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 i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh

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MessageSujet: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeSam 30 Mai 2015 - 22:23

“pistols at dawn.”

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Il devait être environ huit ou neuf heures du soir, soit quelques heures avant que le couvre-feu n’entre en effet. Ceci dit, Pietra ne s’en inquiétait pas particulièrement : le bar miteux au fond duquel elle se trouvait installée comportait un appartement secret à l’étage, dans lequel elle trouverait un lit si besoin était. Emmitouflée dans la chemise et veste de costume de Seth – presque trois fois trop grandes pour elle, accessoirement – et un jegging noir délavé, elle ne ressemblait pas à l’élégante jeune femme qui jusqu’à récemment traçait les trottoirs de Radcliff, ses talons claquant comme un fouet sur le bitume. Même ses longs cheveux bruns étaient relevés et enfoncés dans un bonnet noir, un beanie acheté à $2 dans un marché aux puces, dont la profondeur ne réussissait pas à entièrement contenir son abondante chevelure. Les mains tâchées d’encre, la jeune femme mordillait une des mèches qui s’échappaient du bonnet, continuant à griffonner sur son papier. Elle était méconnaissable, et c’était là l’intérêt : elle était sur la liste haute priorité d’un bon nombre de Hunters, du fait de son pouvoir et de son altercation avec la royauté Hunters qu’étaient monsieur et madame Callahan ; aussi ne pouvait-elle se risquer à afficher son visage ou du moins son apparence habituelle. Sans parler du fait que toutes ses affaires étaient restées dans sa maison, à une vingtaine de minutes d’ici – une proximité dangereuse, mais dans une aussi petite ville, elle n’avait pas grand choix. La mutante n’avait osé prendre que son chat et ses quelques bijoux de valeur, ayant passé trop de temps à mettre en scène le carnage de sa maison. Seth et elle dépêcheraient bientôt une équipe de cambrioleurs pour ‘voler’ le reste, mais entre temps, elle se voyait obliger d’emprunter les affaires de ce dernier.

A cet instant, une voix interrompit les réflexions de la brune. « Pietra. » « Oui ? » « Y a un nouveau qui vient de s’installer. » La mutante s’arrêta d’écrire et releva la tête. Son regard se posa sur les deux mutants qui se tenaient devant elle – enfin, une mutante et un vacciné, techniquement, mais l’homme se considérait toujours comme mutant, n’ayant pas choisie l’injection de NH25 qui l’avait fait perdre sa capacité de lévitation. Avec ses larges yeux d’un gris anormal – autrefois noirs, assurait-il – l’homme avait une apparence frappante, mais pas autant que sa compagne. Rihannon avait le malheur de faire partie de ces mutants qui ne pouvaient cacher leur mutation, ressemblant plus à un porc-épic qu’à une humaine ‘normale’. Les pics s’hérissaient sur sa peau, dangereux et durs à casser, mais surtout durs à cacher. De ce fait, la jeune femme se tenait généralement cachée dans le bâtiment, où ses talents d’infirmières en faisaient une perle rare, toujours là pour aider les vaccinés comme les mutants attaqués qu’on ramenait ici. Le petit refuge n’était pas très ancien, mais déjà sa réputation grandissait, aidé par la nécessité pour beaucoup de trouver un lieu sûr où passer la nuit sans se faire capturer ou tuer par les ‘policiers’ patrouillant désormais les rues de Radcliff. Aussi Pietra n’était-elle pas totalement surprise d’apprendre que le bar à l’apparence délabrée avait un occupant autre qu’eux trois. La question demeurait cependant : quel genre de personne cet inconnu était-il ?

Cette dernière répondit à la question informulée de sa nouvelle alliée. « On sait pas ce que c’est. Si c’est un mutant, sa mutation est cachée mais… Iwean pense que c’est un vacciné. » Pietra se retint de faire une grimace. Si le nouveau venu était soupçonné d’avoir subi l’injection, c’était probablement parce que son corps était marqué de séquelles. « Il a une béquille, et sa main est cachée dans sa poche. » expliqua Iwean. Le sang de Pietra se figea. Non, ce n’était pas possible… Pourtant, combien de personnes dans la ville de Radcliff correspondaient à une telle description ? Très peu, elle était prête  à le parier. L’infirme qui attendait dans la pièce d’à côté ne pouvait être que celui auquel elle pensait ; l’idée lui faisait battre son cœur à mille battements de seconde, sans qu’elle sache trop pourquoi. Un mélange de peur, de rage et d’espoir s’entremêlaient dans ses veines et mettaient le feu à ses joues. Elle se leva brutalement, faisant instinctivement reculer ses deux acolytes, qui l’avaient rarement vue dans cet état. D’un signe de la tête, elle les invita à la suivre en dehors de la pièce, pour rejoindre la partie publique du bar. La porte, cachée derrière la scène et son piano, lui laissa voir Noeh de dos. Noeh, oui, car c’était bien lui – même sans voir son visage, elle le savait. Son cœur s’emballa davantage, et elle sentit sa gorge s’assécher. Ses mains se resserrèrent en deux poings sans qu’elle s’en rende compte, et il fallut qu’elle prenne une grande inspiration pour se détendre. Elle refusait de lui montrer l’état dans lequel il la mettait, rien que par sa présence. Elle sentit la pression rassurante de Rihannon sur son épaule, et lui jeta un sourire reconnaissant. Quoiqu’il se passe dans cette altercation, au moins, elle n’était pas seule.

C’est cette pensée qui l’accompagna jusqu’à ce qu’elle s’arrête à la table de Noeh. « Tu ne devrais pas être ici. » dit-elle, d’une voix qui se voulait froide et indifférente. Les bras croisés, Iwean et Rhiannon derrière elle comme Crabbe et Goyle derrière Malfoy, elle avait l’air de la matriarche d’un gang – ce qu’elle était en bonne voie de devenir, soyons honnêtes. C’était une entrée des plus dramatiques, mais la réaction de Noeh lorsqu’il releva le visage en valut la peine. La mutante ne put empêcher un sourire presque narquois se dessiner sur ses lèvres, tandis qu’elle se penchait légèrement vers le Callahan. « Qu’est-ce qu’il y a Noeh, tu ne t’attendais pas à voir ma tête de sitôt ? Tu pensais que Papa-Maman réussiraient leur coup ? » Sa voix s’éraillait, trop affectée de colère et de douleur pour parvenir à rester calme. Les deux autres se jetèrent un coup d’œil inquiet, ne sachant visiblement pas comment réagir à la situation. D’un signe de la main, Pietra les congédia : ils n’avaient pas besoin de rester là, témoins silencieux de cette scène, et elle ne comptait pas les laisser voir combien le jeune homme assis devant elle pouvait encore l’affecter. Ils disparurent sans demander leur reste, visiblement soulagés. Une fois qu’ils furent partis, Pietra s’appuya sur la table, bloquant l’étudiant sur la banquette et le forçant à poser son regard dans le sien. A quelques centimètres de son visage, elle ne pouvait s’empêcher de penser combien les yeux sombres de Noeh pouvaient être doux, pour quelqu’un dont le regard était généralement si amer, si hostile. Elle se reprit aussitôt, même si un léger rouge lui monta aux joues lorsqu’elle se rendit compte de ce qu’elle venait de penser. « Malheureusement pour toi, je suis encore vivante. » siffla-t-elle, les yeux brûlants de colère et de quelque chose d’autre, plus humide, qui menaçait de couler le long de son visage. Sous le col de sa chemise, une cicatrice encore rouge apparaissait, ressemblant à une vigne qui remontait depuis son épaul pour venir mourir sur son cou.




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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeVen 5 Juin 2015 - 1:58

Noeh ne comprend pas très bien ce qui se trouve devant ses yeux. Inspirant profondément, il pousse de l'épaule cette porte qui a violemment claqué dans son dos il y a un bon moment maintenant. Sa vue s'habitue rapidement à l'habitacle sombre. « Pie- Pietra ? », qu'il ose bêtement. Jamais elle ne lui répondrait. Déjà parce que cet appartement semble vide de toute âme après le carnage qui semble s'y être déroulé, puis parce que c'est lui. Noeh. Un Callahan. Celui-là même qui a promis qu'il préviendrait ses parents de son statut de mutante. L'étudiant avale sa salive avec difficulté. Il n'a rien dit. A eux du moins. Aspen aurait-elle pu faire ça toute seule ? Aussi vite, sans même lui en parler, sans vérifier ? Noeh n'y croit pas. C'est impossible. Alors, il reste sur l'hypothèse de ses parents et ça lui déchire le cœur. Ce n'est pas normal, il le sait, il ne devrait pas appréhender sa mort de cette manière, mais les battements de son cœur s'affolent d'eux-mêmes et c'est une chose, une réaction, une peur qu'il ne peut pas maîtriser. Une sueur froide traverse son échine. Ses pas incertains le guident jusqu'à la salle de bain. C'est là que Pietra s'est réfugiée lorsqu'elle s'était sentie mal, la dernière fois. Peut-être que... Du bout de sa béquille, Noeh repousse le bois et découvre une nouvelle pièce malmenée. Secouant la tête, une violente prise de conscience l'assaille : il faut qu'il sorte de cette maison, tout de suite, sans quoi il va rendre le peu de choses qu'il a avalé aujourd'hui. Une fois arrivé sur la terrasse, il éprouve les mêmes difficultés que la dernière fois à regagner la véritable terre ferme. Son corps balance violemment. Il se sent mal, Noeh, parce que cette claque est forte et qu'il n'y était pas préparé. Son ventre se contracte, son torse penche en avant et il vomit les visions d'horreur qui commencent à le gagner, à envahir chaque parcelle de son esprit. Ils ont tué Pietra. Ou bien quelqu'un s'en est pris à elle et c'est sans doute de sa faute. Et c'est pas du tout ce qu'il voulait, Noeh, malgré les propos corrosifs qu'il a eus à son encontre lors de leur dernière discussion. La mine déconfite, l'étudiant se redresse. Son regard balaye les environs. Personne. Il est seul, devant une maison vide de sa propriétaire à laquelle il tient et qu'il a désormais perdu.

