elle se sent comme la gamine qui en oublie ses lignes pour rester figée au milieu de la scène. Elle voudrait le rendre aveugle pour qu'il cesse de brûler son âme avec le bleu glacial de ses yeux qu'elle devine dans la nuit. « Tu me connais pas. On s’connaît pas. Visiblement, t’es plus préoccupée par tuer des chasseurs que protéger des mutants — no offense, j’te juge pas, et t’as sans doute d’excellentes raisons pour ça. Alors pourquoi tu leur as rien dit ? » La question qu'elle se surprend à avoir redouté. Si elle se targue de penser qu'elle n'a jamais eu besoin de ce subterfuge pour gagner la confiance des hunters, elle sait au fond que ce n'est pas la seule raison. Peut-être qu'elle est juste une masochiste qui aime emprunter la voie difficile mais en réalité, c'est qu'elle a beau tuer les chasseurs, être une meurtrière de sang-froid et qui se réjouit parfois même de la douleur qu'elle inflige, elle ne veut pas causer cette même douleur qu'elle a ressenti en voyant un hunter s'introduire chez elle pour lui enlever son père. Elle ne veut pas être la cause du deuil d'une gamine qui comme elle, a eu la malchance d'avoir un père, un frère ou un ami né avec le gène mutant. Et elle ne connaît pas Loeven si ce n'est les fabuleux drinks qu'il sait servir derrière un bar et bien sûr, sa mutation. C'est vrai qu'elle se fiche pas mal du sort des mutants, qu'ils gagnent cette ridicule guerre contre les chasseurs mais elle ne se fiche pas de toutes les gamines prises dans le feu croisé comme elle l'a été six ans plus tôt. Jamais elle ne va encourager la cause hunter, envoyer au bûcher un mutant en le dénonçant... du moins, si elle ne sait pas à l'avance qui il est, s'il laisse derrière lui des gens pour le pleurer. C'est peut-être le cas de Loeven. Alors non, l'idée de le prononcer ne lui a jamais même traversé l'esprit. « Hum... c'est compliqué. J'ai trouvé d'autres moyens. » Mais visiblement, ce semblant d'explication ne semble pas trouver preneur puisque le mutant continue. « J’dis pas que je veux que t’ailles me balancer. Y en a qui savent c’que je suis, c’est pas un secret. J’essaie juste de comprendre pourquoi tu le fais pas alors que t’as tout à y gagner, et que tu ne me dois rien. » Tout à y gagner... Gagner leur confiance qu'elle ne veut que pour trahir ensuite certes, mais c'est sans parler qu'elle perdrait une partie d'elle. Cette rage qu'elle a de poursuivre sans relâche le meurtrier de son père. Tendre une pièce de viande à un loup affamé pour n'en affuter encore plus l'agressivité. Jamais. Qu'il ne comprenne pas ce qui peut bien passer par la tête de la brunette est une chose, mais prétende que tout cela est simple, c'est idiot. Et elle soupire. Elle ne sait pas trop quoi répondre. Elle résiste, la Dryden. Résiste à cette envie de se confier, de se débarrasser d'un poids qu'elle traîne depuis trop longtemps. Pourquoi à Loeven ? Il a une emprise sur les corps, par sur les âmes... Elle ne sait pas. C'est certaine pas simplement pour le fait qu'il sait maintenant qui elle est vraiment ; une vipère qui se cache sous la rose. Elle pourrait facilement garder le silence, lui dire de se mêler de ses affaires mais quelque chose lui dit qu'il ne risque pas de la lâcher de si tôt. Et elle-même voudrait tant savoir comment s'est de vivre avec un pouvoir comme le sien... elle aussi a tellement de questions que ne peut tout simplement pas se défiler. N'arrivant pas à rester en place, elle se détache de son appui sur la citerne et vient de nouveau faire face à Loeven. Cette fois, l'hostilité est tombée, elle se dresse comme elle... comme elle purement et simplement, pas la glaciale tueuse qui voit des menaces partout. « Écoute, t'as raison, j'me fiche pas mal du sort des autres, ok. C'est vrai, on se connaît pas. J'sais pas, t'as peut-être une femme, des gamins, un frère ou une soeur. Des parents vraiment sympas. Alors j'vais pas encourager ses débiles en leur donnant un appât et infliger autant de mal qu'ils m'en ont fait. » Elle sait que c'est hypocrite de tuer des tueurs, c'est se rabaisser à leur niveau mais elle s'en fiche car elle ne les voit plus comme des êtres humains mais des cibles d'entraînement. Du moment qu'ils portent le titre de hunter, il ne mérite plus la retenue. Et même si ça fait d'elle autant un monstre qu'eux, elle s'en fiche. Après toutes ses années, elle continue de voir le visage sans vie de son père à chaque fois qu'elle se réveille le matin. Elle est prisonnière de cette nuit-là et de cette promesse qu'elle s'est faite. Ça lui fait tellement mal, la douleur d'avoir perdu son père que la seule façon de panser ses plaies, s'est d'en infliger sur les chasseurs... sur celui même qui a transpercé son père de flèches sans merci. Repenser à cette nuit vient inviter l'agitation dans son corps et dans ses membres. Elle en envie de faire les cents pas mais elle se retient, se mordant la lèvre un instant dans l'envie de ne rien dévoiler de plus mais c'est plus fort qu'elle, quelque chose chez lui la pousse à baisser sa garde. Putain qu'elle déteste cela, autant que ça la soulage. Elle laisse pourtant échapper un soupir, se rendant à son bourreau. « Tu pourrais pas comprendre... Et y'a rien à comprendre, en fait. Tout ce que je veux, c'est les faire souffrir comme ils m'ont fait souffrir. C'est tout ce qui compte... c'est tout ce qui me reste. Mais j'vais pas les encourager dans leur folie et ajouter un corps de plus dans leur sillage alors, j'ai trouvé une autre façon. » À moins que le cadavre soit celui d'un chasseur ou qu'on lui donne une raison de le faire, ce que Loeven ne lui a jamais donné. La fougue