I'm Wasted,
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Dire que Charlie s’amusait follement était peut être un petit peu exagéré. Dire qu’elle était dans un état proche de l’ébriété en revanche était tout à faire exact. Elle avait appris l’existence d’une soirée dans son bar préféré la veille, alors qu’elle éclusait déjà son troisième verre de téquila, en louchant sur un flyer de papier criard. Apparemment un certain Tom Holden fêtait son anniversaire ce soir là, et il y aurait des jeux et des déguisements. Tom pouvait avoir douze ou vingt trois ans, vu le manque d’informations sur le dit garçon, alors la jeune femme avait tenté le coup. Elle s’était inventée un costume à base de « do not cross » tape, se faisant une petite robe moulante de son cru. Au pire, si le garçon était trop jeune, elle garderait son manteau par-dessus. Au final, Tom Heldon n’était pas si jeune, mais était loin de la majorité américaine : Charlie s’était retrouvée au milieu d’une bande de lycée, pour la plupart en terminal, et elle qui révait de beaux trentenaires, de mojito et de tequila,  elle se retrouvait avec des mômes acnéiques et de la bière à peine alcoolisée. Bon, qu’importe le flacon, tant qu’on a l’ivresse parait il et s’il fallait qu’elle boive huit litres de bière, elle relèverait le défi.

Finalement, la soirée ne se passait pas si mal : elle avait rétamé les gosses au beer pong, et ces derniers s’étaient montrés plein de ressources à leur tour : sous la table, des mélanges de jus d’orange et de wodka et de whisky-cola circulaient, et elle en prenait de larges rasades à chaque fois que les bouteilles en plastique lui passaient sous le nez. La musique était commerciale, les tentatives de drague ridicule, mais bientôt elle aurait suffisamment bu pour ne plus vraiment s’en rendre compte. Comme ça, elle oubliera le trouble de ses retrouvailles avec Seth Koraha, sa culpabilité après l’assassinat de Lockhart, la peur de voir Roman un jour l’abandonner… Elle ne serait plus qu’inconscience et ébriété, et parfois ce n’était pas plus mal il fallait le dire.
Elle s’était installée au bar, sur un tabouret sur lequel elle s’amusait à tourner, sa cup rouge remplie de bière bas de gamme. Elle dodelinait de la tête en regardant les adolescents se trémousser avec une tendresse presque maternelle, avant de se redresser légèrement : il y avait un garçon, au fond de la salle qui avait de la … Barbe ? Charlie trouvait l’idée complètement délirante, et avait absolument besoin de voir de plus près si celle-ci était réelle. Elle sauta de son perchoir dans un équilibre… incertain, puis traversa le bar d’un pas décidé pour rejoindre l’homme qui lui semblait de plus en plus âgé à mesure qu’elle s’approchait. Bon, il n’avait pas son âge non plus, mais tout de même ! Ce n’était pas un lycéen, peut être même était il sorti du système scolaire, ce qui en faisait un animal totalement passionnant. Elle se fraya un chemin jusqu’à lui, et toucha le bout du nez du jeune homme en couinant un « Bloup », tout sourire dehors. Comment quelqu’un pourrait résister à ça hein, sérieusement ? Elle se hissa sur la pointe des pieds pour parler à l’oreille de l’inconnue essayant de couvrir la musique de sa voix fluette :

- Ben alors Papa, toi aussi tu t’es perdu dans cet espèce de glee club géant ? Ou tu es le chaperon sur lequel fantasment toutes les gamines ici présentes ? Spoiler alert : Pas touche, j’crois qu’il y a pas une majeure . Fin à part moi. J’m’appelle Charlie, enchantée. Je peux toucher tes joues ? C’est les premières que je vois avec plus de trois poils depuis, genre, 2h !

