Sujet: Chasing the sun [ft. Bob] Dim 4 Oct 2015 - 1:48
Chasing the sun
Seth & Bob
Radcliff était en train de se changer en la Berlin du troisième Reich. En tout cas, c’était l’impression qu’en avait Seth. Depuis l’assassinat du président des Etats-Unis, tout partait à vau-l’eau. Déjà que la situation des mutants n’était pas très reluisante, là, les choses prenaient une tournure catastrophique. Toutes les personnes à pouvoirs étaient traitées comme des bêtes par leurs opposants, les chasseurs avaient tous les droits, et la petite milice privée de Thaddeus ressemblait furieusement à une certaine armée en noir qui avait foulé l’Europe du pied en partant d’Allemagne quelques décennies plus tôt. La ville était en train de devenir une mini dictature et personne ne pourrait empêcher le maire de lancer ses soldats armés jusqu’aux dents dans les rues de la cité, lançant une véritable inquisition pour tuer les mutants et tous leurs partisans, qu’ils soient humains ou non. Le trafiquant avait perdu cinq hommes depuis le début de cette chasse aux sorcières. Deux étaient mutants, un était marié à une mutante, et les deux autres avaient juste eu le malheur d’être plus tolérants que les soldats qui les avait tués d’une balle dans la tête. Plus le temps passait, plus le Calédonien devenait radical dans ses opérations. Il n’était rallié à aucun groupe, ni Uprising ni Insurgency, mais il ne se gênait pas pour mettre des bâtons dans les roues des hunters. Que ce soit en pillant leurs bases de données ou en incendiant les lieux où il savait qu’ils se retrouvaient, il faisait tout pour leur compliquer la tâche. Et s’il devait être pris un jour, eh bien tant pis : au moins il mourrait comme il avait toujours vécu, la tête haute et l’air moqueur. Tant qu’il était sûr que ses amis ne souffriraient pas après lui, il s’en fichait. Toutes les vies se finissaient un jour ou l’autre, et il n’avait définitivement pas choisi un chemin sûr pour vivre la sienne. Il avait été capturé, torturé, on lui avait tiré dessus, il avait été poignardé, empoisonné, battu à mains nues, et il avait toujours rendu tous les coups qu’on lui avait porté. S’il était encore là, après Roman, après les premières errances, après les hunters, alors il pourrait bien se battre pour rester là encore un peu. Mais aujourd’hui, Seth n’avait pas envie de se battre. Aujourd’hui, il avait envie de prendre l’air et d’aller voir quelqu’un qu’il aimait bien. Pietra était de sortie, Moira était allée voir Marius, et pour une fois il se voyait mal s’inviter chez les uns ou les autres. Une personne s’imposa alors dans son esprit, comme une évidence. Il sourit en y pensant et se demanda comment cette histoire évoluerait. Et puisqu’il n’avait rien de mieux à faire et envie de passer un peu de bon temps avec quelqu’un qu’il appréciait sincèrement, il mit ses affaires en ordre, se faufila dans les rues de Radcliff et emprunta l’un des passages menant à l’extérieur, en direction de la forêt.
Si Seth savait se repérer sans problème au beau milieu d’une mer de sable, il était en revanche beaucoup moins à l’aise dès qu’il était entouré d’arbres. Il avait beau essayé de mémoriser tous les trucs et astuces pour se repérer en milieu boisé, rien à faire : il finissait toujours par se perdre. Heureusement qu’il avait fini par mémoriser à peu près l’itinéraire pour aller jusqu’à la cabane de Bob. Il s’était trompé de direction une ou deux fois avant de revenir sur le bon chemin, et maintenant il était sûr de partir dans le bon sens. Il était bien plus content de revoir l’homme grenouille que ce qu’il en laissait paraître. Et surtout, il savait qu’en forêt, il serait plus en sécurité qu’en ville. Avec les espèces de faux nazis de Lancaster qui entraient dans les maisons comme bon leur semblait pour tuer tous les mutants ou sympathisants mutants, mieux valait faire ses valises et s’éloigner un peu de la folie furieuse qui s’était emparée de cette petite bourgade du Kentucky. Au moins, les chasseurs ne rôdaient pas dans les bois comme ils le faisaient dans les immeubles de Radcliff. Seth en était là de ses pensées, en train de s’approcher de la cabane qu’il avait enfin repérée, lorsqu’il entendit un bruit non loin. Il eut tout juste le temps de se changer en sable qu’une flèche filant dans sa direction vint se ficher dans son épaule. Elle perça la couche de grains minuscules pour se planter dans l’arbre derrière lui. Le Calédonien s’écarta et récupéra sa forme humaine, pas blessé le moins du monde. Il se tourna dans la direction du tir, ses yeux bruns croisant les iris rouges de Bob.
- J’ai jamais été aussi content d’avoir cette mutation, bizarrement.
Il lui sourit, pas rancunier pour deux sous, et retira la flèche du tronc avant de s’approcher du mutant pour la lui rendre.
- J’vois que t’as repris ton arbalète. Elle avait pas trop pris la poussière ?
Dernière édition par Seth Koraha le Ven 6 Nov 2015 - 16:12, édité 1 fois
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Ven 6 Nov 2015 - 14:02
C'était une période de merde. Bob en avait parfaitement confiance. Étonnamment, les longues semaines passées enfermé dans un appartement miteux avec pour seul compagnie son chat et les rares visites de Seth lui avaient fait prendre conscience de la situation merdique dans laquelle se trouvait le monde. Il s'était vu pourchassé et avait fini par regagner sa forêt avec une chance qu'il ne s'expliquait pas. Toujours était-il que, sa cabane perdue dans les bois retrouvée, il avait finalement trouvé une bonne raison d'être méfiant. Il s'agissait de la chasse aux sorcières organisée par le maire, par le monde, dû – lui avait expliqué Seth - au meurtre du président des Etats-Unis. Il ne savait pas réellement en quoi la mort du président avait à voir avec quoique ce soit de mutant, mais il se doutait que l'histoire risquait de tourner au vinaigre assez rapidement. Pour lui. Pour Seth. Pour Malachi... Bob pressentait énormément de sang et il espérait simplement qu'il ne s'agirait pas du sang de connaissances. Ce sentiment le mettait d'ailleurs mal à l'aise car il n'avait pas pour habitude d'avoir des connaissances et encore moins de s'inquiéter pour elles. Certes, il y avait eu Danny mais Danny, c'était différent, c'était son sang. Pour être honnête, il ne savait pas vraiment en quoi c'était si différent mais sa loyauté était allée à son frangin, malgré toute les frasques et toutes les crasses qu'il avait pu commettre, à son égard ou non. Depuis son retour chez lui, Bob montait la garde. Il se savait suffisamment loin de tout pour ne pas être emmerdé mais il était également parfaitement au courant qu'il connaissait suffisamment de gens pour que ceux-ci parlent de la cabane dans les bois, de l'homme qui y vivait en marge. Avec les raid dont Seth lui parlait, l'homme-grenouille n'était pas serein. Il gardait avec lui son arbalète, toujours à portée de main, ainsi qu'un couteau cranté dont le manche permettait également de s'en servir comme poing américain. Il était donc parfaitement prêt, quoiqu'il n'en croyait rien. Le meilleur avantage de Bob, c'était sa connaissance de la forêt. Il savait s'y déplacer aussi silencieusement qu'une ombre et aussi discrètement qu'un serpent. Il n'avait pas encore posé de piège pour la simple raison qu'il n'avait pas envie de bloquer quelqu'un qui n'avait rien à voir avec tout ça et qui aurait été parfaitement innocent.
Bob était parti relever ses pièges, ce jour-là. Les prises avaient été satisfaisante et son sac, assez rebondi, serré contre son flanc, se balançait doucement au rythme de ses pas. Il était sur le retour lorsqu'il entendit des feuilles crisser, des branches craquer. Bob se redressa, l'oreille tendu. C'était quelqu'un qui marchait, quelqu'un qui marchait assez vite et qui savait où il allait. Il remonta l'arbalète au niveau de son visage, un carreau déjà en place dans le mécanisme et s'abaissant dans les fourrés pour disparaître à la vue de quelqu'un qui ne l'aurait pas cherché à cet endroit. Il remonta le chemin qu'il avait emprunté, pestant en constatant que les bruits de pas et les traces qu'il trouvait menaient directement chez lui. Il accéléra le pas, toujours aussi silencieux pour un adulte de taille moyenne, courant dans la forêt. Arrivé à hauteur, il vit l'homme, tellement proche de sa cabane que Bob ne put réprimer un tic de colère. Bob ne réfléchit pas plus que ça. Il visa l'homme et tira, réalisant juste au moment où il tournait la tête qu'il s'agissait de Seth.
-Merde.
C'est avec beaucoup de soulagement qu'il le vit se transformer en sable pour laisser la flèche passer au travers de lui.
-J’ai jamais été aussi content d’avoir cette mutation, bizarrement.
Bob haussa les épaules et alla récupérer la flèche fichée dans le bois derrière Seth.
-Désolé pour ça...
Bob se retourna vers Seth et, sans que le mutant ne dise rien, il comprit que quelque chose n'allait pas. Ca n'était pas nécessairement grave, quoique Bob aurait été bien incapable de le dire, il voyait juste que le calédonien n'était pas aussi bien et joviale que d'habitude.
- J’vois que t’as repris ton arbalète. Elle avait pas trop pris la poussière ?
Bob regarda l'arbalète puis Seth et haussa les épaules.
-Faut bien, en ce moment.
Il lui fit signe de le suivre et l'emmena jusqu'à chez lui. La journée était douce. Il rentra dans la cabane et en ressortit avec deux bières. Il alla s'asseoir sur les escaliers, totalement rénovés par ces soins, et tendit une bière à Seth.
-Qu'est-ce qui va pas ?
Il regarda Seth sans rien ajouté. Il n'avait pas l'intention de le forcer la main, pas l'intention non plus de se vexer s'il ne répondait pas mais, depuis que Seth l'avait aidé, Bob considérait Seth comme un ami. Un très bon ami. A tel point qu'il était content de le revoir.
