+ big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi)
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Sujet: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Lun 4 Mai 2015 - 14:32
≈ the poisonous blood
lockhart & malachi
Je crois que je vais craquer.
Pourtant, je me force. Depuis ce matin, j’essaie de garder les pieds sur terre, de ne pas céder à la moindre petite remarque. Les taquineries sont devenues blessantes, sans que je ne voie la limite entre la moquerie affective ou la raillerie malveillante. Je ne fais plus la distinction entre le bien et le mal que s’ils s’affichent clairement noir et blanc. Je ne peux plus marcher dans une zone de gris, je la vois noire, d’un noir de jais, cette obscurité cinglante et étouffante, qui donne l’impression de se perdre, encore, et encore. Les méandres d’un labyrinthe, le labyrinthe du diable. Et j’ai peur, je me débats, j’étouffe. Je voudrais être normal, ne pas avoir à craindre de passer dans une mauvaise phase au moindre petit glissement de terrain. Je voudrais être fort, comme ces gens qui m’entourent, ceux qui gardent la tête sur les épaules et que rien ne semble pouvoir ébranler. Mais c’est impossible. J’ai arrêté d’espérer, même si je continue d’essayer.
J’ai les mains qui tremblent. Je réarrange les boîtes d’un médicament, ramasse celles que je viens de faire tomber. J’ai l’impression que je ne verrai jamais le bout de mon stock. Toute ma journée a été un enfer. Et la fatigue ne m’aide pas. Chaque fois que je ferme les yeux, depuis quelques jours, je rêve d’Abi’. Je cauchemarde d’elle, plus précisément. Elle revient à la vie, et elle me dit qu’elle me déteste. Qu’après tout ce qu’elle a fait pour moi, je n’ai rien fait pour elle. Je ne l’ai même pas protégé contre mon père. Elle est morte et je n’ai rien fait pour l’en empêcher. Et après les reproches, elle attrape un tesson de bouteille. Celui-là même avec lequel Ripper a tué mon géniteur. Et elle me poursuit. Elle me traque. Elle me dit que je ne suis qu’une abomination de la nature, mutant. Elle me rattrape. Me frappe. Me massacre. Et je ne me réveille pas. Je sens le verre déchirer ma peau, le sang chaud couler le long de ma chair. Je sens le tesson de bouteille me lacérer, mais mon esprit refuse de se réveiller. Et je me sens souffrir. Et je me vois mourir. Et finalement, je sursaute. En sueur, en larmes. Et je refuse de me rendormir. Alors mon corps accumule les nuits blanches. Et la fatigue me tétanise. Elle me met sur les nerfs, me projette sur le fil du rasoir. Et au bord du vide, je tremble. Un rien peu me faire basculer. Je le sais. J’en ai peur. Plutôt que de laisser les autres prendre le contrôle, il a fallu que je repousse mes limites. Au point que, si ce soir quelqu’un doit venir, ce sera Ripper. Et je ne veux pas. Et j’ai peur. Peur de perdre le contrôle. Peur de m’effondrer, comme je le fais si facilement, d’habitude.
J’ai fini ce carton. Ça va aller. Je vais finir dans les temps. Ma patronne est déjà partie. J’ai décidé de laisser la pharmacie ouverte, le temps de finir. Si quelqu’un arrive, il appuiera sur la petite sonnette, sur le comptoir. Mais ces derniers temps, les gens se pressent et s’accumulent. Ils ont besoin de médicaments. D’anti-nauséeux, ou de quelque chose de puissant contre le mal de tête. Ou bien de NH24, ce précieux vaccin contre les mutations. Temporaire, qu’ils renouvellent sans cesse. Je n’ai jamais vu autant de besoins tardifs, que depuis quelques temps. Alors, je laisse ouvert.
L’heure se traîne, mais je n’ai pas fini. Je me concentre sur mon rangement. Je ne me suis pas regardé dans un miroir depuis quelques jours. J’ai évité, à tout le moins. Je crois que j’ai une tête de déterré. Du genre des cernes noirs et creusés, des paupières lourdes. Les cheveux un peu collés par la sueur de la panique latente qui m’envahit finalement, et par le stress de ce qui va bien pouvoir se produire si tout bascule maintenant. Je n’ai même pas rentré ma chemise dans mon pantalon. Mes chaussettes sont dépareillées et je crois que j’ai l’air de sortir du lit. La vérité, c’est que je voudrais juste aller m’y réfugier. Laisser le cauchemar passer. Et me réveiller quand tout ira mieux. Si seulement.
La sonnette me fait sursauter. J’en laisse tomber ma boîte de médicament au sol. Fébrilement, je la reprends, je la range parmi ses semblables, et je file en avant de la boutique. J’essuie machinalement mes mains sur ma blouse blanche. Je remarque alors qu’elle tremble. J’essaie de ne rien laisser paraître, d’agir le plus normalement possible. Je sens que ça va être compliqué. Que je risque d’avoir du mal à y arriver. Parce qu’avec le coup de sonnette, mon cœur est monté vite. Trop vite. Je n’ai jamais été aussi proche de la rupture.
« Salut, en quoi j’peux t’aider ? »
Ce n’est pas impoli. C’est stressé. Je ne me rends même pas compte de ce que je viens de dire. J’ai la tête ailleurs. Complètement ailleurs.
Je vais basculer, et je le sais. J’aimerais juste le servir le plus vite possible. Qu’il ne soit plus là, quand ça arrivera.
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Mar 5 Mai 2015 - 17:36
Lockhart & Malachi
I can help you mate, but you need to let me in ...
La douleur sur un membre fantôme s’expliquerait, selon les médecins, une stimulation du cortex spontanée et déraisonnée qui entrainerait un sensation de crampe intense ou de brûlure chez l’amputé, à l’endroit même où son membre absent serait sensé se trouver, s’il était toujours là. Ça, c’est ce qu’avait dit le chirurgien à Malachi quand celui-ci lui avait demandé, sept ans plus tôt, si c’était normal qu’il sente encore sa jambe, dans le prolongement de son genou, malgré le vide flagrant de mollet et de pied sur son lit d’hôpital. Le docteur avait précisé que près des deux tiers des amputés sentaient ce faux membre, des années après la section, et que si la douleur ne disparaissait pas dans les 6 mois, alors elle deviendrait chronique, d’une intensité variable. Il s’était voulu rassurant, mais pour Mal, cela ne signifiait qu’une chose : il souffrirait de sa jambe toute sa vie, qu’il le veuille ou non. Il avait refusé de devenir un rat de laboratoire, quittant l’hopital au plus vite : le souci avec les médecins, les chercheurs, c’était que lorsqu’ils tombaient sur un cas intéressant, ils ne le lâchaient plus. Ils le tournaient, retournaient, le pressaient jusqu’à la dernière goute avant de le jeter dans les oubliettes de la science. Là, le risque était double : un patient éclopé ET mutant, c’était le jackpot assuré. Alors il avait remercié le médecin, et s’était enfermé dans un mutisme douloureux jusqu’à sa sortie de l’hopital.
Les années passant, Malachi avait appris à vivre avec ses douleurs chroniques, la plupart du temps désagréables, et parfois franchement douloureuses. Après un certain nombre d’heures passées sur internet et tous les sites spécialisés, notamment en blessure de guerre, Malachi avait appris que la douleur qu’il ressentait était le dernier souvenir sensoriel que son corps avait de sa jambe, et que c’était pour cela que, les nuits les plus froides et humides, il avait l’impression que sa jambe était déchiquetée, et que la douleur irradiait presque jusque son genou. Heureusement ce soir là, il n’était pas dans un état critique : tout au plus, sa jambe le lançait, comme une vilaine crampe dans le mollet qu’il n’avait pas, simplement remplacé par une prothèse discrète. Cependant, avec le passage des mutants chez lui, sa pharmacie se vidait à une vitesse affolante, et il n’avait plus d’anti inflammatoire depuis plusieurs jours. Il savait que sans un peu d’aide médicamenteuse, il ne pourrait pas dormir, et il ne pouvait pas se permettre le luxe de perdre des heures de sommeil. Aussi ce soir-là, il avait fait vrombir sa moto jusqu’à la pharmacie de garde, dans l’espoir de pouvoir récupérer quelques précieuses boites de sommeil en comprimé.