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Il était mignon et marrant. Trop jeune évidemment, surement trop fragile et trop normal pour supporter plus d’une soirée l’étrange mutante, mais de toute façon elle ne lui réclamerait rien de plus que quelques minutes, quelques heures de son temps ce soir. Sa façon d’écarquiller les yeux était amusante, tellement drole que Charlie gloussa en se hissant maladroitement sur le tabouret à coté de celui d’Ulysse. Il ne l’avait pas remballé vertement, alors elle considérait avoir gagné le droit de rester avec lui un petit moment. D’ailleurs, il ne sembla pas si rebuté de sa présence au vu de son joli sourire plein de dents si blanches qu’on eut dit une collection de perles. Tant mieux, parce qu’il était tout à fait à son gout, pour une petite conversation alcoolisée en tout cas :

- Mazette, pas gouté une seule fois ? Respect mon seigneur, parce que certaines de ces donzelles n’auraient clairement pas été contre, j’en suis persuadée, j’en ai même vu une fixer ta braguette en tirant la langue sur le coté comme pour essayer de deviner la taille de ce qui se situait au dessous. Toujours se méfier des gamines de première et de terminales, les hormones, c’est un fléau.

Le souci avec Charlie, c’était le naturel avec lequel elle traduisait ses pensées sans le moindre filtre social. Elle le pensait, alors ça sortait de sa bouche, sans même réfléchir à ce qui pouvait choquer ou offusquer. Pas qu’elle s’en fichait, enfin si, un peu, mais c’était surtout que la pauvre ne s’en rendait même pas vraiment compte, les trois quart du temps. Ravie de la réponse de l’homme, se pencha vers lui et passa son pouce sur le bombé de la joue d’Ulysse avec un air appréciateur. Sa joue était à la fois douce et un peu rugueuse, elle avait envie d’y frotter le bout de son nez pour pouvoir sentir l’odeur de l’after shave qu’il utilisait. Seulement, on lui avait déjà dit que cela ne se faisait pas, en tout cas pas en public, aussi elle réprima son étrange pulsion pour imiter le geste du jeune homme et que le barman lui resserve une rasade de mojito dans son grand gobelet rouge. Elle tendit son gobelet vers le contenant d’Ulysse pour trinquer avant d’en avaler une rasade à en faire frémir un alcoolique.

- Chasser ? Non pas ce soir, j’suis de repos, dieu merci ! En fait j’adore les soirées déguisées mais je m’imaginais pas qu’ils seraient de l’âge d’avoir un couvre feu … Enfin bon tant pis, au moins j’aurais joué au bière pong, j’adore le bière pong. Et puis j’aurais croisé monsieur Ulysse, c’est déjà un bon point. * elle s’interrompit soudain, relevant la tête en direction des bass qui crachaient une nouvelle chanson* Ho j’aime bien ça ! tu danses Ulysse ? Si tu danses pas, je monte sur le comptoir pour danser toute seule !

Elle lui offrit un sourire éclatant, la où le barman lui faisait de grands yeux ébahis : la petite blonde allait elle vraiment monter sur son bar devant une bande d’ados assoiffés de chair féminine ? Elle avait pas froid aux yeux, ni ailleurs d’ailleurs vu la quantité strictement limitée de vêtement qui recouvrait son joli corps …

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Charlie voyait les lèvres d’Ulysse s’agitaient, se séparer pour mieux se joindre ensuite, mais tout ce qu’elle entendait était une sorte de « blablabla » tout juste audible par-dessus le bruit de la musique, des balles de ping pong résonnant sur la table de jeu et des talons bien trop hauts pour les gamines qui les portaient. En vrai ça ne la gênait pas tant, il avait de jolies lèvres composant une jolie bouche, alors il pouvait les agiter autant qu’il voulait, c’était tout à fait distrayant. Elle n’attrapa que quelques bribes dans les remarques de l’appétissant brun, comme quoi c’était le bon vieux temps. Elle supposa qu’il parlait du lycée et haussa les épaules en reprenant une gorgée de boisson : elle n’en savait fichtrement rien, elle n’était pas allée au lycée, ni au collège, ni même en petite section d’ailleurs. Elle avait passé son « bon vieux temps » dans une cellule bétonnée à causer aux murs, à sa voisine de prison et aux scientifiques qui testaient leurs saloperies sur elle en s’extasiant de la voir encore tenir sur ses pattes. Tu parles d’une époque.