Noeh ne sait pas vraiment où il va. Sa béquille fait un bruit insupportable. Le mal de tête qui l'a gagné en chemin s'éveille à chaque pas tordu qu'il exerce. Amorphe, il entre dans le premier bar qui lui revient bien. Il ne le connaît pas, il s'en fiche un peu. Ce qu'il veut, c'est boire et oublier. Et se maudire autant que possible. Ses épaules sont de plus en plus lourdes. Il sent la perte, il sent l'oublie, il sent le manque, il sent l'abandon. Il a délaissé Pietra et elle vient peut-être de quitter son monde. Il n'en est même pas certain, il ne sait pas comment le savoir. Il n'a personne à qui demander une telle chose. C'est un Callahan. Qui irait parler à un fils de chasseur d'une mutante ? Il n'a aucun droit d'avoir ce genre d'information, même si ça lui permettrait de savoir si ses larmes ont le droit de rouler ou s'il doit les garder secrètes. Quelques regards convergent dans sa direction lorsqu'il pénètre dans le petit établissement mais l'ancien pianiste n'y fait pas plus attention. Du coin de l’œil, il aperçoit un piano. Il ne se met pas à côté mais s’assoit non loin. Ce soir, ça le rassure. Sa main reste coincée dans sa poche lorsqu'il prend place sur une banquette et que son regard se perd dans le vide. Il ne sait pas quand est-ce qu'on viendra le voir, peut-être jamais, mais il ne tient plus debout. Dépité, il ressent du mouvement près de lui, perçoit l'agitation du soir dans les esprits et les mouvements. Lui ne bouge plus. Il compte rester ici jusqu'à ce que l'heure du couvre-feu n'arrive et qu'on le mette dehors. C'est un bon plan. Mieux que de retourner au manoir et de croiser son père, sa mère ou peut-être encore sa sœur qui verraient au fond de son regard vide que quelque chose ne va vraiment pas. Noeh n'espère plus les minutes. Il croit que ça fait des heures et des heures lorsqu'une voix familière l’interpelle. Ses yeux fixent le visage qui se présente à lui. Son ton est sec, distant, mais le cœur de l'ancien pianiste ne peut s'empêcher de faire des centaines de bonds de là où il est. Elle lui en veut, c'est certain, mais le soulagement ravage tout ce qui pourrait mettre vraiment Noeh en rogne dans ce qu'elle dit et il attend. Il jette un bref coup d'oeil aux deux gars qui se trouvent derrière elle, juste avant qu'ils ne s'éloignent. « De nouveaux amis ? », qu'il laisse échapper lorsqu'elle a terminé de prononcer les pires choses. Ses prunelles redeviennent sévères. « Tu veux que je te dise ?! », qu'il réplique sans attendre. « Je croyais que t'étais morte. » Son ton s'affaisse de lui-même. Il ne contrôle plus grand chose. A partir de ce moment, Noeh sent qu'il va être difficile de se montrer tel qu'il est depuis sa sortie de l'hôpital, ce soir. C'est Pietra qui se tient devant lui. C'est celle qu'il pensait avoir perdu il y a de cela quelques minutes et il n'a pas envie d'être le même dans une telle situation. « Mais c'est pas ce que j'espérais, d'accord ? », qu'il souffle tant les mots griffent son âme toute entière et son être par la même occasion. Jamais il n'aurait pu penser une telle chose. Sa tête balance de droite à gauche. « Je- Je suis passé chez toi... », qu'il avoue. « Je voulais te parler de quelque chose. Tu- tu veux bien t'asseoir et arrêter de me fixer comme ça, c'est trop bizarre, c'est pas toi. » Noeh ne se rend pas bien compte de ce qu'il dit. Il veut juste la prévenir. Lui dire ce qu'il a à dire et partir, si ça lui fait plaisir, pour ne plus jamais revenir.
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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeMar 9 Juin 2015 - 22:29

“pistols at dawn.”

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Si Pietra était assez fière de son entrée – au point d’en laisser un léger sourire se tracer sur ses lèvres – elle ne le resta pas très longtemps devant le visage de Noeh. Ce n’était pas la réaction qu’elle attendait. Là où elle pensait voir  de la peur, de l’effroi, voir même du dégout ou de la colère, elle ne trouva que… du soulagement ? Elle avait l’impression d’être en train d’halluciner. Comment pouvait-il être soulagé de la voir, lui qui l’avait dénoncée auprès de son père, qui avait fait exploser toute sa vie, qui l’avait obligée à fuir et à détruire le chez-soi qu’elle avait pris presque deux ans à construire ? Instinctivement, sa main vint chercher une mèche de ses cheveux, pour la mordiller et cacher sa confusion. Peut-être avait-il agi sur un coup de sang, et avait regretté de l’avoir dénoncée presque aussitôt ? Peut-être l’idée d’être indirectement responsable de la mort de quelqu’un l’écœurait, lui qui ignorait pourtant les meurtres commis par son entourage le reste du temps. Cette idée balaya sa confusion et rallumer sa colère, la poussant à continuer à le cracher son venin à la figure. Et pourtant… Noeh restait impassible, bien loin du brun colérique auquel elle avait eu affaire la dernière fois. Il devait encore être sous le choc, c’était la seule explication. Il soutenait même son regard, sans rage ou honte, simplement comme s’il voyait les traits de la mutante pour la première fois. C’était déconcertant, et Pietra en sentait son cœur s’emballer, sa langue se tordre en nœuds tandis qu’elle tentait de maintenir un énervement convenable. Lorsque finalement elle eut finit, elle se redressa de la table pour croiser les bras, autant pour la défiance de sa pose que pour éloigner son visage de celui de Noeh et l’empêcher de voir combien elle avait envie de pleurer.

« De nouveaux amis ? » ce dernier finit-il par demander, au moment où Iwean et Rihannon disparaissaient dans la pièce arrière du bar miteux. Pietra haussa les épaules, faussement indifférente. « Qu’est-ce que tu veux, entre monstres on se soutient. » Le mot empoisonnait trop l’atmosphère pour qu’elle le laisse informulé longtemps. Sans parler du fait que l’apparence de Rihannon lui avait largement plus souvent valu cette insulte que Pietra, et que celle-ci avait rapidement développée une affection protectrice par rapport aux occupants du bâtiment, permanents ou temporaires. Pour une personne qui se sentait mal à l’aise en présence de bambins, elle avait un instinct maternel assez puissant. La peau de la mutante n’avait de dur que ses pics, et sa nouvelle amie était prête à la défendre becs et ongles si besoin était. « Je préfère qu’ils partent avant que tu ne les insultes, eux aussi. » continua-elle, enfonçant le couteau dans la plaie. Ça ne la soulageait pas, au contraire : ressasser ses souvenirs la déchirait intérieurement, mais elle en avait besoin. La douleur lui rappelait combien il lui avait été destructeur de croire un instant qu’elle pouvait se montrer vulnérable devant l’étudiant, combien celui-ci était capable de la faire souffrir. Roderick lui avait tiré dessus, mais c’était Noeh qui l’avait réellement atteinte. Et sans ces blessures aux cicatrices plus profondes que la balle que le père Callahan, la jeune femme savait qu’elle se laisserait aller à espérer, à s’imaginer que Noeh était soulagé, peut-être même heureux de la voir en vie.

La réplique de Noeh ne se fit pas attendre. « Tu veux que je te dise ?! Je croyais que t'étais morte. » L’émotion dans la voix de Noeh fit s’écrouler tous les beaux discours que Pietra voulait lui déclamer. Noeh n’avait jamais été très doué pour cacher ce qu’il ressentait réellement – du moins pas aux yeux de la mutante, qui le fixait en cet instant sans trop oser croire à ce qu’elle voyait. Elle aurait voulu parler, mais quelque chose lui disait d’attendre, de voir s’il continuerait à s’expliquer, ou du moins utiliser cette excuse pour se donner le temps de réfléchir, de planifier. Comme si elle avait un jour été capable de faire preuve de stratégie quand il s’agissait du fils de Hunter assit devant elle. Elle avait toujours réagi à l’instinct avec lui, une tendance qui la rendait folle autant que cela l’attirait. La spontanéité, pour quelqu’un habitué à continuellement influencer les gens autour d’eux – que ce soit par mutation ou par une analyse continue de son entourage – était une drogue puissante. Et puis, l’aveu. « Mais c'est pas ce que j'espérais, d'accord ? » Les paroles éraillèrent la voix du l’étudiant, et Pietra sentit les larmes qu’elle venait tout juste de repousser perler de plus belle sur ses cils. Elle se sentait maladroite tout d’un coup, et elle avait l’horrible sensation qu’elle rougissait. « Et bien, je ne le suis pas… » bredouilla-elle, inutilement. Merci Pietra, il l’avait sans doute remarqué. Mais elle ne savait pas trop quoi dire d’autre, qui ne reviendrait pas à une révélation plus que dangereuse.


