Lazare, malgré ce que la rigueur des syllabes de son nom laisse penser, a vu le jour et a vécu dans une famille propice au développement de la personnalité qu'il assume aujourd'hui. Troisième et dernier garçon d'une famille de quatre enfants, Lazz' a rapidement appris à encaisser les coups tout en protégeant. A douze ans d'écart de l'aîné, Manoel, et huit du cadet, Miguel, Lazare a grandi très vite afin de rapidement prendre la place de l'homme de la maison, laissée vacante par son père jamais connu, tandis que ses frères prenaient le large dans la conquête de l'Amérique et de leur avenir. Il a ainsi endossé la protection de sa mère Valeria et de sa petite sœur d'un an sa benjamine, Leonor qui avec leur caractère bien trempé, héritage familial, n'en avaient pas besoin mais que voulez-vous, penser qu'on prenait le pouvoir sur la familia alors qu'on était toujours resté plus ou moins dans l'ombre de ses frères robustes faisait rêver Lazare. Car très jeune, il a été un homme de rêves et de passions inassouvis.

Ce n'est que lorsque Leonor a elle-même émis le désir de s'écarter du cocon familial que Lazare s'est envolé à son tour, à peine majeur. Issu d'une famille modeste, il s'est élevé jusqu'au plus au niveau d'études possible dans sa condition, s'arrêtant donc à la frontière de la gloire universitaire pour aller chercher du travail devant le prix exorbitant des études supérieures. Avide de découvertes et de nouvelles rencontres, Lazare a parcouru une grande partie des Etats-Unis, voyageant en stop ou à pied, gagnant la charité des inconnus ou du climat lorsqu'il dormait à la belle étoile, embrassant de ses propres yeux les paysages qui ne lui avaient jusqu'à présent été décrits que par les livres et les atlas. Il a ainsi forgé sa propre expérience, celle des rencontres, des cultures, des mœurs, celle que l'on ne saura jamais réellement apprendre sur les bancs des amphis. La qualification que certains gagnaient sur le plan intellectuel, il la gagnait sur le plan expérimental, et c'était lui le cobaye, le cobaye de la vie.

C'est pour prendre une bouffée d'air sans courir qu'il s'est un jour établi dans le Kentucky, dans la ville de Radcliff, un certain soir de février 2014. Il a alors posé ses fesses au coin d'un bar en pleine effusion alors que la nouvelle de l'élection du nouveau maire se répandait dans les médias, créant l'effervescence. N'ayant jamais pris le temps de rester suffisamment longtemps dans une ville pour en apprendre l'histoire et l'éthique, il s'est laissé conter en détail les originalités qui frappaient pourtant le monde entier et qu'il n'avait jamais su voir. Les événements se sont alors brutalement succédé suite au début du mandat du nouveau maire et Lazare a eu l'impression de naître une seconde fois. S'étant perdu plusieurs années dans les coins les plus reculés des Etats-Unis, il n'avait entendu que des rumeurs venues des médias attachés à la civilisation. Quand elles se sont vérifiées, à la radio, sur les ordinateurs, sur les écrans de télévision. Il a eu peur.
Et puis il a finalement trouvé ça particulièrement amusant.

C'est donc dans la ville de Radcliff que prit fin, ce 21 Février 2014, le road trip de plus de dix ans de notre voyageur. Le chat sauvage, le papillon, décida enfin de gagner un perchoir durable et sans qualification, offrit rapidement le service de sa carrure à toutes les infrastructures incluant la présence d'une quantité respectable de chair humaine. C'est ainsi qu'il a atterri au Burning Desire, grâce à Jarod, son collègue et ami dont il officie désormais en tant que videur. Malgré sa sédentarisation, sa vie n'en est pas moins mouvementée. Entre popularisation du rang de transmutant, déploiement du sérum, confrontations perpétuelles des mouvements Uprising, Insurgency et des dits « hunters », Lazz n'a jamais eu autant de truc à raconter en restant au même endroit.