Heureusement, le jeune homme ne s’éternisa pas sur la question, et après un bon cul sec, articula une phrase totalement incompréhensible sur un certain Maurice très impoli. L’alcool aidant, elle gloussa un peu bêtement, laissant Ulysse l’attirer jusqu’au milieu de la scène, alors que la musique remplissait ses oreilles et son corps entier. Elle se mit à dodeliner de la tête tout en se serrant contre Ulysse pour lui permettre de suivre le rythme, ce qu’il faisait … A sa manière.

- Merci, tu te débrouilles pas trop mal pour un gars sexy ! d’habitude les grands bruns ténébreux ça veut pas danser … J’apprécie !

Elle continua de sautiller et de se déhancher en face d’un Ulysse dont elle soupçonnait d’être passé du côté obscur de l’alcoolémie, et ça lui allait très bien. Ce soir elle n’était pas une chasseuse sanguinaire et sans aucune limite, elle n’était pas Charlie Monroe, la traitresse à sa race, la mutante parmi les hunters. Elle était juste elle-même, une danseuse parmi les danseuses, une cliente d’un bar anonyme qui profitait du physique plus qu’avantageux de son danseur et d’une musique commerciale mais tout à fait adéquate à la situation. Elle n’avait pas envie que ce soit compliqué, la simplicité avait du bon parfois. Et puis elle en avait bien besoin, tant sa vie était compliquée depuis que Roman avait déposé leurs valises aussi. Elle pivota sur elle-même sous l’impulsion de son partenaire, nouant ensuite ses mains autour du cou de ce dernier pour danser contre lui, pouffant en balayant la salle du regard :

- Je crois que je suis officiellement la fille la plus jalousée de la soirée, je suis très fière !

Bon, toute humilité mise de coté, elle attirait elle aussi les regards de la plupart des puceaux de la pièce, ainsi que du barman qui s’amusait beaucoup quant à lui de voir ces deux alcooliques notoires faire le show gratuitement dans son établissement. La musique changea de rythme pour quelque chose de plus rythmé, plus chaotique, alors que Charlie reculait d’un pas, de deux pour prendre son élan :

- Tu me laches pas hein ?

Sans plus d’explication, elle sauta sur le jeune homme, s’agrippant à sa chemise , les jambes noués autour de sa taille. Il fallait qu’il tourne, tourne tourne, jusqu’à ce qu’elle oublie jusqu’à son prénom …

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Charlie avait littéralement sauté sur Ulysse, sans songer à la réaction du jeune homme à son coup de folie. Heureusement, il était suffisamment réactif et costaud pour saisir la jeune femme en plein vol, la faisant tournoyer maladroitement d’abord, puis de plus en plus vite. Elle éclata de rire, enroulant fermement ses jambes autour des hanches de son danseur, basculant sa tête en arrière dans un éclat de rire sonore, incontrôlable. Avoir la tête qui tourne, que cela soit d’ivresse, d’excitation, d’émotions, elle adorait ça. Ça la faisait se sentir plus vivante, plus … humaine aussi. Tout ce dont elle avait besoin en ce moment, en fait. Elle se décolla d’Ulysse pour reposer les pieds au sol, malgré le tournis et le hoquet accompagnant son fou rire tout récent. Elle lui cria à l’oreille, pour couvrir la musique toujours trop forte :

- C’ETAIT TROP BIEN !! TU ROCKES COMME GARCON QUAND MEME !

Un autre rire, puis elle lui prend la main pour tourner sur elle-même, puis l’attirer à l’extérieur du bar, sous le porche. Il faisait tellement chaud à l’intérieur qu’elle avait besoin d’une petite bouffée d’air frais. Sautillant plus qu’elle ne marchait, elle jeta un regard glacial à un garçon qui terminait sa bière juste à côté, qui s’empressa de rentrer à l’intérieur sans demander son reste, leur laissant son verre à portée de main. Charlie passa la main dans ses cheveux pour écarter les mèches blanches qui barraient son visage rougi par l’alcool et l’énergie. Elle s’avança vers un Ulysse adossé au mur du bar venant lui appuyer sur la joue, les yeux brillant :

- Et bien, finalement j’aurais pas perdu ma soirée, Ulysse roi de la piste ! Tu es définitivement *un poke sur la joue* … trop …. * un second* mignon !