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Sam 7 Nov 2015 - 1:04
Chasing the sun
Seth & Bob
La mutation de Seth lui avait évité bien des ennuis. Il l’utilisait rarement pour attaquer, quoiqu’il lui soit arrivé d’étouffé quelqu’un qui s’était montré un peu trop désireux de l’envoyer six pieds sous terre. Malheureusement pour l’opportun, c’était toujours l’homme de sable qui avait gagné la bataille, envoyant ses adversaires entre les quatre planches qu’ils lui destinaient. Plus généralement, il s’en servait pour fuir ou s’infiltrer quelque part où sa carrure ne lui permettait pas de s’introduire facilement. Par une fenêtre mal fermée, sous une porte, par une bouche d’aération, par le trou d’une serrure, dès qu’il y avait un interstice suffisamment large pour laisser passer un grain de sable, il savait qu’il avait un endroit où entrer – ou sortir. Un nombre quelque peu affolant de balles et de coups de couteau avait été arrêté par son corps devenu sédiment, même si sa peau était parsemée de cicatrices prouvant bien qu’il ne pouvait pas être chanceux à tous les coups. Et pourtant, ça ne l’avait jamais empêché de se lancer dans un business parfaitement illégal, ou d’user de son pouvoir sans en avoir peur. Même lorsqu’on l’avait rendu esclave à cause d’elle, il ne l’avait jamais détestée. Elle faisait partie de lui, de son identité, aussi sûrement que sa peau mate, ses yeux bruns ou le cœur qui battait dans sa poitrine. Il avait eu la chance d’échapper aux vaccins jusqu’à présent, ne sachant pas du tout comment il réagirait s’il devait perdre ça. Il le vivrait probablement mal, et ferait son deuil dans la colère – s’il arrivait à faire son deuil tout court. Pour le moment, il ne pensait pas à ça. Il n’était pas recensé, et s’appliquait à abattre tous les chasseurs qui auraient pu connaître sa vraie nature. Au final, il n’y avait qu’Alec dont il n’arrivait pas à se débarrasser, pour son plus grand malheur. Le policier était une énorme épine plantée dans son pied, et s’il fallait l’arracher à la tenaille, il le ferait. Encore fallait-il trouver la tenaille adéquate. Mais en cet instant, ce n’était pas au hunter en uniforme auquel il pensait. Pour une fois, une petite fois depuis ces dernières semaines, il se sentait presque en sécurité, au milieu de cette forêt, et en compagnie de Bob. Le mutant avait bien fait de rejoindre sa cabane dans les bois dès qu’il en avait eu l’occasion. Il risquait beaucoup moins la mort entre les arbres qu’au milieu des rues de Radcliff, surtout que sa mutation avait le malheur d’être physiquement visible. Il ne pouvait pas changer la couleur de ses yeux ou cacher les striures bleues qui parcouraient sa peau. Il ne pouvait que les cacher, et encore, ce n’était qu’une solution de secours, rien de plus. Mieux valait qu’il se tienne loin de la civilisation quelques temps, si tant est qu’on puisse encore appeler civilisation la caricature de dictature qu’était en train de devenir la ville. Le trafiquant détailla rapidement le trappeur : il avait l’air d’aller bien, mieux en tout cas que lorsqu’il était enfermé entre les quatre murs de l’appartement qu’il avait réussi à lui trouver quand le blocus avait été déclaré. Tant mieux, ça faisait au moins une personne qui tenait la cadence. Il le suivit lorsqu’il lui fit signe, remontant les derniers mètres qui les séparaient de la maison en bois cachée entre les arbres. Pour une fois, il ne s’était pas perdu, ce qui était un exploit quand on savait à quel point il s’égarait facilement dans cette fichue forêt. Il s’arrêta à l’entrée de la maison et la détailla. Elle était bien mieux entretenue que la dernière fois où il l’avait vue. Elle avait même l’air neuve à certains endroits tellement Bob avait bien fait son travail. Un léger sourire vint étirer les lèvres du Calédonien tandis que l’homme-grenouille revenait avec deux bières. Il prit celle qu’il lui tendit et s’assit à côté de lui sur les marches de bois qui grincèrent un peu sous leur poids. Il commença à la lever pour en prendre une gorgée quand la question de l’homme à ses côtés le fit s’arrêter net.
- Qu'est-ce qui va pas ?
Seth haussa légèrement les sourcils. C’était une question à laquelle il ne s’était pas attendu, et certainement pas de la part de Bob. Le mutant était plutôt du genre bourru, probablement du style à laisser les gens se débrouiller avec leurs problèmes s’ils ne venaient pas lui en parler d’eux-mêmes. Alors qu’il lui pose la question voulait dire un certain nombre de choses. Tout du moins, ça voulait dire qu’il s’était assez attaché à lui pour essayer de comprendre pourquoi ça n’allait pas et, surtout, qu’il le connaissait assez bien maintenant pour voir quand ça n’allait pas. Il sourit et haussa les épaules.
- Bah, c’est pas une très bonne période en ville.
Il tourna la bouteille entre ses mains, fixant plus le vide que l’étiquette sombre décorant le verre.
- Y a eu quelques morts de mon côté. J’ai cinq hommes qui y sont restés.
Il haussa les épaules encore une fois. Il connaissait les noms de tous les gens qui travaillaient pour lui, il savait exactement ce qu’ils faisaient, et s’il était un patron intransigeant, il les considérait comme des personnes à part entière et pas juste comme des larbins.
- Mutants ou sympathisants mutants, ça fait plus aucune différence maintenant apparemment. Tu peux être humain bien humain et te faire descendre dans ton lit en plein milieu de la nuit par les chienchiens de Thaddeus.
Il y avait eu la Gunpowder Squad, certes, et après il y avait eu les tueurs solitaires qui avaient rempli le cimetière de Radcliff de ses amis ou connaissances. Lyudmila était morte. Johan était mort. Locki, le si gentil, si inoffensif Locki, reposait maintenant dans un cercueil que les vers auraient tôt fait de ronger. Aucun de ces trois-là n’avait mérité sa mort. Aucun des mutants tués au nom de la haine ne l’avait mérité. Et ceux qui restaient ne pouvaient plus qu’attendre que le temps passe en se battant pour survivre. Une rapide grimace passa sur le visage de Seth qui soupira.
- Bah, j’suppose qu’on aurait dû s’y attendre. Tant que ce malade restera là où il est, ça ira pas en s’arrangeant.
Il but finalement une gorgée de sa bière, appréciant le liquide amer qui coula dans sa gorge. Il se tourna vers Bob et sourit.
- T’as bien fait de retourner dans ta forêt, au final. Et sympa les rénovations, manque plus qu’un géranium et c’est tout à fait vivable.
Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Dim 8 Nov 2015 - 0:36
-Bah, c’est pas une très bonne période en ville.
Bob détailla Seth. Ca n'était pas tout les jours que le trafiquant avait l'air si perdu dans ses pensées. Bob fronça un peu les sourcils, il n'aimait pas spécialement le voir comme ça. Pour être parfaitement honnête, ça le mettait même carrément en colère.
- Y a eu quelques morts de mon côté. J'ai cinq hommes qui y sont restés.
Bob arrêta son mouvement pour boire et ses yeux se posèrent une nouvelle fois sur Seth. 5 hommes... Il n'était rentré ici que depuis très peu de temps, ça ne faisait pas si longtemps que ça qu'il n'avait pas vu Seth. 2 ou 3 semaines, tout au plus. Le fait que 5 hommes soient morts dans ce laps de temps était parfaitement incompréhensible. Bob avait compris que la situation craignait. Il l'avait compris même relativement bien. Cinq hommes. Bob regarda le sol. Il se sentait presque honteux de se retrouver cacher dans sa forêt. Ca n'était pas sa guerre mais il sentait bien que ça touchait Seth. C'était une personne sociale, très sociale même. Plus que Bob ne le serait jamais. Il imaginait le calédonien connaître chacun de ses hommes, savoir qu'ils avaient une famille, souhaiter l'anniversaire aux gamins. Seth faisait attention aux gens. Bob avait fini par comprendre ça. Malgré les pirouettes, malgré son coté un peu connard, Seth prenait les choses à cœur, assez vite.
-Mutants ou sympathisants mutants, ça fait plus aucune différence maintenant apparemment. Tu peux être humain bien humain et te faire descendre dans ton lit en plein milieu de la nuit par les chienchiens de Thaddeus.
Bob fronça les sourcils et laissa pendre sa bière au bout de ses doigts en regardant vers la forêt. Ca ne le surprenait pas mais il aurait aimé ne pas s'y attendre, ne pas avoir raison non plus. Bob avait connu une frange de la population américaine haineuse, certaine d'être dans son bon droit et capable du pire pour rien de plus qu'un quignon de pain. Il imaginait parfaitement pourquoi et comment la situation avait dégénéré. L'hystérie collective qui avait conduit la petite ville de Radcliff et les USA à s'enflammer comme de la brindille. Il avait suffit d'un homme, un seul, qui avait approuvé le massacre et soudain, taper sur quelqu'un au nom de la liberté de l'humanité devenait convenable. Le retour des croisades en quelques sorte. Bob le vit grimacer et, maladroitement, il lui tapota le dos avant de ramener sa main à lui et de se sentir assez con pour se racler la gorge et regarder ailleurs. Des fois, il ne comprenait pas ses réactions avec Seth. Pourquoi tapoter le dos de quelqu'un developpait chez lui un sentiment étrange de gêne et de joie ? Bob n'en savait foutrement rien et il se contenta de boire une longue goulée de bière.
-Bah, j'suppose qu'on aurait dû s'y attendre. Tant que ce malade restera là où il est, ça ira pas en s'arrangeant.
Bob haussa les épaules et dit simplement.
- Quelqu'un finira par le buter. Et puis ça ira mieux et après y aura encore quelqu'un de pire.
Il regarda Seth et désigna quelque chose de la tête.
