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 ≡ you've got something i need. (siward)

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MessageSujet: ≡ you've got something i need. (siward)   ≡ you've got something i need. (siward) Icon_minitimeMar 9 Juin 2015 - 12:42

 
you've got something i need
LORELEI & SIWARD

Lorelei ne savait pas pourquoi elle était revenue. Elle s’était pourtant promis de ne pas le faire, il y a quelques mois. Elle était sortie de l’hôpital, les larmes lui brulant toujour les yeux, et elle s’était juré qu’elle ne poserait jamais plus les pieds à Radcliff. Et pourtant, elle était là, à nouveau, dans son appartement qu’elle n’avait jamais sous-loué – peut-être était-ce parce qu’elle n’avait jamais trouvé personne, ou peut-être était-ce parce qu’elle savait, au fond d’elle-même, qu’elle reviendrait. Que son coeur était toujours à Radcliff et qu’elle ne pouvait tout simplement pas le laisser derrière elle. Que peut-on faire sans son coeur ? Radcliff avait été le seul endroit au monde où elle avait trouvé un peu de paix, un peu de tranquilité. À présent, c’était un endroit tout aussi douloureux que les autres, mais les bons souvenirs apaisaient les mauvais. Car c’était l’endroit où elle s’était finalement posée, après tant d’années à combattre ce qu’elle était en compagnie de sa famille. C’était l’endroit où elle avait trouvé un boulot qui la passionnait, pas un qu’elle faisait par obligation et qui la dégoutait. C’était aussi l’endroit où elle avait connu Siward… et l’endroit où elle avait failli le tuer, et détruire une famille entière. Elle ne se pardonnerait jamais d’avoir fait ce qu’elle avait fait. Toute sa vie, elle était parvenue à ne jamais utiliser son don, ou presque. Elle avait eu une faiblesse. C’était dur de résister à Siward – elle était incapable de lui refuser quoi que ce soit, on aurait dit. Même de lui transférer une infime partie de cette maladie qui le dévorait le coeur et l’esprit, et de presque lui asséner le coup fatal. Lorelei ne comprenait toujours pas pourquoi elle l’avait fait. Mais ce qu’elle savait, c’était qu’elle n’aurait jamais du le faire. Le voir là, étendu dans ce lit d’hôpital, le visage pâle, une de ses filles lui aggripant férocement la main – ça lui avait déchiré le coeur. Car elle était la cause de toute cette douleur, elle et elle seule. Alors elle était partie. Elle s’était juré de ne jamais revenir, car si Siward méritait quelque chose, c’était la paix, et non pas tout le chaos et la souffrance que Lorelei transportait partout avec elle. Retourner en Angleterre avait été la solution logique – si elle devait mourir, autant le faire avec les siens. Autant retourner aux sources. Peut-être y trouverait-elle l’endroit pour terminer sa vie. Mais elle avait revu le visage de ses parents, et de ses frères, et aussitôt elle avait eu envie de fuir à nouveau. Qu’avait-elle pensé ? Qu’après toutes ces années, ils auraient appris à l’aimer, qu’ils auraient appris à la pardonner ? Pas du tout. Rien n’avait changé. Son père n’avait même pas demandé à savoir où elle était allé pendant plus de dix ans. Il n’avait qu’hoché la tête. Ses frères furent différents, bien sûr. Ils demandèrent tout sur tout. Mais Lorelei ne leur dit rien. Ces années passées, elles étaient sacrées, elles étaient ses années, à elle seule. Et de toute manière, elle ne pouvait rien leur dire. Tout ce qu’elle était, elle devait leur cacher. Elle n’était pas une hunter, pas du tout. Elle était une transmutante. Et elle était malade, très malade. Mais ça ne servait à rien de leur dire. Ça ne changerait rien.