« Je- Je suis passé chez toi... » continua le Callahan, et le cœur de Pietra s’affaissa dans sa poitrine. Il avait vu. Il avait vraiment cru à sa petite mise-en-scène. Avec quelqu’un d’autre, elle aurait été partiellement satisfaite de savoir qu’elle avait réussi son coup ; seulement, l’idée que Noeh soit passé et ait vu le ‘carnage’ aussi directement, plutôt que d’apprendre sa ‘mort’ par le biais d’un parent ou d’un Hunter, la désolait. Elle n’aurait su dire pourquoi. De toute façon, le brun n’avait pas fini. « Je voulais te parler de quelque chose. Tu- tu veux bien t'asseoir et arrêter de me fixer comme ça, c'est trop bizarre, c'est pas toi. » Qu’est-ce que tu en sais, de ce qui est moi ou non ? aurait-elle voulu lui rétorquer, faire redémarrer une dispute. A la place, elle s’assit en face de Noeh, presque sage. Autrefois, elle se serait glissée à côté de lui, le poussant sans ménagement malgré son statut ‘d’infirme’ – mais la distance de la table lui semblait nécessaire, continuant à les séparer dans un dialogue où elle ne comprenait plus les enjeux ni les passions. « Je t’écoute. » dit-elle lentement, d’une voix presque douce. Difficile de croire qu’il y avait seulement deux minutes, cette même voix était acerbe, envenimée.





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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeDim 21 Juin 2015 - 1:43

Noeh comprend bien vite qu'il n'est pas tombé au bon endroit. Il n'est jamais là où il faut, de toute façon. Le regard de Pietra le transperce, mais il poursuit. Il s'est rendu chez elle pour une chose bien précise, une décision qu'il n'a pas prise à la légère, et maintenant qu'il a mis la main sur elle, il n'est pas près d'abandonner si facilement. Même si c'est ce que son « amie » semble espérer. Le jumeau Callahan n'est pas comme ça. Il peut avoir les plus grands défauts, l'un d'eux peut tout autant être considéré comme une qualité : sa détermination. Ce soir, l'étudiant n'a aucune envie de baisser les bras. Ce n'est pas comme ça qu'il pourra réparer ses erreurs ; en supposant que ces dernières puissent être réparées, ce dont il doute de plus en plus, à présent que Pietra se tient face à lui. Qu'elle l'écoute. Toute cette attention qu'il détient de façon si soudaine et surprenante de sa part le bouleverse. Ça lui tord l'estomac, lui retourne l'esprit. Par chance, il n'a rien avalé ce soir. « Je... », qu'il parvient à laisser passer à travers ces lèvres de plus en plus sèches qu'il se traîne. Noeh devine que son teint doit être encore plus livide que d'habitude. Dans le même genre, il fait sans doute encore plus peine à voir. C'est parce qu'il est mal. Intérieurement. Il porte le poids d'une bêtise plus immense que la Lune qu'il aurait préféré pouvoir décrocher pour elle plutôt que causer sa possible perte sur ses frêles épaules de pantin de mutant et ça le terrifie encore un peu plus que d'habitude. La respiration difficile, Noeh s'autorise à contempler quelques instants le visage de la jeune femme. Ça lui a manqué. Il aura beau le nier, s'en vouloir de le penser, se détester, ça ne pourra pas changer. C'est ainsi qu'il ressent les choses. C'est de cette manière qu'il les perçoit, cette pensée qu'il ne peut pas se sortir de la tête depuis qu'il est parti de chez elle en déblatérant des horreurs innommables. Souvent, depuis son réveil, l'ancien pianiste choisit de blesser les autres. Il les repousse, du mieux qu'il peut, et il a fait la même chose avec Pietra. Bien qu'avec elle, les choses aient pris une tournure un poil différente de toutes les autres fois. Un secret a été révélé. Une chose dont Noeh ne soupçonnait alors pas l'existence et qui l'a bousculé comme le vent fait plier le roseau. La peur s'est rajoutée à l'équation. Ça a été plus fort que tout ce qu'il pouvait éprouver pour elle. Son imagination s'est faite plus volubile qu'à l'accoutumée, le laissant entrevoir le fait que Pietra pouvait se permettre de faire ce qu'elle voulait de lui. Noeh s'est braqué. Pour se protéger, pour se parer à toutes les éventualités. Il a érigé cet espèce de mur invisible entre eux pour ne pas souffrir à nouveau. L'étudiant peine à avaler sa salive. La nervosité gagne sa jambe gauche qui commence à trembler légèrement. « J'ai fait le con et... », qu'il esquisse comme deuxième essai. Le jumeau Callahan ne sait lui-même pas s'il parle déjà de la soirée des fondateurs ou s'il préfère déjà revenir à quelques semaines auparavant. Il est perdu. Il ne pensait pas que c'était possible de s'embrouiller autant soi-même, pourtant il semblait exceller dans ce domaine. Ses yeux d'un vert émeraude s'élèvent en direction de ceux de son interlocutrice. « Je n'ai rien dit à ma famille. » Il marque un temps d'arrêt. Juste le temps pour lui de reprendre un peu sa respiration, ses esprits, tout ce qui peut être récupéré pour lui permettre d'aller jusqu'au bout. « Mais j'ai merdé à la soirée des fondateurs. Je n'ai pas réfuté l'idée d'avoir passé du temps avec toi devant une personne qui n'aurait pas dû être au courant. » L'image du visage d'Aspen ce soir-là le frappe de plein fouet. Son cœur se serre, se contracte, convulse en silence dans sa poitrine. « J'ai peur qu'elle te fasse du mal », qu'il lâche sans filet. Les mots dépassent bien trop sa pensée ces derniers temps. Son regard se détache du sien. « Je suis venu te prévenir... », qu'il poursuit au plus vite, même s'il a le sentiment que ça fait des heures qu'il n'a pas ouvert la bouche. « Mais t'étais pas chez toi. »
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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 13:35

“pistols at dawn.”

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Noeh a l’air aussi surpris devant la docilité de Pietra qu’elle-même l'était. « Je… » commença-t-il, avant de se perdre face à la mutante. Elle qui a vécu en tigre pendant ses dernières semaines, rageant et grondant contre tous ceux qu’elle tient responsable de ses souffrances, de celles de sa sœur, d’Isolde, de Rihannon et Iwean… Chaque jour ne fait qu’agrandir la liste. Elle qui a maintenu pendant tout ce temps un feu intérieur qui la nourrit, l’a réchauffée, l’a aidée à ne pas penser à la personne dont elle était incapable d’ajouter le nom à la liste. Elle qui se retrouve soudain face à cette personne, et voit que d’un seul tremblement de sa voix, il a réussi à transformer son brasier en cendres. Elle sentait très bien que c’était dangereux, de s’assoir ainsi face à Noeh, et lui prêter oreille comme s’il lui voulait réellement du bien. Cela risquait de renverser le délicat équilibre qu’elle commençait à trouver dans sa nouvelle existence, entre ses journées fourrée à Redwood Castle en compagnie d’Insurgency, et ses soirées passées dans ce refuge ou avec Mikael, apprenant chaque jour un peu plus qui l’éloignait de l’humaine, de l’existence ‘normale’ qu’elle avait crue un moment pouvoir s’offrir. Perdre son innocence – un mot qu’elle n’aurait jamais cru utiliser pour se décrire – pour mieux servir la cause, servir les gens autour d’elle ; perdre la jeune femme qu’elle avait voulu être, pour le monde autour d’elle comme pour lui, Noeh. Le brun, avec ses traits tirés et sa béquille posée sur le côté, était un souvenir bien trop douloureux de sa vie antérieure, un fantôme devenu chair qu’elle ne pouvait plus joliment ranger dans la catégorie ‘avant’ et attendre que sa mémoire ne se décide à en flouter les contours.

Elle aurait dû le jeter dehors dans une dernière tentative de laisser les choses prendre leur cours naturel. Seulement, Pietra n’était pas Elijah et elle se refusait à rejeter directement tout ce qui pourrait faire entrave à ses idéaux ou ses objectifs, à s’aveugler sous le prétexte de mieux pouvoir voir. Si Noeh avait fait tout ce chemin pour lui parler, avait même risqué le couvre-feu pour se faire, elle se devait de l’écouter. Ce dernier était d’ailleurs prêt à retenter la parole : « J'ai fait le con et... » Il se coupa à nouveau. Intérieurement, la mutante se demandait s’il parlait de leur dernière conversation, ou d’autre chose. Le regard qu’il releva vers elle ne lui dit rien, rien qu’elle ne voyait pas déjà dans le malaise et l’inquiétude de son visage. Puis, il lâcha quelque chose auquel elle ne s’attendait absolument pas. « Je n'ai rien dit à ma famille. » Noeh fit bien de marquer une pause à cet instant, parce que l’esprit de Pietra s’était figé sur sa phrase. Il n’avait rien dit. Les deux sur la banquette sentirent leur respiration couper, et dans le silence qui s’installe, elle en eut presque le tournis. L’aveu était sincère, elle ne pouvait en douter un instant – et déjà, dans sa tête, elle sentait les évènements des dernières semaines fondre, changer de forme pour s’adapter à cette nouvelle information. S’il n’avait rien dit, alors il n’était pas à blâmer ; sa menace avait été cruelle, terrifiante oui, mais vide. Elle avait eu raison de l’en croire incapable jusqu’au moment de voir Roderick Callahan dans son bureau. Le soulagement de savoir qu’il ne l’avait pas dénoncée laissa bien vite place à la colère contre sa propre personne, elle qui avait révélée sa mutation au Hunter d’elle-même. Si seulement elle avait continué à jouer le jeu, n’avait pas interprété son calme comme un petit jeu sadique, elle n’en serait peut-être pas la aujourd’hui. Un bruit s’échappa de sa gorge, à mi-chemin entre le hoquet et le sanglot.