-Tant que y aura des pourris dehors, y aura des pourris qui prendront les grosses décisions.
Un temps s'écoula durant lequel Bob alluma une clope. Il vit le visage de Seth se changer en masque souriant. Bob le laissa faire sans rien ajouter. Il se planquait, il en avait le droit. Bob n'avait pas besoin d'intervenir, lui aussi planquait des choses. Tout le monde le faisait.
- T’as bien fait de retourner dans ta forêt, au final. Et sympa les rénovations, manque plus qu’un géranium et c’est tout à fait vivable.
Bob plissa les yeux et souffla la fumée de sa cigarette directement au visage de Seth. Comme ça, c'était pas vivable ?
-Qu'est-ce que t'insinues là... ?
Bob se releva, tant de vexation que parce qu'il venait de réaliser que ses prises macéraient dans son sac. Il rentra donc dans la cabane et entreprit de sortir l'attirail nécéssaire pour vider les bestioles.
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Dim 8 Nov 2015 - 16:09
Chasing the sun
Seth & Bob
Le tapotement un peu maladroit dans son dos lui fit légèrement hausser les sourcils sous la surprise, le tirant un instant du souvenir de ses camarades disparus. S’il y avait une chose que Seth avait appris dans la douleur, c’était que Bob n’était absolument pas tactile. Chose tout à fait compréhensible avec sa mutation : si le moindre contact se faisait entre sa peau et celle de quelqu’un d’autre, il l’empoisonnerait sans même le vouloir. Rien d’étonnant donc à ce qu’il se soit coupé de toute embrassade ou même d’une simple poignée de main. Le mutant lui avait dit une fois que les seuls contacts qu’il connaissait étaient ceux des coups qu’il avait reçu et donné tout au long de sa vie. Il y avait mieux, comme marque d’affection. Et qu’il décide spontanément de lui en donner une, même s’il ne s’agissait que d’une main gentiment posée sur son épaule, voulait dire beaucoup. Ou peut-être que le trafiquant interprétait un peu trop les moindres gestes du trappeur, mais ça, c’était un autre problème. La discussion dura encore un peu, dans une ambiance morose. Il n’avait pas vraiment l’habitude de se confier. Il fallait vraiment qu’il n’ait pas le choix, ou alors qu’il soit parfaitement en confiance avec la personne avec laquelle il conversait pour s’ouvrir un peu. Et puisqu’il se sentait bien avec Bob, et qu’en plus de cela il avait envie de parler un peu, il ne se retenait plus comme il l’aurait fait auparavant. Finalement, il conclut en adressant un sourire à l’homme grenouille et en faisant une remarque sur l’absence de géranium, comme si c’était un critère indispensable pour une maison. La réaction de l’homme ne se fit pas attendre : un nuage de tabac chaud fondit sur son visage, le faisant pouffer de rire.
- Qu'est-ce que t'insinues là... ?
Seth sourit et haussa les épaules.
- Moi, insinuer un truc ? C’est pas du tout mon genre.
Il connaissait le côté hyper susceptible de l’homme qui venait de se lever et de rentrer chez lui, laissant la porte ouverte. Le Calédonien lui emboîta le pas et ferma avant de le suivre jusque dans son atelier, marchant tranquillement pour mieux détailler l’intérieur de la cabane. La dernière fois qu’il était venu ici, elle était dans un état lamentable, et encore, d’après les dires de son propriétaire, ça avait été bien pire lorsqu’il en avait pris possession. Certes, l’endroit était loin de ressembler à un palace, mais désormais, c’était tout à fait vivable, voire presque confortable ; il y avait encore de petits travaux à faire ça et là, mais de manière générale, monsieur Baxter avait réussi à se faire un joli petit nid que personne ne viendrait chercher à moins de savoir précisément où il se trouvait. L’homme de sable s’appuya dans l’embrasure de la porte, observant le trappeur sortir le matériel nécessaire et s’occuper des prises qu’il avait ramenées dans son grand sac de cuir. Il le fixa de ses yeux sombres tandis qu’il maniait le couteau avec une précision chirurgicale. Il finit par s’approcher de lui après avoir posé sa bouteille de bière, pas le moins du monde dérangé par les odeurs de tripes et de sang.
- Waow, j’savais pas que t’étais si doué avec une lame. C’la dit, j’y connais pas grand’ chose, mais vu comment tu fais ça facilement, je parie sur le talent.
Il se tint à côté de lui et le regarda faire une nouvelle fois, se disant qu’à ce stade, un peu plus ou un peu moins d’hémoglobine et de chairs à vif ne lui faisaient plus ni chaud ni froid. Il leva le bras et passa doucement la main dans le dos de Bob. Il ne tenta pas ce qu’il avait fait la dernière fois, à savoir laisser traîner ses doigts sur le postérieur de l’homme-grenouille, ce qui lui avait valu une droite bien méritée et un passage très près de la mort. Aussi se contenta-t-il de ne pas la descendre plus bas que ses reins avant de la ramener à lui.
- Tu m’apprendrais pas comment faire ?
La question était sincère : il était curieux de savoir comment le trappeur dépouillait les animaux de leur peau pour les traiter et en faire les si beaux objets de cuir qu’il avait déjà eu l’occasion d’admirer. Et puis, c’était un sujet de conversation comme un autre.
Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Dim 8 Nov 2015 - 17:43
Bob avait finit d'étaler ses prises du jour et commençait à ouvrir les animaux et à récupérer leur peaux. Il les vidait, triait ce qui lui resservirait plus tard et passait à la bestiole suivante. On sentait l'expertise dans ses mouvements, il connaissait ces gestes-là par cœur. Il les pratiquait depuis longtemps et préférait nettement ça à aller dans un supermarché acheté une viande dont il ne savait rien. Au moins, dans la forêt, il savait où et quoi ce qui était beaucoup plus que beaucoup de personnes sur terre. Il ne prêta pas spécialement attention à Seth, bien qu'il l'ai vu s'appuyer contre la porte, mais sa présence lui mettait un stress que le trappeur n'expliquait pas. Il se concentra donc sur son travail pourvu que ça l’empêche de réfléchir à ce qu'il se passait. Il étala les fourrures et finit par coincer une nouvelle cigarette entre ses dents pendant qu'il continuait à travailler.
- Waow, j'savais pas que t'étais si doué avec une lame. C'la dit, j'y connais pas grand'chose, mais vu comment tu fais ça facilement, je parie sur le talent.
Bob haussa les épaules en le regardant s'approcher. Il entreprit de dépecer un petit félin qui n'avait rien à voir avec un chat et mordit fort dans sa cigarette en sentant la main de Seth faire son petit bonhomme de chemin dans son dos. Il transperça les boyaux de sa prise et fronça les sourcils.
-Merde...
Il entreprit de tout sortir à la hate, méthodique et un peu pressé. L'odeur se renforça, Bob remonta son bandana contre son nez et sortit le seau rempli avant de se poser en face de Seth.
- Ce... C'était quoi ça... ?
Le cerveau de mort, en instance de mort cérébrale, n'arrivait pas à procésser ce qu'il venait de se produire. Pourquoi Seth avait fait ça ? Il avait retenu la leçon pourtant... Pourquoi ça lui faisait cet effet aussi ? Pourquoi il n'avait pas trouver ça profondément chiant ? Pourquoi il en faisait tellement cas ? Bordel de merde, mais c'était quoi son probleme ? A Seth ? Non... A Bob, c'était quoi son probleme d'être aussi bizarre avec Seth. C'était des réactions de nanas qu'il avait. Il se fit la reflexion que Danny se serait bien foutu de sa gueule en le voyant comme ça. Bob haussa un sourcil en le voyant continuer à parler comme s'il n'avait juste pas posé de question.
- Tu m'apprendrais pas comment faire ?
Bob retourna à la table où il avait commencé à travail, soit près de Seth. Il fallait se maitriser un peu bordel. Rester stoïque. Quelques part au fin fond de la boite crânienne de Bob de mini-rouages commençaient à tourner, un peu au ralenti. Il se demandait si c'était ça les fameuses marques d'affections auxquelles il n'avait jamais pu prétendre, de risque de tuer quelqu'un. Il se demandait s'il pourrait un jour prétendre à quelque chose d'autres qu'être spectateurs d'embrassade, de calins et autres contacts physiques qu'il enviait tellement qu'il en venait à les detester tous. Il haussa les épaules et hocha la tête.
-Ouais. Si tu veux. C'est pas sorcier hein...
Bob alla chercher un deuxième couteau, tout aussi aiguisé que le premier et le tendit à Seth. Il remit ses gants en place, par habitude. Il se racla la gorge. Il ne s'en rendait pas compte mais, dans la pénombre de la cabane, ses striures pulsaient doucement. Il avait chaud, il n'avait pas allumé de feu. Il était peut-être bien malade. Il prit deux écureuils, en posa un devant Seth et un autre devant lui. Il pencha la tête.
-Faut couper là et là. Pas trop fort, c'est juste pour choper la peau. Si ça saigne, t'es aller trop loin et t'abime la fourrure et la viande. Du coup, ça s'conserve pas bien et c'est invendable.
Il incisa le sien pour montrer à Seth et le laissa faire avant de corriger un mouvement.
-Nan. Là. Comme ça.
Il aida Seth à comprendre comment appuyer sur la lame pour ne pas aller trop loin puis revint à sa bestiole en enfonçant au fin fond de son crâne la question qui le tarraudait : Pourquoi de putain son cœur lui donnait l'impression de vouloir visiter la ville seul ? Merde. Il montra à Seth comment retirer les abats et la peau, restant concentré sur son travail et ce qu'il montrait.
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Lun 9 Nov 2015 - 16:58
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Seth & Bob
- Ce... C'était quoi ça... ?
