where does the good go ?

What do you say it's up for grabs now that you're on your way down ?

18 heures et quelques minutes. J'entrais dans le bar. Il n'était pas encore bondé. Vu l'heure, je n'en étais pas surpris. Je m'approchais donc du barman et commandais une simple bière. Ce soir, je travaillais mais j'avais encore quelques heures avant de revêtir ma tenue et de me mouvoir et me dénuder devant des âmes en peine. J'alimentais leur désir, faisais naître en eux cet pulsion qu'ils ne pourraient jamais assouvir. Pour ces clients, je ne représentais que le vice, un péché inaccessible et un objet de luxure qu'ils ne toucheront jamais. J'adorais avoir cette emprise. Je dominais toujours la situation. J'avais toujours le contrôle sur tout et tout le monde et personnes ne pouvaient me surprendre au club. Si les limites posées étaient enfreintes, il me suffisait de lever le petit doigt pour qu'un videur vienne le sortir d'ici. Mais en cet instant, je n'avais pas besoin d'y penser. Bière maintenant en main, je profitais d'un moment de solitude pour me détendre et oublier mes petits tracas. Mon boulot et ses clients plus pervers les uns que les autres. Mon pouvoir et sa soudaine absence. Je buvais donc une gorgée de ma pression quand la silhouette d'un homme m'interpella soudainement. Aaron.

FLASHBACK
quelques mois plus tôt

« Tu verras, je suis sûr que je vais te mettre une raclée aujourd'hui ! J'suis chaud ! » Lançais-je en direction de Aaron alors que je sautillais légèrement les poings levés, prêt à boxer. J'avais déjà mis mes gants, des spécifiques imprégnés de plomb pour éviter que mon pouvoir ne se manifeste en public. « Alors, on a peur de m'affronter ? » Je donnais quelques coups de poing dans le vide, démontrant une vie de puncher mon ami et de remporter le combat contrairement à la fois précédente. En attendant une réponse, je montais sur le ring. « Tu montes quand tu veux, Aaron ? Je t'attends et je ne suis pas prêt à me laisser dominer comme la dernière fois. Crois-moi ! » S'entraîner ici était une véritable bénédiction. Avec ces gants, j'étais comme tous les mecs ici présent. Un type normal venu se défouler en frappant sur quelqu'un ou contre un punching ball.

Je tournais mon visage afin qu'il ne me reconnaisse pas. Depuis cet évènement au gymnase, je n'avais jamais revu Aaron. Par peur. Par méfiance. Je l'avais fuis. J'aurais pu le faire aujourd'hui. Mais ma disparition aurait pu être suspecte. Il m'aurait vu. Ce que je voulais indéniablement éviter. Il connaissait maintenant l'étendu de mon don et, même si je ne l'avais plus actuellement, le trentenaire restait une menace que je préférais avoir loin de moi. Je devais me reprendre. La faiblesse, je ne connaissais pas. Ou alors, j'aspirais à ne pas la montrer. Ce fut dans cette optique que je me redressais sur mon tabouret et me tournais alors en direction du jeune Smith. Un sourire en coin sur le bout des lèvres. « Aaron. » Lui dis-je tout simplement pour l'interpeller. « Ça faisait longtemps... » Je devais garder le contrôle de la situation. Pour cela, il était primordial que je ne tombe pas dans une paranoïa excessive.

Fuir n'était jamais la solution. Pourtant, j'usais bien souvent de cette tactique quand les évènements se déroulant venaient entraver mon chemin. Mais cette fois-ci, j'affrontais mon problème. Autrement dit, je faisais face à Aaron parce qu'il n'était pas nécessaire de fuir dans de telles conditions. Sil était un hunter, il me pourchasserait dès ma sortie. Alors autant restait à l'intérieur et boire une bière méritée avant que les conditions actuelles ne se dégradent. S'il ne l'était pas, je passerais quelques minutes avec lui à nous remémorer un passé lointain sur lequel je ne reviendrais pas volontairement. « Effectivement, cela fait un bail depuis la dernière fois. Comment vas-tu depuis ?  » Je buvais simplement une gorgée de ma boisson alcoolisée. Je restais silencieux, désireux de voir mon voisin de bar prendre la parole avant moi afin que je connaisse son opinion, ses options et surtout que je cherche un moyen plausible de fuite. Toujours avoir une issue de secours. C'est que cette chasse par les soviétiques m'a appris. « Je vais être franc avec toi... je n'ai rien contre toi et ton tempérament plutôt... Explosif. Quoique tu as bousillé mon T-shirt préféré mais ce n'est pas grave, ça a été long, mais je t'ai pardonné ! » Je tournais mon visage dans sa direction, gardant un air supérieur et un ton détaché. L'indifférence était ma façon de ne pas paniquer et de garder le contrôle sur la situation. Ainsi, sa tentative d'humour ne m'atteignait pas et je restais de marbre devant lui en faisant tourner mon verre entre mes mains sur le comptoir.