Malachi fit tinter la petite clochette de l’entrée, avançant d’un pas tranquille jusqu’au comptoir. A cette heure tardive, il n’y avait personne, en tout cas aucun client. Le préparateur de commande devait être dans l’arrière boutique à faire ses comptes, aussi il attendit patiemment, les bras croisés, en balayant les étagères du regard : il se demanda combien ils étaient, là-bas derrière, et si ce n’était pas trop dangereux de rester ouvert si tard, la nuit. Radcliff avait beau être une petite ville, avec la population mutante et les chasseurs autour, les gardes nocturnes pouvaient vite tourner au grand n’importe quoi … Mal’ releva la tête alors que le pharmacien arrivait d’un pas pressé : Malachi reconnu Lockhart qu’il le connaissait bien . C’était un habitué après tout, il venait au moins une fois par semaine refaire son stock, merci les ordonnances à gogo du docteur Blackwell. Malachi haussa un sourcil en entendant Lockhart le tutoyer pour lui demander ce dont il avait besoin : le pharmacien s’était toujours montré amical, mais professionnel, et c’était bien la première fois qu’il l’entendait tutoyer un client. Il fronça ensuite les sourcils en baissant les yeux sur la poitrine de l’homme : à la place de son cœur, il voyait distinctement l’aura de l’homme de science qui s’agitait de manière totalement incontrôlable, tant et si bien qu’il avait l’impression de voir le cœur de Lockhart sortir de sa poitrine. Il recula d’un pas, comme s’il craignait que Lockhart lui explose à la figure, avant de relever les yeux dans les siens :
- Euh, bonsoir … Je venais pour un peu de kétamine et de la calcitonine transformée pour les douleurs… J’ai une ordonnance, comme toujours. Elle est dépassée de vingt quatre heures, mais j’espère que ça ne posera pas de problème.
Il posa l’ordonnance sur le comptoir de Lockart avant de reculer à nouveau, ne quittant pas le pharmacien des yeux. Ce dernier n’était pas dans son état normal, c’était sur. Personne dans son état normal ne pouvait être dans un tel état émotionnel. Il attendit que ce dernier parte chercher les médicaments pour envoyer un message rapide à Eleanor, avec une question simple : Lockhart O’Meara est-il un mutant ? La hackeuse ne mit qu’une dizaine de secondes pour lui répondre, d’un texto lapidaire : « oui ». Malachi soupira, guettant le retour de Lockhart. Si ce dernier était un mutant, il se devait de l’aider. Peut être même était il en danger, peut être y avait il quelqu’un d’autre dans la boutique…
Alors Malachi verrouilla la porte d’entrée de la pharmacie, baissant les stores manuellement, de plus en plus inquiet de ne pas voir le pharmacien revenir. Il n’avait pourtant pas fait une commande de trois kilomètres… il s’installa sur le comptoir, penché pour tenter de voir ce qu’il se passait derrière, reculant qu’au moment de revoir le pharmacien arriver. Il était d’une pâleur cadavérique :
- Vous avez mauvaise mine Docteur O’Meary, si je peux me permettre …
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Jeu 7 Mai 2015 - 1:36
≈ between heaven and hell
lockhart & malachi
Il a mal choisi sa soirée. Ça, c’est une évidence, simple, et brute. Mais comment lui dire ? Comment lui expliquer ? Je veux qu’il s’en aille le plus vite possible, parce que j’ai peur d’exploser. D’exploser, et de laisser Ripper me submerger. Je sais que les autres ne pourront rien y faire, et ça me tétanise. J’essaie de me concentrer sur ce que je fais, mais j’en suis incapable. Le tutoiement m’échappe, et mes pensées s’égarent. J’ai l’impression, l’espace d’une seconde, que je vais me mettre à pleurer. Pleurer d’impuissance, de rage, contre mon esprit et sa maladie. Mais je sais qu’avant même que les larmes ne coulent, j’aurais changé. Changé de personnalité, de tonalité. Parce que si je pleure, c’est que les barrières cèdent. C’est que je suis passé au stade de la crise émotionnelle. Et je me connais suffisamment pour savoir que si je tombe à ce stade, il ne se manifestera pas par des larmes.
Il me regarde de travers. Il a dû remarquer que quelque chose n’allait pas. Et ça ne fait que me stresser davantage. Je déglutis, je m’efforce de lui sourire. Je hoche la tête, et j’attrape l’ordonnance qu’il a posée sur mon comptoir. Je la parcours rapidement des yeux. Je n’ai qu’une hâte : m’éclipser dans l’arrière-boutique, et m’efforcer de retrouver mon calme. Sans quoi, je me vois mal terminer la soirée en laissant tout en un seul morceau derrière moi. Y compris Malachi Porter.
« J’vais aller te… J’vais aller vous chercher ça. »
J’essaie de rester professionnel. J’essaie de lui sourire, de faire comme si tout allait bien. Je prends l’ordonnance, je lui jette un rapide regard, et je m’éclipse dans l’arrière-boutique. Il a vu que quelque chose n’allait pas. Un imbécile l’aurait vu, certes. Mais son regard teinté de pitié m’a fait peur. Il ne faut pas qu’il essaie de calmer. Ça risque de ne faire que me stresser davantage. Et je ne veux pas. Je refuse. J’peux pas.
Au lieu d’aller chercher ses médicaments, je file me tasser au plus profond de la réserve. Je sais exactement où est quelle boîte. Je sais que ce n’est pas poli de faire ça, de faire attendre un client. D’autant plus que je sais — que je devine — que Malachi souffre de douleurs fantômes, et qu’il a sûrement envie de pouvoir les faire s’estomper au plus vite. Mais je vais m’asseoir, là où personne ne peut me voir. Dans cet endroit ordinairement si rassurant. Je vais m’y terrer, je ramène mes genoux vers ma poitrine comme un enfant, et je les entoure de mes bras. Je ferme les yeux, je cale mon front contre mes rotules, et je me force à respirer, le plus longuement possible. À me mettre dans une bulle, à m’isoler. Respirer.
Comme lorsque je suis assis à ma fenêtre. Même si ici, il n’y en a pas. Ici, il n’y a rien. Je suis enfermé dans une boîte, et je rêve au ciel étoilé que l’on pourrait apercevoir à l’extérieur. Je rêve à cette brise fraîche et à ce parfum doux d’hiver. Ces odeurs anesthésiées par le froid, l’hiver qui presse ses moutons noirs et lourds de pluie ou de neige dans le ciel, voilant étoiles et constellations. Si une étoile filante passe, ce n’est pas maintenant que je la verrai. Pas à cette période de l’année. Ce sont de toute manière des phénomènes trop rares. Toute mon adolescence, assis à côté d’Abigail, je les ai attendus, rêvés. Je n’en ai jamais vu la moindre. Parce que je suis comme ça. Je n’ai pas de chance.
