Sujet: stand by me (skylar) Mar 5 Mai 2015 - 19:11
S T A N D B Y M E ~ "When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light we'll see. No, I won't be afraid, no, I won't be afraid, just as long as you stand, stand by me. If the sky that we look upon should tumble and fall, and the mountains should crumble to the sea. I won't cry, I won't cry, no, I won't shed a tear, just as long as you stand, stand by me." (+) AVENGEDINCHAINS
Elle lui échappait. Glissant entre ses doigts sans qu'il ne parvienne à la retenir. Il le voyait dans son regard triste, dans sa manière de se détourner de lui. Cette époque était pourtant révolue, celle où son rôle de grand méchant loup s'imposait en menace sur la mutante maintenue captive. Il n'était plus son geôlier. Peut être aurait-il dû. Conserver son coeur de glace, au lieu de le laisser fondre sous ses sourires et ses iris malicieux. Peut être aurait-il dû garder cet ascendant qu'il s'était évertué à construire au cours des premières semaines, se dessinant des tempêtes dans le bleu des prunelles et des ouragans dans les mots. Rendant méconnaissable l'Ezekiel pusillanime des temps communs. Elle serait peut être restée. Il ne se retrouverait pas seul. Son coeur était trop grand. Trop fragile. Digne d'un sigisbée prêt à s'écraser pour le bonheur d'une inconnue devenue si familière, s'imposant lentement autour du noyau même de son existence, aux alentours duquel gravitaient déjà sa soeur et les liens complexes l'attachant à Faith. Son regard balaya le salon, ce salon qui lui semblait vide sans le rire de Skylar ricochant le long des tapisseries. Il entendait à peine ses pas à l'étage, comme si déjà elle essayait de se faire oublier de son souvenir. Le plus vieux de ses quatre chiens, Wicket - en hommage à sa ressemblance frappante avec un Ewok tout droit sorti de Star Wars, qui aurait sûrement fait fureur dans un concours canin - hurlait à la mort depuis près d'une heure. A croire qu'il ressentait à peu de chose près la même appréhension que son maître, qu'il ne cessait de bouder et grogner depuis trois jours. « J'peux savoir ce que tu lui as dit pour qu'il me fasse la gueule comme ça ? » Sa voix s'éleva jusqu'au premier, la laissant gagner en intensité pour capter l'attention de son invitée devenue colocataire. Il ne plaisantait qu'à moitié. C'était à se demander si Skylar ne lui avait pas raconté quelques vilains ragots sur le propriétaire des lieux, en langage animal. Le sourire mourut sur ses lèvres en notant l'air sérieux de la blondinette qui lui apparut au sommet de l'escalier. Il ne supporterait pas un nouvel abandon. Cela ferait un an le surlendemain, jour pour jour, que Constance avait trépassé, un an. L'anniversaire tant redouté, les sourires de sa femme sur chaque photographie lui renvoyant en pleine gueule le fait qu'il n'entendrait plus jamais son rire, qu'il n'avait plus laissé ce tintement cristallin ravir ses oreilles depuis douze mois pleins. Et puis, il y avait sa soeur. Les semaines l'avaient éloigné de Merry, qui se trouvait désormais plus loin de lui encore que lorsqu'elle se trouvait sur un autre continent. Il aurait tout donné pour l'avoir à ses côtés en ces moments difficiles, à se refaire toute leur filmographie culte en lançant à la cantonade les répliques qu'ils connaissaient par coeur depuis leur adolescence. Et Faith... Faith l'avait fait promettre. Et le seul souvenir des derniers mots échangés le plongeait au coeur des enfers. Il gardait en mémoire sa silhouette disparaissant au coeur de la foule, et le goût de ses lèvres sur les siennes, cette saveur éphémère qui déjà s'estompait. Alors non, Skylar ne pouvait pas partir. Surtout pas maintenant. Et pourtant. Seul un thaumaturge eut été encore capable de recoller un à un les morceaux de la vie du médecin.
Et il n'avait pas envie de lui demander clairement quel était son problème. Trop angoissé par sa réponse potentielle, sans doute. Celle qui lui annoncerait qu'elle ne supportait plus cette maison comme unique lieu de déambulation. Qu'elle en avait assez de vivre comme sa prisonnière. Indirectement, certes, mais n'était-ce finalement pas tout comme ? Cela faisait quoi, trois mois, bientôt quatre ? Quatre mois, qu'il lui refusait toute sortie. Il avait sauvé sa vie en mettant la sienne en danger de mort, ne doutant pas une seule seconde de l'effet qu'aurait sa traîtrise sur les nerfs de ses plus féroces détracteurs. Ceux-là même qui n'hésiteraient guère à employer ce prétexte pour se débarrasser de lui, sans cérémonie. Ils n'attendaient que ça. Il le lisait sur leur visage à chaque nouvelle chasse. Alors, il fermait les yeux sur cette vie qu'il lui offrait, sur le fait qu'elle était condamnée à ne côtoyer que lui, dans cette demeure qui n'était pas véritablement la sienne, et au sein de laquelle elle ne pouvait vagabonder librement que depuis deux mois tout au plus. Eh, c'était une vie, après tout. Loin du destin funeste que la belle avait manqué d'embrasser par cette nuit estivale. Les iris azurés de Zeke plantés sur elle, debout sur ses deux pieds, robuste comme pas deux, qu'il avait vu se débattre entre les griffes d'une mort certaine avec une hargne peu commune. La louve devenue femme. Sa Skylar. Sa poitrine se resserra tandis qu'il lui faisait signe de la main de descendre le rejoindre. « Tu.. » Tu, tu ? Tu vas bien ? Les mots se bloquèrent dans sa gorge tandis que sa lâcheté reprenait le pas sur son inquiétude. « Tu veux manger un truc en particulier, ce soir ? » Il ne la regardait plus. Posant sa main entre les oreilles de Wicket qu'il gratouilla machinalement tandis que l'animal se détournait déjà, rancunier, le médecin lâcha un soupir, condamné à reporter ses yeux sur la mutante. Son ton s'était révélé détaché, lui qui s'évertuait à ne pas sembler trop concerné par son cas depuis qu'il l'accueillait chez lui. Les derniers soupçons de mystère encadrant sa personne, laissant penser que peut être, il était toujours cet homme froid des premiers jours. Comme si son regard ne disait pas l'exact contraire. Alors, l'homme l'observa, laissant son regard refouler chaque questionnement. Chaque émotion. Espérant naïvement que la conversation se poursuivrait de manière banale. Ben voyons, Zeke.