Elle n’avait pu rester que quelques semaines en leur compagnie. C’était comme si elle était adolescente à nouveau – elle ne voulait que se cacher dans sa chambre, s’enrouler dans les couvertures et ne plus jamais sortir à l’extérieur. Et elle avait fait exactement ça, pendant quelques jours. Mais elle se rendit à l’évidence plutôt rapidement. On ne peut pas fuir ses problèmes, loin de là. Elle avait donc essayé, très fort, de renouer avec ses frères, d’intégrer leurs vies, de peut-être s’en construire une à elle à Londres. Elle aimait beaucoup cette ville, après tout. Mais ça sonnait faux. Étrangement, les rues paisibles de Radcliff lui manquaient. Londres n’était pas chez elle – Radcliff l’était. Alors elle avait repris l’avion, sans trop réfléchir, et était revenue dans le Kentucky. Elle avait toujours son appartement, et elle pourrait probablement avoir son boulot à nouveau. Tout se passerait bien, tant et aussi longtemps qu’elle ne verrait pas Siward. Avec un peu de chance, ils ne se croiseraient plus jamais. Avec un peu de chance, il serait parti lui aussi, se faire une nouvelle vie. Mais évidemment, c’était Radcliff, et dans une aussi petite ville, on ne peut pas éviter ses problèmes bien longtemps.

Elle était sortie acheter quelques ingrédients à l’épicerie du coin, rien de plus banal. Ça faisait seulement quelques jours qu’elle était revenue. Plus tôt dans la matinée, elle était allée à l’école, et ils l’avaient réengagée sans hésitation. Lorelei se sentait légère. Elle avait bien l’intention de se cuisiner un bon repas, et de passer une soirée tranquille en solitaire. Comme elle aimait le faire. Elle parcourut les allées, et se surpris à prendre les ingrédients nécessaires pour cuisiner du chili – et instantanément, ça lui fit penser à Siward. Car c’était la première chose qu’elle avait cuisiné pour lui. Elle se demanda s’il s’en souvenait. Puis, elle tourna au bout d’une allée et le vit. Il était là, debout devant les variétés de piments, l’air bien pensif. Lorelei se figea complètement. Il ne l’avait pas vu. Sans doute avait-elle encore le temps de tourner sur ses talons et de s’enfuir. Mais elle ne pouvait étrangement pas bouger, ses pieds ancrés dans le sol, incapable de détourner les yeux. Elle se hurlait, dans son esprit, de bouger avant qu’il ne la voit. Mais il sembla sentir un regard sur lui, et tourna la tête, et leurs regards se croisèrent. Les yeux de Lorelei s’agrandirent comme des soucoupes. “Je… je dois…” Mais c’était inutile. Les mots se coinçaient dans sa gorge. “… Hey.”

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MessageSujet: Re: ≡ you've got something i need. (siward)   ≡ you've got something i need. (siward) Icon_minitimeDim 14 Juin 2015 - 13:50

We're running out of time.
LORELEI HARLOWE & SIWARD BRISTOW
Ambitions spreading like disease Affects the way that people see. Even you, you change the ways, You just don't seem to care these days. Trying to find where trouble ends. I've found out, it's in your friends. I've done things I shouldn't do, Taken things to get me through. I've been sinking in the sand Always had a helping hand Trying to find where trouble ends I've found out, it's in your friends. ~ friends.

C’était encore une longue journée qui s’était écoulée à l’hôpital, il était grand temps pour Siward de rentrer chez lui et de profiter de la soirée qu’il avait devant lui pour se reposer. Ou pour se torturer l’esprit avec ses habituelles questions auxquelles il n’avait pas de réponse. Il se demandait bien souvent où est-ce que Lorelei pouvait être à l’heure actuelle, est-ce qu’elle était seulement encore en vie ? Elle était partie retrouver sa famille et n’avait de toute évidence jamais envisagé de lui laisser quelques nouvelles d’elle de temps en temps. Il ne savait plus rien de ce qu’elle devenait, mais il ne pouvait s’empêcher de s’interroger des heures durant. Peut-être qu’il devrait préférer les longues journées passées au boulot plutôt que les moments passés chez lui, au moins le boulot ça lui permettait de garder son esprit focalisé sur autre chose que sur les problèmes de sa propre vie. Du boulot à l’hôpital de Radcliff, il y en avait à revendre en plus, c’était probablement la petite ville rencontrant le plus de problèmes à travers les Etats-Unis. En même temps, vu l’homme au pouvoir, ça n’avait rien de surprenant. Il y avait des hunters qui pullulaient aux quatre coins de la ville et personne ne semblait vouloir faire quelque chose pour les arrêter. Les mutants étaient tués ou blessés et peu de gens voulaient bien réagir à ça. Cette ville s’était de la folie, alors forcément, les urgences étaient souvent pleines à craquer. Quand ce n’était pas les hunters qui faisaient des siennes, c’était une folle qui faisait exploser la mairie et depuis la mise en quarantaine de la ville, les choses semblaient ne pas être sur le point de s’améliorer, bien au contraire. C’était n’importe quoi cette ville. Peut-être qu’il aurait dû envisager de retourner à Montréal quand Lorelei était partie, mais il y avait encore ses filles en ville et il n’avait pas l’intention de les laisser toutes seules dans cet enfer. C’était son rôle de père de les protéger, même s’il devait bien admettre qu’il n’avait plus rien du père de l’année depuis la mort de son épouse, au contraire, il avait dégradé sa relation avec Roos sans savoir ce qui lui passait par la tête, bourré, déprimé, il avait dit des choses qu’il regrettait à présent, mais repartir sur un bon pied après tout ça, c’était compliqué. Sa période de dépression avait été lourde de conséquences, mais au moins, pendant un temps, il avait pu se dire que ça lui avait permis de rencontrer Lorelei. Peut-être qu’il n’aurait jamais croisé la route de la jeune femme s’il ne s’était jamais retrouvé abonné aux rendez-vous chez le psychologue. Il aurait presque pu croire que tout ça n’avait pas apporté que des mauvaises choses dans sa vie, il y avait eu Lorelei. Mais elle était partie à présent et il ne pensait pas qu’il pourrait la revoir un jour. Elle était rentrée chez elle, sans sa famille. Des chasseurs, des personnes qu’il n’avait absolument pas envie de rencontré un jour. Une famille qui devait en ignorer long sur ce qu’elle était. Mais elle avait fait son choix et il n’y avait rien qu’il aurait pu faire pour la rattraper, pas dans la condition dans laquelle il se trouvait à ce moment là.

