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 Misery business [ft. Moira]

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Seth Koraha
Seth Koraha

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MessageSujet: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeSam 30 Mai 2015 - 2:40

Misery Business
Seth ∞ Moira

Vingt-deux heures venaient de sonner. Dans une heure, le couvre-feu ferait que les rues seraient complètement vides, à l’exception peut-être de deux ou trois petits provocateurs qui voudraient se frotter aux chiens de Thaddeus.
Seth n’était pas de ceux-là. Il avait vu l’état lamentable de ceux qui cherchaient à braver l’interdiction imposée par le maire, et il n’avait pas du tout envie de subir le traitement par lequel ils avaient dû passer. C’était à croire que les hunters se prenaient pour les rois du monde maintenant que leur chef leur avait donné carte blanche pour traquer et exterminer tous les mutants de la ville. Depuis la mise en quarantaine de Radcliff, plus un jour ne passait sans au moins un mort ou un disparu, peu importe qu’il soit chasseur, mutant ou simple humain qui n’avait rien à voir avec ces histoires. Il suffisait que les redoutables hunters aient ne serait-ce que l’ombre d’un soupçon, le moindre doute quant à la nature de quelqu’un qui aurait eu le malheur d’avoir une tête qui ne leur revenait pas, et ils passaient à l’action. Ils étaient rares, ceux qui chassaient pour vacciner ; généralement, ils réglaient leurs problèmes d’une balle dans la tête et se débarrassaient des corps dieu seul savait où. Le Calédonien se demandait combien de temps s’écoulerait avant que quelqu’un ne tombe sur une fosse commune remplie de cadavre des hommes, femmes et enfants qui avaient eu l’affront de naître avec le gène X. Il se demandait aussi s’il retrouverait l’une de ses connaissances dans l’un de ces trous puant la mort et la détresse. Il pensait à Pietra, à Mikael, à Johan et à Bob, qui faisaient partie de son cercle proche. Il essayait de prendre de leurs nouvelles l’air de rien, directement ou en envoyant des gens les surveiller discrètement, espérant secrètement qu’on ne viendrait pas un jour leur annoncer qu’on n’avait retrouvé d’eux que leur cadavre.
Mais ce soir, il ne voulait pas penser à ça. Ce soir, il avait autre chose en tête et il comptait bien se détendre un peu. Assis à une table dans le coin d’un bar bondé, il passa le doigt sur le bord de sa pinte vide. Ses yeux bruns parcouraient la foule, détaillant les gens présents. Il reconnaissait certaines têtes, mais la plupart lui étaient complètement inconnues. Tant mieux : il n’avait pas spécialement envie d’être dérangé. Il attendait quelqu’un qu’il connaissait bien, une autre de ses connaissances proches qui, comme à son habitude, aimait se faire désirer. Seth s’étira longuement et soupira d’aise, passant la main dans ses cheveux ; il avait un peu de mal à se réhabituer à leur longueur, ayant temporairement sacrifié sa crête si emblématique au prix de la discrétion – et s’il pouvait éviter de se faire repérer une nouvelle fois par Roman, alors il voulait bien consentir à ce changement capillaire, bien qu’il se soit fait à contrecœur. La présence du Russe avait quelque chose de terrifiant aux yeux de son ancien esclave, et leur dernière entrevue l’avait suffisamment marqué pour qu’il ne cherche pas à retenter l’expérience. Il avait songé un temps à quitter la ville, mais il était si bien installé, il avait encore tellement de choses à faire ici qu’il avait pris sur lui et avait été plus courageux qu’il n’aurait cru l’être. Restait encore à savoir si c’était pour le meilleur ou pour le pire.
Seth s’apprêta à se lever pour aller chercher un deuxième verre, mais un éclair rougeoyant dans la foule lui indiqua que la personne qu’il attendait venait d’arriver. Haussant un sourcil, il regarda Moira fendre la mer d’hommes et de femmes pour venir le rejoindre et s’asseoir à côté de lui. Il la détailla rapidement, appréciant la vue. La jeune femme était toujours à la fois très élégante et très sexy, et c’était l’une des choses qui avait poussé Seth à répondre à ses avances la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Et maintenant, ils se voyaient régulièrement, en tant qu’amis ou que compagnons d’une nuit. Sa présence était toujours bienvenue, et ses sarcasmes toujours aussi amusants à entendre. Ils passaient leur vie à se lancer des piques, et ça les faisait bien rire finalement.

- Dis donc la rouquine, j’ai cru que tu m’avais posé un lapin. C’est les grands méchants hunters dehors qui t’ont foutu la trouille ?

Il la provoquait ouvertement : il savait pertinemment à quel point elle détestait les chasseurs et il l’avait empêché plus d’une fois d’aller en égorger un. Ce qu’elle faisait de son temps libre ne le regardait pas, et il ne savait pas si elle avait déjà tué : il espérait seulement qu’elle le faisait discrètement et pas avec pertes et fracas comme la banshee de base.

- Ou alors, tu comptais te pointer à vingt-trois heures. C’est ça ?

Il haussa plusieurs fois les sourcils en souriant. Il connaissait le caractère de l’Irlandaise et il n’aurait pas été étonné d’apprendre qu’en effet, elle comptait sortir une fois passé l’heure du couvre-feu. Il le faisait très régulièrement lui-même, alors il ne lui ferait aucun commentaire à ce sujet. Après tout, entre grands défenseurs du droit de briser la loi, ils se comprenaient bien.



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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeLun 1 Juin 2015 - 20:48

Misery business

ft. Seth Koroha


« Règle n°3 du mutant qui survit : Savoir s'entourer... »
Au loin, je venais d'entendre l'église sonner les vingt et une heure. Et je n'avais pas réagis tout de suite. Je suivais avec attention mon feuilleton policier préféré, et j'étais presque certaine d'avoir découvert qui était le meurtrier de l'homme d'affaire... Minute... J'avais pas un truc de prévu de soir, à la base ?

Réalisant soudain, je me levais d'un bond, faisant sursauter Biscuit qui se cogna la tête sur le bord du meuble télé en relevant la tête. Je fonçais alors dans ma salle de bain et sautais dans la douche. J'avais complètement oublié que c'était le soir où je devais retrouver Seth à notre bar habituel. Ce fichu couvre feu me faisait perdre la notion du temps, et après ma journée de travail, j'étais rentrée et m'étais mise en pyjama... Pas forcément la tenue la plus classe pour sortir. Déjà que Roman m'avait trouvée habillée comme ça... Je sortais précipitamment de la douche, me séchais les cheveux d'une main tout en me maquillant de l'autre, et regardais l'heure du coin de l'oeil. C'était jouable.

Pas le temps de chipoter sur la tenue, j'enfilais le premier pantalon et le premier chemisier qui me tombaient sous la main, et de toute manière je pouvais bien m'habiller n'importe comment, je savais comment Seth réagirait : Il me détaillerait de haut en bas et marquait un long moment d'arrêt sur mon décolleté. C'est que je commençais à bien le connaître, le calédonien !

Une chaussure à la main et l'autre au pied, je boitillais jusqu'à l'entrée, attrapais mon sac tout en enfilant la seconde chaussure et m'apprêtais à partir. Ne pouvant résister, je fis un gros bisous sur la truffe de mon adorable chien et me précipitais dehors. Ok. Marathon préparation en moins de 45 minutes, c'était fait ! Heureusement que le bar n'était pas trop loin... Depuis que le couvre feu avait été mis en place, et aussi depuis que je m'étais fait gentiment amochée par deux hunters, je n'aimais pas trop me balader seule la nuit. J'étais prête à distribuer des coupes de talons au premier qui oserait m'approcher avec des intentions belliqueuses ! Même si c'était pour me demander l'heure, d'ailleurs...

Quand j'arrivais au bar, il y avait la foule. A croire que toute la ville s'était donnée rendez-vous ici ! Je jouais des coudes à grands renforts de « pardon, excusez-moi, oui je vais retrouver quelqu'un, pardon madame... ». Au diable la politesse, au final je fonçais dans le tas comme un bulldozer. Finesse et délicatesse féminine, vous avez dit ? AH ! Quelle blague.
Je me laissais alors tomber sur la banquette à côté de Seth en poussant un long soupir. Et bim ! D'entrée de jeu le voilà qui me raillais. M'armant de mon plus beau sourire, je posais une main sur son bras lui répondais :

"La seule chose qui m'effraie vraiment, c'est la taille dérisoire de l'asticot que tu as entre les jambes, chéri..."

Puis je claquais un baiser plein de rouge à lèvres sur sa joue.

"Aller ! Pour me faire pardonner j'offre la tournée suivante !"

J'avais picolé assez souvent avec Seth pour savoir ce qu'il aimait boire. Et ce couillon avait bon goût, il faisait honneur à ma terre d'origine ! Je commandais donc une Guinness pour monsieur et un Baileys pour moi. Le barman me connaissait si bien maintenant qu'il ajouta un petit parasol jaune dans mon verre ainsi qu'une assiette de marshmallow.

Je me dirigeais ensuite vers la table où m'attendais Seth, tout en essayant de ne rien faire tomber. Je pris place face à lui et commençais à siroter mon verre. Pouvait-on imaginer plus divin que ça ? Bon certes ça avait une couleur et un aspect douteux mais je n'étais plus à ça près.

"Au sujet du couvre-feu... C'est vraiment n'importe quoi, cette histoire ! On est en démocratie dans ce pays ou bien... ? Tu sais que j'ai du refuser deux concerts très bien payés cette semaine à cause de ces conneries ! Je vais foutre le camp en douce si ça continue..."

Plus que le fait de devoir refuser du boulot, c'était l'impression d'être en cage qui me faisait frissonner. Je ne supportais pas ça. J'avais été enfermée dans un cocon protecteur toute mon enfance, et j'avais depuis un besoin vital d'espace et de liberté.

"Et toi dis-moi ? Les affaires marchent bien, malgré tout ?"