Heureusement, soit Noeh ne releva pas, soit il s’était laissé emporter par le flot de paroles qui sortait désormais de sa bouche. « Mais j'ai merdé à la soirée des fondateurs. Je n'ai pas réfuté l'idée d'avoir passé du temps avec toi devant une personne qui n'aurait pas dû être au courant. » Une nouvelle pause, durant laquelle la brune batailla pour reprendre le dessus de ses émotions. « J'ai peur qu'elle te fasse du mal. » La tension dans la voix de Noeh la fit échouer lamentablement. Elle resta en face de lui sans rien dire, muette comme elle l’était rarement. « Je suis venu te prévenir... » conclut l’étudiant. « … Mais t'étais pas chez toi. » « Ce n’est plus chez moi. » dit-elle lentement, autant parce qu’elle ne faisait pas confiance à sa voix que parce que le fait qu’elle avait définitivement abandonnée cette maison lui semblait encore étrange. « Et pour ce qui est de me prévenir de ceux qui me veulent du mal… » continua-t-elle, retirant la veste de Seth et la pliant sur la banquette à côté d’elle. Elle défit un à un les boutons de sa chemise, jusqu’à pouvoir désengager son épaule droite. Par une coïncidence digne d’un drame cinématographique, elle avait enfin pu retirer les bandages de sa blessure ce matin même, après plusieurs semaines couverte de gaze et de coton. Libérée de ses bandages, sa nouvelle cicatrice faisait l’effet d’un soleil rouge sur sa peau hâlée. Un soleil rouge de sang et de douleur, qui la brûlait encore dans son sommeil, lui faisant vivre et revivre les évènements de cette journée-là. « … C’est déjà trop tard. »

Ce disant, elle avait laissé son regard quitter le sillon que la balle du Callahan avait creusé dans sa chair, pour venir retrouver celui de Noeh. La mutante ne savait pas à quelle réaction s’attendre, ne savait pas entièrement pourquoi elle lui avait directement montrée sa plaie, plutôt que de lui raconter les évènements de sa dernière journée en tant qu’« humaine » en premier. Inconsciemment, peut-être avait-elle su que ce serait la meilleure façon de le convaincre, de lui faire comprendre qu’elle ne lui mentait pas, que ses paroles n’étaient pas un tissu de mensonge bordé de son pouvoir de persuasion. Plus simplement, elle avait voulu lui montrer sa douleur, la peur qui l’avait transpercée au même instant que la balle, et qui s’était ancrée aussi fermement dans son esprit que sa colère et sa soif de justice. Elle voulait qu’il la voit comme elle l’était vraiment – pas une mutante surpuissante qu’on avait tenté d’abattre, mais une jeune femme à peine sortie de l’adolescence qui s’était retrouvée la cible d’une haine qu’elle ne méritait pas. « Ton père est venu me rendre visite au laboratoire. Sans raison, sans prévenir. J’ai cru… » Sa voix se perdit dans sa gorge. J’ai cru que tu m’avais trahie, avait-elle envie de le dire. Mais elle n’avait pas pu dire ces mots, même dans toute sa fureur et sa douleur initiale, lorsqu’elle démolissait le whiskey de Seth en regardant le sang couler « J’ai cru qu’il savait. » remplaça la phrase inavouable. « Et j’ai fini par… Par lui exploser à la figure, en croyant qu’il était venu me tuer. Ce qu’il a effectivement tenté de faire, une fois qu’il a su que j’étais mutante. » Elle remit la chemise sur son épaule, sans prendre la peine de refaire les quelques boutons défaits. « J’ai mis ma maison sans dessus-dessous pour faire croire… faire croire qu’on m’avait déjà eue, que j’étais morte ou disparue, ou au moins que j’avais quittée la ville. » Une esquisse de sourire se dessina sur ses lèvres, une tentative de rassurance qui sonna aussi creuse qu’elle l’était. « Avec un peu de chance, elle n’y verra que du feu, elle aussi. »




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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 2:37

Ce n'est plus chez moi. Noeh relève son regard dans celui de Pietra. Il comprend. Il entend que ce n'est plus chez elle, plus depuis qu'il y a mis les pieds une dernière fois et qu'il a laissé la peur parler pour lui. De son plein gré, sa tête hoche avec faiblesse de haut en bas. Jusqu'à ce que ses prunelles ne s'ancrent sur les gestes de la jeune femme. Détaillant le tissu qui dévale tout contre sa peau, qui laisse alors apparaître l'impensable, les lèvres du jumeau Callahan s'entrouvrent quelque peu. Un instant, rien ne sort. Il ne saisit pas très bien où elle veut en venir. Ou, plutôt, il ne veut pas voir l'évidence. Celle qui lui brûle la rétine depuis maintenant quelques secondes. Cette trace de balle perçante, cette cicatrice ronde et défigurée qui parsème la peau de son épaule. « C'est pas vrai... », que l'ancien pianiste laisse échapper. Il ne veut pas y croire. Cependant, les explications se frayent un chemin jusqu'à lui. Elles pénètrent ses pensées et bouleversent tout sur leur passage. Son père a fait ça. Il a fait cette chose à Pietra, l'a comme marquée de l'aura de sa famille en laissant sur sa peau la trace d'une de « leurs » balles. L'une de celles où un « C » est finement incrusté pour être reconnaissable du plus grand nombre, voire inoubliable. Ses mâchoires se contractent. Ses yeux ne quittent pas l'épaule de Pietra, même lorsque cette dernière réajuste d'un geste las sa chemise et le prive de contact visuel direct avec la blessure. Il a presque le sentiment de la sentir, sur sa propre épaule, au même endroit ; même si, en fait, sa douleur à lui s'apparente soudain à un immense coup de poignard. L'image de son père visant de son arme fatale son am... Pietra s'impose à lui. Il devine sans mal la mimique dans laquelle devait baigner ses traits : un sourire fier, conquérant, suffisant. Celui qu'il peut lui-même avoir parfois étalé sur le visage, mais jamais dans une telle situation. Enfin, Noeh comprend que tout ceci est de sa faute. Son père a dû avoir vent de certaines choses le concernant, concernant Pietra, de la part de Salomé peut-être, ou de sa mère... Aucune idée concrète ne s'avance, si ce n'est qu'à cette première faute s'ajoute celle de la menace balancée avant de quitter la maison de Pietra, la dernière fois qu'ils se sont vus. S'il n'avait pas agi dans un geste désespéré, empli d'un désespoir sans borne, Noeh n'aurait pas prononcé ces quelques mots. S'il n'avait pas eu peur, rien de tout ça ne serait arrivé. Toutefois, le destin en avait décidé autrement avec lui. Adriel avait déjà fait de sa vie un enfer à cette époque, avait déjà remué son existence d'un souffle nouveau et blessant, et la révélation de Pietra n'avait fait qu'aggraver les choses en écorchant la confiance de Noeh envers ses proches. Mais surtout envers elle. Avant tout envers elle. « Je- J'espère. » Le regard de Noeh, perdu et bouleversé, se plonge dans celui de la brune. Il croise les doigts pour qu'Aspen n'y voit que du feu. Si cette dernière se met à entrer pour de bon dans la danse, Noeh n'est pas certain de pouvoir tenir la cadence. Il va y passer, le jumeau Callahan. Il prend un malin plaisir à foutre la merde partout pour ensuite réfléchir aux conséquences qui en découlent. Lorsqu'il a laissé Lorcan parler de ce qu'il ne savait pas devant Aspen au bal des fondateurs, il a préféré aggraver les choses plutôt que d'apaiser la situation. Et, à présent, voilà que Pietra se retrouve obligée de se cacher d'une personne supplémentaire. Bravo, Noeh, bravo. Ses épaules s'affaissent. Même s'il ne veut rien laisser deviner, toutes ces révélations commencent à creuser un trou béant dans sa poitrine, juste au niveau de son cœur. Même s'il ne se sent pas tout à fait en sécurité, Noeh se dit qu'il a au moins le mérite d'être bien tombé en entrant ici et qu'il a réussi à prévenir Pietra malgré tout. Et il se sent plus pitoyable que jamais auparavant. « Dans tous les cas, je crois que tu vas pouvoir te reconvertir dans la décoration d'intérieur, c'est fichtrement bien foutu ton truc. Ou alors c'est moi qui suis juste stupide et qui prouve une fois de plus que j'aurais fait un chasseur médiocre, incapable de différencier le vrai du faux. » Ses lèvres se serrent. Sa main gauche vient étirer les traits de son visage un instant, juste assez pour les soulager d'un poids énorme, mais aussi pour laisser la place à une nouvelle vague de mal-être de se glisser à la place de la précédente. « T'as le droit de te moquer. Ou même de me mépriser encore un peu plus », qu'il indique d'une voix morte, absente, douloureuse. « Je t'ai dit que j'allais te balancer à ma famille et maintenant je viens te prévenir qu'Aspen sait déjà trop de choses à ton sujet », qu'il se met même à rire, piteusement. Ce qu'il peut être idiot, Noeh Callahan, depuis qu'il a eu cet accident stupide. Ou bien depuis qu'il est né, d'ailleurs, d'après ce qu'il a compris. S'il avait suivi le destin imposé par son nom de famille dès le départ, rien de tout ça ne serait en train de se produire. Mais non, il a fallu qu'il n'en fasse qu'à sa tête. Et là, tout de suite, l'ancien pianiste ne sait plus très bien s'il est fier de ses décisions ou incroyablement déçu, plus bas que terre. « J'suis vraiment qu'un pauvre type. »

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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeLun 3 Aoû 2015 - 22:24

“pistols at dawn.”

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

« C'est pas vrai... » La phrase n’est pas un déni, Pietra le sait. C’est tout bonnement de l’horreur, de l’horreur pure et simple qui envahit tout son visage, au fur et à mesure qu’il comprend toute la signification de cette blessure. Presque instantanément, elle regrette de lui avoir montré. Quoi que Noeh puisse penser d’elle, la plaie sur son épaule est un abîme de plus qui le sépare de son père – et ruiner les relations familiales de Noeh n’a jamais été son but, aussi odieuses lui soient-elles. Mais elle ne sait pas comment d’autre lui montrer, lui faire comprendre ce que c’est réellement, d’être mutante. Le forcer à faire le lien entre les discours de haine et de peur avec lesquels il a été élevé, et les personnes bien vivantes, bien humaines qui en sont l’objet. Elle n’est pas un concept abstrait, l’ombre indistincte dont on menace les petits enfants Hunters lorsqu’ils ne veulent pas aller se coucher ; et  elle veut être sûre qu’il comprenne exactement en quoi consiste le métier de sa famille. Meurtriers, assassins, fanatiques – voilà les termes qui devraient remplacer ‘héros’ ou ‘combattants’. Sa propre violence n’est qu’en réaction à la leur. Elle a beau penser tout cela, l’heure n’est pas aux grands discours ; de toute façon, elle ne saurait pas comment s’y prendre devant l’étudiant. Il suffirait qu’il la fixe un peu trop longtemps avec ses yeux si verts, dans lesquels elle a toujours eu du mal à lire le fonde de sa pensée, et elle s’en verrait entièrement décontenancée. Alors elle finit de se rhabiller presque en silence, se limitant à lui raconter les évènements ayant menés à cette énième cicatrice sur sa peau.