Un dernier poke, avant de planter directement ses lèvres sur celles tièdes du jeune homme. Il n’y avait rien de passionnel dans ce baiser, malgré la douceur de la bouche de la mutante : elle était juste contente d’avoir trouvé un camarade soirée, juste quelqu’un qui aimait faire la fête comme elle. Elle était comme ça Charlie, elle n’avait pas tous ces filtres, toutes ces conventions sociales qui interdisent à une fille d’embrasser un garçon sans aucune raison valable. Charlie était totalement inconvenante, sans s’en rendre compte ni vraiment s’en soucier non plus : Ulysse était mignon, dansait bien et il sentait bon. Il avait des joues qu’on avait envie de toucher, et c’était un argument à ses yeux tout à fait valable pour l’embrasser. Au pire si ça ne lui plaisait pas à lui, et bien elle arrêterait, tout simplement. Elle recula d’un pas sautillant, attrapant le verre abandonné pour en boire une gorgée :

- Ça fait du bien un peu d’air frais. Tu veux retourner à l’intérieur ? Fumer une clope ? J’serais pas contre une clope tiens, mais j’ai pas de chewing gum, alors l’haleine de cendrier, c’est quand même pas top hein … Quoi, qu’est ce qu’il y a, j’ai un truc sur le visage ?

Et elle piaillait, pépiait comme un petit oiseau, son sourire presque enfantin collé sur son visage rond, remontant ses paumettes félines. Elle était tout sauf menaçante la petite Charlie, dans sa petite robe jaune et noire, les yeux brillant de malice, tellement éloigné de son personnage de chasseuse sanguinaire et sans pitié. En même temps, l’était elle vraiment ce soir là ? tout ce à quoi elle pensait, c’était à l’odeur d’ulysse. Et qu’elle l’aurait bien embrassé une seconde fois, si il voulait bien .

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Charlie fut bien, bien contente qu’Ulysse prenne le devant pour l’embrasser à nouveau. Non pas qu’elle s’imaginait déjà la bague au doigt avec trois enfants et un chien, non, pauvre fou, plutôt que c’était toujours plaisant de recevoir ce genre de geste d’affection et signe d’intérêt d’une belle personne. Parce qu’il fallait quand même le dire, dans le genre avion de chasse, il était quand même pas mal le petit jeune. Elle apprécia le gout alcoolisé de la bouche du garçon sur la sienne, puis le laissa reculer tranquillement, sans le retenir. Elle pencha la tête sur le coté alors qu’il soupirait en regardant sa montre, sans trop comprendre : on eut dit un chiot à qui on disait de s’asseoir, sans qu’il ne sut reconnaitre son nom. Tard ? rentrer en carosse ? Mais qu’est ce qu’il racontait ? Il était pas tard,il était à peine 22h15 et … ah bah oui, couvre feu de quinze minutes, elle avait totalement zappée, puisqu’elle n’était pas concernée, en tant que chasseuse. Ce qu’elle pouvait être tête en l’air parfois. Elle haussa les épaules avant d’ouvrir les yeux comme deux billes à la réflexion d’ulysse, qui détalait déjà comme un lapin … Poils ? Culotte ? Mais il avait fumé quoi lui ? Elle lui courut après comme si sa vie en dépendait, ses petits poings serrés comme si ça pouvait augmenter son aérodynamisme. Ce qui changea tout en réalité, ce fut qu’elle était bien, bien plus entrainée que lui, et de loin. Quand elle arriva à sa hauteur, elle lui sauta sur le dos comme un petit ninja blond, non sans un « YAHAAAAAAAA » particulièrement discret, forçant le jeune homme à ralentir s’il ne voulait pas se casser la figure. Elle éclata de rire, décoiffant le jeune homme tout en gloussant comme une idiote :

- Ben alors toi, tu manques quand même pas d’air, la montgolfière !