revient lentement dans sa voix à mesurer que la rage qui lui inspire les hunters s'empare d'elle quand elle parle d'eux. Ce n'est que des mais, que des peut-être. Que des situations si complexes et différentes qu'elles échappent à la raison. Elle ne sait pas si c'est noble ou égoïste comme raison mais elle ne se fait pas d'illusions, elle reste une meurtrière. Ne l'ayant pas dénoncé, ne changera jamais cela. Elle sonde sa réaction, cherche à lire une quelconque pensée - un jugement - dans le reflet de ses yeux. Réalisant qu'elle s'est peut-être trop abandonnée à l'impulsivité, elle reprend un peu contenance, toutes les questions sur le jeune homme qui lui reviennent. « Moi ce que je voudrais savoir c'est pourquoi tu n'as pas tué le mec alors qu'il était clairement là pour te tuer. Ça t'indigne pas ? Qu'il s'en donne le droit alors que toi tu t'en prives. » Elle se rapproche un peu, fouettée par le vent, maintenant assez près pour que le corps de Loeven la protège des intempéries. « Et si c'est pas par vengeance ou lui faire regretter cet affront, t'es conscient qu'il n'en serait pas resté là et serait revenu à la charge un jour ou l'autre. Et avec des copains peut-être. » À moins qu'il aime avoir des fusils pointés sur lui, accro à l'adrénaline comme elle... mais de façon bien plus radicale. Les deux incompris, ils se jaugent et se sondent, la jeune femme cherchant elle aussi à comprendre, à essayer de s'imaginer ce que c'est de vivre avec un tel pouvoir, mais aussi avec cette constante crainte de voir un chasseur cogner à sa porte. Non, décidément, c'est une vie qui lui est totalement étrangère et qui la fascine tant...
Dernière édition par Rhaena Dryden le Sam 17 Oct 2015 - 5:41, édité 2 fois |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Dim 11 Oct 2015 - 5:22 | |
| – i hear the secrets that you keep – Quelque chose s’est brisé. Et au fond, il le sait. Il la regarde se remettre face à lui, sans s’éloigner. Il la laisse prendre une posture bien moins fière, bien moins droite. Elle n’a pas l’air de vouloir jouer le jeu de la provocation ; pas cette fois. Des questions trop directes, des paroles trop posées ; il ne s’est pas laissé emporter par ce drôle de jeu qu’elle a tenté de jouer pour s’en tirer. Il n’a pas marché et il est resté là où il était, à la fixer et à attendre de vraies réponses à ses questions. Conscient que quand son tour viendrait, ce serait à lui d’apporter celles qu'il faudrait aux interrogations qu’elle lui poserait. Il le ferait. Sans rechigner, se prêtant à lui rendre la pareille pour montrer sa bonne volonté.
C’est presque étrange, de la voir aussi sincère. Les barrières baissées, les défenses rangées pour un temps. Ne conservant que le cynisme et la froideur pour maintenir un peu de distance entre eux. Une distance qui se réduisait tant à vue d’œil qu’à mesure de paroles. Et il l’écoute lui fournir des explications un peu plus soutenues que la réponse évasive qu’elle avait pu lui donner. Un instant, il est tenté de lui dire qu’il n’a presque personne, et qu’on lui a déjà tout pris. Parce qu’au fond, il n’y a plus qu’Eremon ; la seule raison de sa présence ici, la seule personne pour qui il serait bien capable de tout donner, y compris sa vie. Mais en échange de quoi ? Quelle gratitude avait-il pour se montrer prêt à aller jusque là ? L’autre Dickens en aurait-il seulement fait de même ? Parfois, il en venait à douter. Peu de temps après, il se prenait à se haïr de le remettre ainsi en question. Mais il ne pouvait pas vraiment s'en empêcher. Il ne comprenait plus son aîné. Et malgré tout cela, il ne pouvait se résigner à complètement l’abandonner. C'était après tout la dernière famille qu'il lui restait.
Mais il n’avait ni femmes, ni enfants. Plus de parents, plus de sœur. Plus de meilleure amie non plus. Rien que le vide, la solitude du voyage, et un frère trop impulsif et trop centré sur lui-même pour voir le danger qui les menaçait, lui et ce frère dont il faisait semblant de se soucier, mais qu’il avait mis plus en danger que jamais en venant à Radcliff. Celui qu’il poussait encore une fois à s’exposer dangereusement, rien que pour l’aider. Une aide dont il ne voulait même pas. Ça n’avait plus de sens. Mais le Dickens avait encore quelqu’un à perdre. Alors le raisonnement de sa vis-à-vis tenait. Et il ne dit rien, se contentant d’écouter.
Il la remarque se mordre la lèvre, il l’entend reprendre la parole, et se force à ne pas protester ; il pense comprendre plus que ce qu’elle ne pourrait imaginer. Mais il ne veut pas l’interrompre. Il veut profiter que la barrière est tombée, et éviter de la faire se rebiffer. Si elle avait l’impression qu’il voulait se remettre à sa hauteur, gagner trop de terrain et prétendre comprendre ce qu’elle ressentait, ou qui elle était, il avait peur qu’elle ne se renferme brusquement, et que tout soit terminé. Il avait progressé, et il sentait qu’elle se laissait quelque peu aller ; pourquoi aurait-il risqué de tout stopper ? Alors il la laisse terminer, aussi simplement qu’il laisse le vent froid l’envelopper. Il la détaille et il tente de paraître moins insistant, mais chaque mot qu’elle prononce ne fait qu’attiser davantage sa curiosité, plutôt que de la satisfaire et de la calmer. Et lorsqu’elle se tait, il ne lui répond pas ; pas vraiment. Le léger hochement de tête et le sourire en coin qui se trace sur son visage le font à sa place. La reconnaissance s’est frayé un passage écrasant dans ses yeux, et il n’a aucune gêne à la laisser transparaître. Il apprécie son honnêteté, autant qu’il apprécie son silence auprès de ses pairs, et son respect.
