Si par simple respect de la défunte, Deirdre avait fait un effort pour écouter ce qu'un père en deuil avait à dire, elle tentait maintenant de se distraire du poison qu'il projetait sur la foule. Elle se trouvait stupide d'être surprise et si facilement atteinte par les attaques de Thaddeus contre les transmutants. C'était plus fort qu'elle, dès que le sujet refaisait surface, c'était le visage de sa sœur qu'elle avait à l'esprit et qu'ils osaient étiqueter de monstre. Elle fuyait donc les paroles, celles-ci effleurant tout de même ses oreilles alors qu'elle cherchait la solution miracle pour se distraire jusqu'à ce que Thaddeus en finisse enfin. Et cette solution, encore une fois, fut trouvée grâce à Desmond, celui-même qui avait participé à sa rancune au début de cette soirée. Oh elle, lui en voulait encore un peu, purement par principe d'aimer le faire languir aussi longtemps que possible, mais secrètement, son attention se partageait entre les diverses expressions peints dans la foule et la main du brun se trouvant contre sa hanche. Ses yeux s'attardent entre les sourires satisfaits, l'appréhension dans le regard et les expressions soigneusement neutres. Le tapotement d'un doigt contre une coupe de vin, les doigts de Desmond qui remontent un instant pour frôler sa taille. Un poing qui se serre et la poigne du brun qui se raffermit durant quelques secondes avant de reprendre ses caresses. Une bouche crispée et ses lèvres qui s'attardent de nouveau contre sa nuque. Elle baisse les yeux, contemplant escarpins et souliers sans vraiment les voir, son attention dévouée à cette bouche qui lui picore la peau. Ses yeux sont fermés, un sourire menace de naître alors qu'elle l'entend murmurer « et si on s’éclips- » et puis tout devient noir, les quelques cris de panique l'attirant dans la situation présente. Elle porte un regard confus devant tous les petits écrans s'allumant à tour de rôle avant de se tourner vers Desmond. « mouais, bah la soirée est fini. On retrouve Faust et on se tire. »

Hochant simplement la tête, Deirdre n'ajoute rien de plus, cherchant simplement le sosie de son homme à travers la foule, bien contente à l'idée de retrouver le confort de l'appartement des jumeaux bientôt. Un sourire soulagé se pointe lorsqu'elle l'aperçoit finalement, se dirigeant déjà vers eux en utilisant son propre téléphone comme guide. Elle lui fait tout de même signe, persuadée que s'il la voit s'exciter, il marchera sans doute plus vite, alors que Desmond aurait sans doute ralentit par simple plaisir de la faire chier. Dépêche-toi Faust que son regard teinté d'inquiétude veut lui dire, même s'il ne doit pas le remarquer d'aussi loin, avant que Desmond n'attire de nouveau son attention. « ce n’est qu’un souci technique, assurément, t’en fais pas. Je reste avec toi. » Elle fronce les sourcils, l'inquiétude facilement remplacée par l'irritation devant les faux airs de chevalier servant que lui serre le brun. « Fantastique, c'est certain qu'il ne m'arrivera rien alors » qu'elle lui lance avec sarcasme, même si elle sait très bien qu'il n'hésiterait pas à la protéger au besoin. Alors, elle relance, un peu plus calmement, un peu plus libre dans cette mauvaise impression qui la ronge « Je suis peut-être paranoïaque, mais avec tout ce qui ce trame... je pense qu'il faut être naïf pour vraiment croire que ce n'est qu'une difficulté technique... » Elle se concentre donc sur la main chaude dans son dos, entourant ses bras autour de son propre corps alors qu'une pointe d'anxiété l'envahit en repensant à ce qu'elle vient de confesser, plus qu'impatiente que Faust les rejoigne enfin.

« Écoute  » qu'il lui lance, de nouveau tourné vers elle et elle s'exécute avec soin « je vais rejoindre Faust rapidement, finalement c’est moi que ça inquiète. Y’a des types qui font des messes basses à côté, du coup…   » Quoi ? Non. Non, qu'elle pense déjà, le regard dur et l'énervement apparent, secouant déjà la tête. Il en est hors de question, même s'il l'embrasse. Elle sait parfaitement où il veut en venir, transparent comme il est et il peut déjà se foutre son idée dans le cul, oui. « aller, personne ne peut résister à ton joli minois, encore moins dans cette robe… informe toi okay ? Je te rejoins dès que j’ai réglé un détail avec Faust. C’est pour notre bien à tous. » Elle soufle, incrédule devant ses arguments, troquant son étreinte pour plutôt croiser les bras alors qu'elle rétorque « Pour notre bien à tous ? Tu veux que j'aille m'agiter le popotin devant deux inconnus pour notre bien à tous ? Et qu'est-ce que je suis sensé leur dire Super héro ? » La fin de sa phrase est précipitée, mordant alors qu'elle serre les dents. Franchement, elle n'est pas une espionne, elle n'a aucune idée de ce qu'elle doit faire en ce moment, mais il s'en contre-fiche lui, prêt à monnayer pour avoir ce qu'il veut. « okay, OKAY ! J’aurais trois dettes envers toi, trois ! C’est bon, tu vas aller leur foutre tes fesses sous le nez maintenant ?! Tsk ! » Les quelques secondes qui s'en suivent sont une pure joute du regard, alors qu'ils se fixent pour savoir qui cédera le premier. Elle considère son offre, une fois, puis deux et finit tout simplement par soupirer d'agacement, redressant une nouvelle fois son bustier. Il comprends qu'il a gagné, lui fichant même une claque qui lui fait déjà regretter d'avoir accepter. Non mais, du calme cowboy, elle n'est pas une jument que tu peux lancer au galop.

« aller cocotte, fait moi regretter de ne pas avoir fait pimp tu veux ? Oh et fait gaffe, je pense qu’ils bouffent de la saucisse ! » « Va te faire foutre » est sa dernière réponse excédée alors qu'elle tourne son attention vers ses cibles. Elle prend un respire tout en faisant le premier pas, troquant en chemin son air de tueuse pour peindre librement sa légère frayeur sur son visage. Ses pas se font plus précipités, ses mouvements nerveux alors qu'elle empoigne son sac avec plus de force. Lorsqu'elle arrive près d'eux, c'est telle une jeune femme égarée et paniquée qu'elle joue son jeu, prenant soin de ne pas trop en faire. Sa main se pose sur le bras le plus près d'elle, attirant l'attention d'un des deux compères ainsi et débute avec un simple « Pardon, avec des talons comme ça, dur de voir où on va même avec tous les écrans de téléphone » qu'elle s'excuse avec un petit sourire nerveux avant de poursuivre comme la femme nerveuse qui se respecte « vous avez une idée de ce qui se passe ? » tout en regardant autour, ne voulant pas leur poser trop de questions à la fois sous peine de passer soit comme une écervelée, soit comme suspicieuse et très mauvaise espionne.