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 Johan ▲ I finally caught you

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MessageSujet: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 20:26


Johan & Alyah Հ I finally caught you
Ses pas étaient légers, une caresse sur le sol. Avec l’agilité qui lui était caractéristique, elle se fondait dans la nuit, ombre parfaite. Voilà plusieurs soirs de suite qu’elle opérait ce petit manège, filature pas du tout innocente. Ce soir, elle avait décidé d’attaquer. Le chat était resté bien trop longtemps dans l’ombre à guetter la souris.
Elle vit sa cible sortir de son lieu de travail, le club de strip-tease, et un sourire carnassier s’étira sur ses lèvres. Voilà des années qu’elle ruminait cette revanche, et elle ne pouvait pas laisser l’occasion passer. Accroupie sur le bord du toit, elle attendit qu’il passe sous ses pieds. Un coup d’œil vers l’entrée du club lui indiqua que les vigiles ne faisaient pas plus attention à lui que ça. Il était bien tard, ou bien tôt, les rayons du jour ne tarderaient pas à percer l’obscurité.
De manière prévisible, il tourna à l’angle, et sortit ainsi de tout champ de vision. C’était le moment. Nonchalamment, elle sauta les deux mètres cinquante qui la séparaient du sol, comme si elle sautait d’un trottoir. Ses jambes puissantes amortirent la chute, et alors qu’il opérait un demi-tour pour faire face à elle, elle bondit pour le plaquer sur le mur. Dans le noir ambiant, il ne devait pas vraiment distinguer son agresseur, mais il ne devait pas avoir de mal à distinguer le canon du Desert Eagle qui montait lentement se coller contre sa tempe. Une façon de dire « Ferme ta gueule et ne fais pas le beau. »  Mais déjà à la vue de l’arme, il devrait avoir un petit indice, puisque le semi-automatique qu’elle avait choisi pour l’occasion était utilisé par les forces armées israéliennes. Lui-même avait vu Alyah et ses coéquipiers s’en servir pas mal de fois quand ils avaient partagé quelques semaines ensemble.  

La surprise passée, elle le lâcha et fit un pas en arrière, l’arme toujours pointée vers son crâne. Elle restait néanmoins sur ses gardes, se souvenant du jeune homme comme assez combattif et assez au point sur pas mal de techniques de combat. « C’est donc comme ça que finissent les enfoirés de première ? A bouger le cul à moitié à poil devant une foule de gens faussement respectables ? » Elle grinça des dents à l’idée. « Je t’ai connu plus noble que ça, Vassili. » Elle insista sur le prénom, le cracha avec mépris. C’était sûrement une de ses inventions d’ailleurs, il ne devait pas s’appeler Vassili, ni même être Russe, tout ça ce n’était que du baratin. Du pipeau pour se faire accepter, pour vivre quelques temps sous la protection certaine d’agents qualifiés. Ce n’était qu’un sourire blanc qui cachait une montagne d’acide, elle n’oubliait pas. Elle n’oubliait pas sa trahison, son départ précipité et sans un mot, la lâcheté qu’il avait eu de les dénoncer…  « Oui c’est bien moi. Surpris ? Tu ne t’attendais pas à ce qu’on retrouve ta peau de traître ? »  Elle ne précisa pas qu’elle était seule, peut-être que l’idée de savoir ses anciens coéquipiers cachés quelque part dans la nuit enlèverait toute envie à Johan de s’enfuir. « Tu ne t’attendais à ce que je sorte de mon trou hein ? Tu nous as bien eus, bâtard, mais t’as oublié qu’il fallait plus d’ardeur pour écraser un cafard. »  L’emploi de cafard était une sombre référence à Ihlan, qui toujours après leur fuite n’avait cessé de les comparer à de la vermine impossible à exterminer.

Elle ne savait pas ce qu’elle attendait pour lui exploser la cervelle. Des explications ? Connaître les raisons qui avaient poussé le jeune homme à les dénoncer ? Il avait bien profité d’eux, et une fois ses affaires finies, il s’était bien foutu de leurs gueules. Voilà trois ans qu’elle ruminait cette vengeance, ce moment où elle se retrouverait enfin face à celui qui l’avait envoyé au milieu des fous. Ses doigts serrés sur la gâchette, la tension en elle était palpable. C’était une boule de haine et de rage et au moindre faux pas, elle n’hésiterait pas à tirer en plein milieu de son crâne. C’est comme ça que méritent de mourir les traîtres.