Et comme il s’y attendait, elle lui renvoie l’ascenseur aussitôt qu’elle en a l’occasion. Son sourire s’élargit un peu, l’espace d’une seconde ou deux. Il la laisse se rapprocher un peu, ne se gêne pas pour faire de même, et la mettre ainsi hors d’atteinte du vent. Le froid le faisait frissonner mais ne le gênait pas. Pas plus que la proximité de la jeune femme. Les mains au fond des poches, il la surplombait d’une dizaine de centimètres, sans la quitter des yeux. Et il l’écoutait s’interroger, il l’écoutait chercher des réponses sans en trouver. Perplexe, déstabilisée par un comportement pacifique auquel elle semblait avoir le plus grand mal à adhérer.
Il laisse à nouveau un léger silence glisser entre eux, une fois qu’elle a terminé. La sondant, son sourire quelque peu retombé, mais incapable de disparaître entièrement. Lorsqu’il reprend la parole, son regard s’envole par-dessus la jeune femme, alors qu’il secoue très brièvement la tête. « J’suis né mutant. » Il fronce un instant les sourcils, une moue de légère passant sur ses traits. « Je suis pas né monstre ou tueur, comme ils le font croire pour justifier leurs actes. » Ses yeux retombent sur Rhaena, et il la détaille en silence, quelques instants, avant de reprendre. « J'veux pas rentrer dans leur jeu, et leur donner une bonne raison de m’abattre. Je me suis toujours débrouillé pour m’en tirer sans leur ôter la vie, et tant que je pourrai le faire, je le ferai. La question n’est pas que ça m’indigne ou que ça ne m’indigne pas. Je refuse de me mettre à leur niveau, c'est tout. » J'espère que je vaux mieux que ça. Il ne la lâche pas des yeux, brûlant de toutes ces belles paroles, de toutes ces belles idées. « Et je sais que si un jour je n’ai pas d’autre choix que de tuer, je le ferai. Mais tant que je peux éviter, je préfère ne pas leur donner de motif de vengeance. Ils n’ont pas besoin de ça pour vouloir me rayer de la surface de la terre. » Le vent lui tire un frisson, mais il continue, sans y prêter attention. « Ils m’ont déjà donné un motif valable pour vouloir les tuer. La prochaine fois, je ne les épargnerai pas, mais tant que je n’y suis pas, pourquoi est-ce que je me lancerai dans une vendetta inconsidérée ? Pour venger les autres, et les proches qu’eux auraient perdu ? » Il secoue un instant la tête. Se mord l’intérieur de la lèvre. Son sourire a disparu, ses sourcils se sont froncés et la ride qui barre son front s’est creusée. Il détourne les yeux, regarde ailleurs. Soudainement, le contact visuel lui est devenu difficile. Lyanna est remontée à la surface beaucoup trop rapidement, beaucoup trop brutalement. Ses mains s’enfoncent au fond de ses poches, ses épaules se contractent et se lèvent doucement, comme pour l’aider à se tenir chaud. Et le murmure se perd, concluant une tirade qu’il regrette déjà, propice à un jugement qu’il a peur de voir venir. « On a tous quelqu’un à venger. C’est un cycle sans fin, ça ne s’arrêtera jamais. J’refuse de rentrer là-dedans, et de me servir de ce qu’ils considèrent comme une monstruosité pour leur donner raison. » Mais j’aurais pu la sauver. J’aurais été là, j’aurais sauvé Lyanna. J’aurais pu empêcher cet homme de lui faire du mal. J’aurais pu empêcher tout ce qui est arrivé.
Le poids de la culpabilité s’abat sans crier gare, et il s’efforce de se détendre. Ses épaules se relâchent doucement, son visage se perd à nouveau dans l’impassibilité. Son regard ne revient pas vers la jeune femme. Il pense à Lyanna, il pense à tout ce qu’il aurait pu empêcher d’arriver. Mais il n’était pas là. Il n’avait rien pu faire, et quelles que soient les remises en question, ça n’aurait rien changé. Il était condamné à vivre avec ces regrets lancinants, et l’idée qu’il aurait pu la sauver, s’il était arrivé à temps. Et maintenant, il n’a plus qu’Eremon. Le seul qu’il puisse encore protéger. Le seul qu’il devrait encore essayer de sauver. Peut-être aurait-il pu empêcher d’autres horreurs d’arriver, d’autres familles de souffrir des membres arrachés. Mais ç’aurait été jouer les putains de héros. Jouer les dieux, se prendre pour un tout-puissant qu'il était bien loin d’être. Au bout du compte, il n’était qu’humain. Rien de plus qu’un bête et faible être humain, aussi vulnérable que n’importe qui.
Alors peut-être qu’elle pensait qu’il ne pouvait pas comprendre. Peut-être qu’elle croyait être la seule à avoir un motif de vengeance, ou que la perte d’un être cher entraînait forcément une réponse par la guerre. Lui pensait que chacun avait sa manière d'agir, sa manière se relever et d'endurer le deuil. Il aurait été incapable de lui fournir des explications plus approfondies. Il savait que toutes ces idées n’étaient qu’utopie, et qu’une belle mentalité n’empêcherait personne de presser la détente. Mais il voulait conserver le peu d’intégrité qu’il avait encore ; le peu qu’il lui restait. La seule chose, peut-être, qui avait autant de valeur que la vie de son frère, à ses yeux.