Seth ne répondit pas à cette question, se contentant d’un sourire. Il savait très bien pourquoi il venait de faire ça : par envie, certes, mais aussi pour tester la réaction de Bob. Pour voir s’il était définitivement allergique à tout contact ou s’il y avait encore un peu d’espoir. Certes, sa peau empoisonnée serait problématique, mais il trouverait bien quelque chose pour remédier au problème, quitte à devoir se promener avec une cargaison d’anti-poison sur lui à chaque fois qu’il voudrait le toucher. Libre à l’homme grenouille d’interpréter son geste comme il l’entendait. Il espérait que quelque part, dans sa tête, quelque chose ait commencé à se mettre en route, qu’il avait réussi à créer une petite pensée qui ferait son chemin dans le crâne du trappeur. Trappeur auquel il demanda, en toute sincérité et avec une curiosité non feinte, s’il pouvait lui apprendre à s’occuper de ses prises. Aucun savoir n’est inutile, et ça pourrait toujours lui servir en cas de besoin.
- Ouais. Si tu veux. C'est pas sorcier hein...
Il le regarda s’éloigner et en profita pour le détailler sans aucune gêne, laissant ses yeux traîner un peu partout avant de les relever quand il le vit se retourner. Il prit le couteau que l’homme lui tendit et, dans la pénombre de l’atelier, remarqua que les striures bleues qui marbraient sa peau pulsaient doucement. Il se prit à penser qu’il trouvait ça étrangement beau et que ça ne faisait que rajouter au charme du mutant.
- Faut couper là et là. Pas trop fort, c'est juste pour choper la peau. Si ça saigne, t'es allé trop loin et t'abime la fourrure et la viande. Du coup, ça s'conserve pas bien et c'est invendable.
L’homme de sable hocha la tête, écoutant attentivement les instructions. Il se mit en position au-dessus de la table de travail, attrapant l’un des animaux à disposition et incisa la peau, essayant d’imiter le geste de Bob qui secoua la tête en le voyant faire.
- Nan. Là. Comme ça.
Le trafiquant le laissa repositionner ses mains et se remit au travail, y allant doucement, observant les mouvements de l’homme à ses côtés. Il ne put s’empêcher de sourire en le voyant étrangement concentré sur son travail ; il avait aussi la drôle d’impression, pas forcément infondée, qu’il ne le regardait plus dans les yeux. Tous ces signes étaient particulièrement plaisants aux yeux du Calédonien qui voyaient les choses aller dans son sens pour la première fois depuis ce qui lui semblait une éternité. S’il pouvait lui arriver au moins une chose bien, ça se ferait avec Bob. Il en était sûr maintenant. Car il était très lucide sur ses sentiments, et l’intérêt très égoïste qu’il avait eu en premier lieu pour le mutant s’était mué en quelque chose d’autre, de plus altruiste et de plus affectueux aussi. Mais le chemin serait long avant de lui faire comprendre tout ça. En attendant, il se contenterait de dépecer la bestiole qu’il avait sous les doigts, indifférent aux odeurs de sang et de liquides vitaux qui se déversaient sur la table, imprégnant le bois. Il imita Bob lorsqu’il versa les organes dans un seau et le laissa s’occuper de la peau qu’il avait détachée.
- C’est vachement délicat en fait, comme truc.
La tâche avait demandé bien plus de précision qu’il ne l’avait cru. Il y avait des endroits à éviter, d’autres à couper d’une certaine façon, si bien que son travail était assez grossier pour lui qui n’avait pas l’habitude de l’exercice, et il ne faisait aucun doute que Bob devrait revenir dessus pour corriger ses bêtises. Il se promena un peu dans l’atelier, observant les outils et, surtout, les objets faits avec le cuir de ses prises. Il y avait de tout : bracelets, sacs et autres ceintures soigneusement ouvragées. Le Calédonien était sincèrement impressionné : à première vue, on n’aurait pas vraiment pensé le mutant grenouille capable d’autant de finesse et de délicatesse. Il prit l’un des bracelets et le fit tourner entre ses doigts – qu’il avait pris soin de laver entre temps – observant les gravures d’un peu plus près. Il finit par laisser échapper un sifflement.
- C’est super beau.
Il finit par délicatement reposer l’accessoire à sa place et se tourna vers le trappeur, croisant enfin son regard. Il le pointa du doigt, désignant son cou.
- Et ça aussi c’est beau – tes striures dans le noir. J’savais pas qu’elles brillaient.
Il lui sourit, moins goguenard que d’ordinaire. Il avait réalisé qu’au fur et à mesure de leurs rencontres, il était moins moqueur et plus sincère avec le trappeur. Certes, il continuait toujours à faire des blagues plus ou moins de mauvais goût, et rien ne pourrait vraiment le débarrasser de son cynisme, mais il ne lui avait plus fait de compliment en l’air depuis un long moment. Tout ce qu’il pouvait lui dire était pensé et dit sans aucun filtre. C’était la première personne depuis longtemps à laquelle il avait tant envie de faire plaisir.
Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Jeu 12 Nov 2015 - 18:30
Bob avait passé la majeur partie du découpage à regarder principalement leur mains. Il y avait deux raisons à cela : la première, il était absolument incapable de regarder Seth dans les yeux vu ce qu'il venait de se passer, cette main dans le dos – dont il refusait de penser qu'elle était agréable – l'avait profondément perturbé, la deuxième était beaucoup plus saine, il surveillait simplement qu'il n'y aurait pas trop de travail à rattraper ou du moins, rien de complètement irrécupérable. Il corrigea plusieurs fois les positions de Seth, prenant à chaque fois bien soin de ne pas le regarder. Une fois terminés, Bob passa à la partie la plus délicate de toute : extraire le cerveau des bestioles pour les mettre dans un seau à part. Une fois mélangé avec les matériaux nécéssaire, il ferait tremper les peaux dedans, ça leur donnait une brillance particulière que Bob affectionnait tout particulièrement.
-C'est vachement délicat en fait, comme truc.
Bob haussa les épaules et regarda le dos de Seth. Il détourna finalement les yeux en sentant des pensées étranges lui emplir la tête.
- Bof... C'est juste un coup de main à prendre...
Bob le laissa se promener dans l'atelier, lançant de furtifs regards dans sa direction pour voir ce qu'il touchait, à quoi il s’intéressait... Bob avait appris à se servir de toute les parties des animaux. Il avait toujours eu beaucoup de mal avec le gâchis. En fait, il jugeait les gens là-dessus. Il trouvait les personnes capable de jeter des objets encore parfaitement utilisables d'une stupidité crasse. Peut-être qu'il était considéré comme un vieux jeu mais il s'en fichait. Quand on prenait des matières premières, on se devait de les utiliser. Du coup, c'était très naturellement qu'il avait commencé à façonner des sacs et autres objets à partir de la peau des animaux qu'il chassait. Il avait découvert que c'était quelque chose qui lui plaisait énormément et surtout, ça avait été l'une des rares choses sur laquelle Danny l'avait jamais complimenté sincèrement. Il perdait le fil du temps lorsqu'il créait ces pièces. Il reporta son attention sur ce qu'il était en train de faire et envisagea d'offrir un bracelet à Seth pour l'hébergement, pour l'aide quand il avait été bloqué à Radcliff, pour avoir ramené son chat... Bref... Il redressa la tête en l'entendant siffler et porta son attention sur Seth une nouvelle fois.
-C'est super beau.
Bob eut un très léger sourire et hocha la tête en signe de remerciement. Il était content lorsque ses petites créations plaisaient. Il s'apprétait à reporter son attention sur le vidage de boite crânienne lorsque :
- Et ça aussi c’est beau – tes striures dans le noir. J’savais pas qu’elles brillaient.
Bob cligna des yeux, totalement pris au dépourvu. Il rentra légèrement la tête dans les épaules, comme si on l'acculait contre un mur. Il tenait plus de l'animal sauvage que de l'humain dans ces moments-là. Il baissa la tête sur ses mains et finit rapidement ce qu'il était en train de faire avant de sortir en lachant un bredouillant.
-T'es con... », il récupéra son paquet de clopes et son chat sous un bras et sortit dans l'air frais de la nuit, ruminant ce que venait de lui dire Seth. Pour le mutant, ça ne faisait aucun doute : il se foutait de sa gueule, purement et simplement. Il alluma sa clope et s'assit sur les marches. Son chat feula et griffa sa chemise, pas spécialement ravis d'être balader comme ça. Il le laissa partir et le regarda s'éloigner dans la forêt. Entendant Seth arriver dans son dos, il se releva et remit de la distance entre eux, par instinct. Dans le noir, ses striures pulsaient rapidement, au rythme de son cœur. Il déglutit et secoua la tête.
-Pourquoi tu fais ça putain ?
Il regardait les pieds de Seth, incapable d'aller plus haut. Il était confus et n'arrivait pas à interpréter ce que venait de lui dire l'homme autrement que comme quelque chose de mauvais. Il secoua la tête, comme si Seth venait de commettre la pire trahison du monde. Il serra les dents.
-Ca allait bien ! Tu fais chier !
Doucement, la confusion laissait place à une colère qui cachait une détresse visible sur le visage du trappeur. Qu'est-ce que ce con de trafiquant était en train de lui faire ?
Seth Koraha
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Jeu 12 Nov 2015 - 22:25
Chasing the sun
Seth & Bob
S’il y avait une chose que Seth avait fini par comprendre, c’était que des choses qu’il considérait comme étant normales ne l’étaient pas du tout pour Bob. Il avait réalisé que le moindre mot, la moindre situation à laquelle il n’était pas habitué le faisait réagir avec violence, ou alors le faisait se renfermer un peu plus encore. Avec le poison qui exsudait de sa peau, il avait dû renoncer à tout contact sous peine de tuer la personne qui avait le malheur de le toucher. Pas étonnant qu’il ait été troublé les deux fois où l’homme de sable avait laissé traîner sa main dans son dos – et plus bas lors d’une première et malheureuse tentative. Cependant, il ne s’était pas attendu à ce que ce soit un innocent et sincère compliment qui fasse disparaître le sourire du visage de l’autre mutant. Il le regarda se fermer brutalement et se murer dans un silence encore plus lourd que d’ordinaire, se dépêcher de finir ce qu’il était en train de faire sur la carcasse devant lui, puis se débarrasser de ses gants, récupérer chats et cigarettes et filer vers la sortie en lançant un :
- T'es con...