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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 20:02


I finally caught you
Take my past and take my sins, like an empty sail takes the wind and heal.
Vassili Antoniov. Un faux nom que j'avais utilisé, il y a des années, pour me protéger et qui pourtant me revenait soudainement en mémoire alors que je sortais du Burning Desire, le club de striptease dans lequel je me trémoussais quasiment tous les soirs en échange de quelques billets. Je ne savais pas pourquoi ce souvenir remontait à la surface. Je l'acceptais simplement sans montrer une quelconque faiblesse face à mes collègues. Je les saluais une dernière fois et sortais par la porte de derrière. Je m'enfonçais dans les rues sombres de Radcliff alors le soleil ne tarderait pas à se lever. Je tournais à l'angle de la rue, délaissant le club pour rentrer chez moi quand un bruit non-inconnu m'interpella. J'eus à peine le temps de me retourner que je me retrouvais rapidement plaqué contre un mur avec le canon d'une arme collé contre ma tempe. Un Desert Eagle. Je le reconnus immédiatement ainsi que sa propriétaire. Rivka Shahit. Elle était agent des services secrets israéliens quand j'étais le rat de laboratoire des soviétiques. Elle faisait parti de mon passé. Un passé que j'aurais pensé derrière moi et oublié. La surprise de cette rencontre passée, je dévisageais la demoiselle. Je pouvais lire la colère et la vengeance sur son visage tandis qu'elle pointait toujours son arme sur moi. Méfiant de nature, je restais sur mes gardes. Tout comme elle. Nous avions une formation similaire et connaissions donc les points forts de l'autre. Je ne disais rien et attendais. Je ne pouvais faire que ça avec une arme prête à tirer pour m'éliminer. Le pire dans cette situation était que je ne connaissais pas la raison de ces actes. « C’est donc comme ça que finissent les enfoirés de première ? A bouger le cul à moitié à poil devant une foule de gens faussement respectables ? Je t’ai connu plus noble que ça, Vassili. »

La colère montait. L'énervement aussi. Que me voulait-elle ? Pourquoi agissait-elle ainsi ? Vassili Antoniov. Elle cracha mon pseudo-prénom avec un mépris que je ne lui connaissais pas envers moi. « Oui c’est bien moi. Surpris ? Tu ne t’attendais pas à ce qu’on retrouve ta peau de traître ? » Traître ? Je plissais les yeux, énervé plus que jamais. J'attendais des explications sur l'utilisation de ce mot rempli de signification. Je fixais la jeune femme avec un regard noir, oubliant la nostalgie de nos aventures passées pour me focaliser uniquement sur la Rivka que j'avais en face de moi et qui n'était en rien celle que j'avais connu autrefois. « Tu ne t’attendais à ce que je sorte de mon trou hein ? Tu nous as bien eus, bâtard, mais t’as oublié qu’il fallait plus d’ardeur pour écraser un cafard. » Traître. Bâtard. Je ne comprenais définitivement rien mais la jeune femme était convaincu de ma culpabilité. Je ne pouvais rien dire pour la raisonner. Chaque mot que je pourrais prononcer viendrait alimenter sa haine, son mépris et sa colère. Ma seule échappatoire était donc d'agir.

Ainsi, alors que l'arme était toujours sur moi, je l'attrapais d'une main espérant la faire exploser sous le regard surpris de Rivka. Malheureusement pour moi, rien ne se produisit. « Fais chier ! » Lançais-je en me rappelant que je n'avais plus de pouvoir depuis cette histoire au Redwolf Castle. Je me retrouvais démuni et, avant que l'ancienne agent secret ne comprenne que j'étais sans défense, je lui attrapais le bras avec mes deux mains et venait le frapper contre le mur pour qu'elle lâche son Desert Eagle. A terre, je lui donnais un violent coup de pied pour l'éloigner de sa propriétaire. Et je terminais par lui attraper la gorge. Mes doigts se serraient autour de son cou. « De quoi, parles-tu ? Qu'est-ce qui te prends, putain ?! D'accord, je vous ai laissé tombé sans rien dire mais jamais je n'ai été un traître ! » Je la soulevais légèrement, sentant qu'elle commençait à se débattre. « Je ne suis pas celui que tu crois ! Mais j'ai la forte impression que ma parole n'a pas d'effet sur ton jugement ! Alors ne me pousses pas à bout ou tu pourrais le regretter... »
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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeVen 9 Jan 2015 - 18:33


Johan & Alyah Հ I finally caught you
Ses gants. Il n’avait pas ses gants. Ce n’est que lorsqu’il empoigna son arme qu’elle se rappela de la gravité de ce détail. Elle se maudit de ne pas avoir vérifié, d’avoir oublié cette partie. Comment avait-elle pu oublier ? Sa mémoire n’était  certes pas absolue, mais elle n’avait en général pas de problèmes pour se rappeler de ces détails précis et importants. Pourtant dans l’euphorie de la chasse et de la conquête, le détail qui aurait pu lui coûter la vie l’avait échappé. Mais la surprise fut plus grande quand elle comprit que ça ne faisait plus effet. Johan n’avait plus de pouvoir. Elle esquissa un rictus de victoire et voulut éclater de rire, le genre de rire qui n’en croyait pas sa chance ou alors le genre de rire qui disait à l’autre personne qu’elle était foutue. Le rire montait vraiment, la secouait intérieurement et elle tentait de le juguler mais rien n’y fit. Alors il profita de son inattention pour la désarmer et la coincer contre le mur. Et pourtant elle riait toujours…