Je n’ai pas de chance, et je n’ai pas la moindre force de caractère. Je n’en ai jamais eu. Ripper l’a pour moi. Joan l’a pour moi. Ceartas s’en fout, et se contente de me faire sentir moins coupable, moins ridicule. Oliver n’a pas conscience d’être un enfant, vulnérable. Mais moi, je le sais. Moi, je sais que je ne suis ni fort, ni courageux. Que je ne me dresserai probablement jamais devant les méchants. Pusillanime. Un jour où je me suis reconnu dans cet étrange mot, j’ai failli me mettre à pleurer. J’étais à bout. Je l’avais lu dans un article, j’avais cherché sa définition. Et j’ai eu l’impression que si Lockhart avait été indiqué en synonyme, les explications auraient été complètes. J’ai craqué, mais Joan a pris le dessus. Et le lendemain, pusillanime était rayé du dictionnaire avec force.
Lentement, je relève la tête, et je renifle. Je n’ai pas craqué. Je sens mon cœur s’apaiser quelque peu, à repenser à ce petit mot rayé. Il faut que je fasse plaisir à Joan. Elle a fait ça pour que j’arrête de me rabaisser. Et mon psy me l’aurait dit : « Cessez de vous rabaisser, Lockhart. Votre estime de vous-même est l’une des clés de votre guérison. » Une guérison que je n’attends plus, mais qu’au fond, j’espère toujours. Et c’est toujours ça de pris, d’espérer.
Je renifle à nouveau, doucement. Je scrute le coin de la réserve autour de moi. J’avise mon sac, posé un peu plus loin. Le petit coin de sac en papier qui s’en échappe. J’avais pris un goûter pour tenter de me changer les idées, à ma pause déjeuner. Mais sous le stress et le mal-être, j’en avais oublié le petit pain au chocolat censé me remonter le moral. Tout allait de travers. Et aussi stupide que cela puisse paraître, ce détail n’était qu’une petite chose supplémentaire qui m’ôtait toute envie de me battre, et me confortait dans cette sale idée que je me faisais de moi-même.
Malachi. Il doit toujours attendre. Machinalement, je me lève. J’attrape les médicaments prescrits par son ordonnance. Je reviens à l’avant de la boutique, et je pose le tout sur le comptoir, le nez bas. Je ne pense même pas à m’excuser. Malgré le break que j’ai tenté de prendre, ça ne va pas vraiment mieux. Je suis moins sur les nerfs, mais je broie du noir comme jamais. Et je ne remarque pas immédiatement que la porte est verrouillée, et les stores baissés. Je me contente de scanner les articles. Et ce n’est que le son de sa voix qui parvient enfin à me faire relever le nez. Je le dévisage quelques instants. Et tout en réfléchissant, tout en répondant, je me rends compte que quelque chose a changé.
« Ce… C’est pas docteur, j’suis pas docteur, j’suis juste pharmacien… Enfin là je suis même pas pharmacien, même si j’ai un diplôme en pharmacie, mais là je suis préparateur, c’est tout… Pourquoi les stores sont fermés ? »
Je ne me suis pas rendu compte que je m’emmêlais. Tout ce que j’ai fait, c’était remarquer que les stores étaient fermés. Argumenter sur mon non-statut de docteur, par pur réflexe, et me focaliser sur les stores. Les putains de stores. Pourquoi ils sont fermés ?
Je fixe Malachi. Je recule d’un pas, sans même m’en rendre compte.
« Pourquoi les stores sont fermés ? »
Je me répète. Mais même celui de la porte est baissé. Ça veut dire qu’il a dû la fermer à clé. Je ne comprends rien. Je ne sais pas ce qu’il fait, et je panique. Est-ce qu’il a prévu de me braquer ? Est-ce qu’il veut me faire du mal ? Me menacer, peut-être ?
« Qu’est-ce qui s’passe ? Pourquoi la porte est fermée aussi ? »
J’m’en fous de pas avoir bonne mine. Ça le regarde pas. Je voulais me calmer pour rester gentil et serein avec lui. Mais lui, il s’est enfoncé. Lui, il vient de me faire paniquer comme un loup soudainement mis en cage. Je n’ai jamais été aussi près de déraper. Si personne ne fait rien, je serai bientôt projeté sur la pente glissante. La dégringolade suprême. Et si cela arrive, j’espère qu’il est au courant et qu’il a une solution toute trouvée.
Il n’a jamais été prudent de s’enfermer à double tour avec le Diable.
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Ven 8 Mai 2015 - 13:13
Lockhart & Malachi
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De toute évidence, le pharmacien n’était pas serein. La situation était assez désagréable pour Mal : il émanait de l’aura de Lockhart quelque chose de mauvais, de désagréable et de rampant, comme un truc à retardement qui n’allait pas tarder à exploser. Il n’était pas capable de nommer ce qu’il y avait dans l’aura émotionnel du jeune homme, mais c’était sombre, et en même temps ça lui donnait une impression … Marécageuse. C’était bizarre de le dire comme ça, mais il avait l’impression que Lockhart pataugeait dans un truc mou, froid, comme s’il s’enfonçait dans un bayou émotionnel. D’ailleurs, l’homme était en sueur, angoissé, inquiet, tant et si bien que le professeur était bien content de ne pas être doué d’empathie : c’était la crise d’angoisse assuré, déjà que la simple vue du garçon avait de quoi mettre mal à l’aise… Lockhart avait commencé à lui expliquer qu’il n’était pas médecin, mais déjà ses orbites agitées passaient de Malachi à d’autres endroits dans la pièce. La porte, les fenêtres, tout ce qu’avait pu faire Malachi pendant qu’il était au fond de l’officine. Au moins, il ne planait pas, il était bien conscient de ce qui était en train de se passer. Malachi vit l’aura de Lockhart virer à nouveau, le reste de ses émotions laissant place à l’anxiété, à la peur. La peur, c’est bien, c’est une émotion saine, facile à apaiser, avec son don, ou non, c’était bien plus claire que l’espèce de chili con carne ou autre plat mexicain à la sauce piquante émotionnel qu’il lui servait depuis 5 minute. Beaucoup d’interrogations, beaucoup de Pourquoi, alors que c’était au tour du pharmacien de reculer, l’air apeuré. Malachi allait devoir se montrer pédagogue s’il voulait le calmer. Il posa la main sur son propre cœur, en avançant d’un pas.
- Je suis là pour vous aider. Je Sais que vous n’allez pas bien, c’est pour ça que je suis ici.
Bon, en vrai, il était là pour ses médicaments à la base, mais maintenant qu’il était coincé là avec une bombe à retardement, autant essayer de la désamorcer. Il reprit, d’une voix calme et douce.
- C’est ce que je fais. C’est ce dont je suis Capable… vous voyez ce que je veux dire ?
Il devait continuer à parler. Occuper l’espace verbale, attirer l’attention du mutant pour mieux accrocher son aura ensuite. Bien sur, il aurait pu faire ça de manière bien plus brutale, unilatérale, et s’emparer mentalement des émotions du mutant pour les manipuler comme une grosse boule de pâte à modeler, et le forcer à se calmer. Avec l’expérience, il avait appris que c’était une mauvaise, très mauvaise façon de procéder, surtout avec des émotions complexes : le pharmacien se serait surement senti soulagé, ou un peu perdu, le temps de la manipulation, mais dès que Mal n’exercerait plus de pression sur la dite aura … BOUM. Explosion émotionnelle, contrecoup d’une puissance exceptionnelle, et il pourrait en devenir complètement fou. Alors autant éviter de transformer Lockhart en Incroyable Hulk, déjà qu’il avait un petit air de Bruce Banner dans le regard.