Ce n’était pas un « t’es con » timide, ou amusé. C’était aussi honnête que possible. Le Calédonien ne savait pas ce qu’il avait dit de travers, mais en tout cas, ça n’avait pas plu du tout au trappeur. Il soupira et se passa la main dans les cheveux. Visiblement, la bonne humeur qui avait fini par s’installer s’en était allée aussi vite qu’elle était arrivée. Dommage. Il ne restait plus qu’à comprendre maintenant. Glissant les mains dans ses poches, l’homme de sable sortit de l’atelier et se dirigea vers l’extérieur. La nuit était tombée plus rapidement qu’il ne l’aurait cru, et il se demandait comment il pourrait retrouver son chemin vers la ville. Au pire, il dormirait sur le palier de la cabane de bois. Il en trouva le propriétaire debout face aux marches qui menaient à la forêt. Dans le noir, il ne put que distinguer sa silhouette grâce aux marques bleues qui couraient le long de son corps, pulsant si fort qu’il arrivait à les distinguer sous sa chemise. Une planche craqua sous son pied et Bob se releva, reculant d’un pas pour mettre de la distance entre eux. Non, définitivement, l’ambiance n’était plus du tout la même qu’une poignée de minutes auparavant et il en était assez attristé.
- Pourquoi tu fais ça putain ?
Le trafiquant haussa les sourcils. Pourquoi faisait-il tout ça ? Parce qu’il en avait envie, tout d’abord. Et aussi parce qu’il voulait vraiment donner un peu d’affection à l’homme-grenouille, qu’il avait fini par s’attacher à lui et qu’il se disait qu’il recevait déjà suffisamment peu de compliments comme ça dans sa vie, autant être celui qui lui en ferait. Apparemment, tout avait été pris de travers.
- Pas pour me moquer, si c’est ce dont t’as peur.
Pour une fois qu’il était sérieux et qu’il n’avait pas envie de rire, c’était un comble qu’on ne le comprenne pas. Quelque part, il aurait dû s’y attendre. Il aurait dû se douter que les choses ne seraient pas aussi faciles ; pas avec quelqu’un comme Bob qui avait vécu comme un paria pendant plus de trente ans.
- Ça allait bien ! Tu fais chier !
Seth fronça les sourcils. Que le mutant soit perturbé, passe encore, mais en colère contre lui, ça, il avait du mal à l’avaler.
- Hey, deux secondes. A ce que je sache, je t’ai pas insulté, j’ai même pas pensé à le faire. C’était un compliment sincère, j’trouve tes striures jolies, y a pas de sous-entendu là-dedans.
Il s’arrêta et plissa légèrement les yeux. Il finit par remarquer l’expression presque torturée sur le visage de Bob, et il se calma très vite. Il soupira un peu et secoua la tête. Il aurait dû le voir plus tôt. Il aurait dû réfléchir un peu. Il avait encore quelques réflexes à prendre avant de vraiment agir avec le trappeur comme il le fallait.
- Je voulais pas que tu te sentes mal. Vraiment. J’voulais juste te faire un compliment, sans sous-entendu ou quoi que ce soit.
Il se demanda ce qu’il avait bien pu entendre dans sa vie pour rejeter cette simple phrase en bloc, pour le prendre comme une attaque personnelle alors que c’est exactement le contraire qui aurait dû se produire.
- J’suis désolé si t’as eu l’impression que je me moquais de toi. Parce que c’était pas du tout le cas.
Il lui sourit un peu, gentiment. Il tendit le bras vers lui, spontanément, avant de se rappeler qu’il n’avait pas de gants et qu’il ne voulait pas tenter la chance encore une fois en pariant sur la présence d’antivenin dans la maison. Aussi ramena-t-il sa main à lui à défaut de pouvoir le toucher.
- J’sais pas ce qu’on t’a dit dans ta vie, mais j’pense qu’il y a eu beaucoup de conneries. Parce que t’es sûrement bien mieux que ce que tu crois.
Il haussa les épaules.
- Au moins assez pour qu’on te dise des choses sans qu’il y ait une insulte derrière.
Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Ven 13 Nov 2015 - 16:14
- Hey, deux secondes. A ce que je sache, je t’ai pas insulté, j’ai même pas pensé à le faire. C’était un compliment sincère, j’trouve tes striures jolies, y a pas de sous-entendu là-dedans.
Ca, Bob connaissait. De la bonne vieille colère, un début d’énervement qui pourrait même peut-être finir en baston. Là, on était dans les cordes de Bob et de son entendement de la race humaine. Ca, ça avait une raison d'être dans son univers, il en connaissait les tenants et aboutissants. Il savait se battre, savait répliquer. Bref, on était en terrain connu. Ce qu'il ne s'expliquait pas en revanche, c'était pourquoi ça le faisait tant chier qu'il en arrive là avec Seth. Pourquoi est-ce qu'il voulait croire en ses compliments quand il savait parfaitement qu'il ne pouvait pas être vrai. Il prit appuis sur ses jambes, près à contrer le premier coups s'il le fallait. Il aurait eu envie de se frapper la tête contre les murs. Son esprit était tourmenté par beaucoup trop de choses en même temps : Et si Seth le pensait vraiment, et si Seth ne le pensait pas ? Si c'était le cas, alors ils n'étaient pas amis... S'ils n'étaient pas amis, pourquoi il l'avait aidé ? Par pitié ? Par obligation ? Pourquoi ? S'ils n'étaient pas amis... Alors... Alors... Alors quoi, exactement ? Pourquoi ça donnait envie à Bob de hurler ? Pourquoi ça le rendait triste à ce point ? Pourquoi c'était si compliqué putain ! A ce stade-là, il était quasiment content – non, il était soulagé – d'en arriver à développer de la colère chez Seth. Oui. Il était soulagé de pouvoir retourner à quelques chose de simple, qu'il connaissait par cœur et où il pouvait jouer d'égal à égal mais l'attitude de Seth changea. Il s'arrêta et Bob le scruta, s'attendant à une réaction ou une autre, toute les deux violentes. Qu'est-ce qu'il se passait... ? Pourquoi il ne s'énervait plus ? C'était un mystère pour Bob. Il le vit se détendre, se calmer, comme si toute la colère l'avait quitté d'un coup. Bob ne comprenait pas pourquoi les choses se passaient comme elles se passaient et ne comprenait pas non plus comment il faisait pour se libérer de sa rage aussi vite. La chose qui restait le plus incompréhensible pour le mutant était indéniablement qu'il était rassuré de ne pas avoir à se battre contre Seth. Bob déglutit et ses striures pulsèrent à nouveau dans le noir à une vitesse ahurissante, en rythme avec un cœur qui venait de s'emballer sans que l'homme-grenouille ne soit capable d'en appréhender les raisons.
-Je voulais pas que tu te sentes mal. Vraiment. J’voulais juste te faire un compliment, sans sous-entendu ou quoi que ce soit.
Le regard de Bob changea un peu, moins défiant, plus questionnant. Il scrutait Seth comme pour parvenir à détecter s'il mentait ou pas, s'il pouvait croire ou pas à ce qu'il disait. Il voulait lui demander comment il pouvait en être sûr. Comment il pouvait être sur que le Calédonien ne se foutait pas de lui ? Mais les mots restaient désespérément coincés au fond de sa gorge, douloureux et brulants.
- J’suis désolé si t’as eu l’impression que je me moquais de toi. Parce que c’était pas du tout le cas.
Bob fronça un peu les sourcils sous l'incompréhension. Il regarda par terre, comme s'il avait été pris en faute de vol de cookie. Il déglutit et reprit contenance en tirant sur sa cigarette. Il changea d'appui, dans l'inconfort, et se retrouvait de trois quart par rapport à Seth. Il se fit la réflexion fugace qu'il avait l'impression d'avoir l'intention de fuir. A bien y réfléchir, ça n'était pas étonnant. Bob redressa les yeux lorsqu'il le vit lever le bras vers lui pour l'inviter à lui prendre la main ? L'homme-grenouille ne parvenait pas à comprendre pourquoi il aurait fait une telle chose mais contre sa volonté, il eut un mouvement vers ce bras tendu. Un mouvement infime mais ce geste avait existé et Bob en avait douloureusement conscience. Il vit le bras de Seth s'abaissait avec un peu de déception avant de réaliser qu'il ne portait pas ses gants.
- J’sais pas ce qu’on t’a dit dans ta vie, mais j’pense qu’il y a eu beaucoup de conneries. Parce que t’es sûrement bien mieux que ce que tu crois. Au moins assez pour qu’on te dise des choses sans qu’il y ait une insulte derrière.
Bob redressa la tête et tressaillit, comme si on venait de lui mettre un coup sur la tête. Quelque part, au fond de lui, ça touchait quelque chose qu'il savait, quelque chose qu'il avait toujours su et qui avait été meurtri au fil des années. Il déglutit un peu et prit une décision. Il se décida à considérer que ça pouvait être potentiellement vrai. Il ne l'acceptait pas tout à fait mais... Au moins... Il acceptait que l'éventualité existe. Il lui laissa le bénéfice du doute. Il resta immobile pendant un moment et finalement, écrasa son mégot et se dirigea vers la maison. En passant à coté de Seth, il lui fit signe de venir mais pas un mot ne franchit la barrière de ses lèvres. Il le laissa entrer et s'asseoir pendant qu'il retournait dans son atelier. Il resta planter au beau milieu pendant un moment, à considérer ce qu'il s’apprêtait à faire. Peut-être que pour une personne lambda, offrir un objet était anodin et dénué de sens mais chez Bob, c'était autre chose. C'était un véritable pas à franchir. Il prit des gants propres et les enfila en fixant le bracelet qui avait attiré l'attention de Seth un peu plus tôt. Il le récupéra et le fit tourner entre ses doigts avant d'aller jusqu'à Seth et de le déposer devant lui. Il regarda ses pieds, puis Seth, puis ses pieds à nouveau, triturant ses gants avant de dire d'une voix un peu etouffée.
