nothing left to say≈ 001. Anxieux au plus  profond de son être, le jeune homme possédait toutes sortes de rituels ou bien grigris avant de monter sur scène les quelques années durant de son éphémère carrière. Du massage à la citronnelle sur les tempes par une asiatique vierge à la poupée Barbie ayant la coupe de cheveux de Ken, tout était sujet à superstitions.  S’il manquait quelque chose dans sa loge, il ne pouvait entrer en scène, stressé par un courroux divin. Aujourd’hui, il a réussi à se défaire de ses hantises. Enfin, partiellement. Il se balade toujours avec la tête de la poupée dans la poche, ce qui peut être assez effrayant pour ces demoiselles pouvant le confondre aisément avec un tueur en série. Néanmoins, cela lui permet de soulager son anxiété, illustrée par ses ongles rongés jusqu’à la peau, réflexe machinal et maladif. Un grand tourmenté. ≈ 002. Si les quelques journaux s’étant intéressés à son cas mirent en avant ses nombreuses conquêtes, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La célébrité certes rend attirant mais elle donne également des ailes. Retombé dans le commun des mortels, aujourd’hui, il ne peut aborder une fille sans être décontenancé par son sourire ou ses yeux pétillants. Alors, il se confond dans un mutisme embarrassant, comme si sa notoriété et sa drague s’étaient envolés au même moment. Pathétique ou timide, c’est difficile de choisir, d’autant plus lorsque les demoiselles n’attendent qu’un mot de lui pour déchirer leur chemisier et passer à  l’acte dans les toilettes les plus proches. Privées ou non d’ailleurs. ≈ 003. Sa sonnerie de réveil, de téléphone est « Je ne serai jamais » de Patrick Fiori, un artiste qu’il apprécie beaucoup malgré que Teo ne parle pas un mot de français. Hormis quelques gros mots qu’il lâche de temps à autre. Cependant, il est plutôt tiraillé entre l'anglais et l'espagnol, sa langue maternelle, substituant parfois un mot ou une expression par une autre, provoquant moultes incompréhensions.≈ 004. En dépit de sa fulgurante carrière dans le domaine de la musique, l’hispanophone n’use et n’abuse pas au quotidien de son passé glorieux. Pas de réductions à l’œil au Burning Desire et encore moins de petites vieilles qui le laissent passer devant elles à la caisse quand il fait ses courses. Il tente de se fondre dans la masse radclifienne autant qu’il le peut, avec donc ses inconvénients d’être devenu un citoyen lambda. Radcliff était un choix évident pour lui, la mère d’un des anciens membres de son boys band lui proposait une chambre à louer dans leur demeure. Sans autre choix étant donné sa situation financière, sur la paille, il accepta et squatte désormais chez elle. ≈ 005. Malgré son jeune âge, Teofilo est casanier au possible, il ne sort de chez lui seulement pour aller travailler ou faire ses courses, en cas de grande nécessité donc. Ses multiples tours du monde pour performer de Tokyo à Dakar ont rendu le jeune homme aigri à propos de toute forme de voyage. Il ne prend pas la voiture, de toute manière il n’a pas le permis, ne se déplaçant qu’à bicyclette le long des routes interminables de Radcliff. Chez lui, l’ancienne pop-star se retrouve dans son petit cocon duquel il ne souhaite s’extirper que très rarement et pour de bonnes raisons. Les conséquences d’une vie sur la route. ≈ 006. Véritable homme orchestre, Teofilo maitrise avec habilité la batterie et le piano mais excelle surtout avec la guitare, arme ultime pour faire craquer les adolescentes en manque de sensations fortes. Il lui arrive de temps à autre de jouer dans le bar où il a été embauché, reprenant ses quelques standards qui n’ont pas été périmés par les années ou bien les empruntent à d’autres artistes. Ainsi, guitare à la main, il s’octroie alors un court moment de nostalgie afin de  revivre les frissons de la scène provoqué par le public. Toujours la tête de sa poupée fermement coincée dans la poche de son pantalon. ≈ 007. Issue d’une famille implantée au Mexique depuis des décennies, la religion catholique a eu une part prépondérante dans son éducation. Prières quotidiennes, détour par l’église après l’école, la routine familiale gravitait autour de la foi. Une fois détaché de ses racines, petit à petit, Teo délaissa la croyance catholique ;  la vie de pop-star, avec ses vices inhérents, l’accaparant. Maintenant que ses journées sont aussi remplies que celles d’un chômeur, l’hispanophone en profite pour se réconcilier avec le culte du Christ, cette sensation d’avoir failli vis-à-vis de Dieu l’obsédant de manière inquiétante. Il lit la Bible plusieurs fois, achète des livres de théologie pour mieux comprendre et pratiquer la religion, plus celle catholique mais la sienne, celle que son parcours et son caractère ont forgé au fil des années, de ses expériences et de ses lectures. ≈ 008. Maniaque au possible, Teofilo est de ceux que l’insalubrité insupporte. Encore plus les clients du bar qui ne mettent pas leurs verres sur les dessous agréablement proposés par le mexicain. Il s’est souvent pris la tête avec ceux-ci, sifflant quelques insultes en espagnol entre ses dents serrés.  La poussière, les toiles d’araignées et les mains sales, voilà ce qui fait hérisser le poil du jeune homme qui ne pardonne pas une once de saleté. Son lit est fait aux carrés tous les matins et en quelque sorte cela l’apaise, atténue son anxiété. Alors quand il se rend au Burning Desires, c’est à reculons, seulement motivé par la carotte au bout du bâton. ≈ 009. En dépit de ses vingt-six années d’âge, il n’est pour autant mature. Les blagues en dessous de la ceinture, les farces enfantines sont membres à part entière du caractère du jeune homme. Ce dernier ne peut s’empêcher de lâcher un jeu de mots ou de faire un « chat-bite » a une connaissance pour détendre l’atmosphère. Malheureusement, cela ne plait pas à tout le monde et de nombreuses fois pour une parole déplacée ou une main au mauvais endroit Teo s’est braqué avec ceux-ci. S’il est le premier à taquiner une personne, il peut parfois se vexer très rapidement. Deux poids, deux mesures. ≈ 010. Que ce soit à pied ou à vélo, l’hispanophone ne se préoccupe en aucun cas des autres. Jamais il ne regardera avant de traverser ou bien mettre un gilet jaune lorsqu’il roule de nuit. Pas du tout apeuré par la réalité du quotidien, il l’est encore moins par les mutants. Teo ne croit pas en leur existence, n’en ayant jamais croisé un. Il pense à un complot étatique dans le but d’instaurer une terreur ou une chasse aux sorcières imaginaire. Bref, l’ancienne pop-star n’a aucune preuve sur l’existence de celle-ci et hormis en ce qui concerne sa religion, il ne croit que ce qu’il voit. Ainsi, il risque bien de s’attirer les foudres d’un mutant qu’il aura offensé involontairement en disant que leurs pouvoirs se résument à des pets plus odorants que la normalité. Mature. ≈ 011. A la manière d'une gamine d'une dizaine d'années, Teo consigne toute sa vie dans des petits carnets qui lui servent de journaux intimes. Chaque journée depuis ses sept ans y est précisément décrite, avec ses émotions, ses tourments. Il en possède une boite complète et continue aujourd'hui à coucher sur le papier ses sentiments.