Mais finalement elle se mura en silence quand il commença à s’énerver. Oh oh oh, pourquoi il s’énervait ? Il n’en avait aucun droit ! C’est elle qui avait fini deux ans au trou, bourrée de médocs et à discuter avec des aliénés. Lui avait dû continuer sa vie de nomade tranquillement, jubilant de sa victoire en regardant les journaux. Elle commença à se tortiller pour trouver le meilleur angle pour lui lancer son genou dans l’estomac, mais finalement il la souleva légèrement. Elle se sentit quitter le sol. Il n’était pas un traître qu’il disait. Avait-il lui aussi la mémoire courte ? Un rire cynique s’échappa avec peine de sa gorge entravé et elle darda un regard mauvais sur celui qui autrefois, avait été quelqu’un de confiance. Ses mains libres vinrent doucement se poser sur celles de Johan qui enserraient son cou. Sa main droite entreprit une légère caresse qui remonta l’avant-bras de son agresseur. « Je vois que tu peux finalement toucher les gens. Qu’est-ce que ça fait de sentir de la peau ? » Un sourire moqueur se dessina sur son visage et pour pousser le spectacle encore plus loin, elle remonta ses jambes et les entrelaça autour de sa taille, provocatrice. « Je pensais que ça t’aurait rendu plus doux… mais finalement, c’est peut-être la violence ta vraie nature. »  Rikki se laissait aller dans son jeu, comme si elle n’avait pas de contraintes physiques qui la restreignaient en air. C’était son truc, ne jamais paraître inquiète ou en position de faiblesse. On l’avait entraîné à bluffer, baratiner, à faire croire qu’elle dominait dans toutes les situations. Mais elle n’oubliait pas son objectif.

Elle desserra l’emprise de ses jambes et profita de sa souplesse pour les replier sur elle-même et les balancer contre le mur. Elle poussa jusqu’à ce qu’ils soient tous les deux déséquilibrés, et profitant de l’instant où Johan n’était plus balancé pour se dégager de son emprise. Elle aurait pu attaquer dans la foulée, mais elle resta debout, légèrement de profil, en position de garde, et elle le toisait. Ils avaient à causer sérieusement apparemment. « Ne me mens pas, Vassili. J’en ai assez entendu de ta bouche… Il n’y a que toi qui savais pour l’opération. Sérieux, tu te tires, tu disparais comme par magie, et deux jours après je me fais boucler. Tu vas quand même pas dire que c’était une putain de coïncidence ? » Ses mains se refermèrent en poings au souvenir de Marrakech. La rage dans ses yeux quand ils avaient encerclé la demeure du faussaire, le sentiment d’échec quand ils avaient arraché son voile pour révéler son visage. Et l’éclosion d’une envie de vengeance, de tuer tous ces journalistes qui s’amassaient, de réduire en poussière ce traître. Est-ce qu’il pouvait voir sur son visage les cicatrices secrètes de la douleur ? Les fines rides qu’avait creusé l’enfermement, les poches violettes sous ses yeux, témoins de son quotidien déréglé, l’éclat affaibli, parfois résigné dans son regard… Prenait-il la peine d’observer ces détails-là ? Ce qu’il avait causé ?


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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeDim 1 Fév 2015 - 22:43

I finally caught you
Take my past and take my sins, like an empty sail takes the wind and heal.
La revoir à Radcliff était surprenant. Jamais je ne m'étais attendu à me retrouver face à Rivka ici. Peut-être à cause de mon changement d'identité. Peut-être parce que j'avais fais en sorte que personne ne me retrouve. Pas même elle et son groupe que j'avais abandonné du jour au lendemain sans même les prévenir. Je les avais quitté, emportant avec moi mes secrets, mon sac et l'argent qui m'était dû. En silence, sans que personne ne le sache, j'avais fuis le pays, quitté le Maroc et renié mon identité. Vassili Antoniov était désormais mort. « Je vois que tu peux finalement toucher les gens. Qu’est-ce que ça fait de sentir de la peau ? » Je la fixais, en colère et révolté par son attaque surprise, et je resserrais mon emprise autour de son cou. Je décidais de ne rien répondre, mes actes agissant dans ce but. Pourtant, Rivka m'entrelaça la taille avec ses jambes, comme si le manque d'air lui donnait la force qu'elle n'avait pas pour m'arrêter. Je la connaissais plutôt bien et savais pertinemment que ce n'était pas forcément la réalité de la situation. « Je pensais que ça t’aurait rendu plus doux… mais finalement, c’est peut-être la violence ta vraie nature. » Un regard noir s'en suivit envers la jeune femme. Elle bluffait. Comme toujours, elle désirait dominer notre combat mais, pour l'instant, j'étais celui avait tout pouvoir.