Seth vivait d'un genre de trafic, enfin je crois... Il était dépendant des transactions, et si personne n'entrait ou ne sortait, ça réduisait considérablement le commerce. Cette ville était décidément bien étrange... Entre ça, l'incroyable population de mutants et de hunters et les rencontres louches qu'on pouvait y faire... Comme ce grand malade qui était venu me trouver chez moi l'autre jour. Y songeant, je reposais mon verre et me penchais vers Seth.

"J'ai quelque chose à te raconter... Un type est venu me voir l'autre jour. Enfin plus précisément il s'est invité chez moi, mais comme je l'avais déjà menacé, on va dire qu'on est quitte. Bref. Il dit qu'il a des infos sur William... Qu'il pourrait savoir où il est..."

Nous avions beau batifoler régulièrement ensemble, avec Seth, je lui avais tout raconté au sujet de mon fiancé. D'ailleurs, pour une raison qui m'échappais, je me confiais très facilement au calédonien. Ca devait venir de sa bouille de pokémon qui m'inspirait confiance.

"Ce type, là... Griske qu'il s'appelle... C'est un malade. Je n'arrive pas à lui faire confiance, mais si ça trouve c'est vrai. Il sait peut-être où est William ? Je ne sais pas trop quoi faire ni quoi penser... C'est un glaçon sur patte, pour comprendre ce qu'il veut il faut se lever tôt..."

Je soupirais alors et attrapais un marshmallow que je gobais d'un coup, tout en réfléchissant.

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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeSam 6 Juin 2015 - 1:49

Misery Business
Seth ∞ Moira

- La seule chose qui m'effraie vraiment, c'est la taille dérisoire de l'asticot que tu as entre les jambes, chéri...

Seth sourit à la remarque de la jeune femme. Lorsqu’ils ne se voyaient pas pour boire un coup tout en se lançant joyeusement au visage les piques les plus acerbes possibles, ils passaient leur temps dans un lit en appréciant physiquement la présence de l’autre. Et visiblement, la présence du Calédonien ne déplaisait pas à la fougueuse Irlandaise au caractère aussi flamboyant que ses cheveux.

- C’est marrant, j’avais l’impression que tu l’aimais bien, l’asticot.

Il la laissa l’embrasser sur la joue et se dit qu’il valait mieux pour lui qu’il y passe une serviette quand elle aurait le dos tourné, histoire qu’elle ne se vexe pas et qu’il ne passe pas le reste de la soirée avec une énorme trace de rouge à lèvres sur le visage. Cela dit, ça ne choquerait personne qui le connaissait un tant soit peu, et Pietra l’avait vu rentrer en étant bien plus débraillé que ça.

- Aller ! Pour me faire pardonner j'offre la tournée suivante !
- C’est si aimable à toi. Tu sais c’que je prends, hein, je te laisse commander.

Depuis le temps qu’ils se connaissaient tous les deux, ils avaient appris à connaître les goûts l’un de l’autre, surtout en matière de boisson. Et s’il arrivait à Seth de se boire un whiskey de temps en temps, son premier amour restait la bière. Et quitte à boire dans un bar, autant commander l’indétrônable Guinness, reine de toutes les autres bières à ses yeux. C’était une préférence qui avait plu à Moira, comme si le fait d’apprécier quelque chose venu d’Irlande lui faisait automatiquement gagner des bons points. Ceci dit, il n’allait pas s’en plaindre : ces bons points lui permettaient de rester dans son cercle proche et de ne pas être déçu par ce qu’il pouvait se passer dans les chambres qu’il leur arrivait de partager.
Sa compagne du soir revint avec leurs boissons dans les mains, plus une petite assiette de marshmallows que le mutant considéra d’un œil perplexe quoique pas si étonné que ça : connaissant l’amour immodéré de la demoiselle pour les sucreries, qu’elle en ramène à leur table ne l’étonnait pas énormément.
Il prit son verre et en bu une gorgée, appréciant le goût légèrement amer du liquide brun qui se répandait sur sa langue.

- Au sujet du couvre-feu... C'est vraiment n'importe quoi, cette histoire ! On est en démocratie dans ce pays ou bien... ? Tu sais que j'ai dû refuser deux concerts très bien payés cette semaine à cause de ces conneries ! Je vais foutre le camp en douce si ça continue...

Seth haussa un sourcil. Moira lui rappelait soudainement Mikael ; le chasseur de primes n’en pouvait plus non plus de rester enfermé dans la zone assez restreinte de Radcliff. Et si les chasseurs et les riches pouvaient se permettre d’acheter des passe-droits, les autres habitants de la ville devaient prendre leur mal en patience et accepter quarantaine et couvre-feu sans broncher, sous peine de représailles qu’ils se seraient volontiers épargné.

- Pauvre petite, tu veux un mouchoir pour sécher tes larmes ?

La musicienne n’était pas seule dans son cas, et tout le monde était aussi amer qu’elle sur la situation – enfin, tout le monde qui n’était pas ravi que les mutants soient coincés là, sans possibilité de fuir sans se révéler au monde entier.

- Et toi dis-moi ? Les affaires marchent bien, malgré tout ?

Seth soupira en reposant son verre. C’était un sujet délicat ces derniers temps et qui avait le don de l’agacer prodigieusement quand il pensait à tous les bénéfices qu’il perdait bêtement.

- Elles marchent nettement moins bien depuis que tout est bouclé, mais on fait avec.

Le Calédonien ne savait pas combien de temps encore durerait cet embargo généralisé, mais il espérait bien que Thaddeus arrêterait sa petite crise de paranoïa avant que son commerce n’en pâtisse pour de bon. Pour le moment, il avait réussi à s’en sortir tant bien que mal, envoyant des passeurs livrer ses commandes de l’autre côté des barrages hunters, mais il n’était pas certain que la chance lui sourie encore bien longtemps. Il préférait ne pas penser à ça pour le moment et se contenter d’apprécier sa bière et la charmante compagnie en laquelle il se trouvait.

- J'ai quelque chose à te raconter... Un type est venu me voir l'autre jour. Enfin plus précisément il s'est invité chez moi, mais comme je l'avais déjà menacé, on va dire qu'on est quitte. Bref. Il dit qu'il a des infos sur William... Qu'il pourrait savoir où il est...

Seth haussa un sourcil. Il avait longuement entendu parler du fiancé de Moira et de son étrange disparition peu de temps avant leur mariage. C’était là l’origine de la haine virulente de l’Irlandaise envers les hunters, persuadée qu’elle était qu’ils avaient enlevé et probablement tué l’homme qu’elle devait épouser. Malheureusement, le trafiquant pensait qu’elle avait raison. Il y avait peu de chance que l’homme ait survécu. Néanmoins, avec ce qu’elle venait de lui dire, il aurait pu avoir quelques doutes.

- Sans rire ? Un type qui s’incruste chez toi par surprise et qui te donne des infos sur ton fiancé disparu, ça te paraît pas un peu louche à toi ?

Il avait quelques réserves sur la sincérité des aveux de ce mystérieux inconnu. Il n’aurait pas été difficile de fouiller dans le passé de la rousse et de découvrir ce qui l’avait empêché de se faire passer la bague au doigt. Tout en portant son verre à ses lèvres, Seth se demanda dans quoi son amie s’était embarquée.

- Ce type, là... Griske qu'il s'appelle... C'est un malade. Je n'arrive pas à lui faire confiance, mais si ça trouve c'est vrai. Il sait peut-être où est William ? Je ne sais pas trop quoi faire ni quoi penser... C'est un glaçon sur patte, pour comprendre ce qu'il veut il faut se lever tôt...

A la mention du nom de Griske, Seth manqua s’étouffer dans sa bière. Et comme à chaque fois que l’on nommait son ancien bourreau, le tatouage dans sa nuque sembla le brûler violemment.
Il mit une poignée de secondes à retrouver un semblant de calme. Reposant son verre, qu’il tenait d’une main si crispée que ses phalanges en étaient devenues blanches, il planta son regard dans celui de Moira.

- Putain Moira … t’as pas parlé à Roman Griske, hein .. ?

Dans ses prunelles brunes d’ordinaire pleines d’assurance, on pouvait y lire de la peur, une pointe de colère et un peu d’inquiétude. Si Roman était entré en contact avec l’Irlandaise, il ne lui donnait pas longtemps avant qu’elle ne devienne elle aussi une des victimes de l’impitoyable scandinave. Et il ne souhaitait ça à personne.

- Si c’est lui qui t’a filé les infos, un conseil : barre-toi, et vite. Parce que ton William, s’il est pas mort, il sert de carpette à un mec suffisamment riche pour s’acheter un esclave mutant.

Lui-même n’était pas passé loin de trouver acquéreur durant ses années d’enfermement, mais il avait toujours réussi à décourager ses potentiels acheteurs – chose qu’il payait toujours très cher par la suite, mais au moins, il avait pu tenir jusqu’à ce que le réseau du Russe soit démantelé. Et maintenant qu’il était revenu dans sa vie, pour son plus grand malheur, il avait pris contact avec un certain nombre de gens qu’il fréquentait. Et il venait d’ajouter Moira à sa liste.
La main toujours crispée sur son verre, toute trace de bonne humeur avait disparu du visage de Seth.

- Tu sais même pas dans quelle merde tu viens de te mettre …



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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeJeu 11 Juin 2015 - 9:49

Misery business

ft. Seth Koroha


« Règle n°3 du mutant qui survit : Savoir s'entourer... »
Je me tournais vers Seth en papillonnant des yeux avec un air vaguement innocent.

"Oh mais je l'aime beaucoup ton asticot ! Après tout ce n'est pas la taille qui compte mais ce qu'on en fait, hin !"

Une remarque pareille aurait pu me valoir des baffes ou la haine farouche de bien des hommes, dont la seule préoccupation semblait être la longueur de leur entrejambe... Mais pas Seth, parce qu'il me le rendait bien, et qu'au fond c'était bien plus amusant de pouvoir se charrier mutuellement sans que l'un de nous ne prenne la mouche. Enfin... J'imagine que lui aussi veillait à ne jamais aller trop loin, nous avions nos petits secrets et certains points sensibles auxquels il ne fallait pas toucher.

