Trop c'est trop. Voilà ce qui passa par la tête des derniers petits neurones puritains avant une combustion spontanée les laissant saignant et hagard sur le pavé de sa matière grise. Les neurones normaux – car oui, ils existaient – constataient les dégâts avec consternation et amusement. Trop rapides, disaient-certains. Bien fait pour eux, disaient les autres. Toujours était il que, lorsque les lèvres de Seth s'était posées sur son cou, Bob avait légèrement perdu le contrôle. Sa paupière tressaillit, son nez se retroussa un peu tandis qu'il essayait désespérément de réagir d'une façon ou d'une autre. Les outils dans les mains chutèrent et roulèrent de la table d'atelier au sol et du sol jusqu'à un meuble qui émit un « klong » paresseux qui semblait vouloir dire « surtout, ne me mélez pas à ça. Je suis une cantine, pas une aide matrimoniale, merde ». Doucement, Bob ramena ses mains à lui, son cerveau redémarrant lentement. Est.... ce.....Que........ Il.... vient.... de.... faiiiiire.... OH MON DIEU. La réalisation de ce qui venait de se passer était comme un gros poing en plein visage. Qu'est-ce que c'était que ces conneries ? Pourquoi diable ? Comment ? De quel ? Bob ne parvenait plus à refléchir. Plus du tout. Il savait qu'il était surpris, qu'il avait trouvé ça agréable, que ça l'avait été d'autant plus que c'était Seth et qu'il aimait bien Seth. Qu'il aimait bien ?

*Attends, attends, attends, fit- esprit Bob, tu te voilerais pas un peu la face.*

Cela se traduisit dans la réalité comme ceci : Bob se redressa d'un coup violemment, explosant son genou contre le meuble, lui arrachant un juron de colère qui eut le mérite de le soulager un peu de a pression exercé par son crane sur tout le reste de sa personne.
La réaction paraissait probablement disproportionnée, elle l'était sauf que lorsqu'on est déjà choqué par un calin, un simple calin, alors un bisou dans le cou. Ben... C'est comme une tarte dans la gueule faite par un bucheron géant de 10 mètres 50. Bob était étourdi, un peu faché, curieux, particulièrement perdu et surtout, là, il voulait fuir. Il voulait se cacher, rester dans un trou et ne pas en sortir pour au moins un millénaire ou deux, le temps que les choses se tassent dans sa tête et qu'il trouve une bonne excuse pour se dire que tout ça n'était rien. Sauf que....

* « Sauf que tu l'as invité à dormir, gros débile ! » Persifla-esprit Bob, entre moquerie et colère.*

Bien entendu qu'il avait fait cette connerie, bien entendu aussi que Seth ne bougerait pas d'un iota en comprenant toute la mesure du trouble de l'homme grenouille si jamais celui-ci tentait de le mettre dehors. Ca serait long et chiant et....

* « Et pire. Il va faire pire. Ou mieux... Bref, ça va être pire »*, argua avec bon sens esprit Bob ce qui eut pour effet de faire hocher la tête du Bob de chair et d'os devant son atelier. Il fit soudainement volte face, ses yeux tombèrent sur Seth, il les détourna aussitôt devenant rouge comme une pivoine et ses striures pulsant plus fort et plus violemment que jamais. Il détailla le sol puis la porte, objectif de la mission cap'taine bob ? Trouver un moyen de fuir, trouver une bonne raison de fuir. Là. Maintenant. Tout de suite. Bob haussa les sourcils et s'il avait connu l'expression, il aurait gueulé « Eurekâ ! ». Il se contenta de cligner des yeux, séparément, les poings serrés sans trop réalisés. On était au beau milieu de la nuit, il était tard, demain, il devrait aller relever ses pièges et par conséquent :

« J'vais me coucher. T'sais où est ton lit. Eteins quand t'as fini. » lacha Bob à la chaine, sans prendre le temps de respirer, ni même regarder Seth avant de partir d'une démarche raide et d'aller s'enfermer dans sa chambre. Il s'assit sur son lit, hagard et posa la main sur l'endroit que Seth avait embrassé avant de regarder ses doigts, comme si ça l'avait taché. Il fronça les sourcils dans le noir, faisant sa mauvaise tête à l'obscurité. Hamilton sauta sur son lit et vint se frotter contre lui. Il caressa gentiment son chat avant de s'étaler dans son lit. Bordel, il fallait qu'il dorme pour ne plus réfléchir et s'était déjà bien mal barré. Il soupira et murmura.

« Putain mais qu'est-ce qui s'passe... »