Surtout qu’en cet instant, Pietra a du mal à réconcilier les mots qui sortent de la bouche de Noeh avec la réalité telle qu’elle la connaissait il y a encore une heure. Il espère qu’on ne la trouvera pas, qu’elle restera en sécurité. C’est à des lieues du discours qu’il lui tenait à leur dernière rencontre, du venin qu’ils se sont crachés face à face, puis protégés par une solide porte de bois. Elle a envie de le croire sincère, tellement envie – mais la peur la tient toujours à la gorge, et elle hésite. La dernière fois qu’elle s’est laissée aller à lui faire confiance, il lui a rejeté son aveu à la figure avec une intensité qui lui donne encore des frissons. Certes, elle n’y est pas allée de main molle non plus, et elle serait prête à le reconnaître. Mais pour cela, il faut que Noeh fasse le premier pas, lui montre qu’il n’est plus dans le même état d’esprit qu’avant. Soutenant le regard avec lequel il la fixe depuis un moment, la brune voit les épaules du garçon s’affaisser, et elle en mord de plus belle sa mèche de cheveux, ne sachant pas ce qui va suivre. « Dans tous les cas, je crois que tu vas pouvoir te reconvertir dans la décoration d'intérieur, c'est fichtrement bien foutu ton truc. Ou alors c'est moi qui suis juste stupide et qui prouve une fois de plus que j'aurais fait un chasseur médiocre, incapable de différencier le vrai du faux. » Pietra manque de sourire. « Je ne suis peut-être pas la plus objective, mais je ne pense pas que faire un mauvais Hunter soit une preuve de médiocrité, au contraire. » C’est dit d’un ton presque plaisantin, si l’on oublie la tension qui réside encore dans ses moindres intonations. On dirait un chat qui s’avance vers un humain inconnu, curieux mais méfiant, prêt à croire qu’on lui veut du bien, mais aussi à s’enfuir au moindre faux mouvement.

Visiblement, l’intonation n’échappe pas à Noeh. «T'as le droit de te moquer. Ou même de me mépriser encore un peu plus. » commence-t-il, et le visage de Pietra essuie un rictus de douleur, comme si celle dans la voix du jeune homme s’était directement imprégnée sur ses traits. « Je t'ai dit que j'allais te balancer à ma famille et maintenant je viens te prévenir qu'Aspen sait déjà trop de choses à ton sujet » Aspen. Aspen Wolstenholme, cela ne fait pas de doutes. Pietra ne sait pas énormément des relations qui lient les jumeaux Callahans à leurs équivalents Wolstenholmes, mais elle en sait suffisamment. Lorcan mutant, Lorcan a la sœur chasseuse. Lorcan qui, jusque récemment, la faisait chanter, pensant pouvoir jouer du don de la jeune femme pour se protéger de sa sœur. Un sourire sans joie s’étira sur le visage de Pietra. A cet instant, ni Lorcan ni Salomé ne devaient se sentir particulièrement rassuré du fait qu’Aspen la sache mutante – elle doutait sincèrement que Roderick Callahan ait tenue leur altercation secrète – et surtout, qu’elle l’ait connue au travers eux. Comment ces gentils petits Hunters qu’ils faisaient semblant d’être auraient-ils pu laisser une telle mutante passer entre les mailles du filet ? Si la Hunter n’avait pas déjà des doutes, ces dernières semaines devaient bien lui avoir mis la puce à l’oreille. Le prénom de sa nouvelle ennemie la distrait de la brutalité des paroles de Noeh, la première mention explicite de sa menace depuis le début de la conversation.

« J'suis vraiment qu'un pauvre type. » « Et moi je suis une vraie vipère. » répond Pietra avec un sourire contrit. « On fait une belle paire. » Il lui faut quelques instants pour se décider à agir, mais au fond d’elle le choix est déjà fait. Lentement, elle glisse sur la banquette autour de la table, jusqu’à se retrouver épaule contre épaule avec Noeh. Elle a envie de lui presser le bras, l’épaule, la main, un geste d’affection comme elle n’espérait jamais pouvoir faire. Mais elle n’ose pas, a peur de brusquer les débuts d’une réconciliation qui lui semble encore trop fragile pour résister au moindre choc. « J’ai pas envie de me moquer. Ou de te mépriser. » dit-elle, pesant ses mots avec une attention bien loin des invectives lancées comme des dards au travers de ce qui fut un jour son salon. Elle relève un peu le visage, le chapeau dans lequel elle a fourré ses cheveux ayant commencé à glisser au-dessus de ses yeux.  C’en serait presque adorable, si son visage n’était pas aussi douloureusement sérieux. « Je suis juste contente que ce n’était pas toi. » murmure-elle, n’ayant finalement pas réussi à relever entièrement le regard en direction de celui de Noeh. Elle n’a pas besoin de finir sa phrase pour qu’il comprenne.




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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeLun 7 Sep 2015 - 14:15

Noeh ne peut être que d'accord avec ce que dit Pietra : ils forment une belle paire, une paire particulièrement étrange même. Le jumeau Callahan n'a pas le temps de plus réagir que la jeune femme vient se placer à ses côtés. Et c'est une chose qu'il n'a pas prévu, ou tout du moins son cœur qui s'emballe à l'instant même où son épaule se retrouve presque contre la sienne. L'ancien pianiste ne laisse rien paraître. Le soulagement et la nervosité débarquent tous deux à l'improviste. Un instant, ses prunelles cessent de fixer avec insistance Pietra, bien que ce ne soit que pour quelques secondes à peine. Il a besoin de la regarder. Il ressent cette envie de faire comprendre à tout son être que, oui, elle est bien là, à ses côtés, et pas ailleurs, et presque pas ou plus en colère. Ses mots forcent Noeh à secouer la tête. « Je pouvais pas te faire ça », qu'il répond presque instinctivement. Non, jamais il n'aurait pu la dénoncer. L'annonce de sa mutation a été un choc. Un réel bouleversement dans l'esprit de Callahan. Il a voulu le dire. Il avait commencé par sortir de sa chambre, un matin, d'un pas déterminé, pour filer en direction du bureau de ses parents dans l'espoir de tomber sur l'un ou l'autre, mais sa démarche s'était ralentie au fil des secondes. Plus la porte se rapprochait, plus son désir d'annoncer que Pietra faisait partie des leurs s'amenuisait. Au final, l'ancien pianiste s'était laissé glisser contre le mur le plus proche. Il s'était mis à rire de sa faiblesse, puis de sa décision stupide, avant de se repasser en mémoire chaque seconde de sa dispute avec son amie, et de se maudire pendant de longues minutes. Comme s'il ne le faisait pas déjà depuis des jours entiers depuis leur dernier échange. « Pas à toi. » Ce n'est pas un mensonge. Peut-être que Noeh aurait réussi à vendre une autre personne, car c'est ce qu'on lui a appris depuis qu'il est tout gamin, mais ne serait-ce que tenter de faire une telle chose à Pietra a tout remis en question. En plus de ses cauchemars sur Adriel, Noeh a commencé à être confronté aux images d'une Pietra en train de fuir ses parents, Matthias ou même Salomé. Et ça fait bien plus mal que de rêver d'un pitoyable accident. Le regard de Noeh se fait quelque peu fuyant, mais l'ancien pianiste essaye de contrer ces tentatives de fuites malheureuses. Il doit assumer sa présence ici, placer sur ses épaules une armure bien plus assurée que présentement. Il prend sur lui une dernière fois pour ne plus se détourner de l'instant, afin de ne rien cacher à Pietra. « Tu- tu sais... J'ai eu beau lutter quand tu m'as dit pour ta mutation, j'avais seulement la voix d'Adriel en tête qui me répétait que tu ferais exactement la même chose que lui avec moi », qu'il murmure, pour qu'elle seule puisse entendre. Tel un secret qu'il lui confie. Une vérité qu'il préfère lui avouer à elle plutôt qu'à tous les autres. Noeh se dit qu'elle peut comprendre, qu'elle s'en doutait même lorsqu'elle a pris sur elle pour lui parler de sa mutation. « C'est plus fort que moi. » Cette évidence le bouleverse toujours un peu, même après tout ce temps. Cependant, Noeh n'a plus envie de se laisser faire. Il sait qu'il peut réussir à passer au-dessus de tout ça, qu'il est capable de faire des efforts. Au moins aujourd'hui. Au moins le temps qu'ils puissent se parler un peu et qu'il livre de son côté ce qu'il a sur le cœur avant que la jeune femme ne décide si elle lui pardonne ou non. « Mais j'ai envie de tout faire pour ne plus jamais te faire revivre ce que je t'ai fait vivre. C'est pas juste. Et même si j'ai pas le droit de te parler, personne ne peut m'en priver. » La sincérité qui transperce à travers ses iris émeraudes plantées dans les siennes, plus directes et déterminées qu'auparavant, ne peut que faire comprendre à Pietra qu'il n'est pas prêt de recommencer. Il a déjà commis beaucoup trop d'erreurs, il ne s'est pas mis en tête d'en ajouter d'autres à la liste. « A part tes deux colosses là-bas s'ils sont immunisés contre les coups de béquille, peut-être », qu'il se permet de plaisanter en jetant un coup d'oeil vers ces derniers, installés plus loin dans la salle. « Ou toi, d'ailleurs, ce que je comprendrais », qu'il poursuit d'une voix douce, en reposant son regard dans le sien. « Je veux plus qu'il t'arrive ce genre de choses par ma faute, Pietra. Jamais. » Son regard ne peut s'empêcher d'être attiré par la blessure dissimulée sous le tissus du vêtement de son 'amie' (en supposant qu'elle le soit encore). Il imagine sa douleur, envisage la peur qu'elle a dû ressentir, appréhende le souvenir encore récent de sa peau meurtrie. Et, inconsciemment, son poing gauche se serre. Noeh s'en veut de ne pas avoir été présent, mais aussi de n'avoir rien vu venir. Il aurait pu faire quelque chose, n'importe quoi, mais n'a même pas été mis au courant de ce qui allait se passer. Et c'est une chose qu'il ne se pardonnera pas.
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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeSam 19 Sep 2015 - 21:42

“pistols at dawn.”

