Décrivez l'apparition de votre don et la façon dont vous le maitrisez à l'heure actuelle

Le don de Venceslas s'est manifesté pour la première fois à ses sept ans, alors qu'il se trouvait à l'école. Souffre-douleur de ses camarades, il endurait leurs petits jeux cruels avec une patience qui se cisaillait progressivement. Leur dernière trouvaille ? Lui propulser des boulettes de papier humide en se servant d'un stylo comme d'une sarbacane, encore et encore. En voyant que son sort n'importait pas à son professeur, que tous s'amusaient de sa faiblesse, quelque chose était né dans l'esprit du petit garçon : une colère. Sombre, noire, destructrice, envers tous ceux qui le considéraient comme un moins que rien, qui prenaient plaisir à le rabaisser plus bas que terre.

Les boulettes de papier avaient suspendu leur course dans l'air. Puis elles étaient revenues vers leurs expéditeurs, aussi vite qu'une balle de fusil. Pour l'un, ce fut un oeil crevé. L'autre étouffa, la gorge obstruée par ce papier qui se faisait... tranchant. Coupant. Personne n'avait su que Venceslas était la cause de ce désastre. Nul ne put l'expliquer réellement, en vérité.

Depuis ce temps, Venceslas a perfectionné son contrôle, l'a affiné. Sans concentration particulière, il peut ériger une figure d'origami simple, rendre un papier tranchant et le faire flotter dans l'air. Il lui faut néanmoins réunir son attention pour concevoir des figures plus complexes ou les faire se mouvoir, tout comme il lui faut être concentré pour viser une cible.

La colère le rend plus puissant, mais le contrôle dont il dispose alors sur ses créations est limité, ce qui le rend dangereux, aussi bien pour les autres que pour lui-même. Une grande quantité d'eau sur le papier qu'il manipule annule ses pouvoirs. Trop de concentration, trop d'efforts, et c'est sa cervelle qui en fait les frais : saignement de nez, perte de mémoire, malaise...

avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?

Venceslas a eu affaire à une Hunter en particulier, alors qu'il n'était qu'un jeune adulte naïf et fougueux. Elle s'appelait Victoria et ses parents avaient été tués par un transmutant capable de transmettre des maladies létales. Elle avait repéré Ven sans réelles difficultés, le jeune homme ne pouvait s'empêcher d'user de son don dans des lieux publics, comme l'amphithéâtre de son université. Il avait beau ne faire que des tours "discrets", ses manigances avaient capté l'attention de Victoria.

Elle n'avait pas eu grand mal à séduire cet intello maladroit, ce rat de bibliothèque qu'elle se surprit à découvrir fêtard et ô combien différent dès lors qu'il quittait l'enceinte de l'université. Venceslas devenait alors audacieux, fougueux, sauvage. La jeune femme fut prise à son propre piège et son coeur commença à pencher pour lui.

Ses sentiments l'affaiblirent et, lorsque l'occasion lui fut offerte, elle ne parvint pas à achever Venceslas. Une erreur dont le jeune homme profita aussitôt. Déçu, furieux, il lui offrit une mort lente et douloureuse, la forçant à ingurgiter du papier, absorbant son sang à l'intérieur même de ses veines. Son agonie fut, aux yeux du jeune adulte, fascinante. Et sa douleur n'était qu'écho de la sienne. Elle n'aurait pas dû le trahir... C'était de sa faute, après tout.

Plus personne n'entendit parler de Victoria. On ne retrouva nulle trace de son corps et aucun d'entre eux ne soupçonna son timide et éploré fiancé, qui attendait des nouvelles de sa belle avec une angoisse aussi touchante que désespérante. Qui aurait pu le croire coupable ? Il semblait si frêle, un passionné de livres que la flamboyante Victoria avait tant bien que mal sorti de sa coquille. Une véritable tragédie...

Victoria fut la seule Hunter à laquelle il fut confronté. Mais il est prêt à en accueillir d'autres : le challenge l'amuse.

utilisez-vous beaucoup votre don ?

Venceslas est "accro" à son don : il l'utilise presque constamment, d'une façon minime ou plus remarquable. Qu'il s'agisse de tourner les pages d'un livre sans les toucher, de défroisser un papier ou de créer une figure d'origami, Venceslas passe rarement une journée entière sans user de son don, de quelque façon que ce soit. Ce pouvoir fait partie intégrante de lui.