- Je viens en paix, d’accord ? Je suis comme vous, enfin pas comme vous, mais j’ai la possibilité de vous soulager, de vous empêcher de … Dérailler ? Je peux te tutoyer peut être ? Ce sera moins… Bizarre…
Malachi, sans le savoir, faisait preuve d’un certain flair : il ne savait pas pour le dédoublement de personnalité du mutant, mais il sentait une certaine dystopie dans l’aura de l’homme, comme si plusieurs émotions se battaient en duel, sans vraiment se mélanger… Il avança encore un peu plus vers le comptoir, avec un sourire rassurant. Parler, toujours plus, toujours plus sereinement. Il devait avoir l’air le plus inoffensif possible, alors qu’il priait très fort pour que le don du mutant ne consiste pas en un truc qui puisse lui ôter la seconde jambe…
- J’ai fermé les portes et fenêtres parce que je sais que certaines démonstrations mutantes peuvent être euh … Particulièrement bruyantes ou visibles, et peut être n’avais tu pas envie que quelqu’un arrive quand tu perds bien … ça m’est arrivé, parfois, et je sais ce que c’est… C’est pour ça que je suis ici. *il inspira profondément, puis reprit* Je suis motiopathe, j’aide les gens à contrôler leurs émotions, à mieux les sentir, ou au contraire à les calmer. C’est pour ça que je suis ici, pour t’aider, juste pour t’aider…
Il avait décidé de jouer cartes sur table, à ses risques et périls. Il n’était pas un thaumaturge, mais son don avait aidé des dizaines, peut être même des centaines des gens durant sa vie, et des mutants en particulier. Il aidait les gens à se canaliser, à supporter des traumas, des phobies, et parfois même leur propre énergie. C’était à cela qu’il était le meilleur, c’était sa raison d’être, sa mission. Et Lockhart était, de toute évidence, le prochain sur sa liste, bien qu’une heure auparavant, il ignorait même jusqu’à sa nature de mutant, comme lui …
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Spoiler:
C'est pas mon meilleur post, pardon, je me rattraperai au prochain
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Jeu 28 Mai 2015 - 15:18
≈ a darkness comes at dawn
lockhart & malachi
Je ne sais pas à quoi il joue. Je ne sais pas à quoi il joue, mais il joue dangereusement. Très dangereusement, même. Si je laisse le stress et la hargne me submerger, tout va s’écrouler. Je vais lui sauter à la gorge et le réduire en miettes. Parce que détruire les gens, c’est ce que Ripper fait le mieux. Et je le sens toquer au fond de mon esprit. Discrètement, depuis tout à l’heure. Et de plus en plus fort. Comme un esprit malfaisant s’acharnant sur une porte imaginaire, hurlant, la défonçant à coups de poings. Laisse-moi sortir. Laisse-moi sortir. J’ai besoin de sang.
T’as besoin de sang.
Je n’ai besoin que de me calmer. Je n’ai besoin que d’être rassuré. Je pourrais presque sentir les larmes monter progressivement, à mesure que je le vois s’approcher. Il ne sait pas ce qui le guette. Il ne peut pas savoir. Et je suis focalisé sur ce mal qui me ronge, sur cette gangrène psychologique qui m’anéantit depuis de longues années déjà. Je suis un estropié psychique, je suis une bête à qui il manque des morceaux, morceaux d’âme, morceaux de chair. Une bête hideuse, monstrueuse, que les gens prennent pour un chiot, qu’ils flattent comme un chiot, qu’ils prennent pour un con, exactement à la manière d’un chiot. Mais le chiot a une gueule béante et des rangées de crocs à en faire pâlir un requin blanc. Le chiot a un trou béant là où devraient se tenir ses deux petites babines noires et adorables, et le trou aspire tout, tout et surtout la lumière et la douceur de ce monde. Et la gueule baveuse et démoniaque s’accorde avec ses yeux soudain rouges, rubis annonciateurs de malheur, et le chiot se transforme en un monstre que jamais personne n’aurait pu soupçonner exister, et qui leur arrache la tête, les uns après les autres par pur plaisir, et pur goût du sang. Comme on jouerait avec une peluche ou avec une balle, une pelote de laine ou un morceau de bois. Mais les morceaux de bois sont de chair, et les balles sont des têtes humaines. Le chiot glisse sur les flaques de sang et les intestins éparpillés, et il jappe de bonheur, de sa gueule hideuse et de son âme noire.
J’ai l’impression que Malachi se doute que le chiot cache un monstre, mais qu’il n’a pas la moindre idée de quel genre de monstre il s’agit. Je crois que Malachi a plus d’un tour dans son sac, mais qu’il ne réalise pas non plus l’étendue des dégâts. Et il continue de se rapprocher, lentement mais sûrement. Et il me dit qu’il est comme moi, enfin pas tout à fait, mais presque. Il me fait comprendre qu’il sait que je ne suis pas humain, que je suis un mutant, et que je peux lui faire du mal, me faire du mal, nous faire du mal. Il veut me tutoyer et je ne lui réponds pas. Je ne veux pas parler. J’ai peur que, si le moindre mot franchit la barrière de mes lèvres, cela donne suffisamment de mou à ma résistance psychologique, et que Ripper m’envahisse. Alors je ne dis rien. Qu’il me tutoie s’il veut. Qu’il fasse ce qu’il veut. Mais qu’il parte. Qu’il se protège, s’il est mutant, comme il le prétend. Qu’il se préserve de moi.
Motiopathe. Un mot. Un nom. Et soudain, la méfiance et la peur panique cèdent la place à une nuée d’espoir. Comme le battement d’ailes, léger et aérien, d’un papillon. Qui suffit à repousser le nuage noir, à souffler un peu de lumière dans les ténèbres de mon âme et de ma souffrance. Je me prends à espérer qu’il va pouvoir me sortir de ce mauvais pas. Nous sauver de Ripper. Tous les deux.
Et je vois ce clone, au loin. Cette chose qui, sous le coup de la terreur, est apparue, et s’est cachée derrière un rayon. A attrapé, dans le plus grand des silences, une bouteille de spray. Pendant que Malachi parlait. Ce double qui s’est un peu approché, toujours caché. Terrifié, lui aussi. Tremblant. Prêt à frapper. Cette chose qui ne frappera pas. Car il n’y a pas besoin de frapper. Le double se sent stupide ; je le sais, car je le ressens aussi. J’ai arrêté de reculer, aussi rapidement qu’il a arrêté de s’approcher. Mon attention est centrée sur Malachi. Et je place soudain tous mes espoirs en lui. Sans trêve. Sans réflexion préalable. Car il est ma seule chance.
« Comment ça marche ton truc ? Non, j’m’en fiche. Fais-le. Vite. Sinon, il va se ramener. Et s’il se ramène t’as plus qu’à espérer que je puisse m’assommer tout seul avant qu’il ne t’étripe. Fais-le ton truc. Dépêche-toi. Fais quelque chose, si t’es vraiment motiopathe. »
J’ai fait un clone, et le clone resserre sa prise sur le spray. Il se montre un peu plus, mais reste silencieux. De toute manière, l’intrus sait. Et si Ripper arrive, le clone sera le seul rempart. L’ennemi, ce n’est plus Malachi. L’ennemi, c’est moi.
L’ennemi, c’est moi, Mal’. Est-ce que tu comprends, ça ?
Le danger, c’est moi. C’est mon stress, ma colère.
Alors arrête de parler, et fais-le ton truc.
Fais-le, si t’es vraiment capable de m’aider.
Anesthésie-moi.
Guide-moi.