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

« Je pouvais pas te faire ça. Pas à toi. » Le cœur de Pietra fit un bond malgré elle. Entendre Noeh admettre qu’elle était importante, qu’elle était spéciale à ses yeux… Elle ne s’y attendait pas. A vrai dire, elle ne s’attendait à aucun des évènements récents, donc peut-être était-il temps pour elle de revoir ses attentes du futur. Elle releva le regard, n’osant pas tout à fait rejoindre les prunelles vertes qui la fixaient, qu’elle sentait la dévisager intensément. Elle en rougirait presque, mais la situation était loin du flirt amical qu’elle avait si longtemps entretenu avec le brun à ses côtés. A les voir côte à côte, trop peureux pour s’effleurer même un instant, il devait être difficile d’imaginer combien Pietra avait eu l’habitude de le toucher, de laisser sa main sur son épaule, l’attraper par le coude, s’appuyer sur lui sous prétexte d’être fatiguée ou flemmarde. Se tenir à côté d’une personne chère et n’oser la toucher, voilà une torture dont elle ne s’était jamais doutée. Ce n’était même pas une question de passer le pas, de révéler ce qui avait si souvent été deviné dans le reflet d’un regard, ou sous-entendu dans une blague un peu salace. Simplement une affaire de contact humain, des gestes simples et anodins qui réaffirmaient continuellement le sentiment d’appartenance, d’affection, que l’on entretenait avec son entourage. La brune n’avait jamais été particulièrement gênée à l’idée de s’écraser sur les genoux de son ami, sous prétexte qu’il n’y avait ‘pas assez de place’ ailleurs, ou qu’elle avait envie d’un coussin. Alors se retrouver à quelques centimètres de lui tout en ayant l’impression d’être séparés par une barrière impénétrable, c’était… profondément déroutant.

La voix du jeune Callahan finit par briser la tension qui s’installait. « Tu- tu sais... J'ai eu beau lutter quand tu m'as dit pour ta mutation, j'avais seulement la voix d'Adriel en tête qui me répétait que tu ferais exactement la même chose que lui avec moi. C'est plus fort que moi. » La lèvre de Pietra trembla, et elle dut se la mordre pour ne pas pleurer. « Mais j'ai envie de tout faire pour ne plus jamais te faire revivre ce que je t'ai fait vivre. C'est pas juste. Et même si j'ai pas le droit de te parler, personne ne peut m'en priver. » Une seconde de silence. « A part tes deux colosses là-bas s'ils sont immunisés contre les coups de béquille, peut-être. » Pietra rit, suivant le coup d’œil du jeune homme. Ses deux colosses comme il dit se sont glissés silencieusement dans la salle, visiblement prêts à intervenir au premier geste de leur camarade. « Ou toi d’ailleurs, ce que je comprendrais. » ajouta-t-il, et le rire de la mutante mourut sur ses lèvres. Non. Elle ne le laisserait plus partir, maintenant. Il était revenu contre toute attente, et elle ne pourrait pas laisser passer cette deuxième chance, cette chance si inespérée. Elle ouvrait déjà la bouche pour le lui dire, quand Noeh la figea de son regard, concluant son discours avec un dernier aveu. « Je veux plus qu'il t'arrive ce genre de choses par ma faute, Pietra. Jamais. » L’interpellée se mordit la lèvre, l’envie de l’embrasser plus forte que jamais. Elle mourrait d’envie de briser la tension, d’oublier le temps de quelques heures, d’une nuit, tous les drames de leur vie. Faire semblant que les choses étaient simples, faciles, sans entraves dans leur chemin. Mais non ; elle avait déjà tenté de s’enfoncer la tête dans le sable, et elle avait vite appris les conséquences de vouloir faire l’autruche. Il était temps pour elle de faire son propre discours.

« Si… Si j’ai réagi aussi fort, Noeh, c’est parce que j’avais peur que tu ais raison. » commença-t-elle, avant de s’interrompre. Un temps. « Que j’étais comme lui, que je ne valais pas mieux que lui. » Elle n’avait pas l’envie de prononcer son nom, de sentir ces deux syllabes lui brûler le palais et la langue. Adriel, un nom à la sonorité si angélique. Mais comme lui répétait si souvent sa grand-mère, Lucifer aussi était un ange. Si l’ange le plus beau, le plus aimé, pouvait choir, quelles étaient ses chances de survivre à sa propre lutte intérieure ? La question la taraudait depuis toujours, et l’heure était venue de la formuler à voix haute. « J’ai… J’ai toujours eu peur de ce que signifiait ma mutation, de ce que j’étais capable de faire aux autres. Ce que je faisais depuis que j’étais petite, sans en avoir conscience. Je n’avais pas besoin d’un cours d’éthique pour comprendre combien c’était horrible, d’envahir l’esprit de quelqu’un, de les forcer à dire et à agir contre leur gré, même sans qu’ils le sachent. Être capable de faire ça, c’est… terrifiant. » Elle l’avait si rarement avoué, combien son don lui faisait peur. Après Giulia, Noeh était peut-être l’une des premières personnes à qui elle l’avait dit. Elijah le savait lui, mais elle ne lui en avait jamais proprement parlé, sentant déjà venir le discours sur la peur de sa propre force, le besoin de s’assumer pleinement, de prendre possession de son existence – et de celle de son entourage par la même occasion. Comme si elle serait capable de devenir comme lui, de cesser de voir l’incroyable individualité de la race humaine pour les remplacer par des pions, de gentils sbires obéissants.

« J’ai essayé Noeh, j’ai tellement voulu être comme tout le monde. Et j’ai tout perdu : mes parents, mes études, ma sœur… Presque ma vie. »  Sa voix s’érailla, sa gorge se serra. La mutante se força à s’arrêter, le temps de reprendre le contrôle sur sa voix qui vibre d’émotion. Au bout d’une vingtaine de secondes, elle inspira à nouveau et put reprendre. « Quand tu es venu chez moi, après ma disparition… Je récupérais du vaccin. Le NH24, ce poison. » cracha-t-elle, un rire sans humour s’échappant de ses lèvres. « Un remède, mais quel mensonge… J’ai perdu le peu de contrôle que j’avais assimilé pendant les vingt dernières années. Et j’avais mal, si mal… » Sa phrase se termina en murmure, et elle chercha Noeh du regard, comme pour s’assurer qu’il était encore là, qu’il ne s’enfuirait pas cette fois. Il était encore là, à ses côtés ; la mutant déglutit. Sa main se serra sur la manche de sa chemise, triturant le tissu dans sa nervosité. « Je me suis imposée une quarantaine, parce que j’avais tellement peur de ce que je pourrais faire aux gens. J’ai… J’ai figé un livreur sur ma pelouse pendant vingt minutes, avant que je n’arrive à relâcher le contrôle. » Le souvenir de l’homme immobilisé devant sa maison s’est imprimé à jamais sur sa rétine. Son visage vide, toute pensée essuyée, prête à attendre là jusqu’à sa mort simplement parce qu’elle avait crié sans réfléchir, elle qui ne voulait que lui rendre sa monnaie. Si Noeh l’avait vue à cet instant, qu’aurait-il fait ? Une partie d’elle lui hurlait d’arrêter, de cesser d’avouer à l’étudiant l’étendue de sa puissance, ce dont elle était capable. Mais elle avait besoin qu’il sache qu’elle n’était pas aveugle, qu’elle savait très bien ce dont il avait peur, et avec raison ; elle était dangereuse, un danger pour tous comme pour elle-même. « J’avais tellement peur de ce qui t’arriverai à toi, si je perdais le contrôle. » Un danger pour lui.