S'il ne le revendique pas devant tout et tout le monde, il ne peut imaginer vivre sans et est bien plus souvent sous l'emprise de son qu'il n'en est réellement le maître. Face à celui-ci, il est aussi dépendant qu'un drogué peut l'être à sa seringue.

que pensez-vous de l’émergence du groupe de rebelles anti-hunters nommé Uprising ?

Venceslas ne se voit pas vraiment intégrer un groupe de quelque sorte que ce soit, mais leur existence l'amuse et leurs actions sont pour le moins divertissantes. Pour lui, ces deux camps sont en train de se noyer dans un verre d'eau et cette agonie lente représente un spectacle fascinant. Qu'ils se fassent des misères et s'entretuent. Ven restera hors de tout cela.

Oh, tuer un hunter de plus ne le dérangerait pas, bien au contraire. Celle qu'il compte sur son tableau de chasse était une amatrice et son exécution date d'un certain nombre d'années. Mais il ne se jettera pas lui-même dans les ennuis. Que ces derniers viennent à lui. De cette façon, Venceslas soulage sa conscience, se persuadant qu'il est la "victime" dans l'affaire.

PAYS : France. DISPONIBILITÉ : Régulière.VOTRE AVIS SUR TH : J'adore le contexte, le design... Tout    COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : En allant de partenariats en partenariatsPERSONNAGE : Inventé VOYEZ VOUS DES CHOSES A AMÉLIORER ? : Pas pour le moment, non ^^.UN DERNIER MOT ? :J'ai hâte de jouer avec mon petit bibliothécaire ^^

Au sein de la bibliothèque dans laquelle il officie, Venceslas est apprécié et estimé de tous. Zélé, consciencieux, doux, motivé... Les compliments fusent régulièrement de la part de ses collègues et le public de l'établissement le plébiscite tout autant.

Comment pourrait-il en être autrement ? Le timide bibliothécaire veille toujours au bien des usagers, prêt à donner un bon conseil sur demande, usant de sa voix douce et posée pour conter mille et mille histoires à un public d'enfants accrochés à ses lèvres.

S'ils savaient... S'ils savaient que ce qu'ils aimaient de la sorte n'était rien de plus qu'un mensonge. Un mensonge qui avait pris ses racines des années auparavant, au coeur d'une famille dysfonctionnelle, dans la ville d'Owensboro...

La famille Keating était composée de trois personnes : un riche entrepreneur, Craig Keating, aux activités louches et qui était bien plus souvent à l'extérieur du domicile auprès de femmes intéressées qu'aux côtés des siens, sa femme, Elena Keating, alcoolique notoire et ménagère dépressive, sans oublier leur fils unique : Venceslas.

Ven avait grandi dans la solitude, observant avec dédain sa mère s'effondre dans un bruyant sommeil après son énième verre de whisky, jurant avec indifférence à son père qu'il ne dirait pas qu'il l'avait surpris en pleins ébats avec sa secrétaire. Il était gâté, pas de doutes là-dessus. Mais ses jouets ne l'intéressaient pas. Non, il n'avait d'yeux que pour ses livres, ainsi que la bibliothèque poussiéreuse de son père, qui trônait dans la chambre parentale.

Venceslas était un enfant brillant, qui apprit à lire en autodidacte, frustré de ne pas comprendre pleinement l'histoire des albums qu'il feuilletait jusqu'à l'usure. Très vite, il associa les lettres à leur sonorité, les mots à leur prononciation, les phrases à leur sens.

En entrant à l'école, il était en mesure de s'amuser de romans destinés aux jeunes adolescents. Que faire, alors que l'apprentissage de l'écriture se faisait avec autant de naturel et de facilité, tandis que ses camarades s'échinaient à déchiffrer des mots d'une écoeurante simplicité ?

Venceslas s'ennuyait. De sa vie à la maison, de son quotidien à l'école, de son existence dans son entièreté. Ses lunettes juchées sur son petit nez, il observait ce monde qui le répugnait, se demandant ce que l'avenir avait à lui offrir. Pour le moment, il ne voyait que souffrance. Ecoeurement. Mensonges. Hypocrisie.