Alors que je sirotais tranquillement mon verre en écoutant Seth de moquer -encore- de moi, je lui tirais la langue, avec une puérilité digne d'un enfant de quatre ans.

"Marre toi, tiens ! Non plus sérieusement c'est la chasse ouverte pour les gens comme nous... Ils vont tirer à vue, ils n'auront même pas besoin de se fatiguer..."

Ça se voyait à ce point que la situation ne me disait rien qui vaille ? Et Seth me confirma que lui non plus n'aimait pas du tout ce qui passait actuellement à Radcliff. Nous étions parqués ici comme des bêtes, on nous faisait miroiter notre liberté mais il ne fallait pas être très futé pour comprendre qu'on nous la mettait bien profond et sans ménagement. Je n'insistais pas plus quant aux affaire de Seth. Il avait l'air suffisamment bougon vis à vis de ça, inutile d'en rajouter une couche... Mais si cette espèce de quarantaine durait trop longtemps, son trafic aussi en pâtirait, ce que je ne lui souhaitais en aucune manière.

La discussion embraya sur mes récentes découvertes au sujet d'un hunter qui me foutait la frousse... Mais qui était probablement mon seul espoir de retrouver un jour William en un seul morceau. Et je devais bien avouer que pour le coup, Seth avait raison. C'est qu'il était plus futé que moi, en fait ! Ou alors j'étais simplement aveuglée par l'espoir... Mais un type qui se pointe chez moi comme ça... J'aurais peut-être du me méfier. D'un autre côté, à la base c'était moi qui étais venue le chercher... Du coup...

"Bah... En fait c'est moi qui ai fait des recherches à son sujet, à l'origine. Il m'a affirmé ne rien savoir la première fois qu'on s'est vu, et il est revenu la bouche en cœur en me disant que finalement il avait peut-être des infos. Alors oui c'est un peu bancal et j'aurais du lui claquer la porte au nez, mais il ne m'a pas laissé le choix, et je préfère vérifier ses infos avant toute chose."

Je poursuivais alors mon histoire, et sursautais lorsque Seth manqua de s'étouffer avec sa bière. Quoi ? Qu'est ce que j'ai encore dit ?

- Putain Moira … t’as pas parlé à Roman Griske, hein .. ?

"Heu... Si pourquoi ? C'est un problème ?"

Mais c'est la suite qui me fit vraiment peur. Comment ça William était probablement une carpette servant d'accessoire à un cinglé ? Qu'est ce qu'il en savait, après tout ?

"Eh oh ! Minutes, là ! T'arrête de paniquer et tu m'expliques ! Qu'est ce que t'en sais, en plus ? Tu le connais, ce Griske ? Qu'est ce que tu sais de lui ?"

Oui je commençais à m'énerver et oui je commençais à paniquer. Mais il était hors de question qu'on me piétine mes derniers espoirs de revoir mon fiancé vivant. Ou au moins de savoir ce qui lui était arrivé. Je baissais d'un ton, consciente que je m'étais un peu emportée.

"Écoute... Je me fous totalement de la merde dans laquelle je suis, je ne peux pas reculer, tu comprends ? J'ai besoin de le retrouver, et plus vite ce sera fait, mieux ce sera ! Et puis pourquoi tu paniques comme ça ? Tu me caches quelque chose, non ?"

Ce n'était pas dit sur un ton de reproche. Après tout, j'avais mes secrets et lui aussi. On n'était pas mariés, et j'aurais trouvé ça complètement con d'exiger de Seth qu'il me raconte sa vie en long, en large et en travers. Cette expression décrivait bien plus nos batifolages que nos discussions mais ça c'était une autre histoire. Non pour le moment je voulais surtout comprendre pourquoi il était à ce point sur les nerfs. Car ça se sentait, il n'était pas rassuré. Et même si je n'étais pas à Radcliff depuis très longtemps, je connaissais suffisamment Seth pour savoir qu'il en fallait beaucoup pour l'inquiéter à ce point. Le nom de Griske venait de passer de « alerte orange » à « alerte rouge cramoisie » dans mon cerveau... Pour faire peur au calédonien, il en fallait...

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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeSam 18 Juil 2015 - 0:58

Misery Business
Seth ∞ Moira

- Putain Moira … t’as pas parlé à Roman Griske, hein .. ?
- Heu... Si pourquoi ? C'est un problème ?

Un rire nerveux incontrôlable s’échappa d’entre les lèvres de Seth. C’était plus fort que lui : la réponse lui apparaissait tellement absurde au vu de la situation qu’il n’aurait pas pu s’en empêcher, même s’il l’avait voulu. Il avait déjà bien du mal à admettre que l’homme qui l’avait réduit en esclavage se trouvait dans la même ville que lui, ville dont il n’était pas parti assez tôt. Cela dit, il l’avait bien cherché : à vouloir jouer les braves et les valeureux, il était désormais coincé avec le pire monstre de ses cauchemars dans une cité où il était difficile de ne pas connaître tout le monde pour peu qu’on soit du genre à sortir régulièrement. Et il n’avait aucun doute quant à la capacité de Roman Griske à aller partout et connaître tout le monde, et particulièrement les mauvaises personnes. Il devait probablement avoir une liste longue comme le bras de camarades chasseurs déjà installés à Radcliff, et il avait probablement sous le bras la liste des mutants et des mutantes sur lesquels il comptait bien mettre la main. Il lui avait déjà fait le coup, en lui posant des questions sur Johan ; alors, si en plus il se mettait à interroger Moira pour lui soutirer des informations à son sujet, la situation allait très vite dégénérer.
Le trafiquant tenta d’avertir l’Irlandaise de ce qui risquait d’arriver. Si Griske avait vraiment des informations sur le frère de la rousse, voire qu’il était à l’origine de sa disparition, elle avait sûrement peu de chances de le revoir un jour – ou alors, pas dans son état normal. Il n’y avait qu’à voir ce que le Russe avait fait de Charlie : un bon petit chien de chasse obéissant au doigt et à l’œil de son nouveau maître. Il y avait fort à parier que William avait subi le même sort – dans le meilleur des cas. Dans le pire, son cadavre devait pourrir dans un trou depuis longtemps. Et encore, Seth n’était pas sûr que la mort soit la plus terrible des issues possibles.
Sa panique eut l’air d’être contagieuse, car la jeune femme à ses côtés enchaîna après sa tirade d’un ton beaucoup moins calme qu’auparavant.

- Eh oh ! Minute, là ! T'arrête de paniquer et tu m'expliques ! Qu'est-ce que t'en sais, en plus ? Tu le connais, ce Griske ? Qu'est-ce que tu sais de lui ?

Le Calédonien ouvrit la bouche pour répondre, mais la referma presque aussitôt. Bien sûr qu’il le connaissait, ce Griske. Et s’il ne connaissait pas tous les détails de sa vie, il en savait assez pour vouloir se tenir le plus loin de lui possible jusqu’à la fin des temps. Et le Destin étant un petit plaisantin, ce souhait si simple ne serait pas exaucé, ou en tout cas pas tout de suite.
Seth baissa les yeux sur son verre de bière dans lequel il avait failli se noyer de surprise et de peur. Il ne savait pas par où commencer, ni s’il avait vraiment envie de révéler cette période de sa vie à Moira. Il n’en avait jamais vraiment parlé ne serait-ce qu’aux plus intimes de ses proches, et il ne savait pas si la mutante à ses côtés était aussi digne de confiance qu’elle le laissait penser ou si elle n’hésiterait pas à le vendre pour récupérer son précieux fiancé. Et aussi sympathique qu’elle puisse lui être, il était hors de question qu’il se livre à une potentielle traîtresse. Aussi se contenta-t-il d’un très cryptique :

- Il est dangereux. Et tu connais mes limites au niveau du danger, si j’te dis qu’il est dangereux … c’est que ton espérance de vie baisse radicalement une fois qu’il sait que t’existes.

Ca, elle n’avait pas besoin de lui pour le savoir. Elle avait déjà compris qu’il était un homme dont il fallait se méfier comme de la peste. Seulement, il savait bien parler, et il savait faire de belles promesses. Il avait déjà trouvé son point faible : ce fameux William qui avait disparu sans laisser de traces. Et puisqu’il lui avait trouvé une faille, il allait l’exploiter jusqu’à ce qu’il ait tiré d’elle tout ce qu’il voulait. Et il espérait franchement qu’elle ne lui avait rien dit qui puisse la mettre encore plus en position de faiblesse.

- Écoute... Je me fous totalement de la merde dans laquelle je suis, je ne peux pas reculer, tu comprends ? J'ai besoin de le retrouver, et plus vite ce sera fait, mieux ce sera ! Et puis pourquoi tu paniques comme ça ? Tu me caches quelque chose, non ?

Seth grimaça. Il n’allait pas pouvoir échapper à la petite séance de révélations, aussi déplaisant allait-elle être. Mais il savait parfaitement que Moira ne le laisserait pas en paix tant qu’il ne lui aurait pas donné d’explications quant à son soudain changement d’humeur et sa peur à la simple mention du nom de Roman. Et il n’était pas du tout ravi de devoir en passer par là. Mais s’il fallait ça à la musicienne pour qu’elle reste loin du scandinave et ses mauvaises petites manies, alors il se plierait à l’exercice – de mauvaise grâce, certes, mais il le ferait.
Lâchant enfin son verre, il pointa le tatouage qu’il avait dans la nuque.

- Tu t’souviens de ça ? Ben j’ai pas fait ça volontairement. En fait, j’ai jamais voulu le faire. Ca, c’est un numéro de marchandise. Et c’est à Griske que je le dois.

Il haussa les épaules en se remémorant ce moment qui avait été particulièrement désagréable.

- Enfin, à un de ses larbins. Lui, il préférait laisser ce genre de traces.