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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeLun 28 Sep 2015 - 23:36

Noeh écoute attentivement Pietra. Il berce ses mots d'un regard calme, doux, presque compréhensif. C'est étonnant venant de lui, détonnant même, mais il ne prend pas le temps de s'en préoccuper. Ce qui l'intrigue, ce sont les aveux de la jeune femme après les siens. Quand il termine de détailler ce qui s'est inscrit dans son esprit depuis qu'ils se sont fâchés chez elle, le poing serré et les pensées bouleversées, la jolie mutante enchaîne sur des explications qui forment un écho particulier chez le fils de chasseur. Il a presque le sentiment de découvrir l'envers du décor de ce qu'il a vécu avec Adriel, même cette relation n'est en rien semblable à ce qui le lie à Pietra (bien qu'il l'ait crainte durant un moment dans un besoin de se protéger évident), et tout se mélange en lui. Il se nourrit de tous ces petits détails qu'elle peut lui apporter, interpelle chaque instant qu'elle lui conte comme un secret qu'elle lui confie, comme les plus beaux des présents. Au fil des mots, le jumeau Callahan ne peut s'empêcher d'imager dans son esprit ce qui différencie Pietra d'Adriel. Et, maintenant, ça lui paraît évident. Elle n'est pas lui. Elle ne sera jamais comme lui. L'étudiant se revoit partir l'esprit furieux de son petit habitacle. Il se remémore tous les mots acerbes qu'il a pu avoir à son encontre, se souvient de chaque seconde de ce fameux après-midi. Et il se sent très con. Plus que ça, même, mais il sait aussi que c'est sa part la plus raisonnée de son être qui s'exprime et non celle qui prend dix fois plus de place et qui se laisse généralement régir par la peur. L'angoisse bien vivace de tomber entre les mauvaises mains et d'y passer pour de bon. Comme il l'a dit auparavant, c'est plus fort que lui. C'est une frayeur assourdissante qu'il ne parvient pas à gérer malgré tous les efforts qu'il peut faire en ce sens. Le visage désolé, l'ancien pianiste secoue petit à petit la tête de droite à gauche. Il a du mal à y croire, il lutte entre ce qu'il meure d'envie de faire et ce que sa plus stupide part de raison lui hurle. Partir, rester. Comprendre, nier. Répondre, faire tout autre chose. Peut-être un geste qui servirait enfin à quelque chose et qui prouverait au delà des mots qu'il est désolé pour ce qu'il est, ce qu'il fait et ce qu'il fera sans doute encore dans un futur proche ou lointain. Néanmoins, les dires de Pietra le ramènent toujours un peu plus sur Terre. « Merde. » L'image de la jeune femme en train de se masquer les tempes pour empêcher sa mutation de faire n'importe quoi avec ce pauvre facteur vient tout bouleverser. Noeh ne peut s'empêcher de s'imaginer à la place de cet inconnu, inerte, comme absent, mais pourtant bel et bien présent mais incapable d'initier les gestes désirés sans même s'en rendre compte. C'est ce qu'il a vécu, le cadet Callahan, des mois durant. Aussi, l'étudiant aimerait se montrer ferme. Lui dire qu'elle n'aurait jamais jamais blessé cet homme ; mais rien ne vient. Que ce soit de suite ou quelques secondes plus tard. Noeh aimerait pouvoir la rassurer, mais ce simple et dernier aveu qu'elle vient de faire n'a pas tout remis en question, mais presque. C'est un lutte intérieure qui se joue à l'intérieur de son être à cet instant précis, et son regard figé au creux du sien n'arrange rien. Il attend presque de façon inconsciente la conclusion de la demoiselle. Ce qui le force à secouer doublement la tête. Sa bouche commence à s'ouvrir, on pense qu'une première réponse va en sortir, mais il n'en est rien. Callahan aimerait tellement pouvoir réussir à faire le tri dans son esprit en un claquement de doigts. Malheureusement, ça n'a jamais été son fort et ce moment à part met cette inaptitude encore plus en avant que d'habitude. « Je sais que tu n'aurais pas fait ça », qu'il souffle du bout des lèvres. Du moins pas consciemment, et ça Noeh le comprend à cet instant précis. Il aimerait pouvoir se montrer plus sincère, que ce qui semble être une évidence à l'intérieur en devienne une à l'extérieur, mais il y a encore et toujours un truc qui bloque. Noeh se confronte à un mur si bien érigé qu'il saisit pour la toute première fois que rien ne va être simple. Même s'il le désire du plus profond de sa pauvre âme, il est le seul qui va tout foutre en l'air et ça lui semble inévitable. Ce qu'il aimerait pouvoir passer un bras autour de ses épaules, balancer un « viens là » et la rapprocher de lui juste pour qu'elle puisse entendre les battements de son cœur. L'affolement de ce palpitant qui est à la fois perdu et au bon endroit lorsqu'il se trouve tout près d'elle. L’innocence de la jeune femme finit de lui ficher du baume à ce même organe amoché depuis un bon bout de temps. « J'ai aucune idée de ce qu'ils peuvent bien mettre dans ces 'vaccins', mais je suppose que ce n'est pas très efficace, vu ce qu'il t'est arrivée », qu'il cherche à brouiller les pistes, alors que son regard dérive l'espace d'une seconde infime sur ses lèvres, avant de revenir se planter dans ses grands yeux verts. Est-ce qu'ils sont vraiment en train d'implorer quelque chose de sa part ou est-ce qu'il se fait juste des belles idées ? Ils sont proches. C'est indéniable. Si proches que ses parents l'enverraient sans aucun doute possible au bûché sans passer par la case au revoir s'ils le voyaient. Cependant, à l'intérieur, des centaines de trucs se frôlent un chemin sinueux jusqu'à ses pensées récentes et empêchent Noeh de se décider. C'est une mutante. Elle possède une mutation qui la raccroche sans qu'elle le veuille à Adriel. Et pourtant, ce visage de poupée est exactement le même qu'à l'époque où le jumeau Callahan ne savait rien. Pietra n'a pas changé... « Tu as tout arrêté, j'espère ? », qu'il souffle d'une voix étranglée, comme s'il tentait de garder contenance face à la pire des tentations. Ce que la demoiselle incarne soudain sans même le savoir.

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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 16:54

“pistols at dawn.”

Noeh Callahan & Pietra Nelson-Byrd

Noeh l’écoutait, Noeh comprenait. Sans jugement, sans peur, sans horreur – le genre de réception qu’elle avait tant espérée recevoir lors de ses premiers aveux, elle la découvrait maintenant. Le premier choc passé, peut-être avait-il eu le temps de se faire à l’idée, de faire la différence entre elle et le fantôme d’Adriel qui hantait encore son esprit. L’ombre du mutant recouvrait encore tant d’éléments de la vie de sa victime, peu étonnant que la jeune femme n’y ait pas échappé ; elle lui ressemblait trop, une fois passé outre ses taches de rousseur et ses grands yeux couleur bronze. Peu étonnant donc qu’au détour d’un couloir de sa mémoire, Noeh les ait confondu et ait pris ses jambes à son cou, aussi littéralement que figurativement. Et malgré l’envie de le calmer, de retirer toutes les entraves à leurs retrouvailles, Pietra ne pouvait se résoudre à le laisser entièrement oublier combien elle pouvait être similaire au monstre de ses cauchemars. Ce qu’elle avait infligé au livreur la torturait de l’intérieur, mais pas autant que voir l’expression sur le visage de son ami. La peur était revenue, pas aussi intense que durant leur dernière interaction peut-être, mais revenue tout de même, indéniablement. « Merde. » souffla-t-il, et elle ne put deviner s’il s’agissait d’un juron de sympathie pour elle ou pour le livreur, ou même sa propre réalisation qu’il avait faire une erreur, qu’il n’aurait jamais dû chercher à la retrouver. Pietra continua à le fixer, aussi fascinée par l’émotion sur le visage de Noeh qu’une biche coincée devant les phares d’une voiture. Pendant des minutes qui lui parurent une éternité, elle observa le combat intérieur auquel il se livrait, attendant de voir le vainqueur. Finalement, il secoua sa tête. « Je sais que tu n'aurais pas fait ça. » souffla-t-il, et l’intensité dans sa voix lui fit remonter les larmes qu’elle avait pour l’instant pu refouler. Cherchait-il à la convaincre, elle, ou se convaincre lui-même ? Impossible de le deviner, en cet instant ; mais elle s’en fichait bien, qu’il ne soit pas parti en courant lui suffisait amplement.

« J'ai aucune idée de ce qu'ils peuvent bien mettre dans ces 'vaccins', mais je suppose que ce n'est pas très efficace, vu ce qu'il t'est arrivé… » bredouilla-t-il, et Pietra se demanda si elle avait imaginé son regard sur ses lèvres, aussi bref fut-il. C’était si facile, instinctivement, d’entrouvrir les lèvres et se pencher légèrement, si légèrement qu’elle semblait ne pas avoir bougé du tout. Elle se souvenait de la première fois qu’elle avait dit à Noeh qu’elle n’avait pas eu de petit ami depuis ses quinze ans ; sept années de célibat imposé d’elle-même, c’était incompréhensible, l’avait-il taquiné. Comment lui dire qu’elle s’était un jour réveillée avec la certitude que son cher et tendre ne l’aimait pas réellement, ne faisait que répondre à son influence sans même s’en rendre compte ? Des paroles si simples, si passionnées pour d’autres n’étaient plus dans sa bouche que des ordres – ‘embrasse-moi’ devenait une obligation, pas un désir ; ‘reste avec moi’, ‘ne me laisse pas’ des suppliques pourtant irrésistibles. Ce n’était pas le genre de relation dont elle avait envie, dont n’importe quel humain sain d’esprit avait envie. Elle n’avait jamais osé mettre sa conviction à l’épreuve et avait simplement rompu, résolue à ne plus jamais s’y risquer. A moins de trouver quelqu’un d’immunisé contre son pouvoir, la mutante avait accepté le célibat, l’enchaînement de coups d’un soir et d’amis-amants, sans plus. Et évidemment, il avait fallu qu’elle rencontre Noeh, sans doute la personne dont elle aurait le moins du s’enticher. Dans le thème de l’ironie cosmique, on ne faisait pas plus beau.