Elle se mit à marcher à coté de lui en souriant, bien consciente qu’elle allait à l’exact opposé de l’endroit où elle habitait. Tant pis, elle au pire, elle s’en fichait pas mal. Elle s’apprêtait à lancer une autre blague à Ulysse quand elle entendit la sonnerie de son téléphone dans son petit sac. Elle lut rapidement le texto, limpide, lapidaire : « toi, moi, chasse ce soir ». Roman. C’était génial, elle avait dansé tout le début de soirée, et elle chasserait avec son Roman jusqu’à l’aube. Que demander de plus. Elle rangea son téléphone portable dans son sac, tout sourire, tout en s’imaginant la suite de sa soirée : elle ramènerait Ulysse jusqu’à chez lui, prétexterait appeler un taxi pour rentrer chez elle, et rejoindrait Roman. Il aurait surement prévu tout un arsenal pour nettoyer la ville des mutants, et elle l’aiderait avec plaisir, juste parce qu’elle voulait voir la satisfaction sur le visage de son mentor. Ces dernières semaines n’avaient pas été faciles pour lui, le pauvre, alors autant essayer de lui mettre un peu de baume au cœur en mettant la main à la pâte. Beaucoup trop de métaphores dans cette jolie petite tête, alors qu’elle avançait tranquillement au coté d’Ulysse, ignorant bien évidemment qu’il était capable de lire dans sa tête comme dans le journal qui trainait sur le banc public du coin….

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Charlie avait trouvé la soirée délicieuse. Simple, sans prétention, avec la promesse d’une bonne chasse pour finaliser le tout. Ulysse avait été un cavalier charmant, avec un sourire rafraichissant et un humour totalement barré. Il n’en fallait pas plus pour donner le sourire à la petite blonde, qui songea un instant qu’elle avait oublier sa veste au vestiaire du bar. Bah, tant pis, elle la récupérerait le lendemain, ce n’était pas la première fois de toute façon. Sur le chemin du retour, elle trouva Ulysse bien silencieux, sans que cela ne la gêne outre mesure : ils avaient raconté tellement de bêtises qu’ils avaient bien le droit de souffler un peu. Le regard de la petite blonde se baladait sur les passants, se demandant innocemment si l’un ou l’autre était l’une de ses futures proies, se hâtant de rentrer chez eux dans l’espoir que 4 murs de béton suffisent à les protéger contre la meute de chasseurs sévissant dans la nuit. Elle songea avec amusement que, de toute façon, son protecteur faisait partie de la gunpowder, et qu’aucune porte ne lui résistait, ni légalement, ni littéralement : jamais une porte close n’avait résisté aux décharges d’énergie de la jeune femme, jamais. Elle espérait qu’il y aurait de la bagarre, un peu, ce soir. Ses dernières chasses avaient été bien calmes, presque routinières, aussi un peu d’action ne lui déplairait pas. En plus, avec l’alcool qui faisait danser son corps et agitait son esprit, elle avait envie d’en découdre, et serait plus bravache encore qu’à l’habitude.

Ulysse s’arrêta devant un immeuble banal, légèrement excentré du centre, et la petite mutante devina qu’il devait habiter. Seul ? En coloc ? Avec sa copine ? elle ne le saurait jamais, et en même temps, elle s’en fichait un peu. Dans sa poche, son téléphone se mit à vibrer, trois fois. Le signal de rappel des troupes de Roman, qui signifiait qu’elle devait être sur le pont au plus vite. Chic. Elle rendit sa bise délicate au garçon, le gratifiant d’un sourire doux, tellement doux pour un monstre comme elle. Oui bien sur, ils se recroiseraient surement au détour d’une soirée, c’était sympa, merci. Elle ne prenait pas le taxi, un ami venait le chercher, pas de souci, rentre bien, oublie pas de te brosser les dents. Ulysse disparut au détour de l’escalier, alors que la berline noire de Roman apparaissait au coin de la rue dans une synchronisation magistrale. Charlie trottina joyeusement jusqu’à la voiture, s’y engouffrant sans attendre. Elle savait ce qu’elle y retrouverait : un Roman d’apparence bougonne, en réalité enjoué de leur future boucherie, ainsi qu’une paire de basket, un jean et un tshirt lambda. Pas question de chasser en mini robe, elle n’était pas là pour faire décoration.


RP CLOS <3