Mais il savait, au fond de lui, que si le jour arrivait où il devait choisir, c’était cette intégrité qu’il sacrifierait, sans même ciller. Il deviendrait alors ce que ces gens avaient toujours voulu qu’il soit. Il deviendrait comme les autres. Un animal à traquer, un ennemi à abattre. Il priait pour que ce jour n’arrive jamais. Bien qu’au fond de lui, il pressentît qu’il ne s’agissait plus que d’une question de temps.
Ce jour viendrait. Et à ce moment-là, qu’il soit prêt ou pas, il signerait son entrée dans un monde qu’il avait toujours redouté.
Ce jour-là, ils auraient gagné. (c) elephant song. |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Mar 13 Oct 2015 - 2:49 | |
| unsung and lost, invisible to history — loeven & rhaena — Pourquoi la regarde-t-il ainsi ? Pas d'un regard plein de jugement mais seulement intrigué. Un regard qui approuve pratiquement avec elle. Ça la perturbe plus qu'elle ne veut se l'avouer. Elle s'est tellement convaincue depuis six ans qu'elle n'est qu'une tueuse sans pitié qu'elle s'est toujours dit qu'elle ne méritait pas cette forme d'indifférence que lui projette Loeven. Elle a transpercé le crâne d'un autre être humain... juste avec ça, il devrait être à milles lieux d'ici, pas à quelques centimètres à la protéger du vent froid. Elle a beau essayer de lui montrer la vipère, la fille arrogante et détestable, il ne fuit pas mais reste à l'écoute et ne lui jette pas la première pierre. Monstre, au bûcher ! ce devrait être cela sa réaction plutôt que ce sourire qui intime la confiance alors qu'elle voudrait y voir là une menace, rictus mesquin qui n'annonce qu'un couteau dans le dos. Mais non, il ne la presse pas. Il ne dit rien et laisse les explications couler sans chercher à la percer encore plus. De toute façon, elle ne pense pas qu'elle en serait capable. Elle ne veut pas parler de son père ou de son meurtrier. Elle ne veut pas revivre cette nuit même si ce n'est qu'en la racontant. Non, elle a trop parlé déjà, les murailles de son coeur s'effondre trop vite, elle doit retrouver son bouclier de glace qui l'a toujours protégée. Il a l'air d'apprécier l'honnêteté de la jeune femme qui fait face à des sensations nouvelles, qu'elle tâtonne comme un animal craintif qui découvre un nouveau territoire. Alors, elle retrouve un peu les frontières de sa solitude en rejetant les questions sur lui. Le projecteur lui brûlant la peau à lui. C'est cruel, ce petit jeu mais c'est sa seule défense. Le ricochet... une stratégie classique de combat. Car pour elle, se dévoiler autant c'est comme un champ de bataille après tout. Elle a l'impression de marcher sur un champ de mine, le sol pouvant s'effondrer à ses pieds à tout instant, dès qu'elle ose avancer trop loin. Mais plus qu'une défense, c'est une façon de percer le mystère du mutant. Elle est fascinée par son pouvoir mais surtout sa passivité à l'utiliser. Elle ? Elle aurait tordu le cou de son agresseur dès qu'il aurait posé le pied dans la ruelle. Loeven, lui ? Qu'aurait-il fait si elle n'avait pas été là ? Serait-il devenu un énième cadavre du clan mutant à joncher le sol ? Une victime de plus. Une âme qui allait rejoindre celle de son père. Alors les questions lui échappent dans un ton rempli d'incompréhension qu'elle ne cache pas. Elle est même indignée pour lui, pour tous les mutants. Aux yeux de la Dryden, cette inaction lui paraît être une faiblesse mais au fond, c'est peut-être la preuve d'une force d'esprit qu'elle n'aura jamais. La force de se contrôler. Car elle, les émotions vives lui font trop mal, elle doit agir, elle doit punir pour ne pas qu'elles la consument plus qu'elles ne le font déjà. C'est le seul antidote qu'elle a trouvé au deuil et à la douleur. La loi du talion est la seule loi qui compte aux yeux de la brune. À quand son heure à elle ? Pas tant qu'elle n'aura pas assouvi sa vengeance. Pas tant qu'elle n'aura pas trouvé un moyen de tuer l'assassin de son père. C'est seulement suite à cela qu'elle sera vraiment comblée, prête à accueillir un sort que le destin aura choisi pour elle. En attendant, elle se bat corps et âme à sa cause, s'assurant de ne laisser entrer personne entre les murs de son âme pour la détourner de sa mission vitale... jusqu'à ce que Loeven se faufile jusqu'à elle par un coup du hasard sans qu'elle n'ait réalisé ce qui était en train de se passer. Mais maintenant, c'est à lui de faire tomber les murs pendant qu'elle essaie de reconstruire les siens. « J’suis né mutant. Je suis pas né monstre ou tueur, comme ils le font croire pour justifier leurs actes. J'veux pas rentrer dans leur jeu, et leur donner une bonne raison de m’abattre. Je me suis toujours débrouillé pour m’en tirer sans leur ôter la vie, et tant que je pourrai le faire, je le ferai. La question n’est pas que ça m’indigne ou que ça ne m’indigne pas. Je refuse de me mettre à leur niveau, c'est tout. » Déjà, elle veut protester. Déjà, elle voudrait le provoquer, l'amener à ne pas laisser les chasseurs s'en tirer aussi facilement par simple prétexte qu'il ne faut pas leur donner raison de le craindre. Car par ses simples mots, elle sait déjà où cela s'en va. Ne pas leur donner de motif ni de raisons de le craindre. C'est bien noble mais infructueux. Du moment qu'il naît mutant, il inspire la peur. Peu importe s'il décide d'utiliser son pouvoir pour le bien ou pour ne pas leur donner de raison comme il semble dire, les humains lambdas se sentent