-Y t'plaisait...
Il s'éloigna un peu, timidement, presque. Il se dirigea vers le frigo et en sortit deux nouvelles bières. Il en tendit une à Seth et murmura.
-...T'as qu'à dormir ici. Trop tard pour rentrer, là...
Il décapsula sa bouteille et but une trop large goulée qui lui fit monter les larmes. Il ne dit rien et se contenta de souffrir en silence. Il resta parfaitement silencieux, refusant de fuir devant la gêne. La raison était assez simple : il voulait se forcer un peu pour Seth, se forcer à rester, être sociable juste un peu plus que d'habitude. Il était assez mal à l'aise.
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Ven 13 Nov 2015 - 17:57
Chasing the sun
Seth & Bob
Pendant que Seth parlait, une flopée d’expressions passa sur le visage de Bob. Le Calédonien n’arrivait pas à toutes les reconnaitre dans la pénombre, mais il le vit froncer les sourcils et déglutir une paire de fois. C’était bon signe, quelque part : ça voulait dire que ses mots le touchaient, d’une manière ou d’une autre, et il espérait arriver à le toucher dans le bon sens. Il ne voulait pas le faire se sentir encore plus mal qu’il ne l’était déjà ; au contraire, il voulait lui faire comprendre qu’il n’était pas le moins que rien qu’il pensait être, qu’il n’avait pas à chercher une insulte derrière le moindre mot qu’on lui adressait, et que lui aussi méritait qu’on le complimente ou qu’on soit gentil avec lui. C’aurait dû être une norme pour lui : Bob avait beau être bourru, il s’était fermé aux autres par la force des choses, parce qu’il avait eu à subir brimade sur brimade et bagarre sur bagarre. Il n’avait jamais connu quoi que ce soit de sincèrement sympathique sans qu’il n’y ait de sous-entendu ou d’attente quelque part. Et ça agaçait prodigieusement le trafiquant qui comptait bien réparer ça. Si ça devait commencer par de longs discours et par de longues heures à expliquer que non, il ne lui voulait aucun mal, au contraire, et il prendrait son mal en patience pour le lui prouver. Il se prit à regarder une nouvelle fois les striures bleues pulsant sur le corps du mutant. Il aurait voulu les toucher, les voir dans leur entièreté, mais pour le moment, ça ne pourrait pas se faire. Pas tant que Bob ne serait pas prêt à le laisser les voir, et pas tant qu’il y aurait le poison qui l’empêcherait de poser la main sur lui sans qu’il ait besoin de protection. Le trappeur écrasa finalement sa cigarette et passa à côté de lui. Il parvint à voir le signe qu’il lui fit et le suivit à l’intérieur, dans ce salon plongé dans le noir. Il le laissa retourner dans son atelier et alla s’asseoir à la table de bois au milieu du salon, se demandant bien ce qui allait se passer. Par acquis de conscience, il sortit son téléphone et vérifia l’heure qu’il était. Il ne pourrait pas retourner chez lui avant le couvre-feu. Il n’était même pas sûr d’avoir envie de rentrer tout court. En soupirant, il rangea son portable et tourna la tête vers la fenêtre, observant les branches qui se balançaient au rythme d’une légère brise. Il trouvait l’ambiance étrangement apaisante. Lui qui était habitué à la ville depuis quelques années, il se surprit à se demander à quoi ressemblait l’endroit qui l’avait vu grandir en Nouvelle-Calédonie. Il sourit doucement : décidément, il changeait beaucoup, ces derniers temps. Des bruits de pas lui firent tourner la tête une fois encore. Il vit Bob se tenir face à lui, les mains gantées, tenant entre ses mains le bracelet qu’il avait tant apprécié et complimenté quelques minutes auparavant. Il le fixa un moment, puis haussa les sourcils lorsqu’il posa l’accessoire devant lui, se justifiant d’un simple et murmuré :
- Y t'plaisait...
Seth le regarda s’éloigner, vraiment touché de l’attention. Il prit le bracelet et remonta sa manche, libérant son poignet. Il entreprit de glisser le cuir et de resserrer les liens pour qu’il ne glisse pas, puis le détailla de plus près, souriant, étonnamment fier de porter une création de Bob, et belle qui plus est. Lorsque le trappeur revint et posa les bières devant eux, il se leva de sa chaise.
-...T'as qu'à dormir ici. Trop tard pour rentrer, là...
Le Calédonien se demandait à quel point l’homme-grenouille était en train de prendre sur lui pour lui proposer ça en plus de lui faire un cadeau. Ce qui était certain, en revanche, c’était qu’il lui en était reconnaissant. Alors, sans y réfléchir davantage, il combla la distance qu’il y avait entre eux et le serra dans ses bras. Il aurait bien voulu l’embrasser tout de suite, mais une fois encore se posait le problème du venin. Alors il se contenta d’une étreinte, prenant garde à ne pas toucher la peau de cet homme pour lesquels il commençait à tomber tête la première. Il resta ainsi quelques secondes, puis s’écarta un peu et lui sourit.
- Merci beaucoup. Pour le bracelet. Et pour le lit ce soir aussi.
Il pouffa de rire.
- J’t’avoue qu’avec mon sens de l’orientation en forêt, j’y étais encore demain matin.
Il lui frotta gentiment les bras et brisa finalement le contact, un peu à contrecœur, puis récupéra sa bière et en pris une gorgée. Le liquide amer coula dans sa gorge, le réveillant un peu. Il se tourna vers Bob une nouvelle fois et lui sourit à nouveau. Il réalisa qu’il lui souriait plus souvent qu’avant, plus spontanément aussi.
- C’est la première fois que j’passe la nuit chez toi, dis donc.
Il sourit de plus belle. Un léger sous-entendu se cachait derrière ces mots, mais il ne savait pas si le mutant le comprendrait. Il ne fallait peut-être pas lui en demander autant tout de suite.
Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Mer 18 Nov 2015 - 14:56
C'était presque sans méfiance que Bob avait laissé Seth s'approcher. Après tout, l'homme des sables avait subi deux fois l'attaque du poison recouvrant l'épiderme de l'homme grenouille et savait à quel point l'antidote était douloureux. N'étant absolument pas habitué au contact physique et encore moins aux accolades amicales ou amoureuses. Il s'était souvent imaginé, tard la nuit quand personne ne le voyait, ce que ferait tel ou tel contact. Une embrassade : est-ce qu'une fille le faisait différemment ? Est-ce que les barbes grattaient ? Est-ce que ça réchauffait réellement le cœur ? Comment se sentait-on si proche du visage de quelqu'un ? Un calin : Est-ce que ça tenait chaud ? Est-ce qu'on voulait lâcher l'autre à un moment ? Est-ce que ça sentait bon ? Y avait-il différent types de câlins ? … Et les caresse ? Comment s'était ? Ca chatouillait ? Est-ce que ça donnait envie de dormir, comme Hamilton lorsqu'il le caressait ? Bob n'avait jamais réussi à répondre à ses interrogations, que ça soit à cause de sa condition ou parce que les mauvaises personnes l'entouraient. Les seuls choses que Bob savait sur le contact physique venait de Danny et il s'imaginait parfaitement que ça n'était pas vrai car son grand-frère lui avait toujours juré ses grands dieux que rien ne valait le corps d'une femme surtout lorsqu'on était en plein acte. Danny lui avait dit que rien, absolument rien, n'égalait cette sensation. Bob n'avait jamais rien dit, bien conscient des conséquences de paroles malheureuses sur un sujet qu'il ne maitrisait pas mais de son point de vue, c'était totalement dégueulasse. Rien que de s'imaginer tripoter une demoiselle lui posait un probleme alors s'imaginer entrer en elle emmenait son estomac vers des cieux éthérés et bileux qui lui faisait se dire que Danny devait être sacrément défoncé pour aimer un truc pareil. C'était l'époque où son frère l'avait entrainé dans le cristal et tout ça lui paraissait flou et distant. C'était dingue de constater comme on pouvait avoir honte de trucs après... La drogue avait été sa pire erreur et il avait tout arrêté après deux longs mois d'utilisation. Il s'était fait peur, très très peur et avait été traiter de pucelle pour ça mais ça avait été son alarme. Les contre-coups avaient été nombres et la desintox, sans les médicaments appropriés, particulièrement douloureuse. Toujours était-il que, lorsque Seth s'était approché pour finalement lui faire un calin, Bob émit un léger croassement de surprise et ouvrit très grand les yeux. Son cœur s'emballa violemment et son esprit oscilla entre la colère, la peur-panique et un peu de curiosité. Il se tendit très fort et se relâcha aussi violemment. Il dévisagea ce qu'il voyait de Seth, les bras levés sous la surprise, figé dans une posture ridicule avec un air de jouvencelle en détresse. Il lança un regard paniqué à Hamilton qui ne trouva rien de mieux que de miauler vers sa gamelle avant de se lécher sereinement les parties comme si rien de surréaliste n'était en train d'arriver dans la maison perdue dans la forêt. Au bout d'un moment, qui lui sembla une véritable éternité, Bob abaissa les bras mais fut parfaitement incapable de savoir quoi faire de ses deux extrémités, il se retrouva donc, bras ballants quoique presque autour de Seth – mais pas vraiment- mais quand même un peu- à réaliser que les câlins, c'était quand même bien sympathique quoique surprenants et d'une proximité étonnante et qu'il n'avait jamais envisagé. En fait, un câlin, c'était être d'une promiscuité sans gêne avec quelqu'un, une promiscuité que le mutant n'était pas sûr de pouvoir supporter. C'était trop d'information d'un coup. L'odeur de la peau, le contact, la chaleur, la pression, l'envie de poser la tête contre l'épaule, l'harmonie des deux corps, le sentiment de réconfort... Bordel de merde, il se passait trop de chose d'un coup. Lorsque l'étreinte se relâcha, Bob était dans un état particulier. Il ne savait plus bien comment il s'appelait, pourquoi il était là, c'était quoi cette cabane. Bref, il était un peu perdu. Il chancela légèrement en arrière et finit par saisir la bière pour s'occuper les main.