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Jeu 4 Juin 2015 - 23:45
Lockhart & Malachi
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Les émotions de Lockhart changeaient du tout au tout d’une seconde à l’autre. Elles alternaient sans aucune logique apparente, tant et si bien que Malachi n’avait jamais, jamais vu ça, à l’exception peut être de Nathéis, l’empathe. Mais ce n’était pas la même chose : les émotions de Nath ne changeaient que parce qu’il subissait celle des autres. Lockhart lui, subissait les remous de sa propre aura, sans aucune aide extérieur. C’était fascinant et inquiétant à observe : le pauvre pharmacien paraissait au bord de l’implosion émotionnelle. Néanmoins, le motiopathe vit passer l’ombre d’un soulagement dans l’aura bouillonnante quand il déclina sa propre mutation : Lockhart n’était donc pas un perdreau de l’année s’il savait ce qu’il en retournait de ce don. Il suivit le regard du pharmacien qui s’était arrêté derrière lui, en retrait, et sursauta en voyant le jumeau parfait de celui qui se tenait devant lui, mais avec un air totalement inexpressif : C’était quoi ça ? une illusion ? peut être bien , après tout cet être là n’avait pas d’aura. Il était donc dénué de sentiments, ou mort. Malachi inspira profondément, tentant de calmer les battements désordonnés de son cœur : l’apparition du clone avait fait son petit effet, et il eut besoin d’une bonne minute pour reprendre ses esprits et répondre à Lockhart :
- Je , euh … Ok. Les résultats d’abord, les questions réponses ensuite. Je te préviens, vu le bordel que c’est en toi, il est fort possible que ça ne soit pas très agréable…
Alors qu’il s’approchait de Lockhart pour accentuer son emprise sur lui, Malachi écarquilla les yeux : est ce qu’il voyait vraiment ce qu’il pensait voir ? L’aura de Lockhart semblait se … Dédoubler ?! oui, c’était bien ça, comme une cellule en pleine mitose, la boule émotionnelle du mutant semblait sur le point de se scinder en deux. Alors le motiopathe comprit : « il », bien sur. Ils étaient plusieurs dans le pharmacien. Plusieurs entités, plusieurs auras. Enfin, c’était l’hypothèse la plus logique, parce que cela ne ressemblait à rien de connu. L’excroissance qui menaçait de se désolidariser de l’aura principale était sombre, tachée de noir et de rouge sang. Rien de bon à envisager. Il devait faire ça vite, sinon dieu seul savait en face de qui il allait se retrouver.
Il dévisagea un instant Lockhart, et pour la première fois depuis longtemps, il hésita sur la façon de procéder : s’occuper de l’aura maléfique émergente d’abord, ou de celle de Lockhart ? devait il prendre le risque de le toucher, mais du coup d’être à portée de coup si « l’autre » sortait ? Autant de questions dont il n’avait pas de réponse. Ni de temps pour tergiverser. Aussi, il attrapa le visage de Lockhart de ses grandes mains fines, comme s’il allait l’embrasser, et ferma les yeux, pour mieux visualiser les auras siamoises du mutant. Il fallait qu’il anesthésie l’aura ténébreuse, et qu’il cajole l’autre. Et tout ça en même temps. Ce n’était pas facile, il avait l’impression de devoir user de son don sur deux personnes simultanément, ce qu’il n’avait quasiment jamais fait. Parce qu’il doutait d’en être capable, et parce qu’il avait toujours craint de s’emmêler les pinceaux. Mais là, il n’avait plus le choix. D’un revers mental, il effaça le rouge sanguinaire de la seconde aura, rencontrant plus de difficulté à en extraire la noirceur : cette rage était une sorte d’état permanent, comme si c’était la couleur de base de l’aura. Encore un truc totalement inédit, et pourtant, il avait manipulé des auras de hunters meurtriers plus d’une fois. Alors que la sueur coulait sur sa nuque, raidie par l’effort, il s’attaquait avec une précision chirurgicale à l’anxiété du jeune homme, au stress, à la peur aussi. Il ne voulait pas tout ôter, pour ne pas griller totalement la conscience de Lockhart, mais il remit en balance les émotions pour rendre l’ensemble plus stable, avec un peu de confiance, une sensation de confort, et surtout, de sécurité. D’ailleurs, il remarqua que l’aura étrangère renaclait quand il instillait de la sécurité dans celle du pharmacien. Intéressant, arriverait il à duper le passager intérieur du mutant ? En tout cas il faisait tout pour… Il marmonna, presque pour lui-même
- Allez vas t’en, vas t’en…
Il ne parlait pas à Lock bien sur, mais à l’Autre… Il voyait l’aura s’affaiblir, mais il la distinguait encore, en transparence… Il commençait à fatiguer un peu, ses doigts toujours crispés sur les joues et la machoire du pharmacien. Quand il rouvrir les yeux, signe qu’il en avait presque fini, Lockhart eut l’occasion d’assister à un spectacle particulièrement rare : Les iris de Malachi étaient à présent d’un bleu fluorescent, dont émanait une lumière qui lui était propre, comme deux phares dans la nuit …
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Lun 8 Juin 2015 - 14:17
≈ i see fire
lockhart & malachi
Il a vu le clone, et je crois que ça lui a fait drôle. Mais sincèrement, ça m’est presque égal. De toute manière, il sait que je suis un mutant. Il le sait, il me l’a bien fait comprendre. Tout ce qui lui restait à découvrir, c’était la nature de mon don. La nature de cette chose qui coule en moi, comme en lui. Et bien, la voilà, cette foutue nature. Maintenant, plus de place pour les questions. Faut qu’il fasse son truc. Et qu’il le fasse vite. Sinon, je ne réponds plus de rien. Et Dieu, que j’ai peur.
Il me dit que ça ne va pas être agréable. Il a remarqué qu’en moi, c’était le bordel. Un bordel impossible à canaliser seul, pour moi. Un capharnaüm de pensées, impossible à calmer. Un magma d’improbabilités, de réactions à la chaîne absolument catastrophiques, dévastatrice. Un Chaos, au sens le plus propre et le plus pur du terme. Pour peu que le terme chaos puisse être propre et pur.
« C’est pas grave, c’est pas grave… »
Je murmure. Perdu. Je ferme les yeux un instant. Et soudain, je sens ses mains. Posées sur mes joues. Je rouvre les yeux, et je le fixe. Il est concentré. De ce genre de concentration que la création de plus de dix clones me demanderait, si je devais les contrôler avec une précision chirurgicale, pour une raison ou une autre. Et je connais les dangers d’une telle concentration. D’une telle utilisation de don. Je dois lui faciliter la tâche. Je dois l’aider à calmer ce fouillis, à faire le tri entre les émotions positives et les négatives. Que les mauvaises laissent les bonnes en paix, que les bonnes puissent revenir à la surface, et aider Malachi à enterrer les mauvaises. Il faut que je l’aide.
Alors, je ferme à nouveau les yeux. Le clone disparaît, après avoir reposé la bouteille de spray sur une étagère — un minimum d’ordre, tout de même. Les muscles de mes poings se relâchent, et mes doigts s’ouvrent progressivement. Mes épaules retombent lentement, et je m’efforce de respirer, du plus grand que je le puisse, du fin fond de mes poumons. Les techniques de relaxation par respiration. J’essaie de faire le vide. Le calme. Je sens que quelque chose est aux prises avec Ripper. Et je veux réussir à prêter main forte à la mutation de Malachi. Et contenir le monstre.
Bien sûr, je ne peux pas me calmer en un claquement de doigt. Si je réussis à me détendre petit à petit, c’est grâce à lui. Je sens les bienfaits de son don. Je sens qu’il m’aide à reprendre le contrôle, et à étouffer Rip’. Mais Rip’, lui, n’aime pas ça. Il a même tout l’air d’avoir une sainte horreur de ce que le mutant est en train de me faire. Et il se bat. Un moment, je le sens retomber. Je sens son aura mauvaise disparaître. S’estomper. On a gagné. C’est ça, hein ? Malachi a gagné.