impuissants face à de tels êtres. La seule réponse est la défense... par l'attaque. D'une façon, elle peut comprendre cette peur car après tout, n'est-elle pas impuissante face à Loeven qui pourrait facilement la faire se jeter en bas de l'immeuble ou se transpercer de ses propres flèches d'un mouvement de main. Mais bon, elle préfère se défendre que de frapper la première. Et de toute façon, il n'a même pas tué celui-là même qui était venu l'assassiner, pourquoi se retourner contre sa sauveuse ? Les chasseurs n'ont pas besoin de raison pour tuer comme ils le font. En fait, elle ne comprendra jamais pourquoi ils font couler autant de sang, l'entraînant elle aussi dans cette guerre inhumaine. Par contre, elle ne dit rien... essayant pour une fois de comprendre ce que les autres voient mais pas elle. « Et je sais que si un jour je n’ai pas d’autre choix que de tuer, je le ferai. Mais tant que je peux éviter, je préfère ne pas leur donner de motif de vengeance. Ils n’ont pas besoin de ça pour vouloir me rayer de la surface de la terre. Ils m’ont déjà donné un motif valable pour vouloir les tuer. La prochaine fois, je ne les épargnerai pas, mais tant que je n’y suis pas, pourquoi est-ce que je me lancerai dans une vendetta inconsidérée ? Pour venger les autres, et les proches qu’eux auraient perdu ? » Elle ne peut s'empêcher cette fois d'avoir l'air surprise. Alors lui aussi a perdu quelqu'un aux mains de chasseurs ? Et il a tant de retenue ? Elle n'arrive pas à se faire à cette idée. Ça lui est trop étranger, trop sage. C'est sûrement qu'il a fait son deuil aussi. Car Rhaena, elle, ne s'est jamais remise de la mort de son père. Elle ne s'imagine pas sans cette haine qui la nourrit depuis tant d'années. Cette rage qui lui a permis de reprendre l'empire criminel de son père malgré les mauvaises langues qui croyaient qu'elle n'avait pas sa place. Ou encore, qu'il a la force de pardonner l'ignorance et les erreurs des autres même si cela a coûté la vie à un de ses proches. Ou c'est de l'idiotie, mais elle en doute. Loeven a ce regard brillant, il n'a pas l'air idiot, loin de là. Mais alors qu'est-ce que c'est ? Ce petit discours ne fait que la décontenancer davantage. « On a tous quelqu’un à venger. C’est un cycle sans fin, ça ne s’arrêtera jamais. J’refuse de rentrer là-dedans, et de me servir de ce qu’ils considèrent comme une monstruosité pour leur donner raison. » Il a l'air troublé. Presque vulnérable comme si elle vient de toucher un point sensible d'un passé que tous essaient d'oublier. Elle, lui, les autres proches de victimes des chasseurs. Elle, elle n'en a jamais été capable mais on dirait que Loeven vient d'être ramené vers une époque trop douloureuse pour même y penser. Prise au dépourvu, elle ne sait pas quoi faire. Comment agir ni quoi dire. Le réconfort, soulager le mal des autres, elle ne sait pas faire. Tout ce qu'elle sait faire c'est infliger le mal. Elle n'a jamais eu besoin de panser les douleurs de l'âme. N'a jamais voulu le faire en tout cas. Pourquoi voir Loeven comme ça l'affecte autant alors ? Parce qu'il a percé ses barrières et ne s'est pas enfui, ne l'a pas jugée ? Parce que ça lui fait du bien de ne soudain pour se sentir étouffée par sa haine venimeuse ? Pourtant c'est plus fort qu'elle, ça l'affecte. Elle voudrait faire quelque chose, dire quelque chose pour soulager les maux du passé qui semblent l'affliger soudain. Mais elle garde un instant le silence. Elle veut lui demander, qui, quoi, comment, à quel endroit. Tous les détails de ce passé qu'il semble revivre. Cependant, elle ne le fait pas. Elle ne voudrait pas qu'on lui demande ce genre de choses à elle, alors elle n'a pas l'intention de l'asséner lui à coups d'interrogations trop indiscrètes. Tout ce qu'elle sait faire c'est revenir à cette colère qu'elle ressent face aux hunters. Elle a toujours su qu'elle n'est pas la seule dans sa situation mais ça ne l'avait jamais frappée autant que maintenant. Car elle a toujours été purement centrée sur sa propre douleur qu'elle n'a jamais fait attention aux autres. Mais là, sur ce toit aux côtés de Loeven, ça la rattrape au galop. Elle se sent même en colère pour lui, l'empathie violente de la vengeance. « C'est que t'as encore quelque chose ou quelqu'un à qui t'accrocher. Mais une fois qu'ils te l'auront enlevé - et ils vont te l'enlever, crois-moi - tu vas voir, ça laisse un vide que seules la rage et le désir de vengeance arrivent à combler. » Ça n'a rien de rassurant. Rien pour réconforter. Plus que jamais, elle se sent vraiment nulle dans ce genre de situation. Les seuls mots qu'elle arrive à recracher sont ceux de l'amère envie de tuer ceux qui lui ont arraché ce qui est à elle. « Et je sais de quoi je parle. » Voilà, elle est égoïste, il n'y en a toujours que pour elle. Que pour sa douleur et sa rage qui la dévore, lui empêchant d'avoir un coeur. L'empêchant d'agir normalement, avec bonté et d'offrir du réconfort. « Si tu veux un conseil, n'attends pas qu'il soit trop tard. C'est bien beau l'intégrité, tout ça mais les morts, ils sont morts, on peut pas les ramener. Tandis que l'honneur, c'est jamais perdu, on peut toujours la regagner. » Elle s'avance et lève la tête pour attirer son regard dans le sien, le sortir de sa léthargie alors qu'elle glisse sa main sur son avant-bras avant de tout de suite la refourrer dans sa poche. Brûlure du froid ou d'une soudaine proximité ? Elle plante son regard