Mais Rivka, dans un moment de faiblesse, réussit à me déstabiliser et à s'échapper. Me préparant à une contre-attaque sournoise, je m'étais immédiatement positionné sur la défensive, prêt à recevoir ses coups. Rien n'arriva. Je me redressais alors légèrement pour la fixer à nouveau. Mes yeux reflétaient toujours la colère qui m'animait. Elle me toisait et restais debout, juste devant moi. Je ne savais quoi penser. M'attaquerait-elle ? Resterait-elle à sa place ? Que manigançait-elle ? Devrais-je me sentir en danger ? « Ne me mens pas, Vassili. J’en ai assez entendu de ta bouche… Il n’y a que toi qui savais pour l’opération. Sérieux, tu te tires, tu disparais comme par magie, et deux jours après je me fais boucler. Tu vas quand même pas dire que c’était une putain de coïncidence ? » Fier, je ne bougeais pas d'un cil. Ne sachant pas ce que la demoiselle attendait de moi, je restais muet, la tête haute. Personne ne viendrait ici pour m'abaisser comme elle le faisait. Cependant, je ne pouvais faire durer ses croyances. M'insulter, dire que j'étais un traître, je ne le permettrais jamais. Ainsi, après des minutes de silence à nous regarder dans le blanc des yeux, je prenais enfin la parole. « As-tu au moins une preuve de ce que tu avances ? Quelqu'un t'a-t-il prouver que j'étais la raison de tes malheurs ? Je ne crois pas. »

Toujours sur le qui-vive, je recommençais à bouger, gardant tout de même une certaine distance entre Rivka et moi. Son pouvoir était un atout de ce genre de situation et je préférais de loin m'écarter tant que je n'avais plus de pouvoir pour me défendre. « L'opération... » Répétais-je avec un léger rire moqueur. « En effet, je suis bien parti ce jour-là. Mais jamais je n'ai dénoncé votre groupe ! JAMAIS ! » Je tapais du poing contre le mur, plus que jamais énervé par les mensonges d'une imbécile. « Je n'étais pas le seul à être dans la confidence. Et d'après ton histoire, toi seule fut arrêter. N'y aurait-il donc pas d'autres suspects que moi ? Où sont passés les autres ? Où est passé ton bellâtre aux pensées explosives ? Aurait-il pu te trahir ? Où peut-être est-ce encore l'un des autres ? N'y as-tu jamais songé ou cherchais-tu juste un coupable pour pouvoir te venger sans connaître la vérité ? » J'enfonçais le clou, semant le doute dans les pensées de la demoiselle. Je n'étais l'homme qu'elle prétendait que j'étais et je comptais bien lui démontrer ses tords, même si nous devions à nouveau en venir aux mains.
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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeLun 16 Fév 2015 - 15:26


Johan & Alyah Հ I finally caught you
Des preuves ? Les preuves ça ne fonctionnait que dans un monde où la justice était un véritable principe. La police n’avait pas cherché plus de preuves que ça quand ils l’avaient coffré pour attentat. Le dossier tout entier manquait cruellement de preuves ! Non, les preuves ça n’était plus relevant maintenant. Ils vivaient comme des hors la loi, sous couvert de fausses identités, à fuir des fantômes qui étaient maintenant parties intégrantes d’eux. Ils fuyaient la lumière pour ne pas voir leurs ombres, pointaient les autres du doigt pour ne pas admettre que la menace venait d’eux-mêmes. Ils étaient leur plus grand danger, des cages branlantes et vides prêtes à s’effondrer sur elles-mêmes.
Des preuves… Il avait fui non ? N’avait rien dit, était parti comme un voleur. Peut-être qu’il avait raison, peut-être que Rivka l’avait pointé comme coupable parce qu’elle lui en voulait de les avoir quittés. En l’accusant de tous leurs maux, c’était ainsi plus facile de le détester. Mais quand bien même il ne les avait pas dénoncé, à ses yeux il restait un traître. On n’abandonne pas sa famille.

« Est-ce que quelqu’un a prouvé que j’avais fait sauter cet hôtel ? Je ne crois pas, et pourtant j’ai fini au trou. » Il se mit en mouvement, lentement, et elle suivit, le gardant toujours dans sa trajectoire directe. Il n’avait pas le droit à une porte de sortie, c’était leur moment, ils avaient des comptes à régler, des comptes qui traînaient depuis trois ans déjà. Mais Vassili était toujours un adversaire coriace. Il savait où frapper, avait connu Rikki suffisamment longtemps pour savoir ce qui pouvait la sortir de sa torpeur. Il commença à s’attaquer à Elias, à Ilhan et à Kaleb, sous entendant qu’ils aient pu être à l’origine de son enfermement. Les poings de l’Israélienne se serrèrent davantage, ses ongles menaçaient de transpercer sa peau. Pourquoi cherchait-il à la mettre en colère. En combat rapproché elle avait autant de chances que lui. Il avait la force pour lui, mais elle était à coup sûr plus agile et n’avait pas son pareil pour éviter les coups avec grâce. La colère gronda. Jamais elle ne pourrait envisager que son unité ait pu la trahir. Eux aussi étaient au pied du mur, eux aussi n’avaient pas eu le droit de rentrer chez eux. Ils étaient tous les quatre exilés de leur terre et s’ils devaient rentrer ou partir, c’était à quatre. Et pourtant c’est seule qu’elle avait été internée.