Je rouvre les yeux, brusquement soulagé. Et je vois alors les iris de mon vis-à-vis, d’un bleu incandescent. Éclatant. Tout, sauf naturel. Je ne veux pas imaginer l’énergie que j’ai dû lui coûter. Mais au moins, tout est terminé, non ? Tout est terminé, et je vais pouvoir le remercier. Lui offrir quelque chose, pour la peine. Et me renseigner sur son don. Sur lui. Je vais pouvoir passer une soirée normale.
J’ouvre la bouche pour le remercier. Sans oser rompre le contact. Mais infiniment soulagé. Et soudain, je sens un choc violent. Interne. Puissant.
J’ai crié victoire trop tôt.
Il a pris de l’élan pour mieux bondir. Se heurter de toutes ses forces au bouclier que fait Malachi, dans mon esprit. Et il se fracasse avec une violence inouïe contre la puissance de la mutation qui lui fait face. Et je suffoque. Je hoquète un instant, paniqué. De peur que Malachi ne tienne pas. Qu’il cède comme je suis en train de le faire, sous le coup de la surprise. Qu’il ait abaissé ses défenses, et que l’astuce de Ripper ait marché.
Rupture.
Brève, mais intense. Tes mains se jettent vers Malachi, alors que tu vas pour reculer. Te séparer de lui, briser notre contact, en espérant que cela le brisera, lui. Tes yeux dégueulent des éclairs et des flots de sang et de colère, la colère d’avoir été refoulé, comme une vieille guenille au fond d’un placard. Et tu as envie de l’étriper, de l’étrangler, d’en faire ton casse-croûte de la soirée.
Mais ça n’arrivera pas, Ripper.
Ça n’arrivera pas.
Rupture.
Et je reviens à moi. Mes mains accrochées aux poignets de Malachi, la bouche grande ouverte, comme un poisson cherchant désespérément à retrouver un semblant de souffle, d’oxygène, dans un milieu parfaitement hostile.
Je ne sais pas ce qui s’est passé.
Mais je sais que Ripper est parti. Je le sens, niché dans un coin de mon esprit, prenant patiemment une place en attendant que l’attention du mutant se relâche, que la mienne aussi, et qu’il puisse reprendre le dessus. Comme il a failli le faire. Comme il l’a fait, l’espace d’une petite seconde ou deux. Je sais qu’il n’est pas bien loin. Je sais qu’il guette, prédateur aux sens aiguisés, qui tiendra toute la nuit s’il le faut. Toute la nuit à attendre que notre vigilance diminue, et qu’il puisse bondir et semer chaos et terreur autour de lui. Autour de moi.
« Ça a marché… Ça a marché… »
Malgré tout ça, j’en reviens pas. Même si je sais que Rip’ n’est pas loin, je n’arrive pas à croire que quelqu’un soit réellement venu me prêter main forte. Qu’on ait volé au secours de quelqu’un comme moi.
« Il est pas loin, mais ça a marché… Merci. Merci… »
Je ferme doucement les yeux. Je respire en grand. Je me sens comme un enfant. Un enfant que l’on vient de rassurer, un enfant pour lequel on a chassé tous les cauchemars, avec application et détermination.
Un enfant pour qui on vient de mettre le monstre au placard. Et même s’il faudra surveiller la porte pour le reste de la nuit, le monstre n’est plus dans la même pièce. Il n’est plus là.
Un enfant qui ne s’endormira peut-être pas, mais qui pourra profiter de la douceur d’une victoire face à ses cauchemars, pour la première fois depuis bien longtemps.
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Mer 10 Juin 2015 - 23:24
Lockhart & Malachi
I can help you mate, but you need to let me in ...
Sans vouloir être prétentieux, Malachi se félicita d’être au bon endroit, au bon moment : le cas de Lockhart était particulièrement complexe, et il fallait un motiopathe particulièrement à l’aise avec son don pour pouvoir faire face à cette situation totalement inédite. Du fait de son long passage à l’hôpital et de ses visites nombreuses en centre hospitalier pour sa jambe, il avait croisé un bon nombre de patients atteints de troubles mentaux divers et variés, du traumatisme léger aux troubles dissociatifs les plus lourds. Il ne l’avait jamais dit ouvertement, mais il avait déjà « testé » son don sur ces patients, discrètement bien sur, sans prendre le moindre risque : il ne manipulait pas frontalement leurs émotions, il essayait plutôt de rétablir un équilibre, et de voir ce qu’il se passait. Il avait appris d’ailleurs que les patients souffrant de pathologies mentales étaient bien plus sensibles à son don que les autres, notamment les dépressifs et les personnalités borderlines : il n’avait compris que plus tard que c’était du au fait que leur psyché était particulièrement liée à leur état émotionnel, bien plus que chez les individus « sains ». Plusieurs d’entre eux, à Cardiff, avaient d’ailleurs deviné la nature du don du motiopathe. Evidemment, personne ne les croyait, puisqu’ils étaient « fous », délirants. Mais quand ils avouaient leurs soupçons à Malachi, ce dernier leur proposait souvent un peu d’aide : il était encore jeune, particulièrement idéaliste, et si il avait pu rencontrer un psychiatre dans le même état d’esprit, il aurait probablement accepté d’être une sorte de cobaye pour un nouveau type de thérapie. Malheureusement cela ne se fit jamais, et aujourd’hui il se contente de soulager, discrètement, les membres de son groupe de soutien. Cétait toujours mieux que rien.
Toujours était il qu’il fallait une certaine dextérité dans la gestion de son don, et une sacrée confiance en ce dernier pour agir sur Lockhart comme il le faisait. Ce n’était pas une utilisation classique, mais bien de la haute voltige : c’était une première pour lui, et la concentration était telle qu’il avait totalement oublié sa douleur dans sa jambe. Il ne sentait que le sang qui pulsait dans ses tempes et la moiteur de ses mains sur le visage fiévreux du pharmacien. Il agite les couleurs, les traite, les mélanges, les efface comme un peintre génial en plein crise de folie, un Van Gogh émotionnel. C’était n’importe quoi autant de couleurs et d’intensités différentes dans une seule personne, il était combien là dedans ? Il n’avait pas le temps ni même la force de poser la question maintenant, d’ailleurs il avait instinctivement retenu sa respiration tout le long de l’opération. Quand il se recula, il chercha le moindre changement dans le regard de Lockhart susceptible de lui indiquer un changement de la « personnalité » aux commandes. Il n’eut pas le temps de parer à la réaction de ce dernier, dont le regard passa du soulagement à une rage animal. L’Autre était passé en force, faisant mine de reculer pour mieux sauter et briser la résistance mentale de la personnalité principale. Malachi ne connaissait pas Ripper, mais en revanche il sentit bien ses doigts puissants autour de sa gorge, alors que lui-même enfonçait ses ongles courts dans les phalanges de la bête pour le faire lâcher. De toute évidence, il n’appréciait pas Du Tout ce qu’il venait de faire pour le mutant. Malachi chercha à s’accrocher à l’aura de l’homme pour l’anesthésier complétement, mais n’en eut pas l’occasion : il vit cette dernier passage d’un rouge sanguin à un blanc terne à une vitesse inhumaine, alors que les doigts relâchaient progressivement la pression sur ses carotides. Tant mieux, parce qu’il n’aurait pas tenu une minute de plus dans cette position.
Le motiopathe tomba presque en avant une fois libre, se rattrapant en posant les mains sur ses genoux, à ça de rendre son diner sur le carrelage blanc de l’officine. Il toussait sans réussir à reprendre son souffle tout de suite, avalant l’air par goulée frénétique. Il releva la tête vers Lockhart seulement une bonne minute après :ce dernier semblait être redevenu « normal », ou en tout cas l’Autre semblait être reparti se terrer dans un coin de sa tête. Il se racla la gorge avant de répondre d’une voix éraillée :
- Ahem… on a frisé la correctionnelle …
Il posa les coudes sur le comptoir, la respiration sifflante. Ses yeux restaient fluorescents, il les avait aperçu dans la glace qui tapissait un des murs : ils avaient l’air tout sauf naturels, et il savait que si quelqu’un avait la bonne idée d’éteindre la lumière, ils luiraient comme deux lucioles dans la nuit. Pas très humain tout ça. Il balaya les remerciements d'un revers de main: jamais il n'aurait pu laisser Lockhart, ou n'importe qui d'autre dans un tel état, il n'était pas sadique.