FLASHBACK
quelques mois plus tôt

Je le regardais monter sur le ring. J'étais plus chaud que jamais pour lui mettre une raclée. Après celle que j'avais pris la fois passée, j'avais appris de mes erreurs. La force n'était en rien utile avec lui, même si un seul coup de poing en pleine figure pourrait le mettre K.O. instantanément. « Tu es bien impatient ce soir Johan... Ta défaite t'as stimulé ? Se faire battre par un professeur d'histoire qui passe son temps à la bibliothèque ne t'as pas trop traumatisé j'espère ?  » Je souris. Il disait juste mais jamais je ne lui avouerais. Perdre n'était pas dans ma nature. Être faible, non plus. Le paraître, encore moins. « Arrêtes de parler et viens te battre. » Je m'avançais alors au milieu du ring, tout en fixant mon adversaire. Et sans attendre qu'il me rejoigne, je chargeais en premier sans chercher à le frapper. J'étais chaud. J'avais un grand besoin de me défouler, d'oublier, de me concentrer uniquement sur mon attaque et ma défense. Être mutant n'était pas de tout repos dans cette ville. Mais étrangement, je ne m'étais jamais senti aussi bien qu'ici. « T'es prêt maintenant ? »

Je restais méfiant. Malgré ses mots et son pardon. Son comportement pouvait n'être qu'une manigance pour me forcer à lui parler, à rester ici en attendant qu'un groupe de hunters se pointent pour m'éliminer. Un peu comme la dernière fois. « Ton t-shirt préféré...? » J'étais surpris. Une telle phrase ne me forcerait pas à rester. Parler de notre dernière rencontre non plus. Qu'attendait-il de moi ? Que me voulait-il ? Était-il entré ici en sachant que j'y étais ou n'était-ce que le fruit du hasard ? Je l'observais, cherchant un signe quelconque de manipulation et de mensonge. « Dois-je m'inquiéter de l'apparition d'un petit groupe de hunters dans les prochaines minutes ou dois-je attendre de sortir du bar pour croiser leur route ? » La franchise pouvait avoir son effet. La surprise de ma question pourrait le déstabiliser s'il était vraiment de leur côté. J'attendais donc beaucoup de son comportement verbal et surtout non-verbal. Ses mimiques, ses gestes et ses expressions le trahiraient bien plus rapidement que ses mots.

Je venais à peine de terminer mon questionnement que je remarquais déjà le visage se refermant de Aaron. Il réagissait, c'était déjà bon signe. Pourtant, je sentais une certaine tension venir s'immiscer entre nous. Le fait qu'il se redresse sur son siège n'était pas excellent. Je savais dès maintenant que j'allais avoir droit à une scène. Je ne savais pas laquelle. Je n'en connaissais l'intensité. Mais je savais très bien qu'il chercherait à me remettre à ma place. Malheureusement pour lui, je n'écoutais personne. « Qu'en sais-je ? » Bouuuuuuh... Son ton glacial ne me faisait pas peur. Au contraire, il me faisait sourire. Je ne l'avais jamais vu dans cet état et j'étais surpris par tant de froideur. Mais la surprise avait du bon. C'était le cas en cet instant. J'appréciais de voir le professeur dans cet état, lui qui était d'un tempérament si calme, si posé. « Que cela soit clair entre toi et moi... Je ne suis pas un putain de salopard de Hunter pigé ? Je t'interdis de me prendre pour un de ces monstres. Tu ne veux pas me croire ? Et bien soit, tu fais ce que tu veux mais ne m'accuse pas à tort. T'es au courant que tu as failli me buter ? C'était un accident ouais, je sais, mais je pense que tu pourrais avoir un peu plus de jugeote. Je t'en ai jamais voulu, tu crois que si j'avais été un Hunter je t'aurais laissé tranquille ? Puis si j'étais vraiment des leurs, tu crois que je prendrais le risque de t'abattre dans ce bar ou même dehors dans les rues bondés ? Non, soit un peu plus logique. »