Il tourna la tête vers la jeune femme pour qu’elle puisse voir qu’il montrait la cicatrice qui parcourait le côté gauche de son crâne. Maintenant qu’il avait laissé repousser ses cheveux, on la distinguait moins facilement – tout au plus n’était-elle qu’une fine ligne claire qui s’étendait jusqu’à son arcade sourcilière. Mais lorsqu’il arborait la crête dont il était si fier, on distinguait très clairement cette marque où ses cheveux ne poussaient plus, et qui filait jusqu’à l’arrière de sa tête.
Seth reposa son bras sur la table et fixa l’Irlandaise dans les yeux.

- Ce mec avait le plus gros trafic de mutants que j’ai jamais vu, et j’en ai fait partie, et j’étais pas du bon côté de la barrière. Alors, franchement, ton William, s’il l’a vu, il en a fait une descente de lit.

C’était ce qu’il lui souhaitait en tout cas, s’il était réellement tombé entre les griffes de Roman et ses hommes. Il lui souhaitait la mort, aussi douloureuse aurait-elle pu être, plutôt qu’une vie de servitude après avoir été torturé jusqu’à ce qu’il se brise comme du verre.



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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 20:11

Misery business

ft. Seth Koroha


« Règle n°3 du mutant qui survit : Savoir s'entourer... »
Je sentais l'incompréhension et la colère bouillir dans mes veines, comme si mon corps était un volcan prêt à entrer en éruption. J'avais envie s'arracher la langue de Seth pour qu'il se taise, pour qu'il arrête de me dire ce que je refusais d'admettre... Pour qu'il arrête d'avoir raison et de me sortir aussi brutalement cette vérité que je fuyais depuis cinq ans. Pendant un temps, j'avais fini par me dire que William était bel et bien mort, et même si l'accepter avait été une chose plus douloureuse que tout le reste, j'avais commencé à faire mon deuil. Tout en ayant la ferme intention de venger en tuant tous les hunters qui se mettraient en travers de mon chemin. Et ça, rien ni personne ne pourrait m'en empêcher. Seulement, quand j'avais eu vent de la présence de Griske à Radcliff, tout avait changé. Il avait semé le doute en moi, avait réveillé ce minuscule espoir qui dormait encore en moi... Et malgré moi je m'y étais accrochée comme une moule à son rocher.

A présent je le savais, je le sentais au plus profond de moi, William était en vie. Quelque part il luttait pour survivre, et moi je l'avais cru mort. Je me sentais bête, haïssable de n'avoir rien fais pour le retrouver pendant toutes ces années, j'étais impuissante face à une force qui me dépassait et j'avais horreur de ça. J'aurais voulu être une héroïne de comics, super puissante, avec un tas de pouvoirs géniaux ou de gadgets... Quitte à devoir porter une combi moulante ridicule, si ça pouvait me permettre de sauver mon fiancé, j'étais prête à tout. J'étais prête à renoncer à ce que j'avais, à tuer, à ruiner ma vie s'il le fallait, parce que je lui devais ça.

Et pourtant... Les paroles de Seth ne cessaient de résonner dans ma tête, comme le tintement désagréable d'une cloche. Même s'il était en vie, William n'était probablement plus le même qu'avant... Cinq années de captivité avaient peut-être fait de lui un étranger ou un monstre, peut-être même ne se souvenait-il pas de moi... Rien que de penser à cela, j'en avais des frissons. En réalité, je n'arrivais pas à tourner la page. C'était bien pour ça que j'enchaînais les histoires sans lendemain et ne m'attachais à personne. Du moins en général, car même si à cet instant je me retenais de pas vider son verre de bière sur la tête de Seth, il était la personne la plus proche de moi, celle qui en savait le plus sur moi... Celui à qui, malgré moi, je m'étais attachée plus que je ne l'aurais cru. On n'avait pas besoin d'imaginer de sentiments amoureux entre nous, même si nous faisions régulièrement des galipettes, seulement je n'avais pas fais confiance à un véritable ami depuis la disparition de mon fiancé.

Et je comprenais à présent où avait été mon erreur. Car désormais, Griske exploitait cette faille pour obtenir de moi ce qu'il voulait. Cet espèce d'enfoiré avait vite compris que je connaissais bien le calédonien, et j'avais cru comprendre qu'il avait une dent contre lui... Et manque de bol, je faisais un chouette intermédiaire entre les deux. Or, je n'avais pas envie de trahir la confiance de Seth en apportant à Roman les renseignements qu'il voulait sur un plateau d'argent. Pire, je n'avais pas envie d'être celle qui le condamnerait à mort. Mais si je refusais, il était tout à fait en mesure de m'envoyer le cadavre de William en pièces détachées. J'étais prise au piège comme une souris terrifiée, j'étais en colère, j'aurais voulu tous les envoyer chier et me tirer de cette ville mais... Je ne pouvais pas. J'étais incapable de vivre avec une épée de Damoclès au dessus de la tête et le sentiment que j'aurais abandonné William en faisant ça.

Tout se chamboulait dans ma tête, j'en venais à voir trouble, et la voix de Seth me paru soudain très lointaine. Je fixais alors ce tatouage qu'il portait dans le cou. Cette marque dont je m'étais toujours demandé l'origine, qui semblait avoir été faite contre son gré... A présent je savais de quoi il retournait. Ce type était un monstre, un homme répugnant qui avait utilisé les mutants pour les utiliser... Pour je ne sais quoi, d'ailleurs. Je me demandais maintenant ce qui était le mieux, entre un hunter qui se contente d'abattre froidement un homme et un cinglé qui le torture et le rabaisse à l'état d'esclave.

Je détendais mes doigts, crispés depuis quelques minutes sur mon verre, et je me rendais à présent compte que j'avais vraiment été sur le point de lui renverser le contenu sur la tête. Pour qu'il se taise, pour me défouler, je n'en sais rien... Dans l'histoire, Seth n'était pas mon ennemi mais probablement le meilleur allié que j'avais et pourtant, j'étais sur le point de la trahir de la plus odieuse des manières qui soit. Quelle idée j'avais eu de m'attacher à lui, aussi...

"Tu... Alors c'est ça... ? C'est la fameuse blessure dont tu te caches ? Je comprends un peu mieux, maintenant... 'Fin je comprends pourquoi tu ne m'en as pas parlé, ce n'est pas le genre de choses dont on se vante."

Non je ne lui en voulais pas de me l'avoir caché. On ne se connaissait pas non plus depuis dix ans, et je ne lui avais jamais ordonné de tout me confier pour mon intérêt personnel. Là dessus je n'étais pas chiante : Tu ne veux pas me dire ce qui ne va pas/pourquoi tu as un truc tout moche dans le dos ? Ok. Tu parleras quand tu voudras. Seulement maintenant, Roman m'avait demandé des renseignements à son sujet... Je serais immédiatement grillée si je commençais soudainement à emmerder Seth pour avoir des infos. Je n'aimais pas cette situation, vraiment...

"Ecoute... Seth... Je comprends que tu aies vécu un enfer avec ce type. Je comprends aussi que tu flippes à l'idée de le recroiser ou je ne sais quoi. Mais toi tu t'en es sorti, et tu te portes plutôt bien aujourd'hui. Pourquoi est ce que ça ne pourrait pas être le cas avec William ? Explique-moi quelle différence il y a entre vous deux ?"

Je ne pouvais plus de ce brouhaha autour de nous et de cette chaleur étouffante. J'avais besoin de prendre l'air et vite. Je laissais mon verre à moitié plein, me levais et remettais mon manteau.

"Si je l'abandonne maintenant, je le condamnes à mort. Dis-moi que tu n'aurais pas aimé que quelqu'un fasse ça pour toi quand tu étais dans sa situation ? J'ai besoin de ton aide, plus que quiconque, mais si tu as trop les boules... Je me débrouillerai toute seule."

Je fis volte face et sortis du bar. Dehors, le vent était frais, la neige parsemait les rues et tout était silencieux. C'était idiot, parce que j'avais besoin de Seth, j'aurais juste voulu pouvoir lui balancer des vannes toute la soirée, mettre le nez dans sa chemise comme un chat en manque d'affection... Et au lieu de ça je me retrouvais toute seule comme une conne dehors, à me demander si je devais lui avouer que Griske m'avait demandé de lui livrer des infos, ou si je devais garder le silence et tenter de le manipuler.


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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2015 - 17:42

Misery Business
Seth ∞ Moira

- Tu... Alors c'est ça... ? C'est la fameuse blessure dont tu te caches ? Je comprends un peu mieux, maintenant... 'Fin je comprends pourquoi tu ne m'en as pas parlé, ce n'est pas le genre de choses dont on se vante.

Seth ne répondit rien, mais son expression était particulièrement éloquente. En effet, ce n’était pas quelque chose dont il se vantait. Lui qui était pourtant du genre bavard et fanfaron, c’était bien la seule de ses blessures dont il ne parlait absolument jamais – ironiquement, c’était aussi la plus grande et la plus visible. Quant à son tatouage dans la nuque, il pouvait passer pour une fantaisie quelconque, une erreur de jeunesse faite par un tatoueur qui aurait eu la main lourde sur l’encre utilisée. On n’aurait jamais pu deviner en le voyant qu’il s’agissait d’un numéro de série, d’un numéro de marchandise sur quelqu’un qui avait été relégué au rang d’objet durant quelques longues et dures années. Années dont il ne voulait plus entendre parler ; il avait fait son temps dans les cages de Griske, il avait dû tout recommencer depuis le début, il n’avait plus envie de repenser à cette période qui avait visiblement laissé des marques plus importantes qu’il ne l’avait cru. Il lui avait fallu du temps pour surmonter sa paranoïa aigüe et ses cauchemars, et il pensait avoir réussi à passer au-dessus de ça. Mais avoir revu le plus terrifiant de tous ses bourreaux, et maintenant entendre l’une de ses amies proches en parler et la voir se lier bien malgré elle au scandinave remuait des choses qu’il avait crues enfouies très loin dans ses souvenirs. Il aurait aimé qu’elle éclate de rire en le traitant d’imbécile et lui avoue qu’elle l’avait mené en bateau depuis le début ; malheureusement, il savait aussi que ça n’arriverait pas.