La crise cardiaque, ou du moins ce qui avait été considéré comme une crise cardiaque, l’avait couché pendant plusieurs jours, incapable de sortir de son lit d’hôpital, il n’avait pas pu la retenir. Est-ce qu’il aurait réussi de toute façon ? Elle avait été bien décidée à partir de toute évidence. Siward était à peine rentré chez lui que déjà, ses pensées se perdaient vers Lorelei et les questions avec lesquelles elle l’avait laissé. Un soupire passa le seuil de ses lèvres alors que, chez lui il déposa sa veste sur le canapé et ses clefs de voiture sur la table basse. Il rangerait plus tard. Pour l’heure, il avait faim, alors d’un pas lent, il se dirigea vers la cuisine avant d’ouvrir le réfrigérateur. Un nouveau soupire lui échappa en constatant qu’il était quasiment vide. C’est vrai qu’il avait dit qu’il ferait les courses la veille, mais il avait été coincé à l’hôpital toute la soirée. Il n’avait pas le choix, il fallait qu’il aille faire quelques courses avant que les magasins ne ferment sinon, il n’y aurait rien à mangé pour ce soir. Sans doute que ça ne poserait aucun problème à son neveu puisqu’il avait tendance à manger très peu –  c’était d’ailleurs à se demander comment c’était possible d’être aussi grand sans rien avaler – cependant, lui, il avait besoin de manger et puis il passerait pour quoi s’il décidait de ne rien préparer à manger simplement parce que son neveu mangeait très peu ? Ça n’avait pas d’importance, il y avait toujours un repas complet sur la table, après tout, c’était quand même son devoir de nourrir ce gamin. C’était le fils de sa sœur, elle faisait partie des trop nombreuses personnes qu’il avait perdues au cours de sa vie. Il rejoignit rapidement le salon pour récupérer sa veste et ses clefs, sans oublier de caresser les chiens venus lui barrés le passage, puis une fois débarrassé des quatre bestioles, il pu enfin quitter de nouveau la maison pour rejoindre sa voiture et conduire jusqu’à l’épicerie. Lancé dans les rayons, il commençait à remplir son panier, tentant de réfléchir en même temps aux plats qu’ils pourraient préparer. Planté devant le rayons des piments en train de se demander lesquels choisir, il eu la soudaine impression d’être observé. C’était une chose qui arrivait plus souvent qu’on ne l’aurait imaginé à Radcliff, avec le nombre de hunters courant les rues de la ville, il n’était pas rare d’avoir l’un d’eux sur le dos lorsqu’on était un transmutant. Il lâcha le rayon des yeux pour regarder autour de lui et son regard ne tarda pas à se poser sur Lorelei. La surprise le fit froncer les sourcils et il manqua de lâcher le panier qu’il tenait entre ses doigts. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle était censée être retournée dans sa famille, en Angleterre, à des kilomètres de Radcliff. « Salut. » Répliqua-t-il nerveusement. « Tu es revenue à Radcliff alors ? » Question stupide de toute évidence, si elle était là, c’était qu’elle était à Radcliff et pas ailleurs. Mais il se sentait nerveux et confus. « Ça va ? » C’était une question qu’il se posait depuis un moment maintenant, est-ce qu’elle allait bien, malgré la maladie qui lui rongeait le cœur ? Elle était encore en vie, au moins, c’était déjà ça sans doute.
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MessageSujet: Re: ≡ you've got something i need. (siward)   ≡ you've got something i need. (siward) Icon_minitimeMer 1 Juil 2015 - 20:36