FLASHBACK
quelques mois plus tôt

« Et toi réfléchis un peu avant de te battre ! » Il ne me le redirait pas deux fois. J'avais appris de mes erreurs et j'étais dans une si intense transe aujourd'hui que je ne me ferais pas avoir. Et si jamais je retombais dans les bassesses de notre combat passé, j'userais alors de le force pour l'empêcher de s'échapper et de me battre comme la dernière fois. Ainsi après quelques coups d'échauffement, je lui assénais mon premier poing. Il était sonné mais la réplique fut tout aussi surprenante que je perdis du terrain. Ça m'énervait ! J'avais besoin de gagner. « Tu te débrouilles mieux que la dernière fois, je te félicite ! » Et son air moqueur ne faisait que renforcer cette hargne qui m'habitait. Par conséquent, je revenais à la charge et enchaînais les coups de poings. Un coup sur le flan gauche, un coup sur le droit, un coup en pleine face et ainsi de suite sans suite logique jusqu'à ce que je finisse par lui boxer la mâchoire. « Toi, par contre, tu deviens de plus en plus médiocre. A croire que notre dernier combat n'était qu'un coup de chance... » Il me cherchait, je faisais de même. C'était la dure loi de la nature et ma devise. Je rendais toujours ce qu'on me donnait. Destruction mutuelle assurée.

Il m'avait bien repris. Mais à voix basse. Chose que je n'aurais jamais imaginé car, quand je gueulais, c'était souvent pour qu'on m'entende. Ces mots étaient puissants, cinglants, francs et son ton encore une fois calme et posé. Cette ambiguïté m'intriguait presque. Cependant, je préférais de loin me concentrer sur mon verre et le boire tout en écoutant les propos de Aaron. Je ne le regardais pas mais constatais sa descente importante et la commande de sa deuxième bière. « Eh bien, boire soulage ta conscience ? » Je ne revenais pas sur son discours. Pourquoi faire après tout ? Il n'était pas un hunter. D'accord. Mais je n'avais tout de même pas confiance. Donc je me garderais de lui dire que je n'avais plus aucun pouvoir. « Ou est-ce cette rencontre fortuite qui te donne envie de te saouler ? Ta journée s'est bien passé ? Aucun mutant éliminé ? Les cours se déroulent bien ? Et les étudiants, toujours aussi emmerdant ? » C'était ma façon de le tester. Voir ce qui le choquerait ou non dans mes questions. Je voulais des réponses et je les aurais à ma façon même si cette façon de faire ne plaisait pas à cet homme que j'aurais pu considérer comme un ami avant l'incident. Pour l'instant, je restais méfiant. Il me faudrait plus qu'un petit speech pour me convaincre. Je bus une nouvelle gorgée et posais enfin mes yeux sur le professeur d'histoire. Un sourire narquois se dessina sur mon visage.

Aaron me dévisageait, comme si mes questions l'emmerdaient. A moins que ça ne soit ma seule présence qui le mette dans cet état. Dans tous les cas, je ne savais toujours pas qui il était, si c'était lui qui m'avait vendu ou s'il n'était qu'un pigeon parmi tant d'autres. Je restais donc méfiant à son égard, comme je l'étais avec tout le monde. Au moins une chose que j'avais appris grâce à la course poursuite avec les soviétiques. Je le suivais du regard, restant sur mes gardes, et le regardais boire sa deuxième bière. « Oui, cela soulage grandement ma conscience, surtout en entendant les conneries que tu me sors depuis tout à l'heure... » Il était énervé. Bon ou mauvais signe ? Je l'ignorais mais ne disait rien car, apparemment, le professeur avait beaucoup de choses à me dire. J'étais tout ouïe, bière en main pour écouter les réponses de mon ancien compagnon de boxe. « ...Mais je vais répondre à tes questions, vu que tu ne sembles pas avoir tes neurones connectés pour comprendre que je ne suis pas celui que tu crois. Hmm... Cette rencontre "fortuite" ne me donne pas envie de me saouler, du moins pas encore mais continue tu es sur la bonne voie ! Ma journée s'est passée excellemment bien quoiqu'un peu fatigante. Un mutant éliminé ? Oui, mon voisin s'est fait buté dans la rue, sous mes yeux, la semaine dernière... Tu n'en as pas entendu parler ? Une balle entre les deux yeux, rapide et efficace, cela dit je n'en ai pas dormi du week-end. Cet homme était adorable, sa perte m'a beaucoup touché... » Il déblatérait sur sa vie et ses emmerdes. Encore heureux, je passais au travers de ses amoures quoi que ça n'aurait pas pu être plus ennuyant que le reste. Je bus une gorgée de ma boisson alcoolisée. Sans un mot. Sans réaction. Dans l'indifférence la plus totale. « ...Et les étudiants, toujours aussi adorables ! » Bière toujours en main, je restais un long à contempler le fond de mon verre, repensant à notre passé commun.