- Ecoute... Seth... Je comprends que tu aies vécu un enfer avec ce type. Je comprends aussi que tu flippes à l'idée de le recroiser ou je ne sais quoi. Mais toi tu t'en es sorti, et tu te portes plutôt bien aujourd'hui. Pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas être le cas avec William ? Explique-moi quelle différence il y a entre vous deux ?

Le trafiquant releva les yeux vers la jeune femme qui s’était relevée, commençant déjà à remettre son manteau et son écharpe. La différence entre lui et William, c’était qu’à l’époque, Roman ne s’attendait pas à se faire prendre. Les autorités internationales étaient intervenues, libérant tous les captifs et s’occupant des blessés tout en s’arrangeant pour mettre les responsables derrière les barreaux – tous, sauf le plus dangereux. Le fiancé de Moira n’aurait pas cette chance : le Russe s’était sans aucun doute préparé, il avait sûrement tout fait pour ne pas se faire prendre une deuxième fois. L’Irlandais ne s’en sortirait pas. Et si Seth lui souhaitait d’être mort, ce n’était pas par méchanceté, mais parce qu’il ne voyait pas comment il aurait pu recouvrer sa liberté autrement qu’en y laissant la vie.

- Si je l'abandonne maintenant, je le condamne à mort. Dis-moi que tu n'aurais pas aimé que quelqu'un fasse ça pour toi quand tu étais dans sa situation ? J'ai besoin de ton aide, plus que quiconque, mais si tu as trop les boules... Je me débrouillerai toute seule.

Le tatoué la regarda s’éloigner et soupira. Lui qui comptait passer une bonne soirée, c’était doublement raté. Il passa les mains dans ses cheveux et se frotta la tête, plus habitué à ne plus sentir directement son cuir chevelu sous ses doigts. Il sentit la marque de la grande cicatrice sous ses courtes mèches brunes, tout comme il sentait le VII gravé dans son cou. Il aurait pu se le faire enlever – un coup de laser et on n’en parlait plus. Mais étrangement, il avait voulu le garder, ce tatouage. C’était devenu un souvenir important, quelque chose pour ne pas oublier d’où il venait. Il en avait joué, beaucoup, et aujourd’hui il faisait entièrement partie de lui. C’aurait été mentir de prétendre le contraire, et Seth ne voulait pas se mentir à lui-même. Et cela valait aussi pour beaucoup d’autres choses.
En soupirant, il se leva et laissa assez d’argent sur la table pour payer pour leurs verres à lui et Moira. Il enfila sa veste en cuir et la referma jusqu’en haut, enfonça son bonnet noir sur sa tête et sortit. Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer la chevelure flamboyante de la musicienne, aussi visible dans la pénombre qu’une flamme dans la nuit. Il s’approcha d’elle et posa la main sur son épaule. Il avait une expression plus sérieuse qu’elle n’en avait jamais vu chez lui, mais la situation ne se prêtait pas vraiment à son numéro habituel.

- La différence entre lui et moi, c’est que moi j’ai eu de la chance quand les flics ont débarqué. Y avait des militaires et je sais pas quelle unité d’assaut, mais y a eu quelqu’un de haut placé qui nous a sorti de là. Et c’est pas un truc qui se reproduira, parce que Griske se fera pas baiser deux fois. Il a dû prendre ses précautions, corrompre je sais pas qui, mais s’il a remonté son trafic, il se fera plus choper. Et y a personne qui viendra sauver les pauvres mecs qui se sont fait piéger comme moi.

Il soupira en repensant à l’imbécilité dont il avait pu faire preuve à l’époque. Il s’était fait avoir par une très jolie blonde d’à peu près son âge qu’il avait retrouvée aussi il n’y avait pas si longtemps que ça. Décidément, tous les fantômes de son passé avaient décidé de revenir le hanter. Il se demandait à partir de quel moment il allait retomber sur l’une ou l’un de ses ex qui aurait envie de lui faire la peau.

- J’peux pas te laisser faire ça, Moira. Pas toute seule en tout cas, parce que si t’y vas sans te préparer, tu vas y rester, et franchement, ça me ferait chier.

Il était rarement sincère comme ça sur l’attachement qu’il pouvait éprouver. Mais Moira s’était rapidement hissée dans son cercle proche, et malgré qu’ils ne se connaissent pas depuis des années, il lui faisait confiance. Et il espérait sincèrement que cette confiance, en plus d’être réciproque, ne serait pas trahie. Parce que s’il y avait bien une chose qu’il ne supportait pas, c’était les traîtres, et si Moira le vendait à Roman Griske, il ne lui pardonnerait pas et lui ferait payer ce coup de poignard dans le dos.
Il ne laissa rien de ces pensées filtrer sur son visage. A la place, il adressa un léger sourire à la mutante qui se voulait un peu rassurant.

- Allez viens, on rentre au calme. Le couvre-feu va pas tarder, j’ai pas envie de cavaler pour échapper à un connard.

La jeune femme habitait plus près du bar que lui. Ils seraient plus rapidement arrivés chez elle, et il savait aussi qu’elle n’avait pour colocataires que ses très nombreux animaux. Ce serait plus pratique pour discuter sans risquer qu’une oreille curieuse ne vienne les épier. Il n’avait pas spécialement envie de révéler ces détails de sa vie à Pietra. En réalité, il n’aurait pas voulu les raconter à Moira non plus, mais il n’avait pas eu le choix. A lui maintenant de gérer la situation pour que tout le monde s’en sorte en vie et libre.



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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeJeu 20 Aoû 2015 - 0:39

Misery business

ft. Seth Koroha


« Règle n°3 du mutant qui survit : Savoir s'entourer... »
J'avais été dure avec Seth... Je m'en rendais compte à présent que je me retrouvais dehors dans le froid, et je regrettais mes mots. C'était bête, j'étais une grande gueule et en général, je ne mâchais pas mes mots. Surtout quand il s'agissait de quelque chose d'aussi fort et important pour moi. Mais avec Seth... On pourrait dire ce qu'on voudrait, c'était différent. J'avais placé une grande partie de ma confiance en lui, et quand on connaissait mes tendances parano, c'était un pas en avant absolument énorme. J'appréciais ce type pour sa spontanéité, son humour, cette manie qu'il avait de ne s'embarrasser de rien, et le fait de pouvoir parler d'absolument tout avec lui... Sans qu'un quelconque sentiment amoureux ne vienne interférer là dedans. Non vraiment, j'adorais Seth au point d'être capable de tuer pour lui sauver la peau, mais je n'aurais pas passer ma vie avec. Deux irresponsables avec un karma de merde, ça fait trop pour la planète. Alors certes, dans notre amitié il y avait des extras plutôt réguliers, mais ça ne changeait rien. J'avais suffisamment d'affection pour lui pour m'en vouloir de lui avoir parlé aussi sèchement alors qu'il essayait visiblement de m'aider.

Non je n'avais pas apprécié qu'il parle ainsi de William et oui j'étais morte de trouille à l'idée qu'il ait raison. Je me serais donné des gifles de penser qu'il était préférable pour lui d'avoir périt sous les mauvais traitements de Griske plutôt que d'être devenu son toutou... Et c'était égoïste et lâche, mais je préférais le penser en vie, car même s'il était lobotomisé, j'aurais eu le sentiment de ne pas l'avoir complètement abandonné... Je me sentais horriblement coupable, parfois j'aurais aimé être à sa place pour ne pas subir le poids incommensurable de la culpabilité sur mes épaules. J'étais lâche et ça me dégoutais.

Je sentais une main se poser sur mon épaule et sursautais, tirant d'un geste sec le canif que je gardais désormais dans la poche intérieure de mon manteau. Vieux réflexe, depuis que je m'étais faite enlever. Je me retournais et soupirais de soulagement en voyant que c'était Seth, rangeant mon arme par la même occasion. Je rentrais la tête dans ma grosse écharpe, ayant soudain l'impression de ressembler à une gosse de six ans. Je l'écoutais en frissonnant, car je savais quand Seth était sérieux. Et je savais que dans ces cas-là, il n'y avait pas de paroles en l'air. C'était la vérité, froide et impitoyable.

"J'ai les boules, Seth... J'suis pétée de trouille, t'as pas idée... Griske est complètement malade, mais c'est le seul à avoir des infos... A pouvoir me dire où est William... Je ne sais pas si on peut appeler ça de la chance, mais je voudrais qu'il soit secouru lui aussi, je voudrais... Essayer... Je sais bien que c'est du suicide, crois-moi il me l'a bien fait comprendre, mais...", je déglutis difficilement, marquant un temps de silence. "Après cinq ans, je ne veux pas enterrer un cercueil vide."

Et soudain je repensais aux conditions de Roman. Il voulait des infos au sujet de Seth, que je le tienne au courant de ses agissements et ça... C'était trop me demander. J'hésitais toujours un peu, parce qu'égoïstement je désirais plus que tout revoir mon fiancé, mais je ne me voyais pas sacrifier la vie de Seth à sa place. Et c'était là tout le côté paradoxal de la chose : Seth aurait été un illustre inconnu, je m'en serais royalement tamponné de jouer la comédie pour l'amadouer. Je n'était pas une tendre et je ne prétendais pas être une héroïne. Seulement j'avais une conscience, et celle-ci me hurlait de ne surtout pas me mettre à dos Seth et de bafouer sa confiance. Ca tombe bien, conscience de mes deux, j'en ai pas l'intention ! Et ne rien dire au calédonien me coûtait énormément, parce que j'aurais voulu pouvoir lui confier ça. Seulement si je le faisais, je me mettais en danger mais je le mettais dans une situation très délicate. Si Griske l'apprenait, je n'osais pas imaginer ce qu'il pouvait lui faire subir.

"Je ne veux surtout pas t'imposer ça, Seth... Pas si tu as un passé assez lourd avec ce malade... Tu sais, si tu me donnes quelques infos à son sujet, ça me sera déjà très précieux !"

