≈ 001. Elle n'a pas de permis de conduire, car trop pauvre pour se le payer. Elle se contente de se déplacer en bicyclette ce qu'elle préfère amplement en y repensant. ≈ 002. Très secrète, elle ne parle pas d'elle. Jamais. Elle évite d'ailleurs la question avec plus ou moins de subtilité, c'est un peu pour ça qu'elle refuse de s'attacher à quiconque. Mais elle ne peut pas se l'empêcher, au final. Elle a trop manqué d'amour dans sa vie pour réussir à ne pas s'accrocher à la moindre preuve d'affection. ≈ 003. Elle fait planer le doute quant à sa nature. Humaine de condition, mutante par le coeur et l'histoire. Elle sait qu'elle ne sera pas acceptée par les humains si elle parle trop de ses parents, ni par les mutants si elle avoue être humaine. Entre deux, elle ne sait pas trop sur quel pied danser et préfère, à nouveau, éviter le sujet. ≈ 004. Plume est extrêmement secrète. Si bien qu'elle arrive à cacher sa maladie aux yeux des rares personnes qu'elle accepte dans sa vie. Trahie, elle a du mal à faire confiance et se sait trop naïve pour faire confiance aux bonnes personnes. Alors mis à part ses collègues de travail et quelques amis qu'elle compte sur le bout des doigts, personne n'a vraiment de point de vu sur elle. ≈ 005. Comme si être l'unique enfant humain de parents mutants ne suffisait pas à la faire être considérée comme un rebut de la société, une erreur, Plume doit également se coltiner un cancer. Un cancer du système immunitaire, un lymphome non hodgkinien. Chimiothérapie, chambre implantable. Elle passe beaucoup de temps à l'hôpital mais s'y fait très discrète, on ne sait pas combien de temps il lui reste à vivre. Peut-être quelques mois, peut-être des années, peut-être qu'elle va guérir ou qu'elle sera morte demain. Au final, elle vit avec la même incertitude vis-à-vis de la mort qu'une personne saine. ≈ 006. Y'a un truc dans le bio qu'elle comprend pas. En vivant dans une ferme, elle a bien vite comprit qu'une tomate, c'était pas forcément rond ou rouge flamboyant. Et quand elle voit ce qui est censé être naturel dans les grandes surfaces, elle y croit pas vraiment. Du coup, elle essaie surtout de s'approvisionner à la source, faisant parfois des kilomètres pour quelques grapes de raisins. ≈ 007. Elle adore les fleurs. Petites, grandes, fanées, vilaines, touffues, fluettes. Elle les aime beaucoup, oui. Ya quelque chose dans leur éphémérité qui la touche. ≈ 008. Plume a toujours les cheveux dans les yeux. Elle se coiffe jamais. Sa tête au réveil, c'est un peu la même que celle qu'elle traîne le reste de la journée. C'est à peine si elle se maquille. Elle a pas le temps de vouloir être belle, de vouloir plaire. Elle a besoin de sous, d'un toit, d'une vie. Pas de mascara. Pas d'un con qui lui brisera le coeur la première blonde venue. ≈ 009. Ses vêtements sont souvent trop grands pour elle. Déjà, parce qu'ils appartiennent en grande majorité à sa grande soeur et que, du coup, ils ne sont pas à sa taille. Mais aussi parce qu'elle est sujette à de violente pertes de poids suivis de regains douloureux à cause de son lymphome.≈ 010. Elle a rien demandé à la vie, mais elle s'acharne sur elle. ≈ 011. Sans pour autant être artistique, elle est très manuelle. Plume aime bien toucher les matières, créer des objets, des bijoux, des décorations à partir de rien. Et puis, ça lui occupe l'esprit et lui permet de penser à autre chose que sa vie qui la bouffe de jour en jour.

Apparition, apparition, c'est un bien grand mot. Plume a toujours été entourée de mutants. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, sa maison grouillait de mutants. Ses parents, d'abord, leurs amis, leur famille. Des objets volaient, disparaissaient, des gens flotaient, cuisinaient sans feu, lisaient dix livres en même temps dans son salon sans que personne ne pose de question. L'anormalité était sa normalité. Et au milieu de ce capharnaüm, y'avait Plume. Petite humaine d'à peine six ans qui apprenait à lire assise sur les genoux d'un femme qui changeait constamment d'apparence.

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