Personne ne savait ce qui se passait chez lui. Pour tous, la famille Keating était une famille prospère, sans histoires. Mais, derrière l'illusion, il y avait la douloureuse réalité... Ce père absent et dénué d'amour pour son fils et son épouse... Cette mère désespérée qui voyait en son enfant l'exutoire de sa peine...

A un très jeune âge, Venceslas devait supporter beaucoup de choses. Sourire. Dissimuler. Il était doué pour cela. C'était comme une seconde nature. Mais  il ne pouvait pas non plus endurer éternellement dans le silence.

Le monde entier le poussait à craquer. Ses camarades qui l'avaient choisi pour souffre-douleur à cause de son apparence et de ses facilités en cours, ses professeurs qui préféraient ignorer son tourment pour se simplifier la vie, sa famille qui n'avait guère de famille que le nom...

Et il craqua. Avait-il toujours été un transmutant ou sa détresse, mêlée de colère, avait-elle donné naissance à son étrange capacité ? Impossible de le savoir. Toujours était-il que la première manifestation de son pouvoir, quoique discrète, fut dévastatrice. Malgré lui, Venceslas fit verser son premier sang, mit fin à la vie d'un autre. Mais ne méritaient-ils pas ce sort ? Ils avaient été si odieux avec lui... Ce n'était qu'un juste châtiment, n'est-ce pas ?

Personne ne savait pour ses pouvoirs. Il était seul à avoir réalisé qu'il était un être exceptionnel. Le papier obéissait à sa volonté, se mouvait selon ses impulsions, se pliait à ses désirs. Cela devint son nouveau divertissement : quand il n'étudiait pas, quand il ne lisait pas, Venceslas exerçait son don, "musclait" ce talent qui était le sien.

La façade qu'il s'était créée pour dissimuler ses compétences se fit plus solide, englobant progressivement l'entièreté de sa personne. Aux yeux des autres, il était un adolescent timide et maladroit, à qui l'on pouvait se référer pour des conseils ou de l'aide concernant les devoirs. Un gentil intello naïf, en résumé.  

Quand l'école était finie, Ven retirait ses lunettes et son costume de "coincé" pour s'éclipser de la maison familiale et se perdre dans le monde de la nuit. Dans tout cela, qui était le vrai Venceslas ? Encore à ce jour, lui-même n'a probablement pas de réponse à cette question...

Difficile d'affirmer que Venceslas était heureux. Certes, son pouvoir le fascinait et il se délectait à en explorer les limites, à se perfectionner dans des arts qui lui étaient autrefois obscurs, comme l'origami, afin d'étendre les possibilités que son don lui offrait.

Oui, il aimait toujours autant lire, se complaisait dans ses études qui feraient de lui un bibliothécaire et il se plaisait à s'égarer dans des folies nocturnes, inconnues de tous. Au coeur de la nuit, l'adolescent n'était pas reconnaissable. Libéré, sauvage, exalté. Mais pas heureux, non.

Le bonheur était à portée de main, mais sa famille l'en préservait. L'absence de son père lui pesait et les coups de sa mère étaient de plus en plus durs, de plus en plus forts, alors qu'elle ne voyait en son fils que l'image fugace de cet époux qui la fuyait et ne restait à ses côtés que pour l'héritage à venir...

Venceslas étouffait à petit feu. Il brûlait de colère, une colère qu'il cachait derrière un timide sourire. Il aurait voulu tout détruire, mais il avait suffisamment lu "Carrie"  pour savoir comment ce genre de choses risquait de finir. Il se contenait. Attendait le bon moment pour partir, fuir tout cela.

Son diplôme en poche, il quitta Owensboro, direction Radcliff. Il était temps pour lui de quitter définitivement sa ville natale, d'autant plus qu'il avait récidivé et causé la mort de quelqu'un par ses pouvoirs. Volontairement, cette fois. Cette garce de Victoria lui avait menti et avait voulu le détruire. Il n'avait fait que se défendre de sa vilenie.

Mais le fait était qu'il valait mieux s'en aller. Prendre les voiles. A 21 ans, Venceslas s'installa définitivement à Radcliff, prenant ses aises dans la bibliothèque qui, quelques années auparavant, l'avait accueilli le temps d'un court stage. Et, pour la première fois depuis sa naissance, il s'accorda le droit d'être heureux.