 
you've got something i need
LORELEI & SIWARD

Lorelei regretta être revenue à Radcliff au moment où ses yeux se posèrent sur Siward. Immédiatement, elle eut envie de tourner sur ses talons et disparaître à nouveau – et cette fois, pour de bon. Refaire sa vie quelque part, pour les quelques jours qui lui restait. Oui, sans doute était-ce la solution. Elle l’avait déjà fait, sans doute le pourrait-elle encore. Devenir quelqu’un d’autre à nouveau, et cette fois, ne s’attacher à personne, pour ne pas leur faire de mal, comme elle l’avait fait à Siward. Lorelei avait toujours été tellement solitaire, après tout. Peut-être avait-elle été idiote de croire que le contraire serait une bonne idée. Mais quand elle avait rencontré Siward, elle s’était sentie tellement légère, tellement heureuse – pour la première fois de sa vie, quelqu’un s’intéressait à elle, vraiment à elle, pour qui elle était, dans toutes ses qualités et ses défauts. C’était la plus belle chose qui ne lui était jamais arrivé. Voilà longtemps qu’elle avait abandonné l’idée que quiconque puisse vraiment l’aimer, surtout avec une maladie aussi terrible que la sienne. Qui voudrait aimer une femme condamnée, après tout ? Mais Siward était débarqué, comme cela, tout bonnemment, et avait mis toutes ses suppositions à la porte. Et il l’avait fait tellement bien. Lorelei n’avait jamais rencontré d’homme comme lui, non plus. C’était tellement étrange que ça lui avait semblé iréel, pendant plusieurs semaines.  Comme un rêve éveillé. Et puis, le rêve s’était transformé en cauchemar, ce jour-là, lorsqu’elle eut son malaise. Et qu’elle manqua de le tuer, cet homme innocent, qui méritait rien d’autre que la paix. Qu’elle manqua de l’arracher à sa famille, à ses deux filles. Lorelei ne se pardonnerait jamais, ça c’était certain. Elle se rappela cette journée-là, à l’hôpital. Quand elle s’était assise sur la chaise inconfortable, et qu’elle avait posé les yeux sur le visage endormi de Siward. On n’entendait rien dans la chambre, sinon les bruits des machines et la respiration de Siward. Paisible. Tranquille. Mais absolument cauchemardesque pour Lorelei, pour qui ce silence était insupportable, car il lui rappelait ce qu’elle avait fait. Elle n’était pas partie pour rien. Elle n’était pas retournée en Angleterre sans raison, elle n’avait pas fait ce long voyage, elle n’était pas retournée dans sa famille qu’elle détestait juste parce que l’envie l’avait soudainement prise. Non, elle était partie pour quelque chose. Pour protéger Siward. Pour protéger sa famille. Peut-être, pour se protéger elle-même. Avait-elle soudainement oublié ces raisons, quand elle avait acheté son billet d’avion pour les États-Unis ? Elle se demanda ce qui lui était passé par la tête. Qu’est-ce qui l’avait convaincu que revenir à Radcliff était une bonne idée, au juste ? À quoi pensait-elle ? C’était certain qu’elle reverrait Siward. C’était Radcliff, bon sang. Elle aurait du le savoir. Elle avait agi aveuglément, pathétiquement, en se mentant à elle-même. Peut-être qu’elle ne le recroiserait jamais. Comme si ça se pouvait, dans le trou du monde qu’était Radcliff, Kentucky. Elle aurait du savoir qu’il ne faudra pas plus que quelques jours pour qu’elle revoit ce visage familier, et que tout le malheur qu’elle avait tellement essayé de chasser bien au loin ne ferait que revenir avec elle, et que les choses ne se seraient pas réglées d’elles-mêmes. Bien sûr que non. C’était inévitable. Quelle idiote elle avait été. Tellement naïve.