L’objet de ses pensées, en cet instant, tentait de redémarrer la conversation. « Tu as tout arrêté, j'espère ?» Elle acquiesça, se mordant la lèvre. La voix étranglée de Noeh faisait écho à la sienne, celle qu’elle n’osait même plus utiliser de peur d’être trahie par ses propres émotions. Comme pour mettre un peu de comique dans la scène, son bonnet fini de glisser sur son visage, lui bloquant momentanément la vue. Avec un sourire gêné elle le retira, laissant sa longue chevelure cascader sur ses épaules, finissant d’obscurcir son épaule meurtrie. « Depuis que tu es passé chez moi… » dit-elle, n’ayant plus en tête les dates exactes. Elle aurait cru qu’une telle altercation reste figée à jamais dans sa mémoire, mais à vrai dire le mélange de NH24 et d’antidouleurs avait rendues ces quelques semaines de convalescence profondément floues. Les souvenirs se bousculaient dans une sorte de miasme trouble, et elle n’aurait su dire exactement combien de temps s’était écoulé entre le passage d’Elijah et celui de Noeh, les allers-retours de Mikael et Seth, et les visites d’Isolde. Ils auraient pu se croiser sur le seuil de sa porte comme s’espacer de semaine en semaine, elle n’en saurait pas plus. De toute façon, ce n’était pas ce qui l’intéressait en cet instant ; la brune n’avait pas quitté Noeh du regard depuis ses aveux, et à force de le fixer, elle pouvait dessiner son portrait les yeux fermés. Sa peau pâlie par les heures enfermées dans un hôpital puis dans sa chambre, les cernes qu’aucune sieste sur son canapé n’avait pu chasser, les yeux d’un vert surprenant qui se cachaient derrière ces paupières si souvent mi-closes… Les dernières semaines l’avaient durci, faisant perdre encore un peu de leur aspect enfantin à ses traits pourtant encore trop souples pour devenir tirés, adultes. Le souvenir qu’ils n’avaient même pas vécu un quart de siècle, que tout pouvait encore changer, avait quelque chose de réconfortant, même dans le climat ambiant.

Elle sentit le jeune homme se tendre à son contact, et releva les yeux. Le visage de Noeh était penché vers sa main droite, celle sur laquelle elle venait de refermer ses doigts. Elle ne serrait pas, se contenta de garder sa main posée là, sentant le pouls qui s’emballait, et le reste de la main crispée dans sa poche. Elle n’avait jamais osé le toucher de ce côté, ne sachant pas comment il réagirait ; mais elle n’avait pas trouvée de meilleure façon de lui dire merci, merci de l’avoir vue telle qu’elle était et de ne pas être parti. Qu’elle aussi, elle était prête à l’accepter tel qu’il était, lui, s’il osait seulement se montrer. « Noeh… » murmura-t-elle, posant sa main libre sur la joue du garçon le forçant à relever le regard de sa main autour de son poignet. Dire que son propre cœur ne battait pas aussi frénétiquement que celui de l’étudiant serait un mensonge ; mais elle était allée trop loin pour pouvoir prétendre que ses gestes étaient purement amicaux. Alors elle s’approcha, aussi doucement qu’elle le pouvait, lui laissant tout le temps du monde de reculer, pour finalement venir poser ses lèvres sur les siennes.




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MessageSujet: Re: i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh   i never thought we could be pistols at dawn - ft. noeh Icon_minitimeVen 16 Oct 2015 - 23:59

Noeh manque lâcher un gros soupir. Heureusement, qu'elle a tout arrêté. Si ce n'était pas le cas, il aurait peut-être cherché à lui enlever toutes ces conneries de vaccin des mains. Et s'il n'avait pas réussi à le faire, il aurait trouvé une autre solution. Le jumeau Callahan trouve toujours un moyen pour parvenir à ses fins. Parfois, ses actes sont peu louables, mais il sait qu'il en sera remercié ensuite. Aujourd'hui, sa simple question va en ce sens. Acquiesçant à son tour, l'étudiant fixe le bonnet de Pietra qui masque peu à peu ses traits. Doit-il interpréter ça comme un signe ? Est-ce que même son pauvre bonnet a remarqué quelque chose dans son regard et tente de dérober Pietra à leur conversation pour que rien de plus n'arrive ? Dans tous les cas, si c'est une tentative, elle est ratée. Complètement foutue en l'air par le simple sourire de la jeune femme. Cette mimique à la fois gênée et amusée qui trouble encore un peu plus le cœur à l'agonie de Noeh. C'est pas possible d'être aussi faible. C'est pas croyable de se laisser avoir si facilement par les sentiments. N'est-il pas supposé maîtriser tout ça depuis son accident ? N'est-il pas censé ne rien montrer à qui que ce soit ? Carrément. Pietra a juste cette facilité à tout balayer d'un coup. Encore plus lorsqu'elle agit et que Noeh est paumé à un point qu'il ne réalise plus grand chose. Absorbé par sa proximité, l'ancien pianiste met quelques secondes à comprendre pourquoi sa peau semble s'enflammer au niveau de son poignet droit. Arquant un sourcil, son regard s'arrache à leur contemplation de Pietra pour venir se planter sur ses doigts fins s'étant déposés près de sa peau, tout contre le tissu de son vêtement. A l'endroit exacte où sa main blessée se planque. Là où personne n'est censé approcher, là où il interdit quiconque de regarder trop longtemps. Pourtant, Noeh ne se dérobe pas. Il reste coincé à détailler cette image qui s'imprime dans son esprit. C'est idiot, voire puéril, mais il avait déjà songé à ce qui se passerait si quelqu'un venait un jour à oser un tel geste envers lui. Et, parmi ses suppositions, celle de ne pas bouger n'était jamais apparue. Le recul, la morosité, la colère, la tristesse. L'ancien pianiste s'était amusé à réfléchir à toutes les situations possibles et inimaginables, mais pas celle-ci. Aucunement une incluant Pietra Nelson-Byrd. Malgré toute sa bonne volonté, l'étudiant sent sa main se contracter soudainement. La honte, la nervosité, la peur. Toutes ces émotions viennent se mêler à l'instant, tandis que la voix de la jeune femme tente de le ramener à elle. Le contact de son autre main sur sa joue l'électrise. Un frisson parcourt tout le corps du jumeau Callahan, tandis que ses lèvres s’entrouvrent sous la surprise et que son regard se plonge sans filet dans celui de son amie. Et Noeh ne peut esquisser le moindre mouvement. Il observe Pietra s'approcher, laisse les secondes filer et ne bouge pas. Il veut être certain de ne pas être en train de rêver - pour ne pas dire qu'il possède soudain un degré de réflexion inférieur à la plus basse des normales. Son palpitant accélère la cadence, à mesure que le visage de Pietra vient frôler le sien, jusqu'à ce qu'il lui donne l'impression d'imploser alors que leurs lèvres se joignent. Un tel contact n'a pas été établi entre lui et une autre personne depuis un bon moment. Et il ne pensait pas que ce dernier se ferait un jour avec Pietra... Ou du moins sans vraiment l'assumer. C'est sans doute pour cette raison que Noeh met de longues secondes à réagir. Il savoure chaque rebondissement de l'instant. Il écoute avec attention le souffle de Pietra qui se mêle au sien, se délecte de la douceur de ses lèvres. Un instant, une petite voix manque lui rappeler ce qu'il est en train de faire, qu'il n'est pas censé échanger un baiser (ou même n'importe quoi) avec une personne comme elle... mais Noeh repousse toutes ces idées fugaces au loin en répondant à son tour. Ce n'est plus sa raison qui s'exprime, juste son esprit et son cœur au bord de la rupture. Tout le reste se veut comme emporté au loin par cette sorte de marée d'émotions. Son corps s'avance un peu plus vers celui de Pietra tandis que sa main gauche vient s'échouer au creux de sa chevelure avant de presque s'agripper avec désespoir à sa nuque. Le bout de ses doigts cherche à établir le moindre contact et à se raccrocher pour ne plus jamais oublier, ce qui approfondit l'échange d'un mélange de pardon et de détresse, jusqu'ici inavoués. Ce moment, leur discussion, Pietra. Le jumeau Callahan se perd dans cette étreinte qui pourrait presque lui faire croire que tout ce qui lui est arrivé est du passé. Il pourrait tout oublier et voudrait tout oublier... Sa main se retire lentement de sa place de choix. Noeh se languit déjà de ce contact salvateur, mais il ne laisse rien paraître. Avant de se reculer, sa paume vient frôler la joue rougie de Pietra, juste pour s'autoriser une énième seconde de trop auprès d'elle. Et, enfin, le fils Callahan s'éloigne. Son regard s'égare une dernière fois dans celui de la jeune femme, avant que sa main libre et tremblante à cause de leur moment coupé du monde ne vienne remuer les traits déjà chamboulés de son visage. « Oh, p*tain », qu'il lâche, incapable de laisser quoi que ce soit d'autre sortir. Noeh ne sait pas si cela est dû au fait de ne pas encore être redescendu du petit nuage sur lequel ils viennent de grimper tous les deux, ou s'il réalise pour de bon ce qu'il vient de faire, mais ses pensées sont trop embrouillées pour le moment pour pouvoir obtenir la moindre réponse à cette question. Dans tous les cas, le jumeau Callahan sait que ça n'aurait pas dû arriver. Qu'il n'aurait pas dû répondre, aussi, et surtout qu'il n'aurait pas dû désirer avec autant de force répondre à ce baiser... « Faut- faut que j'y aille... », que Noeh marmonne sans plus accorder d'importance à ce que peut en penser Pietra. Il faut qu'il sorte d'ici, qu'il s'éloigne, qu'il prenne l'air au plus vite, sous peine de se perdre sans vouloir en revenir dans une situation qu'il n'a en aucun cas droit de créer. Il ne doit pas s'attacher à elle. Ou du moins continuer à se raccrocher à Pietra de la sorte. Ils ne peuvent pas faire ça, ce n'est pas possible... Il n'a pas le droit. Il n'aura jamais le droit. L'image de sa tête au bout d'une pique le fait se lever d'un coup, après avoir récupéré sa béquille dans un geste précipité. L'ancien pianiste se martèle de ne pas la regarder, sans quoi sa bonne résolution disparaîtra aussitôt, il le sait. Son souffle est rauque, fatigué, alors que son esprit est encore embrumé par le parfum de Pietra, malgré le fait qu'il soit dorénavant hors du bar (le trajet ayant été fait en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire), car bien inapte à se remettre de ses émotions pour le moment. Et peut-être pour plus longtemps encore.

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