Il avait réussi à éveiller ce germe nocif, celle qui se nourrissait des idées les plus sombres pour étendre ses racines. Le germe admettait les pires théories du complot, les pires scénarios, alimentait la paranoïa dans bien des extrêmes. Le germe lui susurrait qu’aucun d’eux n’avait essayé de la sortir de l’hôpital. Il y avait bien des plans pourtant, Ilhan aurait pu créer l’illusion d’elle toujours dans sa cellule pendant que Kaleb jouait de son savoir scientifique pour distraire docteurs et infirmiers et qu’Elias lui explose un passage dans le mur. Tout était possible avec eux, mais ils n’avaient rien fait.
Elle jugula un cri de rage. Bien sûr que non, ils n’auraient pas risqué de se faire attraper avec le Hezbollah qui devait surveiller de près l’hôpital et le Mossad qui avait dû communiquer leurs portraits. S’ils avaient été enfermés eux aussi, ça aurait été la fin de tous les espoirs. Il essayait de l’atteindre, il essayait de la déstabiliser avec des mots blessants, et sa psychologie tordue se jetait dessus. « Ne parle plus jamais d’eux comme ça ! » Et elle s’élança vers lui, l’attaque était la meilleure des défenses.
Il avait dû s’entraîner pendant ces dernières années, car ses réflexes étaient toujours aussi bons. Un soldat n’oubliait jamais. Il para ses coups, elle évita les siens. Le problème, c’est qu’il savait chacun comment l’autre se battait. Il savait qu’elle jouait beaucoup de ses jambes, sa mutation lui ayant donné plus de puissance dans le bas du corps, alors il savait précisément comment se défendre. Ils avaient plus l’air de danser qu’autre chose, une représentation de capoeira sans pareille. Quand la résignation commença à prendre le dessus sur la rage, elle laissa tomber remit de la distance entre eux. Ses yeux flambaient encore cependant. « Ils n’auraient jamais pu me faire ça pour la simple et bonne raison que nous étions une famille. Nous sommes une famille. »

L’idée qu’il était peut-être bien innocent commença à couler dans ses veines. Après tout, ça n’avait été que de pures spéculations, et elle savait bien qu’au fin fond d’elle-même, elle avait toujours connu le véritable coupable. Accuser Vassili, c’était lui donner une excuse aussi pour son départ... « Pourquoi es-tu parti ? »



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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeDim 1 Mar 2015 - 12:45

I finally caught you
Take my past and take my sins, like an empty sail takes the wind and heal.
Je voulais poser des doutes dans la tête de Rivka. Je voulais qu'elle ne soit plus si certaine des faits. Premièrement, parce que je n'étais l'homme qu'elle recherchait. Et deuxièmement, parce que je désirais assurer ma survie. Je la connaissais. Têtue comme elle était, elle ne me lâcherait pas et se vengerait quoi qu'il arrive. Alors émettre certains doutes qui la tirailleront ne pouvaient jouer qu'à mon avantage. Je l'espérais en tout cas. « Est-ce que quelqu’un a prouvé que j’avais fait sauter cet hôtel ? Je ne crois pas, et pourtant j’ai fini au trou. » Je soupirais. N'y étant pour rien dans cette histoire, je ne savais quoi lui répondre. Je la fixais simplement, attendant le moindre mouvement de la jeune femme pour me défendre. Je continuais cependant de nourrir cette idée noire. Si ces coéquipiers l'avaient trahi ? Si son bel Apollon l'avait tout bonnement abandonné ? Dans son regard, je lisais le doute. Elle y pensait vraiment. Le complot l'entourant prenait des proportions beaucoup plus grande et j'en étais ravi car je n'avais rien à voir avec son arrestation. Elle était tiraillée. Entre l'espérance de croire en la bonne foi de son ancienne équipe et l'infime probabilité qu'ils soient en réalité les traitres qu'elle recherchait tant. Mes mots avaient fais leur boulot. Elle criait, hurlait de rage. Je ne pouvais que me sentir heureux car j'avais réussi à lui faire admettre la possibilité que le coupable n'était peut-être pas moi. « Ne parle plus jamais d’eux comme ça ! »

J'avais touché la corde sensible. Celle qu'il ne fallait pas effleurer, à moins d'avoir envie de se battre avec la demoiselle. Je ne pus m'empêcher de sourire, ni même de lâcher un léger rire narquois face à sa remarque pleine de sens. Elle passa alors à l'attaque et sans mal, je réussis à me défendre, à esquiver ses coups ou à les recevoir en amoindrissant le choc. C'est grâce à elle, entre autre, si j'avais une aussi grande connaissance en les arts martiaux. Rivka m'avait appris des mouvements efficaces en toute situation et maintenant c'était sur elle que je les expérimentais. Nous nous connaissions trop bien pour que l'un de nous prenne le dessus sur l'autre. Elle savait tout autant que moi. C'est pourquoi je ne tentais même pas de me battre. J'attendais simplement qu'elle se rende compte que ce combat était peine perdue. Chose qui arriva comme je l'avais prédis. « Ils n’auraient jamais pu me faire ça pour la simple et bonne raison que nous étions une famille. Nous sommes une famille. » Une famille. Je n'ai jamais eu de famille, seulement des collaborateurs. Elle ne connaissait pas tout mon passé, ni toute mon histoire, même si Rivka avait eu connaissance des grandes lignes. « Pourquoi es-tu parti ? » Et la question tomba. La véritable interrogation, celle qui mettrait un terme ces doutes.