FLASHBACK
quelques mois plus tôt

Le provoquer. C'était mon unique intention et mon petit stratagème semblait fonctionner. Je voulais un combat digne de ce nom et non pas une médiocrité comme la dernière fois. J'avais été médiocre. Je le reconnaissais. Mais aujourd'hui, j'étais bien meilleur et je venais de lui prouver. « Le combat n'est pas fini, donc garde ton air supérieur pour plus tard ! » Nous enchainions ensuite les coups. J'en prenais et lui également. Ce duel devenait ainsi de plus en plus intéressant et notre entraînement quotidien tournait presque à un combat de compétition. J'évitais, esquivais, me prenais d'autres coups. J'aurais pu être abandonné mais je ne considérais même pas cette idée. Je ne cessais de bougeais mais un violent coup de Aaron me fit perdre l'un de mes gants. « Que... » Hargneux, je me ruais tout de même sur lui et lui donnais le plus violent des coups jusque-là dans son estomac. Je me reculais, le voyant mal en point et constatant avec surprise que mon coup fut entrepris par mon poing nu. Je voyais déjà cette substance violette s'entendre sur le tee-shirt de mon acolyte. Sans réfléchir, je me ruais sur lui. Je lui arrachais son haut sans qu'il ne comprenne pourquoi et le balançais plus loin dans le gymnase avant qu'une explosion ne retentisse à cet endroit même. Aaron tombait au sol. J'aurais voulu me diriger vers lui pour lui venir en aide mais deux autres hommes s'approchaient déjà de lui, armes en main et prêt à tirer sur le mutant que j'étais. Je comprenais alors la situation. Il avait attendu que mon pouvoir se manifeste pour intervenir et me tuer. Il devait être chasseur et ses deux hommes ses gardes du corps, ses collègues ou substituts. Je m'étais fais prendre au piège. Ainsi, je retirais mon autre gant et courrais en direction de mon sac de sport. J'en sortis plusieurs calots que je chargeais avec mon pouvoir avant de les balancer dans la salle pour faire diversion. Et je m'enfuyais, dégouté de mettre fais aussi facilement manipulé et avoir.

Mes pensées s'évacuant, je repris une gorgée de ma bière. Ces souvenirs me trottaient encore dans la tête malgré les mois qui les séparaient de notre rencontre actuelle. Je reportais enfin mon attention sur mon voisin de bar et déposais mon verre, désormais vire, sur le comptoir. « Si tu n'es pas celui que je crois, pourquoi ces deux hommes sont-ils immédiatement venus à ton secours quand ton vêtement a explosé ? Pourquoi ? » Terminais-je en donnant un violent coup de poing sur le bar, attirant ainsi le regard de certains clients. « Maintenant, arrêtons de chercher qui en veut le plus à l'autre et dis-moi la vérité. J'ai besoin de savoir s'ils m'ont retrouvé, si tu fais parti des leurs et si je dois encore m'enfuir. » Je n'avais plus de pouvoir et Aaron ne le savait toujours pas. Je n'étais pas encore prêt à lui faire cette révélation, doutant encore de son intégrité. « Alors, ne me mens plus ou je pourrais tout faire exploser. » Le menacer pouvait être ma chance d'avoir des réponses. J'avais besoin de connaître la vérité, de savoir à qui j'avais à faire et s'il m'avait trahi. Si oui, je m'enfuirais d'ici. Si non, et bien...je ne savais pas encore ce que je ferais. Je réagirais en fonction de la situation et peut-être que je me calmerais. Ou alors je partirais sans un mot de plus, mais la conscience tranquille en donnant une tape sur l'épaule de l'homme que j'avais fini par considérer comme un ami.