- Merci beaucoup. Pour le bracelet. Et pour le lit ce soir aussi. J't'avoue qu'avec mon sens de l'orientation en forêt, j'y étais encore demain matin.
Bob hocha la tête, incapable de parler. Ca n'était pas tant qu'il ne voulait pas qu'il en était complètement, indubitablement, physiquement incapable. Il aurait pu être muet de naissance que ça aurait probablement rendu le même résultat. Il le laissa lui frotter le bras en fixant intensément la main en action sur sa veste. A l'intérieur de la tête de Bob, une centaine de neuronnes puritains, qui prenait les endorphines pour de la drogue, sortaient les fourches et les pelles en criant à l'hérésie. Un petit chef neurone – qu'on nommera Jeff- gueulait à qui voulait l'entendre que tout les démons du cortex reptilien se déversaient sur eux. Bref, le cerveau de Bob fonctionnait tant bien que mal tandis que ses striures accéléraient le mouvement, toutes contentes d'être flattées.
- C’est la première fois que j’passe la nuit chez toi, dis donc.
Bob ne comprit absolument pas le sous entendu, pour le comprendre, il aurait fallu qu'il comprenne quoique ce soit à ce qu'était sa vie durant les dernières heures et très franchement, c'était complètement au dessus de ses forces d'homme grenouille ermite. Il cligna des yeux, séparément, comme ça lui arrivait souvent lors de grands moments de troubles puis regarda Seth avant de hausser les épaules, vider sa bière cul sec et dire d'une voix rauque.
-Bah, t'peux rev'nir si tu veux, hein...
Bob grimaça. Mais qu'est-ce qu'il racontait encore ? Pourquoi il l'invitait encore plus. Il reposa la bouteille qui manqua d'exploser sous l'impact et se dirigea vers le débarras à droite de l'atelier. Il en tira des couvertures défraichies mais parfaitement propre et entreprit de faire le lit de Seth sur le canapé sans penser un seul instant qu'ils n'avaient pas mangé. A la moitié de son ouvrage, il se dirigea vers la cuisine et se mit à préparer le diner en oubliant parfaitement qu'il était en train de faire un lit quelques secondes plus tôt. Il ne parlait pas, n'éméttait aucun son, trop perdu dans ses pensées pour essayer d'être un tant soi peu un bon hote. Il se contenta de cuisiner en remettant de l'ordre dans ses idées. Celle-ci semblaient se foutre parfaitement des efforts de Bob en matière d'organisation tant elles s'évertuaient à vivre leur vie. Après tout, c'était des pensées libres. Non ? Hmmm, toujous était-il que, lorsque Bob finit ses plats, à bases de viande de cerfs et de beaucoup d'épices, il dressa une table stressée et légèrement désorganisée avant de dire.
-C'est... prêt... Euh...
Sur ces paroles pleines de bon sens, il s'assit et s'occupa d'admirer son assiette et de la manger avec une application quasi monacale.
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Jeu 19 Nov 2015 - 1:30
Chasing the sun
Seth & Bob
Pour une personne normale, ou qui ne le connaissait pas, le manque de réaction de Bob pendant ce câlin aurait été relativement vexante, voire insultante pour les plus susceptibles. Seth le sentit lever les bras et croasser de surprise. Il imaginait assez bien l’expression passablement terrorisée qui venait de se peindre sur son visage et résista à la tentation de s’écarter pour la contempler – déjà, parce qu’il risquait d’éclater de rire et il savait bien que ça ne passerait pas, et aussi parce qu’il n’était pas certain de se retenir de l’embrasser en le voyant avec une tête pareille. Or, il avait l’intention de vivre encore un bon nombre d’années, si possible avec l’homme grenouille à ses côtés, pour un temps ou jusqu’au bout, il n’en savait rien, mais ces moments ensemble, il les voulait et il ferait tout pour les avoir. Il finit par s’écarter et frotta le bras du mutant, en profitant pour le détailler. Il avait l’air particulièrement sous le choc, les striures bleues marbrant sa peau pulsant furieusement au rythme du cœur qu’il avait senti battre à travers sa chemise. Il sourit, fit une remarque qui aurait pu passer pour un sous-entendu pour peu qu’on pense à le relever – ce que Bob ne fit pas – et l’observa tandis qu’il avala sa bière cul-sec. Le trafiquant arqua un sourcil : il avait beau l’avoir vu faire une paire de fois, ça l’impressionnait toujours autant.
- Elle est toujours aussi grandiose, ta descente.
Il ne fit pas de commentaire sur ces yeux qui clignèrent séparément à quelques secondes d’écart, se disant qu’il finirait par s’habituer à ça comme il avait fini par s’habituer à tout le reste.
-Bah, t'peux rev'nir si tu veux, hein...
Le Calédonien sourit de plus belle, notant précieusement l'invitation. Il se demanda comment la bouteille de verre résista à l’impact lorsqu’elle fut reposée avec toute la non-délicatesse du monde, ou comment la table fit pour ne pas s’écrouler tant le trappeur avait frappé fort sans s’en rendre compte. Il le suivit du regard lorsqu’il alla chercher des couvertures dans un placard, puis le suivit tout court dans le but de ne pas le laisser monter ce lit improvisé tout seul. Il s’arrêta cependant et le fixa tandis qu’il dépliait les draps et les installait avec des gestes si mécaniques qu’il aurait tout à fait pu passer pour l’un de ces robots hyper sophistiqués – striures et yeux rougeâtres en bonus pour ajouter un peu de fantaisie à l’appareil. Il pencha la tête sur le côté.
- Tu veux que je …
Il n’eut pas le temps de terminer sa demande que l’homme aux cheveux noirs s’éloignait en direction de la cuisine, l’air toujours aussi mort de l’intérieur, à tel point que Seth finit par se demander si ce câlin n’avait pas tué une partie de son cerveau. Il se pencha sur le canapé et s’occupa de tout mettre en place, allant même récupérer deux autres couvertures – il avait beau faire bon dans la maison, il était particulièrement frileux, et il aimait trop dormir torse-nu pour faire l’effort de s’encombrer d’un t-shirt. Une fois son lit fait, il se dirigea vers la cuisine et glissa la tête dans l’encadrement de la porte, observant Bob aux fourneaux. Il huma l’air et inspira toutes les odeurs d’épices qui lui montaient au nez, lui donnant l’eau à la bouche. Avant de reculer, il en profita pour détailler le cuistot plus attentivement, laissant ses yeux le détailler dans son ensemble et descendre suffisamment bas pour qu’il soit certain de lui coller le rouge aux joues s’il venait à se retourner maintenant. Il était particulièrement satisfait de ce qu’il voyait, et retourna dans le salon le sourire aux lèvres, son imagination s’emballant beaucoup trop pour le bien du mutant. Ce dernier revint quelques minutes plus tard avec deux assiettes pleines d’une viande fumante et sentant délicieusement bon. L’homme de sable s’assit à table, se demanda bien ce qu’il allait manger.
- C'est... prêt... Euh...
Encore une fois, il dût se retenir de rire de peur de froisser Bob – c’était bien la seule personne au monde qu’il ne voulait pas vexer. Il le regarda attaquer son plat dans un calme et un silence religieux, et se décida enfin à prendre un morceau de ce qui se trouvait devant lui. Il était toujours curieux et ouvert à de nouvelles expériences culinaires, mais il avait aussi failli y passer stupidement à cause de ça, aussi se laissa-t-il quelques secondes pour savoir s’il allait poliment décliner l’assiette ou non. Mais il n’eut pas à s’inquiéter bien longtemps, et ce fut avec des yeux ronds qu’il avala sa bouchée.
- C’est super bon !
C’était une remarque particulièrement spontanée, et il entama la suite de son plat avec entrain. Il était loin de se bâfrer, mais il dû néanmoins se forcer à ralentir la cadence pour ne pas tout engloutir trop vite. Et une fois son gibier dévoré, il s’étira longuement, repu.
- Je savais pas que tu cuisinais comme ça. Sans déconner, si un jour tu veux te reconvertir, ouvre un restau.
Il sourit et le regarda.
- J’serai ton client numéro un.
Après un bon repas, il n’était pas rare qu’il fume une cigarette pour compléter le tout. Mais là, il avait trop peur de gâcher le goût délicieux encore posé sur sa langue qu’il renonça sans regrets à sa dose de nicotine. Il se cala dans sa chaise et aida Bob à débarrasser, déposant la vaisselle dans l’évier.
- Alors, que je résume : t’es un super bon trappeur, un maroquinier qui sait faire des trucs magiques avec un peu de cuir, et un chef étoilé qui s’ignore. T’as quoi d’autre comme talent caché sinon ?
Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Jeu 14 Jan 2016 - 12:14
-C'est super bon !
Bob redressa la tête, son cerveau toujours en train de compoter à l'intérieur de son crâne. Il cligna des yeux – séparément, il va de soi – et détailla Seth, parfaitement circonspect. Bob cuisinait depuis longtemps, c'était une des traditions cajuns qui se transmettait de génération en génération. De manière général, il n'achetait que des épices, de la farine et du lait. Tout le reste, il avait appris à s'en passer ou il avait appris à le faire. Pain, viande, légumes... Il trouvait ce qu'il voulait dans la forêt et le reste il le cultivait l'été. Bob vivait au rythme des saisons, tirant son savoir de la terre et de la forêt d'un ascendance de trappeur cajuns bien décidés à ne pas dépenser un centime de plus que nécéssaire dans des chose qu'ils pouvaient parfaitement faire eux même. Du coup, il était surpris qu'on lui dise que c'était bon. Pour Bob, c'était juste comme il l'aimait et jamais personne ne s'en était plaint mais personne n'avait loués ses talents de cuisinier pour autant. Il resta donc là, comme le dernier des abrutis, à regarder Seth dévorer son plat avec un sourire qui – pour une raison inconnu au bataillon Bob – lui fit chaud au cœur. Dans un coin reculé du cerveau de Bob, l'amour propre de ce dernier sortait de sa grotte en roulant pour murmurer un très léger « enfin un qui apprécie ce que je fais ». Il laissa son assiette refroidir un moment, tant il bugga longtemps sur le calédonien dévorant son assiette. Bob se fit la reflexion que cette journée ressemblait beaucoup trop à un lendemain de cuite. Il secoua un peu la tête, espérant se remettre un peu de plomb dans la cervelle et se remit à manger. Un silence entrecoupé de bruit de mastication s'installa dans la pièce que Bob n'aurait voulu briser pour rien au monde. Ce silence était beaucoup trop confortable pour ça. Il détaillait sa table et se rendait compte que ça faisait un moment qu'il ne l'avait pas cirer. C'était un truc à faire ça. Cirer sa table. Un truc important à penser quand on avait un invité. Il renifla et s'appréta à se lever quand Seth reprit la parole une nouvelle fois.