Je commençais par tourner autour d'elle. J'avais les cartes en main. Je pouvais très bien lui mentir, lui dire que j'avais eu vent d'un coup  qui se préparait par derrière et que j'avais fuis au lieu de les prévenir. Je pourrais être ce salop qu'elle voudrait que je sois. Mais pour elle, pour notre passé, j'étais prêt à lui dire la vérité. « Oui, je suis parti. Je pars toujours. Je n'ai confiance en personne. Et il était tant pour moi d'échapper à cette vie, à ce Vassili. Tu dis que nous sommes une famille... Peut-être pour toi. Pour moi, vous n'étiez qu'un boulot, que des coéquipiers sans importance. Je vous ai utilisé et si je dois être accusé d'une seule chose, ça ne peut être que d'opportunisme. » Qu'elle me croit ou non, je n'en avait strictement rien à foutre. Je me sentais dès lors beaucoup plus léger comme si le poids des années venait de m'être retiré. « Vas-y, frappes-moi si tu veux. Mais sache que je ne suis pas responsable de toutes les misères qui te sont tombées dessus, Rivka ! » Je ne cherchais même plus à ma protéger. J'écartais les bras, lui laissant champ libre pour se venger si elle considérait que telle était ma sentence. « Qu'est-ce que t'attends ? Je suis prêt à recevoir ta colère et tes coups. Profites-en... » J'attendais. Une réaction. Un coup. Une parole. Mais rien ne venait encore. Je la fixais alors son regard et lisais en elle, en cet instant, comme dans un livre ouvert. Sans prendre en compte les conséquences, je m'approchais d'elle et réduisais l'espace de sécurité qui nous séparait. « La vengeance te consumera mais tu pourras toujours compter sur moi si tu souhaites vraiment retrouver celui qui t'as fait ça. Je suis peut-être parti sans rien dire mais je ne vous ai pas trahi. Si t'as besoin de moi, je serais là. »
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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeVen 13 Mar 2015 - 2:02


Johan & Alyah Հ I finally caught you
Avez-vous déjà goûté à la haine ? La haine pure et révoltée. La haine qui coule en vous et vous alourdit comme du plomb. La haine, quand elle s’empare de vous, devient un postulat de votre être. Elle est aveuglante. C’est un guide terrible. C’est la compagne des mauvais choix, elle vous entraîne sur les mauvaises pentes et vous maintient au fond du gouffre. Il n’y a pas moyen de gagner contre elle. Quand elle vous submerge, vous êtes son vassal à vie.
A mesure qu’il s’exprimait, ce sentiment terrible piquait chaque parcelle de son être. Il était parti lâchement, les avait utilisé et les avait abandonné. N’avaient-ils vraiment été qu’une étape sur son chemin ? Le Russe, si tant était qu’il était Russe, lui tournait autour, réduisant de plus en plus l’espace les séparant. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il comptait obtenir comme réaction de la part de Rivka. Bien sûr qu’elle avait envie de frapper dans le tas, ses ongles menaçaient de percer la peau et ses phalanges viraient au blanc sous la pression, mais elle ne bougerait pas. Elle ne le toucherait pas. Il ne s’était rendu coupable que de lâcheté, et les lâches ne méritaient pas que l’on s’acharne sur eux, leur pathétique existence le faisait déjà.

Leurs regards se croisèrent, s’accrochèrent désespérément l’un à l’autre. Ils attendaient chacun de l’autre quelque chose qu’ils ne pouvaient obtenir. Ils vivaient comme à chaque fois, au milieu de peines perdues. Que pensait-il connaitre des misères ? J’ai vu l’enfer et j’en suis revenue, Orphée des temps modernes. Elle aussi y était allée pour sauver son bien aimé, pour empêcher Elias de s’emmurer dans une prison ou de courir à une mort certaine.
Il s’approcha finalement d’elle, brisant l’accord tacite sur la distance à respecter. Il savait pourtant, elle ne supportait pas les contacts qu’elle n’initiait pas. On ne la touchait pas tant qu’elle n’en avait pas donné l’autorisation. Pensait-il qu’après trois ans elle avait changé ? C’était même devenu pire. Elle exécrait toujours ces intrusions, le sentiment avait même été exacerbé pendant son séjour à l’hôpital. Là-bas, au cœur de l’enfer, les blouses blanches l’avaient oppressé par le contact, s’étaient approchés d’elle pour des examens, des injections de sédatif et bien des fois aussi pour la calmer. Elle se souvenait des fois où elle avait frôlé la démence, où son corps s’était affranchi de la peur pour décupler sa force, et elle s’était débattue comme un beau diable. Ils avaient dû s’y mettre à plusieurs pour la maîtriser, ce qui n’avait pour effet qu’augmenter sa colère. Sa peau se souvenait de toutes ces mains étrangères qui cherchaient à l’attraper.