- Tu aurais une chaise et un peu de sucre je te prie ? Je peux pas lâcher ton aura et je crois que ça me monte à la tête…
En effet, Mal avait maintenu son emprise sur Lockhart, par prudence : il balayait la moindre émotion suspecte, tout ce qui ne s’apparentait pas à de la satisfaction et du soulagement. Il était hors de question qu’il permette à l’autre taré de sortir … Quitte à passer la nuit ici.
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Dim 21 Juin 2015 - 19:30
≈ darkness, my friend
lockhart & malachi
J’avais beau être profondément soulagé de m’être temporairement débarrassé de mon pire cauchemar, je ne pus éprouver que de la culpabilité en voyant l’état dans lequel je mettais mon bienfaiteur — voire mon sauveur du soir. L’espace d’un instant, je crus qu’il allait me repeindre le carrelage. Mais son organisme s’abstint, et il se contenta de continuer de tousser, penché en avant, les mains posées sur les genoux. Je n’osais pas m’éloigner, de peur qu’il ne vacille, de peur qu’il ne s’écroule, et que je ne sois pas là pour le rattraper. Veiller sur lui ; voilà ce que je lui devais bien, à tout le moins. Le service qu’il venait de me rendre était plus grand que n’importe quelle surveillance, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Et j’avais la sensation que ladite nuit allait s’étirer.
Les yeux de Malachi ne reprenaient pas une couleur normale. Et c’était peut-être l’un des seuls moyens que j’avais pour savoir, à ce moment précis, qu’il continuait d’exercer son don sur moi. Je me sentais bien. Satisfait, soulagé. À l’aise, sans le moindre stress. Je ne sentais plus la présence de Ripper, et rien ne pouvait donc venir entacher mon bonheur partiel et éphémère.
Lorsqu’il manifesta le besoin de s’alimenter et de s’asseoir, je hochai rapidement la tête, en perdant quelques instants mes moyens.
Une chaise. Le pain au chocolat. Vite.
« Oui, oui. Bouge pas. Tombe pas. Je fais vite, je reviens. »
J’eus peur qu’en m’éloignant, son don ne fasse plus effet, et que Ripper ne refasse surface. Mais mes inquiétudes s’avérèrent infondées, et je n’avais de toute manière aucunement l’intention de le laisser dans la mauvaise condition dans laquelle il s’était mis pour moi. Je disparus quelques longues secondes dans l’arrière-boutique, attrapant ce qui devait être ma collation, remplissant un verre d’eau au passage. Je revins, posai tout sur le comptoir, et retournai attraper une chaise, que je lui amenai. Je le surveillais du coin de l’oeil dès que j’en avais l’occasion. Je le pris doucement par le bras pour l’aider à s’asseoir, pour éviter qu’il ne se laisse purement et simplement tomber. Je déglutis péniblement, soudainement un peu anxieux, en proie à un stress extrêmement contrôlé. J’avais peur de lui avoir fait mal, lorsque Ripper lui avait sauté à la gorge. Et j’avais beau être malade depuis de longues années déjà, je ne m’habituais toujours pas à l’idée que les mains qui faisaient souffrir tant de gens étaient les mêmes que celles dont je me servais dans ma vie quotidienne, pour leur servir les médicaments qui pourraient leur sauver la vie. Ripper n’avait jamais été qu’un instrument de destruction, tandis que je recollais les morceaux comme je le pouvais, désireux d’apporter un peu d’aide et de soutien partout où j’allais. Ce besoin de compenser m’avait rongé pendant de longues années, sans que j’en ai conscience ; désormais, je savais qu’il existait, et il me pesait bien moins. Pour autant, je ne l’éprouvais pas moins, et je continuais de vouloir apporter lumière et sourires là où certains autres moi ne répandaient que misère et ténèbres.
Durant un instant, je sentis que j’étais en présence de quelqu’un qui comprenait le besoin d’aider les autres. Je me demandai pourquoi, mais n’osai poser la question. Je me contentai de lui sourire, en coin, légèrement, m’appuyant sur mon comptoir, lui tendant le verre d’eau.
« J’ai pas de sucre, j’ai juste le pain au chocolat, mais ça va faire l’affaire, je pense, enfin j’espère. Faut boire, aussi, pour récupérer... »
Même si je savais qu’il ne s’agissait pas de simples crampes. Et que je savais qu’il lui faudrait plus que cela pour récupérer entièrement. D’expérience, j’en avais parfaitement conscience. La deuxième chose que je savais, c’était que j’allais lui devoir des explications. De vraies explications. Il avait assisté à un changement de personnalité, et avait vu l’un de mes clones. Je ne pouvais plus espérer y couper.
« J’espère que je ne t’ai pas fait trop mal, quand… Enfin, quand j’étais plus vraiment moi. Je suis désolé. En passant. Je l’ai pas senti revenir. J’avais crié victoire un peu trop tôt. J’aurais dû me méfier, mais… Mais j’l’ai pas fait. Je suis désolé. »
Et je ne sais pas pourquoi. Et bien entendu, si je l’avais fait, on se serait épargné la petite séance d’étranglement dont je me sentais à présent particulièrement coupable.
J’aurais dû faire attention, mais je m’étais laissé aller. J’avais cru que la simple présence d’un motiopathe me soulagerait, et qu’elle serait suffisante.
J’étais pourtant le mieux placé pour savoir que le Mal ne recule jamais.
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Dim 21 Juin 2015 - 23:07
Lockhart & Malachi
I can see you both ... in your head.
Après être redevenu complètement humain, en tout cas lui-même, Lockhart se montra un hôte irréprochable : il lui présenta une chaise sur lequel Malachi tenta de s’asseoir sans s’écrouler totalement, ce qu’il ne réussit qu’à moitié. La position assise lui convenait bien mieux, et déjà les étoiles qui brouillaient sa vue se dissipaient peu à peu. Le pharmacien ne tarda pas à revenir avec une viennoiserie à la main : Malachi n’était pas hyper fan de pâtisserie française, surtout tard le soir, mais il ne ferait certainement pas le difficile maintenant. Il prit une première bouchée et tout de suite le sucre lui remplit la bouche, lui faisait plisser légèrement les yeux comme un gros chat satisfait. Il ne se sentirait probablement pas totalement en forme avant le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, mais dans quelques minutes déjà il se sentirait un peu mieux. Il fixait Lockhart sans rien dire le temps de terminer son encas, son regard fluorescent passant du visage contrit de ce dernier à son aura, au niveau de sa poitrine. Il était plus facile pour lui de surveiller les émotions d’un homme que d’une femme, son regard fixant le torse d’un mâle gênait bien moins que lorsqu’il avait l’air de reluquer la poitrine d’une demoiselle. Pour l’instant, son aura était stable, mais il se montrait vigilant : il ne savait pas de quelle pathologie le mutant copycat souffrait, alors il ne devait pas le lâcher une seule seconde, tout en évitant de l’anesthésier totalement : c’était du travail de longue haleine, mais toujours délicat. La concentration était de mise.