Elle serrait son panier avec une telle force qu’elle crut bien en perdre quelques doigts. Que dirait-il ? Serait-il en colère contre elle ? Il en aurait le droit, c’était certain. Lorelei accepterait sa réaction, peu importe ce que ce serait. Et puis quoi ? S’autoriserait-elle à rester à Radcliff, ou devrait-elle disparaître à nouveau ? Elle se sentait complètement perdue, à cet instant même. Toute sa vie ne semblait reposer que sur la réaction de Siward. Peut-être ne voudrait-il plus rien savoir d’elle, peut-être ne lui parlerait-il même pas. Ça serait douloureux, mais ça règlerait les choses. Lorelei l’espérait presque. Mais en même temps, elle ne pouvait s’empêcher d’espérer qu’il dise quelque chose – pour entendre sa voix, l’entendre prononcer son nom. Elle se surprit à espérer voir son sourire. Le petit sourire timide, tellement sincère et doux de Siward. Elle aimait tellement le voir sourire. “Salut.” Le mot retomba entre les deux. Il semblait surpris, sans doute plus qu’elle ne l’était. Après tout, ça devait être étrange pour lui. Lorelei n’en savait rien, mais elle vit le choc sur son visage. “Tu es revenue à Radcliff alors ?”  Lorelei ne sut pas trop comment réagir. Les dizaines d’options de réponses se bousculaient dans sa tête. ‘Eh oui, surprise !’ ‘Oui, mais je ne sais pas si je vais rester.’ ‘Oui, mais je suis juste de passage.’ Rien ne semblait vouloir sortir de sa gorge. "Oui, je viens tout juste" dit-elle piteusement. Alors elle ne fit qu’acquiesçer, un peu maladroitement peut-être, et tentant de ponctuer le tout d’un petit sourire – même si ce dernier devait davantage ressembler à une grimace. “Ça va ?” Lorelei acquiesça de nouveau, mal à l’aise. Que devait-elle faire à présent ? La bonne chose à faire serait de trouver une excuse pour partir, et tenir sa promesse de le protéger, et de ne plus entrer dans sa vie. Mais maintenant que Siward était là, devant elle, Lorelei avait envie de faire exactement le contraire. Après tout, il lui avait manqué. Elle ne pouvait pas le nier. Alors, elle acquiesça à nouveau, plus doucement cette fois. “Ça va” dit-elle. “Je n’ai pas refait de malaise, ou quoi que ce soit, depuis…” Les mots s’étranglèrent dans sa gorge. Elle baissa les yeux vers son propre panier, à moitié rempli. “… Tu sais” termina-t’elle, un peu plus doucement, presque en un murmure. Lorelei retint un soupir. Elle détestait cette situation – mais c’était de sa faute si elle la vivait, elle ne pouvait que se blâmer elle-même. “Et toi ?” demanda-t’elle d’une voix un peu nerveuse. “Tout va bien ? Je veux dire- tu vas bien ? Et Anika, et Roos ?” Bien sûr qu’elle n’avait pas oublié les deux jeunes filles. Elle ne savait pas trop pourquoi elle demandait de leurs nouvelles – après tout, les deux la détestait. Mais Lorelei ne pouvait s’empêcher de se sentir responsable pour elle. Elle avait presque tué leur père. Elle leur devait au moins cela.


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MessageSujet: Re: ≡ you've got something i need. (siward)   ≡ you've got something i need. (siward) Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 14:15