- Je savais pas que tu cuisinais comme ça. Sans déconner, si un jour tu veux te reconvertir, ouvre un restau. J’serai ton client numéro un.
Bob considéra Seth comme si c'était une parfaite andouille. D'où Bob, le mec louche par excellence, qui chassait des écureuils et qui faisait des ragouts que les citadins, trop poli pour refuser, donnaient à leur clébards. D'où ce Bob-là, et pas un autre Bob, fin gourmet et alchimiste de la bouffe ou que savait-il encore, d'où aurait-il pu, un seul instant, ouvrir un restaurant. L'espace d'un instant, il se demandait ce que mangeait le calédonien pour être si surpris par le plat qu'avait fait la grenouille. Il plissa les yeux et se contenta de remettre son nez dans son assiette. Il avait réussi à être gentil jusque là, ça n'était pas la peine de faire exploser tout ces efforts sous prétexte que le mutant des sable bouffait suffisamment de la merde le reste de la semaine pour trouver ses plats bons. Et puis quelque part, le compliment le touchait. Bien plus que ce qu'il voulait bien croire. Bien, bien plus que ce qu'il voulait bien laisser voir. Il se contenta d'un vague haussement d'épaule et de paroles inintelligibles, même pour lui – ce qui en soi constituait un exploit monumental - et finit son verre en manquant de s'étouffer. Il parvint à garder contenance malgré tout. Il se leva, récupérant son assiette et ses couverts pour tout poser dans l'évier. Il se retourna pour se retrouver nez à nez avec un Seth beaucoup trop près à son goût, ce dernier déposa simplement ses propres couverts dans l'évier. Au moment où il s'éloigna, les neurones puritains de Bob s'insurgèrent en constatant que cette détente de muscle ne coïncidait pas uniquement avec un soulagement de le voir s'éloigner. Quelques petits neurones new wave étaient simplement déçu qu'il ne se passe rien de plus. Désormais, le cerveau de Bob était scindé en deux et chaque neurones devait choisir son camps pour sauver le monde Bob Baxter de l'implosion imminente qui l'attendait.
-Alors, que je résume : t’es un super bon trappeur, un maroquinier qui sait faire des trucs magiques avec un peu de cuir, et un chef étoilé qui s’ignore. T’as quoi d’autre comme talent caché sinon ?
Bob resta immobile mais sa paupière droite frémit tandis qu'une guerre civile explosait sous sa boite cranienne. « Le contact physique c'est maaaaal » criaient les puritains, « les calins et l'amour c'est bieeeeeen ! » scandaient les new waves. Entre les deux, il y avait un petit Bob pas plus grand qu'un dé à coudre qui se demandait très franchement ce qu'il foutait là et pourquoi il était sorti de sa foutue forêt parce que décidément, tout ceci était beaucoup, beaucoup trop compliqué pour tout le reste des habitants de ce foutu cerveau. De tout ce bordel encombrant et particulièrement indécent ne ressortit qu'une simple phrase qu'il ne sut jamais s'il l'avait murmuré, dite, criée. Tout ce qu'il savait c'est que la phrase était sortie. Pour le reste, c'était pas si grave.
- J'suis pas si bon que ça, arrête ton char.
Il renifla, récupéra sa bouteille vide et alla la mettre avec tout les déchets en verre qu'il avait. Ca servirait plus tard, il n'avait aucun doute là-dessus. Il se retourna, lança un coup d'oeil à Seth et, pour la première fois, le détailla vraiment. Tout les neuronnes puritains de son cerveau se figèrent dans une moue d'horreur absolue, proches de l'évanouissement : il le trouvait pas si moche. Certains de ces neurones explosèrent purement et simplement sous les yeux ébahis de tout les autres. Bob secoua la tête et s'éloigna d'un pas raide. Il savait parfaitement que Seth l'avait vu. Le petit sourire de son vis-à-vis ne l'avait pas trompé et il avait complètement peur de ce que l'homme avait pu comprendre de ce regard. Oh et il aurait bien aimé qu'il comprenne : « fous moi un pain ». C'aurait été beaucoup plus simple à gérer. Il se dirigea vers son petit atelier d'où de forte odeur des produits qu'il utilisait pour traiter son cuir s'échappaient. Il récupéra les peaux des bestioles qu'ils avaient dépecés ensemble et commença à préparer le premier bain dans lequel elles allaient tremper, constitué de divers chose mais notablement de contenu de boite cranienne des animaux chassés quelque jours plutôt. Il lança un coup d'oeil vers la porte, constata la présence de Seth et se surprit à avoir plus chaud. Ses striures pulsaient de plus en plus vite au gré de la chaleur. Il renifla et secoua une nouvelle fois la tête. Il avait l'impression d'être drogué et il était sûre de ne pas l'être, du coup... Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui arriver ? Il n'en avait pas la moindre idée... Et c'était bien chiant.
Seth Koraha
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Sujet: Re: Chasing the sun [ft. Bob] Dim 17 Jan 2016 - 18:48
Chasing the sun
Seth & Bob
Depuis le temps qu’il draguait à peu près tout ce qui bougeait et qui lui plaisait, Seth avait appris à observer les réactions de ses potentiels partenaires. Les petits sourires, les regards, les gestes discrets, le ton de la voix : lorsque les mots n’étaient pas toujours clairs, le langage du corps dissipait tous les doutes. Et heureusement, parce qu’avec un homme d’aussi peu de mots que Bob, il aurait été bien difficile de comprendre ses réactions si le physique ne s’en mêlait pas. Les paupières qui frémissaient, les yeux qui ne clignaient pas en même temps et surtout les si jolies striures bleues qui pulsaient plus ou moins vite : au moins, il lui faisait de l’effet, pour son plus grand bonheur. Ne restait plus désormais qu’à savoir jusqu’à quel point il allait pouvoir le titiller avant qu’il ne craque. Pour le moment, il avait surtout l’impression de l’avoir particulièrement traumatisé. Il n’avait pourtant pas fait grand’ chose : un câlin et quelques compliments – sincèrement pensés – rien de très excessifs. Pas de main baladeuse non plus, à l’exception de celle qu’il avait passée dans son dos un peu plus tôt dans la soirée. Bref, le Calédonien était loin de déployer les merveilles de charme et de séduction qu’il pouvait montrer en temps normal. D’un côté, il pensait – plutôt à juste titre – que ça n’aurait servi qu’à faire fuir l’homme-grenouille plutôt que de le rapprocher de lui. Alors pour l’instant, il se contentait de ronger son frein et d’y aller très doucement. Déposant son assiette dans l’évier, il se tourna vers Bob avant de lui poser une question qui, bien que lancée sur le ton de la plaisanterie, était très intéressée : plus il en saurait sur lui, plus il taperait juste dans les petits cadeaux qu’il comptait lui ramener. Cependant, il n’avait pas prévu le long silence qui suivit, puis d’une simple phrase prononcée très rapidement, à mi chemin entre le murmure et le parfaitement audible.
- J'suis pas si bon que ça, arrête ton char.
L’homme de sable le regarda s’éloigner récupérer les bouteilles en verre et en profita pour le détailler sans gêne, son regard s’arrêtant sur le postérieur du trappeur pendant plusieurs secondes, remontant au bout de quelques secondes.
- J’te charrie pas. Profite, j’fais pas ça souvent.
Et il était tout à fait honnête : d’ordinaire, il était plutôt du genre à jouer avec les mots et à utiliser flatteries sur flatteries. Avec Bob, il était beaucoup plus franc qu’avec le commun des mortels. Allez savoir pourquoi. Il cherchait quoi dire de plus pour relancer la conversation lorsqu’il surprit le regard du trappeur. Un fin sourire étira ses lèvres tandis qu’une douce impression de victoire s’installait quelque part dans un coin de sa tête. S’étirant un moment, il finit par suivre le mutant dans son atelier. Les odeurs de produits et de liquides divers lui montèrent au nez, lui tirant une petite grimace rapide qu’il s’efforça de chasser au plus vite, préférant visiter la pièce. Il était toujours aussi fasciné par ce qui se trouvait sur les murs et les plans de travail. Il passa les doigts sur le bracelet à son poignet tout en se rapprochant de l’endroit où se tenait Bob. Ses yeux finirent par se poser sur une bande de tissu laissée là et une idée lui traversa l’esprit. Une idée qui, une fois encore, lui tira un sourire. Attrapant le tissu, il se dirigea calmement vers le trappeur, regardant ce qu’il faisait par-dessus son épaule, s’assurant qu’il ne tenait rien de tranchant ou de dangereux dans les mains ; il aurait été assez malheureux de finir avec un coup de couteau nerveux entre les côtes. Quand il fut certain que ça n’arriverait pas, il se mit debout dans le dos de Bob et, utilisant ce qu’il tenait dans les mains pour protéger ses lèvres, il déposa un très léger baiser dans la nuque de l’homme grenouille. Ca n’avait rien d’excessif, rien de lascif ; c’était un baiser très doux, très léger, et très à l’abri du venin qui suintait toujours de la peau de Bob. Et Seth espérait que ça ne serait pas le dernier.