J'esquissais un sourire et passais un bras autour du sien pour l'entraîner vers la rue et ma maison. Après tout, nous n'étions pas loin, et il avait l'habitude de venir squatter chez moi, quand même Biscuit lui faisait la tête à chaque fois. Le trajet se fit en silence, nos pas étouffés par la neige et nos pensées plongées dans un profond mutisme. Pour deux gugus habituellement optimistes, on avait plutôt l'air de deux gros dépressifs, c'était d'une tristesse...

Arrivés devant chez moi, je tournais la clé dans la serrure et réceptionnais Biscuit, venu me dire bonjour en me sautant dessus, et refermais la porte derrière Seth. Lorsque je me retournais, j'éclatais de rire. Mon chien fixait le calédonien avec un air suspicieux et particulièrement hautain.

"Un jour il finira par s'apprécier, j'en suis sûre... Tu veux boire un truc ? Vu qu'au final on a pas bu grand chose tout à l'heure..."

Pendant qu'il faisait son choix, je me faisais chauffer de l'eau pour prendre un thé, et le laissais infuser quelques instants avant de revenir vers le salon. Je me laissais tomber dans le canapé, me blottissant contre l'épaule de Seth, qui faisait décidément un super bon oreiller ! J'ouvrais la grosse bonbonnière posée sur la table basse et la tendais à Seth pour qu'il se serve.

"Ah ! On est quand même mieux chez soi, hin ? Cette histoire de couvre feu est tellement débile que maintenant tout le monde se rue dans les bars à la même heure..."

J'avalais une gorgée de thé et mâchonnais un crocodile en gélatine, avant de me souvenir pourquoi j'avais tenu à ce point à parler à Seth, à la base... Pas pour Griske, pas pour causer du temps pourri ni des mesures débiles du maire... Je n'étais sortie de l'hôpital que depuis quelques jours, et la seule personne à qui j'avais pu me confier, c'était Martial. Ils faisaient la paire, avec son frère... Marius m'avait remonté le moral, Martail m'avait écouté. Mais à aucun des deux je n'avais pu raconter mon histoire de A à Z. A Seth je pouvais.

"Tu te souviens du message que je t'ai envoyé, l'autre jour ? Quand je te disais que j'étais à l'hôpital. C'était pas pour un bête accident ou une connerie comme l'appendicite... L'autre fois je suis allé boire un café, me regarde pas comme ça, t'étais pas là ce jour-là. Je suis sortie et il y avait ces deux types dehors, l'un d'eux disait avoir besoin d'un coup de main... Puis bon tu me connais, je parle pas aux inconnus, tout ça... Du coup je suis partie en vitesse, mais l'autre m'attendait plus loin et m'a assommée. Je me suis réveillée dans un vieux hangar, un truc super glauque qui puait la pisse et l'essence, le bonheur... Je..."

Je terminais mon thé pour me donner plus de contenance, mais rien à faire. A chaque fois que j'y repensais, j'avais mal aux côtes, et je revoyais la seringue et le canon du revolver entre mes deux yeux.

"Bref, je vais pas te faire de dessin, ils m'ont pas amenée là pour faire la causette... Enfin si, en quelque sorte... Ils m'ont attachée et m'ont posé un tas de question, où sont tous tes copains mutants, comment tu as attrapé ça, comme si c'était un virus, comment tu fais ça... ? Et non seulement je n'ai pas la réponse à toutes ces questions, mais en plus j'avais vraiment pas envie de leur répondre."

J'étais bête et bornée, quand je m'y mettais. Pendant deux jours, ou presque, mes réponses s'étaient résumées à « vas chier » pour le plus poli, et des incitations à procréer avec le cadavre de leur mère pour le moins... Je pouvais me montrer très imaginative, là dedans. J'agrippais inconsciemment la manche de Seth en poursuivant.

"Les coups, j'aurais pu m'y faire, je crois... Au bout de trois côtes cassées du réfléchis plus trop... Mais ils ont menacé de me vacciner, et tu sais à quel point moi et les aiguilles on s'entend pas... Et le... Je crois que j'ai jamais eu autant peur de toute ma vie qu'en me retrouvant avec un flingue entre les deux yeux..."

Et puis plus rien. Je déglutis difficilement, sentant à nouveau cette boule d'angoisse me serrer la gorge. Oui ça me faisait du bien d'en parler, oui je me sentais mieux... Mais je voulais à tout prix retenir ces larmes de faiblesse que je sentais monter, parce que j'avais l'air idiote et faible. Mais surtout parce que maintenant que je savais que Seth avait vécu l'enfer, j'avais l'impression d'être une gamine en train de pigner pour s'être cassé un ongle. J'en venais presque à me dire si c'était normal d'avoir eu peur à ce point d'être à deux doigts d'y passer... C'est que des gens dans ma situation, je n'en rencontrais pas tous les jours, et j'avais encore moins l'occasion de leur parler. Je ne mentionnais pas tout de suite celui qui était venu me sauver, ni les circonstances qui m'avait permis de m'en sortir. Ca faisait déjà assez pour le moment...

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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeMar 25 Aoû 2015 - 0:21

Misery Business
Seth ∞ Moira

Moira avait peur, et Seth pouvait comprendre pourquoi. Il pouvait comprendre ce qui était en train de se passer dans sa tête, entre la désillusion et la panique, la menace de Roman et la promesse, aussi fausse et désespérée fut-elle, de revoir un jour son fiancé. Le mutant se rendait compte que la jeune femme n’avait jamais vraiment tourné la page, qu’elle n’avait jamais vraiment réussi à se faire à l’idée que William était mort. Sa quête vengeresse contre les hunters, ses liaisons à droite et à gauche, les extrémités jusqu’auxquelles elle pouvait aller, tout ça était une manière très maladroite d’essayer de passer à autre chose, sans grand succès. Mais il faudrait qu’elle le fasse, d’une façon ou d’une autre, car à courir après un rêve, elle risquait de ne pas apprécier la chute.

- Je ne veux surtout pas t'imposer ça, Seth... Pas si tu as un passé assez lourd avec ce malade... Tu sais, si tu me donnes quelques infos à son sujet, ça me sera déjà très précieux !

Le trafiquant haussa les épaules. Oui, il avait un très lourd passé avec Roman, et rien ni personne ne changerait jamais ça. Mais ça ne devait pas l’empêcher de vivre pour autant, et s’il parvenait à vaincre sa peur et les réflexes instaurés par le Russe pendant presque dix ans de captivité, alors il serait en mesure d’aider Moira – et peut-être bien de s’aider lui-même.

- On verra c’que je peux te dire sans te mettre en danger.

Sur ces bons mots, ils partirent tous les deux vers l’appartement de la rouquine, qu’ils atteindraient normalement juste avant le couvre-feu. Depuis que ces horaires avaient été instaurés, il passait de moins en moins souvent la nuit chez lui. Ca ne lui manquait pas spécialement, mais il se rendait compte d’à quel point il était plus habitué à vivre et sortir quand le soleil se couchait.

Seth fixait le gros chien blanc de Moira avec autant de suspicion que le chien le fixait. Il n’avait jamais compris pourquoi l’animal était aussi méfiant avec lui. Il n’avait jamais essayé de le mordre ou de l’attaquer, mais il devait sentir quelque chose qui le rendait suspicieux comme pas deux. Seth plissa les yeux à la remarque de l’Irlandaise.

- Ouais … il a pas l’air motivé, hein, mais bon. Et si t’as une bière en rab, je dis pas non.

Il alla la récupérer directement dans le frigo. Ils se connaissaient bien lui et elle pour aller se servir sans avoir à attendre l’autorisation de l’autre. Sa bouteille de bière en main, il alla se poser sur le canapé et attendit que Moira l’y rejoigne. Il la laissa se blottir contre lui sans rechigner, se redressant juste le temps d’attraper un bonbon et de l’engloutir, mâchonnant la gourmandise tandis que la jeune femme reposait sa tête contre son épaule.

- Ah ! On est quand même mieux chez soi, hin ? Cette histoire de couvre feu est tellement débile que maintenant tout le monde se rue dans les bars à la même heure...

Le mutant ne put qu’acquiescer. En effet, ces mesures étaient parfaitement ridicules, et tout le monde ne cessait de le répéter. Il aurait été curieux de connaître la personne dans le cabinet de Lancaster qui lui avait soufflé cette idée. Il était assez persuadé que se mettre toute la ville à dos était une très mauvaise idée. Malheureusement, les hunters étaient partout et ils avaient des armes et des vaccins en grande quantité. Le citoyen lambda n’avait plus vraiment son mot à dire dans l’histoire, et il espérait que cela serait suffisant pour renverser le maire d’ici peu. Il était temps que les choses changent dans cette ville.
La conversation ne resta pas longtemps focalisée sur des mondanités cependant ; Moira voulait parler à Seth, et lorsqu’elle le fit, il la laissa faire sans interruption.

- Tu te souviens du message que je t'ai envoyé, l'autre jour ? Quand je te disais que j'étais à l'hôpital. C'était pas pour un bête accident ou une connerie comme l'appendicite... L'autre fois je suis allé boire un café, me regarde pas comme ça, t'étais pas là ce jour-là. Je suis sortie et il y avait ces deux types dehors, l'un d'eux disait avoir besoin d'un coup de main... Puis bon tu me connais, je parle pas aux inconnus, tout ça... Du coup je suis partie en vitesse, mais l'autre m'attendait plus loin et m'a assommée. Je me suis réveillée dans un vieux hangar, un truc super glauque qui puait la pisse et l'essence, le bonheur... Je... Bref, je vais pas te faire de dessin, ils m'ont pas amenée là pour faire la causette... Enfin si, en quelque sorte... Ils m'ont attachée et m'ont posé un tas de question, où sont tous tes copains mutants, comment tu as attrapé ça, comme si c'était un virus, comment tu fais ça... ? Et non seulement je n'ai pas la réponse à toutes ces questions, mais en plus j'avais vraiment pas envie de leur répondre.