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Lorelei était une partie du passé de Siward qu’il aurait voulu être capable de laisser derrière lui. Elle était partie, qu’importait ce qu’ils avaient pu connaitre, elle avait fini par le laisser tomber pour retourner auprès de sa famille. Une famille de chasseurs qui plus est. Siward était bien incapable de comprendre cette décision. Certes, il s’agissait de sa famille, mais également de personnes qui n’hésiteraient pas à la tuer s’ils savaient ce qu’elle était. Pour la plupart des chasseurs, la mutation était une tare avec laquelle personne ne pourrait vivre et sans doute que pour la famille de Lorelei, la tuer serait une façon de la libérer d’une malédiction. Siward s’était demandé si dans le fond, ce n’était pas ce qu’elle voulait en retournant vers eux. Elle se savait condamnée à cause de cette maladie qui lui rongeait le cœur, alors peut-être qu’elle avait choisi d’en finir. Il n’en savait rien, elle était partie sans fournir de véritables explications et il n’avait pas eu de nouvelles depuis la dernière fois qu’ils s’étaient parlé avant qu’elle ne parte. Il avait eu l’occasion d’imaginer tous les scénarios possibles concernant la jeune femme. Il aurait voulu l’oublier, mais il en était incapable. Il avait trop souvent pensé à elle et à ce qu’elle pouvait être en train de vivre. Il s’était posé de nombreuses questions auxquels il n’aurait probablement jamais de réponse. Elle était partie et à première vu, il s’était dit qu’il ne la reverrait jamais. Elle était pourtant une étape de sa vie importante. Elle était celle qui lui avait permis d’enfin passer à autre chose après la mort de sa femme, elle était celle qui avait su guérir ses blessures alors que personne jusqu’à présent n’y était parvenu. Il avait passé trop de temps à s’enfoncer dans sa dépression, presque persuadé que sans sa femme, c’était à peine si la vie en valait la peine. Puis, Lorelei était arrivée et elle avait tout changé. Elle lui avait redonné l’espoir là où il était persuadé que plus rien ne l’attendait nulle part. Il s’était attaché à elle, il l’avait aimée, au point de risquer sa vie pour sauver la sienne et il ne regrettait pas ce qu’il avait fait. Elle avait beau être partie, il avait beau se sentir trahi à présent, il ne regrettait. Au moment où il l’avait poussée à utiliser son pouvoir sur lui, il avait su que c’était la seule chose qu’il pouvait faire pour lui sauver la vie. Au final, il n’avait probablement fait que lui laisser d’avantage de sursit. Un mois, deux mois, peut-être plus, mais inéluctablement, la maladie finirait par gagner. Mais ce jour là, il l’avait sauvée, il n’avait pas de regrets à avoir. Elle était encore en vie – au moins la dernière fois qu’il l’avait vue – et il était encore en vie, alors ça suffisait à le faire penser qu’il avait bien agit. Il voulait la sauver, il aurait voulu pouvoir faire plus, malheureusement, la survie de Lorelei dépendait obligatoirement de la mort de quelqu’un d’autre. Si elle utilisait son pouvoir, elle condamnait quelqu’un à hériter de sa maladie, si elle avait la chance de recevoir un don de cœur, c’était que quelqu’un était mort. Si elle voulait vivre, il fallait que quelqu’un meurt et il fallait croire qu’elle préférait que ce soit elle qui meurt.

Il ne pensait jamais la revoir. Il aurait voulu pourtant, il avait espéré parfois qu’elle soit de nouveau là, dans la salle d’attente où il l’avait vue pour la première fois, mais elle n’était jamais revenue. Peut-être qu’elle était morte et qu’il n’en avait pas la moindre idée. Cette pensée lui avait parfois traversé l’esprit et il avait lutté pour s’en débarrasser. Elle lui avait peut-être brisé le cœur, mais il ne voulait pas qu’elle soit morte. Quand bien même il semblait impossible qu’elle puisse survivre à cette maladie, il ne voulait pas qu’elle meurt. Il n’avait certainement pas pensé qu’il finirait par la recroiser au beau milieu d’une épicerie de la petite ville de Radcliff. Le hasard faisait parfois les choses d’une façon bien étrange. Elle était bien là en face de lui, à, moins qu’il soit devenue complètement fou et qu’il commence à avoir des hallucinations, mais au dernière nouvelles, à part sa dépression qu’il estimait avoir vaincue, il ne souffrait qu’une pathologie psychologique, alors c’était bien elle à qui il faisait face en cet instant. D’après ses propos elle venait juste de rentrer à Radcliff, il acquiesça légèrement, sans plus s’entendre sur le sujet. Il aurait voulu lui dire qu’elle aurait pu prendre le temps de le prévenir qu’elle était de retour, mais leur dernière discussion avait été une rupture, alors dans le fond, elle ne lui devait rien. Au moins, elle allait bien, c’était une bonne chose. «  Okay, c’est bien. Je suis content que tu ailles bien. » C’était le genre de réplique qu’on aurait facilement pu mettre dans la liste des répliques les plus pourries de l’univers. Il se sentait nerveux et ça ne l’aidait pas à trouver des phrases plus pertinentes. Une partie de lui aurait voulu s’enfuir en courant le plus rapidement possible et l’autre ne pouvait définitivement pas détourner le regard de la jeune femme. «  Moi ça va. Ça va mieux depuis, tu sais … » Evidemment qu’elle savait de quoi il parlait, mais il ne savait pas comment définir ça et elle-même avait qualifié cet évènement de tu sais, alors elle le comprendrait parfaitement. «  Mes filles vont bien aussi. Roos a été blessée dans l’explosion de la mairie, mais elle va bien maintenant. Tout va bien. » Plus ou moins bien en tout cas, ils étaient à Radcliff après tout, la ville la plus bizarre de la planète. «  Sauf la mairie sans doute. » Rajouta-t-il dans une tentative un peu ratée de faire de l’humour. De toute évidence, les blagues ce n’était pas pour lui. «  Et toi, ta famille ? » Ils étaient des chasseurs dans le fond, il s’en fichait un peu, mais c’était la moindre des choses sans doute de prendre aussi des nouvelles de la famille de la jeune femme. Bien qu’eux, ils auraient sans doute préféré le savoir mort, s’ils avaient été au courant de son existence en tout cas. Il aurait peut-être au fond de lui, préféré les savoir morts aussi. Il n’y avait rien au monde qu’il détestait plus que les chasseurs après tout. Il en avait le droit, ils étaient dangereux, des monstres, des assassins. Ils lui avaient pris sa femme alors qu’elle était innocente. Jamais il ne serait capable d’oublier ou de pardonner  une telle chose.
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MessageSujet: Re: ≡ you've got something i need. (siward)   ≡ you've got something i need. (siward) Icon_minitimeLun 28 Sep 2015 - 17:35