Alors pour ne pas perdre le contrôle, elle se glissa légèrement en arrière, réinstaurant une distance raisonnable entre lui et elle. « Je n’ai pas besoin d’aide. Et certainement pas la tienne. » Le dédain dans sa forme la plus expressive. « Je te crois. » Elle se détourna et alla récupérer son arme pour la ranger dans le holster. Les émotions se mêlaient à l’intérieur d’elle avec la force volcan qui gronde. Elle était au bord de quelque chose – un gouffre ? un explosion ? « Mais ce n’est en aucun cas signe d’absolution. » Il allait devoir faire bien plus pour obtenir sa rédemption. Pourtant, et même si elle ne voulait pas l’admettre, il avait raison. La vengeance, la haine, tout cela la consumait. Elle pensait porter le monde sur ses épaules, ou du moins, elle en avait la sensation. Son corps était toujours sous tension, ne demandait qu’une chose, une nuit sans que le monstre de la paranoïa ne la ronge, une nuit où elle pourrait fermer les yeux et dormir tranquillement. Dommage que ce ne fut pas une vie possible pour un fugitif. « Je suis sortie seule, je marche seule, je crèverai seule, tu connais la chanson. » Tu me connais. Les dents serrés, peinant à contenir le flot d’émotions, elle se mit aussi à faire quelques tours lentement. « Comment est-ce que tu as perdu tes pouvoirs ? » Une tentative pour sortir de cette conversation et du souvenir qu’elle imposait.




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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeJeu 9 Avr 2015 - 19:11

I finally caught you
Take my past and take my sins, like an empty sail takes the wind and heal.
Je réduisais la distance qui nous séparait. Peu importe les conséquences, peu importe sa réaction. Je ne l'avais pas trahi et je n'avais rien à me reprocher hormis mon brusque départ du groupe peu de temps avant son arrestation. Je n'y étais pour rien mais la demoiselle semblait persuadé que j'étais un traître. Qualification que je lui ai vite fais ravalé. Je n'étais pas un traître mais un opportuniste. En attendant, j'essayais de la calmer, de lui prouver mon innocence car notre combat ne cesserait jamais. Nous nous connaissions trop bien pour que l'un de nous remporte la victoire et domine l'autre. Je jouais donc l'altruiste et lui proposais mon aide pour assouvir la vengeance qu'elle s'était fixée. Malheureusement, Rivka n'était pas de cet avis. « Je n’ai pas besoin d’aide. Et certainement pas la tienne. » Je laissais faire. Elle ne voulait d'une aide supplémentaire, qu'elle se débrouille seule. Elle connaissait mes talent et savait pertinemment que je pouvais lui obtenir facilement des informations. Elle n'en voulait, je ne chercherai pas à la convaincre. Je la laisserai faire ce qu'elle croit être bon pour elle. « Mais ce n’est en aucun cas signe d’absolution. » Un ricanement m'échappa. Comme si, je ne m'en doutais pas déjà. Je savais très bien qu'elle ne me pardonnerait pas l'affront que j'avais pu lui faire en quittant secrètement notre groupe. Bien que les tensions s'amoindrissaient entre nous, je restais sur mes gardes. Avec la jeune femme, je préférais garder mes réflexes au cas où elle déciderait de m'attaquer. Avec Rivka, je restais toujours sur mes gardes et m’apprêtais toujours à n'importe quel retournement de situation.

« Je suis sortie seule, je marche seule, je crèverai seule, tu connais la chanson. » C'était sa façon de dire : marche ou crève. Je la connaissais plutôt bien. Je réagirais de la même façon. Nous étions semblables, elle et moi, sur beaucoup de points. Mais notre différent venait gâcher ce lien qui nous unissait autrefois.  Je la suivais du regard, la fixant même alors qu'elle commençait à faire quelques tours. « Comment est-ce que tu as perdu tes pouvoirs ? » La question tombait du ciel. Surpris par ce changement brutal de conversation, je l'étais beaucoup moins par les propos de son interrogation. Il est clair que l'absence prématuré de mon don pouvait être intriguant. Surtout pour une mutante comme elle. Déjà que j'étais totalement perdu son mes explosions, je n'osais imaginer ce qu'elle pourrait faire si jamais cette situation lui arrivait. « Je ne sais pas vraiment. » Lui répondis-je sincèrement. « C'est arrivé au lendemain des évènements du Redwolf Castle. Je ne sais pas si c'est en lien direct avec ce qu'il s'est passé là-bas mais je pense qu'on nous a fait quelque chose à tous. » A mon tour, je bougeais, sans pour autant suivre Rivka. Je réfléchissais en même temps. « C'est forcément là-bas. Humains comme mutants ont été visé. Les premiers ont récupéré les pouvoirs des derniers qui n'en avaient plus. Je ne sais pas comment mais il est clair que ce Lancaster ne s'arrêtera pas là ! » Mes poings se serraient rien qu'à la prononciation de son nom. Je le détestais. Tout mutant le haïssait. Il était l'homme à abattre et les Uprising mettaient tous leurs efforts pour le faire tomber. Cependant, je ne les rejoindrais pas. Mes intérêts étaient plus importants que les leurs. « Et toi, tu fais quoi en ville ? Ne m'dis pas que t'es juste venu pour me faire la peau, si ? »
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MessageSujet: Re: Johan ▲ I finally caught you   Johan  ▲  I finally caught you Icon_minitimeMer 6 Mai 2015 - 16:07