L’homme de sable frotta gentiment le bras de la jeune femme. Extérieurement, il avait l’air calme, mais intérieurement une tempête venait de se lever. Il détestait qu’on fasse du mal à ses amis. Ca avait le don de le mettre dans une rage folle, et avec les récents évènements, il avait peur de voir leur photo dans la rubrique nécrologique du journal local. Ou pire, il craignait tomber sur leur cadavre au coin d’une ruelle, ou de les trouver dans un trou creusé à la hâte dans la forêt, comme s’ils n’avaient pas le droit à une sépulture normale. Depuis que les chasseurs étaient devenus les rois de Radcliff, les mutants devaient se battre pour survivre. Manque de chance, la plupart de ses connaissances proches étaient mutantes. Quant à lui, il avait survécu à Roman Griske. Il pouvait survivre à tout après ça.

- C’est une bande de merdeux, et franchement, s’ils sont pas morts, j’m’occuperai de leur régler leur compte.

L’air de rien, Seth était très protecteur – peut-être trop pour son propre bien, mais tant pis, il était comme ça. Il y avait trop peu de gens qu’il aimait sincèrement, trop peu de personnes auxquelles il faisait véritablement confiance qu’il refusait qu’il leur arrive le moindre mal sans que ceux qui l’avaient perpétré restent impunis. Et si ces chasseurs qui avaient attrapé la musicienne n’étaient pas morts, ils ne resteraient pas en vie encore bien longtemps.

- Les coups, j'aurais pu m'y faire, je crois... Au bout de trois côtes cassées tu réfléchis plus trop... Mais ils ont menacé de me vacciner, et tu sais à quel point moi et les aiguilles on s'entend pas... Et le... Je crois que j'ai jamais eu autant peur de toute ma vie qu'en me retrouvant avec un flingue entre les deux yeux...

Il sentit Moira se tendre et la rapprocha de lui, la serrant doucement dans ses bras. Il pouvait comprendre à quel point elle avait été terrorisée. Lui non plus n’avait pas fait le fier la première fois qu’on avait braqué une arme sur lui ; depuis, il avait pris l’habitude de risquer sa vie presque quotidiennement. Il avait tué, beaucoup de fois, et la mort faisait partie de son existence. Il n’était plus aussi impressionné que ça par les canons des revolvers tendus dans sa direction. Mais jamais il ne moquerait la peur de quelqu’un qui se retrouvait mis en joue pour la première fois.

- C’est normal que t’aies eu peur. Moi aussi j’ai flippé la première fois que ça m’est arrivé. C’est normal, vraiment. C’est là que tu te rends compte que les choses peuvent se terminer très rapidement. C’est aussi là que tu comprends certains trucs aussi. Mais avoir peur quand on te met une arme entre les yeux, c’est normal.

Il lui frotta le bras une nouvelle fois. Il se demandait depuis combien de temps elle gardait toute cette histoire pour elle, et à quel point ça l’avait affecté. Elle était forte, certes, mais il savait aussi qu’elle se prenait pour plus forte qu’elle ne l’était réellement. Et là, elle avait dû redoubler d’efforts pour se remettre de ça.

- Et pour les aiguilles, je compatis, on a la même trouille. Et franchement, entre la mort et le vaccin, je sais pas ce qui est le pire. C’était la peste ou le choléra, parce que ces connards connaissent pas d’autre méthode que celles-là. Parce qu’ils se rendent pas compte qu’on est pas des monstres, toi comme moi comme n’importe quel autre mutant. Mais ils ont la trouille parce qu’ils savent qu’ils ont tort et qu’on vaut mieux qu’eux.

Il l’embrassa sur le haut du crâne et remit gentiment en place quelques longues mèches rousses de sa main libre. En cet instant, il se sentait aussi bien l’âme d’un ami que d’un grand frère. Il était sincèrement désolé de voir la jeune femme comme ça, réellement furieux qu’elle ait eu à subir une séance de torture de la part de hunters trop zélés. Il aurait voulu qu’elle n’ait pas à vivre une expérience qui, pour beaucoup, aurait été particulièrement traumatique. Mais si elle avait besoin d’aide de sa part, il la lui donnerait de bon cœur.

- Et t’as montré que t’étais plus forte qu’eux, parce que t’es toujours là, et t’es encore debout, et tu sors encore au lieu de rester planquée chez toi comme si t’existais pas. Parce que t’es plus forte que ce qu’aucun chasseur croira jamais, parce qu’ils seront infoutus de voir à quel point t’es une personne géniale. Parce que t’es une battante, même avec le poids du monde sur les épaules, et ça, c’est pas un connard avec une seringue et un flingue qui changera ce que t’es.

Peut-être son discours était-il un peu plus sentimental, un peu plus sérieux que celui qu’il pouvait tenir d’ordinaire. Mais là, il ne voyait pas quoi dire d’autre. Il gardait sa colère pour lui, car ce n’était pas ce dont avait besoin l’amie qui était blottie dans ses bras. Elle avait besoin qu’on l’écoute et qu’on la rassure, et ça, il savait qu’il pouvait le faire. Il ne jouerait pas les idiots et les fanfarons ce soir, sauf pour détendre l’atmosphère lorsque le moment s’y prêterait. Pour le moment, il se contentait d’être une présence amicale et rassurante, et ça lui allait bien comme ça.



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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeMar 8 Sep 2015 - 21:36

Misery business

ft. Seth Koroha


« Règle n°3 du mutant qui survit : Savoir s'entourer... »
Sans me mettre en danger ? J'avais esquissé un sourire à ce moment-là. Je passais mon temps à clairement mettre ma vie en danger, ces dernières années. Alors un peu plus ou un peu moins... Seulement j'aurais autant aimé ne pas réitérer la catastrophe de la semaine passée. Je pouvais clairement affirmer une chose : On ne voyait pas sa vie défiler devant ses yeux juste avant de mourir, c'était un mythe. On sentait juste la peur nous prendre les tripes, notre estomac danser la salsa tout en priant tous les dieux possibles et imaginables pour qu'on nous laisse la vie sauve. J'étais même persuadée que personne ne pouvait se vanter de ne pas craindre la mort. C'était humain et tout à fait naturel de craindre quelque chose d'aussi radical et définitif. Et je ne dérogeais pas à cette règle, même si ça m'agaçais au plus haut point.

Mais déjà nous étions arrivés chez moi, et l'attitude de mon chien face à Seth me fit rire une fois de plus.

"Je crois que Biscuit est simplement très très jaloux... Pourtant je lui ai dis plusieurs fois que si tu ne te tenais pas tranquille il avait le droit de te mordre les fesses !"

Tout en riant, je retournais à la cuisine pour me faire un thé, et ramenais une bière à Seth. Nous étions à présent affalés sur le canapé, l'un contre l'autre, et je laissais tomber le masque d'héroïne que je portais si mal ces derniers temps. Tout ce qui m'était arrivé jailli en bloc de mes lèvres, comme un besoin vital, sans détour, sans tabou, chose que je n'avais pas pu faire avec Martial. Et toute cette histoire résonnait à mes oreilles comme si ce n'était pas moi qui la racontais. Je tremblais, j'avais peur, mais je me sentais plus vide qu'autre chose. Comme si le fait d'avoir versé trop de larmes à l'hôpital m'avait totalement anesthésiée. A mesure que les jours passaient, la peur et l'angoisse laissaient place à la colère et la haine. C'était de leur faute. Tout était de leur faute. Ils avaient enlevé mon fiancé sans même chercher à savoir s'il était dangereux, avait fait de mon frère un monstre et maintenant ça... Je ne supportais tout simplement plus l'idée d'être le gibier et non le prédateur. Et j'entendais bien faire pencher la balance dans l'autre sens rapidement.

Plus que jamais, j'appréciais la franchise et la protection de Seth. La plupart du temps, nous avions l'air de deux crétins avec quatre ans d'âge mental, nous étions mort de rire en voyant un type se casser la gueule sur le verglas, buvions à nous en détruire le foie, calmions nos libidos respectives dans ses draps ou dans les miens... Bref, notre relation ressemblait à tout sauf à quelque chose de conventionnel. Et pourtant, je ne voyais pas en lui le crétin que la plupart des gens devaient voir au premier abord. C'était probablement l'ami le plus cher que j'avais, à qui j'aurais aveuglément confié ma vie, et chaque fois que je pensais à ça, je ne pouvais m'empêcher d'entendre la voix de Griske dans mon esprit. Je mourais d'envie de tout dire à Seth mais je devais garder le silence... J'aimais le contact rassurant de sa main sur mon main presque autant que je m'en sentais indigne. J'avais passé des années à ne pas trop me soucier des autres, habituée que j'étais d'avoir à peine le temps de poser mes valises... C'était à croire que je rattrapais depuis dix ans ces vingt années de solitude.

"Si ça peut te rassurer, ils sont morts... Tu te doutes bien que dans l'état où j'étais, je n'aurais pas pu m'en tirer seule. Un type m'a aidé, un espèce de grand malade qui les a buté avant de les faire cramer ! C'était impressionnant !"

Pour autant, je ne mentionnais pas son nom. Je faisais totalement confiance à Seth, mais si Mikael apprenait que j'avais dévoilé son nom à quelqu'un, il reviendrait finir le boulot des hunters. Et même si je lui devais la vie, ce type me faisait un peu flipper. Entendant les mots de Seth, je me redressais, le regardant avec un air sévère... Et je regrettais mon geste, j'aurais préféré continuer à faire la peluche dans ses bras.

"Attends... La première fois ? Ca t'est arrivé combien de fois de finir avec un flingue entre les yeux ? Enfin... Tu as raison, je veux dire, avoir peur c'est ce qui nous permet de survivre... Mais parfois ça nous tétanise et nous empêche de nous défendre... J'veux plus avoir peur de sortir de chez moi."