Buté, oui je l'étais certainement et ce n'est pas Aaron qui viendrait me dire le contraire. Je ne faisais pas confiance facilement et alors que je lui en avais accordé une certaine part, des chasseurs s'en étaient pris à moi. Conséquence, mes doutes s'accentuèrent le concernant et je le prenais pour l'un d'eux, prêt à tout pour m'éliminer. Ainsi, je le confrontais, cherchant à déceler le vrai du faux. Une sorte d'instinct de survie mélangée à une grande curiosité à son sujet. Après tout, je ne connaissais rien de cet homme, hormis le fait qu'il était soit-disant prof et qu'il boxait. Pourtant, une chose m'interpella. Son exaspération. Soit il jouait parfaitement bien la comédie, soit mes craintes n'étaient pas fondées. « Encore une fois, je n'ai rien à voir avec ces individus ! Ils ne m'ont absolument pas sauvé, ils t'ont directement attaqué sans même se préoccuper de ma présence. J'avais remarqué leurs regards insistants envers toi, mais je n'ai pas pu stopper le combat que tu prenais bien trop à cœur... Et puis, je ne savais pas que tu étais un mutant ! Dans quelle langue dois-je te le dire pour que tu comprennes enfin que je ne mens pas ? C'est dingue ça ! Pourquoi vous me prenez tous pour un tueur ? » Je l'écoutais, peut-être un peu plus attentivement que précédemment puisque je commençais à douter de ma version des faits. De plus, je ne l'avais jamais connu aussi révolté. Même durant nos combats, il n'avait jamais été comme ça.

En attendant, j'appelais le serveur. J'avais besoin d'un plus fort qu'une simple pression. « Un whisky sec. » Lançais-je rapidement. J'avais besoin d'un verre pour oublier ces évènements passés. J'avais les idées embrouillées et peut-être qu'un alcool puissant m'aiderait à y voir plus clair. « Je t'en supplie, dis-moi enfin que tu me crois. Je suis las d'essayer de te convaincre que je ne suis pas un Hunter. J'suis juste un professeur d'histoire ok ? » Verre en main, je bus directement une gorgée et je finis même par me retourner pour m'accouder au bar tout en ayant une vue d'ensemble sur la salle. J'observais chaque personne. Chaque homme et chaque femme. Chaque sujet potentiellement dangereux. Et mes diverses conclusions me conduisaient irrémédiablement toutes vers la même réponse. Aaron paraissait bel et bien innocent.

Je plongeais dès lors mes yeux bleus dans son regard de jeune révolté. Ce qui m'amusait à l'occasion. Je ne disais rien. Neutre, je l'observais à son tour, comme si j'essayais d'avoir d'autres arguments pour plaider sa faveur. Je bus une autre gorgée de whisky, me délectant de son goût sec et amer parcourant ma gorge. « Bon ok. Peut-être que tu n'es pas le type que je croyais que tu étais. Peut-être que tu n'es pas l'un de ses hunters qui ont failli me dépouiller quand j'ai fais expulser ton tee-shirt. » J'étais sérieux. Pour une fois. « D'ailleurs, désolé pour ton haut. C'était pas contre toi. » Excuses tardives mais sincères. Le professeur d'histoire pouvait se sentir privilégié que je lui en donne. C'était rare et peu de personnes - encore vivantes - pouvait en dire autant. J'espérais simplement qu'il comprendrait l'importance de mes mots, même s'ils paraissaient simples et normaux dans cette situation. Je ne faisais pas forcément les choses normalement et regrattais que très peu mes actions. Le jeune Smith pouvait se sentir chanceux. Ainsi, dans cette élan de générosité et de gentillesse, je tendais mon verre dans sa direction. « La prochaine fois qu'on se bat, je t'autoriserai à m'en foutre plein la gueule. » Retour à la plaisanterie pour mieux dissimuler un quelconque malaise existant et surtout pour faire oublier ces mois de silence et d'accusation infondée.