dans le sien alors qu'elle réussit à le re-capturer, entrouvre ses lèvres pulpeuses dans l'intention d'ajouter quelque chose, n'importe quoi pour la sortir de la nostalgie qui les enveloppe trop dangereusement. Mais soudain, elle entend des voix faibles dans la nuit provenant de la rue. Sauvée par la cloche... ou plutôt probablement des hunters qui doivent chercher leur collègue pourrissant déjà dans la benne à ordures. Figée comme une statue, elle tend l'oreille, tournant la tête vers la provenance du bruit pour mieux entendre. Elle ose à peine respirer, revenant aux côtés de Loeven pour se dissimuler dans l'ombre de la citerne. Ils attendent ainsi dans le silence le plus complet, le coeur de Rhaena qui pompe à une vitesse folle sous l'adrénaline d'être repérés. Heureusement, après un moment, les voix s'évanouissent. Visiblement, elle avait raison, le toit était le parfait refuge. Ce toit serait à jamais leur secret, à elle et Loeven. Et pendant que l’adrénaline soudaine s'évapore de ses veines, elle réalise qu'elle est épuisée. Par la chasse mais aussi cette force avec laquelle elle tente de résister, à garder ses murs élevés mais en vain. Elle n'a plus de forces, ses jambes tremblent et elle se laisse glisser, son derrière s’affaissant sur le sol, ses genoux pliés devant elle. Le regard fixé droit devant elle sans le lever sur Loeven, elle murmure dans la nuit. « Si ça peut te rassurer, à mes yeux ce sera toujours eux les monstres. » Eux, les chasseurs. Ceux qui arrachent des vies et forcent des gens comme Loeven à des extrêmes dont ils n'ont rien demandé. Et si ça fait d'elle un monstre aussi pour jouer à leur petit jeu alors qu'il en soit ainsi, elle l'assumera. Mais est-ce qu'un mutant qui ne cherche qu'à se défendre en est vraiment un ? Non. Si seulement il pouvait le comprendre... elle voudrait lui faire comprendre mais elle ne dit rien, avalant de grandes bouffées d'air alors que le calme revient autour d'eux. |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Mer 28 Oct 2015 - 2:36 | |
| – how many secrets can you keep ? – Il ne lui ferait pas entendre raison. Il le savait et, au fond de lui, sûrement n’en avait-il pas l’intention. Exposer son point de vue, essayer de lui faire comprendre la position délicate dans laquelle il se trouvait ; c’était là tout l’intérêt de lui tenir ces propos. Elle écoutait, et il le savait. Elle accueillait ce que son passif à elle lui permettait de bien vouloir accueillir, et elle rejetait le reste, le plus simplement au monde. Tout comme lui rejetait l’idée de tuer bêtement et simplement, et de devenir le monstre qu’on voulait le faire devenir. La différence entre elle et lui, c’était qu’elle tuait avec des armes autorisées, des armes normales, humaines. Des armes dont lui ne se serait jamais servi. Par peur, d’abord. Et puis, parce qu’il n’en avait simplement pas besoin. Pourquoi être arrêté pour port d’arme sans permis, alors qu’il pouvait, en un banal mouvement de la main, tordre de la manière la plus cruelle au monde les membres de ceux qui lui auraient voulu du mal ? Il suffisait se contrôler la tête et le buste. De forcer celui-ci à rester en place, et celle-là à faire un tour sur elle-même. Il lui aurait suffi de deux doigts pour mettre fin à une vie. Et en cela, il était monstrueux. Aux yeux des humains, aux yeux de ces chasseurs, et à ses propres yeux également. Il était hors de question de sombrer dans cette idée, et de se laisser aller à devenir comme toutes ces abominations qui nuisaient à la cause mutante ; tous ceux qui se servaient de leurs dons pour faire le mal, et qui rendait impossible toute rédemption auprès de la population humaine lambda.
Il l’écoute et il l’entend, la jolie brune, ses arguments frappants et son expérience évidente. Il sait qu’elle a raison, et il sait qu’un jour, on risque de lui prendre Eremon. Peut-être simplement pour tenter de l’attraper, pour lui faire payer le prix de ces années à leur échapper. Mais il ne veut pas se résoudre à l’admettre perdu. Il est revenu pour le protéger, revenu pour veiller sur lui. Vacciné, son frère risquait moins. Mais dans cette ville de fous, rien ni personne n’était à l’abri d’un accidentel malheur ; pas même les anciens mutants, privés de leurs capacités. « Tu peux le regagner aux yeux des autres. Mais à tes propres yeux, si tu ne cautionnes pas ce que tu as fait, c’est tout de suite plus compliqué. » Il sent sa main sur son avant-bras, et la voit retirer précipitamment son geste, du coin de l’œil. Pas de remarque, pas de gêne. Il l’a laissée s’avancer, se cacher dans la silhouette de paravent naturel qu’il lui offrait. Elle semble sur le point d’ajouter quelque chose, lorsque des pas et des voix résonnent en contrebas. Immédiatement, les deux se fondent contre la citerne, ombres habilement dissimulées. Et il se tait, le dégénéré. Levant les yeux vers le ciel qui se dégage peu à peu, le cœur battant. Désireux d’éviter qu’on les trouve, d’éviter la répétition d’une situation désagréable, qui occuperait déjà suffisamment ses pensées pour le reste de la soirée. Il tend l’oreille, l’ouïe affinée par les effets secondaires du vaccin qu’on lui avait injecté. Il entend les voix chercher le chasseur manquant à l’appel, et s’éloigner. Se dire qu’il a sûrement dû remplir sa mission ailleurs, et ne pas s’attarder dans une impasse. Parfaite pour cacher un corps, mais ils ne pensent pas qu’il soit mort. Pas encore.