Du moins, c'était ce qu'il s'efforçait de se persuader. Il était heureux. Comblé. Il s'aimait et adorait la vie qu'il s'était fabriquée. N'est-ce pas ? Alors pourquoi se raccrochait-il autant à son pouvoir qu'il se retrouvait en manque dès lors qu'il ne l'utilisait pas ? Pourquoi n'avait-il toujours pas d'amis, une famille, quelqu'un sur qui se reposer ? Pourquoi était-il si seul et, à la fois, entouré de personnes qui lui étaient, au mieux, indifférentes ? Pourquoi se haïssait-il ? Pourquoi était-il si en colère contre le monde ? Contre lui-même ?

Trop de questions. Trop d'interrogations. Parfois, Venceslas avait la désagréable impression d'être fou. Mais il refusait cette éventualité. Il refusait l'idée que ses parents aient réussi à le détruire, que la vie ait réussi à l'achever, à faire de lui un être frêle et instable. Il n'était rien de tout cela.

Ses sautes d'humeur étaient de plus en plus fréquentes, de plus en plus visibles. Son don lui échappait régulièrement et le climat de méfiance qui régnait depuis la révélation de l'existence des transmutants comme lui ne l'aidait guère.

Difficilement, il se décida à consulter un spécialiste. Mais leurs entrevues le frustraient horriblement. Des médicaments ? Parler de sa famille ? Reconnaître ses troubles ? Il ne voulait rien de tout cela. Il... Il voulait juste se contrôler... Être en accord avec lui-même... Savoir ce que c'était, vivre heureux et apaisé...

Il cessa rapidement les traitements. Les médicaments affaiblissaient son pouvoir et perturbaient sa réflexion vive. Il ne pouvait pas accepter pareille diminution. Puis ce fut à ses séances qu'il mit fin. Il ne supportait plus les tentatives d'intrusion de son psy dans ce qu'il considérait comme son jardin secret. Des tentatives qui l'avaient tant agacé qu'il avait manqué tuer le pauvre homme, prêt à lui lancer une feuille aussi tranchante que la lame d'un sabre au creux de la nuque...

Mais il s'était retenu. Le psy n'avait jamais rien su. Il ignorait tout de ses aptitudes, de toute manière. Il ne savait rien de lui. A quoi cela servait-il seulement de le consulter ? Tout s'était donc arrêté.

En dépit de son recensement, Venceslas avait eu la chance de ne jamais voir son dossier être révélé. Pour tout le monde, il n'était qu'un petit bibliothécaire ordinaire, un trentenaire coincé qui passait un peu trop de temps à plier des origami et qui avait définitivement une existence beaucoup trop rangée. S'ils savaient... S'ils se doutaient...

Il n'avait également pas été mêlé à la catastrophe de Juillet-Août 2014. Mais le doute et la peur l'avaient rongé. Perdre ses pouvoirs, ce serait perdre son âme. Sa raison de vivre. La seule chose sur laquelle il avait un véritable contrôle, dans l'entièreté de sa personne. Il ne fut pas touché. Mais son addiction à l'usage de son propre don n'en fut que renforcé. Son instabilité, également...

On parlait d'un remède. Certains allaient le chercher, volontairement. Pauvres fous... Se mutiler de la sorte, pour rentrer dans le rang... Lui-même resta écarté de tout cela. Observant avec délectation l'apparition d'effets secondaires chez les imbéciles qui avaient sacrifié ce qu'il y avait de plus précieux en eux.

Lui poursuivait sa petite existence. Son esprit était toujours rempli de questions, débordant d'émotions qui lui échappaient régulièrement... Il était le timide bibliothécaire que tout le monde appréciait, mais on commençait à avoir des soupçons. Certains avaient percé à jour sa "couverture du monde de la nuit". Il était peut-être très différent, dans ces moments-là, mais il n'en restait pas moins lui-même, avec ses particularités physiques.

D'autres l'avaient surpris à user de ses pouvoirs. Ven manquait de discrétion, perdait en jugeote, consumé par sa propre folie qu'il se refusait à reconnaître. Que serait le lendemain ? Qu'allait-il devenir ? Mais, avant toute chose, aujourd'hui, à l'instant présent... Qui était-il ?

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