Johan & Alyah Հ I finally caught you
Du temps. Il allait lui falloir du temps pour tout assimiler, pour avaler ces trois dernières années, pour se défaire de ce sentiment d’avoir été trahi par le jeune homme. Il n’y  était pour rien, vraiment.  Mais elle avait accumulé tellement de rage, tellement de haine qu’on aurait pu dire qu’elle s’était endoctrinée seule. Et sur qui détourner sa colère maintenant ? Au moins quand elle pensait au mutant, elle trouvait de la force à le détester et à imaginer leur confrontation. Maintenant où pourrait-elle tirer de l’entrain à la vie ? Elle s’affaissait à vue d’œil. Dévastée intérieurement par de grands brasiers, à la fois puissants et lancinants.
A force d’échecs, elle allait finir par errer et par se laisser détruire par ses souvenirs et ses cauchemars. Peut-être que c’était ce que l’avenir lui réservait ? Devenir un zombie, à marcher sans but et vide, c’était peut-être un retour de karma ? Non. Au diable ces conneries, elle n’y avait jamais cru, et ce n’était pas maintenant qu’elle allait s’y mettre. Il n’y avait pas de destin, pas de fatalité, c’était elle et elle seule qui gérait ses actes et devait en mesurer les conséquences.

Pour se calmer, elle écouta attentivement le récit qu’il fit en réponse. Elle avait entendu parler de ces agitations au Redwolf Castle sans pour autant vraiment comprendre ce qu’il s’était réellement produit. Des mutants qui perdaient leur pouvoir et des humains qui se retrouvaient avec ceux-ci ? De quoi attiser la panique générale. Elle s’imaginait ces humains qui se réveillaient avec le pouvoir de tout casser d’un coup. La plus grosse ironie devait être les chasseurs qui s’étaient retrouvés du jour au lendemain aussi étranges que les aliens qu’ils chassaient. Ça aurait presque pu lui arracher un sourire si elle n’était pas préoccupée par l’idée que ça puisse recommencer.  Elle n’avait jamais pensé à l’éventualité de perdre sa mutation, mais si ça arrivait, elle risquait peut-être d’en mourir… Elle n’avait pas juste un gêne en plus, elle avait le corps entier qui avait été modifié. Est-ce qu’elle en crèverait ou est-ce qu’elle finirait à l’état de légume ? C’était comme si on enlevait une coquille à un mollusque. Elle n’était pas experte en conchyliologie mais elle se doutait bien que la bestiole ne ferait pas long feu.

Elle vit sa colère quand il évoqua Lancaster, et elle serra les dents. Qui sait ce qui traversait l’esprit du jeune homme ? Il n’avait jamais été du genre pusillanime, et ne reculait jamais devant les obstacles. Et quand il avait quelqu’un dans le pif, ça pouvait aller loin et faire mal. « Cette ville est vraiment étrange. Y aurait un portail pour l’enfer sous nos pieds que ça ne m’étonnerait même pas en fait. » Elle ramassa son arme au passage et la rangea dans son holster, bien au chaud contre sa hanche. Il lui demanda alors les raisons qui l’avaient conduite à Radcliff. Elle fronça les sourcils puis finalement esquissa un léger sourire. Le premier vrai sourire de cette soirée. « Tu serais flatté si je te disais que j’avais traversé l’Atlantique pour te botter les fesses ? » Il connaissait très sûrement son aversion pour les Etats-Unis, pour tout ce qui représentait ce foutu pays. Même Barack Obama lui tirait des frissons de mécontentement, alors qu’il était pourtant plus ou moins allié d’Israël. Elle ne reconnaissait qu’un avantage à ce pays, c’était qu’elle pouvait boire autant de bière qu’elle voulait et manger autant de pizza bazardée à la sauce piquante et que personne ne lui en tenait rigueur. Toute façon, au milieu des obèses, elle avait presque une alimentation saine.

« Radcliff est un pur hasard de parcours, et toi tu n’étais qu’un bonus à rester en ville. Mais ne t’inquiètes pas, je ne compte pas rester longtemps. Deux volcans dans la même ville, on risquerait de la détruire. » Elle ne l’admettrait jamais, mais pouvoir parler librement, sans avoir à cacher son passé, ses intentions, ses capacités, ça avait quelque chose de bon. « Je cherche juste les autres, et je cherche juste à m’éloigner de toutes les merdes. Et toi, qu’est-ce qui t’a amené ici ? »



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