Lorsqu’ils s’éloignent enfin, il laisse ses yeux retomber sur la silhouette féminine à ses côtés. Il la voit s’affaisser lentement contre la citerne jusqu’à s’asseoir, recroquevillée sur elle-même. Son murmure s’évade dans la nuit, alors que l’homme la fixe. Incapable de détacher ses prunelles de cette soudaine faiblesse qu’il sent émaner d’elle. Cet épuisement qu’elle laisse entrevoir, elle, la femme forte et fière qui n’avait pas l’air du genre à montrer ses réelles émotions. Et il s’en sent touché, le mutant, allant jusqu’à s’accroupir un peu à ses côtés, le dos contre la citerne, le cœur peinant à retrouver un rythme calme et viable. Trop d’émotions pour la soirée. « Pour moi aussi. » Et il tourne la tête vers elle, l’observe quelques instants. Son visage caché par un rideau de cheveux bruns, mais la courbe du nez, des lèvres et du menton qu’il aperçoit. « Mais merci. »
Merci pour quoi ? Pour le voir comme un être humain ? Pour appuyer l’idée qu’il n’est pas un monstre, même s’il en venait à tuer ? Les cinq petites lettres étaient venues le plus naturellement au monde, et il n’arrivait pas encore à les regretter. Ses yeux s’enfuirent un instant vers le reste du toit. Regard circulaire, cherchant à se resituer. Un frisson ; autant du froid que des souvenirs de la soirée. La peur s’est estompée, mais il ne se sentira mieux qu’une fois chez lui. Il lui proposerait bien de venir s’y réchauffer, sans la moindre arrière-pensée. Mais les mots restent bloqués dans sa gorge ; comme s’il sentait qu’il y avait mieux à faire, qu’elle avait mieux à penser, mieux à s’occuper. Et il se contente de se relever, s’appuyant sur ses genoux pour se redresser. « On se gèle. On devrait rentrer, avant qu’ils n’aient l’idée de revenir fouiller un peu mieux les environs. » Sage décision. Il fait un pas léger, sort de l’ombre de la citerne. Les présences indésirables se sont éloignées, mais elles ne tarderont pas à revenir mettre le nez dans les parages. Leur ami va manquer à l’appel, et ils finiront bien par vouloir le retrouver. Et ils inspecteront peut-être les toits, à ce moment-là. Juste au cas où. Mieux valait être parti avant. Mieux valait avoir tout bonnement foutu le camp.
Il la regarde à nouveau, quelques instants. Ses mains reviennent naturellement se loger au fond de ses poches. Il attend. Attend qu’elle parte en premier, attend qu’elle file comme elle est arrivée. Ombre insaisissable, qu’il ne reverra peut-être jamais. « Je crois que tu vas devoir te trouver un autre bar auquel aller boire. Le petit break forcé de ce soir risque de s’éterniser. » C’est en prononçant ces simples mots qu’il réalise que c’est terminé. Qu’il est à nouveau sans-emploi et que l’habitude qu’il avait prise de croiser ces traits familiers touchaient à sa fin. À moins qu’elle ne lui sauve à nouveau la vie au détour d’une ruelle, il n’avait que très peu de chances de la revoir. Autrement qu’à la télé, en compagnie du maire, en tout cas. Et à ce propos. « Fais gaffe à toi. » Même si c’est elle qui vient de lui sauver la peau, il ne peut pas s’en empêcher. Elle se met constamment en danger, et elle le lui a habilement confirmé. Une inquiétude qui ne devrait pas avoir lieu d’être s’est installée naturellement, et il n’est pas capable de retenir les mots. Il espère, au fond de lui, qu’elle arrivera au bout. Qu’elle leur fera payer, et qu’ils ne pourront jamais oublier le coup de poignard qu’elle leur aura asséné.
