« Allez, arrête de bouger! Tu rends la tache encore plus compliquée. » Je n’avais que 6 ans à l’époque, je ne salivais pas pourquoi j’étais assis sur cette chaise de métal, les bras attacher et complètement bleus pour cause des injections hebdomadaires de produit qu’on disait bon pour moi. J’en avais assez d’être ici, privé de toute liberté et joie de vivre. Je m’attachais au dernier souvenir de mes parents qu’il me restait, il était surement mort à l’heure qu’il était, mais il ne me restait plus assez d’énergie pour pleureur et lorsqu’il me venait l’envie de laisser couler quelque larme, c’était dans le silence pour ne pas alerter les gardes. Les gardes, surement les gens avec le moins d’empathie dont j’aurais eu le malheur de croisé de toute ma vie. Avec leur regard méprisant, leur pauvre âme souillée par la méchanceté et la peur. Leur regard, vide, ne me laissait guerre espoir de retrouver un jour ma liberté. Deux ou trois fois par jour, il m’apportait un plateau-repas, quelques fois, il avait pris la peine de le laver. Je crois avoir réussi à survivre grâce à mes voisins de cellules, on ne se parlait pas beaucoup, mais on se comprenait tous. Nous vivions la même situation. « Johan, tu dors? » lui suçoterait quelques fois la nuit. « Tais toi, ils ne sont pas loin. » Puis je retournais me coucher sur ma couchette humide et froide, comme à chaque soir.

Une nuit, alors que j’étais coucher face contre le mur de pierre, je m’amusais à compter les craques dans les briques, même si je savais qu’il y en avait 76, je comptais chaque soir pour m’aider à m’endormir. « Jacky, tu dors? » Je me retournai, je n’avais jamais entendu Johan me parler en pleine nuit. J’avais les yeux ronds comme des billes, je me demandais ce qu’il pouvait bien se passer. « C’est ce soir qu’on quitte cet endroit, Elektra et les autres vienne avec nous » je me levai de mon siège, tranquillement pour ne pas alerter les autres. Je n’avais que 13 ans à l’époque, l’un des plus jeunes. Johan réussit à m’envoyer via sa cellule un bout de bâton aiguisé en biseau. Je n’avais qu’une seule chance pour que le plan fonctionne. Johan fit du bruit, ce qui alerta le garde de nuit qui s’approcha de la cage du jeune homme. Je savais ce que j’avais à faire, mais j’étais terrorisé. À l’époque, je ne maitrisais pas mon pouvoir, j’avais peur qu’il me fasse faux bon, mais je ne pouvais plus attendre. Je plantai le bâton dans mon œil, jusqu’à temps de sentir mon cerveau frétillé sous les coups incessants de l’instrument. Puis, je le retirai doucement et le garde tomba par terre, raide mort. Johan réussit à atteindre les clefs et à nous libéré, mais il restait encore beaucoup de chemin à parcourir avant la liberté. […] Arrivez à l’extérieur, nous nous sommes tous séparés. Par contre, je suis parti avec un autre enfant un peu plus âgé. Nous avons marché quelques jours en forêts, nous nous sommes cachés dans des granges et quelques fois, nous avons réussi à embarquer à bord de train. Je ne vous cacherais pas que ce fut assez compliqué de se rendre en Moldavie où les parents de mon nouvel ami m’aidèrent à retourner voir ma tante qui habitait toujours en Alsace. Nous traversons les frontières en voiture par une belle après-midi de juillet. J’étais caché le coffre et nous passâmes sans aucune difficulté. Dans ma France natale, j’arrivai chez ma tante qui pleura à chaude larme lorsqu’elle me vit arrivé, sous-nourrir, mais si content d’avoir survécu. Elle m’accueillit chez lui et ce fut la dernière fois que je vis mon ami qui m’avait aidé à m’échapper. Craignant pour ma sécurité, ma tante et moi déménageons aux Pays-Bas quelques mois après mon arrivée avec l’argent que mes parents m’avaient légué et l’argent de la vente de la maison de ma tante.

Lorsque nous sommes arrivés à Amsterdam. Déjà à l’époque je chérissais le rêve d’être quelqu’un d’important. J'ai commencé à travailler dans une taverne comme plongeur à l'âge de 16 ans, un petit travail qu'un homme un peu louche m'avait suggéré. Puis au fil des années, j’ai su m’améliorer pour devenir gérant de nuit. J’avais une très bonne complicité avec ma tante. Je lui avais avoué mon homosexualité et il m’acceptait comme j’étais. Je lui ai même présenté un homme que je fréquentais depuis assez longtemps à l’époque. Notre chimie était indéniable, il m’avait même proposé d’aller habiter chez lui, ce que j’acceptai avec plaisir. Nous formions un couple adorable, jusqu’au jour où je rentrais plus tôt du travail et je le trouvai au lit avec un homme, cet homme qu’il m’avait toujours dit être son ami d’enfance. Je n’en croyais pas mes yeux. Je fis mes valises puis je quittai sans dire un mot, encore aujourd’hui je ne l’ai pas revu. Je me surprends de ne pas avoir complètement dérapé et d’avoir essayé de l’éventrer avec le bord de la table de service en verre. Enfin bref, je pris un peu d’argent et ce que j’avais à Amsterdam avant de partir pour la Californie où je décidai d’enfin faire quelque chose de ma vie, quelque chose que je serais fière. Parce qu’avoir survécu aux Soviétiques n’était pas un assez grand exploit en soi.

J’arrivai en Californie, le soleil caressait ma peau et je sentais l’espoir de vraiment vivre pour la première fois. Peu de temps après mon arrivée, je choisis un cursus à l’université où je mis quatre ans avant d’obtenir mon diplôme en enseignement du primaire. J’ai dû remplacé durant plusieurs années avant d’enfin voir dans les petites annonces sur internet qu’un poste venait de se libérer, un signe du destin? Radcliff m’offrait l’opportunité d’avoir un poste à temps dans leur école. Une rumeur étrange planait sur cette ville. Semblerait ‘il que le village était en fait le lieu de rassemblement d'une troupe de Hunters. C'était le lieu idéal pour mes vieux amis règle leur soif de vengeance. Je devais y réfléchir et vite. Je savais qu’arrivez là-bas, je devrais faire ça a de vieux amis qui auront surement tous changé. Peut-être étaient-ils morts, qui sait? Je décidai d’aller passer l’entrevue et quelques jours après, j’étais devant la classe d’une vingtaine d’enfants à me présenter comme leur nouvel enseignant. Je n’avais pas encore eu la chance de faire la rencontre de mes anciens amis, mais je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que les veilles histoires refassent surface.