Je soupirais et reposais à nouveau ma tête sur l'épaule de Seth. C'était bête à dire, mais je me sentais en sécurité, à cet instant. Autant que je m'étais sentie rassurée dans les bras de Martial. Une vraie tapette, quoi... Comment pouvais-je survivre dans cette ville de cinglés s'il me fallait toujours une épaule sur laquelle pleurer ? C'était ridicule...

"Tu vas me dire que je suis cinglée... Mais je préfère mourir rapidement que de subir la vaccination. Ca fait vingt cinq ans que ma mutation s'est éveillée, ça représente la quasi totalité de ma vie. Je me vois pas me retrouver comme le commun des mortels... C'est là que je me sentirais anormale. C'est là que j'aurais l'impression d'être un monstre..." Soufflais-je en frissonnant. " Et je te parle même pas des effets secondaires qui iraient avec !"

Je me retenais même de lui dire que j'aurais préféré me mettre une balle dans le crâne que de finir ma vie comme madame tout le monde. Ma mutation je l'aimais autant que je l'avais haïe par le passé, elle faisait partie de moi. Et puis Seth prononça les mots les plus gentils, certes aussi un peu niais, et sincères que j'ai jamais entendu. Je redressais la tête, lui souriant comme une gamine découvrant la Barbie de ses rêves à Noël et claquais un baiser sur sa joue. Son discours faisait peut-être très sentimental mais je m'en fichais. J'étais simplement heureuse de pouvoir compter sur lui comme sur aucun autre.

"Merci, Seth. Je suis contente que tu sois là, vraiment... Tu me donnes l'impression que je suis pas toute seule perdue au milieu d'un monde qui me dépasse totalement... Et j'aimerais pouvoir en faire autant pour toi, tu sais ! A défaut, je peux t'assurer que le premier hunter qui s'attaque à ta crête, je lui fais bouffer son foie !"

Disant cela, je posais la tête sur ses genoux, m'allongeant en travers du canapé dans la moindre gêne. Ainsi, je pouvais le regarder dans les yeux en parlant plutôt que de regarder connement la cheminée.

"T'as jamais pensé à inverser les rôles ? A chasser les chasseurs ? Parfois j'ai l'impression qu'on est plus... Humains qu'eux..."

Je disais ça, mais j'avais vraiment l'envie d'aller faire un méchoui de hunters... Et Seth n'était pas né de la dernière pluie, il savait depuis le début que si l'occasion se présentait, je n'aurais pas hésité bien longtemps à appuyer sur la détente pour transformer la cervelle d'une de ces malades en sorbet.

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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: Misery business [ft. Moira]   Misery business [ft. Moira] Icon_minitimeSam 7 Nov 2015 - 3:04

Misery Business
Seth ∞ Moira

La relation que Seth entretenait avec Moira avait ceci d’intéressant qu’elle était particulièrement polyvalente. Ils étaient de bons amis, de très bons amis même, mais ils n’hésitaient pas à sauter tous les deux dans un lit quand leur libido respective les titillait un peu trop. C’était un joyeux duo d’amis avec bénéfices, et ça leur allait très bien comme ça.
Cependant, il aurait été malavisé de croire que leurs conversations ne tournaient qu’autour de sujets légers ou bien qu’ils n’étaient pas capables de se tenir correctement plus de cinq minutes. Il leur était déjà arrivé d’avoir des discussions particulièrement sérieuses et réfléchies, et celle qu’ils étaient en train de tenir en faisait partie. La soirée avait pourtant commencé sous le signe de la bonne humeur et de la rigolade, mais il avait suffi que la rouquine prononce le nom que le Calédonien redoutait le plus au monde pour que tout bascule brutalement. S’en était suivi des révélations qu’il n’avait jamais pensé avoir à lui faire un jour, et puis le retour dans l’appartement de la jeune femme avait permis aux choses de se tasser un peu, suffisamment pour que la sensation de malaise général se dissipe. Le grand chien blanc à l’air suspicieux avait aidé à détendre l’atmosphère au moins quelques instants.
Installés sur le canapé du salon, les deux mutants continuaient à parler. Seth n’aimait pas l’idée que Moira ait failli y rester. Il ne supportait pas qu’on touche au peu de personnes qu’il aimait sincèrement et auxquelles il tenait. Il avait déjà perdu quelques amis proches depuis qu’il avait emménagé à Radcliff, et il espérait sincèrement que la liste des morts ne s’allongerait pas. Mais entre la quarantaine imposée et Roman qui se promenait impunément, il n’y comptait pas trop. Il n’en parla pas à la demoiselle cependant, gardant ses craintes pour lui, se contentant de l’écouter parler – elle avait l’air d’en avoir besoin, et il n’aurait pas été un bon ami s’il n’avait pas été là pour l’écouter aussi bien dans les pires moments que dans les meilleurs. Il n’y eut qu’un moment où elle le regarda avec suspicion, ses sourcils froncés au-dessus de ses yeux clairs.

- Attends... La première fois ? Ca t'est arrivé combien de fois de finir avec un flingue entre les yeux ?

Le trafiquant renifla mais ne répondit rien. Il n’était pas sûr du tout que l’Irlandaise apprécie la réponse. Il s’était fait tirer dessus trop de fois pour en avoir gardé le compte, et il avait frôlé la mort bien trop souvent. Sa mutation et ses réflexes l’avaient sauvé, et puis la chance aussi. Il avait une chance insolente, et il craignait à chaque instant de voir le vent tourner, car s’il était sûr d’une chose, c’était que le karma était impitoyable et qu’il lui ferait payer au centuple ses années à fuir et à tester les limites de ce qui était faisable ou non.
Et en parlant de mutation, ce fut ce dont Moira choisit de parler ensuite. L’homme de sable ne rajouta rien mais ne put qu’acquiescer mentalement. Lui non plus ne se serait plus senti lui-même s’il devait perdre son pouvoir. Elle s’était éveillée aux alentours de ses dix ans, comme pour beaucoup de mutants qui avaient vu leur don se déclarer lorsqu’était arrivé la puberté. Il avait lutté pour apprendre à s’en servir, pour réussir à la maîtriser, et désormais elle faisait autant partie de lui que n’importe quel autre de ses organes.
Il n’en dit pas un mot à la grande rousse, se contentant de rebondir sur ce qu’elle avait dit plus tôt et de prononcer quelques mots un peu plus sentimentaux que ce qu’il avait l’habitude de lui dire – cependant, ils étaient particulièrement sincères. Ils lui valurent un sourire qui compensait l’expression morose arborée par la violoniste pendant une bonne partie de la soirée, et une bise bruyante sur la joue qui le fit rire un peu.

- Merci, Seth. Je suis contente que tu sois là, vraiment... Tu me donnes l'impression que je suis pas toute seule perdue au milieu d'un monde qui me dépasse totalement... Et j'aimerais pouvoir en faire autant pour toi, tu sais ! A défaut, je peux t'assurer que le premier hunter qui s'attaque à ta crête, je lui fais bouffer son foie !

Il pouffa de rire et lui ébouriffa les cheveux, pensant aux siens qu’il avait dû couper pour mieux les laisser repousser, tout ça pour être un peu plus discret que d’ordinaire, pour éviter que Roman ne puisse le repérer de loin s’ils avaient le malheur de se promener au milieu de la même foule.

- C’est cool, j’suis ravi de voir que ma crête est bien défendue.

Il la laissa se caler sur ses jambes et s’étira un peu, prenant mieux ses aises sur le sofa.

- T'as jamais pensé à inverser les rôles ? A chasser les chasseurs ? Parfois j'ai l'impression qu'on est plus... Humains qu'eux...

Seth grimaça un peu ; des mutants tueurs de hunters, il en avait connu, et ils étaient rares, ceux qui n’avaient pas atrocement mal fini. Quant aux autres, ils étaient utilisés comme arguments par leurs détracteurs qu’ils étaient de dangereux personnages à éliminer ou à contenir d’urgence. Au final, rien de bon ne ressortait de cela.

- Tu sais que j’suis plutôt pour les réponses musclées, mais là, c’est complètement con. Injuste pour nous, mais con quand même. On est condamnés à se faire maltraiter jusqu’à ce que quelqu’un décide de bouger son cul une bonne fois pour toutes et s’occupe des hunters – de tous les hunters du monde entier.

Il but une gorgée de sa bière, se demanda si un jour viendrait où les mutants et les humains ne se livreraient plus une guerre perpétuelle. Plutôt que de s’aider les uns les autres, ils se haïssaient cordialement – comme toujours, la différence engendrait tout un tas de réactions pas bienveillantes le moins du monde. Les dommages collatéraux étaient ridiculement hauts, et il n’y avait qu’à étudier le cas Radcliff pour réaliser que ça n’irait pas en s’arrangeant. Dommage.
L’homme de sable haussa les épaules.

- Mais pour le moment, c’est pas notre problème. Toi, t’as tes soucis à régler, et moi j’ai les miens. On va s’occuper de nous pour le moment, et le reste viendra plus tard.

Il lui sourit. Qu’elle s’occupe de chercher son fiancé, lui se contenterait de réfléchir à un moyen de faire sortir Roman Griske de son existence, et tout irait mieux – peut-être. Avec un peu de chance, juste un peu de chance, le destin serait clément avec eux pour une fois.

- Bon, j’pense qu’on a assez déprimé pour ce soir. Qu’est-ce que t’as comme série ou film à regarder ? Tu m’avais pas parlé d’un truc la semaine dernière que tu voulais absolument me montrer ?

Seth était particulièrement doué pour détourner les sujets de conversation lorsqu’il avait décidé qu’il en avait assez. Si Moira voulait encore parler, si cela pouvait lui permettre de se détendre, alors il l’écouterait bien volontiers. Mais en ce qui le concernait, il avait suffisamment donné son avis comme ça. Il avait la tête trop prise ces derniers temps pour vouloir l’encombrer davantage de questions dont il n’avait pas ou ne voulait pas les réponses.
Il se contenterait de profiter de l’amitié qui le liait à la grande rousse tant que la tempête ne les avait pas encore engloutis.



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