Mais pour l’heure, mieux valait se retirer. L’ombre sur laquelle on avait braqué les projecteurs méritait de disparaître à nouveau dans l’obscurité. Sa soirée à lui était terminée. (c) elephant song. |
| | | | Sujet: Re: unsung and lost, invisible to history. (rhaeven) Jeu 29 Oct 2015 - 9:28 | |
| unsung and lost, invisible to history — loeven & rhaena — Les souvenirs qui tourbillonnent dans ses tempes à en donner la migraine. Le besoin de se convaincre que ce qu'elle fait est la seule solution alors que c'est loin d'être le cas. Ce n'est qu'un cercle vicieux qui ne prendra jamais fait. Mais elle est lâche - dans le sens où - elle ne veut pas lâcher prise sur cette colère qui la fait avancer depuis les dernières années. C'est la seule chose qui lui reste. L'empire criminel de son père, elle s'en fout. C'est un héritage qui n'a qu'une valeur monétaire à ses yeux. Aucune sentimentalité dans le fait d'avoir repris le poste de son père. Elle n'a plus de mère non plus. Pas de frère ou de soeur pour partager ses peines et ses joies. Des amis ? Qu'une façade pour se faire des alliés et obtenir ce qu'elle désire. Et l'Amour ? C'est un sentiment presque ennemi au coeur noir de la brune. Ou du moins, le seul amour qu'elle se permet est soit sa vengeance qu'elle en vient presque à vénérer, ou alors les âmes solitaires d'une nuit. Rien ni personne n'a réussit à lui faire oublier la hargne qui la pourrit de l'intérieur et qui ne porte qu'à faire fuir ceux qui s'approchent trop. Du moins c'est ce qu'elle s'était imaginé si son masque tombait un jour. Comme ce soir. Pourtant, Loeven ne semble pas la juger. Après tout, si elle n'avait pas décidée de venger le paternel Duncan, elle ne serait pas là cette nuit pour le sortir de ce mauvais pas. Alors, l'honneur, on repassera. Elle n'en a jamais eu besoin, ce n'est pas elle qui va lui apporter la délicieuse sensation d'arracher la vie au meurtrier de son père. Elle ne peut compter que sur elle et personne d'autre. L'habitude qui fait maintenant partie d'elle. « Tu peux le regagner aux yeux des autres. Mais à tes propres yeux, si tu ne cautionnes pas ce que tu as fait, c’est tout de suite plus compliqué. » Les autres... ils sont difficiles les autres. Et puis qui sont-ils ? Valent-ils vraiment la peine de chercher les excuses et leur approbation alors qu'ils ne font partie que d'un immense spectacle puant l'hypocrisie. Il faut savoir les manœuvrer, les autres, pour gagner leur confiance alors juste imaginer de regagner un respect perdu à leurs yeux après avoir été durement gagné, elle ne peut imaginer ce que ce serait dans son cas, être soi-même capable de se regarder dans le miroir. Et c'est ce qu'elle faisait chaque jour. Dans ce reflet, elle ne voyait qu'une poupée brisée qui garde la tête haute et qui laisse la noirceur malmener son âme puisque c'est la seule chose qui arrive à la soulager. La nymphe ne peut répondre que des bruits leurs parviennent et ils se dissimulent dans la noirceur de la citerne. Une fois que le danger semble être passé et qu'elle se laisse aller à se recroqueviller, elle garde le regard droit devant elle. « Pour moi aussi. Mais merci. » Elle perçoit du coin de l'oeil qu'il s’affaisse légèrement lui aussi, sans se mettre totalement à sa hauteur. Le remerciement qui lui tire un rictus arrogant sur les lèvres. Plein d’orgueil. Fantomatique et pâle qui n'est de passage sur ses lèvres que pour une milliseconde. « On se gèle. On devrait rentrer, avant qu’ils n’aient l’idée de revenir fouiller un peu mieux les environs. Je crois que tu vas devoir te trouver un autre bar auquel aller boire. Le petit break forcé de ce soir risque de s’éterniser. » En effet, c'est toujours mieux de ne pas tenter le Destin. De s'amuser à ses dépends et de se croire intouchable. La brune a beau être arrogante, elle sait aussi analyser une situation. Et la précarité dans laquelle elle se trouve présentement lui saute aux yeux. Autant en ce qui a trait au masque brisé en milles morceaux que le danger de voir débarquer des Hunters sur le toit. Elle doit se reprendre, se secouer. Agilement, elle se relève donc presque aussitôt qu'elle s'est affaissée au sol comme une poupée de chiffons massacrée par les années qui passent. Elle retrouve vite sa posture droite et froide. « Ouais... c'est peut-être mieux de disparaître. » Un murmure qui se perd dans la nuit. À moitié pour elle, l'autre moitié en guise de réponse au grand brun. Elle essaie d'écouter les environs pour s'assurer que la voie serait libre pour toute tentative de retourner se réfugier en lieu sûr. La voix du jeune homme s'élève une nouvelle fois et c'est seulement à ce moment qu'elle porte son attention sur lui, les paroles lui provoquant une drôle de sensation. Nouvelle et inconnue. « Fais gaffe à toi. » Pas de toi aussi. Aucun remerciement. Elle ne fait que rester plantée là quelques instants à le jauger silencieusement. Elle n'est pas certaine de bien avoir entendu. En fait, elle ne croit pas avoir jamais entendu personne s'inquiéter de son sort et encore moins lui souhaiter d'être prudente. En quoi ça l'affectait après tout ? Une façon de la remercier de lui avoir sauvé la vie peut-être. Elle le regarde. Pesant le pour et le contre. C'est probablement juste une politesse. Et elle ne le mérite pas vraiment. C'est le hasard qui avait mis la jeune femme sur le chemin qui a permis de le sauver ce soir. Elle ne mérite pas une telle attention. Elle se sent presque comme un animal sauvage et c'est ainsi qu'elle se défile, tournant les talons sans dire un mot de plus et se faufiler, féline, dans la nuit. Pas de regards en arrière ou de hochements de tête pour le remercier. La belle aux airs sauvages qui retourne dans son état naturel ; la noirceur des rues dangereuses de Radcliff. Les deux combattants qui s'analysent déjà depuis un moment rencontrés au détour du Destin dans la ruelle servant de tombeau au malheureux hunter tombé sous la flèche mortelle et le pouvoir impérieux du mutant, ils se quittent. Les chemins qui se séparent et peut-être pour toujours. Oh, mais non. Elle pense déjà au lendemain, aux moyens de s'assurer que son secret en reste un. S'informer, essayer de savoir le plus de chose sur le grand brun. Car l'information est la meilleure défense. Et une fois rassurée seulement, elle peut passer à autre chose. Laisser cette nuit et la ruelle derrière elle pour avancer toujours un peu plus vers l'éclat victorieux d'une vendetta assouvie. THE END
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