Malachi fit craquer sa nuque encore un peu raide de l’assaut de l’alter égo sanguinaire de Lockhart : ce dernier avait du le voir faire, parce qu’il avait l’air de se décomposer de honte au fur et à mesure que ses vertèbres cervicales craquaient. Ce n’était pas vraiment douloureux, mais il sentait encore une pression sur sa gorge, comme si les doigts de Lockhart y avaient laissé une marque. Il acquiesça sagement à l’injonction de boire du pharmacien, malgré que les muscles autour de sa gorge soient encore trop crispés pour qu’il puisse déglutir sans peine.
- Hum , merci, ça va déjà mieux…
Ce n’était pas encore l’extase, mais il ne se sentait plus totalement défaillant, il ne tournerait pas de l’œil, à moins qu’ils doivent faire un nouvel effort, important. En d’autres termes, il ne valait mieux pas qu’un groupe d’hunters se pointe la maintenant tout de suite, parce qu’il ne pourrait absolument rien y faire. Et à sentir comme ses yeux lui tiraient, il devait encore avoir son regard de mutant, et il était incapable de deviner quand ses iris retrouveraient une couleur normale. Il offrit un sourire conciliant au pharmacien alors qu’il reposait le verre sur le comptoir de l’officine. Sa demi jambe tremblait, secouée de petits spasmes nerveux qu’il tentait d’étouffer d’une main ferme : ses nerfs abimés avaient tendance à déconner quand il était fatigué. Après tout il était venu pour ça, à la base :
- Ne t’inquiète pas, j’aurais du faire plus attention aussi. Et puis j’ai bien vu que ce n’était pas « toi ».
Il se tut un instant, pensif. Il ne savait pas, du coup, si cette espèce de dédoublement de personnalités était liée à la nature de son don de création de sosie. Ça serait assez logique au final que la mitose de son corps ait créé une seconde scission, dans son esprit cette fois. Il aurait voulu poser la question à Lockhart, mais ça lui semblait un peu … abrupt. Aussi, il préféra introduire le sujet de manière un peu moins clinique, plus personnel :
- Je suppose que ce n’est pas la première fois que ce genre de crise te prend… ça arrive comme ça, sans prévenir, ou alors tu connais des signes précurseurs qui t’indiquent que, euh … Quelqu’un veut sortir ?
Oui, quelqu’un, c’était mieux que « le monstre ». Et puis aussi bien, il avait des dizaines d’autres personnalités coincés dans les recoins de son esprit, près à surgir à la moindre faiblesse du pharmacien. Il avait posé sa question de son habituelle voix douce et posée, qui détonnait un peu avec son teint pâle et sa jambe qui tremblait. Son esprit avait été bien moins troublé par cet épisode étrange que son corps, alors que chez les gens « normaux », c’était plutôt l’inverse. Mais Malachi n’était pas plus normal que Lockhart. Il ne jugeait pas Lockhart, ni même cette distorsion mentale dont il ignorait encore si elle découlait de sa transmutance ou non. Il voulait juste comprendre, si il voulait bien lui expliquer, bien sur … Et à son tour, il s’ouvrirait au jeune homme si cela l’intéressait. Pour l’instant, il se contentait d’écouter le pharmacien parler, et de lui insuffler de l’apaisement en perfusion, comme on le ferait pour un accidenté en hémorragie…
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi) Jeu 20 Aoû 2015 - 14:49
≈ we're not broken
lockhart & malachi
Je m’en voulais. Tout ce que Malachi avait essayé de faire, c’était de m’aider. Oh, il avait certes réussi, mais à quel prix ? J’aurais pu le tuer. J’aurais pu coûter la vie à cet homme, et à sa générosité. Il avait simplement tenté de m’aider, et j’avais fait comme si ça suffirait, comme si sa présence me permettait de ne plus faire le moindre effort. Mais encore une fois, je m’étais surestimé. J’avais cru que j’étais suffisamment fort pour empêcher Ripper de sortir et de blesser Malachi, et je m’étais planté. Et en beauté.
Je crois qu’à cet instant précis, j’avais rarement eu une estime de moi aussi basse. J’avais l’impression de faire tous les efforts du monde pour gérer ma maladie, à chaque fois, c’était la même chose. À chaque fois, je n’y pouvais rien, et je perdais les pédales. Je ne pouvais pas vivre sans faire attention, pas vivre sans avoir peur. J’en venais parfois à me dire qu’il aurait été bien plus doux de ne pas être au courant de ma propre maladie. Plus doux pour moi. Je n’aurais eu à me soucier de personne, de rien. Les situations stressantes seraient arrivées sans que je ne les empire par ma peur de dégénérer, et tout aurait été plus vivable. Il y aurait juste eu des blancs, des absences. Sûrement des cadavres dans mon sillage, ou quelque catastrophe. Mais je n’aurais pas su que tout ça venait de moi. Les gens auraient été en danger, mais moi, j’aurais été en sécurité. Quelquefois, j’en venais à me dire que ç’aurait été un soulagement de vivre ainsi. Et puis, il fallait toujours que je me reprenne. Que je me dise que ce sont des conneries. En sachant, ma vie ne vaut peut-être plus la peine d’être vécue, elle est peut-être devenue un enfer pur et simple, mais au moins, je protège un peu plus les autres du mal que j’abrite. Une vie contre tant d’autres.
« Cela ne m’excuse pas. »
Le murmure avait été extrêmement bas, ponctué d’un sourire résigné.
Mais non. Ça ne m’excusait en rien. Et ce n’était pas de la faute de Malachi.
Je ne savais plus où me mettre. Je sentais que seul son don faisait en sorte que Ripper reste calme pour le moment, et ne vienne pas finir le sale boulot. Lorsque Malachi allait partir, si rien n’allait mieux au fond du chaos de mon esprit, il allait falloir que je m’enferme à double tour quelque part. Je ne voulais pas prendre le risque de partir à sa suite, et de lui faire le moindre mal. Surtout pas.
« Ça m’arrive assez souvent. Un peu trop à mon goût. » Je n’osais pas relever les yeux vers lui. Je me contentai de déglutir doucement, de passer ma main dans mes cheveux. « Je sens le stress monter. En général, c’est quand tout va mal. Que j’ai les nerfs à fleur de peau. Ou que j’ai une grosse frayeur. J’essaie de faire des efforts, dans ce cas. Pour me calmer. Calmer mon cœur. Quand il monte trop, j’ai plus de chances de perdre les pédales. Je fais de la méditation, du yoga et toutes ces conneries pour essayer de me contrôler. Mais j’ai du mal. »Comme vous le voyez.
« Votre don est puissant. » Assez pour retenir Ripper, assez pour me calmer. Et Dieu sait que ça n’a jamais été une mince affaire. « Est-ce que vous pensez que… Que vous pourriez rester un peu ? Je vous dédommagerai, si vous voulez. S’il vous plait. »
J’me sens con à lui demander ça. Comme un gamin de cinq ans, qui voudrait que sa mère reste à ses côtés, de peur qu’il ne se mette à faire un cauchemar. Je m’sens con, mais je lui ai quand même demandé. Parce que sans ça, je ne sais pas de quoi je suis capable. Parce que je sens son énergie couler comme par une perfusion en moi, et me calmer. Et que ça me fait du bien. La nuit va sûrement être très longue pour lui, et je comprendrais qu’il ne veuille pas. Mais avec ou sans ça, la nuit sera très longue pour moi aussi.
Je le regarde enfin, et je lis dans ses yeux que c’est une évidence. Qu’il va rester. Qu’on va parler. Se décortiquer, lentement mais sûrement, et essayer de se comprendre. Je ne sais pas si on y arrivera, mais j’ai le sentiment qu’il va rester là. Qu’il va rester là pour moi.
Et je crois que rien que pour ça, je ne pourrai jamais assez le remercier. Car la nuit va être longue.
Si longue.
the end.
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Sujet: Re: + big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi)
+ big fire, big burn into the ashes, and no return. (malachi)