 
you've got something i need
LORELEI & SIWARD

Lorelei se souviendrait jusqu’à sa mort du regard de Roos. Le regard que la jeune femme lui avait lancé quand elle était entré dans la chambre d’hôpital. Lorelei avait lu l’inquiétude dans son regard, reflétant la sienne, mais elle avait également vu autre chose. La colère. Une colère noire et profonde, pas contre elle-même, pas contre son père, mais contre la personne, contre la chose qui avait causé tout cela, qui avait causé cette inquiétude. Elle. Lorelei avait senti toute la projection de cette colère envers elle quand elle était entrée. Elle avait voulu se faire toute petite, venir et repartir sans attirer trop l’attention, prétendre peut-être qu’elle n’était pas qui elle était. Mais c’était inutile. Roos le savait. Lorelei ne savait pas comment elle l’avait su. Peut-être était-ce clair dans son regard. Sans doute avait-elle lu la culpabilité dans les yeux de Lorelei comme elle avait lu la colère dans ceux de Roos. Une fraction de seconde, et tout était clair. Lorelei ne lui en voulait pas. Pas du tout, pas une seule seconde. Après tout, la jeune femme avait raison de lui en vouloir. Elle avait manqué tuer son père. Manquer tuer Siward. Siward, le doux, affectueux, innocent Siward. Siward, qui méritait tout sauf un destin comme celui que Lorelei avait failli lui donner. La culpabilité la rongerait jusqu’à la fin de sa vie. Elle avait accepté ça. De toute façon, cette vie serait courte. Déjà condamnée. Ce n’était qu’une question de temps. Elle pouvait bien vivre avec tous les fléaux, elle s’en fichait. Mais Lorelei ferait tout de même tout pour faire en sorte qu’elle soit la seule à les porter, elle et personne d’autre. Elle ferait tout pour que les autres autour d’elle vivent une longue vie, loin du chagrin et de la souffrance. C’était le moindre qu’elle puisse faire. Alors elle hésitait à engager la conversation avec Siward. Parce qu’elle avait travaillé si fort à s’éloigner de lui, à le garder à distance, parce que le ramener dans sa vie signifiait ramener le risque, le risque de lui faire du mal, le risque de faire du mal à sa famille, le risque qu’il souffre, physiquement ou psychologiquement. Lorelei ne voulait pas ça pour lui. C’était la dernière chose qu’elle voulait pour lui. Mais elle ne pouvait s’empêcher de vouloir lui parler, de vouloir entendre sa voix, entendre sa voix dire son nom à elle. De vouloir le voir sourire, de vouloir voir ses yeux s’illuminer, de vouloir le voir passer des doigts nerveux dans sa chevelure comme lui seul savait le faire. C’était égoiste, elle le savait. Terriblement égoiste. Elle devrait s’enfuir à l’instant même, et ne jamais revenir à Radcliff. Mais elle était revenue pour une raison, ça ne faisait pas de doute. Elle était revenue pour voir Siward. Elle ne l’avait pas réalisé jusqu’à maintenant, mais c’était clair à présent. L’emballement de son coeur, le sourire inévitable sur les lèvres, les doigts nerveux. Elle était revenue pour voir Siward. Et ça faisait un bien fou de le revoir. Lorelei sentait déjà le poids sur ses épaules s’alléger en sa présence. Il avait cet effet là. “Okay, c’est bien. Je suis content que tu ailles bien.” Juste quelques mots, tout simple, et Lorelei se sentait plus légère.