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Sujet: Re: stand by me (skylar) Mar 5 Mai 2015 - 21:35
All around the wind blows, We would only hold on to let go..
Ezekiel&Skylar
Un souffle, un soupir, un murmure de mon esprit qui s'échappa de mes lèvres, alors que je contemplais le monde à partir de ma fenêtre. Les jours ne cessaient de s'écouler, et j'étais là. J'étais toujours là, spectatrice d'un monde qui fonctionnait parfaitement bien sans moi. Tandis que j'effleurais la fenêtre du bout des doigts, je me perdais dans mes pensées, qui ne cessaient de m'assaillir, me noyant toujours un peu plus dans cette solitude ancestrale. Pourquoi étais-je encore en vie..Parfois, je me le demandais. La mort semblait être si douce, si apaisante, je ne saurai l'oublier. Peut-être était-ce ma destinée, depuis ce jour, ou l'on m'a abandonné pour la première fois, me délivrant aux mains de mère nature, lors de cette journée glaciale. Peut être n'y avait-il rien à sauver en moi, et que ce fermier aurait du tracer son chemin, tout comme Ezekiel aurait du le faire. Mais j'étais là, encore une fois, bien vivante, mais souffrante d'un mal qui ne cessait de me ronger. Bien que je l'avais ignoré toutes ces années, cette notion d'abandon revint me frapper d'une violence inattendue, et commençait à me faire perdre pied dans un monde ou je n'avais aucun repère. A quoi bon vivre, si ma vie était sous le signe de l'abandon ?
Ezekiel. Je pouvais percevoir sa présence avant même qu'il ne soit devant la porte d'entrée. Penser à lui devenait bien douloureux ces temps-ci, ce que je n'étais pas prête à avouer, ne le comprenant pas moi même. Mais mieux que quiconque, je pouvais percevoir qu'une personne hantait son esprit et son cœur. Et je ne sais pourquoi, j'avais le sentiment que mes propres griffes semblaient étreindre mon cœur. Un mal qui me donnait envie de verser des larmes. Un mal qui me plongeait davantage dans la solitude. Un mal qui faisait revenir à la surface un passé que je préférais oublier. Mais ce n'était pas de sa faute, je le savais bien. Il fut si bon et généreux avec moi, veillant sur moi, et s'occupant de moi comme on ne l'avait pas fait depuis longtemps. Une once de pureté se dégageait de son âme, me rappelant celle de mon père adoptif. Celui-ci même qui perdit la vie bien trop tôt, et qui m'abandonna dans un monde ou je n'avais pas de place. Moi, l'animal indomptable, le monstre qui pouvait cesser d'être humaine si elle le désirait, le monstre qui pouvait broyer vos os et se délectait de votre chair si l'envie lui en prenait. Ma seule place était à l'extérieur, dans la nature, condamnée à vivre une vie animale, bien plus enviable à cette vie que j'avais sous forme humaine. Cette forme humaine était une malédiction, une forme ne délivrant que de la souffrance et de la peine, une forme qui pouvait faire sombrer le monde dans le chaos.
La voix d'Ezekiel m'extirpa de mes pensées, me ramenant violemment au monde réel. Wicket savait ce que je ressentais, et sa tristesse à ce sujet était donc bien perceptible. « J'peux savoir ce que tu lui as dit pour qu'il me fasse la gueule comme ça ? » S'il savait..On ne pouvait dicter à ce point le comportement d'un animal. Wicket agissait ainsi en son âme et conscience, percevant ce que je ressentais, et l'exprimant, afin de compenser mon silence. Même lui savait sans doute mieux se faire comprendre que moi.
Ainsi, je me détachais de cette fenêtre, et je fis les quelques pas qui me séparaient du haut de l'escalier, pour ne descendre que quelques marches, avant de m'abaisser à l'image d'un enfant, pour voir Ezekiel, plongeant mon regard dans le sien, comme pour mieux percer les mystères de son âme. Silencieuse, je me contentais de l'observer, prenant ainsi le temps d'enfouir toutes mes pensées, espérant ainsi les oublier. En vain.
Je ne pris la décision de descendre que suite à son geste de la main, m'invitant à le rejoindre. D'une démarche nonchalante, je descendis les dernières marches, avant que Wicket s'approche de moi, désirant sans doute m'apporter du réconfort. « Tu veux manger un truc en particulier, ce soir ? » Mon regard se détourna d'Ezekiel, à l'instant même où il posa à nouveau son regard sur moi. Plongeant ma main dans le pelage de Wicket, et l'observant avec affection. Il ressemblait plus à son maître que ce que l'on pouvait imaginer. « Je n'ai pas très faim. » Je ne voulais pas le blesser, mais ma voix était plus sèche que d'habitude, révélant un malaise évident. Peut-être souffrirait-il au début, mais c'était pour son bien. Ezekiel n'avait pas besoin de moi ici. Une femme devrait être ici, et je savais bien que cette femme, ce n'était pas moi.