“Moi ça va. Ça va mieux depuis, tu sais…” Lorelei acquiesça. Bien sûr qu’elle savait. Elle était heureuse qu’il aille bien. Après tout, la dernière fois qu’elle l’avait vu, il était dans un lit d’hôpital. Il avait le visage pâle, les cernes foncées, les yeux rouges, tous vestiges de la crise cardiaque qu’elle avait causé. Le voir comme ça avait été une expérience affreuse. À ce moment-là, la seule option avait été de s’enfuir. Elle n’avait pas pu supporter le poids de la culpabilité. Le pouvait-elle à présent, maintenant que Siward était de retour sur ses pieds, en santé, en sécurité ? Peut-être. Mais elle ne pouvait pas chasser l’idée que tout ce qui s’était passé pourrait très bien se reproduire. Elle manqua de souffle un instant. “Mes filles vont bien aussi. Roos a été blessée dans l’explosion de la mairie, mais elle va bien maintenant. Tout va bien.” Lorelei arqua un sourcil. L’explosion ? Elle avait bien remarqué, depuis son départ, que la mairie était en reconstruction, mais elle avait déduit de simples rénovations. Une explosion, voilà qui était tout autre chose. Mais c’était Radcliff, après tout, alors à quelque part, elle n’était pas vraiment surprise qu’un tel événement se soit produit. “Sauf la mairie sans doute” ajouta Siward avec un petit sourire gêné. Lorelei ne put s’en empêcher – ses lèvres, quelques secondes auparavant courbées en un sourire timide, se brisèrent en un sincère, amusé. Un petit ricanement s’échappa de ses lèvres. Elle avait toujours bien apprécié le sens de l’humour de Siward – un humour simple, sans méchanceté. Comme c’était étrange de rire. Ça faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas craqué un sourire, qu’elle n’avait pas ri de bon coeur. Pas depuis son départ, en tout cas. Seul Siward y arrivait.

“Et toi, ta famille ?” Le sourire de Lorelei s’envola aussi vite qu’il était apparu. Sa famille… voilà un sujet qu’elle aurait voulu évité. Elle se doutait que Siward avait demandé par politesse, mais malgré tout, ce sujet signifiait tellement plus. Elle lui avait dit, après tout, que sa famille était une famille de chasseurs, une famille de meurtriers.  Et elle savait, que sa femme avait été tué par des gens comme ça, qu’il les détestait, qu’il les haissait, et avec raison. Lorelei se demanda comment répondre. Elle hésita. Un long silence s’installa entre les deux, tandis que la jeune femme cherchait désespérément une bonne réponse à donner. “Ils – ils vont bien” fut la seule chose qu’elle trouva. “C’était bien de revoir l’Angleterre. De revoir la maison, et ma mère...” Elle secoua la tête. “Mais je n’ai pas pu rester. Je pouvais pas rester – en fait, je voulais pas.” Elle se mordilla la lèvre nerveusement. Elle n’aimait pas parler d’eux, penser à eux. Cette famille tellement différente d’elle. Ça n’avait même pas fait deux minutes qu’elle avait passé le seuil de la porte qu’elle avait voulu repartir. Puis, soudain, elle fit un pas en avant, se rapprochant de Siward, les yeux grands. “Tu sais que je suis pas comme eux, n’est-ce pas ?” Un cri du coeur. Voilà ce que c’était. Elle espérait sincèrement que Siward le savait. Elle n’était pas comme eux. Elle n’était pas comme eux. “Je sais ce que je t’ai dit. Mais s’il-te-plaît, il faut que tu me croies. Je suis pas comme eux, je l’ai jamais été, et c’est pour ça que j’ai jamais pu rester.”



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